Texte intégral
François-Henri De Virieu : Bonsoir. Notre invité de ce soir est de ceux qui déchaînent les passions. Beaucoup, beaucoup de lettres contre votre venue à l'Heure de Vérité, ce soir, monsieur Le Pen. Une manifestation à Paris à l'appel du Parti Communiste Français et d'un certain nombre d'organisations de Gauche. Une protestation des députés... des déportés, pardon, et des organisations juives qui s'indignent de la coïncidence de calendrier entre votre venue ce soir et la libération du camp d'Auschwitz, cette usine géante, cette machine à tuer que les Allemands avaient installée pendant la guerre, les nazis, près de Cracovie. Et puis, la visite tout à l'heure, ici, dans cette maison, des délégués du Parti Communiste de Renault Billancourt, que j'ai reçus d'ailleurs et qui m'ont remis les pétitions que vous voyez ici.
Et puis, en point d'orgue à tout cela, ce titre de l'Humanité de ce matin : "Le Pen, la peste".
Alors, naturellement, monsieur Le Pen, nous ne nous sommes pas laissé intimider et vous êtes ici, ce soir. Vous être ici parce que vous représentez 2694000 électeurs, parce que vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle et parce que, de ce fait, les Français ont le droit de vous entendre.
Alors, vous avez été le premier à vous lancer dans la course, il y a cela presque un an, c'était si je me souviens bien le 26 avril. Un an, c'est bien long. Est-ce que vous n'êtes pas en train aujourd'hui de vous essouffler. Il semble que les intentions de votes en votre faveur ont tendance à diminuer. Vous étiez à 10, vous êtes aujourd'hui à 8.
On demandera à Jérôme Jaffre de confirmer ces chiffres tout à l'heure. Alors pourquoi ? Est-ce que c'est parce que vos thèmes favoris ne sont plus au cœur du débat politique ? Le gouvernement a obtenu des résultats en matière de lutte contre l'insécurité et quant à l'affaire du code de la nationalité, eh bien il a calmé le jeu ces derniers temps.
Alors, quelles idées nouvelles apportez-vous aujourd'hui dans le débat national ? Est-ce que vous avez un véritable projet pour l'avenir de la France et des Français pour les sept prochaines années et si oui, quel est ce projet ?
Eh bien, c'est de tout cela dont nous allons parler avec Alain Duhamel, avec Jean-François Kahn, directeur de l'Evénement du Jeudi, et avec Albert du Roy.
Alors, ne perdons pas de vue l'ordre de priorités que les Français mettent dans leurs attentes, dans ce qu'ils attendent de vous ce soir, tel qu'il nous est donné par le téléquestionnaire de la SOFRES dont nous avons les réponses.
Alors, en tête, votre programme pour l'élection présidentielle. Est-ce qu'on peut voir ces résultats ?
51% des gens vous attendent, et ça paraît logique étant donné que c'est tout de même l'ouverture de la campagne.
En deuxième position, vos propositions économiques et sociales : 45%, c'est encore la campagne présidentielle.
Troisièmement, votre attitude au second tour : 44% toujours la campagne présidentielle.
Viennent ensuite l'immigration et la réforme du code (code de la nationalité, bien sûr), votre jugement sur le gouvernement de monsieur Chirac, vos relations avec l'UDF et le RPR, et enfin, et c'est intéressant, seulement en dernière position, vos propositions sur l'insécurité.
Alors, tout de suite, la parole aux téléspectateurs avec notre messager habituel pour les questions, Jean-Louis Lescene !
Jean-Louis Lescene : Jean-Marie Le Pen, bonsoir ! Vous le savez bien, votre venue à l'Heure de Vérité ne laisse jamais indifférent. Alors, il y a ici, bien sûr ; surtout des interpellations du style : Le Pen, bravo, continuez ! Ou beaucoup plus nombreuses, des attaques contre vous-même et les idées que vous représentez : "Parlez-nous du SIDA, de vos dernières révélations sur le cancer, des révélations très controversées ; parlez-nous de l'immigration qui semble être pour beaucoup votre véritable fonds de commerce électoral ; parlez-nous de votre programme présidentiel, mais n'oubliez pas de nous parler du fameux détail de l'histoire, disent la majorité des téléspectateurs.
Et à propos de détail, une première question, une coïncidence, François-Henri de Virieu en a parlé, il y a 43 ans jour pour jour, le camp d'Auschwitz était libéré par l'Armée Rouge. Quelle réaction cet anniversaire vous inspire-t-il ce soir ?
Jean-Marie Le Pen : Eh bien, il m'inspire un certain nombre de réflexions et d'abord celle-ci, c'est que la deuxième guerre mondiale, les catastrophes matérielles, humaines, spirituelles que la guerre déclencha, il ne faut pas oublier qu’elle en fut l'origine. L'origine fut l'alliance entre les nazis hitlériens et les communistes staliniens. Et c'est l'agression par l'Armée Rouge et par l'Armée Nazie, conjointement, de la Pologne où se trouve d'ailleurs Auschwitz qui déclencha la deuxième guerre mondiale et son cortège effrayant de catastrophes, première réflexion.
Deuxième réflexion sur le rôle des communistes dans cette affaire. Moi, je suis une victime de guerre, pupille de la Nation. J'ai participé à des actes de résistance même si je n'ai pas la carte qui montre l'appartenance au mouvement et à son esprit, au moment où Georges Marchais travaillait à l'usine Messerschmitt et fabriquait des avions de chasse nazis.
Alors, ce n'est pas au secrétaire général du parti communiste, ni non plus d'ailleurs au parti communiste, héritier de Staline, de venir donner des leçons. Je n'ai strictement aucune responsabilité dans Auschwitz alors que les communistes en ont très directement.
François-Henri De Virieu : Monsieur Le Pen, vous n'avez pas de responsabilités, mais vous avez peut-être un avis, et c'est au fond cela qui était demandé par les téléspectateurs.
Jean-Marie Le Pen : Permettez-moi tout de même de dire deux mots sur la conception démocratique du parti communiste, qui consiste, comme d'ailleurs derrière le rideau de fer, à s'efforcer d'empêcher ses adversaires de parler. Et voyez-vous, je suis plus jeune que vous, monsieur de Virieu, je me souviens de l'accolade du mot "la peste" avec un autre nom, c'était le général américain Ridgway, la peste. C'était le moment où une campagne communiste mondiale essayait de faire croire que les américains avaient utilisé des armes biologiques et en particulier, répandu des maladies contagieuses dans le reste du monde. Alors "Ridgway la peste" "Le Pen la peste". Je dois dire que je considère que c'est un grand honneur qui m'est fait. Et le brevet d'anticommuniste primaire, secondaire, supérieur, technique et même viscéral que me donne le parti communiste, me va en quelque sorte droit au cœur comme une décoration.
François-Henri De Virieu : Monsieur Le Pen, la guerre c'est une chose, les alliances c'en est une autre. Auschwitz, ce qui s'est passé à Auschwitz, quelles réflexions ça vous inspire ? 20000 morts par jour...
Jean-Marie Le Pen : J'ai déjà déclaré sur ce sujet tout ce que j'avais à dire, après une manipulation de l'opinion, absolument artificiellement déclenchée par un groupe de médias relativement à une déclaration que j'avais faite dans une émission comme celle-ci et on a trafiqué ma déclaration de façon mensongère.
François-Henri De Virieu : Je l'ai sous les yeux, rassurez-vous, je l'ai sous les yeux intégralement.
Jean-Marie Le Pen : ... comme d'ailleurs, tout récemment encore, dans une émission identique, monsieur Colombani et madame Sinclair ont trafiqué la phrase...
François-Henri De Virieu : ici, on ne trafique pas !
Jean-Marie Le Pen : ... et j'en fais juge les téléspectateurs. On m'a fait dire à l'écran, les chambres à gaz n'ont jamais existé en coupant la première partie de la phrase car j'avais dit : "je n'ai jamais dit que les chambres à gaz n'ont jamais existé".
François-Henri De Virieu : Vous avez dit ceci : "Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé".
Jean-Marie Le Pen : ... Alors, que pensez-vous du procédé qui consiste à couper la phrase d'un homme politique pour essayer, comme l'avez dit d'ailleurs...
François-Henri De Virieu : Mais je n'en pense rien, ça n'est pas le sujet.... ça n'est pas le sujet, monsieur Le Pen !
Jean-Marie Le Pen : ... l'un des organisateurs de cette émission pour le "planter", parce qu'il semble que ce soit l'objectif d'un certain nombre de journalistes de "planter Le Pen". Il est évident que c'est plus facile de planter quelqu'un de l'opposition, de Droite ou de tenter de le faire que de planter l'Etablissement. On se donne comme cela un brevet de courage, comme pour les nazis, comme pour Hitler, il y a beaucoup plus de combattants antihitlériens aujourd'hui qu'il n'y en avait quand les hitlériens étaient puissants. Alors, que les hitlériens étaient puissants, moi, j'étais de ceux qui prenaient des risques contre eux et je ne suis pas absolument sûr que ceux qui, aujourd'hui, font les bravaches n'étaient pas à ce moment-là caché sous leur lit.
François-Henri De Virieu : Je note que vous n'avez pas d'avis de citoyen sur Auschwitz. Vous ne voulez pas dire ce que vous en pensez ?
Jean-Marie Le Pen : ... J'ai fait une déclaration, monsieur de Virieu, de 9 minutes.
François-Henri De Virieu : Vous pouvez peut-être la répéter ici !
Jean-Marie Le Pen : ... Et j'ai dit que ce qui me paraissait important à trois mois des élections présidentielles, c'était de parler de l'avenir de la France. La guerre mondiale a été ce qu'elle a été, nous l'avons tous présent à l'esprit. Certains d'entre nous, comme moi qui en ont souffert dans leurs affections les plus chères et par conséquent, je n'oublie pas et je n'oublierai jamais la guerre, je n'oublierai jamais ses héros, ni ses victimes ni ses bourreaux, pas plus que je n'oublie les gens qui, aujourd'hui, maintiennent dans des camps, comme celui d'Auschwitz, des hommes et les y font mourir, que ce soit en URSS, en Chine communiste, à Cuba, au Nicaragua, au Cambodge et au Vietnam. Mais je crois que ce que les téléspectateurs attendent de moi, et ils l'ont manifesté et je les en remercie, c'est de m'entendre parler de leurs problèmes, car je pense, moi, à leurs problèmes ; de penser à leur avenir, à celui de leurs enfants, si vous le permettez ce dont nous allons parler ensemble, mais je voudrais juste avant vous montrer...
François-Henri De Virieu : On v y revenir...
Jean-Marie Le Pen : ... Mais je voudrais vous montrer tout de même, parce qu'il faut que les téléspectateurs le sachent, certains se plaignent de ne pas me voir et pensent que c'est peut-être ma paresse qui est responsable de cela. Je veux leur dire que le National souffre d'une véritable injustice médiatique et s'il est vrai que j'ai été invité chez monsieur de Virieu 4 fois en 5 ans et que les communistes qui y ont été invités deux fois l'année dernière alors que j'y ai été invité une fois, sont mal placés pour vous le reprocher. Je voudrais vous montrer, ou plus exactement montrer à votre caméra, ce tableau.
François-Henri De Virieu : Vous ne connaissez que ce tableau là, vous êtes déjà venu la dernière fois avec le même.
Jean-Marie Le Pen : Non mais bien sûr, parce que je crois que c'est très parlant. Ben, je me bats avec mes armes, de Virieu, vous savez elles sont modestes, mais efficaces, et l'injustice médiatique. Il s'agit là du relevé des grandes émissions télévisées et radiophoniques politiques. Et bien en 87, il y en a eu 112 pour le RPR-UDF, 71 pour le PS, 21 pour le PC qui a eu le même nombre de voix que nous en 86 et 9 pour le Front National. C'est dire que si vous ne savez toujours ce que je pense et si vous ne connaissez pas mon programme, c'est parce qu'on ne m'invite pas assez souvent.
Alors je vous invite vous, à suivre mes émissions et en particulier pendant la campagne électorale, là où je pourrais dire ce que je pense.
François-Henri De Virieu : Allez, Alain Duhamel pour 20 minutes.
Alain Duhamel : Bonsoir monsieur Le Pen
Jean-Marie Le Pen : Bonsoir monsieur Duhamel.
Alain Duhamel : Alors justement j'ai l'intention de vous interroger sur un certain nombre des propositions concrètes que vous voulez faire au français pendant votre campagne. Auparavant j'ai trois questions d'actualité à vous poser, deux sérieuses et une plus frivole. Alors on commence par les deux sérieuses si vous voulez bien. La première, le secrétaire général de votre parti, d'après une dépêche que j'ai lu tout à l'heure a fait aujourd'hui une déclaration pour dire qu'il souhaitait que l'Afrique du Sud soit associée d'une façon ou d'une autre au programme en préparation qui vient d'être décidé pour l'avion de combat français : Rafale. Alors je voudrais savoir...
François-Henri De Virieu : Fabriqué par monsieur Marcel Dassault.
Alain Duhamel : François-Henri de Virieu, vous êtes d'accord que c'est l'avion français de combat ?
François-Henri De Virieu : Tout à fait.
Alain Duhamel : Alors restons en-là. Alors l'avion français de combat, on ne parle pas de Marcel Dassault maintenant, on a beaucoup de choses à se dire, donc l'avion français de combat, je voudrais savoir si vous considérez que l'Afrique du Sud est un partenaire, je dirais à la fois, (dans un cas comme ça, sur ce point précis), souhaitable et respectable ?
Jean-Marie Le Pen : Alors je vais d'abord vous dire une chose. Il faudrait inviter notre ami Jean-Pierre Stirbois à des émissions comme celle-ci.
Alain Duhamel : Non non, mais...
Jean-Marie Le Pen : Non, mais, parce qu'il répondrait à ce moment-là, des déclarations qu'il a faites. Donc moi je réponds en général les miennes, mais voyez-vous comme nous sommes si vous le voulez en phase, et comme nous sommes en accord de pensée, je répondrais à sa place, si vous voulez bien.
Alain Duhamel : Ce n'est pas un piège.
Jean-Marie Le Pen : Bien sûr, bien évidemment.
Alain Duhamel : Ce n'est pas un piège, ce sont les déclarations d'aujourd'hui.
Jean-Marie Le Pen : Puisque le gouvernement de Jacques Chirac a pris la décision juste avant les élections présidentielles de commander des avions Rafale, qui je crois est un bel avion, peut être coûteux, il est évidemment indispensable d'amortir ces productions sur un grand nombre de clients, et malheureusement l'industrie française y compris l'industrie d'armement n'est pas toujours très compétitive compte tenu des charges sociales et fiscales qu'elle supporte. Alors je considère donc que la présence de l'Afrique du sud sur le plan où vous vous placez, c'est-à-dire celui de la géopolitique et de la stratégie est une présence absolument indispensable. L'Afrique du sud est responsable je j'ose dire de la sécurité dans le sud du monde, n'est-ce pas, au confluent de deux grands océans, elle détient des ressources en minerais qui sont absolument introuvables ailleurs qu'en Union Soviétique et on comprend bien pourquoi les communistes font un effort considérable pour essayer de disqualifier l'Afrique du sud. Alors c'est une puissance militaire alliée, ces fils sont venus mourir pour nous en 1914, en 1939-45, et je considère l'Afrique du Sud comme un pays allié dans la défense du monde libre.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, ma question était simple, alors vous pouvez m'y répondre si vous voulez, c'était est ce que vous considérez que dans cette affaire l'Afrique du Sud est un partenaire, je reprends les termes que j'avais employés souhaitable et respectable ?
Jean-Marie Le Pen : Oui, oui, d'autant que nous allons peut-être être en concurrence, j'ai vu que monsieur Strauss avait amené une lettre du secrétaire général du parti communiste de l'URSS, peut-être pour présenter des avions soviétiques ? Alors nous sommes là en concurrence, j'aime mieux que l'Afrique du Sud achète des avions français plutôt que des avions soviétiques.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, ma question était simple, alors vous pouvez m'y répondre brièvement si vous voulez, c'était est-ce que vous considérez que dans cette affaire l'Afrique du sud est un partenaire, je reprends les termes que j'avais employés souhaitable et respectable ?
Jean-Marie Le Pen : Oui, oui, d'autant que nous allons peut-être être en concurrence, j'ai vu que monsieur Strauss avait amené une lettre du secrétaire général du parti communiste de l'URSS, peut- être pour présenter des avions soviétiques ? Alors nous sommes là en concurrence, j'aime mieux que l'Afrique du Sud achète des avions plutôt que des avions soviétiques.
Alain Duhamel : Vous trouvez que c'est un partenaire dans cette affaire souhaitable et respectable ?
Jean-Marie Le Pen : Oui, oui, absolument.
Alain Duhamel : Bon, deuxième question d'actualité. Il y a en ce moment une grande polémique sur les conditions du maintien de l'ordre dans les territoires occupés par l'armée israélienne et en particulier, on l'a encore vu ce soir au journal, il y a des discussions, y compris d'ailleurs dans l'armée israélienne et publiques sur le point de savoir si les moyens employés qui sont apparemment quelques fois un peu brutaux, notamment les bastonnades sont légitimes ou pas légitimes dans un cas comme ça ? Alors moi je voudrais savoir quelle est votre réaction, est ce que vous trouvez que c'est légitime, ou est-ce que vous trouvez que ce n'est pas légitime ?
Jean-Marie Le Pen : Vous savez monsieur Duhamel, j'ai déjà fort à faire à assumer les responsabilités de la politique dans mon propre pays et les actions que mon propre pays est amené à faire, et les responsabilités qu'il est amené à prendre, pour considérer les responsabilités des autres nations avec une certaine distance. Je considère que en l'occurrence, et je répète ce que j'ai déjà souvent dit, Israël et le peuple juif ont droit à un territoire et à des frontières garanties, mais je crois aussi qu'il serait très injuste de priver du droit à un territoire et à une patrie, les palestiniens qui sont aussi présents sur ce territoire depuis des siècles, pour ne pas dire des millénaires; et dans ces conditions je suis attaché à la recherche d'une solution pacifique et je me doute bien que le conflit qui oppose Israël et les pays arabes n'est pas en voie de se résoudre demain. Mais à mes compatriotes français ils donnent une belle leçon sur la difficulté, qu'il peut y avoir aussi bien d'ailleurs d'essayer de faire vivre une société multiculturelle. Et chacun peut mesurer ce qu'au Liban et en Israël représente la menace d'une religion, d'une race, d'une culture éminemment différente de celle qui est dominante.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, je n'imagine pas un instant que vous n'avez pas compris ma question. Or vous n'avez- pas répondu à ma question. Ma question était, est ce que vous considérez que les méthodes utilisées dans le maintien de l'ordre, dont vous avez, comme tous les français, vu des extraits à la télévision, est ce qu'elles vous choquent ou est ce qu'elles vous paraissent légitimes ? C'est tout.
Jean-Marie Le Pen : Il y a des règles qui sont intangibles dans le maintien de l'ordre surtout dans un territoire étranger occupé. Ces situations sont régies par les traités et en particulier par la Croix Rouge, par les règles de la Croix Rouge.
Alain Duhamel : Mais en deux mots.
Jean-Marie Le Pen : Et dans ces conditions, je crois qu'une armée d'occupation peut maintenir l'ordre, elle doit le faire en respectant ces règles.
Alain Duhamel : Vous êtes choqué ou pas choqué ?
Jean-Marie Le Pen : C'est une guerre qui se déroule, c'est une guerre politique.
Alain Duhamel : Mais ce n'est pas votre genre de ne pas avoir d'avis, quand même.
Jean-Marie Le Pen : J'ai un avis. Je vous le donne. C'est une guerre politique.
Alain Duhamel : Donc vous trouvez que les moyens employés sont légitimes.
Jean-Marie Le Pen : Je considère que c'est une guerre et les moyens employés sont des moyens de violence à partir du moment où il y a violence, les palestiniens disent la violence naît de l'occupation de notre territoire, les israéliens disent la violence naît des actions des militants palestiniens, alors chacun selon ses convictions et selon son point de vue donne son jugement.
Alain Duhamel : Ma dernière question d'actualité, frivole celle-ci, frivole mais pas sans intérêt complètement, autrement je ne vous la poserais pas. Jusqu'à présent parmi les candidats déclarés ou implicités, il y avait deux camps. Il y avait les quatre grands qui étaient François Mitterrand, Jacques Chirac, Raymond Barre et Michel Rocard, attendez, qui avaient ceci en commun de porter les cheveux en arrière de la tête et puis il y avait les autres candidats dont vous qui les portiez jusqu'ici, autrement avec une raie sur le côté ou autrement, alors je voudrais savoir si pour cette émission de ce soir, vous avez voulu vous faire une tête de président.
Jean-Marie Le Pen : Non, parce que d'abord je croix qu'une grande partie de ceux-là n'ont pas une tête de président, d'abord... ils ont peut-être des ambitions de président, mais pas une tête...
Alain Duhamel : Qui n'en a pas, qui n'en a pas la tête ?
Jean-Marie Le Pen : Mais, je vous signale que cette façon d'être coiffé...
Alain Duhamel : Mais qui n'en a pas la tête ?
Jean-Marie Le Pen : m'a été familière
Alain Duhamel : Oui je sais, je sais
Jean-Marie Le Pen : Je l'ai déjà eue
Alain Duhamel : Je ne vous le reproche pas
Jean-Marie Le Pen : C'est au gré de ma fantaisie, voyez et parce que je souhaite, bien sûr, présenter un visage le plus sympathique possible, je dois me présenter dans la forme et dans le fond, comme un candidat que je crois devoir être performant, et j'essaie de l'être
Alain Duhamel : et le changement de coiffure en fait partie
Jean-Marie Le Pen : Non ça s'est un goût personnel que j'ai, et à un moment donné je me suis dit : "tiens je vais me changer, je vais me rajeunir, peut-être en revenant à ma coiffure de jeune, nous essayons tous, monsieur
Duhamel, vous n'êtes pas encore à l'âge où...
Alain Duhamel : On verra, on verra
Jean-Marie Le Pen : ... sur sa jeunesse mais ça viendra, je vous le souhaite d'ailleurs...
Alain Duhamel : Chronologiquement ça a des chances de venir un jour. Alors maintenant, les questions de fonds, sur des propositions que vous faites et qui intéressent la vie quotidienne des Français. D'abord il y a une idée neuve qui a été avancée parmi d'autres pendant cette campagne, il n'y en a pas eu tellement, mais il y a une idée neuve qui a été avancée par le parti socialiste et qui a été reprise, officialisée ce week-end dans sa convention, et qui est l'instauration sous le prochain septennat, s'il l'emporte, d'un revenu minimum social garanti, autrement dit, autrement dit que tous ceux qui, soit ne touchent pas d'allocation qui leur permette de vivre, soit n'ont pas le minimum, soit ne gagnent pas le SMIG, etc... aient au minimum un revenu de garantie, je voudrais savoir si c'est une proposition qui a votre accord, ou qui n'a pas votre accord ?
Jean-Marie Le Pen : C'est-à-dire que moi je préférerais parler de mon programme plutôt que de parler du programme du parti socialiste...
Alain Duhamel : Oui mais enfin, vous...
Jean-Marie Le Pen : ... alors j'ai un certain nombre de choses à dire dans ce domaine, et peut-être me permettrez-vous de les dire à ce stade...
Alain Duhamel : Non, non je voudrais que vous me répondiez parce qu'ensuite je vous relancerai sur un certain nombre...
Jean-Marie Le Pen : Oui parce que moi je voudrais parler de mon programme et des propositions...
Alain Duhamel : Ne vous en faîtes pas
Jean-Marie Le Pen : ... que j'ai la faiblesse de trouver originales et constructives...
Alain Duhamel : Ne vous en faîtes pas, j'y arrive, j'y arrive
Jean-Marie Le Pen : Je vous avais réservé ce qualificatif à la proposition du parti socialiste...
Alain Duhamel : Ah je n'ai pas dit qu'elle était constructive...
Jean-Marie Le Pen : Si, si vous avez dit une des rares propositions neuves...
Alain Duhamel : J'ai dit qu'une proposition neuve avait été faite, je ne l'ai pas jugée...
Jean-Marie Le Pen : Moi je comprends très bien que les socialistes ...
Alain Duhamel : Je ne l'ai pas jugée, alors...
Jean-Marie Le Pen : ... les socialistes, en période électorale, ne sont pas les seuls d'ailleurs, imaginent des solutions démagogiques. Et celle qui consiste à proposer un salaire garanti, ou un revenu garanti à tous les français, est évidemment la plus facile, elle est plus facile que de créer les conditions économiques qui donneraient aux français ce qu'ils demandent, c'est-à-dire du travail, parce que la ressource garantie, même si elle est à 2000 francs, je crois que c'est la proposition qu'on faite les socialistes, c'est encore la misère organisée, la misère...
Alain Duhamel : Mais vous êtes pour ou contre...
Jean-Marie Le Pen : ... la misère matérielle et la misère morale, parce qu'il y a dans l'exercice d'une profession, dans un métier, un élément fondamental de dignité, et moi ce que je souhaite, c'est lutter contre le chômage qui a été dans ce pays instauré par tous les gouvernements qui se sont succédés depuis celui, je ne prendrai que ces quatorze dernières années, depuis celui de monsieur Chirac, celui de monsieur Barre, celui de messieurs Fabius et Maurois et celui de monsieur Chirac aujourd'hui de nouveau...
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, vous êtes pour ou contre cette mesure ?
Jean-Marie Le Pen : Comme il faut faire des choix et, bien que je pense qu'il y a beaucoup de misère et beaucoup de nouveaux pauvres dans notre pays, alourdir le budget par une solution de facilité comme celle-là, qui peut paraître comme traduisant la nécessaire fraternité française, c'est une mesure de démagogie. Je crois que ce qu'il faut faire, ce qu'il faut présenter aux français, c'est une grande politique à la fois de préférence nationale, de préférence familiale, de développement économique, de développement des entreprises, pour que les français puissent espérer avoir tous un travail capable de les nourrir.
Alain Duhamel : Alors toujours pour les français, parmi les plus défavorisés, dont on parle en ce moment, et toujours à propos de questions qui sont actuellement débattues donc sur lesquelles je souhaite avoir votre avis à vous, il y a la question du SMIG. Est-ce que certains considèrent qu'il faudrait que le salaire minimum interprofessionnel garanti soit augmenté, d'autres considèrent au contraire qu'il faudrait assouplir et peut-être que le SMIG ne soit plus garanti pour tout le monde ?
Jean-Marie Le Pen : Il l'est déjà, il n'existe plus, déjà, puisqu'aussi bien les TUC sont un démantèlement du SMIG, puisque...
François-Henri De Virieu : Une chose, une chose d'avoir une situation, une autre de toucher au symbole...
Alain Duhamel : monsieur Le Pen vous le savez très bien, vous le savez très bien, il existe pour les salariés qui sont dans des conditions normales...
François-Henri De Virieu : Regardez le tollé provoqué par la déclaration de monsieur Seguin hier...
Jean-Marie Le Pen : Ce sont les thèmes du parti communiste...
Alain Duhamel : Là non, là non, pas seulement...
Jean-Marie Le Pen : .... Le milliardaire qui veut détruire le SMIG, alors je ne suis pas milliardaire et je ne veux pas détruire le SMIG...
François-Henri De Virieu : Vous n'êtes pas le seul…
Jean-Marie Le Pen : .... et je considère d'ailleurs que le SMIG est vraiment à la limite inférieure de ce qui est nécessaire pour vivre dans un pays où l'inflation n'est que, dit le gouvernement, de 3,1 officiellement en tout cas, hein, mais je crois surtout que ce qui est essentiel c'est de permettre aux gens de trouver du travail et pour trouver du travail il faut suivre une autre politique que celle qui est suivie, aussi bien d'ailleurs par monsieur Mitterrand, monsieur Barr et monsieur Chirac, c'est-à-dire une politique de rupture avec le socialisme, une politique d'abaissement des prélèvements obligatoires c'est-à-dire des charges sociales et des charges fiscales, une politique qui permette la promotion des entreprises qui sont les seules à créer la prospérité. C'est cela le fond du problème...
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, monsieur Le Pen...
Jean-Marie Le Pen : Je sais bien que je vous ennuie mais il faut bien que je réponde...
Alain Duhamel : Vous trouvez que je n'écoute pas ce que vous dites
Jean-Marie Le Pen : Non, non, mais vous avez...
Alain Duhamel : Je n’ai pas l'air du tout ennuyé
Jean-Marie Le Pen : Vous avez l'air tout à fait énervé, alors, calmez-vous, on va y arriver, n'ayez pas peur.
Alain Duhamel : Oh ben ça alors, vous trouvez que j'ai l'air énervé ?
Jean-Marie Le Pen : Ce que je crois...
Alain Duhamel : Là, là permettez-moi de vous dire...
Jean-Marie Le Pen : Non, non, mais c'est parce que vous faites comme ça avec vos mains...
Alain Duhamel : Non mais je reconnais que je ne suis pas venu avec des poids attachés aux chevilles, mais, reconnaissez que ce n'est pas une marque d'agressivité particulière contre vous que de vous poser des questions. Je vous les pose courtoisement, j'écoute vos réponses ?
Jean-Marie Le Pen : Mais c'est vrai monsieur Duhamel.
Alain Duhamel : J'ai l'air de m'ennuyer ?
Jean-Marie Le Pen : mais pas du tout...
Alain Duhamel : alors répondez-moi
Jean-Marie Le Pen : ... moi ça me trouble, vous comprenez
Alain Duhamel : je serai étonné que vous soyez troublé
Jean-Marie Le Pen : mais si, mais si...
Alain Duhamel : non, non, alors je reprends, je reprends...
Jean-Marie Le Pen : Toutes ces mesures sont des mesures d'expédition des affaires courantes, on ne veut pas prendre à bras le corps ce qu'il faudrait faire, on ne veut pas établir la préférence nationale, on ne veut pas renvoyer dans leur pays d'origine, des centaines de milliers de travailleurs étrangers ou de demandeurs d'emploi étrangers qui n'ont pas de travail, qui sont chômeurs ou bien souvent même clandestins, dont nous assumons la charge sociale ainsi que celle de leur famille. Tout ceci bien sûr pèse sur le budget français et il se fait au détriment des travailleurs français. On ne veut pas élaborer une politique...
Alain Duhamel : Vous ne me répondez pas. Je vous pose une question précise, vous ne me répondez pas.
Jean-Marie Le Pen : Je ne suis pas pour la suppression du SMIG, mais je considère qu'il est déjà supprimé en fait par le gouvernement.
Alain Duhamel : Est-ce que vous êtes pour son augmentation ?
Jean-Marie Le Pen : Mais ça serait un leurre !
Alain Duhamel : Je ne vous dis pas de me dire oui, vous me dites oui ou non, comme vous voulez, vous me donnez la réponse que vous voulez.
Jean-Marie Le Pen : Je vous dis non. En l'état actuel des choses, ça serait fallacieux. Ce qui est essentiel, c'est maintenant de donner du travail et pas par les méthodes de camouflage qui sont celles de messieurs Seguin et Chirac, parce que j'écoutais l'autre jour... Je dois vous dire, je vous fais cette confidence, avec les larmes aux yeux, j'écoutais l'émission... une émission sur les chômeurs de plus de cinquante ans et cela démontrait, s'il en était besoin, la justesse de ce que nous avions dit au moment des débats à l'Assemblée nationale sur la politique du gouvernement. On avait dit : vous déshabillez Pierre pour habiller Paul et que vouloir, c'est souhaitable, donner du travail aux jeunes, c'est une politique valable à condition que l'on donne du travail en plus pour les jeunes, mais si ça consiste à donner du travail aux jeunes pour chasser du travail quelqu'un qui a cinquante ans, une formation professionnelle, une technicité et en même temps des charges de famille, c'est scandaleux.
Et je pense, moi, à tous ces français, parce que Dieu merci, parmi les jeunes générations, très peu de gens ont eu froid et faim... enfin, moi j'ai eu faim et froid et je sais ce que c'est que d'avoir faim et froid, et je sais ce que c'est que de ne pas avoir ce qu'il faut pour payer ce qu'on doit à la fin du mois et par conséquent, je pense à ces millions de français, à ces millions de nouveaux pauvres qui se sont constitués progressivement dans notre pays d'une façon décrite comme irrémédiable, alors que moi, je pense qu'il y a des solutions et que moi je propose des solutions.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, justement, il y a un rapport récent qui vient d'être publié et qui établit qu'il y a en France 4 millions et demi de personnes en situation dite, le vocabulaire ne m'appartient pas... en situation dite de grande pauvreté.
Jean-Marie Le Pen : C'est la génération Mitterrand.
Alain Duhamel : Vous la qualifiez comme vous voulez.
Jean-Marie Le Pen : Non, non, ce n'est pas moi qui "pergrim pare al paniero", pour grimper au palmier... vous connaissez la suite... on ne se met pas sur les panneaux d'affichage quand on est dans la situation d'être la génération des berceaux vides, la génération des nouveaux pauvres, la génération du chômage, je crois qu'on reste chez soi ou on rentre chez soi, c'est plus raisonnable.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, j'ai une question à vous poser !
Jean-Marie Le Pen : Je vous en prie !
Alain Duhamel : Alors, ma question : il y a quatre millions et demi de personnes qui sont décrites comme étant dans une situation de grande pauvreté, je voudrais savoir si dans votre programme, vous avez des mesures spécifiques qui les concernent ? J'ai bien compris ce que vous m'avez dit il y a un instant, vous avez une politique générale. Je vous demande si vous avez des mesures spécifiques.
Jean-Marie Le Pen : La mesure spécifique, c'est de créer la richesse, la mesure spécifique, c'est de donner du travail. Et quand il y en a plus, le réserver d'abord par une règle de charité bien ordonnée à ses propres concitoyens et aux citoyens de la communauté européenne, ça c'est le premier point.
Le deuxième, c'est de laisser les entrepreneurs entreprendre. Je voudrais qu'il y ait une grande mobilisation des entrepreneurs dans notre pays parce que ce sont eux, et surtout les entrepreneurs de petites et moyennes entreprises, qui créent des emplois et qui créent la richesse, pour lutter contre la pauvreté, à l'inverse ce que dit le parti communiste, il ne faut pas fusiller les riches, il faut développer la richesse...
Alain Duhamel : On ne parle pas du parti communiste, là !...
Jean-Marie Le Pen : ... car la richesse est à tout le monde et quand il y a prospérité, tout le monde en bénéficie. Mais il y a une règle, je l'avais rappelée un jour à Calais, en regardant d'ailleurs la statue des Bourgeois, quand les bourgeois sont en chemise, j'ai dit le peuple est nu. Alors, ne souhaitons pas des bourgeois en chemise.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, je reprends ma question : est-ce que vous avez pour ces 4 millions et demi de personnes, j'ai compris les conditions économiques générales... mais est-ce que vous avez prévu des mesures spécifiques immédiates, parce que la création de richesse, la libération des conditions d'exercice de la profession d'entrepreneur, etc ... ça demande du temps, de tout façon. Est-ce que dans l'immédiat, vous avez ou nous n'avez pas des mesures spécifiques à proposer pour les 4 millions et demi de personnes en état de grande pauvreté.
Jean-Marie Le Pen : Je constate au passage que ces mesures spécifiques ne vont naître dans les programmes électoraux, très précisément, que trois mois avant les élections, c'est-à-dir que les gens qui dirigent ce pays, à Droite depuis vingt-cinq ans et à Gauche pendant cinq ans, n'auront donc pas eu pendant ce temps-là le temps d'imaginer des solutions spécifiques. Pourquoi ? Parce qu'ils ont toujours espéré comme monsieur Chirac en 92...
Alain Duhamel : Non, mais vous !
Jean-Marie Le Pen : ... que les alouettes leur tombent toutes rôties dans le bec et qu'il suffirait d'attendre et que la conjoncture s'inverserait. Elle s'inverse d'ailleurs comme la marée régulièrement et l'on s'aperçoit que les responsables de nos malheurs sont tantôt la hausse du pétrole, tantôt la baisse du pétrole. Dans quelque situation où nous nous trouvions ou dans laquelle se trouvent nos gouvernements, nous avons toujours.... Nous n'avons que les malheurs...
Alors, moi je crois qu'il faut rendre...
Alain Duhamel : Ma question, toujours la même ! Votre réponse !
Jean-Marie Le Pen : Non, mais si, attendez une seconde...
Alain Duhamel : Non, mais ça fait trois fois que je vous pose la même question !
Jean-Marie Le Pen : Pourquoi pensez-vous que je sois indifférent, je vous ai dit que j'avais de bonnes raisons...
Alain Duhamel : Mais je ne vous ai pas dit que vous étiez indifférent, je vous ai posé ma question !
Jean-Marie Le Pen : Je dis qu'il faut donner du travail aux gens et je dis qu'on peut libérer des centaines de milliers d'emplois. J'ai entendu l'autre jour monsieur Seguin justement proposer une mesure dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises qui est celle du foyer fiscal, permettant en effet aux foyers, pour l'aide familiale soit aux jeunes, soit aux vieux, soit aux enfants soit aux vieux, de permettre, comme on le fait aux entreprises, aux foyers de retirer en quelque sorte de leurs impôts les salaires et charges pour des emplois qu'ils fourniraient, c'est un moyen.
J'ai parlé de l'institution du revenu maternel qui aurait la double conséquence, à la fois, de lutter contre le drame de notre dénatalité et de la ... comment dirais-je, de la non-éducation ou de la mauvaise éducation de nos enfants, de libérer des emplois en permettant aux mères qui le désirent, aux mères de trois enfants qui le souhaitent de se consacrer à leurs enfants. Mais je crois aussi et surtout, et là on touche si vous voulez à la politique économique générale, qu'il n'y a aucun espoir d'amélioration parce que pour donner ce genre d'aide spécifique, faut-il encore gagner l'argent que l'on va donner. Or, au fur et à mesure que l'on aggrave le poids de interventions de l'Etat et que l'on augmente les prélèvements obligatoires, on rend nos entreprises de moins en moins compétitives sur un marché européen ou international.
Et je le dis ici, maintenant, de façon très solennelle : laisser croire aux français qu'en l'état actuel des choses et avec un taux de prélèvement obligatoire de 45% qui ne cesse de croître, en 92 les français vont pouvoir espérer l'amélioration de leur situation, c'est les tromper. En 92, dans cette perspective là, ce sera l'explosion de l'économie française et peut-être aussi de l'économie européenne.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, justement, vous m'amenez directement à ma question suivante.
François-Henri De Virieu : qui est d'ailleurs la dernière !
Alain Duhamel : Eh bien, tant pis ! Alors, c'était justement : comment est-ce que vous pouvez proposer, c'est vous qui proposez là, la suppression progressive, mais la suppression de l'impôt sur le revenu alors que justement les perspectives de 92 dont vous venez de parler impliquent déjà une baisse moyenne de la TVA française qui serait plutôt un peu plus élevée que la moyenne...
Jean-Marie Le Pen : A négocier !
Alain Duhamel : Ah non, mais attendez, attendez ! Une baisse moyenne de la TVA, et en même temps que tout le monde dont vous considérez que le taux de l'impôt sur les sociétés reste trop élevé. Autrement dit, comment est-ce que l'on peut à la fois, un : baisser l'impôt sur les sociétés, deux : baisser la TVA, et trois : progressivement supprimer l'impôt sur le revenu, sauf apparaître comme-même électoraliste ?
Jean-Marie Le Pen : Ecoutez, je n'ai pas ce soir la chance d'avoir parmi nous, monsieur Paul Gan qui est un américain que je souhaitais beaucoup avoir mais malheureusement il est malade. Paul Gan, c'est un homme qui a été l'un des promoteurs de ce que l'on appelle les "Reaganomix", en particulier en Californie et qui a provoqué par un referendum d'initiative populaire, mesure dont je préconise l'adoption dans notre pays, de baisser les recettes de l'Etat de Californie. Ce fut un cri, un tollé universel : mais comment va faire l'Etat pour assumer ses responsabilités d'intervention, de subvention, d'aides diverses. Et monsieur Gan a tapé sur sa ceinture, il a dit : l'Etat fera comme nous, n'est-ce pas, avec cet instrument là, que nous sommes le seul à serrer, nous les contribuables. L'Etat se serrera la ceinture et c'est ce qu'a été contraint de faire l'Etat californien après, en effet, que l'on ait diminué les recettes de l'Etat, c'est-à-dire les recettes fiscales. Qu'est-ce qui s'est produit au bout de trois ans ? Eh bien, l'Etat a un peu souffert, il a mis quelques projets au rancard, ou en tous les cas en attente, et trois ans plus tard on a retrouvé une somme, une masse fiscale plus importante que la masse précédente par un développement général de la masse de richesses produites. Et voilà ce qu'il faut faire et ça, ça suppose.... Parce-que toutes les mesures d'aide, de soutien, les mesures que vous appelez spécifiques, ce sont des mesures socialistes, ce sont des mesures du type que monsieur Barre, monsieur Chirac, monsieur Mitterrand préconisent dans le cadre d'un déclin qui se fait, ce que j'appelle le DGV, le déclin à grande vitesse sous monsieur Mitterrand et le DPV, le déclin à petite vitesse sous monsieur Barre et monsieur Chirac. Mais le déclin quand même.
Or, moi je propose ce que je crois être le remède fondamental, c'est la rupture avec le socialisme. Il faut diminuer les dépenses de l'Etat...
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, je reprends une dernière fois... Est-ce qu'il faut lever la main ?
Jean-Marie Le Pen : ... diminuer les dépenses de l'Etat, diminuer les interventions de l'Etat, diminuer le prix d'un Etat qui a six millions de fonctionnaires, 6600000 même.
Alain Duhamel : Monsieur Le Pen, vous venez de répondre à votre question : je voudrais une dernière fois puisqu'ensuite je laisse la place à Jean-François Kahn, je voudrais que vous répondiez à la mienne qui est : est-ce que l'on peut baisser la TVA, l'impôt sur les sociétés et diminuer de façon vraiment significative l'impôt sur le revenu, tout ça en même temps, est-ce que c'est possible ?
Jean-Marie Le Pen : Je crois qu'on peut le faire, on peut même supprimer la taxe professionnelle en reportant...
Alain Duhamel : Tout ça en même temps ?
Jean-Marie Le Pen : .... Non, non, mais écoutez. OU bien on fait cette politique de libération de l'économie ou bien on continue dans la voie mortelle dans laquelle nous sommes engagés. C'est une alternative et c'est même la seule alternative qu'il y aura dans certaine élection. Je prie les téléspectateurs de bien vouloir le noter. J'ai bien dit : tous les autres iront dans la même direction, plus ou moins vite, c'est-à-dire d'un retour plus ou moins consensuel aux formes socialistes. Les formes socialistes sont des formes qui vont vert l'asphyxie de notre économie. Et moi je veux lui donner de l'oxygène, monsieur Duhamel !!
Alain Duhamel : Merci, monsieur Le Pen
François-Henri De Virieu : Merci, Alain Duhamel ! SVP, question ?
Jean-Louis Lescene : Oui, monsieur Le Pen. 75 prix Nobel sont venus dernièrement à Paris il y eu seize conclusions dont la suivante : "l'espèce humaine est une et chaque individu qui la compose à les mêmes droits à la liberté, à l'égalité et la fraternité", qu'en pensez-vous ?
Jean-Marie Le Pen : ça veut dire quoi ça ? Ce sont des grandes phrases creuses qu'on utilise dans ce genre de congrès et je crois aussi qu'on pourrait ajouter le droit au bonheur, pourquoi pas d'ailleurs le droit à l'éternité ou à la résurrection sur terre, plein de choses comme cela. Ce sont des pétitions de principe. Affirmer que les gens ont le droit à la liberté, à l'égalité, les droits à la liberté mais les Prix Nobel ne se sont pas aperçus que la liberté ne règne pas dans les 9/10e des terres émergées et que pratiquement sur ces 9/10e des terres émergées, ce sont des régimes totalitaires ou des régimes tyranniques qui régissent le manque de liberté des hommes; l'égalité mais elle n'est nulle part dans la nature, elle est dans les pays civilisés, une égalité des droits à laquelle nous sommes attachés, des droits et des devoirs, non pas seulement d'ailleurs de l'homme mais du citoyen.
J'entendais tout à l'heure l'évêque Galliot qui parle beaucoup d'ailleurs et sur toutes sortes de sujets, déclarer qu'il n'y avait qu'un seul combat pour lui, c'était le combat de l'homme. Moi, j'avais cru comprendre que pour les évêques, c'était le combat de Dieu, mais enfin, après tout, peut-être que monseigneur Galliot est une sorte d'évêque comme je n'en fréquente pas beaucoup.
Et quant à la fraternité, personnellement, moi je suis de ceux qui la souhaitent de tout leur cœur. Mais je crois aux choses réelles, je crois aux attachements et je crois au devoir hiérarchique. C'est ce que je dis quand je dis : j'aime mieux mes filles que mes nièces, mes nièces que mes cousines, etc... Moi, j'aime mieux les français, j'aime mieux la France, et puis j'aime mieux l'Europe, et puis j'aime mieux l'Occident, et puis j'aime mieux le monde libre, et puis j'aime mieux sans doute la terre et les terriens que ce qui pourrait nous venir un jour d'au-delà des galaxies et j'applique cette théorie en m'occupant d'abord de balayer devant ma porte et j'invite les français à le faire à ces élections. Commencez à balayer devant chez eux, de se donner l'information, la volonté et puis ensuite les moyens de se sortir de la décadence et du déclin.
François-Henri De Virieu : D'accord. Autre question SVP !
Jean-Louis Lescene : Oui, je regroupe les questions car il y en a beaucoup ici à SVP. Est-ce que vous pouvez répondre par oui ou par non, monsieur Le Pen ?
Si vous étiez élu président de la République, avez-vous l'intention d'interdire l'avortement ?
Jean-Marie Le Pen : C'est au commissariat de police que l'on répond comme cela par oui ou par non, sur interrogations.
Jean-Louis Lescene : Mais là, vous pouvez le faire. Avez-vous l'intention d'interdire l'avortement ?
François-Henri De Virieu : C'est vrai, moi je n'ai rien vu sur la contraception artificielle dans votre petit passeport pour la victoire...
Jean-Marie Le Pen : C'est un sujet qui mérite quelque développement tout de même et pas seulement de répondre par oui ou par non.
François-Henri De Virieu : Non, mais allez-y ! Est-ce que si vous arrivez au pouvoir, est-ce que vous proposez l'abrogation des lois 67, 74...
Jean-Marie Le Pen : Je propose en tous les cas, tout de suite et immédiatement, l'abrogation du remboursement de l'IVG par la sécurité sociale que je trouve une mesure scandaleuse, au moment où la famille est si défavorisée et où nous connaissons une crise de natalité mortelle pour nos libertés et pour notre pays, je crois que c'est une folie de procéder à ce genre de remboursement.
Quant à l'attitude à avoir vis à vis de l'avortement, je suis chrétien, donc je suis par principe contre l'avortement. Je suis le fils spirituel de la civilisation romaine qui avait découvert avant la venue de Jésus sur la terre, le principe "infance conceptus pronato abitur"... Je traduis tout de suite : "l'enfant conçu est réputé né chaque dois qu'il y va de son intérêt, autrement dit par une espèce de pré-science extraordinaire en avance de 2000 ans sur la biologie, les romains avaient défendu les droits de l'enfant. Nous avons connu le ministère des droits de la femme, puis le ministère des droits de l'homme, moi je propose qu'on fasse un ministère des droits de l'enfant. Mais il n'en reste pas moins que la condamnation de l'avortement sur le plan moral est irréversible, pour moi, en tout cas, on ne peut pas la négocier. Mais, sur le plan de la législation, on peut se poser la question de savoir si l'interdiction pénale de déresponsabilité pas les femmes et si, il ne convient pas d'étudier soigneusement cette législation pour lui apporter les modifications qui sont nécessaires à la situation, d'abord à la morale, parce que ça compte, et puis ensuite à la situation de notre pays et en particulier de dégager, de faire des propositions pour que les jeunes femmes qui seraient tentées de ne pas se laisser aller à l'avortement, puissent le faire et peut être élever leur enfant ou le faire adopter, toute solution sur lesquelles on n'est passé, en quelque sorte, d'un revers de main et d'un trait de plume. J'entends beaucoup de gens donner des leçons de morale, beaucoup de gens s'inquiétaient du sort que l'on réserve aux assassins, de savoir s'il aurait été mieux que Thierry Paulin risque la guillotine ou ne la risque pas.
François-Henri De Virieu : Ce n'est pas le sujet.
Jean-Marie Le Pen : Alors qu'on liquide par dizaine de millions chaque année des vies humaines, moi je suis pour le respect de la vie.
Alain Duhamel : Sur l'avortement on a bien compris. Un mot sur la contraception. Vous pensez qu'il faut revenir en arrière, compte tenu de tout ce que vous venez de dire en matière morale, en matière d'évolution démographique ?
Jean-Marie Le Pen : Je crois qu'en matière d'évolution démographique tout doit être fait pour favoriser la naissance de petits français en France, solution que je préfère et de loin, à la solution qui consiste à faire venir des petits enfants de l'étranger et même des grandes personnes pour les faire. Je crois que cela c'est du bon sens. Que cela correspond aux intérêts de la nation mais je crois que le gouvernement, la maîtrise de la conception demeure fondamentalement une question de conscience que chacun résoud selon ces propres convictions philosophiques et religieuses.
François-Henri De Virieu : Bien alors, Jean-François Kahn, directeur de l'Evénement du Jeudi, pour vingt minutes. Et pendant qu'il s'installe face à vous, des sondages rapidement. Vous avez parlé l'organiser la rupture avec le socialisme ou avec les socialismes qui vous ont précédé, question : est-ce que le gouvernement, c’est qu'il y a beaucoup de différence entre le politique menée par le gouvernement Chirac et par les gouvernements socialistes, réponse : beaucoup de différence : 51%, peu de différence : 41%. De ce point de voilà, l'interrogation des français confirme le sentiment qu'à proximité...
Jean-Marie Le Pen : Dans les 51%, il doit y avoir les socialistes, le RPR et l'UDF.
François-Henri De Virieu : Autres question. Vos déclarations sur les chambres à gaz.
Jean-Marie Le Pen : Ecoutez, on ne va pas parler de ça en permanence, à chaque fois, ce n'est pas possible.
François-Henri De Virieu : Non, mais on a interrogé les gens, on ne va pas en reparler...
Jean-Marie Le Pen : Moi j'aurais aimé que vous interrogiez les gens sur le point de savoir ce qu'ils pensaient de l'intervention de l'amicale des algériens en France pour interdire à un homme politique de parler dans son propre pays. Ça c'était une question très intéressante, je crois.
François-Henri De Virieu: C'est vrai, bon, on revient quand même sur le sondage, déclaration de monsieur Le Pen donc à RTL, Le Monde, est-ce que vous estimez que cette déclaration a été révélé le fond de sa pensée, ou bien qu'il s'agit d'une maladresse d'expression qui a été exploitée contre lui, ce qui est votre thèse, 45% pensent que ça a révélé votre pensée, 43% qu'il s'agit d'une maladresse d'expression qui a été exploitée contre vous. Voilà.
Jean-Marie Le Pen : Et encore, je crois que les téléspectateurs ne sont pas très au courant de la manière dont ce complot a été monté et s'ils le savaient, je crois que le chiffre serait encore beaucoup plus important.
François-Henri De Virieu : Jean-François Kahn.
Jean-François Kahn : Monsieur Le Pen, bonsoir, une petite question très précise, vous demandez comme d'ailleurs tous les hommes politiques que l'on dépense plus dans certains secteurs, je prends par exemple pour la défense, pour la profession civile, par exemple, dans quel domaine voudriez-vous qu'on dépense moins ?
Jean-Marie Le Pen: Dans toutes les séries de domaine et vous savez, ce n'est pas un mystère que je pense que la présence de millions d'immigrés dans notre pays est très coûteuse, pour notre économie et constitue une charge sociale importante, puisque nous fournissons gratuitement en quelque sorte par le jeu de notre système socialisé, des crèches, des écoles gratuites, toute une série de services en quelque sorte à des gens qui très souvent ne participent même pas, je dirais à la gestion courante, c'est-à-dire à l'entretien, sans parler de l'investissement, investissement qui a été fait pendant des siècles. Dans le fond, dans notre pays, et donc nous bénéficions sous la forme du patrimoine national, transmis de génération en génération.
Jean-François Kahn : Mais ils achètent des choses, ils dépensent, ils font circuler l'argent, ils paient la sécurité sociale.
Jean-Marie Le Pen : Oui, oui, bien sûr, oui mais cela c'est ce qu'ils paient avec leur travail, c'est ce qu'ils reçoivent gratuitement et moi je pense que déjà, on allégerait beaucoup un certain nombre de dépense puisque moi j'évalue à beaucoup plus de 100 milliards le prix de l'immigration dans notre pays, je crois aussi qu'en effet, ce dont il s'agit, c'est de repartir...
Jean-François Kahn : Non, mais je ne comprends pas, je n’ai pas bien compris, ça veut dire que la seule, l'économie que vous proposez c'est de donner moins aux immigrés, enfin de faire l'économie.
Jean-Marie Le Pen : Non, c'est d'organiser, c'est inverser le courant de l'émigration et de les faire rentrer dans leur pays d'origine, ce qui peut d'ailleurs se concevoir dans le cadre d'une coopération internationale ou quand ils seront...
Jean-François Kahn : Une petite remarque, dans le cas où ils seront remplacés par un ouvrier français qui naturellement sera payé double, où sera l'économie ?
Jean-Marie Le Pen : Et bien, ça rentrera dans la poche d'un ouvrier français et pour moi, ce sera quelque chose de très satisfaisant parce que ce travailleur en tous les cas n'exportera pas son argent comme le font la plupart des immigrés, il le dépensera ou il l'épargnera dans notre pays, cela contribuera à combler le fossé qui existe entre le travail manuel et le travail tertiaire, disons pour ne pas dire le travail intellectuel, ce qui n'a pas été fait dans les années précédentes, et personnellement je le regrette, je constate que les pays les plus performants, en tous les cas le plus performant c'est le Japon, qui au moment de l'expansion économique n'a jamais fait appel à la main d'œuvre émigrée.
Jean-François Kahn : En fait, la seule, l'économie c'est sur les immigrés. C’est-à-dire à l'économie sur les immigrés on...
Jean-Marie Le Pen : Mais pas seulement, écoutez, si je regarde un certain nombre de secteurs de l'activité nationale, je m'aperçois par exemple que nous avons 1035557, je crois fonctionnaire de l'éducation nationale, et sans parler d'ailleurs des fonctionnaires avec un budget de 220 milliards, c'est ce pas, si on compte, si on y ajoute celui des universités, n'est-ce pas, 175, sans cela. Et bien je constate que la productivité de ce secteur est extrêmement médiocre. Qu'il est vrai qu'on a cessé de demander de plus en plus de maîtres pour faire face à la gestion de ce fantastique capharnaüm où se sont installés les méthodes et les règles de vie chères aux jeunes gens de 1968.
Jean-François Kahn : Donc moins de professeurs, moins d'institutrices, moins de gens dans les hôpitaux, moins de postiers pour distribuer les lettres, c'est intéressant à savoir.
Jean-Marie Le Pen : Moins de professeurs, mieux d'instituteurs mieux payés, mieux payés, des méthodes...
Jean-François Kahn : Vous avez raison, on ferait des économies.
Jean-Marie Le Pen : Pour la poste, des méthodes, laissez-moi parlé, plus performantes, plus technologiquement avancées, plus informatisées, donc plus modernes en un mot.
Jean-François Kahn : Donc un ordinateur à la place des profs ?
Jean-Marie Le Pen : Oui. On diminuerait un certain nombre de dépenses. Je ne me satisfais pas monsieur Kahn de savoir que le budget de la SCNF comporte 40 milliards de déficit annuel soit la moitié de son chiffre d'affaires. Mais oui, on part à la retraite à 50 ans, n'est-ce pas. Je crois que là aussi, il y a une productivité à exiger d'un certain nombre de secteurs.
Jean-François Kahn : Vous êtes d'accord s'il faut augmenter le prix des billets à la SCNF pour qu'elle n'ait pas de déficit.
Jean-Marie Le Pen : Il faut que les gens travaillent voyez-vous et pour que les gens travaillent...
Jean-François Kahn : Il faut augmenter le prix des billets.
Jean-Marie Le Pen : Mais écoutez moi, pour que les gens travaillent...
Jean-François Kahn : Oui, mais avant, vous n'avez pas répondu à aucunes questions, alors je me méfie.
Jean-Marie Le Pen : Pour que les gens travaillent, aussi bien qu'ils soient directeur général ou balayeur, il faut qu'ils soient motivés pour travailler.
Jean-François Kahn : Non, mais est-ce que vous augmentez le prix des billets de train.
Jean-Marie Le Pen : Non mais arrêtez une seconde. Il faut que le travail ne soit pas, la rémunération ne soit plus bêtement égalitaire comme elle l'est, ou dans la fonction publique bêtement à l'ancienneté, qui est d'ailleurs le cheval de bataille des syndicats, n'est-ce pas ? Il faut que les gens soient rémunérés en fonction de la qualité et de la quantité de leur travail.
Jean-François Kahn : C'est intéressant, ça n'a rien à voir avec la question que j'ai posée.
Jean-Marie Le Pen : Ceux qui travaillent beaucoup doivent être mieux payés que ceux qui ne travaillent pas. Ceux qui travaillent bien, doivent être mieux payés que ceux qui travaillent mal et cette évolution...
Jean-François Kahn : monsieur Le Pen, si vous ne répondez pas aux questions qu'on vous pose, les téléspectateurs vont s'en apercevoir, ils vont croire que c'est parce vous ne savez pas répondre.
Jean-Marie Le Pen : Ils sont beaucoup plus intéressés par mes réponses que vos questions, je suis sûr.
Jean-François Kahn : On en jugera.
Jean-Marie Le Pen : Mais j'en suis sûr, mais je réponds à votre question. Mais bien sûr qu'il faut...
Jean-François Kahn : Vous êtes d'une modestie fabuleuse.
Jean-Marie Le Pen : Ecoutez, là, je suis battu d'avance, je le sais, mais...
Jean-François Kahn : Non, mais franchement, si vous ne répondez pas aux questions, ça va faire mauvais genre, écoutez, franchement.
Jean-Marie Le Pen : Je dérape, comme dirait...
François-Henri De Virieu : Posez votre question.
Jean-François Kahn : Je pose une autre question.
Jean-Marie Le Pen : Je croyais que c'était mon heure de vérité à moi, si c'est la vôtre, moi je ne demande pas mieux, monsieur de Virieu je veux bien intercéder auprès de monsieur de Virieu.
Jean-François Kahn : Vous parlez tout seul, il vaut mieux...
Jean-Marie Le Pen : Je vous assure que ce serait drôle, croyez-moi. Ce qui est nécessaire c'est de changer le rôle de l'Etat. Dans notre pays, l'Etat n'a cessé de voir son rôle grandir. Ces responsabilités, irresponsables d'ailleurs, s'étendent au point que, aujourd'hui, les français travaillent, la moitié pratiquement de leur temps pour l'Etat et quand ils gagnent 10 francs il y a 45 francs ou près de 50 francs, quand ils gagnent 100 francs, il y a 50 francs qui vont dans les caisses sociales ou fiscales. Or l'Etat généralement fait plus mal et plus cher que n'importe qui. Alors, il y a des fonctions régaliennes, dites régaliennes où il ne peut pas être remplacé et je ne suis pas anarchiste moi, je suis pour un Etat fort, respecté, dans des fonctions limitées, défense, police, justice, diplomatie, et un rôle pour s'opposer au monopole, ce que l'on appelle la règle de subsidiarité, l'Etat ne doit faire que ce que personne d'autre que lui ne peut faire. Alors ça suppose...
Jean-François Kahn : Je vous ai posé une question sur les domaines.
François-Henri De Virieu : Bon, alors la poste.
Jean-François Kahn : Non, mais laissons tomber ça, je vous ai posé une question précise, quels sont les secteurs dans lesquels vous voulez faire des économies. Vous faites un grand discours sur...
Jean-Marie Le Pen : Je vous l'ai dit, dans les crédits d'intervention. Il y a 320 milliards de crédit d'intervention. En effet, ce sont ceux qui permettaient jusqu'aux dernières années...
Jean-François Kahn : En effet, vous avez dit sur l'éducation nationale...
Jean-Marie Le Pen : Mais laissez-moi parler. Ce n'est pas vrai.
Jean-François Kahn : Comment je ne vous laisse pas parler. C'est quand même extraordinaire.
Jean-Marie Le Pen : Je vous ai dit qu'il fallait obtenir des services publics une productivité, qu'il fallait obtenir des économies, qu'il fallait par exemple licencier ou remettre au travail des milliers de fonctionnaires de l'éducation nationale qui sont à la disposition de la fédération de l'éducation nationale et des syndicats. Je pense qu'il y a beaucoup d'économies, je ne sais pas, je crois que à la sécurité sociale, il doit y avoir un taux d'absentéisme de 40%.
Jean-François Kahn : Ils ne foutent rien, c'est ça.
Jean-Marie Le Pen : Oui, 40% d'absentéisme, alors que le taux moyen doit être entre 7 et 9%, par conséquent...
François-Henri De Virieu : Donc mettre les gens au travail, bon ça on a compris.
Jean-Marie Le Pen : Parfaitement mettre les gens, écoutez. Prenons Renault. Renault coûtait bon en mal en dans les dernières années, 10 milliards de subventions par an, et bien je considère moi, que, ou bien Renault privatisé s'adapte au marché national européen et international en prenant les mesures de gestion nécessaires, ou bien alors, il faudra fermer Renault, parce que je sais que ça désespérera vos amis de Billancourt qui sont venus manifester contre moi tout à l'heure, mais c'est la règle du jeu, il n'y a aucune raison que les gens, les contribuables français paient la manière déplorable de produire qu'avait cette entrepris pendant des années et des années sous la coupe du parti communiste, voilà la vérité et ce n'est pas le seul.
Jean-François Kahn : Donc quand Citroën perdait l'argent, il fallait fermer.
Jean-Marie Le Pen : Supprimer par exemple le fond d'actions sociales...
Jean-François Kahn : Monsieur Le Pen, quand Citroën perdait de l'argent, et que l'Etat a donné beaucoup, on aurait dû fermer en fait Citroën.
Jean-Marie Le Pen : C'est autre chose.
Jean-François Kahn : Ah, c'est autre chose.
Jean-Marie Le Pen : C'est tout à fait autre chose. On peut à un moment donné, et pour une courte période, faire un relais financier, faire un relais d'investissement, ça c'est possible, mais gérer directement comme on le fait tout une série d'entreprises, n'est-ce pas, je crois que c'est détestable, il y a 2 millions de fonctionnaires, enfin de personnel à statut qui appartiennent au secteur public, je crois que l'Etat doit s'en débarrasser, parce que le privé fera tout cela moins cher, d'une façon plus productive, et que c'est là qu'on trouvera des économies. Parce que voyez-vous, permettez-moi une petite comparaison...
Jean-François Kahn : Non mais si vous parlez tout seul, on va s'ennuyer.
Jean-Marie Le Pen : Et bien alors parlez.
François-Henri De Virieu : Utilisons avec la comparaison. Alors c'est quoi la comparaison ?
Jean-François Kahn : Parlez, parlez, non, non. Je ne parle pas, je voudrais poser des questions. C'est intéressant pour les gens qui écoutent qu'on pose des questions.
Jean-Marie Le Pen : Oui, sûrement. Je vous en prie
Jean-François Kahn : Alors je voudrais vous poser sur la sécurité. Une petite question sur la sécurité. J'ai vu les statistiques là qui viennent de tomber sur la sécurité, sur l'insécurité de monsieur Pasqua. Et vous savez que j'ai vu des villes où l'insécurité a le plus augmenté en 87, plus de 18% de la sécurité globale, +38% les vols à la roulotte, plus de 45% les cambriolages. C'est Dreux où le Front National est à la mairie. Voilà.
Jean-Marie Le Pen : Sans doute parce qu’il y a de plus en plus d'immigrés.
Jean-François Kahn : C'est parce qu'il y a de plus en plus d'immigrés.
Jean-Marie Le Pen : Ah, il y a beaucoup d'immigrés.
Jean-François Kahn : Mais enfin vous êtes venu.
François-Henri De Virieu : Et le maire quand même.
Jean-Marie Le Pen : Mais le maire c'est un RPR, demandez-lui, demandez à monsieur Chirac, à monsieur Pasqua, ils sont bien placés, c'est un maire RPR.
Jean-François Kahn : C'est une coalition RPR, Front National, et vous avez été aux élections et vous êtes rentrés en disant, nous allons lutter contre l'insécurité.
Jean-Marie Le Pen : On essaye.
Jean-François Kahn : Remarqués, je pense que vous n'y êtes pour rien.
Jean-Marie Le Pen : Ah, et bien alors, vous voyez. Vous parlez pour ne rien dire.
Jean-François Kahn : Non, parce que le maire avant vous lui avez dit qu'il y était pour quelque chose.
Jean-Marie Le Pen : Ah, et bien il y était pour quelque chose.
Jean-François Kahn : Alors le maire avant y était pour quelque chose, mais maintenant il n'y est plus.
Jean-Marie Le Pen : Et dans l'implantation, de plus de 10000 immigrés à Dreux, madame Gaspard a joué en effet un rôle de premier plan.
Jean-François Kahn : C'est formidable, non, mais écoutez, l'ancien maire était responsable, et depuis que vous êtes à la mairie vous n'êtes plus responsable. C'est formidable.
Jean-Marie Le Pen : Mais nous ne sommes pas à la mairie. D'abord je ne suis pas à la mairie de Dreux, c'est mon collègue et ami, Stirbois qui est un des adjoints de la mairie de Dreux chargé de la sécurité civile. Et pas du tout du maintien de l'ordre que je vous le rappelle appartient d'ailleurs à, essentiellement à l'Etat. Alors il faut en parler à monsieur Pasqua. Puisque vous mettez la question sur l'insécurité, en effet on constate à Dreux, mais dans beaucoup d'autres endroits, de façon concrète, que les satisfaits que se décernent à peu près fans le fond le ministre de l'intérieur, et le chef du gouvernement, sont contredits par la réalité. Alors je sais bien que en manipulant les statistiques globales, qui mettent d'ailleurs l'assassinat sur le même plan que le petit délit d'ailleurs décorrectionnalisé, on arrive à présenter des statistiques. Dont je rappelle que dans tous les domaines, elles sont encore triples, des délits et des crimes de 1974. C'est un peu comme à la Bourse, le matin quand je prends mon...., on dit la Bourse remonte, bien oui, elle remonte, sur le gouffre dans lequel elle était plongée. Il en est de même pour l'insécurité. Je constate que.
Jean-François Kahn : Vous pensez que c'est truqué les statistiques, Pasqua Pandraud ? Vous pensez qu'elles sont truquées les statistiques Pasqua sur l'insécurité ? Manipulées ?
Jean-Marie Le Pen : Non, mais je vais vous dire pourquoi. Je vais vous dire pourquoi elles sont truquées parce que je sais que les parquets mettent au panier des milliers de plainte, je sais la police n'accepte pas... Je crois que le parquet reçoit des ordres, oui, de classer sans suite un certain nombre d'affaires. Je crois que la police n'accepte plus un certain nombre de plaintes, et je peux vous donner moi une référence, mon chauffeur, s'étant fait à 100 mètres d'un commissariat, en plein jour défoncé sa voiture et voler la radio qui était une voiture de l'administration, il est allé porter plaint, on lui a dit, non, non, dites donc pour les vols de radio on a d'autre chose à faire. Il a dit mais je suis le chauffeur du président Le Pen, il a dit ah, bon, si c'est pour Jean-Marie, d'accord, alors, mais vous savez vous lui direz quand même que ça ne sert à rien, bon, mais enfin comme c'est lui, bon on va la prendre quand même, on a pris, et bien sûr, je n'en ai plus jamais entendu parler. Alors il y a ça, il y a d'abord, il y a aussi des gens qui vont plus porter plainte parce qu’ils savent que ça n'aura aucune conséquence, il y a ceux qui ont peur, qui craignent de mettre leur nom, et leur adresse dans une plainte et que les délinquants ou les criminels ne les menacent ou ne se vengent sur eux. D'ailleurs comment peut-on créditer un pays où je vois, le journal et d'aujourd'hui, c'est pour ça que je le sors, 800000 toxicomanes, comment peut-on dire que c'est un pays de sécurité. Un pays où l'on sait que la toxicomanie est directement liée à la délinquance et au crime, où le terrorisme frappe où dans le fond on n'a pas obtenu de résultats significatifs et j'en ai encore froid dans le dos en pensant au discours viril du Premier Ministre quand il voulait raser le village des Abdallah. Parce que dans le domaine de l'investigation, dans ce domaine là, on en est à une troisième piste, non seulement c'est pas les Abdallah, mais c'est pas non plus les autres, c'est encore d'autres maintenant. Alors il me paraît qu'on devrait être très prudent et quand on a, on tombe sur un criminel spécifique, agissant de manière identique dans le même milieu, comme Thierry Paulin, et qu'il a fallu trois ans à la police judiciaire pour l'arrête, on devrait être discret. Comme devrait être discrets les responsables de l'ordre quand on sait qu'en Corse le terrorisme n'a pas subi d'échec sérieux. Qu'il recommence à flamber y compris à Paris.
Jean-François Kahn : Moi, je répète, à Dreux la criminalité augmente et vous aviez dit que grâce à vous...
Jean-Marie Le Pen : Mais je vous dis que c'est du ressort du préfet représentant le ministère de l'intérieur et du maire. Encor une fois mon ami Stirbois il vous le confirmera tout à l'heure en sortant, n'est pas chargé du maintien de l'ordre à Dreux.
Jean-François Kahn : Mais l'ancien maire était responsable ?
Jean-Marie Le Pen : Bien sûr, parce qu'elle a fait venir les immigrés à Dreux.
Jean-François Kahn : Monsieur Le Pen, parlons de la France, puisque vous disiez tout à l'heure parlons de la France, je voudrais essayer de comprendre et retrouve dans trois choses que vous dites qui me semble contradictoires dans votre démarche très...
Jean-Marie Le Pen : ça vous arrive jamais d'être contradictoire ?
Jean-François Kahn : Si, si, c'est pour ça, que je trouve ça intéressant, oui, oui, ça peut arriver.
Jean-Marie Le Pen : ça peut arriver.
Jean-François Kahn : ça peut être très intéressant, non, d'aller voir un peu ce que signifient ces contradictions parce qu'ils sont des fois positives, ça peut arriver. Vous dites au fond, je suis le plus français, des candidats, et quand je vous écoute, j'ai relu un peu des discours et je vous écoute quand même, j'ai vu que vous me lisiez donc je vous écoute, le constat auquel vous assistez, le déclin, la décadence, et puis d'ailleurs on vous a entendu.... Les profs qui foutent rien, on l'a dit, les instituteurs crasseux, les fonctionnaires, alors n'en parlons pas, les ouvriers paresseux...
Jean-Marie Le Pen : Vous caricaturez là...
Jean-François Kahn : Les syndicats
Jean-Marie Le Pen : ... ça c'est du Le Pen
Jean-François Kahn : Ecoutez j'ai les citations, je vous le mettrais, les intellectuels, les journalistes épouvantables, etc... la gauche, la droite, tout ça c'est pareil...
Jean-Marie Le Pen : ... J'ai l'impression vraiment, quand je vous lis
Jean-François Kahn: Oh écoutez de toutes façons, on vous a entendu, là on peut en juger d'après même ce que vous avez dit, quand je vous lis, je veux dire, quelle idée extraordinaire vous faites de la France, et des fois j'ai l'impression que vous n'aimez pas la France et que vous méprisez un peu les Français, les Français regardez un peu comme vous les présentez...
Non, mais est-ce qu'il n'y a pas une contradiction, là...
Jean-Marie Le Pen : Jean-François Kahn, c'est moi oiu vous qui parlez des franchouillards, c'est pas vous qui parlez des franchouillards, et je regarde quelques textes là...
Jean-François Kahn : Allez-y, allez-y, non mais allez-y...
Jean-Marie Le Pen : le mot franchouillard...
Jean-François Kahn : Je n'emploie jamais le mot franchouillard....
Jean-Marie Le Pen : Vous n'avez jamais utilisé le mot franchouillard...
Jean-François Kahn : Je n'emploie jamais le mot franchouillard que je déteste, et justement j'ai l'impression...
Jean-Marie Le Pen : Eh bien il est dans un de vos édito...
Jean-François Kahn : Eh bien allez-y...
Jean-Marie Le Pen : Bon, écoutez...
Jean-François Kahn : J'ai l'impression vous que...
Jean-Marie Le Pen : Est-ce que vous le publierez si je vous l'envoie à l'Evénement du Jeudi ?
Jean-François Kahn : Tout à fait, oui.
Jean-Marie Le Pen : D'accord. Eh bien je vais vous le dire, moi c'est parce que je souffre de ce qui arrive à la France, c'est parce que je la vois en effet décliner et décliner de manière, hélas, de plus en plus visible sur toute une série de points. Ce n'est pas un hasard si des gens qui n'avaient pas de moyens institutionnels ni financiers, ont réussi à obtenir la confiance de près de 3 millions d'électeurs, c'est parce que ce sont des gens qui sont les premières victimes du déclin. On parlait tout à l'heure de millions de gens qui sont de nouveaux pauvres, est-ce que ce n'est pas un déclin, ça ? Un déclin économique, un déclin sociologique, est-ce que le fait que messieurs Gorbatchev et Reagan traitent de l'avenir de l'Europe, sans même consulte l'Europe, et la France, est-ce que ça n'est pas un déclin sur le plan international ?
Jean-François Kahn : Le Pen
Jean-Marie Le Pen : ... sur le plan militaire...
Jean-François Kahn : On parle de déclin, on parle de déclin, non seulement c'est votre droit...
Jean-Marie Le Pen : ... un pays...
Jean-François Kahn : attendez, attendez...
Jean-Marie Le Pen : ... pour dire la dépense tout à l'heure d'un certain nombre de fonctionnaires.
Jean-François Kahn: ... l'échange peut être intéressant, vous avez le droit de parler des, c'est une thèse qui se défend, c'est pas cela, c'est que quand je lis, alors que Reagan, vous savez très bien: "Bravo Reagan, l'Afrique du Sud...", sur la France je ne vous entends jamais dire qu'il se passe quelque chose de bien, qu'il y a un ingénieur qui travaille, un nomme des sciences qui trouve des ouvriers qui triment...
Jean-Marie Le Pen : Mais ce n'est pas vrai...
Jean-François Kahn : ça existe aussi des Français bien...
Jean-Marie Le Pen : Vous lisez Le Pen avec des lunettes roses, monsieur Kahn...
Jean-François Kahn : Il n'est pas complètement mauvais ce pays...
Jean-Marie Le Pen : Vous lisez ça avec des lunettes de gauche...
Jean-François Kahn : Les Français sont épouvantables...
Jean-Marie Le Pen : C'est exactement comme madame Clair qui dans mes invités...
Jean-François Kahn : ... toujours paresseux...
Jean-Marie Le Pen : Madame Clair dans mes invités n'avait vu que des blonds aux yeux bleus, alors que la majorité de mes invités étaient bruns, comme d'ailleurs la majorité des Français, mais c'est par parti pris, vous croyez lire ça...
Jean-François Kahn : Instituteurs...
Jean-Marie Le Pen : ... c'est ce que vous souhaitez...
Jean-François Kahn : écoutez, instituteurs crasseux, barbus, en jean rapiécés se moquent de la décadence de notre pays...
Jean-Marie Le Pen : C'est d'où ça ?
Jean-François Kahn : C'est de vous.
Jean-Marie Le Pen : C'est de quand et d'où ? Voulez-vous me citer vos sources ?
Jean-François Kahn : Vous voulez que je le trouve ?
Jean-Marie Le Pen : Oui, oui, s'il vous plaît.
Jean-François Kahn : De toutes façons, vous savez, comme vous faîtes beaucoup de procès, si je dis une seule chose fausse : Le Monde 21.6.87.
Jean-Marie Le Pen : Je vous ai fait condamner pas moins de deux fois...
Jean-François Kahn : Ben allez-y, allez-y.
Jean-Marie Le Pen : La plupart de mes amis...
Jean-François Kahn : J'ai gagné trois procès contre vous, mais c'est pas important...
Jean-Marie Le Pen : Si, si, six procès, vous êtes condamné en diffamation...
Jean-François Kahn : ça n'a aucun intérêt, on est là pour parler sérieusement...
Jean-Marie Le Pen : Je n'avais pas parlé de procès, monsieur Kahn, c'est vous qui avez parlé de procès, c'est pas moi, c'est la réponse du berger à la bergère.
Jean-François Kahn : Il y a des gens qui disent qu'il ne faut pas débattre avec Le Pen, moi je suis là, je débats, montrez, vous êtes capablede débattre...
Jean-Marie Le Pen : Et bien de débats, mais j'ai pas fini...
Jean-François Kahn : Alors je le montre : 21.10.85
Jean-Marie Le Pen : Vous me donnerez la référence, est-ce que c'est ce que monsieur Rollin raconte ce que je dis, ou ce que je dis moi-même ? Parce que ça c'est très différent.
Jean-François Kahn : Allons-y, les grévistes paresseux et fainéants, les prêtres qui s'adonnent au cléricalisme marxisme, l'association des femmes maghrébines en rut, enfin une action c'est la même chose, l'abdomen rebondi c'est vous...
Jean-Marie Le Pen : C'est un falsificateur...
Jean-François Kahn : ... Le journaliste Botorel, je vous donnerai tout, écoutez alors là, j'accepte...
Jean-Marie Le Pen : Vous sortez trois mots d'une phrase de son contexte, et vous inventez une partie d'entre elle ou vous les prenez dans Le Monde ce qui revient au même...
Jean-François Kahn : Le journaliste Botorel du Figaro à l'aigreur rancie de petit crevard, Doubain devrait s'injecter de la salive de sidaïque, Barre fonctionnaire qui a toujours attendu son chèque en fin de mois, Barzacq elle devrait se mettre les plumes dont elle parle où je pense, Doubain crétin, Barre il ne serait même pas capable de vendre des frites...
Jean-Marie Le Pen : Oh, mais c'était sur son chapeau, monsieur Kahn, vous avez l'esprit mal tourné.
Jean-François Kahn : Ecoutez, est-ce qu'on peut, non mais, c'est ça que je voulais dire, est-ce qu'on peut faire de la politique tout simplement toujours, avec comme ça, pourquoi jamais d'amour ?
Jean-Marie Le Pen : Monsieur Kahn, vous venez de citer ...
Jean-François Kahn : Je vais vous dire quelque chose de ridicule, pourquoi jamais d'amour dans vos propos ? de tolérance ? d'ouverture ?
Jean-Marie Le Pen : Vous diriez que je suis un obsédé sexuel si je parle d'amour.
Jean-François Kahn : Oh ben vous savez, dans les phrases que j'ai données, des fois c'est louche...
Jean-Marie Le Pen : Des fois... J'ai dit que j'aimais mieux les Français que les autres, j'aimais mieux la France...
Jean-François Kahn : toujours pourquoi la haine, l'insulte, pourquoi jamais de mots...
Jean-Marie Le Pen : ça c'est le thème du parti communiste.
Jean-François Kahn : Est-ce que ça n'affaiblit pas la France ?
Jean-Marie Le Pen : C'est le thème du parti communiste. Je vous mets au défi de trouver un mot de haine, il m'arrive d'ironisez sur mes adversaires politiques, il m'arrive de souligner leur ridicule, ou leurs insuffisances mais je suis là dans mon rôle et ce n'est pas à un fin lettré comme vous que j'apprendrai ce que veut dire "castiga tridando", n'est-ce pas, il châtie en faisant rire, il corrige en faisant rire, alors moi je note le déclin de notre pays, je ne me contente pas de savoir qu'il y a 20% des élèves de 6er qui sont analphabètes et ...
Jean-François Kahn : Quand monsieur Gaudin prête...
Jean-Marie Le Pen : ... et je ne peux pas donner un staisfecit non pas aux hommes de cette institution, mais à l'institution qui fabrique 20% en 1987, d'analphabètes, qui mène notre jeunesse, qui frustre notre jeunesse de son droit au savoir, de son droit à la compétence et donc de son droit au travail...
Jean-François Kahn: Je vous reconnais tout à fait ça, mais mettez à côté tout ce qui marche, tout ce qui va bien, si vous sans arrêt vous opposez les Français les uns aux autres, les races les unes aux autres, les métiers les uns aux autres, si vous faîtes comme monsieur Arrighi qui dit que ses adversaires politiques sont des pédés, on l'a entendu, il l'a dit, bon eh bien, vous faîtes du mal à la France, vous la dirigez, vous la cassez, c'est mauvais pour votre pays...
Jean-Marie Le Pen : Je sais que vous êtes un extrême centriste monsieur Kahn...
Jean-François Kahn : Est-ce que vous vous interrogez la là-dessus ?
Jean-Marie Le Pen : Mais vous êtes un peu extrémiste quand même là pour donner la preuve qu'on peut être centriste et extrémiste
Jean-François Kahn : ... Peut-être, peut-être...
Jean-Marie Le Pen: alors je crois que vous vous trompez là, parce que vous ne voyez que ce que vous voulez voir, vous ne notez que les mots, quand ils sont vrais, qui sont contestables, et vous ne notez pas les discours, tenez par exemple, j'aurais aimé voir une partie du discours d'une heure quarante minutes que j'ai prononcé à Nice, vous n'avez pratiquement rien dit, parce que vous n'avez pas trouvé le petit mot ou la petite phrase qui vous permettrait d'accréditer l'idée que Le Pen mérite bien dans le fond, l'exclusion dont il est victime, la diabolisation dont il se plaint et à laquelle vous concourrez par votre journal, car j’ai fait beaucoup pour votre journal, monsieur Kahn.
Jean-François Kahn : Ah beaucoup ! Beaucoup !
Jean-Marie Le Pen : Ah, ça alors, on peut dire que je suis un vecteur de votre réussite professionnelle !
Jean-François Kahn : Il faut dire d'ailleurs qu'en effet, c'est un des rares journaux où on parle de moi, même en mal, donc vous êtes lu par mes amis. Alors, je vous assure que si le Figaro Magazine...
Jean-François Kahn : Vous savez, monsieur Le Pen, à tous vos meetings, vous m'injuriez, donc je vous rends les remerciements.
Jean-Marie Le Pen : Si le Figaro Magazine consacrait la moitié de ce que vous consacrez à Le Pen, eh bien il doublerait ses ventes.
François-Henri de Virieu : ... Si, si, vous êtes formidable, vous avez beaucoup parlé, vous avez dépassé le temps...
Jean-François Kahn : Est-ce que je peux ajouter quelque chose ?
François-Henri de Virieu : Oui. C'est une question ou c'est une réponse ?
Jean-François Kahn : Oui, c'est une question, simplement. Ecoutez, c'est dommage, je voulais vous parler de ... Vous dites toujours quand quelqu'un tient des propos qui se réclament de vous trop choquants, ou même à des crimes et qu'on ait appris qu'ils étaient membres du Front National... vous dîtes : mais je ne suis pas responsable. Et je vous reconnais que si un type tue un Arabe et qu'il est membre du Front National, vous n'y êtes pour rien, vous n'êtes pas responsable.
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais quand c'est un communiste ou un socialiste, vous ne le dites jamais.
Jean-François Kahn : Oh, vous savez, quand Nucci fait des choses, vous dites : les Socialistes sont des escrocs. Alors, ça excusez-moi.
Jean-Marie Le Pen : Mais c'est un ministre, c'est tout à fait différent. Ce n'est pas un quidam.
Jean-François Kahn: Est-ce que vous pouvez en conscience, totalement... J'admets que vous n'êtes pas responsable au sens... est-ce que vous pouvez complètement, mais totalement vous laver les mains de tout ce que font, disent les gens qui se réclament de vous. J'ai là des lettres que je vais vous donner et elles sont signées, c'est des lettres qu'a reçues Anne Sinclair après l'émission qu'elle a faite avec vous...
Jean-Marie Le Pen : Là où elle a falsifié le document qu'elle a présenté.
Jean-François Kahn : Je ne crois pas qu'elle l'a falsifié, je crois que vous avez parlé sur la première phrase mais c'est secondaire...
Jean-Marie Le Pen : Non, mais pas du tout, parce que je lui ai écrit, elle ne m'a pas répondu, elle ne s'est pas excusée, je tiens donc que c'est propos délibéré, que cette journaliste de premier plan a falsifié un document.
François-Henri de Virieu : On ne fait pas le procès des autres ici !
Jean-Marie Le Pen : Et comment, on fait bien le mien !
François-Henri de Virieu : Mais vous êtes là pour vous défendre !
Jean-François Kahn : Des gens lui reprochent de vous avoir maltraité ou pas interrogé comme il fallait, et j'ai lu des choses comme : il serait temps que tu retournes chez toi et que tu nous laisses entre celtes. J'ai lu : je trouve énorme que des rastaquouères venus de tous les horizons pour vivre en France, des métèques osent s'opposer à des vrais Français. Je lis : vous êtes une louve affamée cherchant à mordre, hyènes sordide et repoussante. Je lis : il ne serait pas temps de retourner en Israël. Je lis... non, mais je vous les donne et je vous dis...
François-Henri de Virieu : On en reçoit tous les jours !
Jean-Marie Le Pen : Elles ne m'appartiennent pas, elles ne vous appartiennent pas, elles appartiennent à madame Sinclair et elles appartiennent à l'expéditeur. Moi, je n'en veux pas de vos lettres.
Jean-François Kahn : Mais je pourrais aussi de violences racistes qui ont été faites par des gens proches de vous….
Jean-Marie Le Pen : mais par exemple citez-moi des violences racistes qui ont été faites...
Jean-François Kahn : Oh, écoutez, à Menton, Yves Podovski, l'un des meurtriers du jeune marocain Madac le 20 mars 1985, il avait adhéré au Front National, l'assassin de ...
Jean-Marie Le Pen : il avait adhéré, il avait une carte provisoire.
Jean-François Kahn : ... le 11 novembre 1985, Frédéric Boulai a déclaré : j'ai voté Le Pen faute de mieux. Le 20 août 84, un jeune d'origine tunisienne est assassinée... Je dis : vous n'êtes pas responsable. Ma question, c'est ça : je dis, est-ce que quand même ça ne vous arrive pas de vous interroger en conscience, simplement en disant quand même : je ne peux pas être totalement, totalement, totalement innocent du ton qu'emploient mes partisans, des arguments qu'emploient certains de mes électeurs, de ce que font certains, est-ce que vraiment vous pouvez vous dire : je m'en lave les mains ?
François-Henri de Virieu : On a compris la question !
Jean-Marie Le Pen : Non seulement, je ne me sens pas responsable, monsieur Kahn, mais je vais vous dire une chose...
Jean-François Kahn : Pas du tout ?
Jean-Marie Le Pen : ... Je m'attribue la responsabilité du calme relatif qui règne dans ce pays sur ce sujet parce que non seulement je ne prononce jamais aucun mot de haine, aucune incitation à la haine et à la violence à l'égard de qui que ce soit, mais que s'agissant du problème de l'immigration, je précise toujours bien de façon explicite, pas implicite, à mes auditoires qu'on ne saurait s'en prendre aux immigrés, ni à l'immigré, mais à la politique française et aux responsables politiques français qui sont, eux, en effet, en charge de ce problème et que... croyez-moi, monsieur Kahn, sincèrement, si le Front National ne représentait pas un espoir pour des millions de gens de vois cesser les souffrances qui découlent de leur situation par rapport à l'immigration, s'ils ne croyaient pas que le Front National est capable d'apporter une solution pacifique, légale à leurs problèmes, croyez-moi, c'est à ce moment-là que l'on verrait des exactions et des violences, parce que les hommes sont ce qu'ils sont, monsieur Khan, et parce que, quand il y a le sentiment pour des Français d'être frustrés...
Jean-François Kahn : Mais quand vous employez un ton comme ce que j'ai cité, même si c'est pour fait des mots, vous incitez un peu...
François-Henri de Virieu : Jean-François, on ne rebondit pas...
Jean-Marie Le Pen : Mais c'est une ba-baller, Jean-François, il rebondit tout le temps !
François-Henri de Virieu : Jean-François un peu de discipline.
Jean-François Kahn : C'est bien d'avoir ses copains autour de vous, comme ça, on rit en société, c'est sympa.
Jean-Marie Le Pen : Il faudrait inviter un jour vos amis, monsieur Kahn!
François-Henri de Virieu : Jean-François Kahn, merci, merci beaucoup. SVP, question !
Jean-Louis Lescene : Oui, Jean-Marie Le Pen, si vous ne dépassez pas le premier tour à l'élection présidentielle, allez-vous proposer le report des voix du Front National sur les candidats de droite Chirac ou Barre ou par dépit, contribuerez-vous à faire gagner la gauche ?
Jean-Marie Le Pen : C'est une question qui, en quelque sorte, présuppose déjà, si j'ose dire de façon un peu malveillante, la réponse puisque ma réponse est soupçonnée d'être faite par dépit, n'est-ce pas. Enfin, ça n'est pas la première fois que c'est présenté de cette manière. Voyez-vous, je suis candidat aux élections. Ce ne sont pas les voix du Front National que je vais recueillir, c'est les voix de millions de Français. Bien sûr, le Front National me soutient activement et ses militants se dévouent sans compter pour cette campagne, mais ils ne sont pas seuls, il y a beaucoup d'organisations, il y a beaucoup de personnes, de personnalités, de simples citoyens qui se dévouent pour faire connaître les options sont j'aimerais parler peut-être à un moment donné, les options qui sont les miennes, le programme qui est le mien et dont je démontrerai tout à l'heure, si j'ose dire, cartes en mains, qu'il est majoritaire de façon écrasante dans le pays. Ce que les Français doivent savoir, c'est que non seulement que je dis tout haut ce qu'ils pensent mais ce qu'ils sont d'accord avec Jean-Marie Le Pen et avec lui seulement sur dix points essentiels de la politique française.
François-Henri de Virieu : Ils pensent peut-être que vous n'êtes pas le meilleur pour appliquer cette politique ?
Jean-Marie Le Pen : Mais justement, je vais le leur démontrer parce qu'ils ont peu souvent l'occasion de me voir, un petit peu grâce à vous monsieur de Virieu, très peu de la faute des autres car il y a un certain nombre d'émissions, je l'ai démontré tout à l'heure, où je n'ai jamais été invité, mais la campagne électorale si elle est loyale, sera faite pour cela.
Alors moi, je me bats pour gagner, pour réaliser la véritable alternative, le changement de la politique française, la rupture avec le socialisme, l'ouverture sur une économie de liberté et de prospérité, aussi sur le monde où l'on respecte les valeurs de nation, patrie, de patrimoine national, d'identité nationale. Et je me réserve bien sûr de faire connaître mes points de vue lors du deuxième tour. Moi, je ne trahirai pas mes amis, je ne suis pas monsieur Chirac, qui a fait élire monsieur Mitterrand déjà une fois et qui est responsable de sa remontée foudroyante, il est vrai, Dieu merci, seulement dans les sondages, on en reparlera dans quelques semaines ou dans quelques mois.
François-Henri de Virieu : Donc, pas de réponse sur le deuxième tour, ce soir, on est d'accord !
Jean-Marie Le Pen : Mais moi j'ai fait une proposition, moi j'ai fait un acte politique positif. Je me suis tourné vers les gens qui sont les moins éloignés de moi car j'ai dit tout à l'heure déclin à grande vitesse, déclin à petite vitesse quant à faire aller vers un déclin, si je ne pouvais pas faire autrement, j'aimerais mieux y aller à petite vitesse parce que c'est du temps gagné, on peut encore organiser la riposte et le rassemblement des Français contre le déclin, à grande vitesse c'est plus difficile.
Alors, bien sûr, j'ai proposé à Jacques Chirac et à Raymond Barre de s'engager réciproquement à ses désister pour le candidat non marxiste...
François-Henri de Virieu : Il y a un an déjà !
Jean-Marie Le Pen : ... non marxiste qui arriverait en tête. J'attends depuis un an leur réponse et je ferai ce qu'ils feront. Ce qui me paraît normal. Et puis, quand j'aurais dit ce que je pense, eh bien mes électeurs feront ce qu'ils pensent eux conforme à l'intérêt de la France et à leur intérêt personnel.
François-Henri de Virieu : Albert du Roy, 20 minutes !
Jean-Marie Le Pen : Bonsoir, monsieur du Roy !
Albert du Roy : Je voudrais si vous TEXTE ILLISIBLE 3 ou 4 minutes seulement sur le terrain politique TEXTE ILLISIBLE d'aborder à travers une seule question et après TEXTE ILLISIBLE problèmes économiques, sociaux qui préoccupent TEXTE ILLISIBLE
D'une façon générale et sans vous demandez TEXTE ILLISIBLE sur le second tour, d'une façon générale, est-ce que vous vous reconnaissez dans une formule qui serait par exemple Chirac-Barre, bonnet blanc, blanc bonnet ? C'est la même chose ou est-ce que vous faites une différence entre eux ?
Jean-Marie Le Pen : C'est difficile de vous répondre parce que monsieur Barre garde de ???? le silence prudent, c'est un petit peu l'Arlésienne de la vie politique française, on parle de lui mais on ne le voit pas. Ce sont ses collaborateurs qui s'expriment en son nom et j'attends que monsieur Barre se prononce sur un certain nombre d'options.
Albert du Roy : Il a fait un livre, vous l'avez peut-être lu ?
Jean-Marie Le Pen : Oui, je l'ai parcouru.
Albert du Roy : Et vous l'avez trouvé creux ?
Jean-Marie Le Pen : Je doute que les Français l'aient lu ! Je constate qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre la politique, ce que l'on peut appeler aujourd'hui la Soft Idéologie, entre la politique menée par les socialistes façon Fabius et la politique dirigiste et était menée par monsieur Barre ou par monsieur Chirac qui est le troisième premier ministre de François Mitterrand et par conséquent, je considère qu'il y a entre eux des affinités sur lesquelles d'ailleurs un certain nombre de stratèges commencent à bâtir l'avenir dans le cas où nous resterions dans la cohabitation. Or, je dis aux Français que cette voie-là est une voie mortelle, qu'elle les conduit et probablement d'une manière irréversible sous quelques années, à un déclin mortel. Et par conséquent, je les invite à se manifester lors de la seule occasion où ils pourront le faire de façon décisive, lors de l'élection présidentielle de façon à rompre avec cette voie du déclin.
Albert du Roy : Est-ce que je peux vous demander quelque chose, monsieur Le Pen. J'ai une extinction de voix, je vous demande de ne pas ne profiter pour m'empêcher de poser des questions.
Jean-Marie Le Pen : Vous avez toute liberté, monsieur du Roy !
Albert du Roy : Deuxième question. A la dernière Heure de Vérité, quand vous êtes passé ici, vous aviez... pour montrer les chances que vous aviez, que vous estimiez avoir d'être en tête des candidats de droite au premier tour, vous aviez parié des quatre candidats de droite : Barre, Chirac, Léotard et vous. Léotard n'est pas candidat, il n'y en a plus que trois. Est-ce que vos chances restent les mêmes ?
Jean-Marie Le Pen : On peut se le demander parce qu'il fait comme si, si j'ose dire, car j'ai vu une campagne dans laquelle monsieur Léotard s'engage, je ne sais pas, il s'engage à quoi ? mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne s'engage pas fermement derrière son candidat et qu'il est probable qu'il y aura des chassés-croisés dans la majorité.
Albert du Roy : Avec un candidat de moins, vous avez moins de chance ?
Jean-Marie Le Pen : Oui, c'est possible, c'est exact. J'aurais eu plus de chance si monsieur Barre et monsieur Léotard s'étaient partagés les vois de l'UDF. Mais, je considère tout de même que la situation reste pleine de promesses et je me considère toujours comme l'outsider de cette course car s'il est vrai que dans les courses, il y a des favoris qui sont ceux de l'établissement, ceux qui bénéficient d'ailleurs pour leur publicité, leur propagande des moyens de l'Etat, des moyens, de l'argent des contribuables, de leur situation officielle, il n'en reste pas moins qu'aux élections comme aux courses, ce sont quelquefois les outsiders qui gagnent, et c'est toute la grâce que je souhaite notre pays.
Albert du Roy : Je me place dans cette hypothèse qui va va vous ravir, vous êtes en tête au premier tour des candidats de droite et vous êtes élu Président de la République, vous dissolvez l'Assemblée Nationale ?
Jean-Marie Le Pen : Oui !
Albert du Roy : A quel mode de scrutin se font les élections suivantes ?
Jean-Marie Le Pen : ça m'est indifférent mais, personnellement, je suis prêt à affronter dans le cas de mon élection, le suffrage universel avec le mode de scrutin majoritaire. Personnellement, j'ai été élu aux deux, par conséquent ce n'est pas le mode...
Albert du Roy : Ce n'est pas le cas de vos amis du Front National !
Jean-Marie Le Pen: Ah oui, mais si je suis élu Président de la République, je peux prévoir un raz de marée lepéniste, si j'ose dire, en m'excusant d'utiliser cet adjectif un petit peu prétentieux, mais je le crois parce que les Français seront cohérents avec eux-mêmes puisqu'ayant élu Le Pen Président de la République, c'est qu'ils auront vraiment pris conscience de la gravité de la situation et pris des résolutions et exercé des choix; et qu'ils voudront donner au Président de la République les moyens politiques à l'Assemblée Nationale de la nouvelle politique, par conséquent...
Albert du Roy : Le lendemain de votre élection et avant de procéder à ces élections législatives, vous devez nommer un gouvernement, donc un Premier Ministre. Est-ce que vous avez déjà un nom en tête ?
Jean-Marie Le Pen : Ah, si tous les éditeurs qui avaient pris le livre de mon ami Martinez ne l'avait pas refusé, vous auriez lu cela, mais j'espère que vous le lirez quand même dans un livre qui s'appelle : "les cent premiers jours de la Présidence Le Pen", un ouvrage d'une lucidité exceptionnelle et un sens de la prévision remarquable, et il vous aurait éclairé...
Albert du ROY : Qui est votre Premier Ministre ?
Jean-Marie Le Pen : Je ne sais pas. Je pense que dans le personnel politique français, il y a un certain nombre d'hommes dont la modération, le sens démocratique et la compétence leur permettraient d'expédier les affaires courantes jusqu'à la nomination...
Albert du ROY : Par exemple ?
François-Henri de Virieu : Ce que monsieur Martinez était en train de dire à Jean-François Kahn là-bas, il faut peut-être que vous le disiez au micro !
Jean-Marie Le Pen : Kahn vous le dira sans doute !
Albert du ROY : Oui mais les téléspectateurs vont être outrés !
Jean-Marie Le Pen : ... Moi, vous savez que j'ai suggéré que le Président de la République et le Premier Ministre, candidats pour échapper à cette situation dans laquelle se trouvent leurs concurrents par rapport à eux, aient la sagesse de se faire remplacer; le Premier Ministre par un de ses ministres comme il le fait quand il s'en va à l'étranger et le Président de la République, par monsieur Power, Président du Sénat par exemple, pour être de véritables candidats, pour qu'il y ait une véritable égalité des chances comme le souhaitent la Constitution et la loi dans notre pays; je pense que c'est ce qui devrait être fait.
Alors, à votre avis, qui serait le Premier Ministre qui remplacerait Jacques Chirac ? Je ne sais pas, peut-être monsieur Balladur, peut-être quelqu'un comme cela à condition qu'il accepte bien sûr.
Albert du Roy : Bien oui.
Jean-Marie Le Pen : Mais la situation politique étant tellement changé, vous savez, on a vu des choses plus drôles que cela. Et puis, si ça n'était pas quelqu'un de la majorité actuelle, ça serait quelqu'un... un député de ma formation ou quelqu'un qui n'est pas député d'ailleurs car je ne suis pas lié dans ce domaine par l'appartenance au parlement.
Albert du Roy : Je me suis mis dans l'hypothèse où vous étiez élu, vous n'avez pas tout à fait répondu à ma dernière question pour le nom de votre Premier Ministre ; je me mets maintenant dans l'hypothèse où vous n'êtes pas élu et où c'est un autre candidat de droite qui est élu, quelles seraient les conditions auxquelles vous accepteriez de participer à sa majorité et à son gouvernement ?
Jean-Marie Le Pen : Eh bien, écoutez, si j'ai la possibilité, là, rapidement, de dire ce que je pense d'un certain nombre de choses, un des problèmes français... déjà, les énoncer, et puis je donnerai des solutions si vous le souhaitez.
L'immigration, l'insécurité, la dénatalité, le chômage, l'étatisme bureaucratique et fiscaliste, les fléaux sociaux que sont le Sida, le cancer, la drogue, l’illettrisme de notre jeunesse, les menaces extérieures venant tant des menaces militaires soviétiques que des menaces démographiques du tiers-monde, le laxisme moral et la confiscation de la démocratie.
Albert du Roy : Monsieur Le Pen...
Jean-Marie Le Pen : Ce sont les dix priorités auxquelles je présente des solutions.
Albert du Roy : Je vais vous poser une question complémentaire à ça. Est-ce que vous connaissez en France, un homme politique qui ne serait pas d'accord avec ces objectifs ?
Jean-Marie Le Pen : Ah oui, j'en connais.
Albert du Roy : Qui ne sont pas d'accord pour vaincre le chômage, supprimer l'insécurité ?
Jean-Marie Le Pen : Bien sûr, mais je vous ai cité l'aspect négatif pour pouvoir éventuellement vous proposer l'aspect positif, c'est-à-dire les mesures que... Je vais vous montrer cela puisque c'est de cotre côté en plus...
Albert du Roy : Le deuxième tableau !
Jean-Marie Le Pen : Regardez ? ça, ce sont les pourcentages de Français qui sont d'accord avec les solutions que je préconise. Contre l'accès automatique à la nationalité française : 53% des Français, je suis le seul à le proposer.
Pour le rétablissement de la peine de mort : 75%, je suis le seul, Chirac, Barre, Mitterrand sont contre.
Pour le revenu maternel : 86% des Français. Je suis le seul à le présenter.
Pour l'école du savoir et du mérite, c'est-à-dire le rétablissement de la discipline, le rétablissement de l'émulation, de la vérification, du travail et de la compétence : 82%
Albert du Roy : Excusez-moi, énoncé comme cela, je suis...
Jean-Marie Le Pen : Je crois que ça intéresse aussi les Français.
Albert du Roy : Non, énoncé de cette façon l'objectif pour l'école, je m'étonne qu'il y ait 18% de gens qui n'aient pas dit qu'ils étaient d'accord.
Jean-Marie Le Pen : Eh bien, je vous assure qu'il y a tous ceux qui sont contre ce qu'ils appellent l'élitisme et ce sont les mêmes qui, dans la fonction publique, souhaitent que l'on maintienne l'avancement à l'ancienneté, ce sont les mêmes qui voudraient que l'on fasse 82% de bacheliers alors que l'on a 20% d'illettrés, n'est-ce pas ? Regardez, pour la priorité d'emplois aux Français : 77% de Français, je suis le seul.
Pour la suppression de l'impôt sur le revenu : 52% de Français, je suis le seul.
Pour la limitation du droit de grève dans le secteur public : 60%, je suis le seul à le proposer.
Pour l'extension du referendum : 77% et la création du referendum d'initiative populaire.
Alors, les Français doivent savoir que je suis le seul à être en phase avec la grande majorité d'entre eux et que mes adversaires, ou plutôt mes concurrents, si vous le voulez, eux sont pour des solutions différentes. Alors, il est évident que ça m'est très difficile mais on me reprochera, si je ne le dis pas maintenant, on me reprochera de ne pas avoir parlé de mon programme. Alors, je voudrais pouvoir en parler. Malheureusement, vous m'obligez un peu, messieurs les journalistes, vous m'obligez un peu par vos questions à ne pas traiter le sujet que les Français, je crois, que les téléspectateurs ont mis au premier rang de leurs préoccupations, à m'entendre parler de mon programme.
Albert du Roy : Si vous ne voulez pas répondre à des questions, il ne fallait pas accepter de faire cette émission.
Jean-Marie Le Pen : Non pas du tout, mais il y a contradiction, monsieur, parce que c'est vous qui m'avez dit, il faudra répondre aux questions des téléspectateurs, leur première préoccupation, c'est votre programme. Alors, j'aurais voulu pouvoir en parler sur vos questions, mais vos questions ne portent pas sur mon programme, elles portent sur le programme du parti socialiste ou sur les déclarations des amis et cousins de mes collaborateurs dans la presse de province.
Albert du Roy : Je voulais justement vous poser une question sur votre tableau mais vous m'en empêchez.
Jean-Marie Le Pen : Oui, je vous en prie !
Albert du Roy : Pour la suppression de l'impôt sur le revenu, donc il y a 52% qui sont d'accord... Non ça c'est pas celui-là.
Jean-Marie Le Pen : Non, ça n'est pas celui-là, ça c'est la grève, ou c'est sur le chômage.
Albert du Roy : Vous ne jouez pas le jeu, c'est parce que vous avez peur des questions.
Jean-Marie Le Pen : Non, mais je vais les montrer tout à l'heure, j'espère que j'aurai encore le temps bien que vous soyez le dernier.
Albert du Roy : Je reviens à ma question. Sur la suppression de l'impôt sur le revenu, 52% sont d'accord. Comment interprétez-vous le fait qu'il y ait 48ù de gens qui répondent qu'ils ne sont pas d'accord de supprimer l'impôt sur le revenu ?
Jean-Marie Le Pen : Non, non, 52% pour la suppression de l'impôt sur le revenu ne veut pas dire qu'il y ait 48% qui ne sont pas d'accord, ça veut dire qu'il y a des gens qui n'ont pas d'opinion et des gens qui sont contre la suppression de l'impôt sur le revenu.
Albert du Roy : C'est stupéfiant !
Jean-Marie Le Pen : Bien si. Il y en a qui sont contre.
Albert du Roy : Ou alors, c'est qu'il y a une autre explication, c'est que les 48%, ils se rendent compte que c'est tout à fait utopique.
Jean-Marie Le Pen : Ce sont les socialistes aussi bien du parti socialiste, du parti communiste que la majorité qui sont contre. Pourquoi ?
Albert du Roy : parce qu'ils veulent payer l'impôt ?
Jean-Marie Le Pen : Pourquoi je veux supprimer l'impôt sur le revenu ? C'est parce que c'est l'impôt le plus démotivant qui soit parce que c'est l'impôt qui frappe en effet le mérite et le savoir, qui frappe la locomotive du convoi et qui pousse des gens qui sont créateurs de richesses pour tout le monde à se démobiliser et à préférer prendre des vacances plutôt que de ne travailleur dans la strate supérieure de leur effort que pour l'Etat ou pour la collectivité. Et je crois que c'est l'intérêt de la France, c'est l'intérêt des Français à ce que l'économie redémarre car, en effet, ce sont les entreprises qui créent l'emploi et c'est l'emploi qui crée la richesse, la richesse de tous.
Albert du Roy : Question précise là-dessus. Puisque vous parlez de votre programme, il faut être très précis.
Jean-Marie Le Pen : Une petite parenthèse avant. Je suis un candidat à la présidence de la République. Je ne suis pas Premier Ministre, je ne suis pas ministre des affaires sociales et j'indique donc de grandes options.
Albert du Roy : Absolument, mais ça n'est pas une question technique que je vais vous poser, c'est une question de principe là-dessus. On critique beaucoup le système fiscal français et notamment l'impôt sur les revenus et il est effectivement très critiquable.
Jean-Marie Le Pen : D'abord, parce qu'il est la source de l'investigation et bien souvent de la persécution fiscale.
Albert du Roy : Est-ce qu'on ne peut pas vous reprocher si, avec cet objectif de suppression de l'impôt sur le revenu de façon progressive...
Jean-Marie Le Pen : en sept ans.
Albert du Roy : Ah, je croyais que c'était cinq ans, la dernière fois c'était cinq ans, bon, en sept ans, d'accord.
Jean-Marie Le Pen : sur le septennat !
Albert du Roy: Suppression de l'impôt sur le revenu, est-ce qu'on ne peut pas vous reprocher de prendre une mesure, d'avoir un objectif qui est un peu injuste dans la mesure où tout le monde, celui qui gagne beaucoup ou celui qui gagne peu, parfois par la compétence, parfois par la malchance, seront au même niveau, alors que... excusez-moi, je termine... alors que vous n'avez pas la même fougue pour dire: l'un de mes objectifs prioritaires, c'est de diminuer ou de supprimer les impôts indirects qui eux frappent tout le monde de la même façon?
Jean-Marie Le Pen : Je vais vous dire pourquoi. C'est parce que je veux dynamiser la politique française, je veux encourager les travailleurs, les entrepreneurs, les chercheurs, les investisseurs, et je veux établir le principe qu'il y ait un rapport direct entre le risque, l'effort, l'intelligence...
Albert du Roy : Je comprends bien.
Jean-Marie Le Pen : Je choisis cet impôt-là, on pourrait en prendre d'autres, mais celui-là est celui dont la suppression serait, à mon sens, celle qui aurait le plus d'efficacité collective sur la marche de l'économie.
Albert du Roy : Mais on est bien d'accord que le résultat... Il faut que je comprenne très bien. On est bien d'accord que le résultat de cette mesure, c'est que celui qui a un salaire de 50000 francs et celui qui a un salaire de 5000 francs, devant l'impôt, ils sont égaux ?
Jean-Marie Le Pen : Non, vous savez qu'il y a beaucoup d'autres impôts dans notre pays et que ce qui est essentiel, ce n'est pas de souffrir ensemble, c'est de créer ensemble la prospérité. Votre point de vue, le point de vue que vous défendez...
Albert du Roy : Non, je ne défends pas...
Jean-Marie Le Pen: que vous ne défendiez pas, mais que vous présentez, c'est le point du vue socialiste, tous égaux dans la pauvreté, tous égaux dans la misère s'il le faut, je préfère marcher à pied à côté de Rothschild plutôt que d'avoir une 205 et lui une Rolls, eh bien moi je ne pense que comme cela et beaucoup de Français se fichent de savoir dans quelle voiture monsieur Rothschild est assis pourvu qu'eux aient une voiture qui leur permette de se déplacer ou d'user de leurs loisirs. Et je crois que c'est ce point de vue qui est tout à fait différent, cette dynamique qui est tout à fait différente de l'espèce de régression économique et sociale qui est le partage du travail, le partage de la pauvreté, le partage du déclin. Moi je veux encourager les Français à être meilleurs, à être plus compétitifs parce que je voudrais... On n'a pas dit quelque chose, tout à l'heure, qui est essentiel, c'est que notre monnaie est une économie ouverte, n'est-ce-pas ? Et en 92, elle le sera...
Albert du Roy : Je voulais en arriver là justement !
Jean-Marie Le Pen : ... Je précède votre question si vous voulez. Nous avons un taux de prélèvement de 45% et même un peu plus, si on veut bien intégrer en particulier le déficit budgétaire. Les européens, les pays européens concurrents et qui seront nos partenaires, si j'ose dire, à part entière en 92, ont un taux inférieur à 40%. Le Japon : 28%, les Etats-Unis : 30%. Ce qui veut bien dire que si nous ne réduisons pas massivement, je dis bien massivement, nos prélèvements obligatoires, en diminuant les charges et les impôts, moi je choisis cet impôt là parce que je crois que c'est un point d'application extrêmement efficace, que c'est ce qui va... c'est un coup de starter qui sera donné...
Albert du Roy : Alors, ce coup de starter, c'est très important.... Ce coup de starter, il va profiter à qui ?
Jean-Marie Le Pen : A tout le monde !
Albert du Roy : Attendez ! Je ne vous apprendrai pas évidemment parce que c'est quelque chose de notoriété publique que les plans de relance... quand on a réinjecté dans le passé de l'argent dans le circuit, cet argent a, en priorité, profité aux importateurs, c'est-à-dire a contribué...
Jean-Marie Le Pen : ... des dépenses tandis que là, moi, je pousse des gens à investir, je pousse des gens à créer des entreprises, je pousse des gens à travailler mieux et moins cher.
Albert du Roy : Et à acheter !
Jean-Marie Le Pen : à conquérir des marchés et à acheter avec les bénéfices, après investissement, travail et effort, avec les bénéfices obtenus, soit ils...
Albert du Roy : non, avec l'impôt qu'ils ne paient plus, ils vont dépenser !
Jean-Marie Le Pen : Ils vont dépenser ou investir ou épargner. Ils ne vont pas forcément dépenser.
Albert du Roy : Et qu'est-ce que vous faites... Mais il y a une part de dépense, monsieur Le Pen, il y a toujours une part de dépense. Bon, comment faire pour que...
Jean-Marie Le Pen : Qui alimentera notre marché intérieur, d'ailleurs aussi.
Albert du Roy : Pourquoi le marché intérieur et pas le reste ?
Jean-Marie Le Pen : Et aussi le marché intérieur.
Albert du Roy : Bien, justement ! l'expérience montre que ça profite davantage aux importations.
Jean-Marie Le Pen : Quand on injecte une demande artificielle par distribution de moyens financiers sans création d'une richesse comparable, équivalente, oui si on se trouve dans cette situation là, mais dans la situation que je décris moi.
François-Henri de Virieu : Non, mais si on ne produit pas ce que les gens consomment sur notre territoire, on consommera du produit étranger ? Non, mais c'est ce que veut dire Albert du Roy !
Jean-Marie Le Pen : Vous allez encouragez des Français, vous allez engager des contribuables français, à tous les niveaux, aussi bien l'épargnant que l'ouvrier spécialisé, travaillant plus, payant moins d'impôts, à soit l'épargner et l'investir, et moi je souhaite qu'ils deviennent propriétaires des entreprises françaises, mais ça, le capitalisme populaire, on en reparlera si vous voulez bien, et aussi à consommer. Mais pourquoi pensez-vous qu'ils vont consommer à priori des produits étrangers ?
Albert du Roy : L'expérience, hélas...
Jean-Marie Le Pen : Mais à la limite, même s'ils consomment des produits étrangers, puisque nous auront établi l'économie à un autre niveau de compétitivité, nous conquérons des marchés aussi, nous vendrons aussi à l'étranger. Quand on pense que nous sommes encor dans un certain nombre de points compétitifs avec des charges supérieures à toutes celles des autres pays, à celles de tous les autres pays, on se dit qu'il y a quand même en France, contrairement à ce que me faisait dire monsieur Kahn tout à l'heure, des gens intelligents, compétitifs, créatifs et qui, s'ils étaient au même niveau de ponction fiscale et sociale que leurs concurrents, conquéraient des marchés dans le monde. Moi, c'est la confiance que j'ai.
Albert du Roy : Il est évident qu'en partant.... Votre raisonnement est fondé sur l'évidence que si l'économie française était compétitive, elle serait plus conquérante dans le monde, bon le problème est dans le si, il faut d'abord le faire.
Jean-Marie Le Pen : Ecoutez ! Moi, je crée des moyens. Je crée les moyens comment ?
Albert du Roy : Oui, vous créez des moyens, vous supprimez le chômage, vous créez la richesse, etc... ça, c'est simple...
Jean-Marie Le Pen : Non, monsieur du Roy, est-ce que vous acceptez l'idée qu'avec moi, que l'un des freins probablement d'ailleurs bloqués dans la compétition économique internationale et donc le développement de notre économie et donc notre capacité de création d'emplois, c'est justement le taux de nos prélèvements obligatoires.
Albert du Roy : Ha, mais ça, tous les spécialistes l'admettent, parfaitement !
Jean-Marie Le Pen : Alors, il faut donc le diminuer. Au moment de diminuer ce taux par une action politique, ça va être un choix n'est-ce pas, le problème se pose de savoir quel est...
Albert du Roy : C'est aus moment où l'on doit choisir d'ailleurs que les difficultés se présentent.
Jean-Marie Le Pen : Le problème, c'est de savoir sur quoi on va appliquer cette diminution des taux. Moi, en ce qui concerne le volet fiscal, je propose d'une manière extrêmement spectaculaire de le faire sur un impôt qui rapporte 220 milliards par an, n'est-ce pas, sur sept ans. C'est donc un programme qui n'est pas utopique, puisque c'était l'objectif de notre gouvernement. Je rappelle que Jacques Chirac, ainsi d'ailleurs que la plupart des hommes politiques français, se sont engagés dans les différentes campagnes électorales à diminuer le taux de prélèvement de 1% par an, n'est-ce pas, que c'était absolument vital et que si l'on ne faisait pas ça, on mourrait. Alors, moi, je dis sur quoi ? Et je dis sur quoi parce que l'impôt sur le revenu, c'est l'impôt qui fonde le contrôle fiscal, qui fonde...
Albert du Roy : Vous l'avez dit tout à l'heure, ne vous répétez pas, vous perdez du temps.
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais c'est très important car nous perdons, car les Français perdent beaucoup de temps dans les déclarations fiscales, dans les contrôles fiscaux. Il y a un aspect, je dois le dire, de persécution politique possible qui est contraire à la démocratie et qui inhibe un certain nombre de gens et puis surtout, il décourage les gens de produire beaucoup, de produire bien, de travailler beaucoup, de travailler bien, et moi je crois que la France a besoin d'animateurs matériels mais de gens qui donnent de l'élan. Elle a besoin d'entrepreneurs dans les petites et moyennes entreprises, celles qui aux Etats-Unis, ont créé dans les dix dernières années plus de 10 millions d'emplois, ce qu'il faut quand même comparer. Moi, je n'ai pas honte à aller chercher à l'étranger et même si c'était besoin, mais malheureusement ça n'est jamais le cas, en Union Soviétique, vous voyez, moi je suis un homme pragmatique, je ne suis pas un idéologue mais je préfère prendre mes exemples chez les gens qui fabriquent de nouveaux riches que chez ceux qui fabriquent de nouveaux pauvres.
François-Henri de Virieu : Dernière question, Albert !
Albert du Roy : Si la suppression de l'impôt sur le revenu et si la baisse de ces prélèvements obligatoires ne sont pas utopiques, comme vous venez de le dire, c'est-à-dire que c'est possible, les anciens et les actuels gouvernants, s'ils ne l'ont pas fait, c'est quoi ? C'est par imbécilité, c'est par non-volonté, incompétence ?
Jean-Marie Le Pen : C'est parce que je crois... je vais vous dire pourquoi ! Je crois que monsieur Chirac est un fonctionnaire d'origine, monsieur Barre aussi est un fonctionnaire. Leurs entourages.... la classe politique française est très généralement composée de fonctionnaires et de hauts fonctionnaires, c'est-à-dire de gens qui ont des structures mentales, tout naturellement, je ne leur en fait pas grief mais je constate que c'est navrant pour notre pays... alors que moi, je suis par exemple un entrepreneur, j'ai créé une entreprise, j'ai mené une entrepris, petite entreprise mais qui a perduré et qui a créé de la prospérité, alors que crois que ceux-là sont naturellement éthique, sont naturellement dirigistes, sont naturellement socialistes. Alors évidemment, quand on leur dit cela aujourd'hui, un peu moins maintenant, mais au moment de la splendeur régalienne, ils étaient choqués. Mais je me souviens tout de même que Jacques Chirac disait en 76 qu'il faillait repeindre la France, et que monsieur Barre a été un des chefs de gouvernement les plus dirigistes et les plus étatistes de notre pays, même si aujourd'hui, il est converti à un certain libéralisme économique, mais monsieur Fabius aussi et monsieur Mitterrand, mais il est vrai que monsieur Mitterrand n'est pas un fonctionnaire d'origine, c'est un avocat, il a peu plaidé mais c'est un avocat, un avocat tardif mais un avocat tout de même et il a donc peut-être une tournure d'esprit qui lui a permis à un certain temps de se rapprocher des solutions de bon sens.
Albert du Roy : Vous vous ressemblez sur ce plan-là, non ?
Jean-Marie Le Pen : Mais moi je n'ai pas été inscrit au barreau, moi j'ai fait de la production discographique...
Albert du Roy : Vous avez fait du droit !
Jean-Marie Le Pen : mais j'ai fait du droit, en effet. Et je crois donc qu'on n'a pas rompu avec l'héritage de la deuxième guerre mondiale, et même de la première. Notre pays, depuis le début du siècle, depuis la première guerre mondiale, est englué dans le dirigisme, dans la bureaucratie. Je vais vous donner un exemple.
François-Henri de Virieu : Monsieur Balladur analyse cela assez bien dans son libre d'ailleurs !
Jean-Marie Le Pen : Oui, c'est exact, il analyse ça comme moi mais après moi, si vous permettez, Cabu a fait un très beau dessin où l'on voit des gens du RPR copier sur ma copie à l'examen, ce qui est assez vrai.
Je vais vous raconter une histoire, en Suisse...
François-Henri de Virieu : Oui, mais pas très longue, monsieur Le Pen, parce qu'Arletty nous attend et les téléspectateurs attendent Arletty.
Jean-Marie Le Pen : Arletty, c'est une grande dame et je dirais presque, un grand seigneur du spectacle et j'aurais été ravi de la rencontrer et je ne voudrais pas manger une seule seconde de son temps.
François-Henri de Virieu : Vous l'avez déjà mangée !
Jean-Marie Le Pen : J'ai beaucoup d'estime et d'affection pour elle ! Mais, en Suisse, en 1946, le rassemblement rhodanien par un referendum d'initiative populaire a proposé l'abrogation de toutes les législations Suisse héritées de la guerre, toute la législation dirigiste, et je tire de ce résultat remarquable l'explication du gouffre qui sépare le franc suisse de 1946 au franc suisse de 1987 et celui du franc français, parce que la Suisse s'est trouvée libérée dans une économie de liberté, ce que nous n'avons jamais réussi à faire. Et la question-clé dans le fond de ma campagne électorale que je demande à tous les français de se pose tout au long de ces semaines, comment ces hommes-là pourraient-ils, demain, faire ce qu'ils n'ont ni su ni voulu, ou ni pu faire, quand ils étaient au pouvoir, car ils ont tous été au pouvoir, justement dans les quinze années dernières, les années décisives de notre déclin ?
François-Henri de Virieu : Bien. SVP, pour trois questions, trois dernières questions !
Jean-Louis Lescene : Oui, monsieur Le Pen, sur le cumul des mandats, vous vous êtes élevé contre l'absentéisme des députés à l'Assemblée. Or, à Strasbourg, on ne vous a pas beaucoup vu. Pourquoi ne pas avoir démissionné de votre mandat de parlementaire européen quand vous avez été élu au parlement français ?
Jean-Marie Le Pen : Qui pose cette question ? C'est quelqu'un qui est extrêmement mal informé, car j'assiste à toutes les sessions du parlement européen, et pas plus tard que la semaine dernière, j'y ai pris la parole au temps de parole qui m'était accordé... et si... puis-je me permettre de dire cela, c'est quelqu'un qui a une mauvaise langue qui dit cela parce que c'est faux. Je l'invite à s'informer auprès du groupe socialiste où mes absences doivent être pointées avec vigilance.
François-Henri de Virieu : Autre question ?
Jean-Louis Lescene : Oui. Il est vrai que vous avez un compte dans un établissement financier suisse ?
Jean-Marie Le Pen : Ecoutez, je ne me crois pas obligé de répondre aux élucubrations diverses de madame Lalanne. Alors, je réponds négativement à cette question.
Jean-Louis Lescene : Dernière question : comment expliquez-vous la déclaration d'un de vos députés qui a dit : les journalistes sont des terroristes en col blanc ? Avez-vous l'impression, ce soir, d'être entourés de terroristes ?
Jean-Marie Le Pen : Répétez votre question !
Jean-Louis Lescene : Un de vos députés qui a dit : les journalistes sont des terroristes en col blanc. Avez-vous eu l'impression ce soir d'être entourés de terroristes ?
Jean-Marie Le Pen : Que l'on demande cela à ce député ! Je ne sais même pas de qui il s'agit, ni quand il l'a dit ni si il l'a dit. Alors qu'on me pose des questions, vous en avez beaucoup, je crois, sur ce que j'ai dit moi. Moi, j'assume mes responsabilités. Moi, parlant du rôle du quatrième pouvoir, j'ai suggéré, en effet, que ce pouvoir soit comme tous les pouvoirs dans une démocratie, un pouvoir équilibré et limité. Je crois que c'est la règle démocratique. Et j'ai suggéré que ce nécessaire contrôle, ce soit la profession elle-même qui en prenne l'initiative par l'élaboration d'un code de déontologie et d'organisme déontologique comme il en existe pour un certain nombre de professions.
François-Henri de Virieu : Rassurez-vous, de ce côté-là, on s'en occupera !
Jean-Marie Le Pen : Eh bien, très bien... C'est que je dis, je sais cela.
François-Henri de Virieu : Bien. L'heure du verdict, monsieur Le Pen. SVP, Jérôme Jaffre, directeur des études politiques de la Sofres.
Jérôme Jaffre : Bien. Avec monsieur Le Pen qui est le premier des candidats à l'élection présidentielle à venir à l'Heure de Vérité en 1988, nous inaugurons ce soir de nouvelles questions qui cherchent à ne pas mesurer seulement la performance médiatique des invités mais aussi l'impact de leurs idées et de leurs propositions.
Alors, est-ce que les idées et les propositions de monsieur Le Pen suscite l'adhésion de l'échantillon de la Sofres ?
Nous avons posé cette question juste avant le début de l'émission et nous l'avons posée à la fin.
Les résultats, je pense, vont s'afficher. Au début de l'émission, 20% des personnes interrogées par la Sofres déclaraient approuver les idées et les propositions de monsieur Le Pen ; 73% y être hostiles.
A la fin de l'émission : 29% approuvent les idées de monsieur Le Pen ; 65% y sont opposés. Un gain de 9 points donc en cours d'émission mais malgré tout, contrairement à ce que disait monsieur Le Pen en cours d'émission, on est loin d'une majorité pour se déclarer favorable sur le plan général à ses propositions et au contraire, nous constatons deux tiers de personnes hostiles.
Deuxième question : est-ce que monsieur Le Pen, au cours de l'émission : est-ce que si monsieur Le Pen est élu Président de la République, plus exactement, les choses en France iront en s'améliorant, en s'aggravant ou ni l'un ni l'autre au cours des sept prochaines années ?
Nous avons posé cette question à la fin de l'émission : 19% des personnes interrogées pensent qu'il y aura une amélioration, 52% que les choses iront plus mal, 12% ni l'un ni l'autre, donc un peu moins de 20% pour penser à l'amélioration, un peu plus de la majorité pour penser que les choses iraient en s'aggravant.
Est-ce que monsieur Le Pen, au cours de l'émission, s'est montré convaincant ? Est-ce qu'il s'est montré globalement convaincant au cours de cette émission ?
Nous avons bien sûr posé la question dans les premières minutes. Monsieur Le Pen a été jugé convaincant par 28% des personnes interrogées, il n'a pas été jugé convaincant par 58% des personnes interrogées.
Dans les Heures de Vérité précédentes de monsieur Le Pen, le taux de convaincants qu'il arrivait à obtenir était de l'ordre de 35% environ, on note donc un léger décrochage.
La question suivante porte sur la bonne ou la mauvaise opinion à l'égard de monsieur Le Pen et c'est notre question traditionnelle, celle que nous posons au cours de toutes les émissions...
Jean-Marie Le Pen : Est-ce qu'il y a une question sur la bonne foi ?
Jérôme Jaffre : ... et qui a été posée évidemment avant le début de l'émission et à la fin de l'émission.
Monsieur Le Pen : 18% de bonnes opinions avant le début de l'émission, 70% de mauvaises.
En fin d'émission, 29% de bonnes, 62% de mauvaises.
11 points de gagner donc de bonnes opinions en cours d'émission, mais je rappellerai qu'en mai 1987, à sa précédente Heure de Vérité, monsieur Le Pen avait gagné 21 points de bonnes opinions en cours d'émission et qu'il avait terminé alors à 38% de bonnes opinions.
Jean-Marie Le Pen : ça va de plus en plus mal. On va finir par être élu !
Jérôme Jaffre : Enfin, dernière question. Nous l'avions posée juste à la fin de l'intervention de Jean-François Kahn sur le débat qu'il avait soulevé : que cherche à faire monsieur Le Pen ? Est-ce qu'il cherche à exploiter les peurs et les angoisses des Français ou, au contraire, est-ce qu'il cherche, comme il le dit, à enrayer le déclin de la France.
La conclusion donc que je tire de ces résultats est un certain émoussement de l'impact de monsieur Le Pen mais, par ailleurs, son influence sur le plan des idées continue de déborder assez largement l'électoral du Front National pour atteindre à peu près 30% de l'opinion.
Jean-Marie Le Pen : Ainsi soit-il !
François-Henri de Virieu : Voilà ! Eh bien, vous avez eu le mot de la fin. C'était donc l'Heure de Vérité de monsieur Jean-Marie Le Pen.
Prochain invité : monsieur Pierre Juquin, le lundi 1er février, dès le début de la semaine prochaine donc.
Bonsoir !