Article de M. Yves Cochet, porte-parole des Verts, dans "Vert contact" du 14 septembre 1996, sur les relations entre les Verts et la gauche et sur la préparation des élections législatives de 1998, intitulé "Bienvenue au pays des idées".

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Université d'été et conseil national interrégional des Verts au lac de Sanguinet (Landes) du 27 août au 1er septembre 1996

Média : Vert contact

Texte intégral

À l’invitation des Verts, Charles Fiterman (CAP), Robert Hue (PCF) et Lionel Jospin (PS) se sont retrouvés autour de Dominique Voynet pour participer à un débat sur le développement soutenable, animé par Jean-Luc Bennahmias, dans le cadre des Journées d’été des Verts, à Sanguinet.

Nos trois invités sont parvenus à « parler écologie » le thème proposé et à répondre nettement sur les perspectives politiques de 1998. Insatisfaits mais séduits, les 600 Verts présents ont applaudi.

Une telle réunion était inimaginable il y a encore un an. Mais toutes les formations politiques de l’opposition ont beaucoup changé et sont désormais convaincues que seule une coalition large peut l’emporter en 1998. Cette coalition est-elle possible ? Nul ne le sait encore, mais ses prolégomènes existent.

Du passé récent…

Après les élections législatives de 1993, un premier frottement entre les gauches et les écologistes a lieu à l’occasion des Assises de la transformation sociale, en 1993-94 : débat d’idées, confrontation de points de vue, reconnaissance des vocabulaires… cet exercice préalable était indispensable mais insuffisant. En novembre 1995, Les Verts adoptent une triple stratégie : enracinement dans les mouvements sociaux (exemple : décembre 1995), rassemblement des écologistes (cf. article page 2), possibilité d’alliances avec les gauches pour 1998.

Sur ce dernier point, nous avons participé aux colloques du PS (par exemple, sur la mondialisation, le 16 mars, à la Mutualité) et aux forums du PCF (notamment le 2 avril, à Bercy). Le débat de ce 30 août, à Sanguinet, est dans la continuité de ces apparitions publiques communes. Mieux, aux dires de ceux qui étaient déjà présents à la Mutualité et à Bercy, cette troisième assemblée fut plus directe, plus politique, plus chaleureuse.

Parallèlement, des groupes de travail bilatéraux PS-Verts et PCF-Verts se sont constitués depuis juillet, sur les quatre thématiques : environnement et aménagement du territoire, économie et social, démocratie et citoyenneté, international et défense. Un premier résultat de ce travail comparatif des programmes devrait aboutir fin octobre.

… au futur proche

Rien n’est conclu avec les partis de gauche. Nous n’avons même pas fait le choix stratégique : alliance ou pas, puisque nous manquons encore d’éléments programmatiques comparatifs et de bases d’accords électoraux possibles. Ceci devra être établi au début 1997. Mais deux évidences m’apparaissent déjà :

La première est qu’il nous faut lier, à l’échelon national, les quatre élections de 1998 (législatives, régionales, cantonales, sénatoriales) de telle sorte que tout éventuel accord des Verts avec les partis de gauche soit un atout pour chacun de nos candidats, localement. Ceci est indispensable pour ne pas renouveler la triste expérience des élections municipales de juin 1995, dans lesquelles nos négociations communes par commune avec les gauches ont permis au PS de gagner une centaine de maires dans des villes de plus de 3 500 habitants, tandis que nous en avons eu zéro. En 1998, il serait suicidaire que certains Verts s’entendent localement avec les gauches sans considération du cadre collectif. Pour peser, nous avons besoin d’être unis et fermes sur nos objectifs et notre méthode.

La seconde évidence est que, les élections législatives constituant l’enjeu majeur, Les Verts devront être candidats dans plus de la moitié des circonscriptions afin d’assurer notre visibilité dans la campagne électorale. Accords de coalition ou pas, nous serons largement présents pour porter les aspirations des mouvements écologiques et sociaux auxquels nous participons et pour faire entendre, dans le débat public, les propositions de l’écologie politique.

En 1988, le PS hégémonique a fondé son ouverture sur le débauchage de « personnalités », les Kouchner, Lalonde, Tapie… pour aboutir au pitoyable résultat de 1993. Pour 1998, le PS abandonne l’hégémonie et envisage un partenariat avec des organisations, dont Les Verts. Cette posture est nouvelle, mais elle nous confère des responsabilités.