Texte intégral
AMELIE CARROUER
Sibeth NDIAYE, bonjour.
SIBETH NDIAYE
Bonjour.
AMELIE CARROUER
Merci d'être avec nous. L'actualité ce matin notamment, c'est cette Une du Parisien : « Des policiers seront jugés », c'est ce qu'annonce Rémy HEITZ, le procureur de la République de Paris, suite aux manifestations des Gilets jaunes. Vous dites quoi ? C'est une bonne chose d'envoyer un signal, que la justice passe pour tous, alors, que le silence sur les forces policières a pu nourrir un sentiment d'injustice ?
SIBETH NDIAYE
Alors, vous savez, il ne m'appartient pas de commenter. La justice étend indépendante, il ne m'appartient pas de commenter les décisions du procureur de Paris. Ce dont je suis en revanche persuadée, c'est que, pour qu'il y ait de la confiance en nos forces de police, il faut qu'elles soient exemplaires et qu'elles soient traitées de manière également exemplaire. Elles ont été soumises, depuis des mois et des mois, à des manifestations, d'une violence sans précédent. C'est important que nos concitoyens s'en souviennent, parce que les images auxquelles on a assisté, ce sont des images inédites, quasiment des images d'émeutes. Et dans cette circonstance-là, nos forces de l'ordre, samedi après samedi, et je ne parle même pas de ce qui pouvait se passer sur certains ronds-points, en milieu de semaine, ont été de ce point de vue là, exemplaires. Et pour garantir à tous les Français que le comportement de nos forces de police est en tout point exemplaire, il faut aussi que lorsque la violence a été utilisée de manière illégitime ou de manière disproportionnée, les policiers soient bien sûr sanctionnés.
AMELIE CARROUER
Donc, comme le procureur de Paris, vous préférez parler de violences illégitimes plutôt que de violences policières.
SIBETH NDIAYE
Mais bien sûr. La violence policière, la police dans notre système institutionnel, dans notre démocratie, c'est ceux qui ont l'autorisation d'user de violence de manière légitime. La question qui doit se poser quand il y a des manifestations, quand il y a des troubles importants à l'ordre public, c'est de savoir, est-ce que oui ou non la manière dont a été utilisée la violence, était légitime, est-ce que c'était au bon moment, au bon endroit et est-ce que cette violence était proportionnée aux faits qui étaient commis ? Et c'est à ça que s'attellent les enquêtes judiciaires.
AMELIE CARROUER
Les annonces du procureur elles ont déclenché la colère des syndicats, notamment Alliance qui dénonce une façon de jeter – je cite – en pâture les forces de l'ordre. Du côté de l'Unité SGP Police FO c'est de dire que la justice prend une tournure – là encore je cite – politique. Est-ce que selon vous la justice prend une tournure politique ?
SIBETH NDIAYE
Ah non, je ne crois absolument pas qu'on puisse le dire. La justice en France est indépendante, et nous y tenons particulièrement. Le gouvernement a toujours été en soutien des forces de l'ordre, depuis le début de la crise des Gilets jaunes, nous avons d'ailleurs eu des coups de pouce financiers à l'attention des forces de l'ordre, parce que nous avons considéré que nos policiers et nos gendarmes étaient extrêmement sollicités. Ce qui est important que nos concitoyens comprennent, et y compris ceux qui font partie aujourd'hui des forces de l'ordre, c'est que ce gouvernement est extrêmement attaché à ce que tous nos concitoyens aient l'assurance d'être traités de manière égale.
AMELIE CARROUER
Je parlais justement de ce sentiment d'injustice, c'est encore ressenti par les familles de victimes, les victimes, les avocats qui disent encore une fois, dans Le Parisien ce matin, que souvent les manifestants soupçonnés sont jugés en comparution immédiate, et parfois jetés en prison alors, que c'est beaucoup plus long pour les policiers. Deux poids, deux mesures ou pas ?
SIBETH NDIAYE
Non pas du tout, on est dans deux situations qui sont différentes. Quand un manifestant commet des exactions, en général c'est en flagrant délit, c'est-à-dire qu'on le constat de manière immédiate, et donc la procédure judiciaire peut être plus rapide, et donc il peut y avoir des gardes à vue immédiates. Quand on parle de violences utilisées de manière illégitime de la part des forces de l'ordre, ce sont souvent des enquêtes qui sont plus longues, il faut comprendre le contexte, il faut avoir analysé les images de vidéosurveillance, il faut recueillir des témoignages, parce que l'on n'est pas dans du flagrant délit. Les plaintes arrivent souvent bien après. Et donc c'est normal qu'il y ait ce temps-là dans des affaires qui sont beaucoup plus complexes évidemment.
AMELIE CARROUER
Dans l'actualité aussi on a vu ces images de quelques Gilets jaunes qui se sont retrouvés devant le fort de Brégançon, où le président de la République passe son week-end. Vous leur dites quoi à ces Gilets jaunes ? C'est fini maintenant ? Est-ce que vous estimez au sein du gouvernement par exemple que la crise des Gilets jaunes elle est derrière vous ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien manifestement, s'il y a toujours des Gilets jaunes qui sont en activité, si j'ose dire, c'est qu'eux ne considèrent pas que cette crise est derrière eux. Néanmoins moi je veux souligner que depuis plusieurs mois, depuis que cette crise a débuté, nous avons réalisé énormément, le président de la République dès le mois de décembre a fait de nombreuses annonces notamment emploi en faveur du pouvoir d'achat, je vous rappelle l'augmentation de la prime d'activité qui a rajouté jusqu'à 100 € sur le salaire mensuel des Français, et donc ça c'était déjà ce qui était important, que nous avons poursuivi, nous avons aussi voulu initier un changement de méthode, et ça ce sont des réponses qui sont très importantes à la crise des Gilets jaunes.
AMELIE CARROUER
Je parlais donc du président Fort de Brégançon. Peut être travaille-t-il en ce moment sur l'acte 2 du quinquennat, vous-même vous l'avez dit cette semaine, il a appelé son gouvernement à accélérer l'acte 2 du quinquennat. N'agissez-vous pas au sein de l'exécutif comme si vous aviez gagné dimanche, alors que factuellement ce n'est pas le cas et alors que les enquêtes d'opinion montrent que les Français attendent un changement de politique de la part du président de la République.
SIBETH NDIAYE
Eh bien ce que je crois fondamentalement, évidemment vous l'avez souligné, il n'y a pas eu de victoire de la majorité présidentielle, néanmoins compte tenu des scores, du faible écart qui nous sépare du Front national, force est de constater que nous n'avons pas été totalement désavoués par nos concitoyens, sinon ils auraient fait le choix de porter leur vote sur d'autres listes, sur d'autres listes il y avait une offre qui était pour le coup prolifique. Ce que je crois très profondément c'est que nos concitoyens sont insatisfaits de notre capacité à rendre concrètes les réformes que nous avons menées depuis le début du quinquennat, et que donc il est de notre devoir de faire en sorte, dans les mois, dans les semaines à venir, que ce que nous avons initié, puisse se traduire concrètement. Et il y a des choses que nous avons faites et qui ont porté leurs fruits, on a créé un demi-million d'emplois quasiment dans les 2 ans qui viennent de s'écouler, le chômage est au plus bas de ce que nous avons connu dans les 10 dernières années, et surtout le pouvoir d'achat des Français en 2019 va augmenter comme il n'a pas augmenté depuis 10 ans.
AMELIE CARROUER
On va y revenir justement. Vous avez aussi annoncé cette semaine que le président ne se rendra pas devant le Congrès réuni au mois de juillet, peut-être plus tard, mais pourquoi il ne le fera pas à ce moment-là ? Est-ce que comme certains disent, c'est parce qu'il doit prendre un petit peu de recul et se mettre en retrait médiatiquement parce qu'il a beaucoup communiqué ? Est-ce que c'est pour relégitimer son Premier ministre ? Quelle est la raison de ce report ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien vous savez, le président de la République a au mois d'avril fait un certain nombre d'annonces. Ces annonces étaient des annonces qui permettaient, à l'issue du Grand débat national, de dire elles étaient les conclusions que le gouvernement et l'exécutif tiraient de cette crise des Gilets jaunes et de ce Grand débat national. Le Premier ministre a vocation, pour cet acte 2 du quinquennat, à expliquer comment est-ce que les différents chantiers législatifs qui découlent de cet acte 2 du quinquennat, vont pouvoir se déployer. Et donc la concomitance de temps fait que le président de la République a considéré qu'il n'était pas utile dans l'immédiat, dès le mois de juillet, de venir rajouter quelque chose, puisque dans son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre aura l'occasion de détailler pas à pas le calendrier politique dans les mois qui vont s'écouler, mais le président de la République aura l'occasion de revenir devant le Congrès bien sûr.
AMELIE CARROUER
Avant la fin de l'année.
SIBETH NDIAYE
Ah ça je ne suis pas à l'Elysée, donc je ne peux pas vous dire à quel moment il le fera, mais évidemment il remplira son engagement qui était un engagement de campagne.
AMELIE CARROUER
Vous parlez du calendrier des réformes, il y en a beaucoup de réformes à venir. Est-ce que justement vous allez devoir faire un peu le ménage, prioriser certaines réformes, en repousser certaines, et bien sûr ma question c'est : lesquelles ?
SIBETH NDIAYE
Alors à ce stade je ne peux pas vous répondre, ce qui est certain c'est que compte tenu de la procédure parlementaire tout ne pourra pas être fait dans les trois semaines qui viennent, de manière évidente, et donc il faudra, et c'est l'objet de ce que dira le Premier ministre, voir comment nous allons séquencer les choses sur l'année à venir, pour faire en sorte que notre ambition qui est celle à la sortie du Grand débat, à la fois de porter le fer sur la transition écologique, de continuer à porter le fer sur les questions économiques et sociales, puissent être remplies.
AMELIE CARROUER
Assurance chômage, retraites, ça ne bouge pas le calendrier des retraites pour la rentrée ?
SIBETH NDIAYE
Alors effectivement, les retraites, le Haut commissaire qui est en charge de la réforme des retraites, qui a mené depuis plus d'un an des concertations avec les organisations syndicales, rendra en quelque sorte ses conclusions et ses recommandations au mois de juillet prochain, et il y aura une réforme qui en sera la conséquence à l'automne prochain. Et puis la réforme de l'assurance chômage sera portée par Muriel PENICAUD au mois de juin.
AMELIE CARROUER
Et la réforme des institutions, la réforme constitutionnelle, est-ce qu'elle est repoussée, elle ? Est-ce que vous allez prendre le temps de voir comment vous pouvez vous débrouiller avec le Sénat ?
SIBETH NDIAYE
Alors, nous avions déjà dans l'idée de faire en sorte que cette réforme soit évidemment concertée avec les sénateurs, et en particulier avec le président du Sénat Gérard LARCHER, et donc cette concertation va avoir lieu. Le Premier ministre avait déjà eu l'occasion de rencontrer, président du Sénat et président de l'Assemblée nationale, maintenant c'est le ministre des Relations avec le Parlement, la garde des Sceaux également, qui rencontreront les présidents de groupes parlementaires.
AMELIE CARROUER
Vous nous avez appris, vous avez redit cette semaine aussi qu'il y aura un peu de ménage dans les rangs des Hauts fonctionnaires, vous allez peut-être écarter certains responsables de l'Administration centrale. Est-ce que la question c'est de savoir s'il faut être acquis au pouvoir pour porter vos réformes et quelles sont les réformes qui ont pu freiner à cause de ces fonctionnaires qu'ils n'ont pas voulu vous suivre ? Quelles sont les réformes qui vous ont poussé à agir ?
SIBETH NDIAYE
D'abord, on n'est pas du tout dans une démarche punitive, on est dans une démarche où on considère que compte tenu du fait qu'on a réduit les cabinets, et que ceux qui entourent les ministres sont moins nombreux que ce qu'on a pu connaître dans des temps passés, d'ailleurs c'était un reproche qui était souvent fait aux entourages et aux cabinets ministériels, d'être un peu pléthoriques, et donc on a un travail très étroit entre les ministres et les patrons des administrations centrales. Il est donc normal qu'il y ait, que tout le monde soit à l'aise avec la feuille de route qui est décidée par le ministre, et par le gouvernement. Je vais vous donner un exemple. Imaginez une demi seconde, que le patron de l'Administration qui s'occupent du prélèvement des impôts, n'ait pas été d'accord avec le prélèvement à la source, comment voulez-vous que de manière concrète, efficace, il puisse mettre en oeuvre une réforme avec laquelle il est en radicale opposition ? Et donc on est dans cet état d'esprit là, faire en sorte que les patrons des administrations centrales soient à l'aise avec les feuilles de route qui sont celles des ministres.
AMELIE CARROUER
Et par le passé il y a des réformes qui ont été freinées parce que des responsables de l'Administration centrale n'ont pas voulu vous suivre ? Vous avez un exemple de ce qu'il a pu ne pas avancer ?
SIBETH NDIAYE
Force est de constater que dans les mois qui viennent de s'écouler, on a vu qu'il y avait une insatisfaction des Français, ce n'est pas forcément des réformes qui ont été freinées, mais c'est des réformes dont la mise en place n'a pas donné pleine et entière satisfaction. Il y a des moments où on s'est insuffisamment posé la question de l'effet concret sur les Français, de réformes qu'on pouvait décider.
AMELIE CARROUER
Selon Le Parisien hier, au Conseil des ministres le président a dit aux membres de gouvernement et notamment vous, qu'il fallait mener une politique de droite et de gauche, insistant visiblement sur « et de gauche ». Est-ce que vous soutenez l'initiative de ces ministres de gauche, et notamment Jean-Yves LE DRIAN, d'essayer de créer un courant, un parti, ce n'est pas encore bien défini, un peu de gauche, au sein de la majorité ? Vous avez été je crois militante vous à l'UNEF, est-ce que vous pourriez vous inscrire dans cette démarche ?
SIBETH NDIAYE
Alors moi, la démarche, à titre personnel, dans laquelle je m'inscris, c'est celle du mouvement En Marche. J'ai toujours considéré, quand on a été à la création d'En Marche, qu'il y avait dans ce mouvement des gens, et de droite et de gauche, et que l'apport des deux pouvait permettre de fonder un nouveau cadre, celui du progressisme. C'est dans cette démarche que je m'inscris, je m'y sens extrêmement à l'aise et depuis 2 ans je trouve que ce que nous avons fait a profondément transformé la vie politique française et les grilles de lecture que les uns et les autres pouvaient avoir.
AMELIE CARROUER
Il faut aller plus loin, avec une force un peu de gauche, l'initiative de Jean-Yves LE DRIAN en gros vous en pensez quoi ?
SIBETH NDIAYE
Moi je trouve que toutes les initiatives sont bonnes, en particulier celle de Jean Yves LE DRIAN évidemment, parce que l'intérêt de cette majorité c'est de considérer qu'on peut faire travailler ensemble des gens qui ont eu des histoires différentes, qui ont eu des opinions différentes, et qui tendent vers un même but : redresser notre pays et redresser notre pays en ayant des idées progressistes. Et dans toutes les initiatives de ce point de vue-là sont bonnes à prendre.
AMELIE CARROUER
Quand aura lieu le remaniement ? Puisque certains de vos ministres vont partir vers les élections municipales, ce sera pour quand ?
SIBETH NDIAYE
Alors je ne sais pas encore quels sont les ministres qui ont des velléités pour aller aux élections municipales, et donc de toute façon il ne m'appartient pas de décider qui reste, qui part, et quand ça, c'est une décision du président de la République et du Premier ministre. Donc je ne peux pas vous répondre.
AMELIE CARROUER
Donc on se prépare psychologiquement. C'est imminent ou il faudra attendre la rentrée ?
SIBETH NDIAYE
Honnêtement je n'en ai strictement aucune idée, ce n'est pas à moi de le savoir.
AMELIE CARROUER
Bon, alors j'attends tu une autre question. Quel regard vous portez sur ce qui se passe à droite ? Est-ce que quelque part vous vous dites, comme certains commentateurs peuvent le dire ces dernières heures, que vous avez réussi votre coup et que vous avez réussi à amoindrir la droite avec votre politique ?
SIBETH NDIAYE
Moi, ce que je crois surtout, c'est que les Français, c'est eux qui ont mis un bulletin de vote dans une urne, au moment, enfin dimanche dernier au moment des élections européennes, donc c'est eux qui font des choix, c'est eux qui considère que l'on peut avoir une culture de gauche historiquement dans sa vie, dans sa famille, on peut avoir une culture de droite historiquement, dans sa vie dans sa famille, et pour autant considérer que Les Républicains d'un côté ou que le Parti socialiste de l'autre ne vous représentent plus. Et donc moi je fais toujours confiance à nos concitoyens pour avoir des grilles de lecture qui sont souvent plus modernes que celles des commentateurs de la vie politique.
AMELIE CARROUER
Mais Gilles BOYER, qui n'est pas commentateur, lui il part au Parlement européen, il fait partie de votre majorité, il disait chez nos confrères d'Europe 1 je crois-le, au micro d'Audrey CRESPO MARA hier, qu'il se réjouissait de voir Laurent WAUQUIEZ éventuellement rester, il l'a dit bien sûr avec ironie, parce que ça vous servait. Vous partagez ça ?
SIBETH NDIAYE
Moi je crois que le plus important c'est de savoir ce que nous, nous souhaitons faire, et les réformes que nous nous souhaitons mettre en, et la manière dont nous conduisons les affaires du pays, c'est sur ça que les Français nous jugent et non pas sur la décrépitude des autres partis politiques.
AMELIE CARROUER
Bon, forcément ça ne vous a pas échappé, Yannick JADOT, la popularité explose, il est en tête un d'un sondage ODOXA d'adhésion auprès des Français. Passé ce commentaire là, vous allez faire comment pour montrer, mais je dis concrètement aux Français, que vous avez compris qu'il y avait eu une vague verte, vous avez fait le constat, le Premier ministre l'a dit le soir des élections, mais concrètement, pour passer à la vitesse supérieure, vous allez faire quoi ?
SIBETH NDIAYE
Vous savez, l'écologie c'est un combat dont on n'est jamais satisfait, parce que l'on pourrait toujours faire plus. Evidemment c'est des transitions qui sont difficiles à mener, et on a toujours envie d'aller plus haut, plus fort et plus loin. Néanmoins, moi ce que je regarde depuis les deux années qui viennent de s'écouler, c'est qu'on a déjà réalisé petit à petit des choses, qui sont des choses importantes. Je vais vous prendre un seul exemple. On considère aujourd'hui que le réchauffement climatique est dû aux émissions de gaz à effet de serre et on souhaite lutter contre. Et pour lutter contre ces émissions de gaz à effet de serre on a décidé d'accompagner les Français, pour changer le parc de véhicules pour qu'ils soient moins polluants. 17 % des émissions de gaz à effet de serre en France sont dues à des véhicules qui roulent et qui sont des véhicules trop ancien parce qu'ils... et qui donc sont amenés à polluer. Et donc ça c'est un élément qui est très concret, on a distribué 300 000 primes à la conversion l'année dernière. Cette année on pense qu'on arrivera à 400 000, ça c'est une écologie au quotidien…
AMELIE CARROUER
Mais est-ce que les Français ne vous ont pas dit qu'ils voulaient encore plus, plus fort ?
SIBETH NDIAYE
Bien sûr, mais vous savez, dans le même temps on a la difficulté qu'on connaît à GENERAL ELECTRIC aujourd'hui à Belfort, où justement on a des turbines à gaz qui ne se vendent plus, parce qu'on utilise moins de gaz qui est une énergie fossile. Et donc on voit bien que la transition écologique ça peut être aussi source de tension. Mais moi je pense que cette transition écologique elle peut être aussi une source de création de nouveaux emplois. Et donc c'est un peu dans cette dualité-là qu'on est, et dans cette volonté que la transition écologique elle soit au service de nos concitoyens et qu'elle ne les empêche pas de vivre au quotidien.
AMELIE CARROUER
On va redire un mot de GENERAL ELECTRIC, vous l'avez abordé à l'instant, mais vous avez aussi parlé plutôt de pouvoir d'achat, c'est vrai il s'envole selon l'INSEE, c'est factuel, + 0,9 %, mais s'envolent aussi les prix de l'électricité, + 5,9 %. Ça va peser lourd pour les Français, le PDG d'EDF vous accuse en somme, accuse l'Etat, il dit : trop de taxes. Vous lui répondez quoi ? Vous allez travailler là-dessus, vous allez alléger les taxes pour que ce soit plus abordable pour les Français ?
SIBETH NDIAYE
Alors, je voudrais d'abord que les Français comprennent, tous nos auditeurs et téléspectateurs, comprennent de quoi il s'agit exactement. Ça n'est pas le gouvernement qui fixe les tarifs de l'électricité. Des lois ont été prises bien avant notre arrivée, il y a quasiment une dizaine d'années, c'était en 2010, qui décident que c'est une Commission indépendante qui fixe les tarifs de l'électricité.
AMELIE CARROUER
Mais pas les taxes.
SIBETH NDIAYE
Qui fixe les tarifs de l'électricité, et dès lors que nous nous y opposons, dès lors que l'Etat s'y oppose, on a déjà tenté de le faire, c'était Ségolène ROYAL et c'était en 2014, systématiquement le Conseil d'État le retoque et les Français se retrouvent avec une facture qui est de toute façon alourdie. A travers le monde, on constate une augmentation des prix de l'énergie, et donc ça se reflète malheureusement pour les Français dans une augmentation des tarifs de l'électricité. Nous on apporte des solutions pour les Français les plus modestes avec le chèque énergie que nous avons augmenté et dont nous avons étendu le nombre de bénéficiaires et donc aujourd'hui on a 80 % des Français qui ont droit à cette aide qui en bénéficient, ce qui montre qu'elle a beaucoup de succès et quelle est très utile.
AMELIE CARROUER
François de RUGY a pointé du doigt les coûts de production d'EDF, là encore est-ce que vous allez agir ? Est-ce que l'Etat ne peut pas intervenir pour pousser EDF à contrôler ses coûts de production ?
SIBETH NDIAYE
Vous savez, on a toujours le souci que les entreprises, notamment lorsqu'elles sont, enfin les entreprises publiques soient bien gérées, et donc il appartient, mais nous sommes des actionnaires, on n'est pas dans le management au quotidien de l'entreprise, et donc il appartient…
AMELIE CARROUER
Mais actionnaire.
SIBETH NDIAYE
Nous sommes bien sûr actionnaires, mais il appartient évidemment à l'entreprise, de faire en sorte que ces coûts de production puissent diminuer, parce que c'est là aussi que l'on va pouvoir trouver des marges de manoeuvre pour faire en sorte qu'il n'y ait pas une envolée des prix de l'électricité.
AMELIE CARROUER
Allez, j'ai encore deux questions d'actualité et ça compte. Le bac : pouvez-vous nous dire comme Jean-Michel BLANQUER que les épreuves ne seront pas menacées puisque des syndicats menacent de faire grève de surveillance des premières épreuves pour remettre en question la réforme du lycée notamment ? Vous pouvez dire « tout se passera bien » aujourd'hui ? Vous pouvez vous y engager quelque part ?
SIBETH NDIAYE
Je veux d'abord souligner que le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel BLANQUER, a mené depuis plus d'un an sur cette question de réforme du bac et sur cette question de réforme du lycée beaucoup de concertation, beaucoup de dialogue social avec les organisations syndicales. Ça, c'est important de le noter. Moi j'ai aussi beaucoup de confiance dans les enseignants parce que ce sont des personnes qui sont responsables et je ne doute pas une seconde qu'ils ne veulent pas mettre en danger la réussite de leurs élèves. Et donc, nous prenons de notre côté des dispositions pour être certains que ces épreuves pourront se dérouler dans de bonnes conditions.
AMELIE CARROUER
Quelles sont ces dispositions ?
SIBETH NDIAYE
On peut mobiliser des enseignants qui ne font pas grève ce jour-là. On a réussi au moment de la grève de la SNCF où il y avait des incertitudes qui pesaient sur la capacité à faire passer les épreuves du bac à faire en sorte que ces incertitudes soient levées et donc on fera de même au moment des épreuves du bac si cette grève se confirme.
AMELIE CARROUER
Mais ça y est, vous y travaillez.
SIBETH NDIAYE
Oui, bien sûr. Le ministre de l'Education nationale avec ses équipes, avec l'administration de l'éducation nationale, fait en sorte justement… Prend toutes les dispositions pour que les épreuves puissent se passer dans de bonnes conditions.
AMELIE CARROUER
Vous ne lâcherez rien à ces syndicats ? Vous irez au bout du bras de fer éventuellement ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien je ne suis pas sûre qu'on soit dans un bras de fer aujourd'hui. Moi ce que je constate, c'est qu'il y a eu des concertations, qu'il y a eu énormément de discussions, que le dialogue social à l'Education nationale est de très bonne qualité avec un ministre qui est systématiquement à l'écoute des organisations syndicales.
AMELIE CARROUER
Je l'ai dit, on va parler de GENERAL ELECTRIC. Si je ne m'abuse, vous avez le pouvoir de valider, vous l'Etat, le gouvernement, les plans sociaux. Pourriez-vous ne pas valider ce plan social de GENERAL ELECTRIC ?
SIBETH NDIAYE
Alors il faut bien comprendre que la validation d'un plan social, ça a vocation à faire en sorte de s'assurer que lorsque ce plan social est inévitable, les salariés sont bien traités et que toutes les indemnités, qu'ils obtiennent des indemnités qui sont en rapport avec l'histoire qu'ils ont eu dans l'entreprise, en rapport aussi avec les capacités financières de l'entreprise. Moi ce que je veux d'abord dire, c'est qu'une entreprise quelle qu'elle soit, un patron dans une entreprise, il ne ferme pas par plaisir un site industriel. Il ne réduit pas des capacités de production par plaisir. Je vais vous donner trois chiffres. Pour que l'activité de GENERAL ELECTRIC dans les turbines à gaz soit viable, il faut qu'ils vendent quarante turbines à gaz par an. L'année dernière, ils en ont vendu vingt-neuf. Il y a dix ans, il y a onze ans en 2008, ils en vendaient cent. Et donc on assiste à un effondrement du marché de la turbine à gaz, donc on ne va pas faire des turbines à gaz Potemkine qui ne servent à rien. Ça, c'est bien c'est bien normal et donc il faut que tout le monde le comprenne. En revanche, on doit faire en sorte que l'entreprise accompagne les salariés dans un plan social et aussi dans la reconversion éventuelle du site.
AMELIE CARROUER
Et nous aurons largement l'occasion d'en reparler peut-être avec vous d'ailleurs. Merci d'avoir été notre invitée ce matin.
SIBETH NDIAYE
Merci à vous pour cette invitation.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 juin 2019