Texte intégral
SAMUEL ETIENNE
Je vous le disais, l'actualité de ce mardi on en parle avec notre invitée, ce matin la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de l'Innovation, Frédérique VIDAL, bonjour Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
SAMUEL ETIENNE
Merci d'être avec nous Madame la Ministre. Alors, je vous ai invitée surtout pour parler de la réforme des études de santé, des études de médecine, je veux d'abord quand même votre sentiment, avant, sur cette question révélée par nos confrères du « Parisien » ce matin, a priori demain annonce par l'exécutif de mesures concernant l'immigration et notamment l'instauration de quotas. Des quotas en matière d'immigration, on l'a expliqué ce matin sur notre antenne, c'est une idée qui vient plutôt de la droite, c'est une bonne idée ou pas ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, les annonces seront faites demain à l'issue du Conseil interministériel, et donc évidemment je laisserai le Premier ministre les faire. Peut-être pour vous dire que, sur les étudiants, le Premier ministre a annoncé, il y a un peu plus de 18 mois maintenant, notre objectif c'est de doubler le nombre d'étudiants internationaux, et c'est à ça que je m'emploie.
SAMUEL ETIENNE
Mais sur le fond, la philosophie de cette idée, parce que c'est vrai que c'est une idée qui a été portée par la droite, par François FILLON par exemple aux dernières présidentielles, en dehors de la question des étudiants, des quotas en matière d'immigration, qu'est-ce que vous en pensez ?
FREDERIQUE VIDAL
Une fois de plus, je ne vais pas me prononcer sur quelque chose qui n'a pas encore été annoncé par le Premier ministre.
SAMUEL ETIENNE
On aura le détail, mais on a quand même l'idée générale, elle n'a jamais été mise en place en France, cette idée de quotas.
FREDERIQUE VIDAL
On a les passeports talents qui existent déjà, on a des facilités pour mieux accueillir les personnes qui viennent pour travailler dans certains domaines et sur certains sujets, on a déjà une liste de ce qu'on appelle les métiers prioritaires, qui doit être revue, qui date de 2008, donc voilà, je pense que c'est dans ce sens-là qu'il faut qu'on travaille.
SAMUEL ETIENNE
Frédérique VIDAL, je le disais, je vous ai invité ce matin pour parler notamment de la réforme de la PACES, c'est comme ça qu'on dit, PACES, la réforme de la première année commune aux études de santé. 1 an après les annonces du président MACRON en la matière, les arrêtés seront publiés aujourd'hui, vous avez choisi France Info pour en parler, je vous en remercie. La réforme entre en vigueur la rentrée prochaine, d'abord c'est la fin du numerus clausus comme on dit, pourquoi, pour avoir plus de médecins en France, c'est un des objectifs de la réforme ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, un des objectifs de la réforme c'est d'abord d'avoir une réforme complète de la façon dont on accède aux études de santé, que ce soit médecin…
SAMUEL ETIENNE
On va en parler, on va détailler, il y a des nouveautés.
FREDERIQUE VIDAL
Pharmacien, odonto, maïeutique, etc. On sait que la régulation centralisée, par le numerus clausus, est un système qui n'a pas fonctionné, on le voit aujourd'hui on manque de médecins…
SAMUEL ETIENNE
Il y a eu des effets pervers.
FREDERIQUE VIDAL
Il y a eu des effets pervers.
SAMUEL ETIENNE
On manque de médecins dans certains territoires, on manque de médecins dans certaines spécialités.
FREDERIQUE VIDAL
Il y en a trop dans d'autres, absolument, donc l'idée c'est de laisser à chaque région, à chaque agence régionale de santé…
SAMUEL ETIENNE
Université.
FREDERIQUE VIDAL
A chaque université, le soin de regarder combien est-ce que l'on doit former de personnels dans ces professions de santé.
SAMUEL ETIENNE
Et comment ce nombre sera calculé, au cas par cas ?
FREDERIQUE VIDAL
Voilà, absolument.
SAMUEL ETIENNE
En fonction des places disponibles, je suppose, dans les facultés.
FREDERIQUE VIDAL
Alors évidemment, en fonction de la capacité de formation, mais cette capacité de formation elle peut aussi être amplifiée, c'est à ça qu'on s'emploie en donnant des moyens supplémentaires aux facultés de santé, médecine, odonto, pharmacie, ou aux écoles de maïeutique…
SAMUEL ETIENNE
Et en fonction des besoins.
FREDERIQUE VIDAL
Et en fonction des besoins.
SAMUEL ETIENNE
Et alors, vous y faisiez allusion il y a une minute, il y aura deux manières, désormais, de débuter des études de santé. Alors, comment simplifier ? Il y aura une manière qui ressemble un peu à l'actuelle façon, c'est-à-dire un cursus spécialisé médecine dès le début, et une autre filière qui s'ouvre.
FREDERIQUE VIDAL
Alors, en fait, l'objectif c'est de faire en sorte qu'on n'ait plus de jeunes bacheliers qui rentrent dans les études de médecine, qui échouent deux fois aux concours, divers et variés, à l'issue de la première année de santé, et puis qui ensuite recommencent de nouveau en première année.
SAMUEL ETIENNE
Parce que c'est un formidable gâchis !
FREDERIQUE VIDAL
Un formidable gâchis, absolument. Et donc l'idée c'est que, on va avoir soit des parcours qui vont être spécifiques pour se former en santé avec, à côté de ça, une formation complémentaire qui permettra, en cas d'échec, de continuer ses études dans cette option qu'on avait prise…
SAMUEL ETIENNE
Qui peut être dans quelle matière, par exemple en droit ?
FREDERIQUE VIDAL
Qui peut être en droit, qui peut être de façon générale en chimie, en biochimie, en biologie, qui peut être en mathématiques, on sait qu'on a beaucoup de modélisations, donc on peut être intéressé à la fois par les mathématiques et la médecine. Et puis on aura, dans tous les endroits où il n'y a pas de faculté de médecine, faculté de santé, la possibilité de rentrer dans une licence classique, disciplinaire, auxquelles viendront se rajouter…
SAMUEL ETIENNE
Une option.
FREDERIQUE VIDAL
Des modules santé.
SAMUEL ETIENNE
Ça c'est nouveau !
FREDERIQUE VIDAL
Ça c'est complètement nouveau, ça, ça va permettre aux jeunes de pouvoir démarrer dans les études de santé sur leur territoire, sans être obligés de se déplacer vers les métropoles qui ont des CHU. On sait que c'est aussi très important dans le choix ensuite de revenir s'installer, on sait que quand les jeunes quittent leur lieu de naissance pendant plus de 5 ans, la probabilité qu'ils y reviennent est très faible…
SAMUEL ETIENNE
Ils peuvent avoir tendance à rester, bien sûr.
FREDERIQUE VIDAL
Donc qu'ils puissent démarrer leurs études dans leur ville, ou à proximité de leur ville. Et on a aussi réformé, il ne faut pas l'oublier parce que c'est un tout, on a aussi réformé le troisième cycle, c'est-à-dire qu'on aura aussi la possibilité de faire plus de stages dans tout le territoire.
SAMUEL ETIENNE
Et l'un des intérêts de cette nouvelle filière, je vais utiliser ce mot ce matin, donc avec une licence classique, avec des modules, des options médecine pour, pourquoi pas devenir médecin, c'est que ça va donner des profils de médecins, demain, assez différents.
FREDERIQUE VIDAL
Ça c'est extrêmement important. On voit que l'exercice de la médecine se transforme, on travaille de plus en plus en équipes, on a besoin de plus en plus de compétences différentes, et donc ce qui est très important c'est d'avoir une véritable diversité de façon de penser, de types de connaissances, dans les médecins, les dentistes, les pharmaciens, les maïeuticiens, qui seront formés.
SAMUEL ETIENNE
Ce sera peut-être moins des matheux, moins des scientifiques purs, parce que certaines viendront d'études littéraires.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, parce que je crois que, évidemment la technique, la technologie, c'est très important en médecine, mais la médecine ça ne se réduit pas à de la technique et de la technologie…
SAMUEL ETIENNE
Il y a l'échange.
FREDERIQUE VIDAL
Il y a aussi énormément d'échange, et donc avoir finalement, dans ces groupes d'étudiants, qui seront en train de former, et puis plus tard dans les équipes pluridisciplinaires des gens qui viennent d'horizons différents, ça ne pourra qu'enrichir la pratique de la médecine.
SAMUEL ETIENNE
Frédérique VIDAL, un mot aussi de ce déplacement, qui est une première en France pour un ministre, c'est vendredi soir, vous partez pour l'Antarctique, pour passer une dizaine de jours, c'est ça… ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est ça.
SAMUEL ETIENNE
Sur les stations de recherche Dumont d'Urville et Concordia…
FREDERIQUE VIDAL
Oui.
SAMUEL ETIENNE
Quel est l'objectif, pourquoi ce déplacement, qui est une première ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, d'abord parce que c'est le lieu où on va pouvoir élucider un certain nombre de questions sur le climat…
SAMUEL ETIENNE
Sur le réchauffement climatique, oui.
FREDERIQUE VIDAL
Et donc c'est vraiment extrêmement important, d'abord d'aller apporter du soutien aux scientifiques, d'aller les écouter, d'aller regarder ce dont ils ont besoin, on prépare une grande loi de programmation de la recherche, donc évidemment il faut aller partout où la France rayonne scientifiquement…
SAMUEL ETIENNE
Donc là vous allez rencontrer ces scientifiques sur place quoi !
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, et je crois que c'est très important parce que, bien sûr on peut se faire raconter ce qui se passe, mais je crois que le voir, échanger avec eux, voir les conditions dans lesquelles ils vivent et voir comment on peut les aider, c'est essentiel, surtout le jour où les Etats-Unis sortent de l'Accord de Paris.
SAMUEL ETIENNE
Viennent d'annoncer qu'ils sortaient de la COP21 de l'Accord de Paris. Il reste quelques secondes. Vous n'y restez que 10 jours, mais c'est dans des conditions de vie particulières, vous y êtes préparée un petit peu ou pas à l'Antarctique ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, bien sûr, il y a des tests physiques, on a tout passé, tout va bien.
SAMUEL ETIENNE
On aura peut-être l'occasion de reparler ensemble de ce voyage.
FREDERIQUE VIDAL
Au retour volontiers, oui.
SAMUEL ETIENNE
Merci beaucoup Frédérique VIDAL de nous avoir rejoints ce matin dans la matinale de France Info.
FREDERIQUE VIDAL
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 novembre 2019