Texte intégral
CYRIL VIGUIER
Deuxième partie de notre émission avec « Territoires d'infos », la presse quotidienne régionale, les Indés radios, 130 radios qui sont nos partenaires sur tout le territoire français, les télévisions locales et le réseau Vià, ainsi que TV5 Monde, et l'invitée politique en direct sur ce plateau ce matin, c'est une ministre, Agnès PANNIER-RUNACHER, bonjour, merci d'être avec nous.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des finances à Bercy, Bruno LE MAIRE. Pour vous interroger à mes côtés ce matin, Oriane MANCINI, spécialiste politique de Public Sénat, bonjour Oriane.
ORIANE MANCINI
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Et bonjour Denis CARREAUX.
DENIS CARREAUX
Bonjour Cyril.
CYRIL VIGUIER
Directeur de rédactions du groupe Nice Matin, Var Matin et Monaco Matin, merci d'être sur ce plateau ce matin. Votre interview sera retransmis par les sites Internet de la presse quotidienne régionale, Agnès PANNIER-RUNACHER, à partir de 10h00 ce matin. On démarre tout de suite avec l'actualité, c'est le Brexit, avec un vote vérité aujourd'hui du Parlement britannique, qu'est-ce que vous attendez, vous, de ce vote, est-ce que vous souhaitez, au fond, un maintien de la Première ministre britannique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Jusqu'au bout nous on souhaite aller vers un Brexit qui soit doux, avec une période de transition qui nous permette de négocier la relation future, c'est à en, en fait, qui nous évite, le 29 mars, de tomber dans un moment où le Royaume-Uni sera considéré comme un pays qui n'a jamais eu de relations avec la France et avec l'Union européenne. Et ça c'est un enjeu très important pour nos entreprises et aussi pour l'Union européenne.
CYRIL VIGUIER
Des idées portées par Theresa MAY au fond !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je crois qu'on est tous collectivement d'accord pour dire que le Brexit est une décision qui certes appartient au peuple britannique, mais qui du point de vue de l'Union européenne, comme du point de vue du Royaume-Uni, est une décision perdante-perdante. Nous respectons le peuple britannique, nous respectons cette décision, et nous faisons en sorte que ça se passe dans les meilleures conditions possibles, et les meilleures conditions possibles c'est espérer le meilleur, et se préparer au pire très clairement, c'est-à-dire qu'il faut que le 30 mars toutes nos entreprises soient prêtes à avoir des formalités douanières, à avoir des droits douaniers, en espérant que ce soit pour un temps minimal, c'est-à-dire le temps de négocier la relation future.
ORIANE MANCINI
Est-ce que ce sera le cas, parce qu'on se souvient, il y a quelques semaines Gérald DARMANIN avait parlé du déni, de l'attentisme des entreprises françaises, est-ce qu'aujourd'hui elles seront prêtes le 30 mars ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, vous avez une partie des entreprises qui sont prêtes, les entreprises financières sont prêtes parce que, elles, il n'y avait aucune ambiguïté sur le fait que le passeport financier était remis en cause au lendemain du Brexit, donc elles ont pris les mesures, qui sont des mesures plutôt de dématérialisation, de transferts de contrats et de transferts à des, je dirais des implantations qu'ils ont en Europe d'un certain nombre d'activités, donc ça c'est fait et ce sera fait dans les jours qui précéderont le 29 mars. En revanche, c'est vrai que certaines PME, certaines TPE, sont encore peut-être en attente de savoir ce qui va se passer sur le Brexit. Nous on les accompagne, on a mis en place un numéro spécial, qui est accessible sur le site brexit.gouv.fr, je le signale, on a une adresse mail, plusieurs adresses mails même, pour répondre très rapidement aux demandes des entreprises, on a déployé plus de 600 douaniers et vétérinaires sur le terrain, on a des zones qui permettent de traiter tout ce qui est dédouanement, on a une dématérialisation du dédouanement qui est en place sur l'Eurotunnel, donc on est prêt.
ORIANE MANCINI
Mais vous avez beaucoup d'appels de ces TPE, de ces PME, d'appels ou de mails ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, on a eu une augmentation effectivement de… et de l'intérêt aussi pour toutes les réunions qu'on a menées sur le terrain, on a mené plus d'une centaine de réunions, en région, pour expliquer aux PME et aux TPE à quoi elles devaient se préparer. Après, le sujet dépend de ce qu'elles font avec le Royaume-Uni, c'est-à-dire que vous avez des questions qui sont résolues immédiatement, par exemple sur la question des Britanniques qui travaillent en France nous on a prévu une ordonnance qui permet de tout de suite reconnaître leur titre et de leur permettre d'avoir, dans des conditions très simples, la possibilité de continuer à travailler en France, en revanche, tout ce qui est dédouanement doit être préparé, c'est évident, et c'est pour ça que, encore une fois, on invite les entreprises à anticiper cette situation. Si elles sont prêtes, ce n'est pas du temps perdu, parce que si par hasard on arrivait à une situation où Theresa MAY obtient un vote positif aujourd'hui et on rentre dans une négociation, de toute façon, pour la relation future, de toute façon il y aura un Brexit et au 1er janvier 2021 elles seront prêtes.
DENIS CARREAUX
On a appris hier qu'il n'y aurait pas de cinquième mandat pour BOUTEFLIKA en Algérie, la France a salué cette décision qui ouvre la voie à l'apaisement, est-ce que c'est de nature, aussi, à rassurer les entreprises françaises en Algérie ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense que tout ce qui concourt à une stabilité, à une sérénité en Algérie, va dans le bon sens. Nous prenons acte effectivement de la décision communiquée par Monsieur BOUTEFLIKA, nous souhaitons aussi… nous sommes en attente des prochaines étapes, parce que je crois qu'il y a des prochaines étapes…
DENIS CARREAUX
Il y a encore beaucoup d'interrogations.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il y a des interrogations, qui doivent être éclaircies, ce qui compte pour nous c'est que cela se passe dans le respect du peuple souverain algérien et, effectivement, dans la plus grande sérénité possible.
CYRIL VIGUIER
Agnès PANNIER-RUNACHER est notre invitée ce matin, elle est secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des finances. Un documentaire va être diffusé sur cette chaîne samedi soir, dans lequel le président des Hauts-de-France, Xavier BERTRAND, attaque le gouvernement sur sa gestion du dossier ASCOVAL. Vous savez que c'est un dossier très sensible. Je vous propose d'écouter Xavier BERTRAND, on revient à vous après Agnès PANNIER-RUNACHER.
(…) Extrait de « ASCOVAL, la bataille de l'acier » diffusé le 16 mars à 21h00
XAVIER BERTRAND, PRESIDENT DE LA REGION DES HAUTS-DE-FRANCE
Une volonté délibérée de saper le projet, de flinguer le projet.
JOURNALISTE
Comment on l'explique ça ?
XAVIER BERTRAND
Tout ça ? Duplicité. Duplicité, tout simplement. Vous savez, j'ai été de l'autre côté de la barrière, j'ai été ministre pendant 7 ans, je ne suis pas saint, mais je ne crois jamais avoir pratiqué comme ça. Ils ont essayé par tous les moyens de saper la confiance dans le repreneur, ils ont essayé par tous les moyens de dissuader le repreneur, et on pourrait penser que c'est l'Etat qui dirige, comme ils ont 17 % de VALLOUREC, non. C'est VALLOUREC, avec sa situation inquiétante, et puis aussi, je le dis, avec les très bonnes connexions, avec la proximité, avec les amitiés qu'ils ont au coeur de l'Etat, et pas seulement à Bercy, qui tire complètement les ficelles et qui dit très clairement : « laissez tomber cette entreprise. »
CYRIL VIGUIER
Je précise quand même, cette interview a été faite il y a 5 mois bien sûr, et ce documentaire sera diffusé donc samedi soir à 21h00 sur Public Sénat, il s'appelle « La bataille de l'acier. » Est-ce que vous pouvez répondre quelque chose à Xavier BERTRAND ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi je vais vous rappeler que j'ai pris mes fonctions il y a 5 mois, et que ce qui s'est passé il y a 5 mois c'est qu'on a précisément repris le dossier, permis à ALTIFORT d'aller jusqu'au bout de son offre, si on n'avait pas été là ça ne se serait pas passé, que par ailleurs on a accompagné au maximum, tout en mentionnant un certain nombre de questionnements justement autour de la solidité d'ALTIFORT, mais en faisant en sorte que ce repreneur, qui était l'unique repreneur, puisse aller jusqu'au bout de son dossier, si l'Etat n'avait pas été là les 280 personnes, les 280 salariés d'ASCOVAL, seraient aujourd'hui au chômage. Et aujourd'hui on continue à travailler, à la recherche de repreneurs alternatifs, avec le 25 mars une remise des offres, le 27 mars une décision du tribunal de commerce, et si on n'avait pas été là il n'y aurait pas non plus eu une fiducie qui préserve les intérêts financiers des salariés. Donc moi je réponds, c'est peut-être le point de vue qu'avait Xavier BERTRAND à un moment du dossier, mais en tout cas les faits lui ont donné tort.
CYRIL VIGUIER
Vous travaillez avec lui aujourd'hui sur ce dossier ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On travaille avec Xavier BERTRAND, non seulement sur ce dossier, mais sur beaucoup d'autres dossiers. Moi j'ai fait, par exemple, un voyage en Corée sur un dossier d'implantation dans les Hauts-de-France, et je peux vous dire que quand il s'agit d'aller à la chasse aux emplois on est main dans la main.
ORIANE MANCINI
Pour rester sur ASCOVAL, puisque vous nous parlez de repreneurs, est-ce qu'aujourd'hui vous nous dites oui, il y a des dossiers viables, est-ce que vous avez bon espoir de trouver un repreneur ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce que je vous dis aujourd'hui c'est qu'il y a des gens sérieux qui regardent le dossier, on en reparle le 27 mars.
ORIANE MANCINI
Des gens sérieux, c'est-à-dire ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Des gens sérieux, des entreprises sérieuses, qui sont capables de reprendre le dossier, réponse au 27 mars. Moi je ne fais pas des promesses en l'air.
ORIANE MANCINI
Mais Bruno LE MAIRE parlait d'une quinzaine de repreneurs, il y en a combien de repreneurs sérieux parmi cette quinzaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Encore une fois, je ne fais pas des promesses en l'air, l'important c'est d'avoir un repreneur sérieux, ce n'est pas d'en avoir une quinzaine qui ne soient pas sérieux. Aujourd'hui ma responsabilité elle est vis-à-vis des 280 familles et des 280 salariés de l'entreprise. Je ne leur ai jamais manqué jusqu'ici, il n'est pas question que leur manque une fois de plus, moi je suis allée sur place, j'ai vu des personnes qui étaient extrêmement affectées, qui pleuraient, qui pleuraient parce qu'ils allaient perdre leur job, qui pleuraient parce que ça faisait 30 ans qu'ils étaient dans l'entreprise, on leur doit d'être le plus rigoureux possible, de donner le maximum de chance au dossier, et si on n'y arrive pas, d'avoir le meilleur accompagnement possible. Donc, tenir des propos où on joue, je dirais, sur les émotions, de ces salariés-là, qui sont dans l'inquiétude et qui veulent savoir quel est leur avenir, ça ne me paraît pas très raisonnable…
ORIANE MANCINI
Mais, en résumé, il y a des dossiers sérieux, il y a bon espoir de trouver un repreneur, mais ce n'est pas fait, c'est ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
En résumé : rendez-vous au 27 mars.
CYRIL VIGUIER
Mais qui joue avec – ce que vous venez de dire à l'instant – qui joue avec l'émotion, sur place ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Quand vous avez des gens qui vous interrogent en disant « c'est sérieux, ce n'est pas sérieux, la promesse, pas la promesse », quelque part vous jouez avec les émotions des salariés. Donc moi je préfère avancer – sur un certain nombre de dossiers c'est le cas – je préfère avancer avec toute discrétion sur ces dossiers de reprise, qui sont des dossiers compliqués, qui sont des dossiers qui mettent en jeu la vie professionnelle des gens, et pouvoir arriver devant eux avec un discours de vérité, leur dire « on est capable de trouver une solution, on n'est pas capable de trouver une solution, quelles sont vos alternatives ? », ça me paraît très important. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas aller se battre pour chaque emploi, pour chaque site, vous savez que dans trois cas sur quatre nous trouvons des solutions, vous savez qu'on ne parle pas des dossiers qu'on a redressés, les 3000 emplois de WILLIAM SAURIN on n'en parle pas, les 350 emplois de DAHER Industrie, on n'en parle pas, les 900 emplois sauvés chez DOUX, on n'en parle pas, et pourtant ça c'est des dossiers où on a abouti.
DENIS CARREAUX
Alors, il y a des emplois aussi à sauver en ce moment dans la filière diesel, vous vous êtes rendue dans la Vienne récemment justement, où deux sous-traitants sont en difficulté, vous avez réuni hier à Bercy les acteurs de la filière diesel. Il y a urgence, en 10 ans les ventes de diesel ont été divisées par deux. Que peut faire le gouvernement aujourd'hui pour aider cette filière ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le gouvernement peut accompagner ces filières. L'enjeu, derrière l'industrie, c'est l'emploi, et l'emploi dans les territoires, c'est ça qui est notre motivation principale. Qu'est-ce qu'on peut faire pour les accompagner ? je vais prendre l'exemple de BOSCH qui est un dossier, à Rodez, un site de Rodez, 800 emplois, où je me suis rendue il y a 3 semaines, on est en train de regarder des reconversions, reconversion dans l'aéronautique par exemple, reconversion dans des pièces pour d'autres sites de BOSCH, vous avez une délégation qui va voir vendredi la maison-mère de BOSCH, et notre responsabilité c'est effectivement d'accompagner ces reconversions, de les anticiper suffisamment pour donner le temps d'avoir des alternatives en termes de production. Je prends l'exemple de l'aéronautique, vous ne qualifiez pas une pièce du jour au lendemain, il vous faut un petit peu de temps. En revanche, on sait qu'on a les savoir-faire, et c'est comment on utilise les savoir-faire, des salariés, pour les mettre sur d'autres lignes de production, d'autres projets, où l'entreprise pourra continuer à vivre, c'est ça notre responsabilité. On a à peu près 20 % des sites diesel qui sont potentiellement en difficulté avec la chute de la consommation des voitures diesel, ça c'est le choix sociétal des Français…
DENIS CARREAUX
Cette chute et ce déclin, est-ce que le gouvernement n'en n'est pas responsable aussi ? On a encouragé le diesel pendant des années, aujourd'hui le discours c'est de dire le diesel c'est fini, alors même que les véhicules diesel modernes ne polluent pas plus que les véhicules essence, est-ce que vous n'avez pas une responsabilité ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, de 2012 à 2017, c'est là où vous avez la plus grande partie de la chute du diesel, donc je pense que le gouvernement a les épaules larges, mais le choix sociétal des Français d'aller vers des véhicules essence plutôt que des véhicules diesel c'est une donnée de marché. Ensuite…
ORIANE MANCINI
C'est quand même votre gouvernement qui promet la fin des ventes de véhicules diesel pour 2030, et qui s'y est engagé.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, plus précisément, le sens de l'histoire sur les moteurs thermiques, qui ne concerne pas que le diesel, c'est effectivement… et ça c'est le réchauffement climatique, pardon, mais il y a urgence sur le réchauffement climatique, on ne peut pas non plus articuler les sujets en étant un peu négligeant. Donc, le réchauffement climatique, la lutte contre le réchauffement climatique, impose de changer de motorisations, 2030 ce n'est pas la semaine prochaine, 2030 c'est dans plus de 10 ans, et ce n'est pas 2030 en plus, c'est un peu plus tard la fin des motorisations thermiques, en termes d'engagement et en termes de discours au niveau européen, puisque c'est aussi un sujet européen. Donc aujourd'hui, le diesel, ce que nous disons c'est neutralité technologique, le gouvernement estime que si vous avez une motorisation qui pollue, elle doit être au maximum sortie du parc, si vous avez une motorisation qui répond en termes d'émissions aux critères les plus stricts que nous avons posés et que l'Europe a posés, alors ces motorisations doivent être soutenues parce qu'elles sont à la fois bénéfiques au pays et elles permettent économiquement…
ORIANE MANCINI
Puisque vous parlez de l'Europe, le Parlement européen exige une réduction des émissions de CO2 de 40 %. Carlos TAVARES, le patron de PSA, dit, il parle de diktat lui, il dit que c'est un vote contre l'industrie européenne qui met en risque 13 millions de personnes qui travaillent dans notre industrie. Est-ce qu'il n'a pas raison ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense qu'il faut avoir une approche un peu plus mesurée de ce sujet. Encore une fois, on est entre l'urgence climatique, qu'il ne faut pas sous-estimer et balayer d'un revers de main, je pense que la manifestation qui se tiendra le 15 mars en donnera une vision à peu près concrète, rappelez-vous du rapport du GIEC qui dit des choses très fortes sur le réchauffement climatique, et ça nous concerne tous, ça nous concerne tous, je le redis, et de l'autre côté l'accompagnement économique de transformation de filières. Nous, ce que nous faisons au gouvernement, c'est que nous anticipons, c'est-à-dire que nous prenons filière par filière, entreprise par entreprise, les entreprises les plus concernées, et notre travail c'est de trouver des solutions pour reconvertir ces entreprises sur d'autres formes de motorisations, ou d'autres formes de véhicules, et ça on est capable de le faire.
DENIS CARREAUX
La question de la fiscalité écologique n'est pas complètement abandonnée, est-ce que vous êtes pour ou contre le retour de la taxe carbone ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, dans une période où on est en train de conclure le grand débat, moi je ne veux pas faire les questions et les réponses avant d'avoir, je dirais la…
DENIS CARREAUX
Mais c'est une question qui n'est pas enterrée ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une question, la question de la transition écologique et énergétique, par construction n'est pas enterrée, et un des leviers de cette question c'est la fiscalité, mais ne faisons pas les questions et les réponses. On a lancé un grand débat, on respecte le temps du grand débat, le gouvernement, je dirais on a encore un mois pour prendre position par rapport à ce qui aura été dit, non seulement au niveau de, au plus près du territoire, mais également à l'Assemblée nationale, au Sénat, par les corps intermédiaires, dans les conférences citoyennes, c'est un processus qui mérite d'être respecté, et je ne souhaite pas prendre position avant qu'on soit allé au terme de ce processus et qu'on en ait une synthèse.
CYRIL VIGUIER
Agnès PANNIER-RUNACHER, un plan femmes dans l'industrie, vous en avez parlé récemment. Les femmes, en fait, sont beaucoup moins présentes dans les fonctions opérationnelles, vous voulez quoi, rééquilibrer les choses, qu'elles se réintéressent au secteur de l'industrie ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Deux choses. Qu'elles se réintéressent à l'industrie ou qu'elles aient de l'appétence pour l'industrie, mais aussi qu'on leur donne leur chance dans l'industrie, et c'est pour ça que nous avons un plan femmes pour l'industrie, où nous demandons aux entreprises de s'engager non seulement à recruter, à la sortie des écoles, dans des proportions qui soient supérieures à ce qui est le cas aujourd'hui, c'est-à-dire que vous avez assez peu de femmes, en fait, recrutées en sortie d'école, et c'est quelque chose qu'on peut faire de manière proactive. Vous avez des entreprises qui arrivent à recruter 40 % de femmes ingénieures, et 60 % d'hommes ingénieurs. Donc ça veut dire que c'est possible. C'est possible à condition d'y mettre de la bonne volonté, ça veut dire aussi que dans chaque fonction on cherche la meilleure femme et on cherche le meilleur homme, la femme que vous ne nommerez pas, c'est celle qui n'a pas été candidate.
ORIANE MANCINI
Un mot rapidement sur une actualité. Le rapporteur public a recommandé hier l'annulation de la privatisation partielle de l'aéroport de Toulouse qui avait permis à un groupe chinois de rentrer dans le capital. Question : est-ce que c'est un camouflet pour l'Etat, d'autant que c'est Emmanuel MACRON, ministre de l'Economie, qui avait négocié ça, et deux, est-ce que ça vous fait réfléchir au moment où le Parlement examine la loi Pacte dans laquelle il y a la privatisation d'AEROPORTS DE PARIS ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, deux réponses. La première c'est que ce n'était pas une privatisation, parce que quand vous ne vendez pas la majorité ce n'est pas une privatisation…
ORIANE MANCINI
49,99 %.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà, eh bien ça veut dire que vous conservez le contrôle. Je pense que c'est important de le dire parce que, on va souvent un peu vite dans les propos. Et deuxième chose, précisément la loi Pacte sur AEROPORTS DE PARIS, qui n'est pas une privatisation, qui est une concession de 70 ans, c'est une loi qui a pris les… comment dire, qui s'est fondée dans la manière dont elle a été rédigée, sur l'expérience du passé, Toulouse, Nice, Lyon. Nice et Lyon ça se passe très bien, et ça c'est des privatisations, Toulouse, effectivement, on a eu des difficultés avec l'actionnaire chinois, qui lui-même n'était pas en situation d'accompagner le projet, on en a tiré des conclusions, et aujourd'hui, tel qu'est conçu le projet AEROPORTS DE PARIS, l'Etat a la main, dans des situations où il se trouverait confronté à un actionnaire qui lui poserait problème, par exemple.
CYRIL VIGUIER
Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER d'avoir été notre invitée politique ce matin.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup.
CYRIL VIGUIER
Vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des finances à Bercy.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mars 2019