Interview de Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, à LCI le 4 décembre 2019, sur l'annonce de grèves, notamment dans les transports, contre la réforme des retraites à partir du 5 décembre.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

PASCALE DE LA TOUR DU PIN 
Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez Elisabeth BORNE ce matin. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Qui est en effet ministre de la Transition écologique et solidaire et en charge des Transports au Gouvernement. Et j'ajoute, Elisabeth BORNE, bonjour. 

ELISABETH BORNE, MINISTRE DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE ET SOLIDAIRE 
Bonjour.  

ELIZABETH MARTICHOUX  
Que vous avez été patronne de la RATP avant de devenir ministre, donc c'est quand même un secteur que vous connaissez bien de l'intérieur. Elisabeth BORNE, on annonçait une grève massive : elle est spectaculaire. RATP et SNCF quasiment à l'arrêt demain. Ça en dit long quand même sur le rejet de votre réforme.  

ELISABETH BORNE 

Alors je vous confirme qu'on a un mouvement qui est très suivi, ce n'est pas une surprise, et donc une situation extrêmement dégradée demain avec un TGV sur dix, un TER sur trois et puis vraiment une situation très dégradée en région parisienne. Effectivement, je pense qu'on est sur un sujet qui est très sensible pour les agents de la RATP et de la SNCF qui manifestent effectivement leurs inquiétudes. C'est des inquiétudes à ce stade puisqu'il ne vous a pas échappé qu'on n'a pas encore défini les modalités précises de la réforme. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
On va y venir.  

ELISABETH BORNE Le Premier ministre a eu l'occasion de dire qu'on est évidemment déterminé à mettre en place un système de retraite qui assure une solidarité entre tous les Français et qui donne les mêmes droits à tous les Français.   

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ce ne sont pas des inquiétudes à ce stade. Quand vous voyez une mobilisation qu'on dit à ce point historique, et elle l'est, c'est au-delà. C'est un rejet.  

ELISABETH BORNE 
Je dis que c'est des inquiétudes puisque ça ne peut pas être un rejet d'une réforme qui n'est pas connue. Les modalités de la réforme n'ont pas encore été définies. Donc à ce stade, c'est forcément la manifestation d'une inquiétude, de l'attachement à un contrat social qui a été passé entre les entreprises et ces agents. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous pouvez le comprendre.

 ELISABETH BORNE 
C'est des inquiétudes que moi je comprends et, du coup, je dis aux agents, je le dis aux organisations syndicales : le gouvernement a dit à la fois qu'il est déterminé à mettre en œuvre la réforme mais qu'il y a une place pour une discussion sur la transition. Et donc moi, j'espère qu'on va pouvoir avoir ces discussions sur les modalités de mise en œuvre de la réforme.  

 ELIZABETH MARTICHOUX 
Et on va en reparler dans quelques instants. On reste sur une question pratique parce que demain tout le monde, tous les Français qui travaillent, qui ont besoin de bouger, sont en train d'essayer de s'organiser. Quelles sont les alternatives ? D'abord est-ce que vous, l'Etat, qui êtes prépondérant dans l'organisation de la RATP et de la SNCF, vous ne pouviez pas assurer un service un peu plus nourri que celui-là, que ce service minimum minimorum ? 

 ELISABETH BORNE 
Je vous confirme que tout le monde est mobilisé, que ce soit l'Etat, les entreprises, les régions qui sont en charge de l'organisation des TER pour proposer des solutions alternatives. Compte tenu effectivement du trafic très, très, très faible qu'on va avoir demain, la première recommandation pour ceux qui le peuvent, c'est de faire par exemple du télétravail, d'éviter de se déplacer demain. Et ensuite, on a travaillé à des solutions de type covoiturage. Par exemple en Ile-de-France, la région va proposer du covoiturage gratuit. La RATP et la SNCF ont signé beaucoup de partenariats là encore dans le covoiturage avec des VTC, avec des taxis et c'est à peu près cinq cent mille voyages qui pourraient être assurés avec ces solutions alternatives. Donc au global, c'est de l'ordre de 15 % de l'offre d'un jour normal qui sera assuré demain.   

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais si je comprends bien, vous parlez de la région Ile-de-France, vous parlez des entreprises. Vous l'Etat, vous ministre des Transports, est-ce que vous organisez directement des alternatives pour les Français qui veulent voyager demain ?  

ELISABETH BORNE 
Non. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Est-ce que vous mettez à disposition des bus par exemple ? Des bus qui seraient tarifés de la même façon qu'un transport public ?  

ELISABETH BORNE 
L'Etat n'organise pas directement. Il demande aux entreprises SNCF, RATP d'avoir des alternatives du type de celle que vous évoquez. L'Etat n'organise pas directement des transports, il s'appuie sur les opérateurs. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais la SNCF mettra en place, par exemple, plus de bus que d'habitude ou pas ?  

ELISABETH BORNE 
La SNCF assurera des services par car sur un certain nombre de liaisons TER. Et puis par ailleurs, des opérateurs – vous savez, les fameux cars Macron - vont certainement renforcer leurs offres en alternative à des TGV sur des liaisons entre les grandes villes françaises.   

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous leur avez demandé ?  

ELISABETH BORNE 
Ils le font spontanément. Vous voyez, quand ils le voient - c'est ce qu'on avait pu voir dans le mouvement de grève de 2018 - ils renforcent leur offre sur des liaisons entre les grandes villes françaises.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
En majorant leurs tarifs ? 

 ELISABETH BORNE 
On a bien demandé, notamment aux VTC, de ne pas majorer exagérément leurs tarifs. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Pas exagérément mais… 

ELISABETH BORNE 
Ce sont des algorithmes qui sont les leurs mais, effectivement, de ne pas majorer dans des proportions… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous avez demandé aux opérateurs de VTC d'éviter de faire du simple au quadruple parfois. Une course de dix euros, elle peut passer à quarante euros les jours de grève.  

ELISABETH BORNE 
Je vous confirme, c'est bien ce qu'on leur a demandé et je pense qu'ils ont entendu ce message. On attend d'eux qu'ils ne multiplient pas par quatre effectivement les tarifs de leurs courses. Et puis par ailleurs, sur les cars entre grandes villes, les opérateurs aussi vont mettre en place des offres et on leur a aussi demandé de ne pas pratiquer des prix qui seraient exagérés pour ces liaisons.   

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais quand vous avez demandé, vous n'avez pas de garantie pour autant. C'est leur bonne volonté d'opérateur privé. 

ELISABETH BORNE 
Je pense qu'ils ont entendu les messages. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous pensez qu'ils ont entendu. 

ELISABETH BORNE 
On va continuer à discuter avec eux mais je pense qu'ils ont entendu les messages. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous disiez tout à l'heure : « On va à peu près pouvoir assurer cinq cent mille voyages par des modes alternatifs. » Là-dedans, vous comptez donc le covoiturage, les cars en renfort de la SNCF, ce type de transport. Cinq cent mille sur combien de millions de voyages par jour ?  

ELISABETH BORNE 
Globalement, on assure à peu près 15 % de l'offre d'une journée normale, donc je vous confirme... 

ELIZABETH MARTICHOUX 
15 %. 

ELISABETH BORNE 
Oui, 15 %. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
15 % de l'offre normale, à la fois avec le peu de trains et de métros qui circuleront et toutes ces offres alternatives.  

ELISABETH BORNE 
Et ces offres alternatives. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
15 %. Ça, ce sera la journée de jeudi. Et vendredi ? Et samedi ? Et dimanche ?  

ELISABETH BORNE 
Alors vous savez que les salariés se déclarent 48 heures à l'avance, donc on pourra faire le point cet après-midi sur la situation vendredi. Il y a du reste un point presse qui est organisé par Jean-Baptiste DJEBBARI avec la présidente de la RATP. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Le secrétaire d'Etat aux Transports. 

ELISABETH BORNE 
Voilà. Et le président de la SNCF. Je ne pense pas qu'on puisse s'attendre à une amélioration significative vendredi.   

ELIZABETH MARTICHOUX 
Pas d'amélioration significative vendredi à la SNCF et à la RATP. Vous vous attendez à une grève longue, Elisabeth BORNE ?  

ELISABETH BORNE 
Alors mon objectif, c'est qu'on puisse reprendre des discussions avec les organisations syndicales, que les responsables des entreprises puissent le faire. Je le redis, les concertations sont encore en cours. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous voulez dire : « mon objectif, c'est d'éviter une grève longue par la négociation » ?  

ELISABETH BORNE 
Mon objectif, c'est bien que les responsables des entreprises puissent se mettre autour de la table avec les organisations syndicales puisque, je le redis, il y a un espace pour discuter du rythme, de la durée de la transition et donc des modalités de mise en œuvre de la réforme et donc je pense que c'est important. Le Premier ministre a annoncé que Jean-Paul DELEVOYE tirera la synthèse, on va dire, des consultations qu'il a menées en début de semaine prochaine. Et dans les jours qui suivront, il présentera le cadre et de façon précise la réforme des retraites, puisqu' aujourd'hui les paramètres ne sont pas encore définis, notamment sur les rythmes de cette transition. Et je pense qu'à ce moment-là, c'est important qu'il puisse y avoir des discussions dans les entreprises sur cette transition. Je pense que les salariés de la RATP et de la SNCF sont attachés à leur régime, à leur contrat social global, qu'on est bien conscient de ça et qu'il y a une place pour discuter du rythme des transitions. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous êtes bien conscients de cela, Elisabeth BORNE. Il y a quand même quelque chose que, pardon, on a du mal à comprendre. C'est que cette grève, elle est annoncée depuis très longtemps. Cette réforme des retraites, elle est annoncée depuis très longtemps. Pourquoi n'avoir pas négocié avant ? Pourquoi être allé dans le mur du 5 décembre pour reprendre l'expression d'un conseiller ministériel ? Le mur du 5 décembre pour enfin discuter ? Pourquoi ?  

ELISABETH BORNE 
Le calendrier des concertations, il est annoncé depuis longtemps.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
La grève aussi. 

ELISABETH BORNE 
Ce n'est pas moi qui ai choisi cette date de grève avant la fin des concertations. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous ne pouviez pas désamorcer avant ?  

ELISABETH BORNE 
Vous savez, on nous reproche parfois et on nous a reproché d'avoir des décisions trop verticales, et quand on dit qu'on veut prendre le temps des concertations on ne peut pas nous reprocher de prendre ce temps. Donc ce temps, il est nécessaire pour écouter les organisations syndicales qui ont des propositions à faire. C'est ce que fait Jean-Paul DELEVOYE, c'est ce que le Premier ministre a eu l'occasion de faire en recevant toutes les organisations syndicales. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et qui va arbitrer, Elisabeth BORNE ? Qui va arbitrer ?  

ELISABETH BORNE  
Très clairement le président de la République et le Premier ministre qui vont définir le cadre précis de la réforme qui sera présentée par le Premier ministre dans les jours qui suivront. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais entreprise par entreprise. Parce qu'il y a un cadre général de la réforme, après il va y avoir des chemins différents pour arriver au bout de l'application de cette réforme. Cette réforme, l'objectif est très clair : les chemins pour y parvenir pour chaque entreprise sont très obscurs en revanche. Donc c'est cela qui va être arbitré entreprise par entreprise par le président et le Premier ministre ?  

ELISABETH BORNE 
Vous avez raison de dire que le cadre de la réforme, il est très clair. C'est un système de solidarité entre tous les Français parce qu'on est sorti d'une époque où on passait toute sa vie professionnelle dans une entreprise. On voit qu'on a, par exemple à la SNCF, moins de cheminots que dans les années 40 ou 50 et donc, du coup, ça justifie qu'on ait besoin d'un régime qui assure une solidarité entre tous les Français. Donc ce cadre, il est très clair. Un système de solidarité entre tous les Français, un système qui donne les mêmes droits à tout le monde. Ensuite il y a un rythme de transition qui doit être défini pour tous les Français et, pour les entreprises, un principe d'équité qui doit être aussi retenu. Je pense que les gens ne comprendraient pas qu'on ait des périodes de transition très différentes pour l'ensemble des Français et pour certaines entreprises. Donc c'est pour ça qu'il faut effectivement poser un cadre global avec effectivement une mise en œuvre dans chacun de ces régimes spéciaux.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et entreprise par entreprise, puisque c'est de cela dont il s'agit : la RATP et la SNCF en priorité, c'est votre objectif que s'ouvre la négociation. Qui négocie ? Jean-Paul DELEVOYE ? Monsieur FARANDOU et la patronne de la RATP ? Qui ?  

ELISABETH BORNE 
Clairement, le cadre il sera global avec ce souci d'équité, donc il y aura un cadre général.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
Pour être clair, parce que vous savez qu'on n'arrête pas de le dire mais c'est vrai, on ne comprend pas. On ne comprend pas comment s'organise cette réforme. Est-ce que le cadre général qui va être annoncé la semaine prochaine vous nous dites… 

ELISABETH BORNE 
Oui. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
La semaine prochaine. En début de semaine ou en fin de semaine ?  

ELISABETH BORNE
 Ce calendrier, c'est le Premier ministre qui le définira précisément. Ce qui a été dit, c'est que Jean-Paul DELEVOYE présente les synthèses des consultations qu'il a menées en début de semaine prochaine. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et le Premier ministre dans la foulée. 

ELISABETH BORNE 
Et dans les jours qui suivent, le Premier ministre. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ce cadre général, est-ce qu'il définira, est-ce qu'il y aura à l'intérieur de ce cadre précisément les mesures de transition entreprise par entreprise ? Ou est-ce que vous allez dire : « Il y a un cadre général » et après les entreprises vont devoir négocier ?  

ELISABETH BORNE
 Il y a un cadre général et un principe d'équité qui s'applique à tous. Vous voyez, on ne va pas dire c'est cinq ans pour tout le monde et quarante ans dans un certain nombre d'entreprises. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ce ne sera pas différent à la RATP et pour le secteur privé par exemple ?  

ELISABETH BORNE 
C'est un principe d'équité je vous dis donc personne ne comprendrait qu'on soit… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Un équilibre, une recherche d'équilibre. 

ELISABETH BORNE 
Voilà. Il y a une recherche d'équilibre et donc effectivement, c'est des discussions qui devront être menées ensuite avec chaque régime spécial mais dans ce principe général d'équité. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
L'arbitrage donc, il aura lieu pendant le week-end. 

ELISABETH BORNE 
Enfin moi, je ne vais pas maîtriser l'agenda du Premier ministre et du président de la République, mais je vous dis qu'on aura effectivement tous les éléments suite aux consultations menées par Jean-Paul DELEVOYE et que l'objectif maintenant, et je pense qu'il y a une attente importante, c'est qu'on précise le cadre précis de cette réforme. 

ELIZABETH MARTICHOUX  
Vous qui avez été patronne de l'entreprise RATP, est-ce que le gouvernement n'a pas intérêt à aller très vite maintenant dans la proposition ? Dans la clarification ?  

ELISABETH BORNE 
Il y a une attente forte qui est entendue par le gouvernement, par le Premier ministre et je pense qu'on pourra effectivement maintenant prochainement préciser le contenu de la réforme. Le contenu, je pense que celui-là il est clair mais le rythme de transition.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
La clause du grand-père, elle a été repoussée par Jean-Paul DELEVOYE. Le président lui-même avait dit : « Elle est sur la table. » Finalement le Premier ministre a semblé l'écarter. Ça ne peut pas revenir sur la table des négociations ?  

ELISABETH BORNE
 Cette clause, elle était dans un rapport de Jean-Paul DELEVOYE pour dire que finalement, il y a effectivement à placer un curseur entre une application rapide. Et évidemment, si le gouvernement pense que cette réforme est importante et qu'elle est juste, on pourrait souhaiter qu'elle se mette en place le plus vite possible. Mais il faut évidemment aussi tenir compte du fait que des transitions trop rapides, ça peut être ressenti comme brutal par des gens qui sont attachés au contrat qu'ils ont passé avec leur entreprise. Et donc à l'autre extrême, on va dire, il y aurait l'idée de ne l'appliquer qu'aux nouveaux entrants. Evidemment si on fait ça, on reporte très loin une réforme dont on pense qu'elle est juste. Donc c'est pour ça que le curseur doit se trouver entre les deux. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et parce que c'est vrai, encore une fois, vous les connaissez vous, les conducteurs de la RATP. Ils ont été embauchés sur la base de : ils travaillent 24/24, 7/7 comme on dit. C'est comme les chaînes d'info continue : ils travaillent tout le temps. Et effectivement, en contrepartie de ça, ils ont un âge de départ à cinquante-deux ans. Plus après s'ils veulent une retraite à taux plein mais, bref, cinquante-deux ans. C'est vrai que casser ça, changer les règles en cours de route, vous trouvez aussi que ça n'est pas normal. 

ELISABETH BORNE 
Je vous confirme que la situation n'est pas la même selon que vous venez juste de rentrer à la RATP ou que vous êtes à cinq ans de la retraite. On voit bien que le contrat passé avec l'entreprise n'a pas le même poids si vous êtes à cinq ans ou même à dix ans de la retraite ou si vous venez de rentrer dans l'entreprise. Et par ailleurs… 

ELIZABETH MARTICHOUX  
Donc il faut tenir compte de ceux qui sont très proches de la retraite dont on ne peut pas changer les règles. Cinq, dix, quinze ans avait dit le Premier ministre. 

ELISABETH BORNE 
C'est ce que le Premier ministre a dit, je vous confirme. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais la clause du grand-père en revanche, ça ne vous paraît pas, vous, possible. 

ELISABETH BORNE 
C'est-à-dire que cette réforme qui doit, je le redis, assurer une solidarité et une justice entre tous les Français, vous comprendrez que le gouvernement ne souhaite pas qu'elle se mette en place trop tard.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous avez perdu la bataille de l'opinion, Elisabeth BORNE, on dirait. Regardez ce qu'en disait hier un leader de la CGT qui était sur le plateau de David PUJADAS sur LCI. 

MATHIEU BOLLE-REDDAT, SECRETAIRE CGT CHEMINOTS DE VERSAILLES 
On est toujours entre 54 % et jusqu'à 66 % de Français toutes catégories confondues qui soutiennent le mouvement contre la réforme, donc c'est un chiffre très, très important. J'observe qu'aujourd'hui les grévistes sont plus populaires qu'Emmanuel MACRON qui, je crois, fait 37 % dans les sondages. Le gréviste aujourd'hui est le nouveau fashionable de France. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Le « nouveau fashionable », à la mode, c'est ce qu'il voulait dire. Nous sommes plus populaires, nous les grévistes, en l'occurrence la CGT qu'Emmanuel MACRON ? 

ELISABETH BORNE 
Oui enfin, je pense que depuis le début, vous savez, la CGT refuse de discuter, donc du coup de se prévaloir du fait que le mouvement est populaire, je ne sais pas si c'est comme ça qu'on fait avancer les choses. Je pense que les Français sont conscients que le régime de retraite doit être réformé, qu'il y a beaucoup d'inquiétudes chez les jeunes et ça, ce monsieur ne le dit pas, sur la capacité qu'on aura à leur garantir une retraite demain, qu'il y a en France de façon générale, le souhait d'avoir de la justice entre les Français. Ça s'exprime beaucoup chez des Français, le souhait d'avoir des régimes justes dans lesquels tous les Français ont les mêmes droits et donc du coup, la bonne attitude, c'est de discuter de la façon dont on met en œuvre cette réforme.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
J'entends bien mais pourquoi, comment vous expliquez en quelques mots, comment vous expliquez que 69% soient derrière les manifestants ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense qu'on est sur un sujet très sensible. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Qu'est-ce que vous avez raté ? 

ELISABETH BORNE 
On est sur un sujet très sensible, quand on parle de la retraite, c'est un moment où on est plus fragile dans sa vie et donc on a besoin d'être rassuré. 

 ELIZABETH MARTICHOUX 
Qu'est-ce que vous avez raté puisque vous le savez, vous le dites vous-même, on a besoin d'être rassuré par notre nature ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense que vous savez, c'est aussi la contrepartie du fait qu'on souhaite mener des concertations et qu'on nous demande d'avoir le résultat des concertations et d'être parfaitement clair sur le contenu de ce futur régime de retraite alors qu'on ne les a pas terminées, c'est un peu paradoxal mais aujourd'hui, il y a une impatience, il y a une attente forte et c'est ce à quoi le Premier ministre répondra. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Est-ce vous avez peur de … ? Il y a des manifestations demain. Le ministère de l'Intérieur en a parlé ce matin sur LCI, a mis en place un dispositif majeur de sécurité, vous craignez une convergence avec les Gilets jaunes ? 

ELISABETH BORNE  
Surtout, le point, c'est qu'on le voit à l'occasion des manifestations et ça ne date pas d'hier, vous avez des gens violents qui se glissent dans les manifestations et autant effectivement, nous, moi, je suis attachée au droit de grève dans le respect des usagers, je suis attachée au droit de manifester mais par contre, ceux qui veulent avoir des actions violentes dans les manifestations, on ne peut que les condamner et je pense … 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais vous les craignez ? Est-ce que vous les craignez ? Est-ce que vous les craignez demain ? Est-ce que pour vous, demain, il y a une forme d'heure de vérité et est-ce que vous les redoutez ? 

ELISABETH BORNE 
Sur toutes les manifestations de ces derniers mois, vous avez vu qu'il y a des individus violents qui se glissent dans ces manifestations et donc évidemment le ministère de l'Intérieur, les forces de l'ordre sont très mobilisés pour éviter ces actes de violence qui sont condamnables et je pense que ça serait bien que tous les responsables politiques puissent condamner ces violences qu'on voit en marge des manifestations. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous pensez à qui ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense que toute la classe politique aujourd'hui, tous ceux qui appellent à manifester demain du Rassemblement national au Parti socialiste pourraient appeler à le faire dans le calme et condamner la violence. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Donc vous appelez les partis politiques à …

 ELISABETH BORNE 
A condamner la violence … 

ELIZABETH MARTICHOUX …
à condamner la violence et à appeler au calme ? Vous dites « c'est de la responsabilité de tous les leaders du Rassemblement national, au Parti socialiste, à La France insoumise » ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense que tous ceux qui appellent à manifester doivent aussi appeler à le faire dans le calme et surtout sans violence ; ça me semble normal et ça me semble ce qu'on peut attendre d'un responsable politique. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ça vous choque, vous, que le Rassemblement national et le Parti socialiste manifeste bras dessus bras dessous ? 

ELISABETH BORNE 
Eh bien, c'est une première. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Pas bras dessus, bras dessous, d'ailleurs, ce n'est pas … 

ELISABETH BORNE 
C'est une première. Je note simplement, je le note … 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et alors ? 

ELISABETH BORNE 
Non, c'est un constat. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et c'est vous qui êtes peut-être responsable de cette situation d'avoir coalisé tout le monde contre vous ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, on porte une réforme qui est vraiment, je pense, un élément essentiel du contrat que le pays peut avoir avec chaque Français de lui garantir … 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Elle ira jusqu'au bout, cette réforme ? Est-ce que vous irez jusqu'au bout ? 

ELISABETH BORNE 
Non, je confirme que le gouvernement est déterminé ; je pense que c'est vraiment un aspect très important du contrat qu'on a avec les Français de garantir une retraite équitable pour tous. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous irez jusqu'au bout de cette réforme ? 

ELISABETH BORNE 
Oui, je confirme que le gouvernement est déterminé. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous en êtes certaine ? 

ELISABETH BORNE 
Je vous le confirme ! 

ELIZABETH MARTICHOUX  
Vous êtes certaine, vous le confirmez ? Vous en êtes certaine ? 

ELISABETH BORNE 
Je vous le confirme mais il y a une place pour une discussion et le Premier ministre annoncera des modalités de transition parce qu'on est aussi bien conscient qu'on ne peut pas changer brutalement des règles, qu'il faut des périodes de transition et donc ce sont effectivement les concertations qui sont menées par Jean-Paul DELEVOYE, par le Premier ministre pour arriver à trouver le bon équilibre. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Qui font donc qu'il y aura des concessions, voilà. 

ELISABETH BORNE 
C'est des modalités de mise en œuvre. 

ELIZABETH MARTICHOUX
 Il y aura des concessions. 

ELISABETH BORNE 
Il y aura des modalités de mise en œuvre qui tiennent en compte … 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Oui ou non ? 

ELISABETH BORNE 
Bien sûr ! On ne voit pas les syndicats pour ne pas tenir compte de ce qu'ils proposent. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Il y aura des concessions dans les jours qui viennent et le Premier ministre les annoncera. Elisabeth BORNE, un mot juste des inondations si on a le temps quelques secondes parce que vous étiez dans le Var, c'est important aussi pour les Varois, un tout petit mot, est-ce qu'il y a un bilan chiffré de ce que coûteront ces inondations ? 

ELISABETH BORNE 
Alors effectivement, il y a deux épisodes très violents qui ont affecté le Sud-est de la France, il y a eu 7 … il y a eu pardon 12 victimes et donc c'est effectivement des épisodes très, très violents ; il y a beaucoup de sinistrés. Moi, j'ai vu des gens hier qui ont subi deux inondations à 8 jours d'écart et il y a près de 40 000 sinistres sur le premier week-end. On n'a pas encore les chiffres pour le second mais donc moi, j'ai souhaité aller évidemment rencontrer ces Français qui sont en grande détresse pour certains d'entre eux parce que quand vous avez votre habitation inondée, c'est déjà voilà très choquant mais deux fois de suite, là c'est vraiment, on peut vraiment être en pleine détresse et j'ai souhaité aussi rencontrer des élus, ils étaient très responsables pour qu'on travaille ensemble pour mieux prévenir les conséquences de ces inondations et on a pu échanger. On doit être plus efficace pour prévenir, pour protéger les populations face à ces inondations alors qu'on sait qu'avec le dérèglement climatique, on risque d'avoir des épisodes de ce type-là plus fréquemment et avec plus de violence. C'est ce qu'on a vu malheureusement ces dernières semaines.  

ELIZABETH MARTICHOUX 
Et normalement, si vous avez les transports à votre disposition, vous serait d'ailleurs à la COP 25 à Madrid vendredi ! 

ELISABETH BORNE 
Absolument. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Si vous pouvez partir !

 ELISABETH BORNE 
Je confirme que je serai à la COP à Madrid … 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Ah bon, quelle que soit la situation ?! 

ELISABETH BORNE 
Parce que c'est très important le 6 que tous les pays se retrouvent pour prendre des mesures, pour réduire ce dérèglement climatique, c'est aussi très important. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Absolument, merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur LCI.   


Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 décembre 2019