Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Michel BLANQUER, ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse est avec nous, bonjour.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Grève hier, selon votre ministère 17 % des enseignants du premier degré étaient en grève, 11 % au collège et au lycée. Ca baisse la contestation ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça baisse par rapport à la dernière grève d'il y a 3 semaines. Et donc on est dans des chiffres qui sont autour d'ailleurs de 12,7 % quand vous consultez l'ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a des enseignants, des directeurs d'école qui contestent vos réformes, la réforme du lycée mais pas que la réforme du lycée, le rapprochement entre les collèges et les écoles primaires et qui le font savoir. Et là vous n'êtes pas content, ils seront sanctionnés ou pas, je ne sais pas moi, des directeurs d'école, des enseignants ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
En fait si la mobilisation a baissé hier, c'est en partie parce que beaucoup de gens se sont rendu compte que tout ce qui leur avait été dit pendant les semaines précédentes par certaines organisations était tout simplement faux. Vous savez, on a dit qu'on allait menacer les écoles maternelles, c'est faux, tout le monde l'a vu d'ailleurs à l'occasion de l'intervention du Président de la République qui a énormément insisté sur l'école primaire, qui a annoncé des mesures très volontaristes sur ce point. On a dit qu'on allait supprimer les directeurs d'école, c'est complètement faux, on va au contraire les renforcer. Donc les gens commencent à se rendre compte que c'était faux. Or ce qui s'est passé, c'est que certains ont cru bon d'aller au-delà de ce que sont les droits des fonctionnaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Devoir de réserve !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Notamment par exemple en mettant dans les bulletins des enfants, dans le cahier de correspondance, des nouvelles qui par-dessus le marché étaient fausses et qui, en plus, vont au-delà… enfin violent le principe de neutralité. Donc il est tout à fait normal de le rappeler, nous avons tous des droits et des devoirs et c'est normal de le rappeler. J'indique de ce point de vue-là que je me base uniquement sur le droit existant, ce n'est pas la loi nouvelle qui change les choses, il y a des règles qui datent d'une loi de 1983, considérée d'ailleurs comme très libérale, permettant beaucoup de droits… donnant beaucoup de droits d'expression aux fonctionnaires, ce qui est d'ailleurs très bien, mais aussi des devoirs. Et donc nous faisons respecter très sereinement et ces droits et ces devoirs, tout simplement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Michel BLANQUER, 24 élèves par classe, c'est ce qu'a annoncé le Président de la République, ça va du CP je crois jusqu'au CE1, c'est ça…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est un…
JEAN-JACQUES BOURDIN
CE1 ou CE2 ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non c'est grandes sections de maternelle, CP et CE1.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà ! Grandes sections de maternelle, CP et CE1. C'est un gros effort, 24 élèves par classe, vous allez être obligés de recruter des enseignants !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien entendu, c'est ce qui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien allez-vous en recruter ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est ce qui éclaire certains jours quand même ce que je vous ai dit justement, c'est-à-dire que c'est très paradoxal de voir une certaine virulence de certains, comme je le vois y compris dans certaines presses, une virulence énorme au moment même où nous faisons un effort fantastique pour l'école primaire de manière très solennelle, puisque ça a été dit par le Président de la République ; et dans un sens qui normalement doit unir toute la population française, parce que ce qu'on est en train de faire c'est tout simplement faire l'investissement dans l'école primaire française qui n'avait pas suffisamment été fait jusqu'à présent. Donc vous avez plusieurs mesures, notamment celle que vous venez de citer, qui est extrêmement importante et qui va consister à ce que pendant ce quinquennat, donc d'ici à la fin du quinquennat, nous réussissions à avoir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
…Combien d'enseignants d'ici la fin du quinquennat ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
On va créer un certain nombre de postes à chaque rentrée, à la prochaine rentrée nous en créerons 2.300…
JEAN-JACQUES BOURDIN
2.300 à la prochaine rentrée !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Rentrée 2019.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ensuite en 2020 !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour les années suivantes ça n'est pas défini au moment où je vous parle, puisque c'est des discussions budgétaires évidemment, mais on va rester dans ce type d'ordre de grandeur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Autour de 2.000 par an quoi !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Entre 2 et 3.000 par an pour tout simplement accomplir l'engagement présidentiel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et recruter sous contrat ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, ce sera des concours du premier degré…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et non pas comme le disait Philippe MARTINEZ hier sur LEBONCOIN !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, vous voyez on est toujours dans la caricature, il est hors de question de remettre en cause ce mode de recrutement de l'Education nationale qui fonctionne bien, qui parfois fonctionne moins bien dans certaines parties du territoire où nous avons besoin de recruter davantage, je pense à l'Ile-de-France en particulier. Mais nous avons bien entendu l'intention de les recruter par concours, avec une formation renforcée par rapport à celle qui existe, formation que nous avons déjà améliorée ces derniers temps notamment au titre de la formation continue, pour tenir compte par exemple du dédoublement des classes de CP et de CE1 en REP et en REP+, parce que nous avons besoin d'avoir non seulement des mesures quantitatives, c'est-à-dire des créations de postes à l'école primaire, mais aussi qualitatives, c'est-à-dire une formation pédagogique qui permette d'accomplir l'objectif fondamental qui est que tous nos élèves sortent de l'école primaire en sachant lire, écrire, compter et respecter autrui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de fermetures d'écoles avant la fin du quinquennat, c'est ce qu'a dit Emmanuel MACRON, mais ça ne veut pas dire pas de fermetures de classes Jean-Michel BLANQUER, là on a besoin de précisions !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors pas de fermetures d'écoles oui, bien sûr et c'est là une mesure assez inédite et qui signifie que lorsqu'il y aura une fermeture d'école, ce ne sera qu'avec l'accord du maire, parce que parfois plusieurs maires de quelques communes rurales voisines peuvent désirer créer ensemble une école plus grande dans l'intérêt des enfants. Donc il faut prévoir évidemment ce genre de cas, mais il y a nécessairement l'accord d'un maire. Et d'ailleurs en ce moment même, nous sommes en train de revérifier avec chaque maire s'ils donnent toujours leur accord pour des fermetures qui étaient prévues pour la rentrée prochaine, qui correspondent souvent à ce qu'on appelle « les regroupements pédagogiques », qui sont des regroupements entre plusieurs communes et qui, parfois, donnent des choses d'ailleurs extrêmement intéressantes. Donc pas de fermeture d'école sans l'accord du maire, ça c'est l'engagement du président et évidemment, nous allons l'accomplir. Et puis en second lieu, le sujet de fermeture de classes est tout à fait différent puisque ça, c'est pour tenir compte de la démographie, si on faisait… ce qui est important c'est : est-ce qu'il y a plus d'ouvertures que de fermetures ? Et là la réponse est oui, c'est 2.300 à la rentrée prochaine comme je viens de vous le dire, donc on parle toujours des fermetures…
JEAN-JACQUES BOURDIN
2.300 classes qui seront ouvertes à la rentrée prochaine ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui ! 2.300 qui correspondent aux postes que je vous indiquais tout à l'heure…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A 24 élèves…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors certains à 24 élèves, cette année tout ne sera pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Bien sûr…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais en tout cas, il y a 2.300 classes qui ouvrent et…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien fermeront ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non… 2.300 c'est le solde, si vous faites fermetures et ouvertures ça donne un solde de 2.300. Donc imaginez que vous fermiez par exemple 500 classes, ça vous fait 2.800 ouvertures. C'est un solde d'ouvertures net qui ne va cesser de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de classes fermeront ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est ce qui me permet d'affirmer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le savez déjà ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Un engagement là aussi très fort, c'est que tout au long du quinquennat, c'est-à-dire de 2017 à 2022, vous avez un taux d'encadrement dans chaque département de France qui s'améliore rentrée après rentrée. Donc un nombre de professeurs par rapport au nombre d'élèves meilleur. C'est ce que nous sommes en train d'accomplir, donc c'est pour ça que c'est une politique très volontariste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un professeur pour combien d'élèves en moyenne ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors on a des modes de calcul particuliers à l'Education nationale, mais en gros ça vous fait 1 pour 20… entre 20 et 22 si vous voulez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ça
JEAN-MICHEL BLANQUER
On appelle ça le P sur E…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Va s'améliorer ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
A l'Education nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ça va s'améliorer ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça va s'améliorer rentrée après rentrée, c'est-à-dire le ratio qui permet de calculer ça, c'est-à-dire nombre de professeurs sur élèves va s'améliorer dans chaque département de France, rentrée après rentrée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez vu le président turc ERDOGAN qui veut ouvrir des lycées turcs en France, que lui répondez-vous ce matin, parce qu'il y a une pression sur les lycées français en Turquie !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, j'ai bien entendu vu cette question. Chacun sait que la Turquie est dans une logique particulière, elle a tourné le dos à la laïcité qui a caractérisé son histoire pendant des décennies ; et elle est dans une logique de fondamentalisme islamiste et d'extension. On doit être totalement lucide par rapport à cet enjeu, donc je suis évidemment très vigilent sur ce type d'initiative…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous lui dites non ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je lui dis non, oui bien sûr, je lui dis non parce que je pense qu'aujourd'hui nous avons trop de gestes inamicaux qui nous viennent de la Turquie, nous avons trop d'inquiétudes sur ce que font déjà… ce qui se passe déjà de la part des autorités turques vis-à-vis des communautés turques en France, pour ne pas être très vigilant sur ce genre de projet. Encore une fois si nous avions un Etat qui soit neutre sur le plan idéologique et religieux, qui ne cherche pas ces logiques d'expansion, bien entendu il y a toujours des possibilités de discuter. Ca n'est pas le cas parce que c'est intéressant d'avoir des établissements internationaux conçus entre deux pays, mais ça n'est pas la situation que nous avons aujourd'hui. Je sais bien que le pouvoir turc cherche à faire pression sur nos lycées…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il y a pression sur les lycées qu'il y a en Turquie de la part du pouvoir d'ERDOGAN ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, bien sûr parce que nous avons un pouvoir turc qui est de cette nature aujourd'hui, qui est agressif, autoritaire et qui… on le voit d'ailleurs même dans l'actualité interne turque tout récemment. Et donc il est tout à fait normal que la France, la République française forte, ferme, solide, avec sa force tranquille, la République française oppose évidemment des règles de vigilance face à ces…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une fin de non recevoir à cette volonté du président turc d'ouvrir…
JEAN-MICHEL BLANQUER
On peut toujours discuter, vous savez j'ai discuté avec le ministre de l'Education turc de cela, discuter c'est toujours possible, ce n'est pas… mais la discussion… dans la discussion j'ai été amené à dire que nous n'étions pas aveugles face aux menées de l'Etat turc, y compris sur le plan interne, je pense par exemple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous dites non…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Dans la région Grand Est aujourd'hui par exemple, je vois des attitudes qui ne sont pas correctes vis-à-vis des communautés turques pour les conforter dans le communautarisme. Ceci n'est pas convenable et évidemment, l'école de la République ne cède pas à ce genre de chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Michel BLANQUER, je vous garde encore 3-4 minutes. Eric BRUNET et Laurent NEUMANN nous ont rejoints. Bonjour messieurs.
ERIC BRUNET
Bonjour Jean-Jacques.
LAURENT NEUMANN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On parlait de l'engagement parce que la campagne est partie là, ça y est. Nous sommes le 10, vote aux Européennes le 26, 16 jours, la campagne est partie, Emmanuel MACRON s'est engagé fermement hier, il est clair… il a engagé le combat face à Marine LE PEN qui a répliqué en lui disant : si vous êtes battu le 26, vous allez devoir démissionner. Qu'en pensez-vous, il devra démissionner s'il est battu le 26 ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr que non. Marine LE PEN cherche à entraîner la confusion, j'ai d'ailleurs observé qu'elle a été battue à l'élection présidentielle et que ça ne nous empêche pas de la revoir très fréquemment. Donc elle confond les élections, on pourrait avoir l'idée que quand on a été battu à une élection présidentielle, on devrait être moins vu ou se retirer de la vie politique, ça existe dans d'autres pays…
ERIC BRUNET
Oui, au Royaume-Uni.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce n'est pas ce qu'elle pratique, elle, donc je lui renvoie cette observation.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 mai 2019