Interview de M. Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'État aux transports, à RTL le 5 décembre 2019, sur la situation des transports en commun au premier jour du mouvement social contre la réforme des retraites.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

ALBA VENTURA 
Bonjour Jean-Baptiste DJEBBARI. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Bonjour à vous. 

ALBA VENTURA On est là, en pleine heure de pointe. Hier, vous nous avez annoncé un trafic extrêmement perturbé, est-ce qu'au moins, ce qui doit rouler roule ce matin ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Ce matin, c'est même un tout petit peu mieux que ce qui était prévu, on a effectivement un train par heure en Ile-de-France, sur le trafic SNCF, et on a ce qui était prévu en termes de lignes de métro, et même un peu plus, puisqu'on a la ligne 8 qui circule, au moins pour les heures de pointe, donc on est, grosso modo, dans la conformité aux annonces qui ont été faites hier, notamment par la SNCF et la RATP. 

ALBA VENTURA 
Et est-ce qu'en termes de transport de substitution, parce que vous avez fait appel à des bus privés, me semble-t-il, pour… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Nous n'avons pas fait appel, on a mis en place le cadre qui permet à des bus privés, aux cars Macron, comme on les appelle, de pouvoir circuler entre Saint-Denis et Massy, via Paris… 

ALBA VENTURA 
Ça, c'est pour Paris, enfin, c'est pour Paris et région… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Ça, c'est pour la Petite Couronne, donc les opérateurs sont encore en train de construire leur offre. On a un sujet de dessertes à l'intérieur de Paris, et vous savez que c'est à la main de la maire de Paris, Anne HIDALGO, et qui, semble-t-il, n'est pas tout à fait favorable à ce que les cars desservent plusieurs points dans Paris, donc la discussion va se poursuivre. 

ALBA VENTURA 
C'est-à-dire qu'il y a des bus qui ne peuvent pas s'arrêter à certains points névralgiques, la mairie de Paris bloque ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
C'est-à-dire que réglementairement, vous pouvez desservir avec les cars Macron la gare de Bercy, ça, c'est ce que permet, on va dire, le cadre de la loi. Et nous avions proposé que ces cars desservent Denfert, Châtelet et gare du Nord, de manière à avoir une bonne desserte dans Paris, mais comme c'est à la main de la maire de Paris, et que celle-ci, semble-t-il, le refuse jusqu'à présent, je mets ça à la compréhension du débat public.  

ALBA VENTURA 
Mais vous allez discuter avec elle ou parce que… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Nous avons discuté avec elle, et il semble que ce soit sa position pour l'instant, je ne doute pas que la position peut évoluer, mais je trouve ça assez dommageable dans la mesure où aujourd'hui, c'est une journée compliquée pour les Franciliens et qu'il me semble que l'ensemble des acteurs publics doit se mobiliser pour permettre, pour faciliter le transport des personnes qui en ont besoin, et que, notamment, s'agissant de la Petite Couronne de Saint-Denis via Paris vers Massy, c'est un axe qui est très emprunté, mais j'ajoute quand même que les bus de la RATP fonctionnent, notamment sur la ligne 38, et ils  fonctionnent plutôt pas trop mal, puisqu'on a entre 1 bus sur 3 et 2 bus sur 3 sur cet axe. 

ALBA VENTURA 
On se pose des questions pour ceux qui vont utiliser des VTC, des véhicules privés, chauffeurs privés. Vous avez négocié des prix contenus enfin pour eux, c'est jackpot aujourd'hui ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Enfin, ce n'est pas négocié. Moi, je leur ai demandé de maîtriser la hausse des tarifs, vous savez que quand on a une forte demande, dans leur algorithme, ils font fois 2, fois 3, fois 10, parfois fois 20… 

ALBA VENTURA 
Là, vous leur avez demandé…

 JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Oui, mais j'ai fait tout le test, si vous voulez, il y a quelques jours, j'avais testé entre le ministère et Châtelet, et ça me sortait un prix à 700 euros. Donc je leur ai dit : les amis, ça ne va juste pas être possible. Et ils se sont engagés, à, en gros, caper, enfin, à limiter le prix, l'augmentation à fois 2, fois 2,5, fois 3, et c'est l'engagement qu'ils ont pris, et je compte bien qu'ils le respectent. 

ALBA VENTURA 
Pour les trains dans toute la France, vous confirmez que c'est la catastrophe en Occitanie, trafic quasi-nul dans les Hauts-de-France ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Il y a effectivement des régions dans lesquelles c'est plus difficile, les régions que vous avez citées, également le Limousin, chez moi, c'est assez connu, ce type de mobilisation dans ces régions-là. Et en moyenne, de toute façon, sur le réseau SNCF, c'est aujourd'hui assez dégradé, c'est 1 train sur 10, et peu d'Intercités notamment vers le grand Massif Central. 

ALBA VENTURA 
Et je me demandais pour les avions cette fois, puisque 30 % des vols sont annulés chez AIR FRANCE, mais si on vient par exemple d'Espagne et qu'on veut atterrir à Paris, est-ce qu'il y a un problème ? Est-ce qu'on est empêché d'atterrir ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Non, non, il n'y a pas de problème particulier, il y a toujours un couvre-feu à Orly, si c'est à ça que vous faites allusion, mais on a environ entre 20 et 30 % de trafic en moins, c'est dû notamment aux restrictions qu'imposait la compagnie AIR FRANCE parce que leurs programmes se trouvent chamboulés du fait que les transports ont du mal à acheminer les passagers vers les aéroports. 

ALBA VENTURA 
Jean-Baptiste DJEBBARI, on est bien d'accord que ça ne va pas s'arranger demain, vendredi ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Non, nous pensons que la grève peut effectivement durer encore quelques jours, vous savez que nous avons posé un calendrier de négociations avec les syndicats, que Jean-Paul DELEVOYE annoncera lundi ou mardi prochain, en tout cas, dira ce qu'il a compris de la synthèse des échanges, et que le Premier ministre s'exprimera dans les jours qui viennent, qui suivent en tout cas le mardi, le lundi ou le mardi, de manière à poser très concrètement les grandes orientations de la réforme, s'appliquant notamment aux régimes spéciaux de la RATP et de la SNCF.  

ALBA VENTURA 
Mais vous encouragez par exemple les Français à prendre leur RTT demain, vendredi ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Non, mais je leur dis que le trafic, en tout cas, les transports vont être très compliqués, aujourd'hui comme demain, probablement aussi ce week-end, et que donc tout ce qui peut être reporté dans la mesure du possible doit l'être, mais c'est la raison pour laquelle j'entends que la plupart des Français, des millions de Français doivent se déplacer, ont besoin de se déplacer, raison pour laquelle nous avons tenté hier de mobiliser le maximum de moyens alternatifs. 

ALBA VENTURA 
Est-ce que les poids lourds vont pouvoir circuler ce week-end, on entend des blocages des transports routiers, notamment samedi ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
En tout cas, pour les transports de produits stratégiques essentiels, nous avons signé l'ensemble des dérogations qui permettent, notamment, par exemple, d'avitailler les stations de carburant, donc nous avons anticipé ce problème et signé les arrêtés ministériels nécessaires. 

ALBA VENTURA 
Vous anticipez que cette grève puisse durer jusqu'à Noël ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Moi, je ne me situe pas dans ce calendrier-là, vous savez que nous discutons avec les syndicats depuis plus d'un mois maintenant, notamment avec ceux qui veulent des réponses extrêmement claires sur les modalités applicables aux cheminots et aux agents de la RATP. Et vous savez que certains syndicats soutiennent cette réforme, sur le principe, la CFDT soutient la réforme, nous avons des expressions récentes de la CFTC… 

ALBA VENTURA 
On va y venir, parce que ce n'est pas tout à fait juste… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
On va y venir, non, mais la CGT Cheminots, si vous voulez, veut des réponses extrêmement claires sur le régime des cheminots, mais d'une manière générale, la CFDT comme l'UNSA, du reste, n'est pas défavorable à l'application d'un régime universel de retraite. 

ALBA VENTURA 
Jean-Baptiste DJEBBARI, est-ce que vous avez une petite idée ce matin de quelle tête aura cette réforme des retraites ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
 Oui, et d'ailleurs, les discussions… 

ALBA VENTURA 
Oui ? Vous êtes bien le seul… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
En tout cas, s'agissant du secteur des transports, je sais parfaitement où en sont les discussions avec les syndicats puisque je les mène de façon quasi-quotidienne depuis plus d'un mois et demi, il y a des demandes qui sont très claires, et d'ailleurs le Premier ministre s'est exprimé clairement la semaine dernière, il a dit que nous prendrions le temps… 

ALBA VENTURA 
Tout le monde s'exprime, pardon, mais c'est la cacophonie, on ne sait plus où on en est…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Enfin, là, le Premier ministre, a priori, c'est le Premier ministre qui s'est exprimé clairement, il y a une semaine, et qui a dit : nous prendrons le temps, y compris dans les régimes spéciaux, de faire les transitions, vous savez qu'il y avait un scénario en génération, qu'en gros, si vous étiez né avant 63, vous n'étiez pas concerné, et après 63, vous entrez dans un régime universel, il a dit qu'il était prêt à ce que les temps de transition… 

ALBA VENTURA 
Ça, c'est acté ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Non, il a dit qu'il était prêt à ce que les temps de transition soient plus longs, 5 ans de plus, 10 ans de plus, et c'est de tout ça que nous discutons avec les syndicats, et certains portent des propositions extrêmement concrètes sur notamment la distance à la retraite, dire que quand vous êtes cheminot à la SNCF et que quand il vous reste par exemple 10 ans à faire, en tout cas, leur proposition, c'est que ces cheminots-là ne soient pas concernés par la retraite, l'ensemble de ces discussions, d'abord, elles sont connues, elles sont quotidiennes, et nous savons parfaitement ce que sont les propositions des uns et des autres, et encore une fois, le Premier ministre, la semaine prochaine, dira très clairement, ce qu'entend faire le gouvernement s'agissant notamment des régimes spéciaux… 

ALBA VENTURA 
Mais Laurent BERGER, de la CFDT expliquait hier sur RTL, à Thomas SOTTO, qu'il ne pouvait pas y avoir tout d'un coup un seul régime, qu'il fallait quand même garder des spécificités en fonction des professions, et donc y aller progressivement, il a une image assez simple, Laurent BERGER, il dit : on est 42, c'est le nombre de régimes, à atteindre un point, certains sont à 2 kilomètres de ce point, certains sont à 10 kilomètres, et donc il faut que la transition se fasse plus en souplesse… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Eh bien, il a tout à fait raison. Et c'est même tout à fait l'ambition du gouvernement que de dire que sur l'ambition, d'avoir un régime universel plus égalitaire, notamment pour les plus précaires, les femmes, ceux qui ont aujourd'hui des carrières heurtées, l'ambition, elle demeure, et le gouvernement entend bien conduire cette réforme en équité, mais que nous prendrons le temps de le faire, que nous trouverons les chemins nécessaires pour chacun, pour chacune des situations, des secteurs d'activité des régimes spéciaux. Et Laurent BERGER a raison sur un deuxième point, c'est qu'il dit qu'il faut prendre en compte les conditions réelles de travail des gens, notamment le travail de nuit, c'est ce qu'on appelle la pénibilité, on va dire, dans son acception la plus large…. 

ALBA VENTURA 
Mais à la fois vous dites ça, et à la fois, vous dites : terminé les régimes spéciaux, parce que ça, c'est une question d'égalité entre les uns et les autres, entre les catégories, donc on ne comprend pas… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Mais bien sûr, mais on comprend que pour terminer les régimes spéciaux, il faut une transition, et que c'est normal qu'on ait un temps de transition suffisamment long pour que les 42 régimes… 

ALBA VENTURA 
Donc vous allez prendre du temps avant d'uniformiser le système… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Mais ça paraît tout à fait normal de prendre du temps pour que les 42 régimes convergent vers un régime unique qui prendra en compte également les spécificités des métiers, il est évident que quand vous êtes policier aujourd'hui ou pompier, vous avez, on va dire, des pré-requis physiques qui vous empêchent d'être un pompier efficace à 64 ou 65 ans, c'est évident… 

ALBA VENTURA 
Donc on aura encore des régimes spéciaux au sein d'un régime universel… 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Non, vous aurez un régime unique, et la vraie vie, c'est que certains métiers sont plus pénibles que d'autres, la vraie vie, c'est que, effectivement, quand vous avez commencé à travailler avant 20 ans, que vous avez une carrière très longue, nous allons maintenir le dispositif des carrières longues, donc nous allons prendre en compte les contraintes de la vie réelle dans ce nouveau régime unique qui favorisera l'équité entre les Français. 

ALBA VENTURA 
Et donc ça va se jouer sur l'âge, si j'ai bien compris ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Ça va se jouer sur effectivement la population concernée, puisque nous avons des demandes très claires, et que c'est l'engagement du gouvernement, et ça va jouer sur la capacité pour les syndicats qui accompagnent sur le principe la réforme à avoir une expression claire dans la mesure où nous allons nous-mêmes poser les grandes orientations de la réforme la semaine prochaine… 

ALBA VENTURA 
Jean-Baptiste DJEBBARI, des proches du président disent que les retraites sont le grand test, si on cale, le quinquennat sera fini, on ne fera plus rien, vous dites ce matin, on n'a pas le choix, on fonce ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
Non, mais je dis que, d'une manière générale, le régime des retraites tel qu'il est aujourd'hui, il fonctionne globalement assez mal, et assez équilibré sur le plan financier et que donc si on est responsable politiquement, on doit reconstruire complètement le système des retraites, pour le bien des Français, maintenant, dans 10 ans, dans 30 ans, dans 40 ans. Et ça, c'est l'ambition du gouvernement. Après, la façon de le faire, c'est avec les syndicats, notamment ceux qui sont les plus progressistes et qui soutiennent cette idée d'un régime universel, et ça se fait effectivement dans les jours qui viennent, sur l'ambition, nous n'entendons pas déroger. 

ALBA VENTURA 
Merci beaucoup, Jean-Baptiste DJEBBARI. 

YVES CALVI 
Et nous avons donc bien compris que nous seront livrés en carburant, si j'ai bien suivi le ministre, que vous attendez un mouvement qui dure, mais que vous souhaitez déminer avec Laurent BERGER, et que le régime unique intégrera visiblement des spécificités. Merci beaucoup. Vous restez avec nous, Jean-Baptiste DJEBBARI, pour dialoguer avec les auditeurs de RTL au 3210, à partir de 8h20. Jean-Baptiste DJEBBARI, secrétaire d'Etat chargé des Transports, vient de nous rejoindre dans ce studio, merci d'être avec nous Monsieur le Ministre. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Bonjour.  

YVES CALVI  
Vous continuez de nous appeler au 32 10, vous allez pouvoir dialoguer avec lui dans un tout petit instant sur RTL. 

YVES CALVI  
Et on ne perd pas de temps, Jean-Baptiste DJEBBARI, merci beaucoup d'être resté avec nous, vous êtes secrétaire d'Etat chargé des Transports, et le premier qui vous interpelle sur notre antenne, est Tom, il est directeur commercial, il nous appelle du Bas-Rhin, on vous écoute. 

TOM 
 Oui, bonjour Yves CALVI, bonjour Monsieur le Ministre. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Bonjour à vous. 

TOM
Je fais partie des gens qui sont tout à fait conscients de la nécessité d'une réforme des retraites. Par contre est-ce que vous êtes conscient quand même que c'est le flou artistique ? Moi je ne sais pas, personnellement, si cette réforme sera favorable, neutre, ou défavorable pour ma future retraite. Ce n'est quand même pas le moyen le plus efficace de faire adhérer les gens à cette réforme. Vous demandez en gros aux Français, de vous faire confiance aveuglément.  

YVES CALVI  
En fait, la question qui vous est posée, elle porte sur le montant des retraites, et est-ce qu'on peut avoir au moins, au moment où nous parlons, une assurance quelle qu'elle soit ?  

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Oui, bien sûr, et d'ailleurs on a toujours ces 2 niveaux de discussions. On a toujours le niveau de discussions sur le système tel qu'il est, est-ce qu'il est équitable, équilibré, etc., et je crois qu'on arrive assez largement en général à converger sur le fait que le système il est aujourd'hui pas satisfaisant, créateur d'inégalités, déséquilibré sur le plan financier et qu'en plus en général est défavorable aux plus précaires, à ceux qui ont des carrières heurtées, aux femmes, etc. Après il y a le sujet individuel, et ce que je comprends évidemment complètement, qui est quand je peux partir en retraite et combien ? Là-dessus nous avons des réponses qui sont en cours de construction avec les syndicats, je vous l'ai déjà dit, mais... 

YVES CALVI  
Vous avez annoncé quand même un montant de retraite minimale à 100 %, bien entendu, à 1 000 €. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Exactement, et je crois que pour un certain nombre... 

YVES CALVI  
C'est une première. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
 C'est une première, et pour un certain nombre de professions, notamment d'artisans, de commerçants, d'agriculteurs qui ont souvent des retraites de quelques centaines d'euros, c'est tout à fait important et ceux-là croyez-moi ont bien compris que le système actuel leur est tout à fait défavorable. Le quand et le comment, on commence à y répondre, puisque sur le quand, on dira précisément la semaine prochaine quelle génération et quelle population est concernée par l'application du régime spécial, c'était la promesse du Premier ministre la semaine dernière, qui a dit : entre la clause du grand-père qui consiste à faire reporter le régime sur les nouveaux entrants, et la génération 63, il y a le curseur qu'on peut positionner, et sur le combien, qui est important, le niveau des pensions, on a d'ores et déjà posé des garanties avec ce qu'on appelle les indexations, c'est-à-dire d'indexer votre stock de points qui a une valeur,  chaque année qui sera indexé sur les salaires, c'est-à-dire que…

 YVES CALVI  
Le point est toujours prévu à 55 centimes ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Pour l'instant effectivement c'est ce qui est posé. Vous avez un stock de points, chaque année il est indexé sur les salaires, et les salaires croissent plus vite que l'inflation, et une fois que vous avez converti votre pension en euros, c'est-à-dire que vous êtes à la retraite, elle est indexée sur l'inflation, ce qui permet de garantir votre niveau de vie. Et ça c'est des garanties qu'a posées Jean-Paul DELEVOYE. 

YVES CALVI  
Alors, merci Tom, mais comme vous êtes très nombreux à nous appeler, on donne tout de suite la parole à Yves qui est fonctionnaire territorial et qui nous appelle lui du Val-de-Marne. On vous écoute Yves.  

YVES  
Bonjour à tous, bonjour Monsieur le Ministre. Ma question elle est très simple : la retraite par points pourquoi pas, mais et pour éviter la perte financière, parce que malheureusement il y en aura, il faut augmenter tous les salaires et tous les traitements budget peur d'un minimum de 500 € net par mois, et ça pourrait se faire entre 5 à 7 ans. Qu'est-ce que vous en pensez ?  

YVES CALVI  
Donc vous postulez pour être ministre du Budget, j'ai bien compris, mais Jean-Baptiste DJEBBARI vous répond. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Yves est très concret... 

YVES CALVI  
Le SMIC. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
... et il a raison, et d'ailleurs par exemple Jean-Michel BLANQUER l'a annoncé, s'agissant des enseignants, l'application d'un régime universel va entraîner une refonte du système de rémunération, parce qu'effectivement on va raisonner maintenant sur la carrière entière, et pour des raisons aussi d'attractivité de la fonction, parce qu'on estime qu'il est normal de rémunérer plus les enseignants en France, mais donc il faut bien concevoir un peu ça dans une continuité, c'est-à-dire que la mise en place d'un système plus juste va s'accompagner pour certains secteurs, alors notamment la Fonction publique mais pour d'autres aussi, quand vous regardez le système de rémunération à la SNCF, qui est quand même aujourd'hui très très linéaire, en gros vous entrez et vous êtes plutôt payé peu et vous augmentez de façon tout à fait automatique et linéaire toute la vie, quand vous regardez ce qui se fait dans d'autres pays ou dans d'autres secteurs, et notamment au secteur privé ferroviaire, vous voyez que vous augmentez, enfin vous débutez à des salaires qui sont supérieurs, et c'est souhaitable, et que vous avez notamment des jeunes qui seront possiblement demain plus payés, plus rémunérés, et qui pourront de fait avoir un niveau de pension qui est tout à fait préservé,  voire même supérieur, parce que le contrat social français si on se dit les choses en vérité, aujourd'hui il est assez étonnant, il consiste à penser que vous êtes pas très bien payé toute votre vie, notamment dans la Fonction publique, et vous augmentez tout ça de façon très automatique, et qu'à la fin, avec les six derniers mois, vous récupérez sur le niveau de pension. Moi je préfère avoir un système qui rémunère beaucoup plus le travail, et notamment le travail des plus jeunes et les plus précaires, et d'avoir une portion qui est calculée sur l'ensemble de... 

YVES CALVI  
Donc vous affirmez que le système qui sera mis en place, a priori sera plus juste. On va donner la parole à Emmanuel, qui est conducteur de train dans les Ardennes, et qui est une question très intéressante à vous poser sur les trains de marchandises.  

EMMANUEL 
 Bonjour monsieur CALVI, bonjour Monsieur le Ministre.  Monsieur le Ministre, je voudrais vous poser deux petites questions. Pourquoi supprimer le train Rungis – Perpignan, sachant qu'on est au niveau du Grenelle de l'environnement et que Luxembourg a dit que la France n'était pas dans les clous par rapport au gaz à effet de serre... 

YVES CALVI  
On commence par la première question Emmanuel, ça sera plus facile. Alors, le Rungis – Perpignan ? 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Re-roulera à compter du 15 décembre, parce qu'on a reconstruit l'offre tout l'été, en faisant la régénération des wagons frigorifiques, pour être un peu précis, et j'étais encore hier avec la présidente de région Carole DELGA pour avoir le maximum de marchandises entre Perpignan et la région parisienne. 

YVES CALVI  
Donc ça, ça va reprendre. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Ça va reprendre le 15 décembre. Alors évidemment on est un peu dans ces moments de grève... 

YVES CALVI  
Oui, ça c'est sûr, oui, ça ne facilite pas les choses.  

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Mais l'ambition, en tout cas pour le fret ferroviaire, et je tiens à rassurer Emmanuel, il a raison sur le fait de dire qu'évidemment sur le plan écologique il est préférable de faire circuler ces marchandises par le train, et nous sommes en train de reconstruire le système du fret ferroviaire, même si effectivement il a été dégradé depuis de très nombreuses années.  

YVES CALVI 
 Merci que cette réponse rapide, une seconde question rapidement s'il vous plaît, Emmanuel. 

EMMANUEL  
Je suis d'accord, mais est-ce que les 250 camions vont rester quand même à circuler entre Perpignan et Rungis ? Ça, ça serait une question. Et en même temps, pourquoi supprimer le train auto, les trains auto au départ de Bercy ? Parce qu'on on va mettre en même temps les voitures sur les camions et ça va encore plus polluer au niveau de... 

YVES CALVI  
Eh bien vous, vous avez des préoccupations écologistes, c'est intéressant. 

EMMANUEL 
Bien sûr, oui, parce que moi j'adore le fret, et le train c'est le moyen de transport qui pollue le moins avec le fluvial, donc... 

YVES CALVI  
Alors, vive fret, et le ministre vous répond. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Eh bien je réponds d'une manière générale. Le train auto, c'est parce qu'il y a de moins en moins de demandes, et depuis très longtemps. Sur le fret ferroviaire, Emmanuel a raison, il y a tout le sujet de régénération des voies qu'on est en train de mener, et on investit, il y a encore quelques années on investissait en régénération un milliard d'euros, aujourd'hui ces 3,6 milliards d'euros par an, et c'est nécessaire. Et ça passe aussi par le fait de, ce qu'on appelle trouver des meilleurs sillons, c'est-à-dire des meilleurs horaires pour les trains de fret, qui ont souvent été un peu les oubliés dans la politique récente.  

YVES CALVI  
En tout cas les conducteurs de train dans les Ardennes ont la pêche. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Oui. YVES CALVI  Philippe, bonjour, vous êtes directeur d'usine et vous nous appelez de Metz, en Lorraine, bien entendu.  

PHILIPPE 
Oui, bonjour Yves, bonjour Monsieur le Ministre. Oui mais je travaille au Luxembourg... 

YVES CALVI  
Libre à vous.  

PHILIPPE 
Je partage complètement les préoccupations de mon prédécesseur. Voilà. Moi ça me coûte 700 € par jour pour aller travailler en voiture, et en plus à cause des embouteillages sur l'A31, il faut que je parte à 05h00 du matin alors que ma journée se termine à 20h00. Derrière, je me suis dit : je vais prendre le train. L'abonnement train, 122 €, ce n'est vraiment pas cher. Comment se fait-il que moi-même, ainsi que mes collaborateurs, puisque je suis patron d'une centaine de personnes, on préfère reprendre la voiture, à cause des retards, de non-respect des horaires, d'être pris pour du bétail, c'est-à-dire que des gens sont debout 45 minutes un train, alors qu'ils ont payé leur abonnement comme les autres, et pas des annulations de trains, et de l'exaspération qu'on ressent lorsqu'on doit aller travailler.  

YVES CALVI  
Donc vous nous dites que, pardonnez-moi, la liaison entre les deux villes, Metz et Luxembourg, est une catastrophe, donc je crois avoir compris la question, donc je la pose au ministre.  

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Et c'est vrai, on a un sujet aujourd'hui entre Thionville et Luxembourg, et c'est vrai que parce qu'on a, c'est un peu compliqué, mais on a des problèmes de signalisation et d'interopérabilité entre la France et le Luxembourg, on pense qu'on peut arriver à solutionner le problème dans les 5, 6 mois, mais c'est vrai que pour l'instant, le trafic... 

YVES CALVI  
Donc vous dites à Philippe, oui, vous n'avez pas rêvé, on a bien des difficultés... 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Non le trafic ferroviaire est très dégradé... 

YVES CALVI  
Voilà, lié notamment à la signalisation.  

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI 
 Lié à la signalisation et à l'interopérabilité entre les deux pays, et il a raison de dire que sur l'A31 c'est extrêmement embouteillé et qu'en gros vous avez une solution ferroviaire qui aujourd'hui n'est pas satisfaisante, et de côté des bouchons. Donc je comprends parfaitement sa colère et son...voilà sa colère, mais je dis que tout ça est en cours de résolution notamment côté ferroviaire.  

YVES CALVI  
Bon, vous réfléchissez en mois, on s'est bien compris. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Même moins que ça, mais je préfère être... 

YVES CALVI  Moins que ça, on l'espère. Très bien. Le dernier à intervenir sera Alain, qui est routier, qui nous appelle du département de l'Yonne, 89. Bonjour Alain, on vous écoute. 

ALAIN  
Bonjour Yves, bonjour Monsieur le Ministre.  

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Bonjour à vous. 

 ALAIN  
Monsieur le Ministre, ce qui se passe dans mon métier, certains de mes collègues qui n'ont pas leurs trimestres pour partir, se voient contraints de continue à rouler, avec le poids lourd, malgré un âge respectable, voire entre 65 et 70 ans. Une visite a effectivement lieu tous les 5 ans, mais selon vous, peut-elle tout régler ? Ne devient-il pas urgent de légiférer, pendant justement que l'on parle de l'allongement du temps de travail ? Des conducteurs dans la rue aujourd'hui ne manqueront pas de le rappeler. Qu'en pensez-vous ?  

YVES CALVI  
Alors c'est intéressant, c'est sûr, voilà, la capacité à vérifier, si la durée de travail augmente, nos conducteurs routiers, dans leur santé tout simplement, et ça touche absolument tout le monde, puisqu'on est nous aussi sur les routes. 

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Sujet très important, on a des discussions au niveau européen sur ce qu'on appelle le paquet mobilité, mais qui touche notamment le secteur routier, et par ailleurs ce qui n'a pas été dit mais ce qui est très important pour les routiers, c'est qu'on a aujourd'hui un très grand défaut d'attractivité de ces métiers, on recherche d'ailleurs 30 000 conducteurs en France, donc c'est un appel, et puis on a les sujets liés au régime de retraite, ce qu'on appelle le congé de fin d'activité chez eux, et on a un dernier sujet, mais qui n'a pas été évoqué, mais qui est un sujet pour la filière de stabilité fiscale, et moi j'ai proposé qu'on ait, ce que l'on appelle un contrat de transition énergétique, pour vraiment caler sur 5 ans les éléments de stabilité fiscale, la filière en a besoin, et donc on essaie, voilà, de mener l'ensemble de ces combats sur attractivité, sur stabilité fiscale, sur lutte contre le dumping social et fiscal qui s'exercent aujourd'hui partout en Europe, mais là encore une fois on a des textes qui sont en cours d'adoption au niveau européen. 

YVES CALVI  
Et visite médicale nécessaire, pour continuer à conduire.  

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI  
Oui, parce que ce sont des métiers de sécurité, c'est important. 

YVES CALVI  
Merci beaucoup Jean-Baptiste DJEBBARI d'avoir répondu aux auditeurs de RTL. On vous libère parce que la journée pour vous sera longue. Merci d'être venu ce matin sur l'antenne de RTL.   


Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 décembre 2019