Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, à Sud Radio le 3 décembre 2019, sur la réforme des retraites, la taxation des géants d'Internet et la promotion du made in France.

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Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.

PATRICK ROGER
Avant la grève annoncée de jeudi, il y a déjà le mouvement des Gilets orange, qui bloquent notamment dans l'Ouest les dépôts d'essence, des professionnels du BTP qui sont mobilisés, alors, contre la suppression d'un avantage fiscal dont bénéficiait jusqu'à présent le gazole non routier. Est-ce qu'il y a une porte de sortie ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, il y a une porte de sortie. Nous avons reçu les représentants de ces professions, 5 heures hier à Bercy. Leur sujet central n'est pas au fond la réforme, parce que tout le monde a compris que l'essence qui pollue, a vocation à être taxée de la même manière, quel que soit son usage, et c'est ce qui est en jeu. Le gazole non routier aujourd'hui était très très peu taxé, coûtait beaucoup moins cher que le diesel, or c'est la même chose.

PATRICK ROGER
80 centimes et il va passer à 1,40 € à peu près.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà.

PATRICK ROGER
C'est ça, oui.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, bien sûr…

PATRICK ROGER
Mais bon, ça fait évidemment une charge supplémentaire.

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une charge supplémentaire et il faut l'accompagner, et c'est pour ça qu'on avait concerté depuis le mois de juin, ce n'est pas une chose qu'on sort de notre chapeau, on avait concerté depuis le mois de juin, on avait autorisé et aidé en fait les professions à augmenter leurs prix dans les contrats qu'ils ont avec les communes, les départements, parce que souvent ils agissent pour des collectivités publiques, donc pour accompagner ça, et on leur avait donné également un avantage de façon à changer de machines pour avoir accès à des motorisations plus propres. Parce qu'effectivement s'ils sont obligés d'utiliser du diesel, c'est quand même un peu compliqué dans la durée. Ce qui les embête aujourd'hui, ce qui est un vrai problème, c'est que vous avez encore les agriculteurs qui peuvent bénéficier de cet avantage fiscal.

PATRICK ROGER
Pas tout le secteur agricole, avec ses grands engins, quoi, voilà.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà, et qu'ils ont peur qu'il y ait une concurrence déloyale par rapport à leur propre activité. Donc tout l'enjeu c'est effectivement de monter le niveau de contrôle, avec des douaniers, pour vérifier qu'il n'y ait pas des détournements de l'usage de ce gazole…

PATRICK ROGER
Que ce gazole soit siphonné pour aller dans d'autres engins, quoi, en quelque sorte.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà, en particulier, ou qu'il y ait des travaux agricoles qui s'apparentent vraiment de très très près à des travaux de bâtiment et ça, ça serait un problème.

PATRICK ROGER
Et donc, ce que vous pouvez leur proposer c'est quoi ? Alors, ce matin c'est ça, c'est des contrôles supplémentaires ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ce que nous avons discuté effectivement avec eux hier, et ça c'est un point qui aujourd'hui, je dirais, les rassure en partie. C'est vraiment un des points sensibles par rapport à cette transition. Ensuite, il faut que les choses redeviennent à la normale au niveau des dépôts d'essence, de carburant, et c'est pour ça que nous sommes en train d'intervenir, pour qu'elles reviennent à la normale.

PATRICK ROGER
D'intervenir. C'est ça, il va y avoir des interventions, là, des CRS…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.

PATRICK ROGER
... pour déloger. Ça c'est la stratégie.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tranquillement, sans agressivité, mais simplement parce que les Français doivent avoir accès aux pompes à essence, et nous avons fait cette concertation, nous l'avons accompagnée depuis six mois, donc on va mettre les choses dans l'ordre.

PATRICK ROGER
Et il n'y aura pas de moratoire. Il n'y a pas de moratoire.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas l'objectif, je ne crois pas que ce soit l'enjeu. On ne peut pas à la fois être dans les paroles en disant qu'il y a une urgence climatique, et pas appliquer dans les actes, et donc c'est de ça qu'il s'agit aujourd'hui.

PATRICK ROGER
Bon, donc on verra dans les heures qui viennent, ça devait, ça pourrait se débloquer, c'est ce que vous dites, vous à Bercy vous êtes confiants.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, nous, nous souhaitons que ça revienne dans la normale, et ça paraît légitime, ce d'autant que la porte a toujours été ouverte à Bercy pour discuter de ces sujets-là.

PATRICK ROGER
Oui, d'autant que ce serait quand même un peu dramatique s'il y avait pénurie d'essence, alors qu'il y a une grande grève qui s'annonce dans les transports, puisque la CFDT rejoint le mouvement. Vous vous attendez à une grande paralysie ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que les journées du 5 seront effectivement, essentiellement en zone francilienne, parce que ça ne concerne pas toute la France, il faut aussi être conscient de ça, on a un tropisme très parisien dans la façon de regarder ce mouvement, je pense notamment aux transports en commun…

PATRICK ROGER
Eh bien les transports en commun, il y a les TER aussi dans les grandes villes, un peu partout dans…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais pas avec les mêmes niveaux de mobilisation. Et puis vous avez été transports en commun qui fonctionneront très bien parce qu'ils ne sont pas concernés par les régimes sociaux.

PATRICK ROGER
Donc, ce que vous dites, Agnès PANNIER-RUNACHER…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur le reste de la France…

PATRICK ROGER
... c'est que le conflit sera focalisé beaucoup sur l'Ile-de-France, en région parisienne.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ce que je dis c'est que sur l'immobilisation des Transports, ça concerne beaucoup la région Ile-de-France, beaucoup moins d'autres régions de France. C'est très factuel, il suffit de regarder les mots, les revendications de grève. Ça n'empêche pas d'avoir des manifestations, et ça c'est un droit constitutionnel, et chacun manifestera là où il le souhaitera.

PATRICK ROGER
Oui, du côté des entreprises, comment elles peuvent s'adapter alors, notamment pour les franciliennes mais également les autres, puisqu'elles sont un peu inquiètes ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous, nous appelons les entreprises à faire preuve de bienveillance à l'égard de leurs salariés. Vous savez que le télétravail peut être mis en place très facilement aujourd'hui. Le télétravail, c'est une bonne solution, de manière générale d'ailleurs, pour gérer les circulations entre travail et domicile, et dans un contexte comme celui-ci, c'est une bonne mesure pour continuer à travailler, faire en sorte que les gens ne soient pas déconnectés du travail, mais n'aient pas à se déplacer. Donc faciliter le télétravail, faciliter aussi…

PATRICK ROGER
Le télétravail quand c'est possible, on ne peut pas forcément travailler partout en télétravail.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, quand on est dans des fonctions d'accueil, c'est compliqué d'être en télétravail, mais il faut aussi être à l'écoute des salariés qui pourront poser une journée de RTT, par exemple, ou qui pourront faire d'autres choix, s'organiseront autrement. Nous appelons les entreprises à être bienveillantes sur ces éléments-là.

PATRICK ROGER
Oui, alors bienveillantes, c'est-à-dire ne pas forcément leur imposer un jour, non ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bienveillantes c'est faire en sorte que…

PATRICK ROGER
Parce que les gens qui ne peuvent pas se rendre au travail, pourquoi ils déposeraient un jour de RTT, s'ils ne peuvent pas, s'ils sont bloqués ? Qu'est ce qui se passe dans ces conditions ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien ils prennent un jour de congé, donc qu'ils en profitent…

PATRICK ROGER
Ah non, mais s'ils ne veulent pas prendre un jour de congé, se rendre au travail mais qu'ils n'y arrivent pas ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien ils restent en contact avec leur entreprise, ils peuvent bénéficier du télétravail. Vous avez quand même un certain nombre de possibilités…

PATRICK ROGER
Oui mais le télétravail, encore une fois ce n'est pas possible pour toute chose, dans l'accueil, des engins de chantiers ou autres, etc.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Donc chaque entreprise, elle ajustera en fonction de la situation. Elles peuvent aussi décider de ne pas assurer des fonctions d'accueil ce jour-là. Je crois que c'est propre à chaque entreprise de s'organiser. Mais ce qu'il faut faire, c'est en tenant compte de la réalité des contraintes des entreprises en question. Moi je l'ai vécu quand j'étais... je dirigeais une entreprise, on s'arrangeait toujours, et on le faisait en souplesse. Je crois qu'il ne faut pas rentrer dans des injonctions…

PATRICK ROGER
C'est du bon sens, c'est ce que vous dites.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Dans des injonctions qui seraient données par l'Etat.

PATRICK ROGER
Oui, mais parce que vous êtes quand même au ministère de l'Economie et des Finances, vous travaillez avec ces petites entreprises, vous êtes en contact permanent avec elles…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.

PATRICK ROGER
Donc vous pouvez leur donner en fait des conseils, en tout cas, quoi, non ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous, ce qu'on leur doit comme conseil, c'est qu'on leur facilite tout ce qui est aspect administratif.

PATRICK ROGER
Revenons quand même aussi au problème de fond, c'est-à-dire la réforme des retraites. Est-ce qu'il n'y a pas un manque de pédagogie autour du sujet ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
En tout cas, moi je veux rappeler ce qu'est la réforme des retraites, parce qu'effectivement…

PATRICK ROGER
On a l'impression que les gens n'ont pas bien compris encore.

AGNES PANNIER-RUNACHER
On perd un peu de vue quel est l'objectif. L'objectif d'ailleurs, je l'observe, il est plutôt partagé par les Français. Il est partagé par plus de 2 tiers des Français, c'est de dire une chose très simple : on a aujourd'hui un système qui est à bout de souffle, vous avez 42 régimes de retraites différents, on propose de faire un régime unique, universel, qui s'applique de la même manière à tous, avec une logique toute simple : les gens qui font le même travail, cotisent la même chose et reçoivent à la fin la même retraite. Un principe de bon sens qui permet justement par exemple la mobilité, parce que si vous passez d'un métier à l'autre, ou d'une entreprise à l'autre qui n'a pas le même régime, aujourd'hui vous êtes, vous avez un problème, vous perdez les avantages de certains régimes. Demain, si vous vous êtes comptable à la RATP puis comptable à Sud Radio, puis comptable dans une autre entreprise, vous continuez à constituer votre retraite, à cotiser pour la retraite. La deuxième chose, c'est une mesure sociale majeure, nous demandons, nous mettons en place un dispositif qui fait que vous n'avez pas de retraite inférieure à 1 000 € lorsque vous avez travaillé toute votre vie. Ça n'existe pas aujourd'hui. Je le dis. Demandez par exemple aux agriculteurs qui, pour eux c'est un bon quantique. Demandez aux femmes qui ont des carrières avec des arrêts dus à des difficultés à retrouver un travail, peut être des moments de chômage, c'est elles aujourd'hui qui sont les principales bénéficiaires de ce régime des retraites. Vous avez un troisième élément, c'est que dès le premier enfant vous avez un bénéfice, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Et puis vous avez surtout des mesures qui sont égales pour tout le monde. Est-ce que vous savez par exemple que dans la Fonction publique on ne tient pas compte de la pénibilité, dans le privé on en tient compte. Pourquoi ? En fait, c'est le résultat de l'histoire, donc c'est simplement une mesure de justice sociale.

PATRICK ROGER
Oui, bon, tout le monde ne voit pas ça de la même manière, il y en a qui disent : oui, puisque c'est un calcul sur les 43 ans, qu'on gagne en fait beaucoup moins à certains moments donnés, qu'on peut être sur des périodes de chômage et que donc le niveau forcément des pensions va baisser, d'autant qu'il y aura le calcul avec les points.

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est absurde, parce que c'est, pour le coup, là aussi, c'est un propos qui est fondé sur rien, à part le fait d'agiter un chiffon rouge…

PATRICK ROGER
Ben si !

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, pas du tout, pas du tout. Parce que lorsque vous cotisez dès le premier point, dès le premier travail, vous ne faites que de l'incrémental, vous rajoutez à votre possibilité de gagner de l'argent. Donc tous les simulateurs qui ont été mis en ligne, reposent sur des hypothèses qui ne sont pas fondées.

PATRICK ROGER
Non mais la moyenne, mais bien sûr que si, puisque vous partez quand même sur ce principe de base, sur un calcul sur l'ensemble en fait des annuités, et donc la moyenne sera plus basse que quand c'était les 25 meilleures années. Non ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais non, ce n'est pas du tout ça, puisque chaque fois que vous travaillez, vous gagner des points. Donc c'est une logique incrémentale. Vous avez non seulement vos 25 meilleures années plus les points que vous avez gagné en étant, en faisant un job au McDo, quand vous étiez jeune. Donc justement c'est une honte d'arriver à présenter ce projet de cette manière. Et on le voit, il n'y a aucun argument des oppositions sur ce sujet-là. Je le dis avec force, parce que j'aurai la gauche qui dirait « vous n'allez pas assez loin dans la dimension sociale », très bien, parlons-en. Vous auriez la droite qui dirait « mais vous êtes sûr que ce régime est financé ? », très bien, parlons-en, mais aujourd'hui on est dans l'immobilisme, alors que notre régime de retraite est à bout de souffle, et qu'on ne sait pas dire, les yeux dans les yeux, à nos enfants : vous êtes garantis d'avoir un système de retraite demain.

PATRICK ROGER
Oui. Vous voulez dire que c'est instrumentalisé, politique ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais bien sûr.

PATRICK ROGER
Contre Emmanuel MACRON ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien c'est, de manière générale, si vous voulez, vous retrouvez à front renversé sur certains sujets. Ne pas pouvoir poser sereinement le sujet des régimes spéciaux, est pour le moins surprenant de la part de certaines oppositions qui ont été assez vocales sur ces sujets-là.

PATRICK ROGER
Oui, mais est-ce que le gouvernement n'a pas fait quand même des erreurs aussi de communication, depuis maintenant un an et demi que ce sujet est plus ou moins sur la table ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est la réforme, c'est ce qu'on met sur la table, c'est la discussion que nous ouvrons, c'est la concertation. Alors bien sûr on est dans un moment un peu intermédiaire parce qu'on a voulu concerter. Quand on concerte, on n'a pas tous les paramètres qui sont réglés, mais je pense que c'est important. On ne peut pas à la fois dire au gouvernement « vous n'écoutez pas assez les Français », et lorsqu'on concerte « ce n'est pas précis votre projet », si vous voulez il ne faut pas être dans la jonction paradoxale.

PATRICK ROGER
Autre sujet, les Etats-Unis menacent de surtaxer des produits français jusqu'à 100 %. C'est une réplique à la taxe qui a été imposée aux GAFA par Bruno LE MAIRE, quelle est la marge de négociations de la France ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Déjà, je veux redire pourquoi cette taxe elle a été mise en place. Cette taxe elle vise à corriger un des principaux scandales de justice fiscale qui est que les grandes plates-formes numériques paient 14 points de moins d'impôts que toutes les autres entreprises. Et nous sommes les premiers à avoir mis cette taxe en place, et nous faisons fonction de leader au niveau européen, et les autres nous suivent, et ça je comprends, ça inquiète les Etats-Unis. Jusqu'ici les Etats-Unis nous ont dit : non mais on comprend, c'est vrai que c'est un problème, on va régler ça au niveau de l'OCDE. L'OCDE est arrivée avec un projet de taxation numérique, il est sur la table, il est sur la table, donc maintenant les Etats-Unis rétropédalent un peu en panique, en disant, ouh lala ouh lala, on va faire pression. Donc Bruno LE MAIRE va s'exprimer tout à l'heure sur ce sujet-là, mais il est très clair que nous n'avons pas à, je vais dire, reculer, par rapport à un sujet qui économiquement fait du sens et qui est de justice fiscale.

PATRICK ROGER
La France ne reculera pas, sur ce sujet, face à Donald TRUMP.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je laisserai Bruno LE MAIRE s'exprimer tout à l'heure sur le sujet, mais fondamentalement, le combat que nous menons, il n'est pas dirigé contre les plates-formes numériques américaines, il est je dirais générique, il s'applique d'ailleurs, y compris à des plateformes numériques françaises, donc il faut arrêter de raconter n'importe quoi, là aussi, et surtout il est juste. Donc on doit être, je dirais, pugnace sur ce sujet.

PATRICK ROGER
Oui. Puisque vous parlez des plates-formes numériques, un mot quand même sur les petits commerçants, là, qui sont beaucoup et qui pourraient être impactés peut-être aussi par la grève, et puis il y a eu, il y a cette concurrence numérique, est-ce qu'il y aura des compensations éventuellement ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui, nous accompagnons les commerçants, je vous le signale, depuis l'affaire des Gilets jaunes. Nous avons repoussé 300 millions d'euros d'échéances de cotisations sociales et 100 millions d'euros d'échéances de cotisations fiscales. Donc ce n'est pas comme si on ne faisait rien pour les petits commerçants et les artisans. Par rapport à la grève, attention à ce dont on parle. Le fait qu'il y ait une journée de grève ne va pas affecter de manière majeure le chiffre d'affaires des commerçants. Ce dont ils ont peur aujourd'hui, c'est des risques de dérapage, de violences, parce que ça, ça les affecte dès le premier jour. Et la deuxième chose, c'est que ça puisse durer, parce qu'effectivement dans le mois de décembre, c'est le moment où on fait le gros du chiffre d'affaires. Donc nous serons extrêmement à l'écoute, comme nous l'avons toujours été, que ce soit dans des cas d'inondations, dans des cas de manifestations des Gilets jaunes ou sur d'autres sujets.

PATRICK ROGER
Agnès PANNIER-RUNACHER, question aussi avec Cécile de MENIBUS.

CECILE DE MENIBUS
Oui, Gérald DARMANIN, le ministre du Budget, a renforcé la lutte contre la fraude fiscale, et le volet répressif finalement inquiète les chefs d'entreprise, qui craignent de passer rapidement devant le juge pénal pour des fraudes finalement qui sont mineures. Est-ce qu'ils ont raison de s'inquiéter ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que la lutte contre la fraude fiscale c'est un bon combat, et les chefs d'entreprises, lorsqu'ils sont, nous avons aussi droit à l'erreur, lorsqu'ils sont de bonne foi, qu'il y a eu une erreur, il n'y a pas de raison d'aller jusqu'au pénal. Lorsqu'on est face à des montages qui ont nécessité l'intervention d'un conseil fiscal, il y a eu quand même une forme d'intention, donc là encore on sera pragmatique, on sera raisonnable, mais il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, je veux dire, on est aussi dans une volonté de justice fiscale, on a amélioré le combat contre la fraude fiscale, notamment la TVA intracommunautaire, c'est-à-dire au-delà de nos frontières, on sait que c'est un sujet majeur, on responsabilise là aussi les plateformes numériques dessus, et c'est de la concurrence déloyale. C'est de la concurrence déloyale entre entreprises. Donc là aussi, c'est pour les entreprises.

PATRICK ROGER
Agnès PANNIER-RUNACHER, un mot rapidement sur votre « Fabriqué en France », vous lancez un grand concours, c'est ça, une grande exposition 18, 19 janvier prochains à l'Elysée. Comment ça va se passer, en deux mots, on peut s'inscrire ? Tout le monde ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, tout le monde peut s'inscrire, vous vous connectez sur le site de l'Elysée, vous remplissez 2 pages très rapides, en expliquant quelle marchandise vous produisez, vous fabriquez en France, quelle que soit la marchandise. Nous, ce qu'on veut montrer, c'est qu'en fait on peut vivre en achetant des marchandises fabriquées en France, et que ce n'est pas nécessairement beaucoup plus coûteux qu'en tout cas si on fait le rapport qualité-prix on s'y retrouve, et qu'on a les produits extrêmement attractifs, et on veut les mettre en valeur. C'est tout l'objet de cette exposition. Je présiderai un jury la semaine du 16 septembre…

PATRICK ROGER
16 décembre.

AGNES PANNIER-RUNACHER
16 décembre, avec des grandes figures du made in France qui se sont battues pour ça, je vais parler d'Yves JEGO, je vais parler d'Arnaud MONTEBOURG, ça ne va pas vous surprendre, mais effectivement on reprend le flambeau, c'est un combat efficace, qui est bon pour l'économie, et qui permet aussi d'être du côté du positif et de montrer que l'on fait, en termes industriels, beaucoup de choses intéressantes en France, et qu'il faut pousser nos PME et nos ETI dans cette direction.

CECILE DE MENIBUS
Et Nathalie SCHRAEN…

PATRICK ROGER
Oui, SCHRAEN-GUIRMA.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.

PATRICK ROGER
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, d'être venue ce matin sur Sud Radio.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 décembre 2019