Interview de M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à Sud Radio le 13 mars 2019, sur la ruralité, la filière sucre, le Brexit et les loups.

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Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Didier GUILLAUME.

DIDIER GUILLAUME
Bonjour.

PATRICK ROGER
Beaucoup de questions très concrètes à vous poser ce matin, la chasse au loup, la fermeture de sucreries, le Brexit, avant cela peut-être, quand même, les leçons de Monsieur TOUBON. Attaque en règle du Défenseur des droits, la France trop répressive, notamment pour les gilets jaunes, état alarmant des services publics, notamment pour les zones rurales, que vous connaissez bien. Qu'est-ce que vous lui répondez à l'ancien Garde des sceaux qui aujourd'hui, avec l'âge, est devenu visiblement très humaniste ?

DIDIER GUILLAUME
Et un peu gauchiste peut-être même…

PATRICK ROGER
Eh ben oui, vous l'ancien socialiste, toujours socialiste peut-être !

DIDIER GUILLAUME
Oui, mais il fait son travail, il indique ce qui lui semble vers où on devrait aller, je trouve ça un peu bizarre, mais c'est…

PATRICK ROGER
Il va un peu trop loin selon vous ou pas ?

DIDIER GUILLAUME
Non, non, il est indépendant, je n'ai aucun commentaire à faire, la seule chose que je peux dire c'est que, oui les services publics ont beaucoup diminué dans notre pays, c'est une des raisons, je pense, de la crise dite des gilets jaunes, je pense que dans notre ruralité on a eu le sentiment d'avoir été un peu abandonné. D'ailleurs Monsieur TOUBON, le gouvernement qu'il soutenait, a été celui qui a fait la RGPP, la révision des politiques publiques, celui qui a supprimé les services publics dans tout le pays, mais ce n'est pas ça le sujet, moi il est hors de question de polémiquer…

PATRICK ROGER
Mais enfin quand même, un petit tacle au passage !

DIDIER GUILLAUME
Non, non, il indique une situation, il faut il faut la regarder.

PATRICK ROGER
Oui, c'est ça, et notamment dans les campagnes. L'agriculture c'est l'un des ciments justement, l'agriculture, l'alimentation, etc., pour ces campagnes qui ont beaucoup de mal en fait aujourd'hui ?

DIDIER GUILLAUME
Oui, mais c'est surtout la ruralité qu'il faut prendre en compte. Vous savez, ce mouvement du mois d'octobre, il est venu de plusieurs facteurs, mais il est venu notamment des habitants de nos zones rurales… on dit stop ça suffit, il y en a ras-le-bol, ras-le-bol d'être oubliés, ras-le-bol d'être considérés comme des moins que rien, ça fait des années qu'on nous enlève les services publics, ça fait des années qu'on ne nous considère pas. Ce n'est pas une situation de déclassement, c'est un sentiment d'abandon. Ce n'est pas, comme je l'ai entendu dire à plusieurs reprises, la France périphérique qui se soulève, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Quel mépris de classe, quel mépris des Parisiens et des « bobos » parisiens de nous dire que nous habitons dans la France périphérique, moi j'habite dans le coeur de la France, là où la France bat, le coeur de la France bat, donc ça suffit toutes ces histoires. Il faut prendre en compte cette ruralité, cette ruralité elle est formidable, il y a des femmes et des hommes qui y vivent, qui sont aussi intéressants, aussi dignes que ceux qui vivent dans les métropoles. Il y a d'autres problèmes dans les métropoles, mais nous, en zone rurale, nous avons peu de services publics, nous avons des difficultés pour nous déplacer, mais il y a l'entraide, en zone rurale on se dit bonjour, on ne se dit pas bonjour dans les rues de Paris, en zone rurale on aide la mamie ou on aide untel pour l'emmener en voiture, pour aller au cimetière, parce qu'elle veut aller voir son mari, pour aller faire des courses en ville, ça n'existe pas dans les métropoles. Donc, arrêtons, arrêtons de toujours montrer du doigt cette ruralité qui est bien vivante.

PATRICK ROGER
Vous avez raison Didier GUILLAUME. Alors, pour qu'elle soit encore plus vivante il faudrait qu'il y ait de l'emploi, partout, c'est l'un des problèmes, et l'actualité du jour, vous concernant aussi par exemple, ce sont les menaces de fermeture qui pèsent sur deux sucreries françaises de SAINT LOUIS SUCRE, ce sont les allemands de SUDZUCKER, je ne sais pas si je prononce bien, qui veulent réorganiser et fermer. Vous les recevez ce matin, qu'est-ce que vous avez à leur dire ?

DIDIER GUILLAUME
Là c'est pareil, décision unilatérale de l'entreprise allemande, dans les pays industrialisés il y a des entreprises qui ouvrent, des entreprises qui ferment. Nous avons une filière sucre assez forte dans notre pays – je veux le redire ici à votre antenne, la filière sucre n'est pas remise en cause malgré cette, peut-être fermeture…

PATRICK ROGER
Certains s'inquiètent, ils se disent c'est le début de la fin.

DIDIER GUILLAUME
Non, mais attendez, attendez, mais il y a des raisons de s'inquiéter, moi ça fait 3 semaines que je suis sur le dossier, le président de la République et le Premier ministre en ont parlé, l'un et l'autre, avec les dirigeants de la filière. Ce matin ce que je vais dire au président de SUDZUCKER, c'est de lui dire « vous ne pouvez pas agir comme ça. Vous ne pouvez pas être un prédateur économique dans notre pays. Vous ne pouvez pas décider de chez vous, comme ça, on va fermer telle ou telle sucrerie. » Bien sûr que le cours du sucre s'est effondré, il y a un double phénomène, le cours du sucre s'est effondré, on mange de moins en moins de sucre globalement, on nous demande d'ailleurs d'avoir une alimentation plus saine, et parallèlement il n'a jamais été autant produit de betteraves et de betteraves à sucre, donc c'est un vrai problème, donc il va falloir réorganiser cette filière. Mais je vois ce matin le président de SUDZUCKER, avec les présidents des conseils régionaux, moi j'ai tenu à ce que les présidents de région soient à mes côtés, parce que c'est le tissu économique, mais j'ai aussi…

PATRICK ROGER
Mais est-ce que vous pouvez l'obliger à ne pas fermer, à renoncer ?

DIDIER GUILLAUME
Non, mais attendez, je ne veux pas rentrer dans ce terrain, un responsable politique ne peut pas obliger à embaucher ou obliger à licencier, mais un responsable politique peut mettre les moyens pour faire en sorte que ça ne se passe pas, et notamment nous allons regarder, avec Muriel PENICAUD, avec Bruno LE MAIRE, ce que ça va coûter à cette entreprise, comme ça, s'ils devaient le faire en 2020, de nettoyer un site, bien sûr.

PATRICK ROGER
Donc vous avez encore espoir ?

DIDIER GUILLAUME
J'ai encore espoir même s'il y aura sûrement une restructuration de cette filière, mais oui j'ai espoir.

PATRICK ROGER
Et cette filière, est-ce qu'elle est complètement menacée, ou est-ce qu'il n'y a pas une possibilité, parce qu'on en parle beaucoup, hier on avait un débat sur les biocarburants, de réutiliser l'ensemble de nos terres agricoles pour justement cette filière de l'éthanol, globalement justement, même avec les betteraves à sucre ?

DIDIER GUILLAUME
Mais cette filière elle est en difficulté parce que, je vous le dis, il y a une surproduction mondiale et les cours se sont effondrés, mais elle n'est pas du tout une filière du passé. Il faut avancer dans la méthanisation, dans les biocarburants, dans le bioéthanol, il faut aller dans la transition énergétique, et aujourd'hui l'agriculture, la ruralité, peut être à la pointe de la transition énergétique, et notamment, comme vous le disiez fort justement, pour les biocarburants.

PATRICK ROGER
Le Brexit, le compte-à-rebours commence, c'est l'autre actualité ce matin, la fermeture des frontières va avoir des conséquences fortes sur l'agriculture, et la pêche notamment. A partir du 30 mars en fonction de l'évolution, mais nos pêcheur français n'auront plus le droit de pêcher dans les eaux britanniques. Comment vous allez faire ?

DIDIER GUILLAUME
N'auraient, n'auraient plus le droit !

PATRICK ROGER
Bien sûr.

DIDIER GUILLAUME
Non, non, mais je préfère le dire parce que j'ai fait beaucoup de réunions avec les filières pêche de notre pays, ce sont des gens formidables qui sont des gens sincères, qui bossent beaucoup, il se peut que le Brexit, le « no deal », le Brexit sans accord, si les Britanniques prenaient cette décision, empêche tous les autres Etats européens d'aller pêcher en eaux territoriales britanniques. Ce serait un drame, ce serait un drame parce que beaucoup de nos pêcheries pêchent dans ces eaux, il n'y a pas de possibilité de report ailleurs, donc nous avons commencé à envisager des solutions sociales d'arrêt de bateaux, mais nous n'en sommes…

PATRICK ROGER
Ah d'arrêt de bateaux ?

DIDIER GUILLAUME
Ah ben oui, à partir du moment où des bateaux…

PATRICK ROGER
Ah oui ! Donc l'une des conséquences de ce Brexit, finalement chez les Anglais évidemment il y en aura, mais il y en aura aussi pour notre secteur, pour notre agriculture et notre pêche en France.

DIDIER GUILLAUME
Mais il y aura beaucoup de… vous savez, je pense que les gens n'ont pas totalement intégré les conséquences du Brexit, d'ailleurs surtout les Britanniques, et ça ils vont se réveiller peut-être le 1er avril…

PATRICK ROGER
Mais chez nous on va avoir…

DIDIER GUILLAUME
Mais chez nous aussi, par exemple des bateaux qui vont pêcher dans les eaux territoriales britanniques, à plus de 50, 60 % de leur pêche, n'auront plus le droit de le faire. Mais je ne vois pas comment les Britanniques, à moins que ce soit une volonté de rétorsion, pourraient mettre cela sur la table, il ne peut pas y avoir le sur-accident, ou la surinterprétation du « no deal », donc moi je reste, là encore, confiant, et nous nous bagarrons, et je fais confiance à Monsieur BARNIER…

PATRICK ROGER
Vous pourriez trouver un deal, c'est ce que vous dites ?

DIDIER GUILLAUME
Non, mais parce que… le Royaume-Uni restera une île à 22 kilomètres de Boulogne-sur-Mer.

PATRICK ROGER
Eh ben oui !

DIDIER GUILLAUME
Elle ne va pas partir, donc il faudra bien qu'il y ait des accords, il faudra bien qu'il y ait des accords économiques, avec les Britanniques, sans ça… on a des échanges.

PATRICK ROGER
Y compris pour la pêche !

DIDIER GUILLAUME
Y compris pour la pêche, c'est toute la négociation, c'est pour ça que, je vous le disais, moi je remercie vraiment Michel BARNIER, le négociateur européen, qui a fait du bon travail, et je veux vraiment le redire sur votre antenne de Sud Radio, parce que le président de la République, Emmanuel MACRON, a dit très clairement à Madame MAY et au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement, qu'il n'était pas question que la pêche soit la variable d'ajustement du Brexit.

PATRICK ROGER
D'un mot aussi, sur ces conséquences du Brexit, si évidemment tout ça se produit, c'est qu'il va falloir rétablir des contrôles sanitaires à la frontière, on manque en plus de vétérinaires, j'ai cru comprendre, non ?

DIDIER GUILLAUME
Oui, enfin il faut remettre des douaniers et des vétérinaires, bien sûr.

PATRICK ROGER
Comment vous allez faire là aussi ?

DIDIER GUILLAUME
Eh bien nous n'avons pas attendu qu'on se rapproche de l'échéance, il y a des douaniers qui ont été mis en place, nous nous sommes en train de recruter des vétérinaires depuis un moment, parce que les vétérinaires, les contrôleurs sanitaires dépendent du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, ils sont formés déjà depuis plusieurs semaines, et ils seront là, aux frontières, le moment venu, bien sûr.

PATRICK ROGER
Combien, vous savez ?

DIDIER GUILLAUME
Oui, on va arriver entre 70 et 80…

PATRICK ROGER
Vétérinaires.

DIDIER GUILLAUME
Contrôleurs sanitaires de plus.

PATRICK ROGER
Contrôleurs sanitaires de plus.

DIDIER GUILLAUME
Le terme exact c'est contrôleurs sanitaires.

PATRICK ROGER
Il y aura de la création d'emplois finalement !

DIDIER GUILLAUME
Oui, il y en a, bien sûr.

PATRICK ROGER
La chasse aux loups, avec les éleveurs on en parle beaucoup sur Sud Radio, il y a quelques jours, et on recevra un éleveur aussi tout à l'heure, près de 500 loups recensés en fait…

DIDIER GUILLAUME
Plus de 500 loups.

PATRICK ROGER
Plus de 500 loups, oui, c'est ça, un plan d'abattage l'an passé pour supprimer une quarantaine de bêtes avait été signé par Nicolas HULOT, les éleveurs voudraient qu'on relève ce seuil. Emmanuel MACRON l'a plus ou moins promis. Qu'est-ce que vous leur répondez ce matin ?

DIDIER GUILLAUME
Non, mais je dis aux éleveurs, d'abord, que ce sont des gens formidables, mon père lui-même était éleveur ovin quand il était jeune, il était berger, je connais très bien ce sujet, dans la Drôme nous sommes terriblement impactés, 300 à 400 attaques de brebis par an, les éleveurs ne sont pas là pour avoir du stress, pour contrôler leurs troupeaux et pour se faire indemniser.

PATRICK ROGER
Ah ben ils ont du stress !

DIDIER GUILLAUME
Non, non, bien sûr, mais ce que je veux vous dire c'est que ça coûte 30 millions d'euros à l'Etat français, chaque année nous mettons 30 millions d'euros d'indemnités, mais les gens ne sont pas là pour toucher des indemnités, ils veulent vivre de leur travail, or aujourd'hui ce n'est pas le cas. Donc, il y a plus de 500 loups en France, c'est la première fois que la France va annoncer cela, et à partir du moment où on annonce qu'il y a plus de 500 loups, alors on change de situation, parce que le loup n'est plus une espèce en voie de dépeuplement, comme l'on dit, donc on va faire augmenter le nombre de prélèvements de loups, c'est-à-dire de loups qu'il faudra retirer de la circulation…

PATRICK ROGER
Il faut les abattre…

DIDIER GUILLAUME
Oui, oui, bien sûr, bien sûr.

PATRICK ROGER
Il faut dire les mots.

DIDIER GUILLAUME
Mais nous disons les mots, donc il faudra en abattre beaucoup plus. Je veux redire ici que… parce que vos auditeurs sont en zone rurale, ils connaissent des bergers…

PATRICK ROGER
Oui, notamment, bien sûr.

DIDIER GUILLAUME
Non, non, mais connaissent des bergers, connaissent des éleveurs, ce n'est pas le rôle de l'éleveur d'avoir son fusil et de…

PATRICK ROGER
C'est un peu la même situation aussi avec les ours dans les Pyrénées, vous savez.

DIDIER GUILLAUME
C'est un peu la même situation, mais c'est beaucoup plus grave pour le loup quand même, il faut dire les choses.

PATRICK ROGER
Bien sûr, bien sûr.

DIDIER GUILLAUME
Donc voilà, il va y avoir beaucoup plus de prélèvements. Moi j'ai commencé à faire des réunions au niveau européen, c'est la première fois, avec mes collègues ministres de l'Agriculture, pour l'instant il y a 10 pays en Europe, c'est une première, qui sont concernés, et nous voulons travailler sur plus de flexibilité dans ce que l'on appelle, excusez-moi, le guide interprétatif de l'Union européenne, au sujet…

PATRICK ROGER
Holà !

DIDIER GUILLAUME
Oui, mais ça s'appelle comme ça, au sujet des espèces en voie de disparition, considérant qu'aujourd'hui le loup n'étant plus une espèce en voie de dépeuplement, il faut que ce guide interprétatif soit plus flexible et qu'on nous laisse plus de flexibilité, aux Etats, pour abattre plus de loups.

PATRICK ROGER
Vous vous occupez donc des éleveurs dans les Cévennes, notamment du côté italien, vous allez vous occuper aussi des éleveurs…

DIDIER GUILLAUME
Du côté français.

PATRICK ROGER
Non, mais en allant vers la frontière italienne, et du côté aussi des éleveurs menacés, enfin en tout cas qui contestent la réintroduction des ours dans les Pyrénées, dossier délicat aussi !

DIDIER GUILLAUME
Oui, dossier très délicat. Moi je veux redire ici que, à titre personnel, comme ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, mais comme l'ensemble du gouvernement, nous ne sommes pas contre la biodiversité, la réintroduction du loup ce n'est pas négatif, la réintroduction de l'ours ce n'est pas négatif, il faut de la biodiversité, mais nous en arrivons à un moment où il faut que les gens comprennent que ce n'est plus possible, que la situation elle n'est plus supportable, et qu'il faut mieux réguler ces populations, c'est tout. A partir de là, si on était d'accord pour se mettre, avoir un accord là-dessus pour discuter, je pense qu'on devrait y arriver.

PATRICK ROGER
Bon, le seuil va être relevé, donc, pour les prélèvements d'ours…

DIDIER GUILLAUME
Oui, oui.

PATRICK ROGER
Vous pouvez le dire. Juste d'un mot, parce que La République en marche s'est allié avec le parti européen ALDE en vue des élections, qui est financé visiblement par BAYER-MONSANTO, producteur de glyphosate.

DIDIER GUILLAUME
J'ai vu ça.

PATRICK ROGER
C'est légal, mais pas très moral, non, qu'est-ce que vous en pensez Didier GUILLAUME ?

DIDIER GUILLAUME
Mais je n'ai pas à juger de la moralité moi, je n'ai à juger que de la légalité, mais bon, il faut que ça s'arrête.

PATRICK ROGER
Le mot de la fin avec Cécile de MENIBUS, Didier GUILLAUME.

CECILE DE MENIBUS
Monsieur le ministre, je vais vous parler d'un sujet qui fâche, je vais vous parler du XV de France…

DIDIER GUILLAUME
Là vous avez raison.

CECILE DE MENIBUS
Oui, oui, puisqu'on vous attendait à la tête du comité d'organisation du rugby en 2023 en France et que, patatras, vous êtes ministre de l'Agriculture, je vais vous demander ce que vous pensez du XV de France, parce que là ça ne va plus, il faut que ça cesse.

DIDIER GUILLAUME
Je suis triste, alors là c'est en dehors de mon portefeuille ministériel…

CECILE DE MENIBUS
Eh ben oui, après la déculotté avec l'Angleterre.

DIDIER GUILLAUME
Mais heureusement que la deuxième mi-temps s'est mieux passée à Dublin, mais la déculottée est terrible…

PATRICK ROGER
Enfin, les 5 dernières minutes !

DIDIER GUILLAUME
Non, un peu plus, un peu plus, vous dormiez pendant la deuxième mi-temps, il faut dire vous avez des raisons de dormir ! Mais non, plus sérieusement, voilà, le rugby est en chantier, le rugby est en plein remaniement, il faut aller au bout. Moi je suis très heureux de constater que les jeunes qui ont été champions du monde des moins de 20 ans, jouent dans leurs clubs, jouent en équipe de France… les mercenaires continueront, ils sont en train de rentrer, voilà. Le tournoi des VI Nations on va le laisser de…

CECILE DE MENIBUS
Ouais, c'est mort !

DIDIER GUILLAUME
Ah ben ça, pour être mort c'est mort, mais il faut gagner…

CECILE DE MENIBUS
Mais il faut changer des trucs ou pas, qu'est-ce qu'il faut changer ?

DIDIER GUILLAUME
Il faut gagner à Rome, après, la Coupe du monde au Japon ça me semble compliqué, mais c'est pour ça que ça nous laisse du temps pour repartir. Après, il y a 66 millions de sélectionneurs en foot, en rugby, je ne suis pas sélectionneur du tout, et pas compétent, il y a une chose dont je suis sûr…

CECILE DE MENIBUS
Bon, on s'est fait plaquer, on s'est fait plaquer !

DIDIER GUILLAUME
Une chose dont je suis sûr c'est qu'il faut changer des choses, oui.

CECILE DE MENIBUS
C'est ça, merci beaucoup Monsieur le ministre, et vous avez un invité surprise.

IMITATION DE JEAN LASSALLE PAR DANY MAURO
Bonjour Didier, c'est Jean LASSALLE. Dans la famille tout le monde t'adore, d'ailleurs mes deux porcelets, Jacky et Michel, aimeraient avoir un autographe de toi. Lundi, en visite à Lus la Croix-Haute t'as déclaré qu'il fallait choisir l'éleveur et non le prédateur. Pourtant, dis-moi, est-ce qu'en choisissant de rallier l'équipe à MACRON tu n'as pas préféré le grand méchant loup à la petite brebis galeuse du Parti socialiste dans lequel tu étais avant ?…

DIDIER GUILLAUME
Excellent, j'adore Jean LASSALLE, c'est un grand défenseur de la ruralité, avec ses excès. Non, non, il n'y a pas de grand méchant loup, moi, vous savez, les grands méchants loups, je lisais ça quand j'étais petit, je pense vraiment qu'Emmanuel MACRON est en train d'essayer de réconcilier les deux France. Ce qu'on disait tout à l'heure par rapport à la ruralité…

PATRICK ROGER
On ne l'a pas vu depuis le mois de novembre en tout cas, mais bon !

DIDIER GUILLAUME
Justement, ce qui s'est passé depuis le mois de novembre c'est vraiment de faire la démonstration que la France elle est coupée en deux, et que le rôle du président de la République, l'enjeu de cette période, et là je deviens grave parce que c'est, soit on réconcilie, soit il se passera des choses pas très belles.

PATRICK ROGER
Merci Didier GUILLAUME, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation était l'invité ce matin de Sud Radio.

DIDIER GUILLAUME
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 mars 2019 #