Interview de Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé à Europe 1 le 5 avril 2019, sur la situation dans les EHPAD, le Sidaction et l'âge de la retraite.

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Média : Europe 1

Texte intégral

NIKOS ALIAGAS
La ministre des Solidarités et de la Santé, bonjour Madame la ministre.

AGNES BUZYN
Bonjour.

NIKOS ALIAGAS
Vous inaugurez cet après-midi un bâtiment qu'on appelle un trauma-center ici, au CHU Edouard Herriot où nous sommes en direct depuis ce matin. On découvre les espaces et ce nouvel endroit va regorger de technologies innovantes. Et c'est vrai que le milieu hospitalier, vous le connaissez, vous l'avez dans votre ADN, vous êtes hématologue, cancérologue, quand vous arrivez sur le terrain vous n'avez pas envie de remettre la blouse ?

AGNES BUZYN
En tous les cas j'ai toujours une émotion, retrouver un hôpital, retrouver les blouses blanches, les personnes qui y vivent la nuit, les odeurs, les bruits, c'est toujours très émouvant pour moi et j'ai toujours un pincement au coeur en me disant : peut-être qu'un jour, je retrouverai mon métier d'avant.

NIKOS ALIAGAS
Médecin un jour médecin toujours, c'est ça ?

AGNES BUZYN
Toujours oui, absolument.

NIKOS ALIAGAS
Tout à l'heure avec notre consoeur Mélanie GOMEZ que vous connaissez, on a rencontré des gens au service des urgences, des infirmiers, des aides-soignants mais aussi des médecins, de jeunes médecins qui après 11 années d'études gagnent le Smic et qui travaillent souvent dans des horaires difficiles, de 12 à 14 h 00, la nuit, parfois dans des conditions un peu tendues avec des violences, avec beaucoup d'incertitudes. Qu'est-ce qu'on doit dire à des jeunes étudiants pour qu'ils deviennent médecins ?

AGNES BUZYN
Alors je crois qu'ils le savent, c'est un merveilleux métier. D'abord ils ne vont pas gagner le Smic toute leur vie, le premier stage d'internat, ils sont encore en formation et progressivement, leur salaire augmente, heureusement. Et puis ça apporte – et ils le savent – des satisfactions extraordinaires. Ce rapport avec les malades et puis l'esprit d'équipe, ce qu'on apprend dans un hôpital ce sont des moments extraordinaires de la vie, même si c'est très dur au quotidien…

NIKOS ALIAGAS
Parfois ils sont découragés !

AGNES BUZYN
Parfois c'est très déprimant, parfois c'est décourageant mais c'est aussi un moment très intense de la vie où on apprend son métier. Et ensuite, c'est un métier qui donne énormément de satisfaction, ça n'est pas pour rien que des milliers de jeunes aujourd'hui veulent s'inscrire en médecine, veulent être médecins, avec des hauts, des bas, on les connaît. Moi, je fais en sorte là avec la loi santé que les professionnels de santé retrouvent du goût à la vie professionnelle, retrouvent de la qualité de vie au travail, retrouvent le sens de leur métier qui est de soigner. Je vais essayer de faire en sorte qu'ils aient de moins en moins de problèmes administratifs, j'ai envie de leur faciliter la vie et leur rappeler que ce métier, c'est avant tout un métier humain.

NIKOS ALIAGAS
Vous allez dans quelques instants aborder les thèmes d'actualité avec Audrey CRESPO-MARA, aujourd'hui c'est le Sidaction Madame la ministre jusqu'à dimanche, on a les chiffres du sida qui sont tombés récemment et on voit l'ombre des contaminations qui stagne à 6.400 contaminations par an depuis 10 ans !

AGNES BUZYN
Oui, c'est une très mauvaise nouvelle en réalité, ça fait des années que nous n'arrivons pas à réduire ce nombre de contaminations chaque année. D'abord un message passé à tout le monde et notamment aux jeunes, le préservatif reste la meilleure protection…

NIKOS ALIAGAS
Donc vous avez décidé le remboursement du préservatif !

AGNES BUZYN
C'est pour cela que ce préservatif est maintenant remboursé sur ordonnance, peut être une aide pour des jeunes qui peuvent avoir des difficultés à les acheter. Je rappelle que ça protège aussi de toutes les maladies sexuellement transmissibles qui sont en recrudescence, parce que les jeunes n'utilisent plus de préservatifs. Donc c'est très important d'y penser, on peut se faire aider par une prescription médicale et puis je dois mettre en place évidemment une stratégie beaucoup plus offensive pour l'accès au dépistage, ce qu'on appelle les TROD, les tests rapides de dépistage…

NIKOS ALIAGAS
Ça reste un sujet tabou encore ?

AGNES BUZYN
Ça reste un sujet tabou, c'est incroyable comment 40 ans après quasiment, ça reste un sujet tabou. C'est même inquiétant de voir que notre société n'arrive pas encore à parler facilement de ces sujets-là. C'est une maladie chronique, c'est une maladie qui reste grave puisqu'on prend des traitements toute la vie et qu'on peut prévenir. Et l'objectif de la France, c'est d'arrêter cette épidémie en 2030 dans notre pays, nous avons les moyens de le faire, nous avons le dépistage, la PrEP qui est un traitement de prévention, nous avons le préservatif remboursé, si avec tout ça nous n'arrivons pas à faire changer les pratiques, c'est à désespérer. Donc dans mon plan de prévention, il y a des mesures qui visent à renforcer tous les outils de prévention pour l'avenir.

NIKOS ALIAGAS
Une adresse sur Internet : sidaction.org et faites vos dons, ce que vous pouvez, ce que vous voulez mais participez au 110. Merci Madame la ministre, tout de suite Audrey CRESPO-MARA pour l'interview politique.

AUDREY CRESPO-MARA
Bonjour Nicolas, bonjour Agnès BUZYN.

AGNES BUZYN
Bonjour.

AUDREY CRESPO-MARA
5 pensionnaires d'un EHPAD sont morts dimanche dernier près de Toulouse, vous vous êtes rendue sur place. Hier, le procureur a révélé une toxico-infection alimentaire, de quoi s'agit-il précisément et que s'est-il passé exactement ?

AGNES BUZYN
Alors je laisse évidemment le procureur mener cette enquête, une instruction est en cours et nous avions déjà besoin d'avoir la certitude que ces pensionnaires étaient bien décédés ou malades d'une infection d'origine alimentaire. Donc ils ont dû dans leur repas mixés avaler une bactérie ou une toxine, donc celle-ci est en cours d'identification, les recherches sont encore en cours. Nous voulions être certains qu'il n'y avait pas d'acte de malveillance évidemment, pas de défaut de prise en charge, tout cela l'enquête évidemment va nous le dire au fur et à mesure et c'est important pour les familles de savoir que c'est quelque chose qui semble accidentel à ce stade. Donc voilà ! J'attends évidemment les conclusions du procureur pour prendre des mesures si nécessaire, encore faut-il identifier s'il y a eu un dysfonctionnement notable, notamment au niveau des cuisines, puisque cet établissement avait été visité par un organisme de contrôle, la cuisine avait été visitée en février et l'organisme de contrôle n'avait pas observé de dysfonctionnements. Donc voilà ! Nous verrons si c'est vraiment un accident malheureusement inévitable ou s'il y avait encore des choses qu'on aurait pu prévenir.

AUDREY CRESPO-MARA
En France Agnès BUZYN, la moitié des EHPAD ont du mal à trouver du personnel parce que le travail en EHPAD est dur et mal payé. Pourquoi n'est-ce pas une urgence budgétaire de payer beaucoup mieux ces femmes et ces hommes qui s'occupent de nos parents et nos grands-parents ?

AGNES BUZYN
C'est une urgence tout court, il y a une part budgétaire mais pas seulement, le métier est très difficile…

AUDREY CRESPO-MARA
Et mal payé !

AGNES BUZYN
Et mal payé, vous avez raison, mais ne donne pas beaucoup de perspectives de carrière. Et donc aujourd'hui, vous le savez, on m'a rendu un rapport, le rapport de Dominique LIBAULT la semaine dernière pour aller vers une loi d'accompagnement du grand âge et de la dépendance. Cette loi sera présentée avant la fin de l'année et elle vise justement à repenser notre modèle des EHPAD, à repenser notre modèle du vieillissement, à mieux former, mieux accompagner, mieux valoriser les professionnels qui travaillent autour des personnes âgées. Quand je dévaloriser, c'est à la fois dans la qualité de vie au travail, dans la formation mais aussi sur le plan salarial, je ne l'oublie pas et cela visera à améliorer la qualité de vie dans les EHPAD. Nous avons aussi un plan sur la bien-traitance, tout cela est en train d'être mis en oeuvre, mais l'urgence pour moi c'est de repenser les métiers du grand âge et je lance tout de suite une concertation. C'est la priorité de ce plan pour le grand âge, c'est vraiment améliorer la formation des professionnels, valoriser leur métier, leur donner des perspectives et améliorer la qualité de vie au travail pour que ces EHPAD puissent de nouveau recruter, car aujourd'hui – vous avez raison – c'est un énorme souci.

AUDREY CRESPO-MARA
Alors pour financer la dépendance, pourquoi ne pas reculer l'âge de départ à la retraite, depuis que vous avez dit qu'à titre personnel vous n'étiez pas hostile au report de l'âge de 62 ans, on ne parle plus que de ça. Vous regrettez d'avoir jeté un énorme pavé dans la mare ?

AGNES BUZYN
Alors ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit en réalité…

AUDREY CRESPO-MARA
Pas hostile au report, si si, mot pour mot.

AGNES BUZYN
Non, ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit. Il y a 2 sujets différents, il y a le sujet des retraites qui est aujourd'hui une question d'équité et sur lequel le Haut commissaire travaille, c'est-à-dire une réforme qui permettrait plus d'égalité, plus d'équité dans la façon dont on conçoit les pensions aujourd'hui. Nous savons qu'il y a énormément de régimes différents…

AUDREY CRESPO-MARA
Et Jean-Paul DELEVOYE ne veut pas d'ailleurs qu'on touche à l'âge.

AGNES BUZYN
Et beaucoup d'inégalités. Cette réforme ne discute pas de l'âge de la retraite. Par ailleurs moi ce que j'ai dit la dernière fois, c'est que notre population allait vieillir et que la durée de vie allait augmenter ; et que nous allons avoir de plus en plus de centenaires dans un horizon de 20, 30, 40 ans, notre durée de vie augmente. Et j'ai simplement dit que dans une société où la durée de vie augmente, il faudra qu'on se pose la question à un moment – quand le nombre de personnes retraitées sera peut-être un jour supérieur au nombre d'actifs – de travailler plus longtemps. Voilà ce que j'ai dit.

AUDREY CRESPO-MARA
Alors vous en avez parlé, Edouard PHILIPPE en a parlé, Bruno LE MAIRE, Gérald DARMANIN en ont parlé, on a donc bien compris Agnès BUZYN que le gouvernement aimerait reculer l'âge de départ à la retraite, malgré la promesse de campagne d'Emmanuel MACRON, donc ce sera fait avant la fin du quinquennat ?

AGNES BUZYN
Non, alors d'abord quand on dit « travailler plus longtemps », ça ne veut pas forcément dire reculer l'âge de la retraite, on peut travailler plus longtemps, on peut travailler plus, travailler plus simplement dans la vie ça peut être…

AUDREY CRESPO-MARA
Donc on reste à 62 ans…

AGNES BUZYN
Ca peut être des jours fériés, ça peut être…

AUDREY CRESPO-MARA
Le débat est clos, on reste à l'âge pivot de 62 ans ?

AGNES BUZYN
En réalité, il y a 2 sujets différents sur la table, il y a un sujet qui est aujourd'hui une réforme des retraites et par ailleurs, un sujet qui est lié au grand âge et la dépendance qui va nécessiter évidemment des financements conséquents. On parlait il y a un instant de valoriser les personnes qui travaillent dans les EHPAD, si on veut augmenter le nombre de personnes qui travaillent auprès de nos aînés…

AUDREY CRESPO-MARA
Donc on ne touche pas à l'âge pivot de 62 ans ?

AGNES BUZYN
Si on veut favoriser le maintien à domicile… pardon ?

AUDREY CRESPO-MARA
On ne touche pas à l'âge pivot de 62 ans !

AGNES BUZYN
Non moi je… ce n'est pas ce que je dis, je dis : aujourd'hui nous avons un sujet de société qui est le sujet de la dépendance et du grand âge…

AUDREY CRESPO-MARA
Donc on peut toucher à l'âge pivot ?

AGNES BUZYN
C'est un sujet qui touche tous les Français, il n'y a pas une famille qui ne soit pas concernée. Tout le monde s'émeut qu'il y ait insuffisamment de personnels auprès des personnes âgées dans les EHPAD, tout le monde s'émeut du fait que ces personnes sont très mal payées, nous allons avoir besoin de prendre en charge 5 millions de personnes de plus de 85 ans à l'horizon 2050, il va y avoir des centaines de milliers, voire un million de centenaires. Et donc nous allons avoir besoin de financements conséquents, c'est un sujet de société, la société française devra se poser la question de savoir comment elle finance cela, c'est sur la table. Aujourd'hui ce sujet du financement est sur la table, on a fait des propositions, dans le rapport Libault il y a une piste sur laquelle nous travaillons, mais toutes les pistes doivent être débattues avec les Français, parce que c'est devant nous, c'est un mur qui est devant nous. Nous dépensons beaucoup moins que les autres pays du monde pour prendre en charge les personnes âgées et les personnes âgées dépendantes, donc c'est une question qui va s'imposer à nous dans les années qui viennent, avec le nombre de personnes âgées qui va augmenter.

AUDREY CRESPO-MARA
Agnès BUZYN, Xavier BERTRAND réclame une TVA à 0 % sur les produits de première nécessité. François RUFFIN, qui n'est pas du tout du même bord politique, réclame lui aussi une TVA à 0 %. Alors pourquoi le gouvernement ne tient-il pas compte de cette unanimité et n'adopte pas cette mesure ?

AGNES BUZYN
Alors c'est une mesure qui est évidemment très séduisante, le problème que nous avons c'est que nous n'avons absolument pas la preuve que lorsque nous diminuons la TVA, ce soit les consommateurs qui en profitent. Ce sont souvent les distributeurs qui augmentent leurs marges.

AUDREY CRESPO-MARA
Est-ce que c'est sur la table quand même ?

AGNES BUZYN
…Dans la restauration, on a bien vu que quand la TVA de la restauration a baissé, ce ne sont pas les prix des repas qui ont baissé, ce sont les restaurateurs qui ont pris cette différence. Donc en réalité, si ça ne bénéficie pas aux consommateurs et que ça bénéficie aux grands distributeurs, je pense que nous aurons tout perdu. Or c'est…

AUDREY CRESPO-MARA
Est-ce que c'est sur la table, est-ce que la question est sur la table quand même ?

AGNES BUZYN
Toutes les questions aujourd'hui qui émergent du grand débat sont instruites et son regardées, donc évidemment que la question est sur la table. Le problème que nous avons, c'est que nous n'avons aucune certitude que cette baisse de la TVA bénéficiera aux personnes qui en ont le plus besoin. Ca bénéficiera d'abord à tout le monde, y compris aux personnes les plus aisées ; et par ailleurs nous savons que les distributeurs risquent d'augmenter leurs marges et nous aurons tout perdu.

AUDREY CRESPO-MARA
Agnès BUZYN, hier l'Autorité de la concurrence a recommandé d'élargir la vente des médicaments sans ordonnance à la grande distribution. C'est une bonne idée ?

AGNES BUZYN
Ecoutez ! Je n'y suis pas favorable pour 2 raisons, la première c'est que les médicaments ne sont pas un objet de consommation courante, il y a toujours des effets secondaires quand on prend des médicaments, ça nécessite toujours un conseil et les pharmaciens sont là pour donner des conseils, orienter les gens. Donc considérer que les médicaments ça s'achète comme n'importe quel produit de consommation alimentaire, je trouve ça problématique. Par ailleurs aujourd'hui, les pharmacies ont un maillage territorial extraordinaire, quand on parle de la désertification médicale, quand on parle de l'abandon des territoires, fragiliser les petites pharmacies en zone rurale qui sont souvent le premier recours pour les personnes malades, je pense que ce serait une très mauvaise idée et un très mauvais signal.

AUDREY CRESPO-MARA
Et donc… et faciliter la vente en ligne de ces médicaments sans ordonnance ?

AGNES BUZYN
Alors nous y travaillons parce qu'il y a une demande, un besoin. Nous avons un groupe de travail qui se réunit avec les pharmaciens, mais là encore pour moi l'enjeu c'est la sécurité. On ne peut pas tout acheter sur Internet, il faut absolument sécuriser ces achats sur Internet, il faut que les pharmaciens – et notamment les pharmaciens de proximité – puissent bénéficier de cette vente en ligne ; et que ce ne soit pas au détriment de ce maillage territorial extraordinaire et du travail que font les pharmaciens au quotidien pour la santé publique.

AUDREY CRESPO-MARA
Agnès BUZYN, je me permets de revenir sur l'âge de départ à la retraite, car Gérald DARMANIN remet sur la table cette question. Vous nous dites qu'aujourd'hui, on ne touche pas à l'âge pivot de la retraite, 62 ans ou c'est envisagé par le gouvernement ?

AGNES BUZYN
Moi aujourd'hui, la seule chose que j'ai dite et je le redis, je pense que quand une société va être amenée à vieillir aussi longtemps et que nous avons besoin d'énormément de financements pour accompagner le vieillissement de la population, je pose la question de savoir si la société française à un moment ne doit pas s'engager pour couvrir ces besoins de protection sociale nouveaux, puisque c'est un besoin nouveau, ça n'a jamais existé dans le monde de vieillir jusqu'à 100 ans…

AUDREY CRESPO-MARA
8 Français sur 10 Agnès BUZYN, 8 Français sur 10 ne veulent pas qu'on touchent aux 62 ans, selon Les Echos !

AGNES BUZYN
Là je ne vous parle pas de… enfin aujourd'hui je dis : il y a un problème de société, nous allons vivre beaucoup plus longtemps, est-ce qu'on pourra décemment rester à la retraite pendant des dizaines d'années, lorsque le nombre d'actifs va diminuer puisque nous savons que nous avons de moins en moins de naissance, le nombre d'actifs diminue et le nombre de personnes retraités augmente et en plus, les personnes restent heureusement vivantes beaucoup plus longtemps qu'avant. Donc nous avons un sujet de protection sociale, comment nous couvrons tous les risques parce qu'avec le vieillissement il y a aussi le risque maladie, il y a aussi des prises en charge de santé. Et donc tout cela coûte énormément d'argent à la société française, c'est nous tous et nous sommes tous concernés, donc la question que nous devons nous poser c'est : quel est le prix que nous consentons à payer pour notre protection sociale, c'est-à-dire la santé et l'accompagnement des personnes âgées et de la dépendance. Je pense que c'est un magnifique sujet de société, on essaie de le cristalliser sur une question, alors qu'en réalité nous sommes absolument tous concernés par le vieillissement, nous sommes tous concernés par la santé, nous sommes tous concernés par la dépendance et nous savons que le mur arrive devant nous. Le mur c'est des millions de personnes qui vont avoir plus de 85 ans, voire plus de 90 ans, voire 100 ans et qui vont avoir besoin d'aide à domicile, de… voilà ! De personnes qui viennent les soigner. Je pense qu'on ne peut pas ne pas se poser la question aujourd'hui et moins on anticipe cela, plus ça va être difficile de régler ce problème dans les 10 ou 15 ans qui viennent.

AUDREY CRESPO-MARA
Merci beaucoup Agnès BUZYN.

AGNES BUZYN
Merci beaucoup.

NIKOS ALIAGAS
Merci Audrey CRESPO-MARA. Une dernière question Madame la Ministre, 3 numéros quand on est dans l'urgence, quand on a besoin : le 15 c'est le SAMU ; le 17 la police ; le 18 les pompiers. Emmanuel MACRON s'était dit favorable à un numéro unique, on en est où ?

AGNES BUZYN
On y travaille, c'est très compliqué, c'est très compliqué parce que quand on appelle les pompiers, parfois c'est pour un incendie, ce n'est pas forcément pour un problème de santé. Et donc il faut s'assurer que les personnes qui appellent vont être très, très vite redirigées vers le bon service. Un incendie, un vol ça n'est pas tout à fait un problème de santé, donc de tout rassembler en un numéro, ça a l'intérêt de la facilité ou de la simplicité. Mais il faut que derrière, on soit certain de l'orientation des personnes vers le bon service.

NIKOS ALIAGAS
Merci Agnès BUZYN d'avoir été notre invitée ce matin en direct du CHU Edouard Herriot ici à Lyon.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 avril 2019