Texte intégral
CHRISTOPHE DELAY
Agnès PANNIER-RUNACHER nous a rejoints sur le plateau de Première édition. Bonjour.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
CHRISTOPHE DELAY
Secrétaire d'Etat à l'Economie. Le gouvernement s'est levé tôt ce matin. On avait des images tout à l'heure en direct de Jean-Baptiste DJEBBARI, le Secrétaire d'Etat aux Transports. L'idée, c'est quoi ? C'est de déminer ? Parce que c'est un mot qu'on emploie souvent au sein de l'exécutif depuis plusieurs semaines maintenant.
AGNES PANNIER-RUNACHER
L'idée, c'est d'être présent aux côtés des Français et on sait qu'aujourd'hui, ça va être une journée très perturbée pour eux, ceux qui doivent aller au travail, et donc c'est de faire le maximum pour que ces perturbations…
CHRISTOPHE DELAY
Mais jouer les Français contre les grévistes ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non. On ne s'amuse pas à jouer les uns contre les autres. Aujourd'hui le droit de grève, c'est un droit qui est constitutionnel donc il n'est pas question de le remettre en cause. En revanche, il y a des sujets de sécurité qui doivent être pris très au sérieux pour les grévistes comme pour les autres. Nous notre responsabilité, c'est d'assurer la sécurité, la sécurité des cortèges. On sait qu'il y a des gens qui peuvent instrumentaliser ce mouvement pour aller casser, pour y mettre de la violence. La violence, elle n'apporte rien aux négociations qui sont en cours et elle n'apporte rien à l'économie.
CHRISTOPHE DELAY
Alors il y a la sécurité mais il y a aussi le fond, Madame, vous êtes bien d'accord. Est-ce que cette grève va durer longtemps ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je ne suis pas Madame Irma donc je crois que le sujet…
CHRISTOPHE DELAY
Non, mais vous êtes au gouvernement.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je suis au gouvernement mais je ne suis pas Madame Irma et je n'ai pas envie de me livrer à l'exercice des prévisions. Moi ce qui m'intéresse…
CHRISTOPHE DELAY
Mais qui a la main, Madame ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est qu'on parle du fond et on en parle assez peu. On est en train de travailler sur une réforme des retraites qui vise à faire une chose très simple : même travail, même cotisations, même retraite.
CHRISTOPHE DELAY
Est-ce que les Français n'ont pas compris ce message ? Les grévistes, les grévistes. Pardonnez-moi, les grévistes.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors les Français sont d'accord avec ce principe. Ce qu'ils mettent en question, c'est est-ce que vous allez aller jusqu'au bout ? C'est ça le doute qui s'est installé. Est-ce que ce gouvernement va aller jusqu'au bout sur ces sujets-là ? Parmi les grévistes, il y a des gens qui sont inquiets. C'est légitime, on est tous inquiets sur nos retraites. Je veux dire, on est tous concernés, ministres pareil. Moi j'ai un régime : dix ans de Fonction publique, dix ans régime général privé. Je suis concernée. Donc on est tous concernés, tous inquiets pour nos retraites donc c'est normal que les gens posent les questions et soient dans l'attente. Mais nos principes ont été très clairs et donc on les redit : c'est un régime social de redistribution qui rattrape les femmes, les précaires et les gens qui ont des parcours hachés et qui va effectivement conduire ceux qui ont les parcours les plus confortables à redistribuer de l'argent vers ces gens-là. C'est ça qui est sur la table.
CHRISTOPHE DELAY
Est-ce que le gouvernement est condamné à bouger une fois que Jean-Paul DELEVOYE aura remis ses conclusions et quand le Premier ministre prendra la parole ? Quand d'ailleurs ? Au milieu de la semaine prochaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, Jean-Paul DELEVOYE il fait des propositions en début de semaine prochaine et le Premier ministre tranchera les arbitrages dans la foulée.
CHRISTOPHE DELAY
Donc le gouvernement va bouger sur certains points.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais c'est depuis le début ce qui est sur la table. Nous avons des principes qui sont intangibles, ceux que je viens d'exprimer, et il y a un certain nombre de points qui sont ouverts en négociations. Qui sont ouverts en négociations depuis le mois de juillet ; ce n'est pas depuis la semaine dernière qu'on fait des négociations. Il y a eu plus de 350 réunions qui ont été montées corps de métier par corps de métier. Moi j'ai participé aux réunions avec les artisans, les commerçants et les microentrepreneurs. Je veux dire d'ailleurs qu'eux me disent en arrivant : nous sommes d'accord avec cette réforme ; ce qui nous intéresse maintenant, c'est qu'on parle des détails. Parce que les détails sont importants pour chacun des régimes de retraite et c'est ça qui est en négociation. Et c'est pour ça que c'est facile de simplifier les choses, mais tous ces détails-là comptent pour les régimes de retraite qui sont concernés et nous devons les prendre avec sérénité, sérieux mais en rentrant dans la profondeur du sujet. Ce n'est pas en disant c'est noir blanc qu'on va résoudre les choses.
ADELINE FRANÇOIS
Merci d'avoir été avec nous ce matin, Agnès PANNIER-RUNACHER. On va continuer de voir les conséquences de la grève ce matin sur le terrain.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 décembre 2019