Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bonjour à tous. Mon invitée ce matin est la ministre de la Santé. Bonjour Agnès BUZYN.
AGNES BUZYN
Bonjour.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci d'être avec nous ce matin, j'ai envie de vous dire, Docteur, est-ce que vous pourriez nous dresser un bilan de l'état de santé de la France, puisqu'on est en plein milieu de ce grand débat national, comment va le pays ?
AGNES BUZYN
La France a des symptômes, c'est le moins qu'on puisse dire, des symptômes de mal-être, et je pense qu'il est très important, vous avez raison, peut-être de la prendre en charge comme on fait avec un patient, c'est-à-dire d'être à l'écoute, d'entendre les symptômes et d'essayer de les traiter un par un, avec délicatesse, et donc c'est ce que nous allons essayer de faire avec le grand débat national.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous avez rencontré des gilets jaunes vous-même comme ministre ?
AGNES BUZYN
J'en ai rencontré en Lozère, et j'ai été troublée en fait par les revendications qui correspondaient d'abord à des constats qui avaient été faits par le président de la République lors de sa campagne, qui correspondaient à des réformes que nous étions, soit, en train de faire, soit, qui avaient déjà été votées par le Parlement. Ce qui prouve qu'en fait, nous sommes bien, en réalité, en train de répondre à un malaise et à des dysfonctionnements que tout le monde constate dans sa vie quotidienne, et que, malheureusement, peut-être, ces réformes ne sont pas perçues encore sur le terrain, ce qui est normal, c'est le temps de la mise en oeuvre, mais qu'il y a urgence à agir.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous avez raison de dire : il y a des constats qui ont été faits pendant la campagne, on se souvient du président qui parlait des deux France, et on a envie de se dire : pourquoi est-ce que ce qu'il disait en campagne finalement n'a pas été mis en application plus rapidement alors qu'il est au pouvoir ?
AGNES BUZYN
Alors, en fait, on a mis en oeuvre très rapidement, j'entendais donc certaines des personnes qui étaient en face de moi qui s'étonnaient de la mauvaise qualité de la formation professionnelle, la réforme de la formation professionnelle, elle a lieu, elle est en cours, on met 15 milliards d'euros sur la table pour transformer et faire en sorte que cette formation professionnelle réponde aux enjeux d'aujourd'hui et réponde aux besoins de nos concitoyens. Il y avait des demandes sur l'apprentissage, la réforme de l'apprentissage, elle a eu lieu, des demandes de la réforme de l'école, le dédoublement des classes de CP, on voit que ça marche, et Jean-Michel BLANQUER prend en charge ce dossier…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous demandez du temps, au fond, vous dites : encore un peu de patience, Monsieur le bourreau…
AGNES BUZYN
Non, ça nous oblige en réalité à être encore plus attentifs à une mise en oeuvre concrète pour que les gens ressentent du changement dans leur vie quotidienne, car, en réalité, tout ce que me disaient les personnes que j'avais en face de moi, je n'ai pas envie de les appeler les gilets jaunes, il y avait un collectif, mais en tous les cas, ces personnes-là me demandaient en réalité d'agir sur des dysfonctionnements que nous avons authentifiés, sur lesquels nous sommes déjà en train de travailler, ils m'ont parlé de la santé, et je leur ai répondu…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est ce que j'allais vous demander, il y a beaucoup de remontées dans le domaine de la santé ?
AGNES BUZYN
Beaucoup, bien sûr, beaucoup, sur les déserts médicaux, l'accès aux soins. En réalité, ça fait un an que je suis à l'écoute des professionnels et des usagers, ça fait un an que je travaille sur une réforme qui a justement fait l'objet d'un débat, de concertations, et cette réforme, elle est en cours, elle est en train d'être mise en oeuvre, il y aura une loi, parce qu'il me faut certains textes législatifs pour transformer par exemple les hôpitaux de proximité, mais tout ça a été fait à la suite d'une concertation.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, on va être très concret, hier dans l'émission sur LCI, "La grande explication" de David PUJADAS, il y a eu des questions concrètes sur la santé, notamment, quelqu'un a soulevé le problème des infirmières, de leur niveau de rémunération, et du fait qu'elles habitaient souvent très loin de leur travail, on écoute.
SOPHIE CROZIER, NEUROLOGUE A LA PITIE SALPETRIERE (PARIS)
Moi, mes infirmières, je n'en ai pas une qui habite à Paris, sauf en colocation quand elles sont jeunes. Ensuite, elles partent. J'ai des infirmières de nuit qui habitent à Chartres. Donc ça n'est pas possible…
ELIZABETH MARTICHOUX
Des infirmières de nuit qui habitent à Chartres !
SOPHIE CROZIER
A Chartres, mais bien sûr, et qui font… bien sûr, parce qu'elles ont une famille, parce qu'elles ont des enfants, comment vous pouvez vous loger…
ELIZABETH MARTICHOUX
Comment elles tiennent ?
AGNES BUZYN
1.600 euros par mois. Eh bien, elles tiennent parce qu'elles aiment leur métier.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous avez vu, c'est une neurologue à la Pitié qui explique qu'elle a des infirmières dans son service qui viennent de très loin tous les jours, des infirmières de nuit, et qu'elles ont mis 1.600 euros par mois.
AGNES BUZYN
Oui, quand j'étais médecin à Necker, beaucoup des infirmières dans des soins intensifs – qui étaient ma salle – habitaient Chartres, donc je sais exactement de quoi elle parle. En réalité, d'abord, c'est vrai que c'est assez spécifique à Paris, parce que la métropole parisienne est immense, que le coût du foncier et des loyers est énorme, et qu'en fait, les personnes qui ont des bas salaires aujourd'hui ou des salaires médians ont des difficultés à se loger. Donc, à Paris, l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris essaie de créer en fait des logements pour les infirmières…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est ça, c'est ce que j'allais vous dire, il y a des…
AGNES BUZYN
Et la région, notamment d'Ile-de-France, réfléchit aussi à cela, j'en avais discuté avec Valérie PECRESSE, la présidente de région, c'est un problème spécifique qui est moins rencontré évidemment dans les hôpitaux de province où les gens peuvent habiter à proximité de leur lieu de travail. C'est un sujet, évidemment que c'est un sujet. Il faut rendre la vie plus…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Les infirmières du public, mais aussi libérales, qui disent souvent que vu la tarification des soins, elles n'y arrivent pas, et les taxes et les charges sociales, et les impôts.
AGNES BUZYN
Alors, en réalité, je pense qu'il faut réellement séparer ce que vit une infirmière hospitalière et vit une infirmière libérale, ce ne sont pas du tout les mêmes métiers, en réalité, les revenus médians des infirmières libérales est un peu supérieur à celui des infirmières hospitalières, et elles sont en cours de négociation de leurs tarifs aujourd'hui avec l'Assurance-maladie.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
L'hôpital public aussi, c'est un chantier permanent, on sait que ça remonte beaucoup aussi le problème de la qualité des soins, les délais d'attente dans les services d'urgences, c'est votre chantier aussi ?
AGNES BUZYN
Bien sûr. L'hôpital fait partie évidemment de la réforme, l'hôpital souffre aujourd'hui des dysfonctionnements d'un système de santé de proximité qui n'est pas au rendez-vous. Donc dans la réforme, il y a la structuration des soins proches des patients, de la médecine générale, de l'ensemble des professionnels qui interagissent normalement autour des patients chroniques, je pense aux infirmiers, je pense aux pharmaciens, aux kinésithérapeutes, aux sages-femmes aussi qui sont nécessaires, et donc nous structurons les soins de proximité et la médecine libérale de façon à pouvoir faire en sorte que tout le monde n'aille pas aux urgences dès qu'il a un problème de santé, ce qui est aujourd'hui un dysfonctionnement majeur.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais il y a quelques mois, il y avait cette idée que, finalement, les services d'urgences pourraient renvoyer des patients vers des médecins, on en est où, parce que finalement, il y a beaucoup d'idées qui sortent, et puis, après, l'application, il faut attendre longtemps ?
AGNES BUZYN
Alors, donc, c'est une expérimentation qui a été votée dans la loi en décembre et qui vise en fait à aider les hôpitaux qui ont un service d'urgences surchargées à créer une maison médicale de garde où interviennent des médecins généralistes libéraux au pied de l'hôpital, si j'ose dire, mais pour faire en sorte que l'hôpital soit quand même rémunéré s'il renvoie les patients peu sévères dans ces maisons médicales de garde, de façon à ce qu'il ne perde pas en activité et en capacité à garder son personnel, donc en fait, simplement une compensation pour que les services d'urgences restent en fait rentables. Donc c'est une expérimentation qui doit être…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est trop tôt pour avoir un bilan…
AGNES BUZYN
Oui elle va être cadrée par le ministère, et elle va avoir lieu dans une ou deux ARS, mais ça débute. En réalité, moi, je pense que le problème des services d'urgences, il est double, d'abord, l'amont, faire en sorte qu'un certain nombre de personnes n'aillent pas aux urgences par facilité parce qu'ils ont des difficultés à trouver des médecins en ville, et ça, nous allons le structurer et rendre plus accessible la médecine de ville, et d'autre part, l'aval, c'est-à-dire faire en sorte qu'il y ait plus de capacités à coucher les malades, qu'on n'ait plus jamais ces patients, notamment âgés, qui attendent sur les brancards, et organiser une filière de prise en charge directe sans passer par les urgences pour un certain nombre de cas.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Notamment, vous allez mettre fin au numerus clausus, votre loi, elle est prête, parce que…
AGNES BUZYN
Oui, elle est prête, elle est au Conseil d'Etat, elle va être présentée aux parlementaires, je pense d'ici le mois de mars, il y a une urgence à agir dans le domaine de la santé, ça fait un an qu'on travaille à cette réforme, elle est prête, elle est en train d'être mise en oeuvre. Mais j'ai à la fois une loi, qui est nécessaire, mais il y a aussi des mesures qui ont été votées dans la loi de financement de la Sécurité sociale, et puis, il y a des mesures qui sont en négociation entre l'Assurance-maladie et la Sécurité sociale et les médecins, les sages-femmes, les infirmières, parce que ce sont des mesures qui sont de l'ordre de la négociation conventionnelle.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, est-ce que le grand débat vous fait un peu perdre du temps, reculer, parfois, j'ai vu que vous aviez renoncé finalement à cette réforme du transport sanitaire entre…
AGNES BUZYN
Non, ça n'a rien à voir…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Entre établissements hospitaliers…
AGNES BUZYN
Ça n'a rien à voir. C'est typiquement un sujet d'écoute, une réforme avait été votée pour le transport sanitaire avant que j'arrive au gouvernement, avant l'élection…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est-à-dire que les hôpitaux devaient prendre en charge les ambulances entre les différents établissements…
AGNES BUZYN
Absolument. Le budget des transports rentrait dans le budget des hôpitaux au lieu d'être payé par l'extérieur, par la Sécurité sociale.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et ça, vous avez renoncé ?
AGNES BUZYN
Non, non, pas du tout. Il se trouve que la réforme telle qu'elle était mise en oeuvre pénalisait les petits ambulanciers, qui ont assez peu de voitures, et donc, je les ai entendus, je les ai reçus au ministère, ils m'ont alertée sur des dérives possibles, j'ai dit : je fais une mission flash de l'IGAS, de l'Inspection générale des affaires sociales, qui me rend un rapport, le rapport dit : il faut faire une pause et il faut mieux mettre en oeuvre la réforme, et donc je vais adapter la réforme parce que nous avons entendu, nous savons entendre et écouter.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors même chose pour les retraites, la réforme des retraites, là encore, le grand débat, ça ralentit un peu, vous avez reporté cette réforme des retraites, est-ce qu'elle sera conforme aux engagements du président ou est-ce qu'avec le grand débat, vous pouvez évoluer ?
AGNES BUZYN
Alors, d'abord, le sujet retraite de la réforme des retraites remonte assez peu en fait dans les cahiers de doléances, pour l'instant, ou même dans les débats…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Je rappelle que l'idée c'est d'avoir une même réforme pour tous, régimes spéciaux et régime général…
AGNES BUZYN
C'est d'avoir un système qui est universel, en réalité, pour réduire les inégalités de traitement entre les différentes professions, parce qu'aujourd'hui, selon qu'on est tel corps social, qu'on a plutôt travaillé dans le public ou dans le privé, en réalité en gagnant exactement la même chose toute sa vie, on a des retraites très différentes.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc il y aura des gagnants et des perdants.
AGNES BUZYN
Mais aujourd'hui tout cela fait l'objet d'une concertation qui a commencé il y a plus d'1 an, je le rappelle, avec les partenaires sociaux, vous n'en n'entendez pas parler, ce qui veut dire que la concertation se passe avec le plus grand respect, avec de l'écoute, du travail de profondeur, et donc, en réalité c'est une réforme qui a va être co-construite avec les partenaires sociaux.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Que vous présenterez quand ?
AGNES BUZYN
Avant l'été.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, il y a aussi une autre promesse, qui était importante, puisqu'on parle de pouvoir d'achat dans ce grand débat, c'est le zéro reste à charge pour les lunettes, les prothèses dentaires et auditives. Alors, ça commence au 1er janvier 2019, mais tout doucement, est-ce qu'on ne pourrait pas aller plus vite, puisque le grand débat c'est une demande de pouvoir d'achat, pourquoi attendre 2021 ?
AGNES BUZYN
Parce que cette réforme a un énorme coût évidemment, pour la Sécurité sociale, et donc il est prévu une montée en charge progressive, et parce qu'elle nécessite aussi, parce que nous faisons des économies sur un certain nombre de dispositifs, que les filières des producteurs, notamment de certaines prothèses ou lunettes, adaptent en fait. Donc nous avons le temps de l'adaptation des professionnels pour absorber les économies que nous leur demandons de faire.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On ne pourrait pas leur mettre un peu la pression en leur disant « écoutez, il faut prendre votre part dans ce grand débat, dans cette urgence nationale » ?
AGNES BUZYN
Alors, je l'ai fait avec les mutuelles et les assureurs. Clairement, j'ai reçu, à la demande du président de la République, puis il les a reçus ensuite, l'ensemble des organismes complémentaires, en leur disant qu'ils devaient prendre leur part, qu'il n'y avait pas de raison, aujourd'hui, d'augmenter le coût des contrats d'assurance sous prétexte de la réforme, parce qu'en réalité elle leur coûte assez peu, et notamment en 2019…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ça continue d'augmenter les contrats de complémentaires !
AGNES BUZYN
Oui, mais il est normal qu'il y ait une augmentation annuelle. Pourquoi ? parce que le coût de la santé, globalement, augmente, et comme ils assurent à peu près 25 % du coût de la santé, en réalité, mathématiquement, ils augmentent leurs coûts de 1, 2 % par an, ça c'est normal, mais dire que c'est à cause de la réforme, ça j'ai considéré que c'était un sabotage politique, car en réalité tout ça avait été négocié, la réforme ne leur coûte pratiquement rien en 2019, il n'y avait aucune raison de justifier leur augmentation de coûts sur cet argument, et donc ça j'ai mis le holà. Et par ailleurs, je leur ai demandé, pour les contrats qu'on appelle d'entrée de gamme, c'est-à-dire les gens qui ont le moins de moyens, de renoncer à leur augmentation des contrats pour cette année, ils se sont donc engagés à rembourser ce qu'ils auront touchés en augmentation, pour l'année 2019, sur à peu près 1 million de personnes qui souscrivent à ces contrats d'entrée de gamme.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors certains ont envie d'organiser, le 27 janvier, c'est-à-dire dimanche, une manifestation de soutien au pouvoir, à Emmanuel MACRON, est-ce que vous irez, Agnès BUZYN ?
AGNES BUZYN
Non, moi à titre personnel je trouve que quand on fait partie de l'exécutif c'est difficile de participer à une manifestation, sauf peut-être les marches blanches lorsqu'il y a évidemment un décès, ou un attentat, ou un crime odieux, comme ça a pu l'être dans certains cas, je trouve que c'est aux citoyens de prendre la parole, l'exécutif a un autre rôle, et je ne veux pas que ça apparaisse comme une demande du gouvernement, ça n'a pas émané du gouvernement, donc je ne me sens pas légitime pour aller manifester.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Quelques dossiers qui ont fait l'actualité des derniers jours. Trois nouveaux cas, groupés, de bébés avec des malformations, ce qu'on appelle « les bébés sans bras », autour de l'Etang de Berre dans les Bouches-du-Rhône, est-ce que c'est un cas groupé, est-ce que ça vous alerte, est-ce que ça vous inquiète, est-ce qu'il y a une suspicion ?
AGNES BUZYN
Alors, aujourd'hui j'ai demandé, donc à la suite de ce sujet, que j'ai découvert en réalité l'année dernière, puisque c'est un sujet très ancien qui est remonté à la surface l'année dernière, mais ce sont, je le rappelle, pour les premiers cas, ce sont des cas qui sont survenus entre 2000 et 2014. Donc, j'ai demandé à ce que tous les cas, que les professionnels observent dans les hôpitaux, remontent aux agences régionales de santé et aux agences de sécurité sanitaire. Donc, il est normal que, à partir du moment où on demande une remontée de cas, on voit apparaître des cas. Je ne sais pas aujourd'hui si c'est un excès de cas, si ce sont des cas groupés, ce sont les agences sanitaires qui le diront…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
S'il y a une cause commune, par exemple.
AGNES BUZYN
S'il y a une cause commune…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ecologique par exemple.
AGNES BUZYN
J'ai, par exemple, demandé, aussi, à ce que tous les nouveaux cas, répertoriés en France, fassent l'objet d'une enquête, puisque j'ai relancé une enquête sur les cas anciens, où j'ai demandé à l'Agence de santé publique, et à l'Agence de sécurité environnementale, de travailler ensemble sur un nouveau questionnaire pour essayer d'identifier des causes, puisque la première enquête n'avait pas montré de causes communes, et donc maintenant tous les cas identifiés feront l'objet d'une enquête, donc les parents seront contactés.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre alerte sanitaire, c'est l'Agence nationale de sécurité sanitaire qui a révélé, hier, la présence de nombreuses substances toxiques dans les couches-culottes pour les bébés. D'abord, qu'est-ce qui va être fait concrètement pour qu'il y ait moins de toxiques dans les couches, et est-ce que les parents, qui ont des enfants en bas âge, doivent s'inquiéter aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils doivent faire d'ailleurs ?
AGNES BUZYN
D'abord, un, c'était une étude qui a été faite à la demande des autorités, à la demande des ministères, donc la France a demandé à cette agence qu'elle regarde ce qu'il y avait comme produits toxiques dans les couches.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et elle a eu quelques surprises !
AGNES BUZYN
Et nous avons la surprise de découvrir qu'il y a des produits qu'on n'attendait pas, et qui sont parfois des produits de dégradation, par exemple, qui ne sont pas mis au départ forcément par les industriels, et puis certains ce sont des produits mis par les industriels…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Comme les parfums.
AGNES BUZYN
Comme les parfums, encore qu'il y en a de moins en moins, d'après eux. En tous les cas, nous avons convoqué, hier matin, avec le ministre de l'Environnement, et le ministre de l'Economie, tous les industriels qui fabriquent des couches et qui les vendent en France, en leur donnant 15 jours pour apporter une feuille de route de réduction de ces produits toxiques dans les couches, et nous leur donnons quelques mois pour se mettre en ordre de marche et changer leur processus de fabrication, mais dans 15 jours ils doivent nous apporter leur procédure.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qu'est-ce qu'on fait quand on est parent et qu'on a des enfants ?
AGNES BUZYN
Alors, quand on est parent, évidemment, d'abord il n'y a aucun risque sanitaire imminent, les enfants ne risquent rien, ce que dit l'Agence de sécurité environnementale c'est qu'on ne peut pas exclure qu'à long terme un enfant qui est exposé à ces toxiques puisse développer des maladies, même si aujourd'hui il n'y a aucun signal tangible qu'il y aurait des maladies liées à cela, et là nous appliquons simplement le principe de précaution, nous disons Ok, il n'y a pas de danger immédiat, il y a un risque potentiel d'accumulation, même si nous ne voyons pas de maladie émerger, donc nous ne souhaitons pas prendre ce risque et nous vous demandons de supprimer tous ces produits toxiques des couches que nous vendons (sic) à nos enfants.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Rendez-vous dans 15 jours.
AGNES BUZYN
Merci.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre alerte sanitaire, le glyphosate, il a été interdit d'usage pour les particuliers à partir du 1er janvier, mais les agriculteurs continuent à l'utiliser, et certains citoyens se sont fait tester, test d'urine. Regardez les résultats, c'était dans le JT de TF1 il y a quelques jours.
(…) Extrait JT TF1
JOURNALISTE
Cette jeune maman affiche 1,6 nanogramme de glyphosate par millilitre d'urine, et tous ici retrouvent cette molécule dans leurs analyses, 3,44 pour cet homme, eux comparent cela aux seuils admis dans l'eau potable, c'est 34 fois plus, c'est le plus haut taux de la région et pourtant.
INTERVENANT
Je mange bio, je bois bio, j'habite à la campagne, dans un endroit qui est plutôt un des moins polluer… de-Bretagne, donc n'importe qui a pu être contaminé.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, vous parlez sous l'autorité aussi, enfin de l'autorité de Roselyne BACHELOT…
ROSELYNE BACHELOT
Je n'ai pas d'autorité…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qui vous a précédée il y a quelques années.
AGNES BUZYN
Oui, qui connaît bien la question des scandales sanitaires, bonjour Madame BACHELOT.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce qu'il faut s'inquiéter aussi, pour ces taux bizarres, quand même, de glyphosate dans les urines ?
AGNES BUZYN
En réalité nous n'avons, aujourd'hui, aucune donnée de seuil de risque en fait, pour le glyphosate, puisque nous ne savons pas exactement quelle maladie donne ce produit…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Enfin, c'est quand même incroyable qu'on retrouve des traces de glyphosate dans le corps humain !
AGNES BUZYN
En réalité on retrouve des traces de tout ce que nous avalons, de tout ce que nous avalons, tout se retrouve dans les urines, nous avons…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est inquiétant.
AGNES BUZYN
Alors, peut-être oui, à la fois ça veut dire que nous arrivons aussi à l'éliminer, c'est peut-être un bon signe, je ne sais pas, mais, en l'occurrence, ce que ça nous dit c'est que d'abord nous devons accélérer les recherches pour savoir justement quelles sont les toxicités réelles, quels sont les seuils de toxicité que nous ne pouvons pas tolérer, ou les seuils de contamination, parce qu'en réalité nous sommes soumis à plein de facteurs environnementaux, et pour certains nous connaissons les seuils toxiques, pour d'autres pas du tout, et c'est l'urgence aujourd'hui à agir, c'est d'accélérer la connaissance, en fait, sur tous ces produits, c'est le plan Ecophyto que le gouvernement a lancé notamment, avec énormément de sujets de recherches et d'amélioration des connaissances.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais vous comprenez que les Français soient quand même inquiets ?
AGNES BUZYN
Mais bien sûr, c'est la raison pour laquelle il faut agir vite.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci beaucoup Agnès BUZYN d'avoir été notre invitée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 février 2019