Interview de M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur, à RTL le 26 septembre 2019, sur l'incendie dans une usine de lubrifiants à Rouen, les conditions de travail des policiers, la politique de l'immigration et la Corse.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

ALBA VENTURA
Bonjour Christophe CASTANER.

CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.

ALBA VENTURA
Alors, d'abord, l'actualité de la nuit qui commande évidemment avec cet important incendie dans une usine de lubrifiants à Rouen, un site classé Seveso. Plus de 130 pompiers sont sur place. D'ores et déjà, on sait que les écoles aux alentours vont rester fermées. Est-ce qu'il y a des risques, d'abord, de toxicité, Monsieur le Ministre ?

CHRISTOPHE CASTANER
Le risque est lié à la nature même de l'usine LUBRIZOL qui effectivement est en flammes ce matin. Nous n'avons pas d'éléments qui nous permettent de penser qu'il y a un risque lié aux fumées. Il y a 150 pompiers au moment présent, vingt pompiers supplémentaires sont engagés, qui luttent contre cet incendie et qui veulent empêcher la propagation sur les sites voisins. Nous sommes sur le port de Rouen, et donc j'ai fait activer une cellule de crise au niveau de la préfecture, et nous faisons toutes les analyses au moment où je vous parle, il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre-mesure, je n'ai aucun élément qui permette de penser que les fumées en particulier seraient dangereuses, mais ça ne veut pas dire que ça n'est pas le cas. Et donc j'ai demandé que l'on prenne toutes les mesures de contrôle nécessaires, et nous communiquerons évidemment avec la population en direct.

ALBA VENTURA
Vous confirmez que la préfecture de Seine-Maritime va activer les alertes à 7h45 pour informer la population quand même de cet important incendie ?

CHRISTOPHE CASTANER
Oui, oui, mais il est essentiel dans ce cas-là d'informer en direct la population, et c'est la responsabilité de la préfecture, pour éviter tout mouvement de panique…

ALBA VENTURA
Mais les gens peuvent sortir de chez eux, aller au travail ou ils sont confinés ?

CHRISTOPHE CASTANER
Oui, oui, au moment où je vous parle, aucun élément ne m'amène à penser et à dire qu'il faut se confiner. Evidemment, nous protégeons immédiatement les enfants et les écoles à proximité, et c'est la raison pour laquelle il a été décidé de ne pas ouvrir ces sites. Mais la situation est pour l'instant en train d'être maîtrisée par les 150 pompiers engagés. Et nous faisons toutes les analyses. Ne paniquons pas sur cette situation, mais évidemment il faut être d'une grande prudence, et mes propos sont d'une grande prudence.

ALBA VENTURA
Mais vous avez une idée de l'origine de cet incendie ?

CHRISTOPHE CASTANER
Non, au moment où je vous parle, je n'ai aucun élément sur ce sujet, l'incendie s'est déclenché il y a deux heures. La première urgence est de lutter contre l'incendie et d'empêcher le risque de propagation, il y a tout autour du site de l'usine LUBRIZOL d'autres sites industriels. Et donc c'est le combat que nous menons. Et l'enquête débutera dans la foulée.

ALBA VENTURA
Monsieur le Ministre, Christophe CASTANER, Jean-Luc MELENCHON a qualifié les politiques de barbares. Alors, vous avez demandé des excuses, les syndicats, eux souhaitent, que vous portiez plainte, est-ce que vous allez porter plainte contre Jean-Luc MELENCHON ?

CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais d'abord, parlons des propos de Jean-Luc MELENCHON, on voit bien que Jean-Luc MELENCHON – et c'est désormais clair – est dans une sorte de dérive personnelle et qu'il a perdu tout sens de la mesure, et c'est insupportable ; c'est insupportable cette mise en cause permanente de nos forces de sécurité…

ALBA VENTURA
C'est de la provocation, pas seulement ?

CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien, d'abord, il savait qu'il y avait toute une série de caméras autour de lui, et donc il se met en scène dans cette provocation, mais au fond, je crois qu'il commet une vraie erreur, parce qu'à force de remettre en cause la République, on se met soi-même au ban de la République. Et j'ai connu Jean-Luc MELENCHON tribun, je l'ai connu porteur de débats, je l'ai connu incarnant une volonté de changement et une force politique que je respecte, et là, je vois, au fond, la dérive d'un homme qui met en cause, de façon systématique, la police, la police, elle est là pour protéger les Français, elle le fait tous les jours…

ALBA VENTURA
Donc est-ce que vous portez plainte contre lui, comme vous le demandent vos syndicats ?

CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais d'abord, la question n'est pas de savoir ce que me demandent mes syndicats, je ne suis pas propriétaire des syndicats, je suis ministre de l'Intérieur. Et aujourd'hui, je commence, et je le redis à ce micro, à demander à Jean-Luc MELENCHON des excuses, et je pense qu'il doit des excuses, pas seulement aux policiers qu'il a insultés…

ALBA VENTURA
Ça ne leur suffit pas aux policiers…

CHRISTOPHE CASTANER
Mais la question n'est pas de savoir ce qu'il suffit ou pas aux policiers, là, on a…

ALBA VENTURA
Ils ont besoin d'être soutenus, Monsieur le Ministre, les policiers…

CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais ça, rassurez-vous, je serai ce soir à Biarritz…

ALBA VENTURA
Ça participe au ras-le-bol…

CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais on en reparlera si vous voulez, je serai ce soir avec les policiers. Ce que je veux dire, c'est que de toute façon, je ferai ce qu'on appelle un article 40, et je vais demander au procureur de la République, comme je le fais chaque fois que les policiers sont mis en cause, d'étudier et de voir la faisabilité d'une poursuite, c'est ainsi que je fais, et je ne fais pas de différence entre Jean-Luc MELENCHON et n'importe qui, qui met en cause l'honneur et la probité de la police. Mais je crois que le débat n'est pas de savoir s'il faut une plainte ou pas, c'est de voir comment un homme aujourd'hui contribue à la stigmatisation, à la mise en cause permanente de la police…

ALBA VENTURA
C'est dangereux ?

CHRISTOPHE CASTANER
La police, tous les jours, elle est là pour protéger les Français…

ALBA VENTURA
Il est dangereux Jean-Luc MELENCHON ?

CHRISTOPHE CASTANER
Ses propos sont dangereux, lui, je ne sais pas s'il l'est, il l'est peut-être un peu pour lui-même, et manifestement, d'un point de vue politique, il l'est pour lui-même.

ALBA VENTURA
Le syndicat Alliance appelle à manifester à 11h devant le siège de La France Insoumise. Vous avez peur qu'il y ait des débordements ?

CHRISTOPHE CASTANER
Je n'ai aucune inquiétude sur ce sujet, j'ai échangé hier avec le responsable du syndicat d'Alliance, et je sais très bien qu'ils exprimeront leur colère, la dénonciation, non pas de ces seuls propos, mais de la mise en cause et de la mise en scène permanente de Jean-Luc MELENCHON, mais je sais parfaitement qu'ils organiseront leur manifestation dans le respect, y compris du siège de La France Insoumise.

ALBA VENTURA
Et que pensez-vous du fait que Jean-Luc MELENCHON en appelle à la gendarmerie pour être protégé ?

CHRISTOPHE CASTANER
Alors, ça, c'est extrêmement classique quand vous avez une manifestation des policiers, nous faisons en sorte que ce soit des gendarmes qui soient là pour sécuriser l'ordre public, on ne met pas des policiers devant des policiers, c'est vieux comme le monde. Jean-Luc MELENCHON, une nouvelle fois, le sait très bien, et il met tout cela en scène.

ALBA VENTURA
En tout cas, Christophe CASTANER, on le disait, ça s'ajoute, tout ça, au ras-le-bol des policiers qui appellent à une marche de la colère, ce sera la semaine prochaine, le 2 octobre. Je rappelle que 50 policiers se sont suicidés depuis le début de l'année, avec la crise des gilets jaunes qui dure depuis presque un an maintenant, leur nombre d'heures de travail a explosé, ça vaut d'ailleurs pour les gendarmes et pour les pompiers, qui sont – on le dit – encore à l'oeuvre ce matin à Rouen. Il n'y a pas un week-end où tous ces gens-là ne sont pas mobilisés. Les syndicats disent qu'ils se sentent déconsidérés, qu'ils ne se sentent pas soutenus par leur ministre, c'est-à-dire par vous, pas suffisamment ?

CHRISTOPHE CASTANER
Alors, moi, je ne sais pas où vous avez entendu cela, parce que les syndicats, il se trouve qu'avec Laurent NUNEZ, on les voit à peu près toutes les semaines, on travaille avec eux, notamment sur le Livre Blanc de la sécurité intérieure, dans lequel ils ont toute leur place. Et ça n'est pas le discours que nous entendons. Alors je vous invite à interroger directement les responsables syndicaux, et ce n'est pas le discours que nous entendons. Mais de toute façon, le sujet…

ALBA VENTURA
On a entendu ce discours, si, si, mais vous avez envie de leur dire quoi ce matin ?

CHRISTOPHE CASTANER
Madame Alba VENTURA, le sujet n'est effectivement pas de savoir s'il y a des critiques ou pas sur le ministre, par nature, un ministre est critiquable, que ce soit moi ou n'importe qui d'autre. Ce que je leur dis, c'est que nous travaillons ensemble pour améliorer leurs conditions de travail, j'ai mis en place, avant même que les médias parlent de la situation du suicide, un plan de lutte contre le suicide avec toute une série de mesures…

ALBA VENTURA
Une cellule, oui…

CHRISTOPHE CASTANER
Non, non, pas une cellule, un plan d'action global, qu'on ne peut pas réduire à deux numéros de téléphone, parce que nous avons mis deux numéros de téléphone d'urgence, un interne à la police, un externe avec des psychologues qui sont partout en France, pour les accompagner, mais aussi des améliorations de leurs conditions de travail, je vais vous prendre un seul exemple, aujourd'hui, un policier qui fait du terrain a un week-end sur six, un week-end sur six libre pour être avec sa famille…

ALBA VENTURA
Donc c'est très peu…

CHRISTOPHE CASTANER
C'est effectivement humainement insupportable, alors généralement, quand il y a un suicide, me remonte…

ALBA VENTURA
Mais vous n'avez pas un peu tiré sur la corde ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais, excusez-moi, ceux qui tirent sur la corde, ce sont ceux qui tous les samedis, vous parliez des samedis, mobilisent les forces de sécurité. Alors je veux bien que ce soit le ministre qui soit responsable de mettre des policiers en face de manifestations qui veulent souvent casser les endroits où ils sont, mais ça me paraît un peu déplacer le sujet. Vous savez, il faut rappeler les responsabilités, il ne faut pas chercher à toujours déplacer la responsabilité sur d'autres. Les policiers, ils sont là pour protéger, et ils le font, et ils ne le font pas que le samedi, ils le font tous les jours, tous les soirs, toutes les nuits, je vais prendre un seul exemple, on a beaucoup parlé des violences faites aux femmes, quelque chose qui est absolument insupportable. Il est arrivé qu'il y ait des dysfonctionnements, ces dysfonctionnements, il faut les corriger, c'est ce que nous faisons et ce que nous voulons faire, en contrôlant mieux la mise en oeuvre de l'accueil fait aux femmes. Mais ce que je sais aussi, c'est que chaque jour, aujourd'hui, il y aura 200 femmes qui seront accueillies par la police, par la gendarmerie, et qui seront accompagnées, qui seront protégées, et certainement des femmes qui seront sauvées, c'est ça la réalité de la police. Et donc je reviens sur le premier propos, je trouve insupportable que des femmes, des hommes politiques, comme Jean-Luc MELENCHON, s'amusent pour faire leur propre pub en mettant en cause de façon systématique ceux qui nous protègent.

ALBA VENTURA
Mais vous entendez qu'ils sont au bout du rouleau ces policiers ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais je l'entends et je travaille avec eux tous les jours…

ALBA VENTURA
Est-ce qu'on est dans une société qui ne respecte plus ses policiers, Christophe CASTANER ?

CHRISTOPHE CASTANER
Alors, d'abord, je vais répondre à ce que je fais, ce que je fais, je n'ai pas terminé, je vous disais, ils étaient sur un rythme de travail où ils avaient un week-end sur six pour leur famille, nous avons mis en place depuis le 1er septembre une expérimentation de cycles horaires qui permettra dorénavant d'avoir un week-end de trois jours tous les deux week-ends…

ALBA VENTURA
Vous allez réorganiser leur journée de travail…

CHRISTOPHE CASTANER
Un mercredi, bien sûr, un mercredi tous les quinze jours, pour qu'ils puissent éventuellement pouvoir – s'ils en ont – s'occuper de leurs enfants s'ils le souhaitent. Nous avons fait un choix d'investissement majeur dans leur pouvoir d'achat, dans une augmentation salariale importante, et le budget que nous présenterons demain le marque ainsi. Mais effectivement, il y a un sujet de mise en cause depuis de longs mois…

ALBA VENTURA
Mais ils ont l'impression, quand je vous dis « déconsidérés », c'est ça, ils ont l'impression d'être soumis à des critiques permanentes, je ne dis pas, il y a des dérapages, il y a des façons d'agir qui…

CHRISTOPHE CASTANER
Mais vous avez raison, il m'arrive même d'écouter RTL et d'entendre le procès permanent qui est fait sur les violences policières, et j'ai toujours refusé le terme de violences policières, parce que ça lie une profession, la police, à la question des violences, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de blessés dans des manifestations par exemple, ça, je ne l'ai jamais nié, j'ai toujours dit qu'un gilet jaune blessé ou un policier, c'était la même chose, c'était un blessé de trop, mais nous avons, vous avez tous contribué aussi, ces derniers mois, à la mise en cause systématique…

ALBA VENTURA
C'est un peu facile d'attaquer les médias, Monsieur le Ministre…

CHRISTOPHE CASTANER
Mais j'ai dit : « nous et vous », alors, voyez la différence entre…

ALBA VENTURA
Vous venez de reconnaître qu'il y avait un problème d'organisation dans le travail des policiers…

CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais je parle des violences policières, ne mélangez pas tout, et donc, je vous disais « nous et vous » avons une responsabilité, parce qu'on n'a pas soutenu assez la police quand elle a protégé la République, moi, je l'ai fait constamment, et beaucoup me l'ont reproché, et je ne le regrette pas.

ALBA VENTURA
Christophe CASTANER, le sujet de l'immigration, vous êtes très proche du président de la République, Emmanuel MACRON, je voudrais savoir quelle mouche l'a piqué en cette rentrée de rouvrir ce débat, c'est la perspective de la présidentielle ?

CHRISTOPHE CASTANER
Pas du tout, d'abord, il s'est exprimé sur ce sujet dès juillet 2017…

ALBA VENTURA
Pourtant, il instaure déjà le match avec Marine LE PEN pour 2022…

CHRISTOPHE CASTANER
Mais ça, c'est vous qui le situez ainsi, dès juillet…

ALBA VENTURA
Ah non, non, c‘est lui qui le dit, pardon…

CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais dès juillet 2017, il était à Orléans et il a parlé du sujet de l'immigration, il en avait parlé pendant la campagne. Cette année, vous vous souvenez, pendant le mouvement des gilets jaunes, quand il lance le grand débat national, il propose un débat sur la question migratoire, alors ne venez pas m'expliquer qu'il l'ouvre maintenant…

ALBA VENTURA
Vous lui déroulez le tapis rouge à Marine LE PEN…

CHRISTOPHE CASTANER
C'est votre sentiment, ça n'est pas le cas…

ALBA VENTURA
Mais ce n'est pas mon sentiment…

CHRISTOPHE CASTANER
Ah, parce que vous pensez que ne pas parler de la situation de la migration en France et le cacher, le mettre sous le boisseau, c'est faire le jeu de qui, la réalité, c'est qu'aujourd'hui, il y a un système qui dysfonctionne en matière d'intégration, où on n'arrive pas à intégrer dans de bonnes conditions…

ALBA VENTURA
Alors, qu'est-ce que vous allez faire ?

CHRISTOPHE CASTANER
En matière de gestion des flux migratoires, quand on voit qu'aujourd'hui, vous avez une demande d'asile qui baisse sur toute l'Europe et qui augmente en France, on voit quand il y a une anomalie, donc à partir de là, on travaille, et vous m'expliquez que le fait…

ALBA VENTURA
Notre pays ne doit pas être trop attractif dit le président, donc on supprime quelles allocations par exemple ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais quelle drôle de caricature vous faites, il ne s'agit pas…

ALBA VENTURA
Mais ce n'est pas une caricature, c'est une question directe…

CHRISTOPHE CASTANER
Mais il ne s'agit pas de supprimer une quelconque allocation…

ALBA VENTURA
Pour qu'un pays devienne moins attractif, pardon mais il faut supprimer certaines prestations, comment faire autrement ?

CHRISTOPHE CASTANER
Non, moi, je ne crois pas du tout. Je pense que pour qu'il soit moins attractif, il faut faire en sorte que ceux qui ont le droit d'être protégés, qui font une demande d'asile le soient, et le soient rapidement, en matière d'instruction, ça n'est pas le cas…

ALBA VENTURA
Et les autres, les clandestins ?

CHRISTOPHE CASTANER
Et que les autres ne viennent pas en France, et que quand nous avons la possibilité de les reconduire à la frontière, nous les reconduisions à la frontière…

ALBA VENTURA
Combien on a raccompagné de personnes à la frontière ?

CHRISTOPHE CASTANER
Nous augmentons, l'année dernière, ça a augmenté de 10 %, cette année, ça augmente, sur les neuf premiers mois, de 20 %. Mais de toute façon…

ALBA VENTURA
C‘est plus ou c'est moins qu'avant ?

CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien, plus 20 %, c'est plus…

ALBA VENTURA
Plus, pardon…

CHRISTOPHE CASTANER
Et donc, une chose est sûre, c'est que de toute façon, ça ne suffit pas, j'irai même plus loin, quand on est au bout d'un an, un an et demi, deux ans avec quelqu'un qui est sur le territoire national et qu'on veut le raccompagner, c'est un échec, c'est un échec collectif, il faut des procédures qui aillent plus vite, mais surtout, ce dont je suis convaincu, et ce n'est pas ce débat sur le chiffre, c'est notre capacité à intégrer et à bien intégrer ceux qui viennent en France.

ALBA VENTURA
Une toute dernière question, Christophe CASTANER : « Non à la mafia », vous avez vu, c'est la tribune qu'ont publiée plusieurs personnalités corses, et quand on les interroge, ils parlent de faillite de l'Etat sur l'île de Beauté, le taux d'enquêtes est quasi-nul, certains disent même que vous n'êtes jamais allé sur place depuis que vous êtes ministre de l'Intérieur, c'est vrai ?

CHRISTOPHE CASTANER
Ah, je ne me suis pas rendu en Corse depuis que je suis ministre de l'Intérieur, vous avez raison, il y a de nombreux départements où je ne me suis pas rendu. Le président s'y est rendu, le Premier ministre s'y est rendu, la ministre en charge des Collectivités territoriales, et qui suit en particulier la Corse, s'y est rendue.

ALBA VENTURA
Vous allez y aller ?

CHRISTOPHE CASTANER
Mais j'irai certainement quand j'aurai l'occasion d'y aller, mais ça n'est pas le sujet. Ne réduisez pas la question de la Corse uniquement à la responsabilité de l'Etat, moi, ce que je trouve bien dans cet appel, c'est qu'il n'y a pas une mise en cause de l'Etat, contrairement à vos propos, il y a la volonté de…

ALBA VENTURA
Si…

CHRISTOPHE CASTANER
Il y a la volonté de 30 personnalités de la société civile de se mobiliser et de dire : nous avons une responsabilité, nous société civile…

ALBA VENTURA
Taux d'enquêtes quasi-nul, taux d'élucidations quasi-nul…

CHRISTOPHE CASTANER
Non, d'abord, ça, c'est faux. Et ensuite, ça n'est pas…

ALBA VENTURA
C'est ce qu'ils disent, écoutez, je n'invente pas des propos, pardon…

CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien écoutez, on va prendre une émission un peu plus longue, et on va reprendre l'interview tous les deux qui est parue dans Corse Matin, que j'ai lue attentivement ce matin, et on n'a manifestement pas lu la même chose…

ALBA VENTURA
Nous, on les a appelés…

CHRISTOPHE CASTANER
Ah, vous les avez appelés, moi, j'ai lu Corse Matin, et j'ai vu ce qu'ils avaient écrit. Et donc, je vous le dis, et le taux d'enquêtes n'est pas nul, et la police est très mobilisée, par contre, on a aujourd'hui ce besoin d'avoir une mobilisation citoyenne, le modèle qui est pris d'ailleurs par l'auteur de cette tribune, Léo BATTESTI, c'est celui de la Sicile, où effectivement, en Sicile, on avait un système subi, eh bien, il se trouve que la citoyenneté s'est mobilisée sur le sujet.

ALBA VENTURA
Merci beaucoup Monsieur le Ministre…

CHRISTOPHE CASTANER
Merci à vous.

ALBA VENTURA
Ministre de l'Intérieur Christophe CASTANER.

YVES CALVI
Le ministre de l'Intérieur que j'incite à rester avec nous puisque nous retrouvons tout de suite Cyprien CINI qui va évoquer les Casques bleus en politique, Casques bleus, vous connaissez ça, Monsieur le Ministre.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er octobre 2019