Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Nous sommes en direct avec Didier GUILLAUME. D'abord bienvenue, c'est normal, c'est la formule qui est consacrée, mais ce qui n'empêche pas de démarrer, disons, sur des chapeaux de roue, est-ce qu'on peut défendre CASTANER qui va être auditionné au Sénat, c'est-à-dire ce que fait le président de la République, c'est ce que fait le Premier ministre, mais, jusqu'au bout ?
DIDIER GUILLAUME
Mais bien sûr il faut défendre Christophe CASTANER. Le sujet ce n'est pas Christophe CASTANER, c'est comment se fait-il que ces dernières années soient passées, comme l'on dit, à travers les mailles du filet, des personnes qui peuvent se radicaliser dans l'administration, et pas dans n'importe quelle administration, à la Préfecture de police de Paris, et pas dans n'importe quel service, dans un service de renseignements.
GUILLAUME DURAND
Mais le nouveau préfet, il a été nommé par le gouvernement, quand même.
GUILLAUME DURAND
Mais évidemment, c'est pour cela que le nouveau préfet, qui fait un travail remarquable, essaie de mettre de l'ordre, il a donné une circulaire, envoyé une circulaire hier à l'ensemble de ses chefs de service. La question ce n'est pas, je sais que c'est facile, vous avez beaucoup d'expérience comme moi sur le bashing, ce qu'on appelle le bashing, démission, démission, démission…
GUILLAUME DURAND
Oui mais ce n'est pas du bashing, ce sont des interrogations, Didier GUILLAUME.
DIDIER GUILLAUME
Mais voilà, mais le sujet ce n'est pas la démission, Christophe CASTANER a toute la confiance du président, et nous ne soutenons de toutes nos forces. Nous avons besoin d'un ministre de l'Intérieur qui soit posé, il est avec son secrétaire d'Etat Laurent NUNEZ, ils forment un duo de grande qualité. La question n'est pas là, ce n'est pas Christophe CASTANER qui a laissé échapper les choses. Donc, que l'opposition veuille déstabiliser le gouvernement, que l'opposition appelle à la démission comme on a entendu à l'Assemblée nationale, ça, ça s'appelle de la politique politicienne de bas étage.
GUILLAUME DURAND
Il va se faire secouer ce matin au Sénat.
DIDIER GUILLAUME
Il va se faire auditionner, pas secouer, il ne faut pas confondre audition et secousse. Il va se faire auditionner ce matin au Sénat, comme il l'a été à la Commission de l'Assemblée nationale.
GUILLAUME DURAND
Les Commissions d'auditions sénatoriales sont plus violentes que celles de l'Assemblée.
DIDIER GUILLAUME
Mais peu importe, il va se faire auditionner, nous sommes en pleine recherche de la vérité dans cette affaire, il dira ce qu'il pourra dire, il y a des choses qui sont dans le secret défense et puis qui sont dans le dans le secret de la justice, il va se faire auditionner et il répondra. L'objectif du gouvernement, et le président de la République l'a dit à nouveau, c'est de faire toute la transparence, que la sécurité de nos concitoyens soit la plus forte possible. Mais ce qui est important aussi c'est les mots qu'a prononcés le président de la République, le chef de l'Etat à l'autre jour à la Préfecture de police de Paris, parce qu'il faut mettre des noms sur ce qui se passe. Aujourd'hui, le problème ce n'est pas l'islam, le problème ce ne sont pas les musulmans, qui sont des gens formidables, qui pratiquent leur religion s'ils ont envie de la pratiquer, aujourd'hui c'est l'islam politique, c'est la dérive, c'est le salafisme, c'est les prêches de certains imams qui appellent à la haine, à la destruction de l'Occident, avec ... C'est ça le sujet.
GUILLAUME DURAND
Vous savez que la structuration de la religion de l'islam, est une structuration qui est tellement vague et tellement à conséquences variables que vous étiez... A votre place hier il y avait donc Christian ESTROSI, le maire de Nice, qui dit : moi j'attends qu'on ferme une mosquée salafiste dans la ville, l'Etat ne fait rien pour l'instant.
DIDIER GUILLAUME
Non mais « l'Etat ne fait rien », c'est facile de dire « l'Etat ne fait rien ». Aujourd'hui…
GUILLAUME DURAND
Non mais si plus... J'ai reçu plusieurs ministres de l'Intérieur depuis des années, vous parliez tout à l'heure du préfet LALLEMENT, dont vous disiez qu'il faisait un travail remarquable, à chaque fois ils disent qu'ils vont fermer ces mosquées, mais ces mosquées elles restent.
DIDIER GUILLAUME
Mais non, ce n'est pas vrai. Je suis désolé, ce n'est pas vrai, elles ne sont pas toutes fermées. Dans le quinquennat précédent, Manuel VALLS et monsieur Bernard CAZENEUVE ont fermé, et là, dans ce quinquennat, Christophe CASTANER a annoncé les chiffres au Parlement, il y a eu des associations qui ont été dissoutes, il y a eu des mosquées qui ont été fermées. C'est ça la réalité, mais on est dans un pays de droit, dans un pays de justice, ce n'est pas des décisions politiques, ce sont des décisions de justice.
GUILLAUME DURAND
Question concernant maintenant les agriculteurs, je le disais tout à l'heure en présentant votre venue sur l'antenne de Radio Classique, il y a eu beaucoup de permanence de la République En Marche qui ont été brisées, attaquées par des agriculteurs donc au cours de l'été, qui ne se satisfaisaient pas de la politique du gouvernement. Il y a eu une manifestation, il y en aura peut-être encore au mois d'octobre, les agriculteurs en ont marre, par-dessus la tête, au fond, de faire l'objet d'une sorte de bashing, on a même repris cette expression de l'agri-bashing. Alors, avant qu'on parle ensemble de l'affaire LUBRIZOL, vous leur diriez quoi ce matin, à ces gens qui voient leur pouvoir d'achat s'effondrer ?
DIDIER GUILLAUME
Des agriculteurs ?
GUILLAUME DURAND
Oui.
DIDIER GUILLAUME
Mais moi je suis avec eux, je les défends et je veux les remercier de la manifestation qu'ils ont faite il y a quelques jours maintenant. Elle a été faite dans le calme. Ils ont montré qu'on pouvait manifester... C'était une immense manifestation. Plus de 10 000 personnes dans toute la France, 4 ou 5 000 tracteurs. Mais qu'est-ce qu'ils disent ces gens-là ? Ce n'est pas vraiment totalement face au gouvernement, c'est que nous en avons marre d'être attaqués, d'être dénigrés, vous parlez d'agri-bashing, d'être dénigrés, qu'on nous dise que nous faisons n'importe quoi, que nous sommes des pollueurs, nous sommes des empoisonneurs, ce qui n'est pas vrai. Pour la troisième année…
GUILLAUME DURAND
Vous savez que ce sont souvent les écologistes qui les attaquent.
DIDIER GUILLAUME
Mais attendez, mais je vais vous répondre. Pour la troisième année consécutive…
GUILLAUME DURAND
Les écologistes avec qui vous avez partagé un moment, un bout de chemin politique, quand ils étaient dans votre gouvernement.
DIDIER GUILLAUME
Mais évidemment.
GUILLAUME DURAND
Enfin, dans le gouvernement de François HOLLANDE.
DIDIER GUILLAUME
Pour la troisième année consécutive, l'agriculture a été désignée comme la plus durable du monde, l'agriculture française. Donc aujourd'hui nous prenons le chemin de la transition agro-écologique, nous prenons le chemin de la fin des pesticides, et en 2025 nous utiliserons 50% de moins de pesticides en France. Les conversions au bio n'ont jamais été aussi importantes. L'alimentation française, elle est saine, elle est sûre, elle est durable, elle est tracée. Donc moi, moi je dis à nos concitoyens qui passent leur temps à attaquer les agriculteurs, les dénigrer : faites très attention, faites très attention, parce que si demain il n'y a plus d'agriculteurs en France, ou il y en a moins, nous mangerons quand même, et ce que nous mangerons, ce seront des produits importés, à base d'hormones, à base de chlore, à base d'OGM, à base de tout cela. Donc moi je suis là pour défendre l'agriculture française et les agriculteurs, pour la faire muter, et ils font beaucoup d'efforts. Je pense qu'on n'a jamais autant demandé à une filière économique comme l'agriculture, de se transformer. C'est la réalité.
GUILLAUME DURAND
Il y a une situation internationale qui est effectivement très pénalisante pour les agriculteurs français, d'abord il y a les taxes envisagées à l'égard des Etats-Unis concernant le vin, et puis il y a le Brexit, vous savez qu'il y a des secteurs entiers de l'agriculture française, notamment les ostréiculteurs qui exportent vers la Grande-Bretagne, et hier Michel BARNIER a expliqué au Parlement européen qu'il ne savait absolument pas ce qui allait se passer dans quelques jours, donc la date butoir du Brexit c'est-à-dire le 31 octobre.
DIDIER GUILLAUME
C'est terrible.
GUILLAUME DURAND
Ça touche les agriculteurs, et vous pouvez faire quoi, vous, là-dessus, à part subir et regarder ?
DIDIER GUILLAUME
C'est terrible les errements de la politique britannique. C'est quand même la première fois qu'un pays depuis la création de l'Union européenne, souhaite quitter l'Union européenne. C'est un drame…
GUILLAUME DURAND
Oui, mais ça vous le savez.
DIDIER GUILLAUME
Mais bien sûr, mais nous y travaillons, la France est prête, elle est prête dans ses contrôles douaniers, elle est prête dans ses contrôles sanitaires. Le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation bien de créer 360 postes de contrôleur sanitaire, parce que désormais nous faisons, nous mettons une frontière, et il va falloir contrôler la frontière. Mais parallèlement nous avons…
GUILLAUME DURAND
Mais ceux qui ne pourront pas exporter…
DIDIER GUILLAUME
Mais parallèlement nous avons travaillé avec eux. Le sujet le plus important c'est la pêche. Si les Britanniques décidaient d'interdire leurs eaux aux pêcheurs européens, donc aux pêcheurs français, ce serait un drame absolu. Il n'y a aucune raison, il n'y a aucune raison à lutter…
GUILLAUME DURAND
Alors, vous faites quoi, subventions, aides ?
DIDIER GUILLAUME
Eh bien évidemment, nous serions obligés, les bateaux seraient à l'arrêt et nous avons mis un…
GUILLAUME DURAND
Donc ce matin vous nous annoncez, qu'il y aura… parce que le 31 octobre, c'est demain, si jamais il y a un Brexit dur, si jamais on ne peut plus exporter…
DIDIER GUILLAUME
Ce serait un drame.
GUILLAUME DURAND
Et donc il y aura des indemnisations.
DIDIER GUILLAUME
Evidemment nous avons commencé à travailler là-dessus, mais pour l'instant nous ne nous battons pas pour les indemnisations, nous sommes prêts à indemniser, mais la question n'est pas là, nous nous battons et nous faisons tout pour que les pêcheurs puissent continuer à pêcher. Et puis en dehors de cela, il y a aussi la transformation des produits de la mer des Britanniques qui se fait en grande partie en France, nous avons à Capécure à Boulogne et sur tout le littoral, beaucoup d'entreprises de transformation. Je pense, ça serait la pêche, le mareyage, l'ostréiculture qui seraient les plus touchés.
GUILLAUME DURAND
Deux questions, le vin et après nous terminerons sur Lubrizol. Le vin, que fait-on, parce que c'est une catastrophe là aussi.
DIDIER GUILLAUME
Oui alors, oui, oui, oui, c'est une catastrophe pour la viticulture. Hier nous avons fait une réunion au ministère de l'Agriculture et de l'alimentation avec la filière, les Américains ont été malin parce qu'ils veulent diviser l'Europe, chez nous ils taxent le vin et le vin d'entrée de gamme, en Italie, ils taxent les fromages, donc ils nous divisent. Premier objectif, c'est que l'Union européenne soit soudée. Lundi au conseil des ministres de l'Agriculture à Luxembourg, je vais présenter fortement au nom de la France et au nom de l'Union européenne, une demande que la Commission européenne s'investisse là-dessus. Il faudra que la Commission européenne aide ces filières, si vraiment les taxes doivent arriver, c'est un drame, ça sera la fin de beaucoup de secteurs du vin.
GUILLAUME DURAND
Donc là on est dans la deuxième forme d'indemnisation…
DIDIER GUILLAUME
Ils n'ont pas touché le champagne, ils n'ont pas touché le Cognac, ils n'ont pas touché les grands vins dans lesquels il y a des ressources, ils ont touché plutôt les vins d'entrée de gamme, dans lesquels il n'y a pas beaucoup de revenus pour les viticulteurs, c'est pour ça que nous battons.
GUILLAUME DURAND
Ce sera une compensation à hauteur de la taxe ?
DIDIER GUILLAUME
Nous sommes au début de cela et puis il pourrait y avoir une contre-taxe venant des Européens, nous sommes entrés dans une bagarre économique avec les Etats-Unis de monsieur TRUMP, je pense que ces décisions sont des décisions qui n'amènent à rien, l'unilatéralisme voulu par TRUMP, qu'est-ce qu'ils donnent, voilà ce qui donne en Syrie avec les Kurdes, ce qui se passe pour les kurdes, c'est absolument scandaleux. Le peuple kurde, il y a 30 ans quasiment jour pour jour à Paris, je me souviens très bien, il y avait une conférence internationale sur le peuple kurde à Paris et aujourd'hui on est en train de les massacrer, sans les Kurdes, eh bien aujourd'hui on n'en serait pas là, la coalition n'aurait pas pu s'en sortir en Syrie. Et c'est absolument scandaleux ce qui est en train de se passer, la politique menée par les Etats-Unis avec lesquels nous travaillons, nous interroge toujours dans tous les domaines, des domaines très graves comme les Kurdes, des domaines très graves comme l'agriculture et la viticulture, enfin à un moment il faut que l'Europe se ressaisisse, c'est à l'Europe de réagir.
GUILLAUME DURAND
Dernière question, pardonnez-moi de vous interrompre, nous sommes en direct avec Didier GUILLAUME, ministre de l'Agriculture. Il y a de nouvelles analyses concernant Lubrizol qui vont avoir lieu donc au cours de la journée, la directrice générale Isabelle STRIGA de l'entreprise a dit, un : on a nettoyé le périmètre, deux : alors que madame BUZYN dit qu'il y a des taux de dioxine qui ne sont vraiment plus important que la normale, dit il va falloir prouver que c'est une pollution, ça c'est la directrice qui a dit ça chez nos BFM qui est liée à l'incendie.
DIDIER GUILLAUME
Alors il y a deux choses, il y a la bagarre juridique avocat qui va durer des années vraisemblablement, l'entreprise Lubrizol, qu'est ce qui est de sa faute, qu'est-ce qui n'est pas de sa faute avec les voisins, ça c'est une chose. Ça c'est le domaine de la justice et du combat économique. Nous ce qui nous importe au gouvernement, c'est la santé et le principe de précaution c'est la santé de nos concitoyens quand madame BUZYN dit des taux de dioxine sont hauts, mais en deçà des normes, c'est ça qui est très important, aujourd'hui j'entends les habitants de Rouen qui ne croient pas en ce qu'on leur dit, d'ailleurs il y a beaucoup de nos concitoyens qui ne croient plus à la parole publique.
GUILLAUME DURAND
Vous allez y aller ?
DIDIER GUILLAUME
Demain matin avec Agnès BUZYN et Elisabeth BORNE, nous y allons pour mettre en place le comité de transparence et de vigilance. J'ai annoncé ..
GUILLAUME DURAND
Et vous allez y aller avec un peu d'argent pour les agriculteurs, pour la filière du lait ?
DIDIER GUILLAUME
Oui mais ça c'est réglé déjà, je l'ai déjà annoncé, les agriculteurs sont des victimes, ne sont pas responsables, donc avec les interprofessions, ça nous avons déjà réglé, mais il reste pour le lait, je pense que ça va, ça ne va pas du tout, la Normandie est un pays de pommes, par exemple, si on ne peut pas ramasser les pommes, on ne peut pas faire de cidres, excusez-moi de rentrer dans ces détails-là, il faudra bien voir pour les indemniser, il n'est pas question que les agriculteurs subissent ou paient ce pour quoi ils ne sont absolument pas responsables.
GUILLAUME DURAND
Didier GUILLAUME était l'invité politique de la matinale.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 octobre 2019