Texte intégral
CECILE DE MENIBUS
Nous sommes avec Emmanuelle WARGON, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique.
PATRICK ROGER
Oui, qui est chargée aussi du grand débat.
EMMANUELLE WARGON
Entre autres. Bonjour.
PATRICK ROGER
Bonjour Emmanuelle WARGON. Dans la liste des européennes, là, conduite par Nathalie LOISEAU, on a du mal à comprendre quelle sera la tendance écolo. Vous, la ministre de la Transition écologique, entre Pascal CANFIN, Pascal DURAND et ce jeune agriculteur, il n'y a pas des contradictions entre une politique écolo, anti-OGM et puis des agriculteurs plutôt pro-chimiques ?
EMMANUELLE WARGON
Non, pas du tout. Je crois que ce que dit cette liste c'est une volonté écologique très forte, le numéro 2 est un militant écologique depuis longtemps, depuis toujours engagé, il a été engagé politiquement, il a été député européen Pascal CANFIN, il dirigeait l'une des grandes associations, simplement, la transition écologique elle ne se fait pas hors-sol, elle se fait en affrontant les sujets les uns après les autres…
PATRICK ROGER
Avec notamment les agriculteurs qui sont les plus concernés.
EMMANUELLE WARGON
Et donc elle se fait avec les agriculteurs. Limiter l'usage des pesticides, le réduire, limiter ce qu'on appelle l'artificialisation des sols, le mot est barbare, mais ça veut dire que chaque année on a des sols qui étaient des sols naturels et qui deviennent des sols qui ne font plus, qui ne jouent plus leur rôle de captation des eaux, des captations du carbone, ça, ça se fait avec les agriculteurs. Donc, les jeunes agriculteurs, c'est l'agriculture de demain, c'est une agriculture qui doit changer, et que les jeunes agriculteurs soient prêts à changer c'est une très bonne nouvelle.
PATRICK ROGER
Oui, ce que dit ce jeune agriculteur c'est qu'il ne faut pas aller trop vite non plus, et que Pascal CANFIN, et d'autres écolos, veulent aller beaucoup trop vite et que les jeunes agriculteurs ils ne peuvent pas y arriver.
EMMANUELLE WARGON
Mais l'important c'est d'y aller, finalement la vitesse ce n'est pas le point le plus important. Il y a un débat, une polémique en France, sur la date à laquelle on va vraiment sortir du glyphosate, on s'est donné une ambition…
PATRICK ROGER
Le glyphosate et les pesticides, vous avez vu…
EMMANUELLE WARGON
Il y a le glyphosate…
PATRICK ROGER
C'est étonnant, parce que, il y a ce débat, et il y a cet article, qui a été voté, qui permet l'exportation de produits avec pesticides jusqu'en 2022 ou 2025, vers la Russie, vers l'Ukraine, vers la Suisse, c'est étonnant ça quand même, non ?
EMMANUELLE WARGON
En fait, sur le glyphosate, ce qu'on dit c'est, notre ambition c'est 3 ans, et la France a été le pays qui s'est battu pour que le glyphosate ne soit ré-autorisé, dans l'Union européenne, que pendant 5 ans, mais c'est 3 ans avec tout le monde, et si finalement il y a quelques filières agricoles qui ne sont pas au rendez-vous des 3 ans et qui ont besoin de 3,5 ans, ou de 4 ans, ou de 4,5 ans, l'important c'est que ça ait lieu. Et finalement, pour les pesticides en général, on voudrait obtenir de l'Union européenne la même chose que ce qu'on a obtenu sur le glyphosate, c'est-à-dire une interdiction de production sur la totalité du sol de l'Union, et on se donne jusqu'à 2025 pour ça. Notre objectif pour les pesticides c'est -50 % en France en 2025, et on n'y est pas puisque, malheureusement, ça a augmenté les dernières années, donc c'est vraiment un effort à faire, mais c'est un effort à faire avec la profession agricole, ce n'est pas en les stigmatisant, ce n'est pas en disant que les agriculteurs ont tous les torts qu'on va y arriver, c'est en les emmenant.
PATRICK ROGER
Donc c'est ce qui justifie cet article qui a été voté, qui permet l'exportation de produits avec pesticides vers l'Ukraine et la Russie ?
EMMANUELLE WARGON
Cet article il donne simplement…
PATRICK ROGER
Il y a eu une petite boulette là, non ?
EMMANUELLE WARGON
Cet article il donne simplement plus de temps…
PATRICK ROGER
Non, mais, dites-le, Emmanuelle WARGON.
EMMANUELLE WARGON
Mais on a toujours envie que ça aille le plus vite possible, donc on est toujours frustré quand on se donne plus de temps, mais la question c'est le compromis raisonnable entre la possibilité réelle de faire, et la date symbolique. C'est un peu comme les centrales à charbon, d'une certaine manière, on les ferme en 2022, certains nous disent « c'est trop loin, vous n'allez pas assez vite », mais quand on va sur le terrain et qu'on regarde comment reconvertir les sites, là on nous dit l'inverse, « c'est beaucoup trop rapide, comment allons-nous faire ? »
PATRICK ROGER
A quoi elle va servir cette liste, qu'est-ce qui va être défendu dans le projet par Nathalie LOISEAU, que l'on comprenne bien, sur l'Europe ?
EMMANUELLE WARGON
Eh bien c'est un projet très européen, c'est-à-dire c'est un projet qui croit en l'Europe, qui pense que l'Europe est utile, finalement c'est un point sur lequel je suis même d'accord avec votre invité précédent…
PATRICK ROGER
Nicolas DUPONT-AIGNAN.
EMMANUELLE WARGON
Qui disait « c'est vital »…
PATRICK ROGER
Oh bah alors, ça c'est quand même, ça va être relevé !
EMMANUELLE WARGON
Qui disait « cette élection est vitale », et sur ce point-là, on n'a pas forcément beaucoup de points d'accord, mais sur celui-là je suis d'accord, parce que c'est l'Europe qui va nous aider à construire le modèle de société, le modèle de progrès économique et écologique dont nous avons besoin, une Europe qui protège plus, une Europe plus écologique, une Europe qui va plus vite.
PATRICK ROGER
D'accord, on est d'accord Emmanuelle WARGON, là-dessus, mais ça c'est quand même un peu de bonnes intentions. Dans les faits, qu'est-ce qui se passe ? Regardez ce qui se passe pour SMART, on va construire la prochaine SMART électrique où, alors qu'elle était construite jusqu'à présent, la SMART, à Hambach, en Lorraine, c'était un accord européen, on va aller la construire où ? En Chine.
EMMANUELLE WARGON
D'abord, ce que vous ne dites pas, c'est que, en Lorraine, à la place de la SMART, il va y avoir 18 mois de SMART électrique…
PATRICK ROGER
On va faire un SUV, bravo !
EMMANUELLE WARGON
Et ensuite il y aura un Mercedes ; après il y a une question de savoir ce qu'on veut construire.
PATRICK ROGER
Mais attention, ce sont des promesses, mais pourquoi on ne garde pas la SMART en France, en Europe, pourquoi on ne s'est pas mis d'accord ? C'est bien la photo Angela MERKEL, Emmanuel MACRON, etc., mais pendant ce temps on n'arrive pas à se mettre d'accord entre grands groupes.
EMMANUELLE WARGON
L'Europe que nous voulons c'est une Europe qui défend mieux sa compétitivité, ses emplois…
PATRICK ROGER
Eh ben là en l'occurrence…
EMMANUELLE WARGON
Dans les accords commerciaux, et vous pourriez aussi me parler de la fusion ratée entre SIEMENS et ALSTOM, c'est la même question.
PATRICK ROGER
Exactement.
EMMANUELLE WARGON
C'est une question de politique commerciale, il faut changer la politique commerciale européenne. La politique commerciale européenne elle a eu un immense avantage, elle a protégé les consommateurs et elle a permis des prix bas sur tout le marché européen, mais ce qu'elle ne fait pas c'est qu'elle ne protège pas assez l'industrie européenne. Et on sort d'une forme de naïveté dans la relation avec la Chine, nous avons à la fois une relation de respect…
PATRICK ROGER
On y est encore un peu !
EMMANUELLE WARGON
De construction, avec la puissance chinoise, mais nous disons aussi que cette relation doit être équilibrée. L'Europe est en train de changer de discours là-dessus, notamment grâce à la relation franco-allemande, et cette décision, qui est aussi une décision de réimplantation d'un autre modèle de MERCEDES, donc ce n'est pas une décision de sortie sèche d'un site industriel, c'est une décision qui, effectivement, doit nous aider à comprendre…
PATRICK ROGER
Un SUV, un SUV, tout ce que vous défendez, le SUV, c'est ça ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, dans les nouvelles en provenance de l'Union européenne, il y en a une qui est intéressante, le Parlement européen a voté la baisse des émissions de carbone de toutes les voitures en Europe, de près de 40 % dans les dix prochaines années, donc on a aussi des normes qui vont vraiment s'améliorer, et c'est important quand on voit… c'est ce qu'on écoutait dans votre reportage, la pollution de l'air.
PATRICK ROGER
On aurait pu sauver SMART quand même !... non, mais bien sûr, on l'a compris justement, c'est pour ça qu'on a quand même parfois du mal à comprendre les choses. Un mot aussi, alors le départ de Nathalie LOISEAU on l'a compris, Benjamin GRIVEAUX, Mounir MAHJOUBI, qui quittent le gouvernement, ce n'est pas un peu dommage de quitter le navire alors qu'en ce moment il y a une tempête quand même ?
EMMANUELLE WARGON
Ce qui est sûr c'est que ce sont deux talents et qu'ils étaient importants au gouvernement. Ils sont tous les deux très engagés dans une bataille électorale, qui sera une belle campagne, la campagne des municipales à Paris…
PATRICK ROGER
Deux rivaux du même camp quoi !
EMMANUELLE WARGON
C'est normal qu'il y ait de l'émulation dans un camp, on est très tôt dans le processus, il y aura évidemment une commission d'investiture, il y aura un candidat investi, une liste aussi d'ailleurs…
PATRICK ROGER
Mounir MAHJOUBI on ne comprend pas, c'est le dossier que l'on dit le plus important peut-être aujourd'hui, le digital, et il quitte, comme ça, alors qu'il a mené les dossiers.
EMMANUELLE WARGON
Je crois que l'idée c'était que les deux candidats soient sur un pied d'égalité, soit à l'intérieur du gouvernement, soit en dehors, mais le numérique, on se bat sur ce dossier, on avance d'ailleurs sur la taxe GAFA, il est porté par Bruno LE MAIRE lui-même, et c'est un point qui est très important, à la fois en Europe, et aussi dans le développement du numérique en France, parce que c'est aussi ce qui nous est dit des territoires pour lesquels l'accès est insuffisant, et on se bat tous les jours sur ce sujet.
PATRICK ROGER
Emmanuelle WARGON, vous êtes porte-parole maintenant.
EMMANUELLE WARGON
Je suis secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire, auprès de François de RUGY, la transition écologique et solidaire on vient d'en parler, c'est un beau sujet…
PATRICK ROGER
Oui, mais vous êtes porte-parole, du grand débat.
EMMANUELLE WARGON
Et je suis en charge du grand débat.
PATRICK ROGER
Porte-parole pour le grand débat.
EMMANUELLE WARGON
Je suis coanimatrice du grand débat, avec mon collègue Sébastien LECORNU.
PATRICK ROGER
Vous pouvez le dire effectivement, c'était un petit peu un entraînement avant d'être porte-parole du gouvernement ?
EMMANUELLE WARGON
Je suis secrétaire d'Etat à la Transition écologique, et coanimatrice du grand débat, c'est un beau sujet le grand débat, et on n'a pas tout à fait fini, d'ailleurs Benjamin GRIVEAUX l'a dit, on restitue le 8 avril, autour du Premier ministre et du gouvernement, tout ce que les Français ont dit, pour qu'on partage cette belle matière du grand débat…
PATRICK ROGER
Vous y avez pris goût quand même, à la fois au grand débat et puis porte-parolat, non ?
EMMANUELLE WARGON
J'ai pris goût au grand débat parce que c'était une expérience démocratique vraiment inédite, 1,5 million de personnes ont participé quand même !
PATRICK ROGER
Un dernier mot, ça se termine quand ?
EMMANUELLE WARGON
Restitution le 8 avril, et décisions quand le président le souhaitera.
PATRICK ROGER
Parce qu'Emmanuel MACRON repart en tournée là, j'ai cru comprendre.
EMMANUELLE WARGON
Le président s'était engagé à aller dans toutes les régions de France à la rencontre des maires, et donc il respecte son engagement, ce qui me paraît important…
PATRICK ROGER
Il s'était aussi engagé à ce que ce soit terminé au 15 mars.
EMMANUELLE WARGON
Il s'était engagé à aller voir tous les maires bien avant le lancement du grand débat, en fait c'est un engagement qu'il a pris devant les maires au moment du Congrès des maires. Les dernières réunions locales du grand débat se sont terminées en fait, pas le 15, mais le 22 mars, avec les dernières conférences avec des citoyens tirés au sort, le président a dit qu'il rendrait compte dans le mois qui suit la fin du grand débat, donc on est bien dans le timing. Et puis, vous savez, autant de contributions, presque 1,5 million de personnes qui se sont exprimées, ça prend un peu de temps à traiter. On s'est engagé à la transparence, et à l'exhaustivité.
PATRICK ROGER
Merci Emmanuelle WARGON, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, donc pour l'instant c'est votre titre.
CECILE DE MENIBUS
Et peut-être plus.
EMMANUELLE WARGON
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2019