Texte intégral
CLELIE MATHIAS
Il est Secrétaire d'Etat chargé du Numérique et candidat à l'investiture de La République en Marche pour la mairie de Paris. Mounir MAHJOUBI est l'invité politique de La Matinale avec Damien FLEUROT.
DAMIEN FLEUROT
Bonjour Mounir MAHJOUBI.
MOUNIR MAHJOUBI, SECRETAIRE D'ETAT AU NUMERIQUE
Bonjour.
DAMIEN FLEUROT
Vous êtes secrétaire d'Etat au Numérique. On va parler de vos dossiers, on va parler des issues du grand débat, de l'anniversaire d'Internet, les 30 ans. Mais avant cela on va parler de votre deuxième casquette, celle de candidat à l'investiture pour la mairie de Paris. Vous arrivez à jongler avec vos deux agendas ? Vous allez partir là dans vos responsabilités ministérielles pour Singapour et puis revenir pour faire un peu une campagne parisienne, locale.
MOUNIR MAHJOUBI
Ce que j'ai voulu dire en disant que je serai au mois de juin candidat à la candidature, c'est qu'il y a un temps pour tout. Là c'est le temps du ministre, c'est le temps de celui qui s'engage pour son pays. On a le grand débat, on a…
DAMIEN FLEUROT
Mais pour autant, vous avez tenu à afficher vos propositions dans Le Parisien cette semaine.
MOUNIR MAHJOUBI
Oui.
DAMIEN FLEUROT
C'est quoi ? C'est une façon de dire « je suis présent. Attention, il faut compter sur moi. »
MOUNIR MAHJOUBI
Non, je voulais dire simplement… Vous savez, je suis né, j'ai grandi à Paris, j'ai été élu député de Paris, j'y passe tous mes week-ends. Vous savez, on peut être ministre à temps plein et il faut aussi aimer très fort le lieu où vous avez été élu et le lieu où vous habitez.
DAMIEN FLEUROT
Mais visiblement…
MOUNIR MAHJOUBI
J'ai été élu là-bas, j'ai continué tout le temps à le faire et j'ai redit : quand le temps viendra, je serai là. Et alors oui, je sais vos questions. On dit : ça a irrité par ici, ça a irrité par-là. La réalité, c'est qu'aujourd'hui…
DAMIEN FLEUROT
Ça n'a pas irrité, ça n'a pas agacé.
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui, vous savez, on a une relation très mature dans un gouvernement. Le Premier ministre et le président, ils m'attendent sur comment on fait pour faire atterrir ce grand débat, comment on a avancé sur l'inclusion numérique. La semaine prochaine je serai avec le Premier ministre pour parler de l'inclusion numérique partout sur le territoire : comment on accompagne les Français qui n'ont pas accès à Internet. Le président de la République, il m'attend sur comment on donne à nos start-up un deuxième temps d'avance sur la compétitivité internationale.
DAMIEN FLEUROT
Alors les candidatures pour la mairie de Paris se multiplient dans votre propre famille politique. On va regarder un peu ceux qui se sont déclarés officiellement comme vous ou ceux qui sont sur le point de le faire, c'est un secret de polichinelle. Je pense par exemple à Benjamin GRIVEAUX, le porte-parole du gouvernement. Lui lorsqu'il déclarera dans les tout prochains jours sa candidature, il fait comprendre qu'il pourrait se mettre en retrait de son activité du gouvernement, démissionner. Et pas vous ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ce que j'ai dit, oui, c'est qu'aujourd'hui ce qui m'occupe pleinement, c'est d'être ministre. Et le deuxième élément qui est important pour moi, c'est que je considère que quand on choisit de s'investir en politique, il faut bien être là où on est le plus utile. Aujourd'hui moi je trouverais ça irresponsable pour moi de quitter le gouvernement à un moment où on doit faire atterrir le grand débat. C'est-à-dire qu'on a promis aux Français qu'on allait apporter des solutions fortes. Je considère que le numérique va faire partie des solutions fortes. Si je pars maintenant, c'est dangereux. Et la deuxième chose, c'est que je n'ai pas honte d'être membre de ce gouvernement. Je suis très fier de soutenir Emmanuel MACRON depuis très longtemps. Très fier d'être dans l'équipe d'Edouard PHILIPPE. Très fier d'être dans un gouvernement et d'avancer et de construire pour ce pays des politiques publiques qui vont transformer le travail, qui vont transformer la façon de vivre ensemble, et ça j'en suis très fier.
DAMIEN FLEUROT
Alors on va parler tout de même un peu de vos propositions pour la capitale. Sur la pollution par exemple à Paris, hier dans le journal Le Parisien la maire Anne HIDALGO se félicitait que la pollution aux particules fines baisse de 10,5 %. C'était entre 2010 et 2016. Les solutions de Mounir MAHJOUBI candidat à la mairie de Paris mais aussi peut-être secrétaire d'Etat au Numérique, quelles sont-elles pour lutter contre la pollution ?
MOUNIR MAHJOUBI
Vous avez bien compris que ce n'est pas le moment aujourd'hui de faire le combat mesure contre mesure. Sur la pollution, tout le monde doit reconnaître, et vous allez avoir bientôt une grande marche pour le climat, vous allez avoir tout le peuple, toute la jeunesse qui dit très fort : on ne peut pas laisser cette planète s'enfoncer et se détruire sur elle-même. Le président de la République a voulu être un leader mondial sur ce sujet. A voulu faire entendre la voix de la France pour que tout le monde prenne conscience qu'il fallait investir de l'argent mais aussi s'investir politiquement sur ce sujet. La question de la pollution, elle est non-négociable. Il n'y aura pas de différence. Il ne faut surtout pas qu'il y ait un débat sur les candidats. « Moi, je suis plus contre la pollution que toi. » Tout le monde doit être profondément concerné.
DAMIEN FLEUROT
Donc vous dites effectivement : « Je salue l'action de l'actuel maire de la capitale. »
MOUNIR MAHJOUBI
Je dénonce surtout aujourd'hui le niveau de pollution encore très grave de Paris. Vous voyez les articles qui ont été publiés ces derniers jours sur le niveau de particules fines, notamment dans des quartiers populaires, notamment à la porte de Bagnolet là où j'ai passé de nombreuses années…
DAMIEN FLEUROT
Là où vous êtes élu et là où vous êtes né.
MOUNIR MAHJOUBI
Notamment la porte de la Villette où je suis élu, où là près du périphérique on a des gens qui vivent des situations terribles vis-à-vis de la pollution.
DAMIEN FLEUROT
Sur le logement, là aussi peut-être que votre double casquette peut être utile. Les logements mis en location sur les plateformes type AIRBNB par exemple. Quelle solution pour éviter qu'il y ait des abus ? Il y a des règles mais elles ne sont pas toujours appliquées.
MOUNIR MAHJOUBI
Elles n'étaient pas toujours appliquées parce que c'était trop complexe. C'est pour ça qu'avec Julien DENORMANDIE dans la loi Elan, celle qui a été votée l'année dernière et qui est maintenant pleinement en application, on a créé des règles strictes qu'il s'agit maintenant de faire respecter. Il se trouve que la mairie avait lancé un procès mais là…
DAMIEN FLEUROT
Avec le numéro d'enregistrement de chaque appartement.
MOUNIR MAHJOUBI
Tout à fait. Mais il se trouve que le procès a été mal ficelé, mal lancé et donc le juge n'a eu d'autre choix que de dire que la requête n'était pas acceptable malheureusement. Parce que le droit tel que… La loi telle que nous l'avons changée pas que pour Paris, on l'a changée pour la France entière, elle donnait des capacités à la ville de poursuivre cette plateforme.
DAMIEN FLEUROT
Un mot sur le processus de privatisation d'AEROPORTS DE PARIS. C'est aussi peut-être un sujet que vous suivez de près.
MOUNIR MAHJOUBI
Bien sûr. Je suis à Bercy aujourd'hui avec Bruno LE MAIRE.
DAMIEN FLEUROT
Voilà. Les députés sont amenés à se prononcer. En ce moment même, ils examinent ce texte à l'Assemblée nationale. Ecoutez ce qu'en pense Eric WOERTH, député Les Républicains de l'Oise, président de la commission des finances et pas favorable à cette privatisation. On l'écoute.
ERIC WOERTH, DEPUTE LES REPUBLICAINS DE L'OISE
C'est fait avec un objectif qui est celui de financer un fonds de rupture technologique, aider des PME ou des petites entreprises ou des start-up qui ont des projets de rupture technologique. C'est déjà fait. C'est fait par la BPI à hauteur de deux milliards d'euros. C'est fait par les programmes d'investissements du futur. Et par ailleurs les dividendes d'ADP comme ceux de LA FRANÇAISE DES JEUX auraient pu être tout simplement affectés à cela.
DAMIEN FLEUROT
Les recettes de cette privatisation qui ne sont pas forcément bien fléchées, c'est ce que dit Eric WOERTH qui s'oppose à ce processus de privatisation.
MOUNIR MAHJOUBI
Il le maladroitement et en nommant mal les fonds existants, donc je n'ai pas l'impression qu'il le dise de façon très informée.
DAMIEN FLEUROT
Des fonds d'avenir.
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui le sujet qui est très important, ADP, on ne parle pas d'une privatisation. On parle d'un mode d'exploitation où ce n'est pas l'Etat qui met 100 % des fonds et qui récolte 100 % des dividendes. C'est l'Etat qui met en concession longue, qui donne au privé la capacité à exploiter, à tirer le maximum de valeur de ce dispositif. Mais attention, c'est l'Etat qui contrôle et c'est l'Etat qui régule. Comment va se…
DAMIEN FLEUROT
L'Etat qui garde la main sur les frontières, sur les contrôles de sécurité.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais pas que. Sur les objectifs, sur le périmètre de cet aéroport, sur ce qu'il doit rendre à l'Etat, sur ce qu'il doit payer chaque année à l'Etat.
DAMIEN FLEUROT
Et vingt ans après, on se mord les doigts d'avoir privatisé les autoroutes. Ce ne sera pas le cas pour AEROPORTS DE PARIS ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ce ne sera pas le cas. Comme l'a rappelé Bruno LE MAIRE dans un article que vous pouvez retrouver sur son compte Medium, les 10 choses à savoir sur la privatisation d'ADP. Vous verrez que l'Etat garde le contrôle sur ce qui est payé à l'Etat chaque année…
DAMIEN FLEUROT
Mais avec tellement de barrières et de garde-fous que la valeur peut-être du coup d'ADP va baisser.
MOUNIR MAHJOUBI
Eh bien ce n'est pas ce que nous avons construit. Vous retrouvez dans cet article très détaillé du ministre de l'Economie toutes les raisons pour lesquelles nous pensons qu'il est très important que cet argent serve à financer l'hyper innovation, à financer l'innovation qui aujourd'hui n'arrivent pas à être financées en France.
DAMIEN FLEUROT
Mounir MAHJOUBI, on va parler maintenant de l'après-débat. D'abord sur la forme, sur cette séquence qui vient de se dérouler ces semaines dernières. On vous a vu beaucoup participer à ces débats, peut-être trop. C'est ce que disent les garants, les grands garants de ces débats. Certains ont été nommés par le gouvernement et on va écouter par exemple l'avis de Pascal PERRINEAU, nommé par le président de l'Assemblée nationale… par le président du Sénat, pardon. Pascal PERRINEAU, il était interviewé par Jean-Pierre ELKABBACH le 25 janvier dernier. Il s'alertait sur la prédominance et la présence trop importante du président et des ministres dans ce débat.
PASCAL PERRINEAU, POLITOLOGUE
Ce grand débat national, il n'a pas été organisé pour les professionnels politiques et les professionnels de la parole. Il est organisé pour les citoyens. La communication, c'est utile. Ça peut éventuellement enrichir le débat, parfois l'appauvrir aussi, il faut être lucide. Attention à une dérive : c'est de dire au début ce qu'il y aura à la fin.
DAMIEN FLEUROT
Voilà. Trop d'Emmanuel MACRON dans ces débats, trop de membres du gouvernement également. Vous l'admettez. Vous avez pris du plaisir, vous l'avez dit à plusieurs reprises, à échanger.
MOUNIR MAHJOUBI
Monsieur PERRINEAU là est complètement dans son rôle quand il dit « attention ». Le rôle d'un sage dans une opération, dans une structure…
DAMIEN FLEUROT
Il le disait le 25 janvier, il le redit aujourd'hui.
MOUNIR MAHJOUBI
C'est d'appeler à l'attention Quelle a été la réalité ? Vous avez vu le nombre de contributions qui ont eu lieu ? Le président de la République, il a été à une dizaine de ces débats. Sa présence a permis de structurer, d'envoyer un message fort à tous les Français qui était de dire : ça va être important pour nous et on va écouter ce qui se passe dans ces débats. Mais la réalité, c'est que ces débats ils ont eu lieu. Heureusement qu'ils ont eu lieu sans nous. Ils ont eu lieu parce que les Français l'ont décidé. Certains ont été faits en dehors des mairies, d'autres dans les mairies. Certains ont été faits par l'opposition. Hier à Bercy, il y avait un de ces débats nationaux autour de la fiscalité avec de nombreuses associations et syndicats. Et ceux-là, je peux vous assurer qu'ils n'étaient pas en soutien de notre gouvernement. Ils étaient venus dire très fort ce qu'ils avaient pensé des contributions pour venir l'enrichir.
DAMIEN FLEUROT
Alors le temps maintenant des contributions, celles de Laurent WAUQUIEZ par exemple, le président du parti Les Républicains. On va les voir dans une interview accordée au Figaro. Lui, il les met sur la table : une baisse des impôts sur le revenu, une baisse des droits de succession, il veut également revaloriser le travail. Il demande par exemple des contreparties aux versements des aides sociales. C'est une idée qui avait été avancée par le Premier ministre. Vous y êtes favorable ?
MOUNIR MAHJOUBI
Alors la contrepartie sur les aides sociales, vous savez, c'est une idée ancienne. Tout le monde en parle depuis de très nombreuses années. Ce qui est très important, et ça c'est ma position partout et toujours en politique, il ne faut pas être caricatural.
DAMIEN FLEUROT
Donc on l'expérimente ? C'est ce que demande Laurent WAUQUIEZ.
MOUNIR MAHJOUBI
Surtout il ne faut pas dire « il faut des contreparties aux aides sociales » comme une punition. Les gens qui touchent des aides sociales, c'est qu'ils ont aujourd'hui une difficulté dans leur vie. Donc si la contrepartie c'est de les aider à trouver une formation, à trouver un stage de retour à l'emploi, alors c'est formidable et c'est absolument ça qu'il faut faire. Mais la contrepartie aux aides sociales, ce n'est certainement pas un travail d'intérêt général. Un travail d'intérêt général, c'est ce qu'on donne à quelqu'un qui a commis une faute. Quelqu'un qui touche des aides sociales, il n'a pas commis une faute, il a besoin qu'on l'accompagne. Et c'est vrai qu'en France les expérimentations qui fonctionnent, c'est celles où à quelqu'un qui n'a pas un emploi on dit : voilà un minimum pour que vous puissiez survivre, voilà une formation pour que vous puissiez retourner dans l'emploi et voilà un stage qu'on vous propose pour que vous puissiez vous développer.
DAMIEN FLEUROT
Mounir MAHJOUBI, Laurent WAUQUIEZ il veut aussi une hausse de toutes les pensions des retraités. Ce n'est pas pour l'instant pour l'instant ce qui est avancé par les membres de la majorité, où l'on parle de réindexer seulement les petites retraites. Mais est-ce que c'est vraiment suffisant pour aider cette catégorie des Français, revaloriser seulement les petites retraites ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je pense que le président de la République dès le mois de décembre a eu des mots très sincères vis-à-vis des retraités. Expliquant que les mesures qu'on avait pu prendre la première année avaient pu, notamment pour les plus petites retraites, avoir un impact sur leur pouvoir d'achat, sur leur capacité chaque mois à vivre la vie qu'ils vivaient auparavant. Et donc c'est pour ça qu'il a voulu tout de suite dès le mois de décembre, avant même qu'on démarre le grand débat, revaloriser en touchant la CSG.
DAMIEN FLEUROT
En supprimant la CSG sur l'inflation, sur la réindexation sur l'inflation.
MOUNIR MAHJOUBI
Sur la réindexation sur l'inflation. C'est celle… Encore une fois, il ne faut pas aller dans les caricatures. On a une responsabilité, c'est maintenir le budget de cet Etat. Donc comment on introduit plus de justice, plus de justesse, comment plus de personnes qui se sentent mal aujourd'hui dans leur vie parce que leurs revenus ont baissé, parce que leurs revenus ne correspondent plus à leur capacité à mener la vie comme ils la menaient auparavant, comment pour ceux-là on corrige. Mais je ne vais pas vous dire aujourd'hui : je suis pour réindexation aveugle à un taux maximal.
DAMIEN FLEUROT
Est-ce que vous pouvez me dire aujourd'hui sur ce plateau : réforme des allocations familiales dès le premier enfant pour les familles monoparentales ? C'est un sujet qui vous est cher.
MOUNIR MAHJOUBI
C'est un sujet qui m'est très cher. J'ai fait de nombreuses conférences sur ce sujet.
DAMIEN FLEUROT
Vous y êtes favorable ? Sous conditions de ressources par exemple ?
MOUNIR MAHJOUBI
J'y suis très favorable, sous conditions de ressources par exemple. Mais surtout quoiqu'il arrive, à l'issue de ce grand débat on répondra aux familles monoparentale, parce qu'aujourd'hui les familles monoparentales et surtout celles qui vivent uniquement autour d'une mère, elles ne font que survivre. C'est très dur pour elles, nous devons apporter des solutions.
DAMIEN FLEUROT
Mounir MAHJOUBI, on va parler de cet anniversaire, le Web fête ses 30 ans cette année. Un triste anniversaire et ce n'est pas moi qui le dit. Ecoutez ce qu'en pense cet ingénieur Informaticien qui travaille au CERN, là où a été inventé le Web il y a 30 ans. Ecoutez-le.
FRANÇOIS FLUCKIGER, INGENIEUR INFORMATICIEN
Quand on observe aujourd'hui la prédominance des croyances par rapport aux connaissances, le harcèlement numérique, les fake news, l'hystérisation numérique des foules dangereuses pour la démocratie, effectivement on se demande si on n'a pas finalement crée un monstre aujourd'hui hors de tout contrôle.
DAMIEN FLEUROT
Est-ce qu'on a un monstre hors de contrôle aujourd'hui Mounir MAHJOUBI ? Internet ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ce qui est sûr, c'est que là on a l'anniversaire des 30 ans, les 30 ans c'est la maturité. Maintenant il faut qu'on dessine ce qu'ont fait les 30 prochaines années.
DAMIEN FLEUROT
Mais 30 ans de toutes les dérives aussi et aujourd'hui on les voit.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais complètement. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, il faut qu'on apporte des solutions très vite. Vous savez Internet c'est né … World Wide Web, ça veut dire la toile, la toile d'araignée qui connectait tout le monde, un espace de liberté incroyable qui faisait que des gens qui ne parlaient plus se parlaient. Et puis finalement, ce système complètement déconcentré est devenu un système concentré autour de quelques acteurs qui maîtrisent tout. Et cette utilisation très libre est devenue une utilisation qui fait beaucoup de victimes. Donc je pense que, d'un côté, il y a le laisser faire, c'est-à-dire qu'on ne fait rien ; de l'autre, il y a les Etats qui ont décidé de prendre le contrôle de l'Internet dans leur pays. Eh bien il y a une voix française et une voie européenne que nous portons avec le président de la République et qui est un Internet avec des régulations intelligentes…
DAMIEN FLEUROT
Avec une proposition de loi qui va arriver bientôt.
MOUNIR MAHJOUBI
Proposée par Laetitia AVIA qui va arriver au Parlement dans les prochaines semaines et que nous défendrons au mois de mai.
DAMIEN FLEUROT
Pour lutter contre la cyber-haine.
MOUNIR MAHJOUBI
Et qui est fondamentale.
DAMIEN FLEUROT
Sur l'actualité internationale, un mot de cette déclaration de Marine LE PEN qui demande au gouvernement de suspendre l'octroi des visas aux Algériens. Elle veut prévenir un éventuel afflux migratoire compte tenu de la situation politique instable dans ce pays.
MOUNIR MAHJOUBI
Encore une fois comme sur tous les sujets, pas de caricature. La situation qu'elle appelle instable dans ce pays, c'est un moment incroyable de l'Histoire de ce pays. Aujourd'hui la jeunesse…
DAMIEN FLEUROT
C'est une chance ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je vous dis une chose : la jeunesse algérienne, elle n'est pas en train de dire : « On veut arriver en France » ; elle est en train de dire : « On veut vivre dans notre pays. » Donc Marine LE PEN si elle veut aider ce pays, si elle ne souhaite pas, si elle a peur que des Algériens arrivent, qu'elle se taise et qu'elle laisse cette jeunesse algérienne aujourd'hui se réinvestir en politique et peut-être inventer son avenir chez elle.
DAMIEN FLEUROT
Vous n'y voyez pas, dans cette situation politique, une manoeuvre du pouvoir peut-être pour mieux reprendre finalement la gouvernance de l'Etat algérien ?
MOUNIR MAHJOUBI
On est à un moment incroyable où ce qui est en train de se passer en Algérie, on ne le doit qu'aux Algériens. La France n'est pas intervenue pour manipuler l'opinion. La France n'est pas intervenue pour négocier avec le pouvoir. Aujourd'hui ce sont les Algériens qui sont en train de dessiner leur avenir. Laissons-les le faire. Laissons-les faire naître l'espoir. Laissons-les construire l'avenir pour eux. Et nous serons là toujours, la France sera toujours là pour l'Algérie et comme pour d'autres pays. Parce que notre relation, elle est là pour très longtemps, elle est là pour durer, elle a duré. Et donc, nous serons ensemble avec eux dans leur avenir. Et moi j'espère que toute la jeunesse qui a défilé avec beaucoup de courage et beaucoup de retenue aussi, et ça il faut le redire, cette jeunesse-là on a tout à lui offrir.
DAMIEN FLEUROT
Marine LE PEN engagée dans la campagne des européennes et toujours pas de tête de liste de la majorité présidentielle. Alors on nous dit : il faut attendre encore un tout petit peu. Ce soir Nathalie LOISEAU va débattre face à Marine LE PEN. Elle ferait une bonne tête de liste pour les européennes de la majorité présidentielle ?
MOUNIR MAHJOUBI
Il se trouve que pour la tête de liste des européennes, plusieurs noms circulent. Je pense qu'ils sont tous de très bonne qualité. Notre ministre de l'Europe qui est ma collègue dans ce gouvernement est une des plus grandes expertes européennes. Ce soir sur le plateau, je suis sûr qu'elle saura faire entendre la voix de ce gouvernement, la voix de notre mouvement sur ce sujet des européennes. Donc je suis impatient de l'écouter.
DAMIEN FLEUROT
Il y a aussi Cédric VILLANI. Le nom est évoqué à la fois pour la candidature à la mairie de Paris, peut-être aussi pour diriger cette liste.
MOUNIR MAHJOUBI
Cédric VILLANI, c'est mon partenaire de crime comme on dit sur tous les sujets d'intelligence artificielle et numérique. Je le connais depuis longtemps, c'est un homme extraordinaire et il a des qualités rares de scientifique et de politique. Moi je serais très heureux de le voir encore plus au quotidien à travailler ensemble.
DAMIEN FLEUROT
Allez, un dernier mot pour terminer cette interview et c'est Le Figaro qui nous révèle ça ce matin. Ce n'est pas à l'ordre du jour du grand débat mais le cannabis bien-être : 16 parlementaires de la majorité présidentielle défendent les vertus des produits issus de la culture du chanvre. En clair ils veulent déréglementer cette commercialisation de ces compléments alimentaires, ces liquides pour cigarette électronique. Ils veulent une mission d'information parlementaire sur le sujet. Vous y seriez favorable ? Finalement aujourd'hui les Français consomment ces produits mais ils vont les chercher à l'étranger, sur les plateformes Internet.
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, vous savez là-dessus il y a des enjeux de sécurité, il y a des enjeux de santé publique. Ce n'est pas à moi de me prononcer sur ce sujet. Ce qui est intéressant, c'est aujourd'hui on a des députés qui s'intéressent à ce sujet, que ce soit sur ces usages-là non médicaux, sur les usages médicaux, sur les usages récréatifs à des doses plus élevées. Aujourd'hui ce débat il a lieu dans de nombreux pays dans le monde. Est-ce que c'est le moment ? Je ne sais pas. Est-ce qu'on doit autoriser tout de suite ? Je ne sais pas. Mais ce qui est très important, c'est qu'on puisse en parler.
DAMIEN FLEUROT
Vous suivrez leurs travaux. Merci beaucoup Mounir MAHJOUBI.
MOUNIR MAHJOUBI
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 mars 2019