Interview de Mme Elisabeth Borne, ministre des transports, à LCI le 20 juin 2019, sur le projet de privatisation d'Aéroports de Paris, la limitation de la vitesse à 80 km par heure et la SNCF.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Christophe JAKUBYSZYN, je voyais madame BORNE réagir pendant ce débat.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Evidemment Pascale, la ministre des Transports, Elisabeth BORNE, a son opinion comme tous les Français, comme tous les citoyens parce que c'est un sujet qui va bien au-delà de l'aspect thérapeutique mais aussi moral et politique. La question qu'on se pose ce matin, Elisabeth BORNE ; bonjour d'abord…

ELISABETH BORNE
Bonjour.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est est-ce que le gouvernement orchestre ce débat. C'est-à-dire qu'on voit d'un côté le Conseil d'analyse économique et sociale qui est rattaché à Matignon qui sort ce rapport et qui préconise effectivement de le légaliser. On voit ces députés dont certains de La République en Marche qui font cette proposition de loi et puis ces personnalités qui signent un appel. Est-ce que c'est une opération pour préparer le terrain à la légalisation du cannabis ?

ELISABETH BORNE
Non. Vous avez vu que le Conseil d'analyse économique s'est autosaisi de la question, donc ce n'est pas une commande du gouvernement. La position du gouvernement est très claire : on est contre la légalisation de l'usage on va dire ludique et, par contre, il y a une réflexion en cours sur les usages thérapeutiques comme ça existe chez pas mal de nos voisins européens.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc ce matin, vous fermez cette porte. Il n'y aura pas avec ce gouvernement auquel vous appartenez, il n'y aura pas de légalisation du cannabis.

ELISABETH BORNE
Oui, oui, je vous le confirme. Eventuellement à usage thérapeutique ; ce sont les études qui sont en cours.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et vous, en tant que femme, que citoyenne ?

ELISABETH BORNE
Non. Enfin, je pense qu'on ne peut pas à la fois passer des messages sur la lutte contre l'alcool et, en même temps, ouvrir des portes de ce type-là.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais l'alcool est autorisé évidemment.

ELISABETH BORNE
Oui. Mais je pense qu'on passe plutôt des messages pour dire qu'il faut avoir un usage modéré de l'alcool. On voit que c'est un facteur d'accident. Le cannabis aussi, c'est un facteur aggravant dans un certain nombre d'accidents donc on ne va pas ouvrir cette légalisation du cannabis.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Au moins c'est clair avec vous ce matin, Elisabeth BORNE, on a la réponse. Ce ne sera pas une porte qui sera ouverte ou visitée par ce gouvernement. Autre sujet qui passionne beaucoup de Français, c'est la privatisation d'AEROPORTS DE PARIS. Pour la première fois, il y a un processus qui est engagé, celui d'un référendum d'initiative partagée à la demande de députés, de parlementaires. Du coup, il faut que 4,7 millions de Français signent cette pétition en ligne pour que le processus se poursuive. Hier, on a vu tous les partisans du projet de droite, de gauche, d'extrême droite, d'extrême gauche faire front commun pour inciter les Français à signer. Est-ce que ça vous fait peur un référendum sur AEROPORTS DE PARIS ?

ELISABETH BORNE
On ne peut jamais avoir peur d'un référendum. Je ne suis pas sûre que ça passionne les Français, vous voyez, je ne suis pas sûre que ça réponde vraiment à leurs préoccupations du quotidien. Ça passionne les oppositions qui se retrouvent dans une alliance un peu improbable. Ils sont dans leur rôle, ils font campagne, voilà. Je note juste que c'est assez curieux de retrouver dans le même meeting des gens des Républicains, de la France insoumise. Habituellement ils n'ont pas le même point de vue, donc on voit que c'est un peu une alliance de circonstance. Voilà.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors vous allez voir, on va écouter Gilles CARREZ évidemment chez Les Républicains qui, lui, assume en fait le fait de pouvoir être à côté des socialistes et des Insoumis. Il explique pourquoi, c'était hier soir. On écoute Gilles CARREZ.

GILLES CARREZ, DEPUTE LES REPUBLICAINS DU VAL-DE-MARNE
On est dans une initiative citoyenne. C'est le référendum d'initiative partagée. Et donc ce qui va se passer, le recueil de ces quatre millions sept cent mille soutiens va bien au-delà des organisations de partis politiques. Et par ailleurs, on a toujours su se réunir quand l'intérêt général l'exigeait.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Voilà. Parce que la question que se posent les Français, c'est est-ce que l'intérêt général est en jeu ? Quand même, quand on fait le bilan de la privatisation des autoroutes, l'Etat s'est fait un peu avoir sans doute. En tout cas, les Français ont le sentiment que ça rapportait beaucoup plus à ceux qui ont pris les rênes des autoroutes qu'à l'Etat français.

ELISABETH BORNE
Ecoutez, je pense que Gilles CARREZ, il a bien suivi les débats sur la privatisation d'AEROPORTS DE PARIS et il ne peut pas ne pas savoir qu'on a pris beaucoup de précautions. Des précautions qui malheureusement n'ont pas nécessairement été prises à l'époque où on a fait la privatisation des autoroutes, et moi je n'étais pas dans le gouvernement qui a privatisé les autoroutes. Pour AEROPORTS DE PARIS, clairement l'Etat a vraiment beaucoup de garanties. D'abord c'est une concession. Je pense que l'Etat gardera la définition du cahier des charges. Evidemment, toutes les missions régaliennes de contrôle aux frontières…

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Le transport aérien, vous le confirmez, ne sera pas privatisé.

ELISABETH BORNE
Il n'en est absolument pas question. On est en train de parler de la concession de la gestion de l'aéroport. Donc c'est notamment les commerces, ce n'est pas les fonctions de sécurité, et tout ça encadré très fortement dans un cahier des charges. L'Etat garde la capacité de prescrire des investissements, de mettre un veto sur la nomination d'un certain nombre de dirigeants et régulièrement, tous les cinq ans, on refera le point sur les recettes et les dépenses du futur concessionnaire. Donc toutes les garanties sont prises et je pense que Gilles CARREZ doit le savoir.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais pourquoi pas un référendum puisqu'on sort d'un grand débat où on a vu que les Français avaient envie de plus de démocratie directe ? Pourquoi sur ces sujets-là qui sont sensibles ne pas encourager cette forme de prise de parole ?

ELISABETH BORNE
Personne n'empêche la tenue de cette consultation qui débouchera, le cas échéant, sur un vote au Parlement ou un référendum.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ce n'est pas automatique, je le rappelle, même s'il y a 4,7 millions de signatures. Si le Parlement s'en saisit, il n'y aura pas de référendum.

ELISABETH BORNE
Ça sera éventuellement un débat au Parlement. Mais honnêtement, je ne pense pas que ce soit le sujet au coeur des préoccupations des Français. Vous savez qu'ils peuvent avoir des problèmes pour se déplacer tous les jours…

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va en parler.

ELISABETH BORNE
Des problèmes de pouvoir d'achat, des problèmes de chômage, donc je ne suis pas sûre que les aéroports parisiens ça soit le coeur des préoccupations des Français.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
D'autant plus que, j'ai envie de vous dire, dans un contexte où l'écologie revient au premier plan, est-ce que c'est une bonne idée d'encourager le développement du trafic aérien, notamment peut-être en privatisant l'aéroport ?

ELISABETH BORNE
Mais je vous redis : le cahier des charges, il est défini par l'Etat et donc les investissements, la façon dont le transport aérien se développera ou pas. Ça restera défini par l'Etat.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors justement, vous avez fait voter une loi à l'Assemblée mardi sur les mobilités. Dedans, il y avait cette idée peut-être d'instaurer une taxe sur le kérosène aérien qui n'est pas taxé comme les autres, idem pour le kérosène des bateaux. Pourquoi est-ce que vous avez renoncé ? Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas… Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas des taxes ? Ça, c'est quelque chose qui passionne les Français.

ELISABETH BORNE
Alors peut-être dire que cette loi, elle a un objectif simple. C'est des transports plus faciles, moins chers et plus propres pour tous les Français, et je pense que c'est un enjeu très important parce qu'on a beaucoup de Français qui galèrent dans leurs transports du quotidien pour se rendre au travail. Effectivement, on a eu le débat sur les recettes. Le secteur aérien, on ne peut pas dire qu'il n'est pas taxé. Quand vous achetez un billet 100 euros sur un Paris-Nice, il y a 56 euros qui correspondent à des taxes ou à des redevances.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
56 euros sur un billet de 100 euros ?

ELISABETH BORNE
Absolument.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Parce que c'est les aéroports, l'Etat.

ELISABETH BORNE
Parce que c'est les taxes d'aéroport, de sûreté, sur l'insonorisation des logements, donc ce n'est pas comme si le transport aérien n'était pas taxé. On a ce débat qui renvoie à l'idée que le transport aérien doit prendre toute sa part dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Parce qu'il pollue, parce qu'il pollue.

ELISABETH BORNE
Il émet des gaz à effet de serre en tout cas. Il ne faut pas ignorer non plus tous les efforts qui ont été faits par le secteur. Vous savez qu'en quinze ans, les émissions de gaz à effet de serre par passager ont diminué de l'ordre de 25 %. Mais moi, je partage l'idée qu'il faut que le transport aérien fasse davantage. Simplement une taxe sur le kérosène, c'est très clair, les compagnies iront faire le plein on va dire chez les voisins. Donc ça sera autant d'avions dans le ciel français et des emplois qui partiront chez nos voisins.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et en Europe, on n'a pas pu faire pression…

ELISABETH BORNE
Alors c'est exactement ce que dit le gouvernement et le président de la République a également eu l'occasion de le dire. On porte au niveau européen une taxation du transport aérien. Il y a eu un conseil des ministres des Transports de l'Union européenne il y a quelques jours et la France a bien porté cette idée d'une taxation à l'échelle de l'Europe parce que c'est la bonne échelle.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Pourquoi vous êtes-vous opposée à l'amendement qui prévoyait d'interdire les liaisons aériennes sur les dessertes où il y avait des TGV ?

ELISABETH BORNE
Parce que je pense que les Français n'ont pas besoin qu'on leur dise par la loi ce qu'ils doivent faire. Vous savez, quand on a une offre qui est compétitive, qui est performante, les Français prennent le train. Il n'y a plus quasiment de liaison aérienne entre Paris et Bruxelles, entre Paris et Strasbourg, entre Paris et Lyon. Quand on a mis en service la ligne entre Paris et Bordeaux à l'été 2017, depuis on a vu qu'il y a une baisse du trafic aérien de 40 %. Donc on tient une offre compétitive, les Français prennent le train et je pense que c'est à ça qu'il faut les encourager effectivement : d'avoir des offres toujours plus compétitives dans le ferroviaire.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors dans cette loi Mobilités, il y a évidemment une disposition qui a fait beaucoup parler et qui fera encore beaucoup parler finalement : la possibilité pour les départements de revenir sur la limitation de vitesse à 80 kilomètres/heure. Concrètement, quand est-ce qu'on va voir les premiers panneaux 80 détachés par les départements ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez, moi j'espère que cette loi elle sera votée avant les vacances et effectivement, ensuite, on va donner la possibilité aux présidents de conseils départementaux qui le veulent sur certains tronçons, après un avis de la commission départementale de Sécurité routière, de relever à 90 kilomètres/heure s'ils le veulent la vitesse, après aussi une étude d'accidentalité comme on dit. Donc on a écouté, on a entendu un certain nombre de présidents de conseils départementaux qui nous ont dit : « Votre mesure, elle est trop générale et trop systématique. »

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous regrettez d'avoir dû finalement revenir sur cette mesure ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez, on ne peut pas à la fois nous reprocher de ne pas écouter suffisamment les élus dans les territoires et maintenant nous dire : « Vous avez tort de donner des marges de manoeuvre. »

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Non, non, je ne dis pas que vous avez tort, je demande si vous regrettez. Quand on se retourne, quand on regarde les mois passés sur cette mesure, j'ai envie de dire : « Tout ça pour ça. »

ELISABETH BORNE
Je pense que le 80 kilomètres/heure, il a fait très clairement la preuve de son efficacité. Vous savez qu'au deuxième semestre de l'année 2018, il y a eu plus de cent vies qui ont été épargnées grâce à cette limitation de vitesse, donc le gouvernement reste convaincu que c'est une bonne mesure. Ensuite qu'on nous dise que dans les territoires…

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais qu'elle ne passait pas auprès de l'opinion et de certains élus.

ELISABETH BORNE
Les élus qui nous disent : « Ecoutez, moi je connais mieux mon réseau routier que vous et je peux vous dire qu'il y a certains tronçons sur lesquels on peut sans risque repasser à 90 kilomètres/heure », il y aura un avis de la commission départementale de Sécurité routière et ils prennent leurs responsabilités.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est un enseignement politique pour vous de voir que, effectivement, quand on impose parfois les mesures d'en haut, on se trompe ?

ELISABETH BORNE
Vous savez, c'est aussi la philosophie de l'acte II du quinquennat. C'est de dire : « Faisons confiance aux territoires ; donnons-leur les outils. » Ce que je fais dans la loi Mobilités, c'est exactement ça. De penser que les bonnes réponses, elles se bâtissent au plus près des besoins et donc en l'occurrence on donne des marges de manoeuvre. On permet aux élus de prendre leurs responsabilités.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre sujet beaucoup plus anecdotique mais important pour, notamment, les citadins dans les grandes villes : la multiplication des nouveaux objets de circulation, des trottinettes des roues électriques, et caetera. Il y a beaucoup d'accidents. D'abord les gens roulent n'importe où, sur les trottoirs, en sens inverse. Vous avez décidé de réglementer. Qu'est-ce qui va concrètement changer pour l'utilisation de ces nouveaux, j'ai envie de dire, objets de mobilité ?

ELISABETH BORNE
Alors c'est vrai que ces trottinettes, elles se sont développées rapidement et elles n'étaient pas prises en compte par le code de la route. Donc on va d'abord mettre des règles dans le code de la route sur le fait que les trottinettes et tous ces engins électriques ne doivent pas circuler sur les trottoirs. Ce sera 135 euros d'amende si vous circulez sur un trottoir.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ils peuvent aller sur les pistes cyclables ?

ELISABETH BORNE
Ils peuvent aller sur les pistes cyclables.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et est-ce qu'il faudra un casque obligatoire ?

Non, il ne faudra pas un casque.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ah bon ? Vous avez vu qu'il y a encore eu des morts. Enfin, il y a encore eu un mort la semaine dernière.

ELISABETH BORNE
Ecoutez, on a eu ce débat là aussi. Je pense qu'on peut inciter à mettre un casque. Je pense que les Français en ont aussi assez qu'on leur mette des tas d'obligations. Voilà. C'est bien de mettre un casque.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est l'enseignement des 80 kilomètres/heure. On fait plus de la pédagogie que de la contrainte ?

ELISABETH BORNE
Je pense que de façon générale, on peut aussi faire confiance aux Français, les laisser prendre leurs responsabilités, et c'est ce qu'on fait sur ces trottinettes. Donc le premier sujet, c'est le code de la route. Le deuxième sujet, c'est que les stationnements aussi de ces engins ne se passent pas de façon anarchique sur les trottoirs où, finalement, les piétons ne peuvent plus se déplacer. Et donc ça sera aussi aux villes, là encore on leur fait confiance, de définir les zones dans lesquelles on peut garer ces engins.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors 400 euros, c'est ce que vous allez donner aux Français qui acceptent de changer de mode de transport. Ça s'appelle un forfait annuel de mobilité… Quoi, écologique, durable ?

ELISABETH BORNE
C'est un forfait mobilité durable, je vous le confirme.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est quoi ? Concrètement, est-ce que j'y ai droit aux 400 euros ? Comment on fait ?

ELISABETH BORNE
Alors, je pense que c'est aussi important. On a entendu aussi les difficultés des Français pour qui les transports, les déplacements domicile-travail, peuvent coûter cher.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est vrai.

ELISABETH BORNE
Voilà. L'idée, c'est que les employeurs peuvent vraiment faciliter ces déplacements domicile-travail. Ça va devenir un thème de négociation dans les entreprises pour que les employeurs réfléchissent, par exemple, aux horaires, au télétravail et puissent aussi accompagner leurs salariés avec ce forfait mobilité, notamment si vous faites du covoiturage, que vous venez en vélo. Donc ça sera une discussion au sein de l'entreprise. Et puis on va développer un titre mobilité, enfin qui ressemble au Ticket Restaurant, pour permettre aussi pour simplifier la vie des employeurs et des salariés, pour pouvoir bénéficier de ces aides défiscalisées sans charges sociales non plus.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et par exemple ce ticket mobilité, il permet quoi ? D'acheter un vélo électrique ? D'acheter un abonnement de transport ?

ELISABETH BORNE
Alors l'abonnement de transports en commun, il reste remboursé à hauteur de 50 % mais il permettra éventuellement, effectivement, de faire du covoiturage, d'acheter un vélo électrique comme vous dites, donc de trouver d'autres solutions pour aller au travail.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va parler de la SNCF parce que maintenant est autorisée la concurrence de la SNCF sur les lignes françaises. Il y avait déjà sur les lignes entre…

ELISABETH BORNE
Internationales.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Internationales mais pas sur la France. Alors il y a eu un seul opérateur qui a déposé un projet. Il s'appelle FLIXTRAIN avec cinq lignes intérieures : Lyon, Paris, Nice de nuit, Bordeaux, Toulouse. On voit la carte de cet opérateur. Un seul opérateur qui fait une offre, est ce que vous n'êtes pas un peu déçue ? C'est une ouverture à la concurrence extrêmement lente et modeste.

ELISABETH BORNE
C'est un premier opérateur. Vous savez que ça sera possible à partir de fin 2020, donc plutôt 2021, début 2021. Moi je suis très heureuse qu'on puisse avoir des nouvelles propositions pour des trains de nuit. C'est aussi des débats qu'on a eus à l'Assemblée.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui. Parce qu'il propose beaucoup de trains de nuit notamment, sur le Paris-Nice.

ELISABETH BORNE
Il propose des trains de nuit. Moi je suis convaincue que c'est des offres qui sont très bien pour, y compris, des territoires pour accéder dans des vallées alpines ou pyrénéennes, que c'est des bonnes solutions. Ça n'a pas été forcément le coeur des préoccupations de la SNCF. Moi, je suis heureuse de voir qu'on a des nouveaux opérateurs qui vont proposer des nouveaux services et c'est bien ça l'idée de l'ouverture à la concurrence. C'est d'avoir des nouveaux services, des trains moins chers, d'avoir des offres sur des créneaux que la SNCF n'occupait pas. Donc c'est une bonne nouvelle, je pense, pour tous les Français.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui mais Elisabeth BORNE, on pouvait s'attendre quand même à une concurrence sur les lignes les plus fréquentées. Les Paris-Lyon, les Paris-Marseille. On aurait pu penser que la concurrence fasse baisser les prix ; or personne ne vient chatouiller la SNCF, parce que vous la protégez trop, non ?

ELISABETH BORNE
Attendez. Enfin, c'est le premier opérateur qui a répondu. Moi, je pense qu'on aura aussi de la concurrence sur les lignes à grande vitesse et puis on aura de la concurrence sur les trains régionaux. Là, ce sera par appel d'offres et donc les régions se préparent. La région Sud, la région Grand Est sont en train de se préparer pour choisir par appel d'offres des opérateurs. Et l'Etat sur les lignes qu'il l'organise, donc notamment Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon, a décidé aussi d'ouvrir à la concurrence. Donc l'appel d'offres sera en cours prochainement.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce que vous allez renouveler le mandat de Guillaume PEPY, le patron de la SNCF ?

ELISABETH BORNE
Alors Guillaume PEPY n'est pas candidat à sa succession. On va réfléchir…

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous l'en avez dissuadé ?

ELISABETH BORNE
Non. Je pense que, voilà, il a beaucoup donné à cette entreprise et il peut avoir aussi envie de faire autre chose, et je pense qu'on aura aussi intérêt à avoir un nouveau management pour l'étape qui va s'ouvrir début 2020 avec une nouvelle organisation de la SNCF.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et qu'est-ce que vous recherchez comme profil ? Est-ce que c'est un chef d'entreprise ? Est-ce que c'est un haut fonctionnaire ?

ELISABETH BORNE
Non. Je pense que c'est une très belle entreprise qui a des défis très importants, qui joue un rôle essentiel dans le quotidien des Français. Il ne faut pas oublier qu'on a, par exemple, 500 000 voyageurs par jour qui prennent les trains en région. Là aussi, un des objectifs de la loi c'est qu'on utilise davantage le train. Quand on a des embouteillages autour de toutes les grandes villes, qu'on puisse doubler le nombre de voyageurs qui peuvent emprunter le train autour de ces grandes villes. Donc c'est vraiment une entreprise qui est fondamentale pour le quotidien des Français et on a besoin d'un chef d'entreprise qui porte toute cette transformation.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il n'y aura pas de Charles-de-Gaulle Express, de TGV rapide entre l'aéroport et Paris pour les Jeux olympiques 2024. Est-ce que la France n'a pas un peu failli aux engagements qu'elle avait pris auprès du Comité olympique ?

ELISABETH BORNE
C'était une décision pas facile, mais on a effectivement… D'abord il y aura une offre directe entre l'aéroport et Paris avec des trains spéciaux qui seront mis en place, mais on a aussi constaté qu'il y avait beaucoup de travaux qui étaient prévus sur ce réseau du nord de Paris. Il y a 900 000 voyageurs qui empruntent tous les jours le RER B et vouloir tenir le calendrier sur CDG Express, ça aurait été au détriment de la qualité de service pour les 900 000 utilisateurs quotidiens du RER B, donc on a préféré avoir un calendrier plus détendu. C'est clairement la priorité que moi j'affirme depuis le départ : d'abord les déplacements du quotidien, ceux qui vous permettent d'aller au travail, d'aller vous former, d'aller simplement rencontrer effectivement vos amis. C'est la priorité du gouvernement et c'est ce qu'on a encore illustré sur ce dossier.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors en politique, la prochaine étape ce sont les municipales 2020. Mars, c'est demain. J'ai lu que vous pouviez être intéressée par une candidature municipale. J'ai lu Caen. Est-ce que c'est info ou intox ?

ELISABETH BORNE
Alors j'ai déjà eu l'occasion de dire que non, je n'étais pas candidate à Caen. Moi, je ne me sens pas légitime. Vous voyez, je n'habite pas Caen, je n'ai jamais vécu à Caen. Par contre un mandat local, c'est quelque chose qui m'intéresse. Je pense que c'est aussi complémentaire. C'est une bonne façon d'être directement sur les problèmes des Français, d'être à leur écoute, donc je pense que c'est effectivement un mandat intéressant.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais vous êtes plutôt Parisienne.

ELISABETH BORNE
C'est ça.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il y a beaucoup de monde à Paris, je vous préviens.

ELISABETH BORNE
Oui, je vous confirme qu'il y a beaucoup de monde à Paris. Donc voilà, ça ne sera pas Paris non plus.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ça pourrait être une autre ville.

ELISABETH BORNE
Oui, oui. Je vous confirme que moi, ça m'intéresse, et je pense que c'est une façon d'abord d'apporter des réponses très concrètes dans la vie des Français et c'est le coeur de mon engagement. C'est pour ça que je fais de la politique, pour améliorer la vie quotidienne.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors vous en avez dit trop ou pas assez. Vous serez candidate dans quelle ville ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez, je réfléchis et je vous dirai.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc on aura sans doute Elisabeth BORNE candidate aux municipales 2020.

ELISABETH BORNE
Voilà.

CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bien voilà. Merci beaucoup Elisabeth BORNE. Bon courage.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 juin 2019