Texte intégral
LAURENT BIGNOLAS
Bonjour Guillaume DARET. Vous recevez ce matin Brune POIRSON.
GUILLAUME DARET
Oui, parce que l'écologie sera au coeur du G7 de ce week-end à Biarritz. C'est en tout cas ce que souhaite Emmanuel MACRON.
- Bonjour à tous. Bienvenue Brune POIRSON, bonjour à vous. Emmanuel MACRON, avant de parler du G7, hier soir a tweeté sur la question de l'Amazonie qui est dévastée actuellement par des incendies. Le chef de l'Etat évoque, je cite, « une catastrophe internationale » et presse les pays du G7 justement à agir. Mais qu'est-ce qu'on peut faire ? Qu'est-ce que vous pouvez faire si le président brésilien ne demande pas d'aide ?
BRUNE POIRSON
C'est une crise internationale, c'est une crise pour l'humanité ce qui se passe actuellement au Brésil. La nature a mis des centaines de milliers d'années à pouvoir faire émerger cette forêt amazonienne. Il y a des centaines, des milliers d'espèces qui sont utiles aussi pour l'homme puisqu'il y en a certaines qui sont des solutions pour trouver des réponses à certaines de nos maladies qui sont en train de disparaître sous nos yeux. Et ça, c'est la métaphore de l'absurdité avec laquelle l'homme, l'humanité traite la forêt, traite la nature. Et au G7 effectivement, la France a une responsabilité particulière, oui. Parce que nous avons la présidence du G7 et parce que nous avons une partie de l'Amazonie en Guyane. Et donc, c'est pour ça que la France va se saisir, se saisit de cette question-là de l'Amazonie. Mais maintenant…
GUILLAUME DARET
En envoyant des moyens ? Comment ?
BRUNE POIRSON
Mais maintenant, vous l'avez dit, c'est très difficile, c'est particulièrement difficile parce que malheureusement, ces incendies-là n'ont pas lieu sur le territoire français. Ils n'ont même pas lieu sur un territoire d'un Etat du G7. Donc ça veut dire…
GUILLAUME DARET
Le président brésilien accuse Emmanuel MACRON d'avoir, je cite, « une mentalité colonialiste ». Jair BOLSONARO a même parlé, je cite, de « psychose environnementale » à propos de ces incendies. Vous lui répondez quoi ?
BRUNE POIRSON
Moi, je suis ministre donc j'ai un devoir de réserve, mais je suis prise de dégoût quand j'entends certaines déclarations de certains responsables politiques internationaux. Oui, je suis prise au dégoût et je me console en me disant que peut-être un jour, ces responsables politiques-là auront à répondre de leur inconséquence, de leurs actes aussi irresponsable devant un tribunal ou devant la justice.
GUILLAUME DARET
Le président brésilien doit être jugé pour ce qu'il dit ?
BRUNE POIRSON
Ecoutez, je vous ai dit ce que je pense.
GUILLAUME DARET
Alors cette écologie effectivement que vous souhaitez, avec le chef de l'Etat, placer au coeur de ce G7 qui aura lieu ce week-end à Biarritz. A cette occasion, une trentaine de groupes de la mode vont s'engager pour réduire leur impact sur l'environnement, c'est le Pacte de la mode, le Fashion Pact comme on l'appelle. Concrètement, ça correspond à quoi ? Qui va s'engager à quoi ?
BRUNE POIRSON
Très concrètement, ce sont une trentaine d'entreprises du monde de la mode, une trentaine d'entreprises qui représentent à peu près 147 marques et 8 pays différents qui vont s'engager pour lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi pour préserver la biodiversité, la nature - ce qui n'avait jamais été fait et c'est une question sur laquelle l'industrie e la mode ne s'est jamais engagée - et sur la préservation des océans, et là je vais y revenir. Pourquoi et pourquoi est-ce si important ?
GUILLAUME DARET
Oui. La mode, ça pollue beaucoup ?
BRUNE POIRSON
La mode, j'aurais dû le dire effectivement en introduction, la mode c'est le deuxième… Moi, je ne m'attaque pas à ce secteur-là parce que je trouve ça divertissant, je suis une femme. Non, précisément parce que la mode c'est la deuxième industrie la plus polluante au monde. Par exemple, c'est le troisième secteur au monde le plus consommateur d'eau après le blé et après le riz. Ils sont responsables, l'industrie de la mode, c'est 500 000 tonnes de plastique chaque année qui sont reversés dans les océans. Pourquoi ? Par exemple en lavant les vêtements synthétiques qui sont pleins et qui libèrent des microparticules de plastique.
GUILLAUME DARET
Mais quels sont les engagements très concrets ? On parle par exemple, je crois, d'énergies renouvelables. Très concrètement, citez-nous les engagements.
BRUNE POIRSON
Ils sont sur trois piliers différents. Le premier, c'est la lutte contre le réchauffement de la planète, vous l'avez dit, avec comme objectif de viser la neutralité. En tout cas la neutralité carbone, c'est-à-dire de réduire considérablement l'impact des émissions de CO2 avec l'installation et l'utilisation d'énergies renouvelables dans ces entreprises-là, mais aussi tout au long de la chaîne d'approvisionnement. C'est ensuite, point très important, la préservation de la nature avec… Vous savez, par exemple, le coton…
GUILLAUME DARET
Concrètement, comment ça se passe ?
BRUNE POIRSON
Concrètement la lutte contre l'élevage intensif, la lutte contre l'agriculture intensive.
GUILLAUME DARET
La question des pesticides, je crois, dans les cultures de coton.
BRUNE POIRSON
Tout à fait, il y a 22,5 % des pesticides dans le monde, sont utilisés, d'ailleurs presque un quart des pesticides dans le monde sont utilisés pour nos vêtements, pour par exemple les champs de coton. Et donc là aussi il y a des engagements qui sont très concrets.
GUILLAUME DARET
C'est volontaire.
BRUNE POIRSON
Pareil pour les océans.
GUILLAUME DARET
Mais il n'y aura pas de contrôle, pas de sanction, qu'est-ce qui vous garanti que ces marques respecteront leurs engagements ?
BRUNE POIRSON
Vous savez, ce pacte il fonctionne selon le même principe que l'Accord de Paris. Vous avez entendu parler…
GUILLAUME DARET
Ce n'est pas contraignant, ça…
BRUNE POIRSON
L'accord de Paris n'est pas contraignant, et néanmoins les Etats, enfin, ceux qui acceptent de rester dedans, le respectent. Pourquoi ? Parce qu'ils se mettent une pression mutuelle les Etats, parce que les citoyens mettent une pression sur les responsables politiques. Et là c'est la même chose dans le secteur de la mode. C'est un secteur qui est particulièrement sensible à l'opinion publique. Vous savez les Instagrameur, les Youtubers, ils vont aller vérifier si les entreprises qui ont pris des engagements publics, et c'est particulièrement fort de les prendre dans le cadre du G7, François-Henri PINAULT va présenter aux chefs d'Etat les engagements de 30 % du secteur de la mode. C'est colossal. Et donc ce sont… c'est un engagement public, ils auront à y répondre, tous ces industriels de la mode, et c'est pour cette raison-là d'ailleurs qu'avec François-Henri PINAULT nous allons faire une réunion avec tous les signataires du pacte, et décider…
GUILLAUME DARET
Lors du G7 ?
BRUNE POIRSON
Après, pour faire le suivi. Vous savez, prendre des engagements, ça doit se tenir sur la durée, et donc sur la durée, nous allons vérifier, avec…
GUILLAUME DARET
Et aujourd'hui, à l'Elysée, ce sera présenté aujourd'hui au Palais de l'Elysée.
BRUNE POIRSON
Absolument.
GUILLAUME DARET
Avec des ONG, des ONG qui pour certaines, boudent un déjeuner, une rencontre avec le chef de l'Etat, elles estiment que l'Elysée ne leur a pas donné tous les moyens, elles ne sont pas convaincues par votre engagement environnemental pour ce G7.
BRUNE POIRSON
Alors, il y a certaines ONG qui ont besoin d'exister et qui donc font un peu de politique, et il y en a d'autres qui demandaient à avoir accès au centre de Presse, elles ont accès au centre de Presse, comme promis, donc effectivement, là il n'y a pas lieu de polémiquer.
GUILLAUME DARET
Alors, deux questions rapides pour terminer, qui appellent justement à des réponses rapides. Une députée de la République En Marche, Aurore BERGE, souhaite l'interdiction de la corrida pour les mineurs. Est-ce que vous êtes favorable à ça ?
BRUNE POIRSON
Moi je crois qu'il faut aller plus largement encore plus loin sur toute la question qui est liée au bien-être animal.
GUILLAUME DARET
Mais la corrida ?
BRUNE POIRSON
Il y a une chose qui est certaine, c'est que la question du bien-être animal et du respect des animaux, nous avons encore beaucoup de progrès à faire, il y a encore beaucoup de travail à faire, et on a une approche vis-à-vis du traitement des animaux, qui est fondée beaucoup sur celle du XXème siècle, où c'était essentiellement des objets. Donc il faut changer ça.
GUILLAUME DARET
Mais la corrida, Brune POIRSON, on l'interdit ou on ne l'interdit pas ?
BRUNE POIRSON
La corrida fait partie des priorités et des choses sur lesquelles il faut travailler. Mais il n'y a pas que la corrida, il y a aussi toute une série…
GUILLAUME DARET
Mais on l'interdit ou pas aux mineurs ? Oui ou non ?
BRUNE POIRSON
Ça, ça se discute collectivement, et c'est ce que nous faisons. Moi, à titre personnel, alors que je viens d'une région où je suis élue, du Sud de la France, je n'ai jamais été à une corrida, et je n'irai pas.
GUILLAUME DARET
Alors, dernière question, vous devez le savoir, votre nom circule pour un poste de Commissaire européen. Est-ce que vous êtes candidate à la Commission européenne ?
BRUNE POIRSON
Je ne suis pas candidate à la Commission européenne. J'ai travaillé et je continue de travailler sur les questions européennes, parce qu'elles me semblent essentielles, parce que quand vous travaillez sur les questions environnementales, beaucoup, beaucoup, beaucoup se décident au niveau européen. Donc oui, j'ai un engagement européen, j'y crois aussi, a fait partie du coeur de mon projet et de mon engagement pour Emmanuel MACRON, mais je ne suis pas candidate.
GUILLAUME DARET
Merci beaucoup Brune POIRSON, et bon G7 à Biarritz ce weekend.
BRUNE POIRSON
Merci à vous Guillaume DARET.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 août 2019