Déclaration de M. Alain Lamassoure, ministre délégué au budget et porte-parole du gouvernement, sur la réforme de l'Alliance atlantique, les relations de l'UEO et de l'OTAN et sur l'émergence de commandements autonomes européens au sein de l'OTAN, à l'Assemblée nationale le 4 juin 1996.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Alain Lamassoure - Ministre délégué au budget et porte-parole du gouvernement

Circonstance : Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 4 juin 1996

Texte intégral

* Alliance atlantique

Q : Vous connaissez tous l’attachement que porte l’UDF à la construction européenne, notamment à la construction d’une Europe politique. Dans cette perspective, la dimension de sécurité et de défense est évidemment irremplaçable. C’est pourquoi je souhaite revenir sur l’accord qui a été signé à Berlin le 3 juin sur la rénovation des structures de l’OTAN et le rapprocher du sommet franco-allemand qui se tient en ce moment même à Dijon.

De longue date, la France a milité pour un meilleur partage et un meilleur équilibre des responsabilités au sein de l’Alliance atlantique. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir cette analyse française aujourd’hui confirmée. En effet, la possibilité pour l’Europe de mettre en œuvre un dispositif militaire autonome est, pour nous, un premier pas vers une politique plus européenne de sécurité et de défense. Aussi, la groupe UDF soutient-il cette action diplomatique française, qui a été couronnée par un succès.

Nous voudrions que le Gouvernement nous indique, d’une part, quelles seront les relations entre l’OTAN ainsi rééquilibrée, qui va progressivement sans doute s’étendre à d’autres pays de l’Europe de l’Est, et l’Union de l’Europe occidentale, qui était qualifiée par le traité de Maastricht de « bras armé de l’Union » mais qui est jusqu’à présent restée un instrument peu opérationnel, et d’autre part, selon quel calendrier les modalités concrètes de cet accord seront fixées pour renforcer cette identité européenne de défense.

R : Compte tenu du sommet franco-allemand, M. le Premier ministre et un certain nombre de ministres sont actuellement à Dijon. Je répondrai donc au nom du Premier ministre. Monsieur Albertini, le monde a changé, les conditions de sécurité de l’Europe ont changé, et, donc l’Alliance atlantique change. Nous nous en réjouissons, et ce d’autant plus qu’elle change dans le sens que la France avait souhaité et que votre groupe aussi a souhaité.

* Crises

Nous devons désormais, nous, Européens, être capables de faire face à deux types de crise :

– premier type de crise : une crise majeure qui affecterait la sécurité de notre continent et la liberté de nos Etats. Ce risque demeure. Nous avons donc besoin que se poursuive l’engagement américain au soutien de la sécurité de l’Europe, et que demeure l’Alliance, avec l’efficacité dont elle a fait preuve jusqu’à présent ;

– mais il y a aussi un second type de crise : une crise qui affecterait la sécurité du continent et nos intérêts, ici ou ailleurs dans le monde, une crise que les Européens pourraient souhaiter traiter eux-mêmes, et seuls. La grande innovation du Conseil atlantique de Berlin est que, désormais, ce type de sujet pourra être traité. En effet, à l’initiative de la France, nos partenaires ont accepté qu’au sein de l’OTAN soient identifiés des moyens de commandement et des moyens de soutien européens, qui permettraient, sous direction politique européenne et sous direction stratégique européenne, de traiter ces problèmes. Cela représentera une réforme très importante de l’Alliance. C’est, ainsi que l’a dit ce matin le président de la République, une bonne nouvelle pour l’Alliance, pour l’Europe et pour la France.

A partir de là, naturellement, cette identité européenne de défense sera dirigée par l’Union de l’Europe occidentale, qui est le bras armé de l’Europe en la matière.

Quant au calendrier, c’est d’ici à la fin de l’année que les modalités pratiques d’application seront précisées. C’est à ce moment-là que la France décidera de reprendre toute sa place dans une Alliance transformée, qui sera devenue, comme vous le souhaitez, comme nous le souhaitons tous, une alliance euro-atlantique.