Interview de Mme Roxana Maracineanu, ministre des sports à France Bleu le 6 juin 2019, sur l'ouverture du Mondial féminin de football.

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Média : France Bleu

Texte intégral

NOE DA SILVA
Bonjour Roxana MARACINEANU.

ROXANA MARACINEANU
Bonjour.

NOE DA SILVA
Merci beaucoup d'être avec nous à la veille de l'ouverture du Mondial féminin de football. Vous avez accompagné Emmanuel MACRON à Clairefontaine cette semaine, comment vous avez trouvé les Bleus ?

ROXANA MARACINEANU
Je crois qu'elles sont prêtes, elles sont détendues, elles savent que tous les matchs vont compter, il n'y a pas de plus petite équipe qu'une autre. Et je crois qu'elles ont pris aussi conscience de l'événement sans toutefois se mettre trop de pression, parce qu'elles savent qu'il y aura beaucoup plus de spectateurs qu'à l'accoutumée, et que, voilà, il y a une petite tension dans l'air pour qu'elles puissent faire mieux que les autres fois, en tout cas, en Coupe du monde, puisqu'elles ont déjà vécu…

NOE DA SILVA
Aller en finale ? C'est l'objectif, une finale ?

ROXANA MARACINEANU
Oui, elles ont fait des demi-finales, aller en finale, pourquoi pas, mais surtout, bien jouer, on ne leur a pas trop parlé de résultats, mais surtout plutôt de la manière de faire et beaucoup d'envie, c'est ce que le président leur a fait passer comme message.

NOE DA SILVA
On a hier interrogé des jeunes, des jeunes filles, des jeunes garçons, fans de foot, pour parler justement de cet événement, je vous propose d'écouter ces témoignages.

UN TEMOIGNAGE
Aujourd'hui, par exemple, on avait sport, on faisait du foot, et les garçons, ils ne me faisaient jamais la passe.

UN TEMOIGNAGE
Les filles de l'école, elles s'amusent à faire : hum les nanas, en faisant : hum nana mais nanana, nana, mais en vrai, elles ne valent rien.

UN TEMOIGNAGE
Quand on les voit sur le terrain, ça fait waouh !

UN TEMOIGNAGE
Ils disent que les garçons sont plus forts que les filles, et ils disent qu'on ne peut pas jouer.

UN TEMOIGNAGE
En fait, les femmes et les garçons, ça ne change rien, à la fin, l'important, c'est de s'amuser, et qu'on soit fort ou non.

NOE DA SILVA
On l'entend, on est encore assez loin de l'égalité homme/femme en matière de football, même si les choses progressent, notamment la médiatisation du foot féminin, elle a énormément progressé.

ROXANA MARACINEANU
Oui, eh bien, j'invite ce petit garçon à venir voir les filles jouer vraiment dans un stade pour voir ce que c'est le jeu à haut niveau chez les filles, et, oui, la médiatisation a progressé, tous ces matchs vont être vus en clair par tout le monde à la télé, et puis, il y a quand même 15 matchs aujourd'hui à guichets fermés qui vont se jouer à guichets fermés et puis d'autres places en vente aujourd'hui avec beaucoup, beaucoup d'étrangers, 40 % d'étrangers qui vont venir en France voir ces matchs, je crois qu'il faut qu'on se serve aussi de l'engouement que ce sport au féminin provoque dans les autres pays pour qu'on s'en inspire, parce que, voilà, le football, c'est avant tout une belle école de vie, j'ai appris hier soir que 60 % d'une classe d'âge est passée par la Fédération française de football, par un club de football, alors évidemment, en majorité des garçons plutôt que des filles, mais on espère bientôt que ce sera une belle école de la vie pour autant de filles que de garçons.

NOE DA SILVA
Il y a encore de gros écarts entre les salaires, les primes des hommes et ceux des femmes.

ROXANA MARACINEANU
Oui, forcément, parce qu'on parle de football où il y a énormément d'enjeux économiques, il y a tout ce monde professionnel qui capte énormément d'argent, tout ce qu'on veut, nous, c'est qu'il y ait une égale et une bonne redistribution au sein de ce même sport, de cette même discipline entre les hommes et les femmes, et puis, derrière, que ce sport aussi serve aussi aux autres sports amateurs, parce que c'est très important d'avoir une vitrine et de capter des enfants, comme l'école peut le faire, eh bien, le football, finalement, c'est la deuxième école de la vie, et on en a besoin pour aussi faire découvrir d'autres disciplines.

NOE DA SILVA
Alors, il y a un manque d'équipements sportifs en Ile-de-France, si on reste dans le football, par exemple, le Red Star était obligé de jouer à Beauvais depuis deux ans, le Paris FC, à Charléty n'aurait pas pu rester en cas de montée en Ligue 1, mais tous les sports sont concernés : manque de piscines, de patinoires, de pistes d'athlétisme, pourquoi il y a un tel déficit d'investissements depuis des années et des années ?

ROXANA MARACINEANU
Parce qu'il y a un déficit de places déjà en Ile-de-France, à Paris, il n'y a pas beaucoup de place pour construire des équipements, et puis, derrière, pour tout ce qui est stades de football, on a ce paradoxe qu'on va construire un stade qui va coûter des millions d'euros pour finalement l'utiliser que les soirs de matchs, et devoir en construire un autre pour qu'on puisse s'entraîner, parce qu'il faut prendre soin de la pelouse, il faut faire attention, voilà, à ne pas trop l'abîmer au moment des entraînements, qu'il n'y ait pas trop de passages avec d'autres équipes ou des filles qui viennent s'entraîner à la place des garçons, et ça va ne pas aller parce qu'on va abîmer la pelouse, donc…

NOE DA SILVA
Ce que vous dites, c'est que le Paris FC par exemple doit trouver des fonds privés pour avoir un stade ?

ROXANA MARACINEANU
Effectivement, on ne peut compter que sur des investisseurs privés aujourd'hui pour des stades de foot ou vraiment d'une volonté, mais bon, voilà, les investissements publics ne vont pas servir aujourd'hui à subventionner le sport professionnel, ça, c'est sûr.

NOE DA SILVA
Un mot sur les terrains synthétiques, il y en a beaucoup dans la région, mais ils contiennent des substances apparemment cancérogènes, ils présentent aussi des risques pour l'environnement, est-ce qu'il ne faudrait pas les interdire ?

ROXANA MARACINEANU
Il n'y a pas encore une véritable étude qui a été faite, on l'a lancée, nous, avec le ministère de la Santé, le ministère des Sports sur tous ces gazons synthétiques, et surtout le support en caoutchouc qui était dans cette deuxième génération des pelouses synthétiques, aujourd'hui, on voit une troisième génération à paraître avec des produits moins, a priori, dangereux, mais il faut que ces études aboutissent. Et puis, c'est vrai que même sur les gazons naturels, aujourd'hui, on n'a pas trouvé de solutions écologiques, 100 % écologique pour y arriver, parce que pour avoir une belle pelouse aux normes…

NOE DA SILVA
Il faut beaucoup arroser…

ROXANA MARACINEANU
Voilà, il faut arroser, et puis, on en est encore à utiliser des produits phytosanitaires, et voilà, comme on veut parler aujourd'hui vraiment de sport écologie, et d'écologie dans le sport, et grâce au sport, il faut qu'on arrive à trouver des solutions, la Fédération de football est en train de travailler avec la Fédération de golf, puisque, voilà, ils partagent les mêmes problématiques aujourd'hui sur tout ce qui est gazon, donc on arrivera à trouver des solutions.

NOE DA SILVA
Roxana MARACINEANU, il y a un sport qui vous tient particulièrement à coeur évidemment, c'est la natation, vous qui êtes ancienne championne, en Seine-Saint-Denis, un élève sur deux en 6ème ne sait pas nager, vous venez de lancer justement un plan pour développer cet apprentissage essentiel.

ROXANA MARACINEANU
Oui, on a comme ambition de passer sur l'aisance aquatique pour les enfants de moins de 6 ans, puisque l'année dernière, on a connu une progression vraiment très inquiétante des noyades chez les moins de 6 ans, et on veut changer de paradigme, évidemment, on continue à faire en sorte que les 6-10 ans, qui ne savent pas encore nager, puissent le faire, mais pas uniquement dans le cadre scolaire, qu'il y ait des vraies passerelles entre l'école et le périscolaire et les associations sportives, qu'on puisse les repérer dans le cadre de l'école et s'en occuper dans le cadre associatif. Et puis surtout, que ça devienne systématique dans le cadre de la maternelle, entre 4 et 6 ans, pour qu'on puisse apprendre aux enfants à flotter très tôt, le plus tôt possible.

NOE DA SILVA
Mais l'aisance aquatique, c'est quand même différent de savoir nager ?

ROXANA MARACINEANU
Oui, c'est apprendre à flotter, c'est plutôt savoir flotter que savoir nager, et puis…

NOE DA SILVA
Ne pas avoir peur…

NOE DA SILVA
Oui, ne pas avoir peur, mettre la tête dans l'eau, se déplacer, être capable de reprendre son air et se déplacer, peu importe si c'est avec des nages codifiées ou pas. Mais en tout cas, arriver à traverser en grande profondeur sur une distance de 15 mètres, et ce sera déjà suffisant pour qu'un enfant ne se noie pas dans une piscine de camping privée ou…

NOE DA SILVA
Il y a eu beaucoup de noyades l'été dernier notamment, et c'est pour ça que ce plan a été lancé. Madame la Ministre des Sports, vous restez avec nous, on vous retrouve dans un instant.

NOE DA SILVA
01.42.30.10.10, pour poser votre question ou pour donner et soumettre une idée peut-être, les remontées du terrain, c'est bien aussi pour aller au ministère, elle a un papier, un stylo, Roxana MARACINEANU attend vos appels, vos questions sur France Bleu Paris


source : Service d'information du Gouvernement, le 14 juin 2019