Texte intégral
Le Figaro -Les détracteurs de l'article 4 de la loi accusent la majorité de faire l'apologie de la colonisation. Que répondez-vous ?
Hamlaoui Mékachéra : On a fait dire à cet article ce qu'il ne dit pas. Le projet de loi rendait hommage à ceux «qui ont participé à l'oeuvre accomplie par la France» outre-mer. Puis, lors de l'examen du texte à l'Assemblée, les députés ont adopté un sous-amendement prévoyant que «les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord». Aucun socialiste ou communiste n'a pris la parole pour s'y opposer. Au Sénat, le porte-parole du groupe socialiste a ensuite approuvé expressément cet article. Ce consensus avait une raison simple : «en particulier» ne signifie pas «exclusivement». Le choix du terme «en particulier» atteste qu'il existe une autre face de la colonisation, beaucoup moins glorieuse, et que le législateur n'entend en aucun cas occulter.
Le Figaro -N'aurait-il pas été plus clair d'évoquer les « aspects positifs » de la colonisation plutôt que son « rôle positif » ?
Hamlaoui Mékachéra : Probablement, mais les débats ont été d'une grande tenue et l'intention du Parlement reste limpide : il n'est pas question d'imposer une histoire officielle. Les élus de la nation ont simplement demandé une présentation honnête et nuancée de ce qu'a fait la France outre-mer. Le législateur a voulu rétablir un équilibre entre les ombres et les lumières de notre passé. Pourquoi les aspects positifs de la présence française ?médecine, instruction, sécurité, équipements publics -devraient-ils être passés sous silence ? C'est l'ensemble des aspects positifs et des aspects négatifs, voire tragiques, qui constitue la vérité et l'histoire. Ainsi, le Parlement n'a souhaité blesser personne mais au contraire rassembler nos concitoyens.
Le Figaro -La mission confiée à Jean-Louis Debré par Jacques Chirac peut-elle réussir dans ce climat passionnel ?
Hamlaoui Mékachéra : Je pense que la décision du chef de l'Etat va permettre de lever tous les malentendus. Pour ma part, je suis chargé de créer la Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie, prévue par l'article 3 de la loi, et destinée à accueillir les historiens de toutes les nationalités. Souhaitons donc que cette polémique regrettable, qui a été montée en épingle, s'apaise. Il en va de la manière dont notre pays appréhende son histoire et dont il veut la transmettre aux jeunes générations.
source http://www.defense.gouv.fr, le 26 décembre 2005