Texte intégral
Français d’abord - 1er juin 1996
Little brother
« Tuquoque fili mi ! - toi aussi mon fils » aurait murmuré César en expirant sous les coups de poignard de Brutus, son fils adoptif. On n'est jamais trahi que par les siens... Jacques Chirac vient d'en fournir une preuve éclatante ! En déclarant à la suite du sommet de Berlin que « la France était prête à prendre toute sa place » dans la nouvelle alliance atlantique, il a opéré un retournement à 180 degrés de la doctrine gaullienne de défense, et a consacré officiellement l'abandon de notre souveraineté, sans laquelle il n'est pas de liberté digne de ce nom.
Certes, l'Otan avait sa raison d'être lorsque la guerre froide déchirait l'Europe en deux blocs opposés et que l'Armée Rouge menaçait. Il est clair qu'il n'en va plus de même aujourd'hui.
Depuis l'écroulement du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, la donne géostratégique s'est considérablement modifiée. Certaines menaces se sont estompées, d'autres sont apparues. Le terrorisme, les mafias, l'immigration venue du sud et de l'orient déferlant sur l'Europe, constituent autant de bombes à retardement que les États à bout de souffle paraissent incapables de désamorcer. Dans le monde dangereux qui est le nôtre, il faudrait durcir notre défense. Jacques Chirac fait l'inverse. Non content de réduire notre potentiel, il en confie la responsabilité à l'Otan, qui n'est aujourd'hui que le bras armé du Nouvel Ordre Mondial. Loin de « s'européaniser » comme le prétendent certains en se fiant à des formules creuses, le sommet de Berlin impose aux nations d’Europe une américanisation de ses conceptions diplomatiques et militaires. L’indépendance accordée aux Européens à Berlin par le Big Brother américain n'est que de façade. Les Européens seront « libres » de monter des opérations, nous dit-on. Mais cette « liberté » est celle du chien en laisse, elle ne s'exercera que dans la mesure où elle correspondra aux intérêts américains. Aux Européens le rôle de la chair à canon, aux Américains les bénéfices politico-médiatiques. La chanson est connue. Depuis la guerre du Golfe jusqu'à l'ex-Yougoslavie, en passant par la Somalie ou le Rwanda, l'armée française a pris la fâcheuse habitude de servir de supplétif à l'ONU. Elle ne défend plus les intérêts français, mais ceux du Nouvel Ordre Mondial.
Cette pseudo-répartition des compétences dont on nous serine les oreilles depuis le sommet de Berlin, n'est ni plus ni moins qu'une vassalisation toujours plus grande des nations d'Europe à ce Nouvel Ordre Mondial. Le fait qu'elle s'opère sous l'égide de Jacques Chirac, dans le rôle de « little brother »* prouve à l'évidence qu'il n'y a plus rien de gaullien dans la doctrine militaire de la France, s'il en existe encore une... De Gaulle avait contribué au développement de notre force de frappe nucléaire pour assurer notre indépendance sur la scène internationale. Chirac a ordonné le démantèlement de Mururoa sans qu'aucun système de remplacement fiable ait été proposé. De Gaulle avait quitté le commandement militaire intégré de l'Otan. Jacques Chirac nous le fait réintégrer. La part de la défense dans le produit intérieur brut français était de 6 % dans les années soixante. Avec Chirac, elle est au-dessous de 3 %. Ainsi va Chirac, de reniement en mensonge, de revirement en trahison. Élu sur des thèmes de redressement national, il mène une politique extérieure résolument mondialiste. Il est vrai que les électeurs gaullistes ont l'habitude d'être bernés. Mais ce qui est terrible, c'est que de telles décisions engagent la sécurité et l'avenir même de notre pays.
Pourtant l'heure n'a sans doute jamais été aussi grave. Il suffit de lire le dossier de cette « Lettre » sur la montée de l'insécurité ou sur l'affaiblissement dramatique de nos industries de défense pour comprendre que nous nous trouvons à un moment clé de notre histoire. Supprimer le service national dans sa forme actuelle est chose louable, mais que propose-t-il pour favoriser le volontariat et le service militaire volontaire ? Rien. Quid de la Défense opérationnelle du territoire dans un tel contexte ? Quid du sauvetage de nos grandes entreprises d'armement, alors que le sempiternel report des programmes augmente de façon délirante les coûts de production, rendant nos matériels à la fois obsolètes et hors de prix, donc invendables sur le marché international ? Tout cela sent la précipitation et l'électoralisme bas de gamme, pour ne pas dire la démagogie. L’obsession de plaire au journal de vingt heures est devenue une lubie. Mais nos modernes gouvernants devraient se souvenir qu'en matière de relations internationales, seule compte la puissance. « Montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir » disait le maréchal Lyautey. Or, le roi est nu. Il ne lui reste que le bagoût. Pas de résultats, mais quel bla-bla !
Jacques Chirac parle. Aux antipodes de ce qu'il fait. Il nous a parlé hier de défense pour mieux démanteler notre année. Il nous parle aujourd'hui de nation alors que son européisme borné se mue en mondialisme sectaire. Gageons que demain il parlera avec des trémolos dans la voix de l'immigration ou de l'insécurité. C'est une stratégie. Profitant de ce que le Front national est banni des médias, il récupère son discours pour mieux tromper les électeurs. Décidément, Jacques Chirac est bel et bien un marchand d'illusions ! Mais il ne fera pas illusion encore très longtemps…
* Pour justifier cette promotion familiale, on a retrouvé à J.C. (Jacques Chirac) une fiancée américaine…
Présent - 15 juin 1996
La politique de défense imposée par Chirac conduit à l'affaiblissement de la France
Un communiqué de Jean-Marie Le Pen
« Le rapport annuel du SIPRI, Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, met en évidence la régression de la France sur le marché international des armements. En un an, la France perd 20 % de son chiffre d'affaires, alors que le volume global de ce marché est resté quasiment stable.
« Nos industries de défense font ainsi les frais d'une politique incohérente, qui se traduit par l'augmentation considérable des coûts de nos armements. Comment demander à nos industries de défense d'être performantes sur les marchés internationaux alors que l'État français leur impose sans cesse des restrictions considérables ?
« La démonstration est faite que la politique de défense imposée par Jacques Chirac conduit à l'affaiblissement de la France, tant dans le domaine commercial que dans le domaine stratégique. Ce phénomène va encore s'amplifier avec la nouvelle loi de programmation militaire.
« Pour sauver nos industries de défense, il n'y a qu'une solution : doter la Défense nationale d'un budget crédible, de l'ordre de 5 % du produit intérieur brut, de façon à pouvoir rétablir à leur niveau initial tous les programmes d'armement amputés et retardés. »
Présent - 27 juin 1996
Constructions navales : le début de sabordage
Communiqué de Jean-Marie Le Pen, président du comité de soutien à l'armée et aux industries de défense
« En annonçant la suppression de 6 730 emplois à la Direction des constructions navales, Charles Millon marque le début de la grande braderie de nos industries de défense organisée par Jacques Chirac.
« Les Français doivent savoir qu'il ne s'agit pas d'une simple restructuration, mais bien d’un démantèlement du secteur de l'armement. À court terme, 75 000 emplois sont menacés, à moyen terme, 300 000.
« Ce naufrage est en réalité un sabordage, voulu par le président de la République qui a délibérément opté pour une politique d'abandon de notre souveraineté nationale. L'agitation de certaines centrales syndicales, courroies de transmission du PC et du PS qui ont, durant des décennies, réclamé le désarmement de la France, ne doit pas faire illusion. Elles portent une lourde responsabilité dans le marasme social qui se prépare.
« Jean-Marie Le Pen rappelle une nouvelle fois que seul un effort financier d'envergure, portant le budget de la Défense à la hauteur de 5 % du produit intérieur brut, est à même d'assurer notre sécurité et de sauver nos industries de défense. »
Présent - 19 juillet 1996
L'indépendance nationale bradée au profit du Nouvel Ordre Mondial
Communiqué de Jean-Marie Le Pen, président du comité de soutien à l'armée et aux industries de défense
« Dictées par le souci de réaliser des économies sur le dos de la "grande muette", alors même que le gouvernement gaspille des sommes colossales ailleurs, les nombreuses suppressions d'unités annoncées par le ministre de la Défense sont inacceptables.
« Au-delà du marasme social et économique qu'elles vont provoquer dans de nombreuses villes de garnison, ces mesures affaiblissent encore la capacité de défense de la France, déjà fortement malmenée par deux septennats socialistes.
« Ce n'est pas avec moins d'hommes, moins de matériel et moins d'argent que l'on peut prétendre faire une armée plus performante. Charles Millon annonce des « compensations partout ». Mais qui va compenser l'affaiblissement de notre capacité de défense ? Qui va garantir l'intégrité du territoire national si les armées françaises n'ont plus les moyens de le faire ?
« La réalité, c'est que Jacques Chirac et Charles Millon sont en train de brader notre défense, et donc notre indépendance nationale, au profit des seuls intérêts du Nouvel Ordre Mondial. Cette politique attente gravement à la sûreté extérieure et intérieure de l'État.
« Jean-Marie Le Pen appelle les Français à se mobiliser pour faire échec au démantèlement de nos armées, et à rejoindre le comité de soutien à l’armée et aux industries de défense. »