Texte intégral
Q. : L'Aquitaine va-t-elle être touchée par la réduction des implantations militaires dans les mêmes proportions que les autres régions. Combien de temps avant la disparition d'une implantation le nom de celle-ci sera-t-il connu ?
R. : Les décisions relatives à la restructuration des armées ne seront arrêtées qu'à l'issue d'analyses détaillées, prenant en compte aussi bien la cohérence de nos forces que les situations économiques locales. Actuellement, nous disposons seulement d'orientations, dont les conséquences concrètes ne peuvent être tenues pour définitives. Comme je m'y suis engagé à l'Assemblée nationale, les décisions seront annoncées deux ans à l'avance, afin de laisser un délai de préparation des mesures d'accompagnement destinées à limiter le déséquilibre qui va affecter les économies locales.
La région Aquitaine, quatrième région pour les acteurs de la défense, devrait être confortée dans sa position et son rôle actuel. Des ajustements auront lieu, mais ils feront l'objet d'une concertation approfondie à travers la convention entre l'État et la région et ses différents protocoles d'application.
Q. : Quelles vont être les conséquences de la fusion Dassault-Aerospatiale, sur les sites Dassault de la région : Mérignac, Martignas, Biarritz ?
R. : La fusion de Dassault-Aerospatiale, pour créer un groupe aéronautique de taille mondiale, s'opérera par étapes successives, ces deux groupes représentant 58 000 personnes.
Aujourd'hui, pour les sites que vous avez nommés, bien évidemment aucune décision n'est encore prise. Le comité pilote mis en place par ces deux sociétés doit faire des propositions au gouvernement, d'ici juin 1996, pour la fusion effective dans deux ans.
Q. : Estimez-vous normal qu'une partie de la future recapitalisation de l'Aerospatiale soit utilisée par celle-ci pour racheter la SEP, comme il en est question ? Dans ce scénario de la constitution d'un pôle « grosse propulsion », que devient la SNPE ? Un pôle « grosse propulsion » pour quoi faire ? Pour quels programmes ?
R. : Actuellement, les possibilités de création d'un pôle de la « grosse propulsion » sont à l'étude. Il s'agit d'adapter au mieux les structures pour parvenir à une plus grande compétitivité de l'ensemble ; les trois acteurs concernés sont la SEP, Aerospatiale et SNPE. Quant au schéma du rapprochement, il relève du secret des affaires et je ne l'évoquerai pas ici. Dans chaque regroupement, et quel que soit le scénario, les acteurs industriels ont un rôle à jouer.
Quant aux programmes, ils appellent tous des actions et des alliances spécifiques. La propulsion à poudre est un domaine d'excellence français, qui participe à la réalisation du missile stratégique M 51, successeur du M 45. Ce programme, qui vient d’être décidé par le président de la République, permettra de garantir, à l’horizon 2010 la crédibilité de notre force de dissuasion.
Q. : La convention État-région devrait réaffirmer la vocation de l'Aquitaine dans le domaine des missiles balistiques. Qu'adviendrait-il, dans ce cas, de l'établissement Aerospatiale ?
R. : La création d'un pôle aquitain de la propulsion stratégique est un projet industriel d'envergure, qui doit donner lieu à une rationalisation de l'ensemble du secteur. Les grandes lignes de ce projet doivent être discutées entre les entreprises concernées afin qu'elles soient en mesure de s'adapter à la nouvelle ère qui s'ouvre en matière de dissuasion nucléaire. Les sites concernés sont ceux de Saint-Médard-en-Jalles et du Haillan. Une nouvelle organisation du travail devrait permettre de renforcer une activité majeure pour la défense et la haute technologie française, en la rendant plus compétitive, sans pour autant mettre en péril le haut niveau de qualité et de sûreté qui la caractérise depuis les origines.
Q. : On parle d'un pôle « maintenance aéronautique » en Aquitaine. Comment, et sous quel statut, fusionner l'AIA et la SOGERMA ?
R. : L'État et les collectivités locales ont annoncé une démarche stratégique pour l'émergence d'un pôle de maintenance aéronautique en Aquitaine. Ce pôle s'articule autour de la SOGERMA, filiale du groupe Aerospatiale, et de l'AIA, atelier industriel de l'aéronautique, de Bordeaux. Cependant, cette démarche passe obligatoirement par une étude de marché et de la concurrence et doit couvrir les domaines civil et militaire.
L'AIA de Bordeaux étant l'un des trois établissements majeurs dans le domaine de la maintenance aéronautique, avec SOGERMA-SOCEA et Turboméca-Tarnos, ses spécificités et ses perspectives d'évolution devront être prises en compte dans la réflexion globale. En l'état actuel de l'analyse, nous nous situons trop en amont pour pouvoir avancer des modalités pratiques d'organisation industrielle autour de tel ou tel acteur.
Q. : Comment TURBOMECA s'intègre-t-il dans le nouveau paysage français de la défense ?
R. : Les difficultés économiques que connaît le motoriste TURBOMECA ne peuvent remettre en question sa place dans le nouveau paysage français de la défense, même si des efforts de productivité sont nécessaires. Il reste le seul fournisseur français de turbines pour hélicoptères.