Interview de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse à Radio Classique le 3 mai 2019, sur les manifestations des gilets jaunes à Paris (hôpital de la Pitié-Salpêtrière) et la réforme de l'école "de la confiance".

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Intervenant(s) : 

Média : Radio Classique

Texte intégral


RENAUD BLANC
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.

RENAUD BLANC
Ministre de l'Education nationale. La pression monte sur Christophe CASTANER, on vient d'entendre le billet d'Arthur. Attaque, agression à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, c'était ses mots le 1er mai au soir, les mots de Christophe CASTANER. Manifestement, pas d'attaque, pas d'agression. L'opposition évoque les mensonges du ministre de l'Intérieur. Réaction du ministre de l'Education nationale ce matin sur Radio Classique.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Une réaction de sérénité, parce que je pense qu'il ne s'est pas rien passé à la Pitié Salpêtrière. C'est quand même grave de voir que quelque chose qui ressemble à de la violence, s'est passé dans l'hôpital. Maintenant, une enquête a lieu, elle permettra de savoir exactement ce qui s'est passé, mais c'est évidemment en soi un grand problème qu'il y a eu ce qui s'est passé. Après, la façon de le qualifier, eh bien c'est dans les jours qui viennent que l'on pourra le dire davantage. Mais je trouve qu'on va vite en besogne, puisqu'on l'entend bien dans le billet que vous venez de prononcer, samedi a quand même été une journée très maîtrisée, par le professionnalisme de ceux qui s'en occupaient, c'est-à-dire le ministre de l'Intérieur, son ministre délégué et ainsi que le préfet de police. Donc, comme d'habitude l'arbre cache la forêt, là il y a une polémique, elle est ce qu'elle est, je ne peux...d'ailleurs, bien savant celui qui sait exactement ce qui s'est passé au moment où nous parlons. Donc mieux vaut arrêter de qualifier les choses. En revanche, samedi a été une journée maîtrisée du point de vue de l'ordre public et ce n'était pas une mince affaire, et il faut aussi dire que le ministre de l'Intérieur a eu un rôle important pour
réussir cela.

RENAUD BLANC
« La Fake news venait de l'Intérieur », c'est le titre de Libération ce matin, j'imagine que vous appréciez modérément le titre de Libé.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce n'est pas la première fois que je l'apprécierais modérément. Le journal ne cherche pas l'objectivité, donc je ne vais pas me baser sur un jeu de mots.

RENAUD BLANC
Alors hier, le Sénat en commission, va on va revenir au dossier qui vous intéresse plus précisément, hier le Sénat en commission a critiqué votre projet de loi pour une école de la confiance : manque de concertation, manque de dialogue et manque de pédagogie. Manque de pédagogie, quand on est ministre de l'Education nationale, ce n'est quand même pas terrible terrible. Qu'est-ce que vous répondez à la Commission des sénateurs ? Est-ce que vous avez été surpris d'ailleurs par leur sévérité ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, je pense que là aussi on est dans de la politique, si vous voulez, ce n'est pas vraiment ça qui compte en réalité. De nouveau ce n'est pas ce qui a été dit là qui compte. D'abord j'ai entendu d'autres choses de la part des sénateurs lorsque je suis venu leur parler 2 heures devant la Commission, personne ne m'a dit en face ce genre de choses, et donc j'attends qu'ils me le disent…

RENAUD BLANC
En face.

JEAN-MICHEL BLANQUER
En face. Ensuite je pense que ça n'est pas vrai, et au contraire, nous avons passé beaucoup de temps à expliquer. Ce sont des sujets complexes par définition, puisque c'est une loi importante, avec des sujets qui sont par définition précis, qui nécessitent justement de ne pas être dans les envolées un peu politiques, mais plutôt dans le concret de ce qui se passe pour l'école, et les sénateurs le savent bien d'ailleurs.

RENAUD BLANC
Alors justement, on va essayer de rentrer dans le…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Et d'ailleurs, pour ceux qui veulent vraiment être sérieux, il faut regarder les 2 heures que j'ai passées devant la Commission à expliquer, et vous verrez que ça n'était pas, il n'y a pas eu de grandes objections de la part des sénateurs qui ont pu ensuite faire les déclarations hors de ma présence.

RENAUD BLANC
On va rentrer dans le détail avec notamment l'article 6, qui permettrait ou qui permettait un regroupement collèges/écoles. Le Sénat est contre, ce que vous aviez appelé « les établissements publics des savoirs fondamentaux ». Alors, ce que l'on craignait c'était la disparition des directeurs et directrices d'école. Qu'est-ce que vous répondez ce matin ? Jean-Michel BLANQUER, vous avez dit que de toute façon il n'y avait rien d'obligatoire.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui mais c'est totalement faux, depuis le début. Alors première précision. D'abord, ce point, c'est-à-dire « L'établissement public des savoirs fondamentaux », est loin d'être le sujet le plus important de la loi. Donc de nouveau on a un arbre qui cache la forêt, c'est-à-dire que la loi est beaucoup plus importante sous d'autres aspects, comme l'instruction obligatoire à 3 ans…

RENAUD BLANC
On va y revenir.

JEAN-MICHEL BLANQUER
D'autres questions comme la formation des professeurs. Et cet amendement parlementaire qui est un amendement intéressant, puisqu'il permet d'offrir la possibilité, je dis bien la possibilité, d'avoir un regroupement entre une école et un collège, regroupement qui n'est pas forcément physique, qui est institutionnel, administratif, et qui permet surtout d'avoir un continuum pour l'élève, de la maternelle jusqu'à la classe de 3ème. Et on sait que ça peut avoir de grandes vertus pour l'élève. Ce n'est pas le sujet le plus important qui soit, mais c'est un sujet intéressant, qui permet d'avoir un outil dans une boîte à outils. Ça a été caricaturé de manière proprement scandaleuse, et ceux qui aujourd'hui font encore semblant de croire que ça peut mener à la fin des directeurs d'école ou à l'affaiblissement de l'école primaire…

RENAUD BLANC
Il n'y aura pas de suppression de directeurs d'école.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Aucune suppression. Je l'ai dit moult fois et je vous le redis avec une grande solennité, il n'a jamais été question, mais depuis le début, il n'a jamais été question une seule seconde de supprimer les directeurs d'école. Au contraire, je passe ma vie répétant que le directeur d'école est un personnage fondamental et qu'on doit au contraire le consolider, et c'est bien ce que nous visons, au travers d'ailleurs de différents aspects de ce que nous faisons actuellement. Donc, pour être très clair, un il n'y a pas d'affaiblissement du directeur d'école, au contraire, et d'ailleurs nous allons continuer à vouloir renforcer cette fonction. Deuxièmement, pas d'affaiblissement de l'école primaire, c'est ma première priorité, et si quelqu'un pouvait en douter, en écoutant la conférence de Presse du président de la République jeudi dernier, on peut bien voir que nous sommes en train de mettre le paquet sur l'école primaire.

RENAUD BLANC
24 élèves par classe jusqu'au CE1, à la rentrée prochaine.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, parmi les mesures annoncées par le président, il y a 24 élèves par classe, maximum, en grande section de maternelle, en CP et en CE1, dans toute la France, donc pour tous les élèves, et ça c'est quelque chose que nous allons accomplir au cours du quinquennat, donc rentrée après rentrée, et ça commencera à se voir fortement à la rentrée 2020, surtout. Ensuite c'est le dédoublement en REP et REP+ des grandes sections de maternelle, ça aussi ça se verra plutôt à partir de la rentrée 2020, puisqu'il faut s'organiser pour cela, et puis nous avons évidemment la mesure de mon fermeture des écoles primaires en milieu rural, c'est une mesure historique, ça fait 50 ans qu'il y a de l'exode rural et des fermetures d'écoles, eh bien nous stoppons, dès lors, sauf s'il y a une volonté du maire évidemment de fermer l'école, nous stoppons ce type de fermeture. Donc ce sont des mesures très importantes, qui montrent bien que l'école primaire est notre priorité. J'ai décidé d'en faire la mère de toutes les batailles, parce que si nos enfants savent lire, écrire, compter, respecter autrui, à la sortie de l'école primaire, c'est la garantie que la suite se passera le mieux possible.

RENAUD BLANC
Jean-Michel BLANQUER, autre article qui fait débat, c'est l'abaissement à 3 ans de l'instruction obligatoire. Alors 97 % je crois aujourd'hui des enfants qui ont 3 ans sont déjà à l'école. Les sénateurs ont souhaité introduire de la souplesse. Ça veut ça veut dire quoi de la souplesse ? Ça veut dire, finalement, pas d'obligation, pour eux.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors je ne sais pas ce qu'ils mettent derrière ce mot. L'instruction obligatoire c'est l'instruction obligatoire, c'est-à-dire...

RENAUD BLANC
Oui, donc souplesse et instruction obligatoire, c'est assez difficilement compatible.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, la souplesse que je peux comprendre et avec laquelle je suis d'ailleurs d'accord, c'est les premières semaines ou les premiers mois de l'entrée à l'école, il arrive que certaines familles souhaitent que l'enfant ne soit pas à plein temps dans la petite section de maternelle, quand ils habitent à côté, quand ils peuvent prendre l'enfant l'après-midi, donc ce genre de souplesse est tout à fait concevable pendant les premiers mois de la petite section de maternelle.

RENAUD BLANC
Mais là aussi on va essayer d'être très clair, parce que certains estiment que vous voulez remplacer la maternelle par des jardins d'enfants.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non c'est faux aussi. Si vous voulez, tout le monde n'est pas juriste, mais il suffit de lire le texte de loi pour comprendre que c'est une mesure transitoire, que nous avons prise, parce qu'il existe des jardins d'enfants en France, qui d'ailleurs peuvent être intéressants notamment d'ailleurs…

RENAUD BLANC
Donc c'est faux, c'est totalement faux, c'est ce que vous dites ce matin.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Ah c'est totalement faux, bien sûr. C'est faux, archi faux. Mais si vous voulez, si je devais vous dire tout ce qui est faux dans ce qu'on dit que nous voulons faire, nous pourrions passer l'ensemble de la journée. Mais effectivement, c'est totalement faux, au contraire je n'ai cessé de dire que l'école maternelle était fondamentale. En faisant une loi sur l'instruction obligatoire à 3 ans, en prenant une mesure historique, parce qu'on ne change pas l'instruction obligatoire tous les matins, pour dire que l'école maternelle c'est essentiel, et c'est au moment où nous faisons ça que vous avez une série d'informations mensongères pour dire que l'école maternelle va être supprimée. Vous avez un député dans l'Aisne, pour ne pas nommer le lieu, qui a fait croire à l'ensemble des concitoyens qu'on voulait supprimer l'école maternelle. Il a organisé une Journée école morte pour protester contre une mesure qui n'existe pas. Vous vous rendez compte ? Autrement dit des parents de bonne foi n'ont pas envoyé leurs enfants à l'école pour protester contre une soi-disant suppression de l'école maternelle qui n'existe pas. C'est scandaleux. Donc on vit désormais sous ce régime de la fausse nouvelle, si vous voulez, qui est quand même dramatique pour notre démocratie, c'est pour ça que je m'insurge, sereinement, mais je m'insurge fortement, contre ce genre de choses, puisqu'on a fait dire à cette loi autre chose que ce qu'elle dit. Donc c'est une loi, je le répète extrêmement importante, d'abord par l'instruction obligatoire à 3 ans, certes 97 % des enfants y vont, mais 3 % ça fait 25 000 enfants par an qui sont parmi les plus défavorisés, que nous allons amener à l'école et c'est précisément parce que l'école maternelle est très importante qu'il faut faire cela, et y compris d'un point de vue social. C'est une loi qui va améliorer la formation des professeurs, qui est le premier facteur de réussite d'un système scolaire, c'est une loi qui crée un système d'évaluation de notre système scolaire, qui va lui permettre de progresser, pour ne prendre que ces exemples.

RENAUD BLANC
Alors j'ai beaucoup de questions, notamment sur la réforme du bac. Le tronc commun, on est d'accord, vous allez avoir une instruction scientifique d'environ 2 heures, 3 heures, qui regroupera des maths, de la physique et de la SVT, et puis il y a l'option maths, aujourd'hui. Le problème que se posent pas mal de parents et même des professeurs de maths, c'est : qu'est-ce qu'on fait comme maths ? Parce que celui qui fait, qui veut faire une école de commerce, celui qui veut faire maths sup, maths spé, celui qui veut faire médecine, ils n'ont pas vraiment besoin du même niveau de maths. Alors qu'est-ce que vous allez faire ? Parce que ça inquiète énormément les élèves, les parents d'élèves et même les professeurs de mathématiques.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais justement, la réponse est en partie dans votre question, parce que ceux que nous avons créé c'est un système beaucoup plus personnalisé du parcours de maths de quelqu'un, autrement dit nous sommes dans un système où dans le système dans lequel nous allons entrer, au lieu d'être quelque chose de standardisé et d'un peu artificiel, que nous avions jusqu'à présent, c'est-à-dire, soit vous êtes en S, soit vous n'êtes pas en S, et si vous êtes en S vous faites des maths approfondis…

RENAUD BLANC
Enfin, si vous étiez en ES vous faisiez des maths, vous étiez en L vous faisiez aussi des maths.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non non, en lettres, beaucoup d'élèves de L ne faisaient pas de maths justement, et en ES vous faisiez des maths effectivement différentes de celles d'ES donc ça fait disons deux options, S ou ES, tandis que dans la version nouvelle vous pouvez, d'une part de ne pas choisir maths en option spécialité, quand vraiment vous êtes éloigné des maths…

RENAUD BLANC
Oui, j'entends bien, mis vous allez avoir des niveaux de maths assez différents selon les enfants.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien il est tout à fait souhaitable d'avoir des parcours mathématiques différenciés selon le type de mathématiques que vous voulez faire et votre rapport aux mathématiques, si je puis dire. Donc ce qui est certain c'est que ceux qui veulent aller le plus loin, pourront aller plus loin qu'avant, parce que les problèmes sont plus exigeants et parce que nous avons créé ce qu'on appelle Maths expertes, c'est-à-dire 3 heures qui s'ajoutent aux 6 heures de maths en terminale, donc un élève de terminale demain qui veut vraiment approfondir les maths, aura 9 heures, là où auparavant un élève d'ES avait 8 heures. Donc on ne peut pas dire que les maths sont affaiblies. Un autre élève par exemple qui n'a pas choisi maths comme enseignement de spécialité, mais qui veut quand même en faire un peu, pourra prendre 3 heures avec ce que nous appelons Maths complémentaires. Donc typiquement par exemple un élève ex ES, si je puis dire, qui y aurait pris économie en terminale comme enseignement de spécialité, peut prendre 3 heures de mathématiques en maths complémentaires. Donc vous avez un système disons appelons le 3 6 9, où vous vous retrouvez en terminale avec soit 3 heures, soit 6 heures, soit 9 heures de maths, et donc c'est évidemment beaucoup mieux que d'avoir quelque chose de standardisé.

RENAUD BLANC
Une question sur le français en 1ère, retour des œuvres obligatoires, les romans programmes, « Le rouge et noir », STENDHAL, « Les Mémoires d'Hadrien YOURCENAR », « La Princesse de Clèves », de Madame LAFAYETTE. Première petite question : on dit que « Le rouge et noir » ça a été soufflé par Emmanuel MACRON. Vrai, faux, ou pas ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, ça aurait pu mais…

RENAUD BLANC
C'est son livre de chevet, dit-on.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, non mais c'est faux, c'est quand même un grand classique de la littérature française et nous avons voulu faire en sorte que nos élèves puissent avoir un socle de culture générale réel, et nous sommes trop souvent désolés de voir qu'il y a, e dirais des pans entiers de la de notre culture qui ne sont pas…

RENAUD BLANC
Oui mais alors, ce qui est extraordinaire, Jean-Michel BLANQUER c'est qu'on a des réunions par exemple entre des inspecteurs et des professeurs de français, et les inspecteurs disent clairement aux professeurs de français : « On sait très bien que les élèves ne vont pas lire l'oeuvre complète ; parce que ça fait 600 pages ; ils vont lire des résumés ». Est-ce qu'il n'y a pas une méconnaissance des élèves aujourd'hui de la part de l'Education nationale ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est tout le contraire. C'est précisément parce que je connais bien la réalité concrète des élèves, et le fait que ce type de chose peut arriver, que je crois que nous avons à reprendre les choses à la base, donc nous reprenons les choses.

RENAUD BLANC
Mais quand un inspecteur dit clairement à des profs de français : « De toute façon ils ne liront pas l'oeuvre, on le sait, ils vont prendre des résumés ».

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non mais ça n'est pas, enfin, là vous me citez quelqu'un, vous savez c'est un million de personnes à l'Education nationale, donc…

RENAUD BLANC
Je vous cite des inspecteurs, oui oui mais…

JEAN-MICHEL BLANQUER
Je peux citer mille choses, ça m'arrive toute la journée d'avoir des choses de ce genre, mais si vous voulez, qu'est ce que nous cherchons à faire ? Ce que nous cherchons à faire c'est reprendre les choses à la base, c'est donner d'abord à l'école primaire son rôle de socle fondamental qui permet à chacun de bien lire, bien écrire, bien compter, et être dans une bonne sociabilité, d'être un vrai citoyen, c'est fondamental et on se concentre là-dessus. Et ensuite dans le déploiement du parcours au collège et au lycée, permettre une plus grande personnalisation, et que cette personnalisation soit synonyme d'épanouissement et qu'elle soit synonyme aussi, là encore, d'un socle de compétences qui permette tout simplement de bien vivre. Ça signifie deux choses fondamentales, notamment : la logique, on retrouve les mathématiques, on retrouve un point fort de la France normalement, le cartésianisme, et puis la culture, qui vous est chère dans cette radio. Eh bien la culture ça passe aussi par la littérature et par le fait que oui nous cherchons à ce qu'il y ait un certain nombre de livres, au travers desquels nos élèves passent.

RENAUD BLANC
J'ai une dernière question, il me reste 30 secondes. L'école musulmane, Philippe GRENIER à Echirolles en Isère, porte plainte contre vous, vous l'aviez traité d'école d'inspiration salafiste. Vous souhaitez sa fermeture. Où en est-on ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, non seulement je souhaite sa fermeture mais elle doit avoir lieu puisque ça a été prononcé par un tribunal en première instance au mois de janvier dernier. Et simplement les responsables de cette école ont fait appel, ce qui a permis de suspendre cela. J'ai donc pris une mesure qui consiste à enjoindre les familles d'envoyer leurs enfants dans d'autres écoles, où des places leur ont été réservées, l'école de la République, où au moins ils auront un enseignement qui est conforme aux lois de la République. Ce qui n'est pas le cas dans cette école, et donc je suis d'une fermeté complète…

RENAUD BLANC
Vous craignez la multiplication de ce type d'école, hors contrat, bien évidemment ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, c'est pour ça que je me suis donné les moyens juridiques de lutter contre cela. Nous avons voté l'année dernière une loi dite loi Gatel, qui nous permet aujourd'hui, qui m'a permis d'empêcher l'ouverture d'écoles de ce type tout au long des derniers mois. On n'en parle peu, mais ce n'est pas grave d'ailleurs, mais ça m'a permis d'agir en la matière. Par contre pour fermer, c'est plus difficile, et il faut est évidemment faire ce qu'on est en train de faire là. Evidemment vous avez des gens qui ensuite créent de la polémique, même si c'est une forme d'intimidation que de m'attaquer en diffamation comme ils l'ont fait. Evidemment, je ne céderais à aucune intimidation. Si on veut à la fois le bien des enfants, et je pense à ces enfants qui sont dans cette école, qu'il faut envoyer dans de réelles écoles, d'une part, et si on veut le bien de la société française, c'est-à-dire le fait de ne pas former des sortes de bulles d'enfants que l'on forme à ne pas être en conformité avec les valeurs de la République, eh bien si on veut vraiment préparer cette bonne société française du futur, on doit je crois agir comme je le fais.

RENAUD BLANC
Merci Jean-Michel BLANQUER d'avoir été ce matin mon invité. Jean-Michel BLANQUER, le ministre de l'Education nationale, l'invité de Radio Classique. Très bonne journée à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 mai 2019