Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Amélie de MONTCHALIN, bonjour.
AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes secrétaire d'Etat en charge des Affaires européennes. Hier, dimanche il y a eu le vote dans les 28 pays de l'Union, hier réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de 28, ils étaient tous ensemble pour préparer les futurs choix, pour préparer quoi ? La présidence de l'Union européenne, la présidence du Conseil européen…
AMELIE DE MONTCHALIN
De la Commission.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De la Commission, oui. Oui enfin bon.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il n'y a pas de président de l'Union encore.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est vrai, oui c'est pareil, quoi, un président de l'Union européenne…
AMELIE DE MONTCHALIN
Sinon c'est un Etat fédéral, mais on n'est pas un Etat fédéral.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est vrai, c'est vrai, présidence du Parlement européen et qui à la tête de la Banque centrale européenne, qui à la tête de la diplomatie européenne, Amélie de MONTCHALIN. Alors, alors quelle est la position de la France, d'Emmanuel MACRON ?
AMELIE DE MONTCHALIN
La France considère que nous sommes un moment de vérité européen, et qu'il nous faut absolument respecter ce qui sort des urnes c'est quand même la base de tout projet démocratique, c'est de respecter ce qui sort des urnes. Ve qui sort des urnes, c'est que pour la première fois depuis 1979, on n'a pas la gauche et la droite, on n'a pas le fameux PPE contre ou avec les socialistes, on a au centre deux grandes forces qui ont beaucoup augmenté leur influence, la force on dit libérale mais à elles deux, mais surtout Renaissance, un pôle centriste qui a aujourd'hui une centaine de députés, et puis on a les Verts, et que dans cette configuration-là la France dit d'abord : il faut qu'on regarde le projet, l'ambition, la dynamique qu'on veut créer en Europe, les résultats qu'on va porter aux européens, et que sur la base de ce projet, de cet agenda stratégique, eh bien nous choisissions à personne. Si on continue de faire des petits arrangements entre amis, dans les couloirs, on se dit : voilà, on est d'accord sur rien, mais on se met d'accord sur l'essentiel, qui était à l'époque le bonhomme qu'on met à la tête de la Commission européenne ou la femme qu'on met à de la Commission européenne, et comme ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y en a jamais eu.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il n'y en a jamais eu, et comme ça pendant 5 ans au fond on s'arrange pour que ça avance mais pas trop vite et qu'on reste sur les choses, un peu comme en cohabitation, sur des choses qui sont consensuelles, eh bien l'Europe continuera de faire ce qu'elle a fait depuis des années, c'est-à-dire faire des choses mais pas assez pour que les citoyens y croient et que du coup on puisse vraiment combat les eurosceptiques sur un sujet qui sont les résultats. Nous, ce qu'on veut, c'est avoir une équipe de gens compétents, de gens crédibles, de gens qui puissent incarner l'Europe et qui donc puissent permettre aux citoyens européens de se dire : dans 2 ans, dans 5 ans, quand on revote, il s'est passé quelque chose. Il s'est passé quelque chose dimanche…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'ai une question claire…
AMELIE DE MONTCHALIN
... et donc il faut qu'on continue, qu'on puisse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes opposé à la candidature de Manfred WEBER, le candidat allemand de la CDU, soutenu par Angela MERKEL à la tête de la Commission européenne ? Oui ou non ?
AMELIE DE MONTCHALIN
On est opposé au fait que ce soit automatique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous êtes opposés à la candidature de monsieur WEBER.
AMELIE DE MONTCHALIN
On est opposé au fait que sous prétexte qu'il représente le PPE qui a le plus de députés au Parlement européen, alors par miracle ils deviennent présidents.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous êtes préposée à la candidature de monsieur WEBER.
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, je ne suis pas opposée par principe à monsieur WEBER, je suis opposée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas à monsieur WEBER…
AMELIE DE MONTCHALIN
Je suis opposée au principe qui est que le parti qui arriverait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la France ne le soutiendra pas.
AMELIE DE MONTCHALIN
Nous soutenons aujourd'hui le fait qu'il y ait un processus très clair : le Parlement réfléchi à ce qu'il veut faire, les Conseillers européens réfléchissent à son agenda stratégique, monsieur TUSK, le président du Conseil européen a reçu un mandat hier soir pour voir si déjà est-ce que les deux feuilles de route sont cohérentes, est-ce que le Parlement veut faire un truc très très différent du Conseil, dans ce cas-là on a un problème, mais donc comment ... sur le fond, sur le contenu, sur le projet on se met d'accord, et ensuite quelles sont les bonnes personnes. Là on est opposé, c'est qu'on avait dit : si on a des listes transnationales, c'est-à-dire que si monsieur WEBER avait fait campagne dans toute l'Europe, s'il avait pu se présenter en disant voilà : moi je veux être président Commission, voilà l'équipe de tous les pays que je mets avec moi, et dans ce cas c'est démocratique, mais là qui connaît en France monsieur WEBER ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai compris. Ça veut dire que vous ne soutiendrez pas monsieur WEBER, on est bien d'accord.
AMELIE DE MONTCHALIN
En tout cas ce qu'on n'a pas soutenu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes en opposition avec Angela MERKEL. On est bien d'accord.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce qu'on n'a pas soutenu, et effectivement c'est un point de méthode sur lequel on est en désaccord, c'est qu'on n'a pas soutenu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a un désaccord entre la France et l'Allemagne sur ce point.
AMELIE DE MONTCHALIN
Sur la méthode qui est de dire : ce n'est pas parce que le PPE a le plus de sièges qu'il doit dès hier soir devenir président de la Commission. Peut-être qu'à la fin on se rendra compte que c'est la solution qui s'impose, mais on veut d'abord avoir fait ce travail, et je pense qu'on le doit aux Français, on veut d'abord avoir fait ce travail très précis de projet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai compris le travail. Alors, dans le cadre de ce projet, pardon Amélie de MONTCHALIN, mais que les choses soient claires, que chacun puisse comprendre…
AMELIE DE MONTCHALIN
Soyons très clairs, et je pense qu'on doit aux Français cette clarté et que peut-être sur l'Europe depuis trop d'années…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On n'a jamais été suffisamment clairs.
AMELIE DE MONTCHALIN
... on a eu ces arrangements, dont je vous dis, dans les couloirs, qui ne sont pas démocratiques et qui font monter les extrêmes, parce que les Français ne comprennent pas comment leur vote se transforme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, je regarde. Le candidat automatique des Allemands c'est monsieur WEBER, vous ne voulez pas de cette automaticité de candidature.
AMELIE DE MONTCHALIN
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne voulez pas de monsieur WEBER…
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, je ne veux pas de l'automaticité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, enfin c'est pareil. Vous avez trois candidats possibles, trois, la Danoise Margrethe VESTAGER, on est bien d'accord, Franz ZIMMERMANN, on est bien d'accord…
AMELIE DE MONTCHALIN
Pour les socialistes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Social-démocrate, et Michel BARNIER.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce sont des candidats mais il y a d'autres noms. Je peux vous dire madame GEORGIEVA de Bulgarie c'est un autre nom, je peux vous donner plein de noms d'autres gens qui pourraient être…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais enfin ces trois-là me paraissent bien placés.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ils sont effectivement des gens dont on discute, mais je vous dis, il y a d'autres noms qui sont aussi discutés, et comme l'a dit le président hier, il y a bien quatre postes aussi sur lesquels il faudra qu'on trouve une parité homme femme, une représentativité de la diversité politique, ça tombe bien, on a 4 quatre groupes au Parlement, on a quatre postes, on a aujourd'hui des pays de l'Est et les pays de l'Ouest qui ont tous, on le voit, sauf à quelques exceptions près, porté le combat écologique très très haut dans les priorités et beaucoup plus haut que ce qu'on pensait. Donc on a des choses sur lesquelles on peut construire. Qu'est-ce qu'on veut faire nous en Europe ? On veut que sur le climat on avance. Ça tombe bien, on a une force verte au Parlement très forte, ça nous fait un bon aiguillon, ça va nous permettre que ce qu'on a commencé à construire notamment au sommet de Sibiu, d'avoir neuf pays et puis maintenant avec l'Allemagne une coalition pour dire quand on retourne à l'ONU en septembre, l'Europe peut porter une voix forte que la mission climatique, on y travaille. On veut travailler sur la protection, les frontières, la défense, ça aussi ça demande des gens, vous voyez, qui ont l'expérience, qui peuvent agréger et aujourd'hui on a les points de vue différents, donc on a besoin de gens qui ont une vraie force intégrée et puis on doit travailler sur le modèle social et le modèle économique, qu'est-ce que ça veut dire une Europe sociale, qu'est-ce que ça veut dire un salaire plancher en Europe ? Qu'est-ce que ça veut dire des cotisations sociales après le travail détaché qui soit aussi payées dans le pays où on travaille etc. etc. Bref, on doit faire des choses concrètes, et les Européens, voyez en France, on parle beaucoup du Rassemblement national, mais la coalition pro-européenne, elle est largement en tête, et donc on doit aux citoyens qui ont fait confiance à l'Europe, des résultats, et pour des résultats il faut qu'on ait des gens compétents, et les gens dont on parle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Amélie de MONTCHALIN, je termine avec monsieur WEBER, je termine, dernier, parce que vraiment, non parce que on a tellement vanté le couple franco-allemand qu'il y a dissensions dans le couple sur cette question précise…
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais vous savez que les Espagnols ne sont pas tellement pour, les Portugais ne sont pas tellement pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que... Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la France mettra son veto ? Peut mettre son veto ou pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Aujourd'hui d'abord la France n'est pas du tout toute seule, il y a beaucoup d'autres…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais est-ce que la France, mais répondez-moi ! Mais pourquoi vous ne me répondez pas ? Oui la France peut mettre son veto.
AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord techniquement on peut mettre notre veto, mais la France n'a aucune envie de dire à ses partenaires : à la fin on bloque le système et on n'a pas de président. Ce qu'on veut c'est trouver une méthode. Et donc ce qu'on a décidé hier, de manière très apaisée, c'est que monsieur TUSK propose le 20 juin au Parlement, une espèce de vision de ce qu'il aura entendu d'un capital, ce qu'il aura entendu du Parlement, il va faire une espèce de consultation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va proposer des candidats, non, monsieur TUSK.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il va proposer des candidats, en disant, au vu de ce que je vous ai entendu dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais chacun va voter sur ces candidats.
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, en général au Conseil européen il n'y a pas un vote, en général on travaille par consensus et donc on espère pouvoir continuer à le faire. Ce sont des moments difficiles. Pourquoi c'est difficile ? Eh bien parce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais si l'Allemagne met son veto d'un côté et la France de l'autre, tout risque d'être bloqué.
AMELIE DE MONTCHALIN
Oui mais vous savez, on n'est pas le Conseil de sécurité de l'ONU, où on travaille par veto, on travaille par compromis, et donc ça prend un peu de temps, mais je pense que pour les 500 millions de citoyens européens on leur doit ces quelques semaines où on va travailler activement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc la France ne mettra jamais son veto.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce n'est pas l'ambition du président. Le président il veut rassembler. Il a aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas l'ambition, mais vous écartez toute idée de mettre un veto.
AMELIE DE MONTCHALIN
Non mais on n'écarte pas l'idée de mettre un veto, c'est dans les traités, on a le droit de le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, mais je sais c'est pour ça que je vous en parle.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais aujourd'hui je peux vous parler, on a les Portugais, les Espagnols, les pays du Benelux en grande partie, qui soutiennent cette id��e qu'on ne peut pas revenir au Parlement européen, à la Commission, comme si rien ne s'était passé. La participation a été élevée, les Européennes nous ont dit : l'Europe nous intéresse, en négatif ou en positif mais ça nous intéresse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et que disent les souverainistes et les nationalistes, les populistes qui ont été élus ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ils étaient à la conférence des présidents hier, je ne crois pas qu'ils n'ont pas participé spécialement aux discussions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils n'ont pas de candidat, eux ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Je crois qu'ils n'ont pas de candidat, en tout cas ils n'ont pas exprimé dans les cercles de discussions une proposition qui puisse réunir la double majorité du Conseil européen et du Parlement européen.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Amélie de MONTCHALIN, il y a une nouveauté depuis dimanche, c'est qu'il n'y a plus de majorité au Parlement européen, avec deux partis…
AMELIE DE MONTCHALIN
Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
... les conservateurs et les sociaux-démocrates.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et ça c'est la bonne nouvelle, ça veut .dire qu'on va pouvoir négocier et faire des choses en ayant justement cette culture du compromis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que...Est-ce que vous allez travailler avec les Verts au Parlement européen ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez travailler avec les sociaux-démocrates au Parlement européen ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le Parlement européen c'est un endroit où on doit faire du compromis avec deux difficultés : c'est qu'on est très différent dans nos pays et on est très différent politiquement. Le Parlement personne ça n'a rien à voir avec l'Assemblée nationale. En permanence on travaille avec les uns, avec les autres. On prend un thème : la Banque Européenne du climat, ça intéresse les socio-démocrates, ça intéresse les Verts, le plan Juncker, où on en a beaucoup parlé, qui a permis d'investir en Europe, vous savez que c'est une idée des socio-démocrates au départ, ce n'est pas l'idée de monsieur JUNCKER, il a mis son nom dessus parce qu'il a trouvé que c'était une bonne idée. Donc c'est un lieu où bien sûr que sur de nombreux sujets on travaillera avec les Verts, et puis sur d'autres sujets on ne sera peut-être pas d'accord, mais ce qu'il faut c'est qu'il y ait non seulement une majorité des Etats et ça c'est mon travail de pouvoir aider les ministres thématiquement à avoir des alliés, à avoir, par le réseau diplomatique, des alliances, des majorités, au niveau des Etats, du Conseil des ministres et puis ensuite il faut que cette majorité reste au Parlement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Brexit le 31 octobre, là c'est fini, il n'y a plus de renégociation possible, plus d'accords nouveaux, je ne sais pas.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce qui est sûr, c'est que c'est ce qu'on a décidé le 10 avril et on est bien conscient qu'aujourd'hui il y a un coût économique, un coût politique collectif, et pour les Britanniques et pour les Européens, très fort, à cette situation d'incertitude.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y aura aucune renégociation de l'accord ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Michel BARNIER a été très clair, il y a des choses sur lesquelles on peut discuter, c'est les termes d'objectifs futurs de comment on aimerait la proposition, une fois le divorce passé, qu'est-ce qu'on pose comme base pour le début de la négociation sur la relation future, mais sur l'accord de divorce, on a des lignes rouges très claires, notamment on a le fait qu'il faut qu'on protège les Irlandais, c'est extrêmement important qu'on ne leur mette pas une frontière si on ne sait pas gérer cette frontière. Parce qu'on voit que c'est un problème même de sécurité et de stabilité de la région. On a aussi un autre principe c'est que ce n'est pas à la carte, vous ne pouvez pas avoir la libre circulation des biens et puis vous dire que sur les personnes par contre vous mettez des frontières. Donc on a des principes et donc le nouveau Premier ministre ou la nouvelle Premier ministre britannique aura effectivement eh bien à assumer la suite d'un processus qui a été bloqué aujourd'hui, on peut le dire, pour des raisons très partisane, le dialogue transpartisan au Royaume-Uni est très difficile et on pense quand même qu'il faut qu'il y ait une majorité qui se dégage, c'est quand même les Britanniques qui ont choisi démocratiquement de lancer le processus, c'est à eux de le conclure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Amélie de MONTCHALIN. GENERAL ELECTRIC, voilà une entreprise qui nous avait promis d'embaucher 1 000 personnes. 1 000 emplois. Et voilà une entreprise qui supprime 1 000 emplois, qui va payer 50 millions d'euros, qui a déjà même payé 50 millions d'euros d'amende, c'était dans l'accord, on est bien d'accord. L'Etat va abonder jusqu'à hauteur de 50 millions d'euros si j'ai bien compris.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est ce que nous avons effectivement dit, c'est que pour 1 € d'argent de l'entreprise, l'Etat accompagne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, il va falloir trouver je ne sais pas, des entreprises qui vont venir s'installer localement, parce qu'il faut bien reclasser toutes celles et ceux qui se retrouveront sans boulot, Amélie de MONTCHALIN.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est la période industrielle dans laquelle on est. D'un côté on voit que depuis 10 ans on recrée des emplois industriels en France et c'est une excellente nouvelle. On voit aussi qu'il y a des investisseurs étrangers qui viennent créent des usines en France, et c'est une extrême bonne nouvelle. Dans le cadre de l'activité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je crois d'ailleurs que nous aurons de nouveaux chiffres la semaine prochaine, c'est bien cela ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Exactement, tous les trimestres on a des chiffres sur l'emploi industriel et on voit aujourd'hui que pour la première fois depuis 10 ans ça résiste, on recrée des emplois, c'est une bonne nouvelle pour nos territoires, c'est une bonne nouvelle pour notre économie. Mais après on a l'activité de GE dont on parle, c'est les turbines à gaz, on parle beaucoup vous savez de transition écologique, avant des turbines à gaz on en vendait des centaines, aujourd'hui on en vend des dizaines.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, pour les centrales à charbon.
AMELIE DE MONTCHALIN
Les centrales à gaz en l'occurrence et aujourd'hui on fait l'énergie renouvelable. Donc on est dans une situation qui n'a rien à voir avec vous savez 2015 etc. on est sur une activité industrielle où le monde changeant il faut qu'on arrive à accompagner la transition. Dans de nombreux territoires, autour des centrales à charbon c'est un autre sujet mais on fait des contrats de transition, justement, écologiques, en disant vous êtes en train de fermer une activité qui était polluante, on essaie de vous trouver les moyens d'organiser une nouvelle activité qui est renouvelable et durable, et donc notre combat et notre défi, ça va être effectivement que ces salariés soient accompagnés pour qu'ils puissent retrouver des compétences qui soient adaptées à des industries qui elles ont de l'avenir, et effectivement les turbines à gaz c'est compliqué aujourd'hui d'imaginer continuer à en faire ou les subventionner puisqu'il n'y a plus de marché au niveau mondial pour ces biens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ces énergies renouvelables prennent de plus en plus de place.
AMELIE DE MONTCHALIN
Eh bien c'est une bonne nouvelle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais Amélie de MONTCHALIN…
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais ça a des conséquences et c'est là qu'il faut qu'on accompagne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais évidemment.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il faut qu'on forme et c'est tout le plan du gouvernement de formation, d'accompagnement des territoires, d'investissements, d'attractivité. Pourquoi on attire des entreprises étrangères ? Pas parce qu'on aimerait partiellement les étrangers, mais parce qu'on sait qu'ils peuvent investir dans notre pays et développer des activités…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, n'attirez pas trop d'entreprises qui promettent de l'emploi et puis qui en suppriment ensuite.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et je crois que le président montre nos et Bruno LE MAIRE a été très clair, en l'occurrence la création d'emplois qui a été promise c'était dans le cas d'une fusion, et il faut absolument que les engagements soient tenus et nous serons extrêmement vigilants là dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dites-moi, le patron de GENERAL ELECTRIC ce n'est pas un ancien conseiller de Emmanuel MACRON, non ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais vous savez si on commence à entrer dans ce genre de débat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais c'est vrai ou pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Je ne vais pas rentrer dans ce genre de débat, si on commence à faire des débats de personnes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est vrai ?
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est factuellement vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ben voilà !
AMELIE DE MONTCHALIN
Maintenant…
-Brouhaha-
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je dis une autre chose, Amélie de MONTCHALIN c'est que l'information est tombée après les Européennes, c'est voulu ou pas ? Je veux être clair.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il y a eu, je crois que sur ASCOVAL et sur d'autres dossiers, je crois qu'il y a eu des débats pendant les européennes, donc si nous étions en train de piloter finement ce genre de chose en fonction des calendriers électoraux, je crois qu'il y a beaucoup de débats qu'on a eu pendant les dernières semaines qu'on n'aurait pas eus et vous voyez qu'on est assez honnête là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La réforme de l'assurance chômage, bientôt. Bonus-malus pour limiter les contrats courts, on est bien d'accord…
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est essentiel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera dans la réforme.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est essentiel parce qu'aujourd'hui c'est ni bon pour l'économie ni bon pour les personnes. Ça crée un système qui est coûteux pour la collectivité et qui n'est pas bon pour l'économie, parce que c'est des personnes qui notamment sur la formation et sur la vie quotidienne qu'elles ont, ont des contrats qui créent une précarité naturelle, parce que c'est intéressant économiquement pour elles d'être dans ce système-là. Pour les entreprises ça crée beaucoup de coûts, c'est des personnes que vous ne pouvez pas former et faire évoluer, et pour les personnes qui vivent ça, c'est en permanence l'incertitude de savoir si à la fin du mois on aura travaillé le nombre de jours suffisants pour pouvoir boucler sa fin de mois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Baisse du plafond des indemnités des cadres aussi.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est un débat effectivement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas un débat c'est décidé.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais c'est un débat sur les moyens de le faire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est décidé, on est bien d'accord.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est un sujet effectivement où la France est très différente de ses pays voisins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est décidé, on est d'accord.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je n'ai pas aujourd'hui les détails sur la manière de le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est dans quelques jours que le projet de loi sera présenté.
AMELIE DE MONTCHALIN
Eh bien quand il sera présenté au Conseil des ministres…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous verrez. Vous allez passer de 7 700 € maximum à 4 800.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je verrai les choses en Conseil des ministres et je crois Jean-Jacques BOURDIN que je ne suis pas sûre que l'intégralité de la chose soit un projet de loi, il y a aussi des dispositions qui sont des dispositions réglementaires ou des…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, mais là en l'occurrence c'est 7 700 à 4 008 oui.
AMELIE DE MONTCHALIN
Eh ben nous verrons et le but de tout ça c'est qu'on permette à notre économie surtout de se former. Il faut qu'on crée des emplois à la base.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Autre chose, autre point sur cette réforme qui est importante, de l'assurance chômage, vous êtes bien d'accord Amélie de MONTCHALIN.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais c'est une réponse essentielle, on a fait la réforme du contrat de travail, on a fait la réforme de l'apprentissage, la réforme de la formation et il faut que sur l'assurance chômage on soit dans une logique où on aide et on vient d'en parler sur GE, etc. qu'on aide à la reconversion, à la reformation, et que ceux qui perdent un emploi puissent rapidement en trouver un durable. Le but c'est pas de cumuler des petits contrats à la suite, ce n'est pas bon pour l'économie, ce n'est pas bon pour les personnes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais un chômeur sur cinq touche plus au chômage qu'en emploi aussi.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et donc c'est là qu'il y a un sujet effectivement de s'assurer que le travail, et ça a été notre combat depuis des mois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc toutes les règles seront remises à plat.
AMELIE DE MONTCHALIN
Que le travail paie toujours plus que quelque chose qui ne s'appelle pas le travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toutes les règles sont remises à plat.
AMELIE DE MONTCHALIN
Oui, on est en train de travailler pour que les choses soient lisibles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La durée d'indemnisation par exemple.
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors il y a la durée, il y a la dégressivité, il y a les plafonds dont vous m'avez parlé, il y a les contrats courts, il y a énormément de paramètres et donc Muriel PENICAUD consulte, puisque les partenaires sociaux n'ont pas pu par eux-mêmes présenter une copie collective et donc nous sommes en train d'y travailler et ce sera présenté de manière très transparente aux prochains conseils des ministres, où en tout cas la date…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, déjà ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Aux prochains avec un « s » lors d'un prochain Conseil des ministres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En juin en tous les cas, c'est certain on est bien d'accord. Vous avez travaillé à droite Amélie de MONTCHALIN, avec des hommes de droite, avec t Valérie PECRESSE, avec Alain JUPPE.
AMELIE DE MONTCHALIN
J'ai eu une expérience de militante, de jeune engagée qui effectivement à ce moment-là me retrouvais dans les valeurs du centre droit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce qui s'est passé dimanche avec Les Républicains est une chance pour la République En Marche dans la perspective des municipales ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez, les municipales déjà c'est un enjeu très différent des élections nationales et surtout des élections européennes, donc je ne pense pas qu'il faille tirer de conclusions, on a d'ailleurs vu que les scrutins étaient parfois surprenant depuis quelques années et donc je pense que si on se met à faire de la politique-fiction on s'en sort pas. Les municipales c'est un enjeu de comment au niveau local on refait marcher des politiques publiques qui soient notamment sur la question d'égalité territoriale. Moi je suis, j'ai été élue députée de circonscriptions très diverses, des petites communes, des grandes communes, des communes voilà plutôt pavillonnaires, des communes où justement il y a des quartiers populaires, on a besoin d'avoir des élus locaux, des maires qui soient soutenus et qui puissent avoir des vrais projets locaux ; qui puissent notamment aider sur des sujets essentiels, l'éducation, les transports et donc c'est ça qu'il faut qu'on arrive à mettre dans le pays. Il y a des endroits où ça se passe bien et je pense qu'on pourra soutenir ceux qui portent des projets, qui avancent bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire La République En Marche soutiendra des maires LR qui font bien leur boulot, si j'ai bien compris. J'en connais moi, je peux donner quelques noms. Christian ESTROSI, par exemple.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il ne faut pas mettre à la porte de manière dogmatique, des gens qui travaillent bien pour leur territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Monsieur Robinet à Reims.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il faut avoir une bonne vision…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Monsieur MOUDENC à Toulouse.
AMELIE DE MONTCHALIN
Oui mais il faut avoir une vision de ce qu'ils veulent faire et de surtout dans quel esprit ils les font. S'ils le font dans un esprit partisan, un esprit d'étiquette…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous les appelez à trouver un accord avec vous ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais on appelle effectivement, mais ça depuis de 2 ans, et moi j'ai beaucoup travaillé comme ça, et tous les députés d'ailleurs cherchent à travailler comme ça avec tous les élus locaux, à ce qu'on travaille ensemble pour que les projets avancent. Soit on y arrive eh ben on continuera à travailler ensemble, soit on n'y arrive pas et dans ce cas il faudra qu'on en tire les conséquences. Moi la clé de cette affaire, c'est que dans notre pays pourquoi les extrêmes continuent d'être forts, voire parfois même de monter, on le voit sur certains territoires, parce qu'on n'a pas de résultat. Il nous faut des résultats nationaux, il nous faut des résultats européens, il y a beaucoup de solutions d'ailleurs françaises qui demandent de l'Europe et on a beaucoup de solutions européennes. Si je vous parle, les fonds européens, moi je vais me battre pendant des mois et des mois pour un bon budget européen. Si les élus locaux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le budget de la PAC au passage ne bougera pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
On veut le maintenir en montant sur ce qu'il était avant que le Royaume-Uni parte, en gros le budget qui était celui que touchaient les 27 pays de 2014 à 2020, on voudrait que ce soit le même en 2021/2027, mais typiquement la PAC si je me barre des nuits des nuits à Bruxelles et qu'ensuite on n'a pas les bons tuyaux, on n'a pas les bons par les bons mécanismes, et on n'a pas la bonne implication des élus locaux pour que ça arrive jusqu'aux personnes sur le terrain aux agriculteurs, aux entrepreneurs, aux jeunes qui sont dans l'emploi, parce que tout ça c'est soutenu par l'Union européenne, on a un problème. Donc nous ce qu'on cherche c'est de trouver, un peu comme en Europe, alors on ne parle pas me dit madame VESTAGER dans toutes les mairies de France, mais on a besoin de gens compétents, de gens motivés, et de gens qui nous aident à déployer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'aimez bien madame VESTAGER, ce serait bien une femme présidente de l'Union européenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous m'en avez beaucoup parlé, donc je la cite.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De la Commission européenne.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais on a besoin des meilleurs, sur tous nos territoires, parce que des défis public, les défis de la vie collective, les défis économiques, les défis sociaux ils sont immenses et on ne peut pas se priver de talents et on ne peut pas non plus être sectaire parce que si on est sectaire eh bien on fait ce qu'on fait depuis des années, en fait à la fin, on ne fait pas assez pour les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Amélie de MONTCHALIN. Merci d'être venue nous voir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 juin 2019