Texte intégral
Q - Quel rôle joue l'agriculture dans la cohésion des territoires ?
JG. Pendant 25 ans, j'ai été élue d'un territoire à forte dominance rurale. Je sais d'expérience combien le secteur agricole et les agriculteurs ont une importance cruciale dans notre société. Pas simplement parce qu'ils nous nourrissent et qu'ils gèrent plus de la moitié (54%) des surfaces de notre territoire, mais aussi parce qu'ils sont aux avant-postes des évolutions environnementales, technologiques et sociales. Les transformations sont profondes et les solutions qui s'inventent au coeur des territoires ruraux sont avant-gardistes à la fois pour préserver la cohésion sociale mais aussi pour dynamiser ces territoires, je pense à l'emploi, à l'accueil des personnes âgées, à l'accès aux services publics ou encore à la place faite aux bénévoles et à l'engagement citoyen.
Q - Quelles ambitions placez-vous dans l'agenda rural qui sera présenté en 2020 ?
JG. Le Président de la République parlait le 25 avril dernier de l'art d'être Français. La qualité de vie dans nos campagnes en est une des composantes. C'est la finalité de notre plan d'action en faveur des territoires ruraux, à savoir vivre et travailler dans nos campagnes. Désormais l'exode rural est inversé et nos campagnes sont attractives.
Le rapport de la mission «Agenda rural» que j'ai confiée à cinq élus reconnus pour leur expertise a permis au Gouvernement de bâtir un plan d'actions ambitieux et durable pour nos campagnes. L'Agenda rural se donne ainsi pour ambition principale de permettre à leurs habitants d'y vivre et d'y travailler à toutes les étapes de leur parcours professionnel ou de leur vie familiale. L'art d'être Français, c'est cet enracinement ou cet attachement dans la diversité de nos terroirs, avec la qualité de la vie qui en découle.
Ce plan d'action en faveur des ruralités s'inscrira dans la durée avec la mise en place d'un comité de suivi composé de l'ensemble des ministères et des membres de la mission que je réunirai tous les 2 mois.
Q - Dans ce contexte, qu'attendez-vous des Chambres d'agriculture et quelles priorités d'action leur donneriez-vous pour renforcer le développement des territoires ?
JG. Les Chambres d'agriculture ont toujours eu un rôle essentiel pour accompagner au quotidien les agriculteurs dans les transformations de leurs activités. Comme élue d'un territoire rural, j'ai par exemple pu apprécier l'appui très concret qu'apporte la Chambre de mon département pour le montage des dossiers européens. Nous avons besoin de cette expertise et de cette capacité d'ingénierie pour placer les agriculteurs au coeur de notre projet pour les ruralités et plus largement pour l'aménagement de tout le territoire. Les défis d'une alimentation plus saine, le changement climatique, la réduction de l'artificialisation des sols : autant de défis qui placent nos agriculteurs en première ligne. Les Chambres d'agriculture ont toute leur place pour porter un projet collectif en réponse à ces défis et nourrir le dialogue entre les agriculteurs et le reste de la société. Je suis convaincue que nous ne développerons véritablement les territoires ruraux qu'en associant toutes les parties prenantes de la ruralité. C'est particulièrement important pour les différents contrats territoriaux que porte mon ministère (contrats de plan, de ruralité, contrats spécifiques), dans lesquels je souhaite une véritable représentation du monde agricole.
Source https://chambres-agriculture.fr, le 4 décembre 2019