Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur le Brexit et la construction européenne, à Bruxelles le 17 octobre 2019.

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Circonstance : Conseil européen

Texte intégral

Bonjour,


Nous nous retrouvons pour un nouveau Conseil européen avec en effet une bonne nouvelle ces dernières heures, annoncée par Jean-Claude Juncker et Boris Johnson sur un accord qui a été trouvé entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Je pense que c'est une bonne nouvelle et cet accord répond aux objectifs qui étaient collectivement les nôtres, côté européen, évidemment, de défendre l'intégrité du marché unique, nos libertés et l'avenir, et du côté britannique d'avoir justement toutes les garanties pour préserver leur propre intégrité, avec un souhait aussi aux côtés de nos amis irlandais qui était de préserver les équilibres politiques. Cet accord donc apparaît aujourd'hui comme un bon compromis qui permet de répondre à tous ces objectifs. Maintenant, nous allons en discuter dans un instant. Il sera présenté par notre négociateur, Michel Barnier, et je veux aussi avoir un mot à l'égard de ce dernier, pour le remercier, lui et ses équipes, du travail de très grande qualité qui a été fait depuis le début. Ensuite, il y aura un processus de ratification qui doit se faire au Parlement britannique puis au Parlement européen. C'est aussi pour cela que la satisfaction qui est la nôtre s'accompagne d'une légitime prudence parce qu'instruits par l'Histoire nous savons aussi que les parlements peuvent finalement ne pas se retrouver dans l'accord. Je veux croire que le Premier ministre Johnson aura une majorité pour soutenir cet accord âprement discuté ces dernières semaines.


Q - (inaudible)

R - Je vais venir ensuite aux sujets géopolitiques. Je ne vais pas faire ici de la politique fiction, tout cela montre qu'il y avait un très gros travail, tout cela montre aussi la nécessité qu'il y avait de fixer un délai, une limite. Je vous l'avais dit, au printemps dernier, la France, peut-être parfois nous a-t-on reproché d'être d'ailleurs un peu trop durs sur ce sujet, ou esseulés. Mais il faut parfois assumer de l'être. La France avait très clairement dit, au printemps dernier, que nous ne devions pas poursuivre les discussions après la fin octobre, c'est-à-dire jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle Commission, d'une nouvelle équipe et la préparation de l'avenir. C'est pour cela qu'à mes yeux, la conclusion de cet accord, avec toutes les réserves d'usage, est une bonne nouvelle, parce qu'elle permet ensuite d'aborder une nouvelle phase des discussions européennes qui vont nous permettre donc de parler d'avenir. Ce qui a permis de débloquer les choses, c'est, je crois, la volonté collective, c'est le fait qu'on a gardé nos objectifs politiques, pour trouver d'autres modalités techniques qui répondent aux blocages qui étaient apparus, en particulier au Parlement britannique. Maintenant, voyons ce que les prochaines heures et les prochains jours diront mais on fera tout pour que les choses puissent aboutir. Ce Conseil vient donc acter ce calendrier que nous avions décidé d'avoir. Ensuite, il va nous permettre aussi d'aborder l'avenir, et tout particulièrement d'avoir une première discussion sur les perspectives financières et une discussion importante sur l'agenda stratégique. Ce qui pour moi est un élément important. La Commission, et la présidente élue de la Commission, va présenter en particulier demain matin les grandes lignes de son agenda pour les prochaines années. Nous nous retrouvons très profondément derrière celles-ci, elles sont largement celles que j'ai pu défendre depuis le début de cette année parfois avant : un agenda climatique avant tout qui est très important - neutralité carbone 2050, rehaussement du prix minimum du CO2, taxation du carbone aux frontières, développement d'une grande banque du climat -, un agenda numérique et de développement de celui-ci, un agenda de protection pour les travailleurs en Europe et pour l'intégrité de notre marché, un agenda d'innovation, d'avenir, un agenda aussi de souveraineté avec une Europe de la défense qui doit être plus forte. Cela n'est pas exhaustif, mais c'est cet agenda d'avenir dont nous discuterons et qui est absolument essentiel. Evidemment nous parlerons aussi des sujets géopolitiques et tout particulièrement de l'attaque menée par la Turquie dans le nord-est syrien. Sur ce point, je souhaite que nous puissions à nouveau avoir un message uni, très clair et très ferme, pour condamner cette attaque, tous ensemble stopper tout export d'armement à l'égard des Turcs et, avec nos principaux partenaires, mettre fin à cette offensive qui aujourd'hui crée un vrai drame humanitaire et court le risque de faire resurgir Daech. On va essayer de régler les questions du passé, on va préparer l'avenir et répondre aux défis présents. Merci à vous.