Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée ce matin, Roxana MARACINEANU. Bonjour.
ROXANA MARACINEANU
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes arrivée en France à 9 ans. Vous est d'origine roumaine, la France vous a tout donné, c'est bien cela ? Vous avez... enfin, la France vous a tout donné, la France vous a permis de devenir ministre des sports, Roxana MARACINEANU. La France, et vous êtes très reconnaissante, je le sais.
ROXANA MARACINEANU
Je suis arrivée en France, donc, avec mes parents réfugiés politiques, quand j'avais 9 ans, sans parler un mot de français, mes parents non plus, bien que l'on vienne de Roumanie qui est très francophile, et c'est beaucoup grâce au sport, grâce à mon implication et l'implication des dirigeants associatifs dans le club où j'ai atterri, à Mulhouse, que j'ai appris le français, que derrière j'ai pu aussi découvrir ce qu'était la France, quelles étaient les valeurs de la République, et tout ça grâce au sport.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout ça grâce au sport. Non, c'était bien ce préambule, parce qu'on va parler de sport, beaucoup, on va parler de fonctionnement du sport en France. Roxana MARACINEANU, vous avez été championne du monde de natation, c'était en janvier 1998, année où la France a été championne du monde de football. Championne du monde de natation sur 200 dos. Est-ce que vous nagez toujours ?
ROXANA MARACINEANU
Un petit peu, j'ai du m'y remettre, parce qu'avec cette vie de ministre c'est un peu s'il de trouver du temps pour faire du sport, et je m'y suis remise une fois par semaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une fois par semaine. Je vous dis ça, parce que vous avez l'intention de développer la natation dès la maternelle. Mais comment, comment initier les enfants de maternelle à la natation ? Comment ? Il va falloir des moyens.
ROXANA MARACINEANU
C'est quelque chose d'indispensable, parce qu'on a fait des mesures l'année dernière, quand il a fait très chaud en France et quand l'enquête sur les noyades a été refaite, 3 ans après la précédente, en 2015, 84 % d'augmentation chez les moins de 6 ans, des accidents en piscine individuelle, c'est énorme, 400 noyades d'enfants de moins de 6 ans, et pourquoi ? Parce que la natation à l'école eh bien ça commence à partir de 6 ans, parce que les parents on leur a donné des messages sécuritaires, en leur disant : il faut mettre des brassards, des frites à vos enfants quand vous allez en piscine…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des bouées.
ROXANA MARACINEANU
Des bouées. Et je crois que la meilleure des préventions et des précautions que l'on peut prendre, c'est que les enfants soient à l'aise dans l'eau, dès le plus jeune âge, et en natation on a cet avantage-là, que les enfants peuvent commencer à prendre à partir du moment où ils sortent du ventre de la mère, à partir de l'âge de 4 mois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tous les enfants de maternelle, en France, vont être, comment dire, familiarisés avec l'eau ?
ROXANA MARACINEANU
Ils vont être à l'aise dans l'eau…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A l'aise dans l'eau ?
ROXANA MARACINEANU
A l'aise dans l'eau ça veut dire être en capacité d'utiliser tout l'espace qu'on vous propose, toute la piscine qui est là…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, mais Roxana MARACINEANU, c'est très difficile pour un enfant, dans beaucoup de villes, dans beaucoup de quartiers, les piscines sont souvent loin, il faut faire, je ne sais pas moi, 20 minutes de transports en commun pour aller à la piscine, comment allez-vous faire ?
ROXANA MARACINEANU
C'est très simple, parce que l'enfant sort du ventre de la mère où il était déjà dans l'eau. Ce qu'il faut c'est effectivement que les parents s'autorisent eux-mêmes à faire les premiers gestes avec l'enfant, qu'il soit informé que c'est essentiel. Effectivement, il y a des familles qui n'ont pas l'habitude d'aller à la piscine, et c'est pour ça qu'il faut qu'on le fasse dans le cadre de l'école, à partir de 3 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment allez-vous faire, comment allez-vous organiser ça ? Tous les enfants de maternelle iront à la piscine ?
ROXANA MARACINEANU
J'ai un objectif, avec Jean-Michel BLANQUER d'avancer cet âge-là. Evidemment, on va le faire de manière expérimentale, parce qu'on ne peut pas passer d'une organisation qui existe déjà, qui cible les enfants de 6 à 12 ans, qui remplissent les piscines avec ces enfants-là, à une autre organisation, où justement c'est les petits qui y vont. Donc, on va y aller progressivement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, expérimentation, où, comment, dans quel cadre ?
ROXANA MARACINEANU
Sur les territoires qui sont les plus touchés aujourd'hui par les noyades. Il y a des régions en France où il y a seulement 30 % d'enfants qui savent nager quand ils rentrent en 6ème, ça veut dire à 10 ans, et ça c'est dangereux aujourd'hui. Donc...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais c'est dangereux, mais alors quels sont les territoires qui vont servir d'expérimentation ?
ROXANA MARACINEANU
Ces territoires vont se proposer pour partir avec nous dans l'aventure, et on va avancer cet âge-là, on va avancer cette obligation de l'école de leur donner cet enseignement, et dans l'école, on va travailler en alliance éducative, c'est-à-dire avec les éducateurs qui viennent des associations de natation, et également avec les maîtres nageurs, les professionnels, tous ensembles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, mais moi je suis, j'aime le concret, vous ne me connaissez pas Roxana MARACINEANU, j'aime le concret.
ROXANA MARACINEANU
Moi aussi, ça tombe bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien vous aussi, alors combien d'enfants vont être concernés par l'expérimentation qui débutera quand, dites-moi ?
ROXANA MARACINEANU
Ça va débuter au mois de septembre, là, on va lancer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, à la rentrée.
ROXANA MARACINEANU
... un appel à projets, avec un cahier des charges qu'on est en train de mettre en place, et de tous les territoires qui vont se positionner là-dessus, on va aller, on va mettre ça en place avec…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien d'enfants vont être concernés dans un premier temps ?
ROXANA MARACINEANU
Je vais vous le dire quand on va recevoir des réponses, puisqu'en fait ce n'est pas moi qui décide, c'est les gens qui se proposent, sur tout le territoire, et qui disent : nous on est partant pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les gens, c'est-à-dire ? Les parents, les écoles ?
ROXANA MARACINEANU
Les écoles, les collectivités, qui vont dire : chez nous c'est un gros problème. Et nous on a envie de parler aux parents, parce que comme vous, moi j'aime les choses vraies, claires, et il faut que les parents sachent qu'ils peuvent s'investir sur ce projet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien d'heures par semaine ? Combien d'heures de notation par semaine ?
ROXANA MARACINEANU
Alors, ce sont des apprentissages massés, c'est ça qui est nouveau, ça veut dire que tous les jours…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, apprentissage massé, ça c'est un jargon un peu administratif.
ROXANA MARACINEANU
Ça veut dire qu'on va les densifier, ça veut dire que chaque jour les enfants iront à la piscine, pendant une semaine ou 15 jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Chaque jour ?
ROXANA MARACINEANU
Tous les jours. Là, aujourd'hui, on est en train de faire une expérimentation avec une classe, dans le VIIème arrondissement à Paris, où les enfants viennent deux fois par jour, dans une piscine, dans un bassin scolaire, ils passent 30 minutes dans l'eau, et à la fin de la semaine on va regarder les progrès qu'ils ont fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Encore faut-il qu'il y ait une piscine à proximité.
ROXANA MARACINEANU
Oui, mais on n'a pas besoin de grande piscine à 15 millions pour faire ça, on a besoin de petites piscines, qui ne coûtent pas cher, des petits bassins, ça peut même être…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en construire ?
ROXANA MARACINEANU
... des bassins mobiles qu'on va installer sur les plages l'été, des tout petits bassins, de 8 par 15, on va pouvoir initier les enfants à ce qu'ils apprennent à flotter, qu'ils traversent en grande profondeur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va y avoir un grand plan de constructions de piscine, ou je ne sais pas.
ROXANA MARACINEANU
Il y a un plan de rénovation de piscines, j'ai eu 15 millions d'euro en amendements quand je suis arrivée, et tout ça, ça va être dédié à tous les petits bassins d'apprentissage qui vont être rouverts et installés sur le territoire pour ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Votre objectif : tous les enfants de maternelle en piscine quand ?
ROXANA MARACINEANU
Dès la rentrée, pas 100 % tous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais une partie, pas tous, mais 100% quand ? Vous avez un objectif
ROXANA MARACINEANU
Quand on y arrivera.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non mais « quand on y arrivera », ça veut dire quoi ?
ROXANA MARACINEANU
On va lancer la machine, on va lancer la dynamique, et ce sera déjà une grande grande révolution de dire que les enfants à 4 ans, ils peuvent travailler en grande profondeur tout seul.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, votre objectif, tous les enfants de France, maternelle, en piscine, quand ? Vous n'avez pas le chiffre. Vous ne savez pas.
ROXANA MARACINEANU
Alors c'est une date que vous voulez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une date, c'est un objectif que vous avez.
ROXANA MARACINEANU
Oui, bien sûr, et mon objectif c'est d'atteindre 100 %, dès que possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, dès que possible. Voyez, ça je n'aime pas trop quand c'est dès que possible. Non, Roxana MARACINEANU…
ROXANA MARACINEANU
Mais vous savez, c'est une vraie révolution d'emmener les enfants à 4 ans dans l'eau et pour qu'ils traversent en grande profondeur tout seul, je pense que c'est une bonne solution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, est-il vrai que vous préparez une licence universelle ?
ROXANA MARACINEANU
Alors, je ne sais pas ce que vous entendez par licence universelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire pour faire du sport, pour pratiquer le sport. J'aurai une licence et je pourrai pratiquer n'importe quel sport.
ROXANA MARACINEANU
Alors, aujourd'hui les licences existent fédé par fédé, universelle, ça pourrait vouloir dire la même pour tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Fédé par fédé, oui. Voilà.
ROXANA MARACINEANU
Alors ça, ce n'est pas possible, parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas possible. Bon.
ROXANA MARACINEANU
Ça voudrait dire un monopole sur les fédérations. Nous, aujourd'hui ce qu'on veut faire avec l'Agence nationale, avec le fait de donner plus de responsabilités aux fédérations, c'est justement de les laisser se développer, en concurrence aussi entre elles, dans le respect des règles, et effectivement passer à une licence sociale, c'est peut-être de ça que vous voulez parler…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
ROXANA MARACINEANU
Ça c'est important pour nous, parce que permettre l'accès à tous et notamment aux publics les moins aisés et les plus fragiles, à pratiquer un sport, c'est un chantier que je vais mettre sur la table de l'Agence nationale du sport, là, maintenant, dès qu'elle va être créée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les conseillers techniques sportifs ne seront plus des fonctionnaires, des agents de l'Etat ? Ils seront payés par les fédérations ou pas ?
ROXANA MARACINEANU
Justement, on a envie de leur donner également la possibilité de gérer leurs ressources humaines, à ces fédérations, on va leur donner plus d'argent, plus de responsabilités, pour qu'ils développent des projets de territoires et que ces fédérations s'investissent avec nous pour que tout le monde ait accès à la pratique partout et dans tous les quartiers aussi où les gens ne peuvent pas forcément accéder au sport, et pour ça elles vont recevoir plus d'argent. Et l'on pense qu'elles vont pouvoir atteindre leurs objectifs, à condition qu'elles puissent avoir la main sur leurs ressources humaines. Les CTS aujourd'hui font partie historiquement de leurs ressources humaines, c'est auprès des fédérations que ces agents de l'Etat étaient, exerçaient leur profession…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous confirmez bien qu'ils vont perdre leur statut de fonctionnaire.
ROXANA MARACINEANU
Et aujourd'hui, c'est les fédérations qui vont pouvoir les payer, avec je l'espère une compensation de l'Etat, que je suis aujourd'hui en train de négocier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Donc ils perdront leur statut de fonctionnaire, on est bien d'accord.
ROXANA MARACINEANU
Ils ne vont pas perdre leur statut de fonctionnaire, parce qu'un fonctionnaire ne peut pas perdre son statut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est vrai, c'est vrai. Mais quand même, ils ne sont plus payés par l'Etat, mais par les fédérations.
ROXANA MARACINEANU
Ils seront payés par les fédérations, avec une compensation de l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ne sont pas contents, vous avez vu, ils ne sont pas contents. Bon, la lutte contre l'homophobie le racisme dans le sport. Je voudrais en parler, parce qu'il y a eu cet incident grave, c'était vendredi dernier à Dijon, le match Dijon –Amiens, Prince GOUANO, qui est le capitaine d'Amiens, s'arrête de jouer. Pourquoi ? Eh bien parce que descendent des tribunes des insultes racistes. Et l'imitation d'un singe Est-ce que l'arbitre aurait dû interrompre définitivement le match ? Franchement.
ROXANA MARACINEANU
Alors, déjà il l'a interrompu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il l'a interrompu quelques minutes.
ROXANA MARACINEANU
C'est très bien ? Et ce qui est très bien, c'est que Prince GOUANO ait réagi et qu'il soit allé voir les supporters…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et intelligemment, il a été formidable.
ROXANA MARACINEANU
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, mais…
ROXANA MARACINEANU
Moi je suis contente qu'on aille dans ce sens-là, et puis derrière, si le match reprend et que ça continue, évidemment, c'est marqué un dans la réglementation, on arrête le match. Et puis si ça reprend, on l'arrête définitivement et on le joue à huis clos. C'est des réglementations qui existent, mais aujourd'hui il faut les appliquer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce qu'on devrait interrompre définitivement un match dès qu'il y a insultes racistes ou homophobes ?
ROXANA MARACINEANU
Il faut l'interrompre, il y a un règlement. Si ça reprend et que les gens ne comprennent pas en face, on l'arrête définitivement, et si ça reprend on le joue à huis clos. C'est ça la réglementation. Aujourd'hui, il faut qu'on se batte pour que toute la loi qui existe en France, les réglementations qui existent dans les fédés et les ligues, elles soient tout simplement appliquées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Appliquées. Alors même chose pour les propos homophobes.
ROXANA MARACINEANU
Même chose. Il est interdit dans notre société d'avoir à l'encontre d'une personne homosexuelle ou pas d'ailleurs un propos homophobe. Donc je ne vois pas pourquoi ça se ferait dans les stades.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Alors les chants homophobes, ça fait malheureusement bien longtemps qu'on en entend dans les stades. Des chants homophobes, des propos homophobes. E je vois Noël LE GRAET qui s'est adressé à vous et qui a dit : « Vous n'avez pas l'habitude de venir au stade. C'est vrai que dans les piscines, on n'entend pas ce qui se dit. »
ROXANA MARACINEANU
Oui, et j'ai pu lui dire que justement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez vu. Qu'est-ce que vous lui avez répondu ?
ROXANA MARACINEANU
J'ai pu lui dire hier que justement, puisque je l'ai rencontré, je lui ai dit : « Ecoutez, vous qui êtes dans les stades depuis longtemps, je suis sûre que vous êtes d'accord avec moi puisque ça vous a choqué aussi. » Il m'a dit oui et on est parti pour travailler ensemble avec Nathalie BOY DE LA TOUR sur ce que j'ai dit tout à l'heure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Présidente de la Ligue de football professionnel.
ROXANA MARACINEANU
Faire respecter les règlements qui existent aujourd'hui et travailler ensemble sur de la prévention. Parce que tout ça, on a envie de le faire pour les supporters parce que les supporters c'est important pour nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce qu'un match doit être systématiquement interrompu définitivement s'il y a propos homophobes, chants homophobes ou propos racistes ?
ROXANA MARACINEANU
L'homophobie, j'ai insisté pour que ce soit mentionné comme le racisme dans ce règlement qui existe aujourd'hui à la Ligue. Ça le sera. Et derrière, je crois qu'il faut vraiment qu'on fasse prendre conscience aux supporters qu'aujourd'hui il faut qu'ils soient responsables de ce qu'ils font. Parce qu'aujourd'hui, on a envie de parler de leurs droits. De leurs droits à se déplacer, de leurs droits à encourager avec des fumigènes adaptés. On a envie qu'ils soient sur des tribunes debout à encourager parce qu'on a besoin des supporters dans les stades. Et on est à quatre ans des Jeux et on ne peut pas ne pas parler de ce douzième homme du match dont on a besoin. Mais pour qu'on puisse en parler, il faut aussi qu'on montre qu'on peut être l'exemple pour nos enfants qui vont venir de plus en plus dans les stades.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi dites-vous qu'il y a trop d'argent dans le football professionnel ?
ROXANA MARACINEANU
J'ai dit ça moi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous avez dit ça.
ROXANA MARACINEANU
Quand ça ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le pensez ou pas ?
ROXANA MARACINEANU
Je ne pense pas qu'il y a trop d'argent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas trop d'argent ?
ROXANA MARACINEANU
Il y a l'argent qu'il faut pour que ces joueurs aujourd'hui existent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les droits télé sont trop élevés.
ROXANA MARACINEANU
Oui. Mais vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le pensez, vous l'avez dit.
ROXANA MARACINEANU
Vous savez, le football c'est le sport qui passe le plus à la télé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Trop ?
ROXANA MARACINEANU
C'est ce que mon mari adore regarder.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a un trop grand déséquilibre ?
ROXANA MARACINEANU
Entre quoi et quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Entre le foot… Trop de présence du foot et les autres sports.
ROXANA MARACINEANU
Mais vous savez, nous l'Etat on est là pour rétablir l'équilibre. Aujourd'hui, il y a une taxe sur les droits télé, il y a une redistribution. Elle ne satisfait peut-être pas tout le monde aujourd'hui telle qu'elle est faite. Il y a une redistribution entre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Insuffisante redistribution ?
ROXANA MARACINEANU
Entre le monde professionnel du foot et le monde amateur, et ça c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Insuffisante redistribution ou ça va ?
ROXANA MARACINEANU
Aujourd'hui, il y a une redistribution. Il faut qu'elle continue à exister…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Insuffisante ou pas ?
ROXANA MARACINEANU
Et moi je me battrai pour qu'elle continue à exister.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Insuffisante ou pas ?
ROXANA MARACINEANU
Je me battrai pour qu'elle continue à exister comme l'a été…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Mais je suis persuadé que vous pensez qu'elle est insuffisante.
ROXANA MARACINEANU
Comme elle a été initiée au départ. On a besoin pour les Jeux olympiques de Paris, on a besoin de moyens pour le sport français. Ce n'est pas moi qui vais vous dire le contraire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que le sport professionnel doit aider plus le sport amateur.
ROXANA MARACINEANU
Il doit continuer à l'aider et l'aider plus. Oui, pourquoi pas ? Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, l'aider plus.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc redistribuer plus.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. C'est ce que vous allez faire ? Vous allez faire en sorte que le sport professionnel redistribue plus.
ROXANA MARACINEANU
De convaincre le sport professionnel qu'il n'est pas tout seul et qu'il ne peut pas exister sans le sport amateur. Mais c'est valable en football comme dans les autres sports professionnels : le rugby, le hand, le basket. Mais je sais que toutes ces ligues professionnelles le savent parce que tous ces joueurs, ils savent d'où ils viennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A propos de football professionnel, il y aura quatre matchs le 5 mai. C'est l'anniversaire du drame de Furiani. Est-ce qu'il faut supprimer tout match de football professionnel ce jour-là, le 5 mai, à cette date-là ?
ROXANA MARACINEANU
C'est un drame, c'était un vrai drame ce jour-là, le 5 mai. Après, voilà, je pense…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous vous souvenez. Enfin, vous savez de quoi il s'agit.
ROXANA MARACINEANU
Je sais de quoi il s'agit, oui. Des tribunes qui s'effondrent, des gens qui meurent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Est-ce qu'il faut interdire tout match de football ce jour-là ? Plus de match le 5 mai ?
ROXANA MARACINEANU
Je n'ai pas forcément d'avis sur la question. Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Coupe du monde de football, la Coupe du monde féminine, ça marche. 7 juin-7 juillet, 720 000 billets déjà vendus.
ROXANA MARACINEANU
Ça marche bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quel succès !
ROXANA MARACINEANU
Ça marche très bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, c'est formidable.
ROXANA MARACINEANU
Ça marche très bien et je suis heureuse parce qu'on va découvrir ce qu'est le football féminin en France. Le foot c'est aussi pour les filles et puis je suis sûre que nos filles, elles peuvent faire un super résultat et emporter l'adhésion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le foot, c'est aussi pour les filles mais le sport c'est aussi pour les filles. Et parfois dans certains sports, il y a des problèmes qui sont de plus en plus fréquents. La radicalisation où on empêche dans certains sports les garçons, par exemple, de lutter contre les filles. Je parle de la lutte, des clubs de lutte par exemple. Ça existe, vous le savez que ça existe. Comment prévenir cette radicalisation dans le sport ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a aujourd'hui une action très forte. On a eu un comité interministériel jeudi à Strasbourg, jeudi dernier là-dessus. Et le Premier ministre a pris le sport comme exemple parce que c'est le prochain chantier, je pense, de la radicalisation. On a aujourd'hui des personnes partout dans les fédérations, dans nos services déconcentrés, dans nos établissements les INSEP, les CREPS qui veillent à justement toute forme de radicalisation qui pourrait être transmise et transmissible par le sport. C'est vrai qu'il y a parfois… On est mis en première ligne parce que parfois le sport peut être détourné pour la cause justement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
ROXANA MARACINEANU
Et il faut qu'on y veille. Il faut qu'on y veille ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais « il faut, il faut, il faut » : comment faire ?
ROXANA MARACINEANU
On regarde, on contrôle. C'est aussi le rôle du ministère des Sports de surveiller toutes ces choses-là et aussi de donner les clés, je crois, aux éducateurs de parler de laïcité, qu'est-ce que c'est la laïcité, le respect de la laïcité lorsqu'on est dans un club sportif. Parce que ce n'est pas aussi évident qu'à l'école. A l'école, on sait, il y a une loi. Dans le sport aujourd'hui, on a un guide des bonnes pratiques dans ce domaine-là, mais surtout on a des éducateurs et ces éducateurs ils ont des valeurs, et c'est ça qui fait les valeurs du sport. Donc il faut qu'on veille aux valeurs de nos éducateurs aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a des fichés S qui encadrent les jeunes parfois. Ça peut arriver.
ROXANA MARACINEANU
Non, ça ne peut pas arriver parce qu'aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est arrivé.
ROXANA MARACINEANU
Aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est arrivé il n'y a pas si longtemps…
ROXANA MARACINEANU
Parce qu'aujourd'hui tous les éducateurs qui encadrent nos jeunes sont… On contrôle leur habilité et d'ailleurs on veut même aller…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En région parisienne.
ROXANA MARACINEANU
On veut même aller vers le contrôle des bénévoles parce que c'est ça le problème.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux entraîneurs d'un club de football de la région parisienne qui étaient fichés S.
ROXANA MARACINEANU
Quand ce sont des bénévoles qui encadrent, qui ne sont pas diplômés d'Etat, qui n'ont pas le diplôme pour pouvoir encadrer et être rémunéré pour ça et qu'ils encadrent en illégalité, eh bien c'est pour ça qu'on peut avoir des dérives. C'est aussi pour ça qu'il est important de légaliser des sports aujourd'hui qui ne le sont. Je pense au MMA.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et même vous voulez légaliser le MMA, absolument.
ROXANA MARACINEANU
Parce qu'il faut qu'on puisse avoir un moyen de contrôler ce qui se passe dans ces sports où, effectivement, il peut y avoir des dérives.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La boxeuse Sadaf KHADEM, qui est Iranienne et qui est venue combattre pour la première fois en France pour son premier combat de boxe en France, c'était la semaine dernière, ne peut pas retourner en Iran. Vous suivez j'imagine de prêt…
ROXANA MARACINEANU
C'est une affaire qu'on suit avec Mahyar MONSHIPOUR qui l'a emmenée ici, qui l'entraîne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui a la double nationalité franco-iranienne.
ROXANA MARACINEANU
Et, voilà, cette fille est venue boxer en toute légalité. Elle avait son visa ; elle a boxé comme on peut boxer en France donc elle n'a enfreint aucune loi chez nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est sous le coup d'un mandat d'arrêt en Iran.
ROXANA MARACINEANU
Exactement. Donc aujourd'hui, on suit cette affaire de près.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment allez-vous faire ?
ROXANA MARACINEANU
On suit l'affaire. Je vous dirai. Quand on aura décidé de ce qu'on va faire, je reviendrai vous voir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Ça, c'est dit. Ça, c'est une bonne formule. Elle risque d'être arrêtée en Iran.
ROXANA MARACINEANU
C'est pour ça qu'elle en France aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est pour ça qu'elle est en France et qu'elle y restera pour l'instant.
ROXANA MARACINEANU
C'est pour ça qu'elle est en France aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dernière chose : vous regrettez que Clémence CALVIN ait pu courir le marathon de Paris dimanche dernier ?
ROXANA MARACINEANU
Je regrette surtout qu'elle ait refusé de faire le contrôle. Parce qu'aujourd'hui, il n'y a aucune raison et je n'en connais pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Contrôle antidopage.
ROXANA MARACINEANU
J'ai été sportive de haut niveau. Quand on vient vous présenter la carte du contrôleur et qu'on vous dit : « Venez vous soumettre au contrôle », on sait quand on est un sportif de haut niveau qu'on doit en passer par-là pour montrer que ce qu'on fait c'est propre, qu'on ne triche pas et surtout de pas jeter l'opprobre aussi sur tous les autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez prendre une initiative ?
ROXANA MARACINEANU
C'est l'AFLD qui va prendre l'initiative. C'est aujourd'hui un organisme indépendant et c'est à elle, c'est à l'AFLD de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous souhaitez ?
ROXANA MARACINEANU
Je souhaite que la lumière soit faite sur cette affaire de toute façon et que Clémence, que j'ai pu rencontrer dès que je suis arrivée… C'est elle que j'ai rencontrée et j'étais très triste d'apprendre qu'elle a refusé un contrôle. Donc il faut que la lumière soit faite sur cette affaire évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Roxana MARACINEANU. Merci d'être venue nous voir ce matin.
ROXANA MARACINEANU
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 avril 2019