Texte intégral
L'UDF n'est pas morte. Immobile, elle ne peut même pas mourir. Au centre de notre vie politique, l'UDF est à la fois un organe et un espace. Aujourd'hui, l'espace est sans vie, le terrain est en friche mais le territoire reste bien là, au centre droit, dans l'attente d'une nouvelle fertilité.
Évidemment, l'UDF pale ses erreurs, ses fautes. Elle a eu tort de snober Giscard quand il lui annonçait les troubles des régionales et proposait un nouveau mode de scrutin. Elle a eu tort de craindre la démocratie interne au point de n'arbitrer que rarement ses choix par des votes. Elle a eu tort de ne pas faire campagne pour les récentes élections locales, elle qui se qualifie de première force politique territoriale. Ces erreurs s'ajoutent aux douleurs du passé telles que le choix entre deux candidats du RPR on 1995 où l'incapacité de proposer au président un premier ministre UDF au printemps 1997...
Pourtant l'UDF a résisté à de multiples crises, y compris en 1988 à la querelle de ses fondateurs, dix ans après sa création. Elle a même survécu à l'offensive des premiers rénovateurs. Ne sous-estimons pas non plus le travail de renouveau déjà engagé par Démocratie libérale (DL) et Force démocrate (FD).
L'UDF a perdu son identité, mais elle conserve une part de légitimité. En effet, l'une de ses sources de vie lui est extérieure. Jacques Chirac le dit souvent : « L'UDF existe quand le RPR fort. » La force mais aussi la faiblesse du centre est que ses frontières sont tracées par les autres, le RPR et le PS.
Les événements ne peuvent tuer l'UDF, elle ne peut mourir que par assassinat. Mais, comme en politique, l'assassin est rarement le successeur, on peut parier que la rénovation l'emportera sur la destruction. Le choix se portera alors entre le marketing et la stratégie, le ravalement et la refondation, la rénovation d'en haut ou la rénovation d'en bas.
Ici et maintenant, nous ne pouvons que nous engager pour une rénovation sincère à l'opposé d'une démarche expéditive qui, au moyen d'un référendum manichéen, ne conduirait qu'à la réduction de l'UDF.
Au lendemain des élections régionales, le pacte de famille a été quelque peu fissuré par des initiatives qui « isolent et désolent », Le retour à la confiance est possible si, on préalable à la refondation, un « pacte de rénovation » est signé par les principaux acteurs.
* Le pacte de rénovation
Je propose ici une démarche opérationnelle qui me semble largement soutenue dans les fédérations et au Parlement. Cinq étapes seront nécessaires :
1. Avant le 1er juin, chaque famille devra posséder un « mandat de rénovation » de sa base. Si cette phase n'était pas respectée, la refondation serait ensuite contestée.
2. Début juin, création d'un « collectif national de la rénovation » dont les grands chefs ne feraient pas partie et qui associerait des militants, des élus de fédérations, des élus locaux et des parlementaires.
3. Juin-Juillet, organisation des assises régionales de la rénovation avec vote d'une motion de clarification sur les thèmes essentiels de L’Identité de l'UDF, message européen, simplification de la décentralisation, choix des valeurs, place du social dans le libéral, relation avec le FN...
4. Septembre, réunion d'une « convention nationale de la rénovation » avec votes sur le projet politique et l'organisation des structures. A l'issue de cette convention, réouverture des listes électorales pour permettre aux citoyens en accord avec ces choix de participer à la refondation.
5. Novembre, validation du projet par référendum et élections des dirigeants aux dia vers niveaux de responsabilité.
Ainsi, avant la fin de l’année 1998, pour son vingtième anniversaire, l'UDF pourrait être refondée autour de sa propre identité avec son projet politique, forte d'une vraie dynamique interne fondée sur la démocratie et grâce à une stratégie lucide qui consiste d'abord à proposer au président de la République une alternative crédible à l'équipe Jospin.
Rénovée, l'UDF participera, à parité avec le RPR, au redressement de notre pays. Il ne s'agira plus d'animer des « écuries présidentielles » concurrentes mais de préparer l'échéance du changement, celle qui donnera au président les moyens de changer de gouvernement et de mettre en place une politique libérale et sociale durable, développée par des équipes bien préparées.
Nous sommes nombreux à partager cet espoir : faire de la nouvelle UDF « une force qui va et qui sait où elle va ».