Interview de M. Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'État aux transports, à BFM TV le 11 décembre 2019, sur les contours de la réforme des retraites que doit annoncer le Premier ministre et la situation des transports en commun.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, bonjour.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes secrétaire d'Etat aux Transports. Le Premier ministre, tout à l'heure à midi, ne doit pas décevoir, et je serais familier en disant « il ne doit pas se rater », comment faire pour ne pas décevoir ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord clarifier un certain nombre de choses, et notamment qui est concerné par la réforme, je crois qu'il le fera, c'est l'histoire des générations sur lesquelles tout le monde discute et…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Voilà. Donc dire qui sera concerné, dire combien et comment on calculera effectivement le niveau de pension pour ceux qui sont dans le système universel et pour ceux qui sont intégrés, pour partie, dans le régime actuel, dans les régimes actuels, et dans le système universel, et puis dire aussi qu'on va créer beaucoup de nouveaux droits, pour les femmes, pour les agriculteurs, le minimum à 1000 euros. Bref, rassurer les Français, dire que la valeur du point ne baissera pas, dire très précisément comment nous allons l'inscrire dans la loi, les règles d'or, les sécurités, comment nous allons faire en sorte d'avoir une gouvernance qui implique les partenaires sociaux, qui implique le parlement, et donc je crois que ce soir…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Rassurer en quelque sorte.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, mais parce que ce projet il a été beaucoup critiqué, il a été aussi beaucoup manipulé, notamment par les oppositions politiques, en tout cas il y a eu beaucoup de désinformation, et je pense qu'il faut…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'on a tardé à le connaître.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Peut-être, mais en tout cas maintenant il faut la clarté, qui est concerné, comment on calcule les retraites et les éléments de rassurance pour que les gens aient bien conscience que ce système il est positif.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien essayons d'entrer, sans dévoiler… est-ce que vous savez tout ce qu'il y a dans ce que dira tout à l'heure le Premier ministre, franchement Jean-Baptiste DJEBBARI ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je pense qu'on connaît la plus grande partie de ce qu'il y aura…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous connaissez la plus grande partie, soyez honnête.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En tout cas je connais bien la partie sur les sujets transports, mais je laisserai évidemment au Premier ministre la primauté de ses annonces.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça j'ai bien compris, mais quand même, on va avoir quelque… je vais entrer quand même dans quelques détails.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je me doute.

JEAN-JACQUES BOURDIN
« Pas d'annonces magiques », a-t-il dit hier, « de nature à faire cesser les manifestations. » Alors, rien de mieux pour inquiéter les Français, franchement ! C'est ce qu'a dit le Premier ministre.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je pense que si on se dit la vérité, vous avez notamment des syndicats, qui sont viscéralement contre la réforme, moi je discute quasiment quotidiennement avec eux…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui demandent le retrait.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
La CGT, SUD-Rail, qu'on voit à longueur de plateaux, et c'est très bien, c'est leur droit, mais qui demain, comme aujourd'hui, et comme hier, seront contre le principe même d'un régime universel par répartition et par points. Ils sont contre aujourd'hui, ils seront contre demain quelles que soient les annonces, et c'est ça, je pense, le vocable « pas d'annonces magiques. » En revanche il y a, d'abord quantité de Français qui soutiennent ce projet, moi je veux le dire, je reçois… certains qui d'ailleurs se réclament de la France silencieuse, mais qui disent « nous avons absolument besoin d'aller vers un régime universel », et puis il y a les Français qui sont rassurés par les éléments que le Premier ministre va soumettre à leur appréciation à midi au Conseil économique et social.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Première précision, pas de mesure d'âge avant 2022, si j'ai bien compris. Mesure d'âge, vous comprenez ce que je veux dire…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Là vous parlez de l'équilibre d'une manière générale…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, de l'équilibre financier du régime. Rien avant 2022 ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ce qui est sûr que, d'abord, le système universel, qui se mettra en place a priori en 2025, celui-là devra être équilibré structurellement sur le plan financier. Après, vous le savez, le système actuel, les régimes actuels, sont en déséquilibre financier, et le sujet c'est de savoir, parce que tout est dans tout, le paramètre financier est un des paramètres, mais c'est de savoir comment on fait en sorte de rééquilibrer progressivement le système qui est actuellement en déficit. Moi je pense que les partenaires sociaux ont un rôle à jouer dans tout ça, le Premier ministre détaillera précisément comment il entend traiter ce sujet de déséquilibre financier, mais je pense que rationnellement personne ne peut se convaincre qu'un système juste c'est un système qui est en déséquilibre financier.

JEAN-JACQUES BOURDIN
La réforme peut-elle passer aujourd'hui sans le soutien de la CFDT ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi je souhaite que les syndicats progressistes, c'est-à-dire la CFDT, l'UNSA, à la fois dans les entreprises, mais aussi au niveau confédéral, continuent à être des partenaires du dialogue social. Ils viennent aux réunions, ils ont des demandes, ils ont exigeants, et moi je souhaite qu'effectivement les choses puissent se construire avec eux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Laurent BERGER sera mon invité demain matin à votre place 8h35/9h00…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'écouterai attentivement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera un moment clé, je dis bien moment clé, lui ne veut absolument pas de mesures financières avant la mise en place de la retraite à points, il n'en veut pas. Vous répondrez à cette inquiétude ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis, sur l'équilibre financier, il y a plein de façons de le faire, et il y a y compris des façons de faire qui impliquent très fortement les syndicats. J'ajoute que, s'agissant de la CFDT, elle a des demandes très précises, et Laurent BERGER parle énormément de pénibilité, et il a raison…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en parler.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et ce sont des mesures qui seront aussi au coeur de la réforme, ou de la refondation du système de retraite.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, le régime universel ne concernera que les salariés nés à partir de 1975, c'est cela ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est l'histoire de la génération, je ne sais pas si l'année retenue sera 1975 ou une autre, en tout cas ce qui est sûr c'est que, des contacts directs que j'ai pu avoir avec les Français, et dans les entreprises publiques, il y a un sujet de contrat moral, autrement dit c'est différent d'être dans une boîte depuis 2 ans, depuis 3 ans, depuis 5 ans, parce qu'en fait vos arbitrages vous les faites, vos choix de vie personnelle, vous les faites sur la rémunération, sur les conditions de travail, parce que vous voulez habiter ou travailler ailleurs, vous ne les faites pas, ces choix, sur la base du régime de retraite futur, ce n'est pas vrai, pas à 2 ans, 3 ans d'ancienneté. En revanche, quand vous êtes à 5 ans, à 10 ans, et que vous êtes effectivement à 10 ans de la retraite, eh bien le régime spécial que vous avez contracté, la retraite d'une manière générale, devient un élément tout à fait important. Et donc nous respecterons, le Premier ministre l'a dit à plusieurs reprises, nous respecterons cet esprit, nous respecterons ce contrat social, et donc c'est l'histoire de la génération.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant d'entrer dans les régimes spéciaux, de voir comment vous allez faire avec les régimes spéciaux…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais d'une manière générale nous respecterons…

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'une manière générale…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est bien ça que je vous dis.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura donc un âge, on est bien d'accord, moi je dis 1975, c'est parce que c'est l'âge…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous prenez vos…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est le bon âge ou pas, 1975 ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous savez que le rapport Delevoye dit 1963 comme âge de proposition…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais c'est abandonné ça.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et que le Premier ministre a dit nous irons chercher des transitions plus longues, il avait parlé de 10 ans, de 15 ans, etc., donc j'imagine que c'est dans cette fourchette-là.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, 1975, on prend les paris.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On prend les paris, allez !

JEAN-JACQUES BOURDIN
On prend les paris, qui va gagner, vous ou moi ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On verra.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est-à-dire je vais gagner. Je vais gagner là… bon, je vais gagner. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ne seront concernés par la nouvelle réforme que ceux qui ont moins de 44 ans.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En tout cas ce qui est sûr c'est que, ce soir, chaque Français doit pouvoir se dire je suis dedans ou dehors, ça c'est un premier élément, et effectivement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, moins de 44 ans je serai concerné, au-delà je ne suis pas concerné.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais pour la raison que j'ai dite, c'est-à-dire que, respect du contrat moral, quand vous êtes effectivement à X années de la retraite, 10 ans, 12 ans, la retraite pour vous c'est important, c'est vrai dans les régimes spéciaux…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait à 18 ans de la retraite, pour 1975.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Respect du contrat moral.

JEAN-JACQUES BOURDIN
En ce qui concerne les régimes spéciaux, on va faire un effort encore supplémentaire, si j'ai bien compris.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un effort supplémentaire ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ce n'est pas un effort supplémentaire. Aujourd'hui la réalité dans les régimes spéciaux c'est que vous pouvez partir à 52 ans, à 57 ans, à 62 ans, vous avez des gens effectivement qui relèvent plutôt des critères du régime général et puis des gens qui partent, ou qui peuvent partir plus tôt, même si eux-mêmes sont en transition et partent de plus en plus tard. Donc, simplement, la génération qui sera annoncée tout à l'heure, elle s'appliquera aux régimes spéciaux, et de fait vous avez des gens qui partent plus tôt, donc nous respecterons ce contrat…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 80 ou 85 les années !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Reprenez vos paris à nouveau.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais encore gagner là ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais écoutez, je pense que le Premier ministre sera très clair sur le sujet…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais 80 ou 85, ça veut dire que ne seront concernés que ceux qui ont moins de 39 ans ou 34 ans.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ça veut dire qu'effectivement nous respecterons cette même philosophie, ceux qui sont à quelques années de la retraite, quelques années de la retraite, doivent pouvoir se conforter, puisqu'ils nous l'ont demandé, dans les différentes réunions quand je me suis rendu dans les entreprises, notamment à la RATP, notamment à la SNCF, ils disent « pour moi qui suis à 5 ans de la retraite c'est important de ne pas être concerné, mon régime spécial, j'ai signé avec. »

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis salarié aujourd'hui, j'imagine, lorsque le nouveau régime entrera en vigueur, que deviendront mes droits déjà acquis ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les droits vont tous être… alors, si vous êtes concerné effectivement par…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, si je suis concerné.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Si vous êtes concerné, vos droits vont être convertis en points, dans le régime universel, votre stock de points va être indexé chaque année sur les salaires, et à la fin, quand vous décidez de partir à la retraite, vos points deviennent des euros, à ce moment-là ils sont indexés sur l'inflation, ce qui permet de maintenir votre pouvoir d'achat. C'est relativement simple…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Indexés sur l'inflation, c'est indexé sur l'inflation ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Votre pension. Alors, votre stock de points, quand vous êtes en activité, vous cotisez et vous avez des points, vos points sont indexés sur les salaires…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur les salaires.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Sur les salaires, c'est normal…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça sera inscrit dans la loi.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Inscrit dans la loi, règle d'or…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les points indexés sur les salaires pendant son activité professionnelle.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Le point ne pourra pas baisser, et quand vous travaillez vous cotisez, vous acquérez des points, vos points sont indexés sur les salaires. Vous partez à la retraite, vos points deviennent des euros, et vos euros sont indexés sur l'inflation, l'inflation c'est le niveau de vie…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourquoi pas encore sur les salaires les points que nous avons accumulés, qui serviront de pension ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Parce que ce qui compte, quand vous êtes à la retraite, c'est de pouvoir maintenir votre niveau de vie, votre niveau de vie vous le maintenez…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis bien d'accord, mais sur les salaires c'est mieux que sur l'inflation, non ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Système de solidarité entre les générations, vous savez que tout ça doit tenir financièrement et que le bon équilibre c'est de dire, toute votre vie vous travaillez, et pour le coup, y compris quand vous êtes au chômage, en invalidité, quand vous êtes en maternité, vous acquérez des points, ce qui n'est pas le cas du système actuel, vous avez un stock de points, il est indexé sur les salaires, vous partez à la retraite, maintien de votre pouvoir d'achat.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on est bien d'accord, j'accumule des points, qui sont indexés sur les salaires…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et nous l'écrirons dans la loi, règle d'or…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout au long de sa vie professionnelle, ce sera écrit, règle d'or, dans la loi ce sera écrit.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça c'est très important, et la pension indexée sur…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Le coût de la vie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le coût de la vie, l'inflation.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
De manière à maintenir le pouvoir d'achat.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le régime universel, le nouveau régime, pourra commencer plus tôt, avant 2025, pour ceux qui entrent sur le marché du travail ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est une des mesures qu'annoncera Edouard PHILIPPE, il dira effectivement si c'est le cas, et si c'est le cas, quand, mais je crois que l'esprit…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça c'est très important…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est très important.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que, ça c'est une information que vous nous donnez, le régime universel commencera avant 2025 pour ceux qui entrent sur le marché du travail.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis que le Premier ministre s'exprimera sur le sujet…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais vous me l'avez dit !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis qu'il s'exprimera sur le sujet, mais c'est important de dire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, vous me l'avez dit.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, j'ai dit qu'il annoncera des nouveaux droits, et parmi les nouveaux droits il y a effectivement des droits qui peuvent s'appliquer un peu avant 2025, et je crois que c'est important de le dire parce que dans ce projet de loi on a beaucoup parlé effectivement des éléments d'inquiétude, on n'a pas beaucoup parlé des éléments positifs, et je peux vous garantir une chose, c'est que quand vous êtes aujourd'hui agriculteur en Haute-Vienne, à Limoges ou ailleurs, et que vous touchez 400, 500 euros…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais que c'est une région qui vous tient à coeur.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Très à coeur, mais le régime nouveau que nous créons il sera extrêmement favorable, et le fait d'avoir, pour une carrière complète, 1000 euros minimum pour vivre, quand vous êtes à la retraite, c'est extrêmement important, et c'est un grand progrès social.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Des inquiétudes. Comment pouvez-vous garantir qu'avec un système à points le niveau de retraite, la pension ne baissera pas ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je vais vous dire. D'abord, les Français connaissent très bien les régimes à points, vous avez qu'il y a 42 régimes, sur les 42 régimes il y en a 28 qui sont déjà à points, vous avez 80 % des Français qui sont affiliés à au moins un régime à points, donc tout ce qu'on a entendu sur les régimes à points, excusez-moi de vous le dire, mais il y a eu quand même beaucoup de désinformation. Et je le dis, le premier régime à points qui a été créé c'est l'AGIRC, l'AGIRC ça a été créé par le Parti communiste, pour lutter contre la précarité, et depuis les années 60 ce régime, il est piloté par qui ? Par les syndicats et par le patronat ensemble, et ce régime il est bien géré, il gère 80 milliards par an, ce qui n'est pas tout à fait rien. Donc, d'abord les régimes à points ça existe, c'est géré par les partenaires sociaux, c'est bien géré en général, et ça permet, un, de lutter effectivement contre la précarité, ça permet d'avoir des droits très clairs, d'avoir beaucoup de visibilité, parce que demain vous aurez votre compte en points et vous pourrez exactement savoir combien ça vous fera à la retraite, avec ce système effectivement de valeur du point, qui ne baissera pas, et donc je pense que c'est un grand progrès, y compris en termes de confiance. Avec ce nouveau système je crois que vous aurez davantage confiance parce que vous pourrez vous projeter davantage dans l'avenir.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Baptiste DJEBBARI, combien touche un député après cinq ans de mandat, de retraite ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, je ne sais pas parce que je n'ai pas regardé, vous voyez, mais ce que je sais, c'est que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous toucherez une retraite, vous ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, alors, ce que je sais…

JEAN-JACQUES BOURDIN
1.500 euros, non ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ça, c'est, je crois, l'ancien régime, c'était le régime spécial, et effectivement, à chaque…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que vous serez affilié au nouveau régime ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On est maintenant affilié au régime général, mais je le dis parce que je me suis fait alpaguer par des syndicalistes de Sud Rail, il y a deux jours, et qui m'ont dit exactement ça : vous allez toucher un régime spécial, j'ai dit : la première loi que nous avons votée, c'est une loi qui supprimait le régime spécial des députés, et supprimer, ça veut dire qu'on a fait moins 30 % ou moins 37 % sur effectivement la pension qui était, je crois, de 1.500 euros de retraite pour un quinquennat, aujourd'hui, les députés, c'est le régime général, point. Donc il n'y a plus ces 1.500 euros…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous accumulerez des points qui auront la même valeur que les points des autres, on est d'accord…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Exactement, le Sénat a dit d'ailleurs qu'il l'appliquerait également, j'ai entendu Gérard LARCHER, ce matin, mais il n'y a plus de régime spécial, et je veux le dire, les chiffres que vous annoncez, ça n'existe plus, et La République En Marche l'a voté pour elle-même début 2017, enfin…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, beaucoup de Franciliens notamment galèrent vraiment, c'est difficile pour eux, pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de réquisition possible dans les transports publics, franchement ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord, parce que, annoncer une réquisition à 10 jours de la grève, c'est un message politicien, mais que ça n'a aucune opérationnalité, aucune valeur pratique, ensuite…

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, parce qu'il faut changer la loi ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais ensuite, les réquisitions pour les conducteurs, on va se le dire franchement aujourd'hui, vous allez prendre 140 gendarmes pour aller chercher 40 conducteurs qui vont être positionnés au mauvais endroit, bref, c'est une usine à gaz. Le service minimum, ça existe par exemple dans le contrôle aérien, parce que vous avez des travaux près des tours de contrôle, les gens sont localisés…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a des astreintes à l'hôpital, il y a…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, bien sûr, il y a tous ces systèmes-là. Ces différents régimes, ils sont connus du ministère des Transports, ils ont été étudiés, nous pensons jusqu'à présent que la loi de 2007, quand elle est respectée, permet…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est suffisante ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En tout cas, elle permet, 1°) : de bien informer les passagers, et je ne dis pas que c'est le Pérou.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne changerez pas la loi ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis juste qu'en l'état, quand elle est appliquée, j'y reviens juste après, mais la loi de 2007, quand elle est appliquée, elle permet, 1°) : de bien informer les passagers et les voyageurs, et, je le dis, tous les plans de transport qui ont été annoncés depuis le 5 décembre, ils sont tenus, et ils sont même un tout petit peu meilleurs, aujourd'hui, on a 5 % de plus. C'est encore très compliqué, mais on a un peu plus de 30 % du trafic, et j'espère que ça va aller en s'améliorant du fait des annonces et des discussions qu'on pourra avoir avec les syndicats. Mais elle permet d'exercer son droit de grève et elle permet d'informer les voyageurs. Et je le dis, l'Etat, dans le droit aujourd'hui français, il est fondé à agir, il est en capacité d'agir si durablement les Français étaient empêchés de se déplacer, si l'activité économique était durablement entravée, si les besoins essentiels de la nation n'étaient plus satisfaits, la loi aujourd'hui, elle le permet déjà. Et donc l'Etat est déjà en capacité d'agir si on avait des phénomènes de blocage durables…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Réagissez…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais c'est l'équilibre, et on peut se convaincre que c'est l'honneur du système français de permettre cet équilibre d'une grande démocratie d'avoir des gens qui contestent dans la rue par le droit de grève un système, une réforme une refondation politique…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait six jours que ça dure…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, ça fait six jours, et aujourd'hui, c'est le jour de la clarification, chacun pourra se déterminer…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que si ça continue, si les blocages dans les transports continuent, l'Etat va intervenir ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Chacun doit être responsable, je dis : la loi le permet…

JEAN-JACQUES BOURDIN
La loi le permet…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis que chacun doit être responsable…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que l'Etat appliquera la loi ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Chacun doit être responsable, je l'ai dit, vous avez des syndicats qui, évidemment, vont rester en grève, parce que c'est important de dire : chacun doit être responsable. Aujourd'hui, nous allons annoncer un certain nombre de mesures qui devraient rassurer, y compris un certain nombre de syndicats progressistes qui, aujourd'hui contestent, pour partie, la réforme, mais qui ont envie d'avancer, qui, d'une manière générale, philosophiquement, ont envie d'avancer…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais si les blocages durent, qu'allez-vous faire ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Si les blocages durent, je l'ai dit, l'Etat est en capacité d'agir, la loi aujourd'hui le permet, je dis que le sujet des services minimum, d'une manière générale, sont connus du ministère des Transports, je ne dis pas qu'aujourd'hui, il y a un sujet pratique devant nous, mais je dis qu'effectivement, ces sujets sont connus…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc l'Etat interviendra ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je dis simplement… je le redis, parce que je veux que les Français soient rassurés, l'Etat n'est pas démuni, le droit lui permet d'agir…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. L'Etat pourra faire valoir le droit.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Exactement, Etat de droit…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Et la région Ile-de-France, elle, a affrété, vous avez vu, des bus ou des cars privés…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
220 bus, de manière effectivement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous approuvez d'ailleurs ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, parce que… et d'ailleurs, nous avons demandé un certain nombre de choses aux opérateurs privés, aux VTC, aux taxis, aux cars Macron, nous leur avons permis un certain nombre de dispositifs, en tout cas de se déplacer plus facilement, notamment à l'intérieur de Paris, et madame PECRESSE, sur le covoiturage ou encore sur l'affrètement de cars, pour amener les gens notamment dans Paris intra-muros, fait parfaitement le travail de la région…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Des indemnisations, des remboursements ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Plutôt en fin… traditionnellement, plutôt en fin de grève. Ce qui se passe en général, c'est qu'il y a…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais enfin, attendez, je suis abonné à la SNCF, je dois être remboursé…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, moi, je vous dis ce qui se passe traditionnellement, c'est-à-dire que quand vous avez comme ça des ruptures de trafic importantes, pendant 1 semaine, 2 semaines, 3 semaines, habituellement, il y a une discussion entre la région qui paye en Ile-de-France, et la RATP, et la SNCF, et en général, la moitié des abonnements sont remboursés, en général, c'est comme cela que ça se passe.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les transporteurs routiers qui sont en colère, je perds ma voix, pardon, Jean-Baptiste. Les t transporteurs routiers qui sont en colère.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les transporteurs routiers, alors, vous avez deux choses, vous avez effectivement une organisation patronale avec qui nous discutons depuis très longtemps, l'OTRE, qui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils sont en colère !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Avec qui on discute, avec qui on continue de discuter. Moi, je leur ai proposé à l'ensemble du secteur routier de faire la stabilité fiscale pendant trois ans, d'avoir un vrai contrat de transition… vous savez, leur sujet, c'est l'instabilité, ils nous disent : chaque année, nous nous retrouvons un peu devant un mur fiscal, les règles changent, et c'est devenu insupportable pour nous. Ils ont plusieurs problèmes, le secteur routier, ils ont effectivement l'instabilité fiscale, je les ai rassurés sur ce point, ils ont un problème d'attractivité, on a besoin de 30.000 chauffeurs dans les prochaines années, donc c'est un métier qu'il faut valoriser, notamment auprès des jeunes, moi, je préconise que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, 30.000, 50.000 chauffeurs même !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En France en tout cas, c'est entre 30 et 50, mais effectivement, c'est beaucoup de chauffeurs…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut valoriser le métier…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument, vous savez…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les salaires sont trop bas…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les salaires avec les primes sont…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sont trop bas !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Sont plus hauts que la moyenne des Français, mais il n'en reste pas moins que vous partez pendant souvent, en transport international, vous partez plusieurs jours, que c'est un métier évidemment qui est difficile, mais, oui, il faut attirer les jeunes vers ces métiers-là, vous savez, aujourd'hui, on a mis en place le service national universel, vous avez des classes d'âge de 800.000 jeunes qui à mon avis doivent être mises plus au contact de ces métiers, notamment des métiers des transports, et notamment le transport routier, ce sont des métiers qualifiés, ce sont des métiers où la rémunération est correcte quand on la compare…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et sur leur retraite ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et sur leur retraite, ils ont ce qu'on appelle un congé de fin d'activité…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Qui va évoluer, nous leur avons proposé de les accompagner pour le faire évoluer, parce que c'est une demande de tous, des syndicats de salariés, comme d'ailleurs du patronat, et l'Etat a dit, 1°) : nous le garantissons sur trois ans, et 2°) : nous vous accompagnons pour faire évoluer le système, ce qui est une demande de tout le monde.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce sera garanti ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Donc, en tout cas, l'Etat est très accompagnant, et a garanti pendant trois ans le dispositif, le temps que syndicats des salariés et patronat se mettent d'accord, c'est bien ça aussi la démocratie sociale.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Merci Jean-Baptiste DJEBBARI. Nous allons attendre avec impatience maintenant les déclarations du Premier ministre, nous verrons, parce que, là, c'est quitte ou double, non ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ce n'est pas quitte ou double, moi, je l'ai dit…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous savez…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que la pression est très forte, tout le monde attend…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais oui, mais il y a aussi… enfin, d'abord, tout le monde sera informé, et y compris les syndicats seront informés et pourront être responsables, mais moi, je le dis, les questions de la légitimité, moi, je suis parfaitement respectueux des 400.000 personnes ou des 800.000 de la semaine hier dans la rue, parfaitement respectueux, mais je le dis en termes de légitimité, ce changement de régime de retraite, la transition vers un régime universel, c'était dans les promesses d'Emmanuel MACRON, il a été élu dessus, les 315 députés de La République En Marche ont fait campagne, et c'était mon cas, sur le régime universel de retraite, c'était d'ailleurs une mesure qui était assez plébiscitée dans les réunions publiques, et je le dis, la légitimité de faire cette réforme, elle est pleine et entière, parce que c'est un engagement politique, et je pense que nous avons le mérite de faire ce pourquoi nous avons été élus, c'est au moins quelque chose qu'on pourra nous reconnaître.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, annonce à suivre sur BFM TV et sur RMC, bien sûr, midi, le Premier ministre. Et demain, je le précise, Laurent BERGER sera mon invité.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 décembre 2019