Déclaration de Mme Florence Parly, ministre des armées, sur la transformation numérique du ministère des Armées, à Paris le 7 février 2019.

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Circonstance : Point d’étape sur la transformation numérique du ministère des Armées

Texte intégral

Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,


Il y a quelques semaines, ici même, j'abordais les menaces de l'espace numérique. Et j'énonçais les grandes lignes de notre doctrine cyber tant défensive qu'offensive. Car vous le savez, l'espace numérique est aujourd'hui un milieu de confrontation à part entière pour nos Armées.

Mais il est aussi un lieu de progrès, d'innovation et de formidables opportunités. Et c'est cela que je veux aborder avec vous aujourd'hui. Il y a plus d'un an, en novembre 2017, j'ai dévoilé l'Ambition numérique du ministère des Armées, bâtie en miroir de la transformation numérique de l'Etat au sein du plan « Action Publique 2022 ».

Cette ambition, c'est celle d'une transformation au service de tous pour renforcer la performance opérationnelle de nos Armées bien sûr, mais aussi pour faciliter le quotidien, ici ou sur le terrain. Le plan Défense Connect a, quelques mois plus tard, hissé cette ambition au rang de stratégie, propulsant le ministère aux avant-postes de la transformation numérique de l'Etat. J'avais alors indiqué que nous devions relever 3 défis en priorité : le défi de la gouvernance, le défi de la donnée et celui de la compétence.

Presque un an plus tard, que de chemin parcouru ! L'équipe numérique du ministère a montré toute sa valeur et son implication ; certains diront son agilité, à concrétiser notre feuille de route. Notre démarche a même été primée par la presse spécialisée en la personne de l'Amiral Coustillière lauréat du prix « Meilleur DSI Numérique Orchestrateur de l'année ». Un titre taillé sur mesure pour celui qui donne le tempo de notre transformation !

On dépeint souvent le domaine numérique comme un monde aux codes décalés, peuplé de licornes, et à la novlangue impénétrable. Je dois cependant apporter une nuance, et en cela l'Amiral ne me contredira pas : le numérique exige également une méthode, une rigueur, une gouvernance de projet efficace.

Ainsi, j'ai voulu une DGNUM chef d'orchestre, dotée d'instruments adaptés à sa mission de transformation. En appui des armées, directions et services, elle veille au pilotage des projets numériques, elle promeut de nouveaux modes de management et de développement plus agiles, mieux sécurisés, plus flexibles. Amiral, les premiers résultats sont très prometteurs, vous avez su donner, avec vos équipes, une impulsion décisive et enthousiaste.

J'ai souhaité également renforcer le pilotage de notre socle numérique, véritable système nerveux du ministère, qui irrigue tout le monde et n'appartient à personne. La DGNum en porte désormais la performance, et la DIRISI et la DGA ont conjointement accepté d'en porter la conception et l'exploitation dans une unité de management mixte qui est en cours de création.

Leur travail porte déjà ses fruits dans le quotidien de nos agents puisque, le moteur de recherche interne, totalement rénové en un temps record, sera en ligne à la fin du mois !

Le ministère s'est mis en mouvement, et je compte sur vous tous, industriels de notre écosystème numérique, pour nous accompagner et amplifier nos succès. Nous nous en donnerons les moyens : je m'y engage ; les projets numériques ne seront plus désormais une variable d'ajustement. J'attends de vous en retour le même engagement et la même agilité. J'attends de vous des performances, des systèmes qui arrivent à l'heure, des équipes à l'écoute de nos utilisateurs.

Je compte également sur nos talents internes : développeurs et intrapreneurs du Minarm, vous avez désormais un port d'attache, au sein de la Fabrique Numérique, inaugurée il y a quelques semaines par la DIRISI. J'en profite d'ailleurs pour saluer l'action du Général Latapy qui engage résolument l'opérateur DIRISI dans le chantier de la transformation. Il sait qu'il a dans les mains le coeur de notre

performance numérique actuelle et future. Il sait aussi qu'il a toute ma confiance et mon soutien dans les défis qui l'attendent.

Cette fabrique accompagne les projets digitaux jusqu'à leur industrialisation et leur déploiement. Et les premiers résultats de cette innovation à hauteur d'homme sont là : l'application pour smartphone Milistore qui permet au soldat d'accéder à ses informations personnelles sur internet, le site de recrutement « civils de la défense », ou encore le service « e-chauffeur » de transports au sein des bases militaires ; ces projets déployés en 2018 sont les premiers d'une longue liste de services digitaux simples et redoutablement efficaces qui doivent se déployer rapidement dans nos armées.

Maintenant, projetons-nous plus loin : nous aurons besoin demain d'une offre informatique puissante, d'un déploiement simplifié, d'une exploitation intuitive.

Le système d'information du ministère des Armées est un système de défense à part entière, l'informatique en nuage l'un des moyens de le moderniser.

J'ai demandé à la DGNUM de me proposer dans les prochaines semaines une feuille de route pour tirer rapidement tous les bénéfices techniques et économiques de ces nouvelles technologies. Cette migration sera progressive et devra avant toute chose nous garantir le niveau d'autonomie stratégique dont nous avons besoin. A ce titre, les garanties en matière de résilience, de souveraineté et de sécurité sont essentielles et je sais pouvoir compter sur les industriels rassemblés ce matin pour nous offrir ce cloud de confiance.

Le Cloud c'est aussi l'outil permettant le partage et la valorisation des données, carburant de ce nouveau monde numérique.

Nous construirons un cadre de confiance pour ouvrir les données, en garantir la circulation, le partage et la valorisation au sein du ministère et avec nos partenaires.

Dans un ministère qui génère et conserve les données parmi les plus sensibles au sein de l'Etat, je devine 1001 obstacles, 1001 bonnes raisons qui s'élèveront pour freiner ce décloisonnement. Mais croyez-moi, ma détermination est sans faille car il en va de notre performance à tous : nous devrons sans relâche identifier les gisements de valeur, collecter et valoriser sans tabou ces données qui nous donneront demain les moyens de décider plus rapidement, de façon plus éclairée.

La transformation numérique c'est enfin une affaire de compétences. Les systèmes numériques, que nous pensons automatiques et autonomes, ne pourraient fonctionner sans des femmes et des hommes, volontaires et compétents, qui oeuvrent en permanence à cette fin.

Tous les agents du ministère doivent être formés et accompagnés dans cette transition. Et quoi de mieux qu'un outil numérique pour former à cette matière : je suis heureuse de vous annoncer la mise en ligne sur le portail Défense Connect d'un « passeport numérique », qui sera régulièrement enrichi de nouveaux modules, et permettra à nos agents d'évaluer et d'améliorer leur culture numérique.

Nous avons résolument besoin de talents numériques. Car la bataille de talents fait rage et je sais que le ministère a de sérieux atouts pour la remporter. Il a su dans son histoire à maintes occasions fournir aux jeunes de tous horizons, une formation, un emploi, un avenir. Cela fait partie de son ADN, et je souhaite que cela bénéficie à présent aussi aux futurs talents numériques de la Défense, civils comme militaires, hommes et femmes.

Car alors que la filière numérique est partout en surchauffe, nous ne pouvons pas-nous priver de 50% des compétences ! La place des femmes dans ce nouvel espace numérique est un enjeu collectif et je salue l'initiative portée le réseau Combattantes@Numérique. Sous mon regard attentif, 70 femmes issues des filières numériques du ministère travaillent à faire changer les représentations, en lien notamment avec les écoles.


Mesdames, messieurs, mes chers amis,

La première année d'existence de Défense Connect a été dense. La seconde le sera tout autant !

Heureusement, nous ne sommes pas seuls dans ce voyage. Nous sommes en particulier entourés des conseils bienveillants des membres du Cercle Défense Connect, industriels et institutions embarqués sur le même chemin. Je les remercie très sincèrement de leur engagement à nos côtés, et de nos échanges très denses sur toutes ces questions.

Je vous ai présenté mes ambitions pour le chantier numérique pour 2019. Je vous ai décrit ces défis et opportunités que nous allons ensemble relever. Je continuerai de suivre ce sujet qui demeure pour moi l'une des priorités du ministère.

Cela passera par une relation refondée avec l'écosystème que vous représentez, au travers de projets plus performants et mieux sécurisés. J'ai confiance dans cette équipe numérique de défense, dans sa cohésion et sa rigueur à mettre au service des opérations et des agents les fruits de notre démarche de modernisation numérique.


Vive la République ! Vive la France !


Source https://www.defense.gouv.fr, le 12 février 2019