Texte intégral
LAURENT BIGNOLAS
Vous avez rendez-vous maintenant avec Guillaume DARET. Bonjour Guillaume.
GUILLAUME DARET
Bonjour.
LAURENT BIGNOLAS
Vous recevez Franck RIESTER.
GUILLAUME DARET
Oui, absolument, le Ministre de la Culture. On sera demain deux mois jour pour jour après l'incendie qui a touché Notre-Dame de Paris. Bonjour à tous, bonjour Franck RIESTER.
FRANCK RIESTER
Bonjour Guillaume DARET.
GUILLAUME DARET
Alors demain sera célébrée la première messe à Notre-Dame deux mois après l'incendie. Qu'est-ce que ça signifie ? Est-ce que vous y assisterez vous ?
FRANCK RIESTER
Non, je n'y assisterai pas mais c'est un beau symbole. C'est que l'objectif fort qu'est de rouvrir Notre-Dame de Paris aux fidèles, et ensuite demain aux touristes, va commencer d'une certaine façon et c'est un beau signal d'espoir. Notre-Dame de Paris aujourd'hui est encore dans une situation fragile.
GUILLAUME DARET
Dans quel état se trouve Notre-Dame aujourd'hui ?
FRANCK RIESTER
Notre-Dame et est aujourd'hui dans une situation encore fragile, notamment au niveau de la voûte qui n'a pas encore été sécurisée.
GUILLAUME DARET
Elle peut toujours s'écrouler ?
FRANCK RIESTER
Elle peut toujours s'écrouler. Toute la partie qui est tout autour de Notre-Dame a été sécurisée, étayée, frettée. Un certain nombre de vitraux ont été retirés pour les protéger et les restaurer. Des mesures de sécurisation ont été prises sur les différents pignons, reste la voûte qui est le point le plus fragile. Nous devons installer des planchers, des planchers au-dessus de la voûte, des planchers en-dessous de la voûte pour pouvoir retirer les gravats qui sont au-dessus de la voûte et regarder de près quel est l'état sanitaire des pierres.
GUILLAUME DARET
Le scénario catastrophe n'est pas tout à fait écarté.
FRANCK RIESTER
Exactement. Mais les dispositions sont prises : les services du ministère de la Culture, l'architecte en chef des monuments historiques, les entreprises sont mobilisées pour la finalisation de la sécurisation, et faire l'état précis du diagnostic sanitaire de Notre-Dame de Paris pour ensuite pouvoir établir les travaux de restauration, de consolidation et de reconstruction de la flèche et de la voûte.
GUILLAUME DARET
Est-ce qu'on sait quelle est l'origine du sinistre ?
FRANCK RIESTER
Non. On ne sait toujours pas. La police et la justice sont au travail. Bien évidemment dès que nous aurons les informations, la justice pourra communiquer sur…
GUILLAUME DARET
C'est-à-dire que la piste criminelle n'est pas non plus exclue où quand même elle est écartée ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, a priori ça n'est pas criminel mais il faut rester toujours prudent tant que des annonces n'ont pas été faites par la justice. On ne peut pas, nous, se substituer à elle. En revanche ce qui est certain, c'est que de nombreuses auditions ont lieu, les enquêtes sont faites notamment archéologiques. C'est-à-dire que tout…
GUILLAUME DARET
J'ai vu qu'il y avait des robots effectivement qui permettent…
FRANCK RIESTER
Exactement. Les robots puisque, comme la voûte est fragile, on ne peut pas faire travailler des femmes ou des hommes, donc ce sont des robots qui regardent dans les gravats, qui puissent trouver des indices qui permettraient de comprendre l'origine de l'incendie.
GUILLAUME DARET
Et de faire avancer l'enquête. Franck RIESTER, il y a eu un élan mondial de solidarité après cet incendie. Franceinfo révèle ce matin que seuls 9 % des promesses de dons ont été honorées, c'est-à-dire quelque 80 millions d'euros qui ont été effectivement versés. Est-ce que vous nous le confirmez ?
FRANCK RIESTER
Oui, tout à fait. C'est 350 000 donneurs, c'est 850 millions - un peu plus - de promesses de dons. Mais deux choses. D'abord, il peut y avoir des gens qui promettent de donner mais qui in fine ne le font pas. Et puis il y a surtout, et ça c'est normal, c'est que les dons vont être donnés progressivement aussi en fonction de l'avancée des travaux. Des conventions sont en train d'être travaillées avec notamment les gros donateurs, avec les fondations, les quatre fondations… Enfin les trois fondations et l'institution qui ont été les quatre institutions choisies pour faire partie de cette grande collecte nationale. Et c'est ces conventions qui vont permettre ensuite de voir les versements pour l'établissement public, puisque vous savez que nous créons un établissement public dont le général GEORGELIN sera le président, qui aura pour vocation de reconstruire en lien avec le ministère de la Culture, enfin de restaurer Notre-Dame et de reconstruire la charpente et la flèche.
GUILLAUME DARET
Est-ce que vous encouragez encore les Français à donner ou est-ce que ça suffit ?
FRANCK RIESTER
Oui, bien sûr, bien sûr. Cet élan de générosité doit continuer. Les dons sont évidemment toujours les bienvenus. Il y a des dispositifs fiscaux spécifiques. Vous savez que nous avons une loi qui est en discussion au Parlement et qui va permettre, jusqu'à mille euros de dons pour les particuliers, de non seulement avoir les 66 % de réduction d'impôt classique pour le mécénat mais de monter à 75 %.
GUILLAUME DARET
Alors on va pouvoir continuer…
FRANCK RIESTER
C'est un signe fort qu'on a donné aux compatriotes…
GUILLAUME DARET
Qui veulent investir dans le patrimoine.
FRANCK RIESTER
Que l'Etat s'engageait aussi à leurs côtés.
GUILLAUME DARET
Alors justement, ça c'est l'élan de générosité mais dans les faits ç'a l'air plus compliqué que ça. Certains évoquent un casse-tête politique même dans ce projet de reconstruction. Nos confrères du Point disent : « On ne sait pas qui pilote. La chaîne de hiérarchie est totalement brouillée. » Première chose, vous en avez parlé à l'instant, le général GEORGELIN qui a été nommé par le chef de l'Etat et qui serait en guerre larvée avec vous. C'est qui le patron de la restauration ? C'est lui ou c'est vous ?
FRANCK RIESTER
Le patron de l'Etat, c'est le chef de l'Etat. Il y a un gouvernement, un Premier ministre…
GUILLAUME DARET
Et le patron de ce projet de reconstruction ?
FRANCK RIESTER
Et un ministre de la Culture qui a la responsabilité des questions patrimoniales. Et donc le chef de l'Etat a choisi comme chef de projet pour la restauration de Notre-Dame de Paris le général GEORGELIN qui sera le président d'un établissement public sous la tutelle du ministère de la Culture.
GUILLAUME DARET
Donc pas de guerre larvée.
FRANCK RIESTER
Mais il n'y a pas de guerre larvée. Mais vous savez, c'est un projet exceptionnel donc on met en place un dispositif exceptionnel. Et comme tout dispositif exceptionnel, il n'est pas comme les autres et donc il faut le caler. Et ça, ce calage…
GUILLAUME DARET
Diplomatiquement, ça veut dire qu'il y a quelques tensions de temps en temps.
FRANCK RIESTER
Non. Non mais ça se passe franchement pour le mieux. L'intérêt, c'est l'intérêt général, l'intérêt de la restauration de Notre-Dame qui doit être exemplaire. Et je peux vous assurer qu'entre la loi qui est en discussion à l'Assemblée nationale et au Sénat…
GUILLAUME DARET
Qui n'a pas encore été…
FRANCK RIESTER
Et l'organisation de l'administration avec, encore une fois très clairement, un établissement public…
GUILLAUME DARET
Une loi qui n'a pas encore été votée, Franck RIESTER. Est-ce que vous n'êtes pas allés un peu vite ?
FRANCK RIESTER
Alors je vous explique pourquoi nous avons besoin d'aller vite, parce que nous avons besoin de faire voter ce fameux dispositif fiscal qui est rétroactif, donc on ne peut pas le voter dans des mois. Et en revanche effectivement, nous sommes en train de finaliser les dispositions spécifiques de dérogation pour nous permettre, dans ce chantier exceptionnel, d'avoir des dispositions qui nous permettront de faire en sorte qu'on aille un peu plus vite sur un certain nombre de procédures et de permettre par exemple…
GUILLAUME DARET
Ce que contestent certains sénateurs notamment de droite.
FRANCK RIESTER
Oui, mais je comprends leurs inquiétudes, elles sont légitimes. On aura l'occasion à la fois dans des discussions à l'Assemblée nationale dès le 1er juillet - là on revient en discussion à l'Assemblée nationale - de rassurer tout le monde sur la volonté très claire de l'Etat, non pas de s'asseoir sur les dispositions de protection du patrimoine auxquelles nous sommes attachés, qui sont une fierté, qui sont copiées dans le monde entier, mais de simplement pour ce chantier exceptionnel nous donner des dispositions qui nous permettent d'aller beaucoup plus vite dans un certain nombre de procédures et de pouvoir désigner, par exemple, l'INRAP qui est un acteur national pour l'archéologie pour nous accompagner dans la restauration de Notre-Dame de Paris.
GUILLAUME DARET
Franck RIESTER, vous êtes ministre de la Culture. Vous êtes aussi à la tête d'Agir qui est le parti de la droite qui est Macron-compatible si on caricature un petit peu. Vous faisiez campagne avec la liste En Marche, Renaissance. Nathalie LOISEAU fait une arrivée remarquée au Parlement européen : elle a été obligée de renoncer à la présidence du groupe centriste au Parlement après ses propos pour le moins pas franchement diplomatiques sur certains de ses collègues. C'est quand même un sacré camouflet pour la France, non ?
FRANCK RIESTER
Non, pas du tout. Vous savez, on est dans un moment…
GUILLAUME DARET
Ça aussi, c'est diplomatique.
FRANCK RIESTER
Non, ce n'est pas diplomatique. C'est des off qu'on n'aimerait pas qu'ils sortent, ça arrive à n'importe quel responsable politique, mais ce n'est pas le fond du problème. Le fond du problème, c'est qu'il doit y avoir des discussions avec des partenaires. Et vous savez, le Premier ministre dit souvent que la poutre travaille en France, c'est cette recomposition politique. Mais cette recomposition politique, elle est à l'oeuvre aussi en Europe.
GUILLAUME DARET
En Europe et en France. En France par exemple, vous…
FRANCK RIESTER
Attendez. En Europe, elle est à l'oeuvre et donc dans ce groupe qui est le troisième groupe qui est un groupe charnière, qui est un groupe décisif pour la future majorité parlementaire, il y a des discussions entre partenaires. Il faut respecter ces partenaires. Il y a des équilibres et ce n'est pas une fin en soi que la France ait la présidence de ce groupe charnière, et peut-être d'ailleurs que la France l'aura.
GUILLAUME DARET
Merci beaucoup Franck RIESTER. Et puis si vous voulez poursuivre avec la politique, rendez-vous dimanche à 12 heures 10 sur France 3. Francis LETELLIER recevra Gilles LE GENDRE, le patron du groupe de la République en Marche à l'Assemblée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 juin 2019