Déclaration de Mme Florence Parly, ministre des armées, sur la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et l'incendie de Notre-Dame, à Paris le 1er juillet 2019.

Prononcé le 1er juillet 2019

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Circonstance : Cérémonie de remise de décorations à la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris

Texte intégral

Monsieur le ministre, cher Christophe,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris,
Mesdames et messieurs les élus,
Général,
Officiers, sous-officiers, gradés et sapeurs de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris,


C'était une des premières journées douces et chaudes que nous offrait le printemps. Paris baignée de lumière, ses monuments éclatant de splendeur, les rues s'offrent aux passants, les bords de Seine s'abandonnent aux flâneurs.

Et soudain, se produit l'impensable. L'inconcevable, ce qui n'avait été imaginé que dans les livres. De fines volutes de fumée s'échappent de Notre Dame de Paris. Elles s'échappent vers les cieux, comme irréelles, happées par le temps. Elles laissent bientôt voir les flammes qui s'emparent de la cathédrale la plus célèbre du monde.

La flèche s'embrase. Des centaines de Parisiens sont sortis dans la rue, ébahis, incroyablement silencieux face au tumulte des flammes. Face aux flammes qui dévoraient cette colossale symphonie de pierres, si chère à Victor Hugo, si chère à tous les Français.

Au milieu de l'effroi du drame, surgit l'espoir, tout l'espoir placé en vous. En votre courage et en votre excellence.

Le temps d'une soirée, le temps d'une nuit, le monde a eu les yeux rivés sur vous. « Les minutes nous ont paru longues… » exactement comme le disait le général Casso dans votre code d'honneur. Et nous vous pardonnons bien volontiers « votre apparente lenteur » car nous savons les risques que vous avez pris. Nous en connaissons tous le résultat : alors que les flammes montaient dans le ciel et que chacun craignait de voir s'effondrer l'édifice, vous avez sauvé les tours de Notre-Dame. Les flammes se sont tues, et c'est à chacune et chacun d'entre vous que nous le devons.

« Sauver ou périr », telle est votre devise. Si aucune vie humaine n'était directement en danger ce soir d'avril, ce n'est pas seulement des pierres que vous avez sauvées, ce sont des siècles d'histoire, c'est une part de notre humanité, une fraction de nos âmes.

Lorsque les Parisiens vous appellent les « soldats du feu », ils ne croient pas si bien dire : l'incendie de Notre-Dame démontre encore la richesse du statut si particulier de la Brigade de sapeur-pompiers de Paris. Intégrer la Brigade, c'est un choix double : vous êtes pompier mais vous êtes aussi militaires. Et c'est toute l'armée de Terre que vous élevez par vos qualités d'exception. Votre esprit de corps, votre abnégation et votre excellence opérationnelle sont autant d'atouts indispensables au service de la protection de notre capitale.

Votre général m'a confié que vous étiez collectivement prêts à faire face à un incendie de la même ampleur dès le lendemain 8h, alors que la façade Est de Notre-Dame étaient encore en proie aux dernières fumées. Votre résilience force le respect. Et si personne ne souhaiterait voir un tel enchaînement de destruction, c'est une fierté, un soulagement et un réconfort pour nous tous de vous savoir si fiables, si robustes et si dévoués.

Cet engagement d'exception dont vous avez fait preuve cette nuit du 15 avril symbolise aussi tout ce que vous accomplissez, chaque jour de l'année, partout en Île de France. Je n'oublie ni ceux qui oeuvrent dans l'ombre quotidiennement, ni ceux qui, ce même 15 avril, sauvaient des vies ailleurs dans Paris, ni vos familles qui vous voient « décaler » si souvent. Je souhaite aussi avoir une pensée pour vos frères d'armes de Sentinelle. Ils ont agi prestement dès que l'alerte a été donnée, ils ont sécurisé le parvis de Notre-Dame et mis à l'abri toutes les personnes à proximité.

Ce 15 avril, je sais que nombreux sont ceux, qui n'étaient pas d'astreinte et qui pourtant se sont mis à la disposition de leur unité. Votre victoire est collective, et c'est tout le sens de ces récompenses collectives qui vous sont remises aujourd'hui.

Je suis fière de vous compter dans les rangs des armées. Et les armées sont si fières de vous. Et c'est un immense honneur, de vous remettre aujourd'hui, aux côtés de Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, une citation à l'ordre de l'armée et pour la première fois dans notre histoire, de remettre à un drapeau, à votre drapeau, la médaille d'or de la défense nationale.


Vive la République !
Vive la France !


Source https://www.defense.gouv.fr, le 12 juillet 2019