Déclaration de M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, sur le 90e anniversaire de l'Armistice de 1918 et sur l'aviation pendant la Première Guerre mondiale, à Réau (Seine-et-Marne) le 22 octobre 2008.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "Les As de la Première Guerre mondiale" au Musée Safran, à Réau (Seine-et-Marne) le 22 octobre 2008

Texte intégral

Mesdames et messieurs les Ambassadeurs et représentants des Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les représentants du Groupe Safran,
Messieurs les Directeurs d'administration centrale,
Messieurs les Officiers,
Mesdames et Messieurs les Présidents et représentants des associations,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,


La manifestation qui nous réunit aujourd'hui survient dans un contexte exceptionnel, dont je voudrais dire un mot.

Alors que nous commémorons le 90e anniversaire de l'Armistice de 1918, la France assure ce semestre la présidence de l'Union Européenne.

C'est pour nous une formidable opportunité pour affirmer la filiation morale et intellectuelle entre l'Europe d'aujourd'hui et l'Europe d'hier ; autrement dit, de rappeler que c'est dans les terribles sacrifices de la Grande Guerre, qui fût une « guerre civile européenne », que l'on peut aujourd'hui rechercher les prémices du projet politique européen.

Cette année, nous avons vu également disparaître les deux derniers combattants allemands et français de la Grande Guerre : Eric Kaistner est mort le 1 janvier 2008 alors que Lazare Ponticelli s'en est allé au mois de mars.

Cette disparition nous fait entrer dans le « temps de l'histoire », un temps où nous commémorerons les événements du passé sans la présence des témoins.

C'est à la lumière de ce contexte que j'ai choisi trois orientations directrices pour notre 90e :

La première, c'est la réaffirmation de la dimension internationale du conflit. Cela m'a d'ailleurs amené à effectuer plusieurs déplacements à l'étranger et à participer à de nombreuses cérémonies et manifestations étrangères en France.

La deuxième orientation, je viens de l'évoquer, c'est le passage du « temps de la mémoire » au « temps de l'histoire ». Concrètement, cela suppose un effort sérieux de notre part pour assurer la transmission de la mémoire de la Grande Guerre aux générations futures. Je m'y emploie, avec mon collègue Xavier Darcos, et avec le concours de l'ONAC, bien entendu.

Enfin, j'ai voulu souligner une tendance de fond de notre paysage mémoriel, que ce 90e permet de mettre pleinement en lumière : l'entrée en lice des collectivités territoriales dans les politiques de la mémoire. Aujourd'hui, les collectivités locales rivalisent de créativité et de dynamisme pour mettre en valeur leur patrimoine mémoriel et je crois qu'il faut sincèrement s'en féliciter.

Je crois savoir, d'ailleurs, que la Ville de Meaux prépare un très grand projet en matière de tourisme de mémoire, avec un projet de Musée de la Grande Guerre qui doit ouvrir d'ici 2014.

Voilà, en quelques mots, notre ambition pour ce 90e anniversaire. Je voulais le rappeler alors que nous nous apprêtons à vivre un grand moment de cohésion nationale, le 11 novembre, autour du Président de la République et de nombreux chefs d'Etats et de Gouvernements étrangers, à Douaumont, où le Président de la République a choisi de présider une grande cérémonie internationale.

La commémoration de la fin de la Première Guerre mondiale est un événement qui nous rassemble et nous unit, à travers la mobilisation de tout le pays mais aussi de nos partenaires étrangers, qui jouent un rôle actif dans la célébration de ce 90e anniversaire, comme j'ai pu le constater dans mes nombreux déplacements à l'étranger.


Je voudrais à présent saluer l'initiative qui nous réunit ce soir et vous dire combien je tenais à l'inaugurer solennellement, dans ce lieu - le musée du groupe Safran - qui recèle une part importante de l'histoire aéronautique française. Je remercie par conséquent le Groupe Safran pour son chaleureux accueil.

L'aviation a toujours occupé une place à part dans le coeur des Français, et les « As » de la Première Guerre mondiale y sont pour quelque chose.

La Grande Guerre est le premier conflit mondial au cours duquel l'aviation motorisée a été utilisée et mise pour la première fois au service de la guerre. Ces - je cite - « merveilleux fous volants sur leurs drôles de machines » ne pouvaient échapper à leur utilisation à des fins belliqueuses, lors ce premier conflit mondial...

D'une certaine manière, cette exposition répare une injustice : les combats aériens de la Grande Guerre sont encore peu connus.

Je profite de l'occasion pour rappeler également que l'une des initiatives phare de notre ministère pour ce 90e sera la mise en ligne de tous les journaux de marche et d'opérations de la Grande Guerre - soit 3,3 millions de pages numérisées au total - y compris celles de l'armée de l'air, et que cette initiative permettra ainsi aux Français de mieux connaître les combats de l'air et les hommes qui prirent part à cette « guerre des airs » entre 1914 et 1918.

Je voudrais donc également saluer ce partenariat innovant qui fait la jonction entre le privé et le public, et j'ai d'ailleurs été frappé de l'implication du groupe Safran dans la recherche de sa propre histoire, profondément liée à l'histoire contemporaine de la France. Notre 90e c'est aussi cela, une multiplicité d'initiatives, pas uniquement publiques, et je tenais à le dire pour saluer la multiplicité de celles-ci partout en France.

La complémentarité des compétences de l'ONAC et du groupe SAFRAN a permis de créer un outil pédagogique, qui va toucher, je l'espère un public très large.

L'esprit de cette exposition est axé sur l'homme et sa machine, unis dans un même combat, s'inscrivant dans l'esprit d'une Europe réconciliée et en paix.

Nous avons tous souhaité que cette exposition soit également un hommage à la bravoure et au courage des combattants de tous les pays engagés.

C'est pourquoi nous avons souhaité, d'un commun accord avec le groupe Safran, offrir un jeu de cette exposition aux ambassadeurs des différents pays concernés.

A nos alliés dans cette grande et cruelle épreuve que fût la Grande Guerre, nous renouvelons l'expression de notre profonde gratitude.

Avec nos ennemis d'alors, devenus nos alliés indéfectibles, nous mesurons l'importance du chemin parcouru sur la voie de la Paix. L'inauguration de cette exposition, alors que la France préside l'Union Européenne, se veut un symbole fort et supplémentaire de cette fraternité retrouvée.


Je voudrais également remercier le très talentueux et célèbre auteur de bandes dessinées, Monsieur Jacques Martin, d'avoir bien voulu accepter de nous autoriser à utiliser ses planches, qui illustrent aujourd'hui superbement cette exposition.

Comme beaucoup d'entre nous, mon enfance a été bercée par les aventures d'Alix et Énak, de Lefranc... Mais, Jacques Martin est aussi le dessinateur très précis de ces drôles de machines sur lesquelles de merveilleux fous volants - dont son père - ont fait la guerre...

Jacques Martin est aussi cher à mon coeur, car il est Alsacien, né à Strasbourg. Son père, Pierre Martin, a été mobilisé, pendant la Grande Guerre, comme aviateur dans la célèbre « escadrille des cigognes » basée en Alsace.

La paix revenue, Pierre Martin est resté en Alsace et est devenu pilote d'essai, profession qu'il a exercée jusqu'à son décès, dans un accident d'avion, en 1932.

J'ai parlé précédemment des efforts nécessaires en matière de transmission vers les jeunes générations. Je crois beaucoup dans les différents supports littéraires et audiovisuels pour assurer cette transmission. Le travail de Jacques Martin illustre parfaitement cette dimension ludique et pédagogique de la transmission qu'il faut encourager.


Comme toutes celles que réalise l'ONAC, cette exposition sur les As de la grande guerre sera réalisée en une centaine d'exemplaires, de manière à en donner un exemplaire à chacun de nos services départementaux.

L'exposition sera donc à la disposition de toute collectivité ou association qui voudra bien la présenter au public. Je ne doute pas que le groupe Safran en fera de même, permettant ainsi d'accroître la diffusion, et partant, le rayonnement de cette exposition.

Que l'évocation de ces temps de déchirements et de deuils renforce notre détermination à oeuvrer sans relâche pour conforter la réconciliation entre les nations qui ont participé à ce terrible conflit. Nous ferons ainsi rayonner les idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité pour lesquels se battaient les soldats victorieux de la Grande Guerre.

Les initiatives reposent aussi sur des personnes : je tenais donc à remercier tout particulièrement Monsieur Michel Fiquet, ancien directeur du service départemental de l'ONAC de Seine-et-Marne ainsi que Monsieur Jean-Pierre Grassi, directeur du musée aéronautique et spatial du Groupe Safran, qui ont mis toutes leurs passions et leurs énergies dans ce projet qui, sans eux, n'aurait jamais vu le jour.


Je vous remercie de votre attention.


Source http://www.defense.gouv.fr, le 29 octobre 2008