Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports, sur la coupe du monde de football, Knysna, Afrique du Sud le 15 juin 2010.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Je suis très heureuse que nous soyons tous ensemble réunis à Knysna aujourd'hui, ici, dans ce centre communautaire qui porte le nom d'un des héros de la lutte contre l'apartheid, et dans ce township de Damsebos.

Je vois des visages sereins, des visages heureux, des visages enthousiastes. C'est parce que nous sommes ici pour célébrer la passion qui nous rassemble : le football. Un football porteur de valeurs de paix, de fraternité et de solidarité. Nous sommes réunis ici pour montrer que la coupe du monde n'est pas seulement une compétition sportive, qu'elle n'est pas un événement isolé, ponctuel et sans suite, qu'elle n'est pas une parenthèse enchantée qui se refermera le 11 juillet. Nous sommes réunis ici pour que la coupe du monde soit l'occasion de jeter un pont entre nos continents, un pont entre nos pays, un pont entre nos peuples. Un pont solide et durable qui nous permette de réaliser nos ambitions en matière de coopération et de solidarité sportives, qui permette à l'Afrique du Sud et à la France de s'engager dans des luttes et des combats communs en faveur de la jeunesse, du sport et de la solidarité. Et voilà une première preuve aujourd'hui. Cette rénovation du stade de Dam Se Bos aura des conséquences très concrètes. Je remercie la Fédération française de s'être engagée dans ce projet de rénovation. Elle permettra à des centaines d'enfants et d'adultes, années après années, de continuer à s'amuser, à s'entraîner, à vivre des émotions fortes, des émotions collectives inoubliables comme nous en avons tous connu autour des terrains de sport, comme nous allons certainement en vivre dans quelques minutes à l'occasion du match amical qui a été organisé.

Une coupe du monde est un moment fugace même si l'événement laisse des souvenirs qui vivent longtemps après le dernier coup de sifflet final. Ce que je souhaitais c'est que la France laisse un « héritage » sportif après son passage à Knysna. Je forme donc le souhait ardent que ce stade fera aussi émerger des talents, des footballeurs en herbe que nous verrons peut-être, qui sait, à la coupe du monde dans une vingtaine d'années, représentant leur pays, jouant contre la France, faisant vivre cette formidable fête que représente la coupe du monde et le sport.

Je remercie donc Jean-Pierre Escalettes d'avoir participé au financement de cette rénovation. C'est un engagement qui est tout à l'honneur de la Fédération française, et qui démontre s'il en était besoin, l'engagement de tous en faveur du développement du sport en Afrique. Car le sport n'a de sens profond que s'il répond à une ambition d'exemplarité et de solidarité.

Depuis que je suis secrétaire d'État au sport, je souhaite que le gouvernement français s'engage en faveur de cette responsabilité sociale du sport, pour l'aider à devenir un outil de promotion et de cohésion sociales. J'étais venue à Johannesburg en janvier dernier, et rencontré la dernière promotion Diambar's. J'avais rappelé que certaines personnes mal intentionnées sillonnent ce continent à la recherche de jeunes talents et qu'ils n'hésitent pas à les exploiter par seul goût du lucre. Ces marchands d'illusion font de nombreuses victimes parmi ce que nous avons de plus précieux, les enfants, ceux-là même qui jouent dans les stades pour se détendre, pour progresser, pour partager des émotions.

J'avais alors annoncé la création, avant la coupe du monde, d'une initiative pour la protection internationale de l'enfance dans le sport, pour financer des actions permettant de lutter contre la traite des mineurs et d'encourager le développement du sport et de l'éducation par le sport. Et l'un des moyens, parmi de nombreux autres, est que les jeunes puissent rester dans leurs clubs pour grandir, s'entraîner, s'améliorer, voire devenir des champions pour ceux qui ont un talent exceptionnel. J'en ai la conviction, il faut que chaque pays puisse avoir les moyens d'organiser sa politique sportive et la détection des jeunes les plus doués, de mettre en place des entrainements adaptés à chacun, d'offrir à tous une perspective de jouer à son niveau tout en poursuivant ses études. Ce qui est le socle de ce qu'en France nous appelons le double projet de formation, scolaire et sportif.

Aujourd'hui je suis heureuse de vous annoncer que cette initiative trouve son premier commencement ici à Knysna. Il s'agit d'un projet de formation des éducateurs de football de la ville.

Quoi de plus utile en effet pour les jeunes footballeurs que de disposer d'un encadrement formé, compétent et motivé ?

Quoi de plus dissuasif pour un marchand de chair avide que des clubs structurés, solides, capables de former et donc de retenir leurs joueurs ?

Former les formateurs, tel est le projet. Il est élaboré et mené par l'Union des entraineurs et cadres techniques du football (UNECATEF) en collaboration avec la municipalité de Knysna et la Ligue sud-africaine de football (LAFA) qui sera un partenaire clé dans la mise en oeuvre de ce projet.

Des formations pratiques seront mises en place par trois éducateurs français, dont l'un est présent aujourd'hui, Thomas Le Clech. Je le salue. Ils assureront aussi une formation théorique ici même dans le township, à partir de septembre prochain. Ce projet sera mis en oeuvre sur une durée d'un an dont 8 mois de formation. 50 entraineurs d'équipes locales, à Knysna et dans les environs de Knysna, seront formés dans le cadre de ce programme. Au total, ce sont plus de 5000 jeunes âgés de 6 à 18 ans qui bénéficieront indirectement de cette formation des entraîneurs de Knysna et des environs. Le coût total du projet s'élèvera à 200 000 euros.

Je tiens à remercier la direction technique nationale de la Fédération française de football qui a participé à la conception du programme, ainsi que l'ensemble des membres de la mission de préfiguration du fonds. Ils lui ont permis de devenir rapidement une réalité et à cette action d'exister.

Le foot, c'est le sport du township, je crois pouvoir dire que la France contribuera à son développement, grâce à la rénovation du stade, grâce à la formation des éducateurs, grâce à son investissement dans plusieurs projets locaux.

Ainsi la France ne veut pas seulement faire un passage à Knysna, traverser la ville sans s'y arrêter, elle veut l'aider dans la durée, et soutenir tous ceux qui incarnent l'espoir d'un football africain exemplaire.

J'ai la conviction à cet égard que cette initiative sera le prélude à beaucoup d'autres, notamment en faveur des jeunes sportifs d'Afrique. Je suis très heureuse d'être à vos côtés aujourd'hui pour représenter et faire vivre ce projet commun.


Je vous remercie.


Source http://www.sports.gouv.fr, le 17 juin 2010