Déclaration de Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées, sur la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, à Accra le 5 novembre 2019.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence plénière du G7++ Groupe des Amis du Golfe de Guinée

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,


Mes premiers mots, je tiens à les adresser au Gouvernement du Ghana afin de remercier ses représentants pour leur accueil. Je salue notre hôte, M. Derrick Oduro, et, à travers lui, je remercie le Ghana d'avoir accepté de co-présider ce forum avec la France.

Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour cette conférence plénière qui marque la dernière étape importante de notre mandat d'un an.

Au nom de la présidence du G7++, je tiens à remercier l'ensemble des participants, institutionnels ou privés, organisations régionales, qui concourent à une meilleure sécurité maritime dans le golfe de Guinée.

Je remercie plus particulièrement l'UE pour son soutien tout au long de cette présidence et en particulier les programmes GoGIN et SWAIMS qui nous ont accompagnés dans l'organisation des deux conférences du G7++ en 2019.

Je salue le travail effectué durant cette période. Je tiens à vous dire que notre équipe a eu plaisir à travailler à vos côtés. À ces remerciements et salutations, j'associe évidemment Florence Parly, ministre des armées, qui ne peut être là en raison de contraintes incompressibles d'agenda.

Aujourd'hui, en son nom comme au nom du gouvernement de la République française, je suis devant vous pour signifier l'attachement de la France au G7++ et par là-même aux enjeux maritimes du golfe de Guinée. La France sait l'ampleur des défis liés à la mer et aux espaces maritimes. Le président de la République, Emmanuel Macron, a eu dernièrement l'occasion de le rappeler.

Ce sont des partenariats solides et des "agendas de confiance" que nous voulons maintenir et bâtir.

Dans le golfe de Guinée, les enjeux de sécurité maritime sont particulièrement complexes, particulièrement enchevêtrés entre eux, à la fois multidimensionnels et protéiformes. La conférence de Bruxelles, en juillet dernier, a permis de rappeler l'ampleur des défis.

Nos regards se tournent aujourd'hui vers les incidents de piraterie et les vols à main armée. Ces actes criminels se conjuguent aux effets désastreux de la pêche illégale, du trafic de drogue, d'armes ou d'êtres humains. Une des conséquences majeures en est la fragilité accrue de l'ensemble des pays riverains et un amoindrissement du développement économique.

Or, nous le savons pertinemment, le développement économique est essentiel pour garantir la stabilité d'un espace certes dynamique, d'un espace avec un énorme potentiel de croissance, mais d'un espace où malheureusement les investissements sont souvent considérés comme risqués. Notre tâche est là : assurer la sécurité, rassurer les investisseurs, garantir les conditions du développement.

Ces défis sont immenses. Un an, c'est évidemment une période très courte pour y faire face. Mais la France et le Ghana ne sont pas partis de rien. Nous disposions du remarquable travail accompli par les présidences précédentes. Et, c'est bien dans cette continuité que nous avons inscrit notre action.

Car oui, il s'agit d'un effort collectif sur le long terme. Un effort qui a vocation à se prolonger. Nous partageons ensemble la nécessité d'une sécurité maritime conjointe, mutuelle et partagée, c'est l'essence de cette réunion.


Mesdames, Messieurs, chers partenaires, je souhaite vous adresser plusieurs messages.

Le premier, le plus simple mais aussi le plus important : les pays du golfe de Guinée ne sont pas seuls pour affronter ces défis. Ils ne le sont pas aujourd'hui, ils ne le seront pas demain.

La France s'inscrit résolument à vos côtés. Je veux citer quelques exemples de notre implication auprès des pays riverains.

Depuis de longues années, depuis 1990, par la mission Corymbe, nous assurons une présence navale française quasi-permanente dans le golfe de Guinée. Cette force complète des éléments français présents au Sénégal et au Gabon, ainsi que des forces prépositionnées en République de Côte d'Ivoire. Cette mission de la Marine nationale française s'inscrit dans une démarche d'accompagnement et de soutien des marines africaines par l'apport de notre savoir-faire et le partage de notre expérience. La réponse aux besoins et l'adaptation aux nécessités opérationnelles ou de formation restent nos maîtres-mots.

La France s'appuie également sur son réseau de coopérants mis à la disposition des Etats riverains du golfe de Guinée. Ils vous accompagnent au quotidien dans votre processus de transformation.

L'action de la France s'inscrit dans une stratégie globale et collective. Celle-ci est portée en particulier par l'Union européenne. Ainsi, la stratégie pour le golfe de Guinée, éditée en 2015, a été un des premiers documents prenant en compte les problématiques de sécurité maritime au niveau communautaire.

Avec notre partenaire britannique, nous mettons en oeuvre le Maritime Domain Awareness for Trade - Gulf of Guinea. Ce mécanisme d'alerte contre les attaques dans la région s'est révélé efficace et a fait ses preuves.

Enfin, et c'est ce qui nous réunit aujourd'hui, la France agit au sein du G7++, Groupe des amis du golfe de Guinée, créé spécifiquement pour mettre en cohérence l'action des partenaires internationaux en soutien à l'architecture de Yaoundé. Nous sommes honorés d'en assurer la présidence avec le Ghana en 2019.

En portant notre regard six ans en arrière, nous pouvons mesurer l'ampleur du chemin parcouru. Les accords de Yaoundé et la charte de Lomé, souhaités et portés par les Etats riverains du golfe, ont reçu le soutien de la communauté internationale et des organisations régionales comme la CEDEAO et la CEEAC. Ils ont permis de dresser les contours d'une architecture de sécurité maritime et de nourrir notre ambition de faire face à l'ensemble des défis de sécurité maritime.

Nous n'apercevons pas encore le bout du chemin, mais, par nos efforts, il se rapproche. Les résultats sont là. Les centres ont été créés. Ils commencent à remplir leur fonction opérationnelle et leur montée en puissance est continue. Comme en atteste la récente intervention de la marine togolaise dans l'incident à bord du G-Dona-1.

Ces efforts sont-ils suffisants ? Non. Ils le seront lorsqu'il n'y aura plus d'activités illicites qui menacent la sécurité des espaces maritimes dans le golfe de Guinée.

C'est donc notre devoir d'y parvenir et d'y mettre les moyens y compris par un financement durable. L'opérationnalisation du processus de Yaoundé est en marche et tous nos efforts se conjuguent pour le mener à bien.

Pour cela, la France et les partenaires internationaux se tiennent aux côtés des pays riverains, et des organisations régionales africaines. Nous croyons que les progrès que nous souhaitons imposent également une meilleure coordination des actions de coopération, notamment au sein des pays contributeurs de l'Union européenne.

L'initiative lancée par le Centre Interrégional de Coordination de Yaoundé de créer un SHADE pour le golfe de Guinée peut constituer à cet égard une piste intéressante. La France ainsi que les membres du G7++ sont prêts à apporter leurs concours pour en déterminer les contours.

Au-delà de l'Union européenne, que la France a vivement souhaité associer à cette présidence, il est important de fédérer les efforts des autres nations, comme les Etats-Unis par exemple, qui prendront bientôt la présidence de ce forum, suivis par le Royaume-Uni.

En un an de présidence aux côtés du Ghana, nous sommes parvenus à entretenir la flamme des groupes de travail et à mettre en place des initiatives à la hauteur des enjeux. C'est pourquoi nous avons voulu que cette action s'inscrive dans le temps long, à travers une feuille de route sur 3 ans.


Mesdames, messieurs, c'est une oeuvre de concert que nous menons, une oeuvre décisive pour lutter contre les fléaux qui menacent la sécurité en mer, une oeuvre indispensable pour le développement de cette région et de cette perle d'Afrique.

Je me félicite de l'avancée de nos discussions et de nos progrès. Ils démontrent la maturité de notre collaboration.

La France est fière de mener ce travail à vos côtés.

Je vous remercie.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2019