Texte intégral
Le Bien Public/Les Dépêches. – Monsieur le ministre, c'est le secrétaire national du PCF qui inaugurera à Dijon les nouveaux qui locaux de la fédération de Côte-d'Or. A cet égard, comment voyez-vous l'évolution du Parti que vous représentez, fait dans le contexte national de la gauche plurielle au pouvoir que dans celui du militantisme de base dans un département comme le Côte-d’Or ?
Jean-Claude Gayssot. – Vous le savez sans doute : durant plusieurs années, j’ai été chargé par mon Parti des relations avec la fédération de la Côte d’Or. J’y ai tissé des liens d’amitié. Aussi lorsque mon ami Claude Pinon m’a demandé de venir pour l’inauguration di siège, c’est avec grand plaisir que j’ai accepté.
Concernant l’évolution de mon Parti. Elle est réelle, nous parlons même d’une véritable mutation. Non pas pour être moins communiste mais pour l’être mieux encore dans les conditions de notre temps. Une idée traverse tous les changements engagés en cours et à venir : faire en sorte que du libre développement de chacun dépende le libre développement de tous. Le communisme à l'endroit, en quelque sorte, comme les fondateurs du Manifeste le proposaient il y a 150 ans !
Cette image d'ouverture, de liberté et de démocratie, nous nous efforçons de la faire vivre partout sur le terrain. Le militantisme de base, comme vous dites, est de ce point de vue déterminant, bien plus que les discours.
Bien entendu, au sein du gouvernement auquel les communistes ont souhaité que nous participions je m'efforce de contribuer au mieux à tout ce qui permet de répondre aux attentes, à mener pour la gagner la bataille de l'emploi, de la justice sociale, de la participation démocratique des citoyens. Le chantier est immense.
Évidemment, la présence au gouvernement ne signifie pas, on s'en doute, que c'est le programme du Parti communiste français qui est mis en œuvre. C'est aussi pourquoi, dans un souci constant d'exprimer notre volonté d'union, de démontrer l'apport de la diversité dans la gauche plurielle, nous ne mélangeons pas les genres entre activités ministérielles et créativité propre des militants et élus du Parti communiste.
BP/LD. – Le mouvement des chômeurs, au début de l'année, la grève (récente) des cheminots que vous connaissez bien, les annonces de grèves des camionneurs : le PCF n'est pas resté inactif dans tous ces mouvements de revendication. Ne vous sentez vous pas, assez souvent, en porte-à-faux devant ces situations et comment justifiez-vous à cet égard votre position de militant et de… ministre ?
J.-Cl. Gayssot. – Je crois que nous devons inventer, créer avec notre peuple, sans attendre que tout vienne d’en haut, transformation dans la société, une (illisible) vie que celle du libéralisme qui fait de l’exclusive fon des marchés financiers la règle, et que celle de l’étatisme qui étouffe et réduit les individus.
Le mouvement des idées, le mouvement social, sont indispensables à toute société vivante et démocratique, l’activité syndicale – vous connaissez mes origines – est indispensable dès lorsqu’elle permet de faire avancer les droits des salariés.
Et j'y insiste, le dialogue social, la reconnaissance du rôle et de la place des organisations syndicales ne sont pas des handicaps mais des atouts pour la gauche plurielle qui gouverne. Je ne me sens donc pas en porte-à-faux !
BP/LD. – Ne nous sentez-vous pas, néanmoins, dépassé sur votre gauche par des courants ou des mouvements qui ont récupéré une large partie de ce qui faisait hier encore votre force revendicative ou représentative ? Voyez-vous poindre une Alliance de la gauche refondatrice et/ou révolutionnaire, et quelle place pourrait y avoir le Parti communiste ?
J.-Cl. Gayssot. – Il ne s’agit pas de nier la réalité, elle nous rattrape toujours. On sent bien aujourd’hui, et cela est vrai pour toutes forces progressistes de gauche – et au-delà même -qu'il y a une nécessité absolue de réconcilier les citoyens avec la politique, trop d'années ont passé où le divorce entre gouvernants et gouvernés n'a fait que s'accentuer, l'abstention massive lors des dernières élections régionales l'a encore démontré.
Mon parti n'entend pas baisser la garde vis-à-vis de la lutte contre toutes les injustices, contre le chômage, la précarité, le mépris… Mais contester ne suffit pas, il faut avancer, travailler pour des réponses concrètes, mettre en œuvre des réformes profondes, progressistes. Inventer, créer, rassembler.
D'une certaine façon, c'est toute la gauche qui a besoin que toutes celles et tous ceux, Y compris les mouvements que vous évoquez, participent à créer une dynamique qui devienne largement majoritaire et cela afin de garantir la réussite des changements indispensables. C'est le sens de la démarche qu'a proposée Robert Hue, et que je partage pleinement.