Texte intégral
CHRISTOPHE DELAY
Bonjour Olivier DUSSOPT.
OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.
CHRISTOPHE DELAY
Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics. Est-ce que cette notion d'âge pivot à 64 ans fait partie des notions négociables ?
OLIVIER DUSSOPT
Le Premier ministre l'a dit hier : nous devons assurer l'équilibre du système et pour cela travailler un peu plus progressivement, d'où la proposition qu'il fait d'amener l'âge pivot progressivement à l'âge d'équilibre à 64 ans mais d'ici quelques années. 2027 et pas immédiatement.
CHRISTOPHE DELAY
Donc ce n'est pas négociable.
OLIVIER DUSSOPT
Il a aussi dit que nous souhaitions que la gouvernance du système des retraites soit confiée aux partenaires sociaux. Et c'est bien normal puisque 75% des recettes du système des retraites viennent de cotisations sociales. Et il a dit que si les partenaires sociaux dans cette gouvernance, celles et ceux qui veulent construire un système universel, et ils sont nombreux, faisaient des propositions de trajectoires pour garantir cet équilibre, il était ouvert à la discussion.
CHRISTOPHE DELAY
Donc c'est négociable.
OLIVIER DUSSOPT
La responsabilité de l'Etat et du gouvernement, c'est de garantir l'équilibre. C'est un point important et sur un sujet qui est difficile et d'autant plus difficile qu'il renvoie, en réalité, à une réalité vécue par nos concitoyens. Aujourd'hui nous avons un âge légal du départ à la retraite à 62 ans.
CHRISTOPHE DELAY
Oui, mais de fait c'est 64. Vous le savez bien.
OLIVIER DUSSOPT
C'est un peu moins. En vérité, les hommes partent à 63 ans et les femmes partent à 63 ans et demi parce qu'il faut des trimestres et les choses ne vont pas aller dans le sens inverse puisque la dernière réforme des retraites qui a été votée en 2014 amène à augmenter la durée de cotisations de 42 à 43 ans et donc mécaniquement ça va faire reculer l'âge effectif de départ à la retraite. Donc trouvons la bonne formule.
CHRISTOPHE DELAY
Mais vous savez qu'il y a un chiffon rouge et que tous les mots sont importants alors répondez à la question. Est-ce que cette notion-là est négociable ?
OLIVIER DUSSOPT
Je le répète. Le Premier ministre l'a dit, et il l'a dit hier : si les partenaires sociaux sont en capacité de nous faire des propositions qui garantissent l'équilibre, nous y sommes ouverts et il a dit son ouverture.
CHRISTOPHE DELAY
Donc Laurent BERGER doit faire des propositions puisque c'est de lui que dépend évidemment la suite.
OLIVIER DUSSOPT
A vrai dire, je ne doute pas qu'il en fasse puisque c'est aussi dans son ADN que de faire des propositions, et d'ailleurs nous en avons plusieurs. Sur les questions de pénibilité par exemple, le fait – pardonnez-moi d'être un peu technique – mais d'ouvrir la réflexion, la discussion sur les critères de la pénibilité de nuit parce qu'aujourd'hui les critères ne sont pas les mêmes dans le public et dans le privé. Le fait de dire, notamment pour la Fonction publique hospitalière, que lorsqu'un aide-soignant ou une aide-soignante a un compte épargne temps avec beaucoup de jours parce qu'ils font aussi beaucoup d'heures supplémentaires, pas toujours payées mais stockées sur un compte épargne temps, de dire : mais est-ce qu'on ne peut pas envisager l'aménagement de la fin de carrière pour utiliser ce compte épargne temps de manière à travailler d'une certaine manière à temps partiel tout en étant payé à taux plein, c'est aussi une proposition qui a été reprise auprès des organisations syndicales dont la CFDT. Donc il y a eu des ouvertures. Le Premier ministre le disait hier. Des avancées considérables. Le minimum contributif à 85 % du SMIC, certains vont nous dire : « Il faut 100%. » Aujourd'hui, c'est beaucoup moins. C'est une avancée et pas une avancée qui attendra 2025 : une avancée dès 2022.
ADELINE FRANÇOIS
Mais le quotidien des Français ce matin, c'est la deuxième semaine de grève qui commence. Jusqu'à quand est-ce que les Français, les usagers en particulier, vont-ils devoir subir les conséquences de cette grève ?
OLIVIER DUSSOPT
J'espère le moins longtemps possible. Et sur la question particulière des transports, le fait d'avoir choisi l'année 75 pour le régime général et donc les années 80 et 85 pour les régimes spéciaux selon que le ressortissant bénéficie de 5 ans ou de 10 ans de bonification de temps, tout cela est de nature selon moi à arrêter la grève, à arrêter les mouvements et se mettre autour de la table.
ADELINE FRANÇOIS
Absolument pas. Je ne sais pas si vous avez entendu, il y avait SUD-Rail tout à l'heure…
OLIVIER DUSSOPT
Je ne dirais pas que nous avons renoncé à convaincre SUD-Rail, ce serait désobligeant. C'est plus difficile de discuter avec certaines organisations qu'avec d'autres. Il y a beaucoup d'organisations réformistes qui nous ont dit hier leurs désaccords sur tel ou tel point et aussi rappeler leur attachement à un système universel.
CHRISTOPHE DELAY
Mais il n'est pas certain que les Français aient des trains pour Noël. On est d'accord.
OLIVIER DUSSOPT
Je ne suis pas… Malheureusement je ne lis pas dans une boule de cristal. Je souhaite qu'ils en aient.
CHRISTOPHE DELAY
Ça dépend d'eux mais pas de vous.
OLIVIER DUSSOPT
Ça dépend aussi des organisations… Surtout peut-être des organisations syndicales et de leur volonté de rester dans un mouvement qu'aujourd'hui je ne pense pas utile. Il faut être autour de la table et discuter.
CHRISTOPHE DELAY
Jean-Paul DELEVOYE, on l'évoquait au début de ce journal, a cumulé des fonctions a priori incompatibles avec son poste de Haut-commissaire aux retraites. Il va rembourser une somme importante, très importante même, de 140 000 euros. Des sommes accumulées depuis son entrée au gouvernement il y a deux ans. Cumul entre ses fonctions et d'autres fonctions extérieures qui sont apparemment inconstitutionnelles. Est-ce un problème ?
OLIVIER DUSSOPT
Tous les ministres, les membres du gouvernement, exercent leur mandat, leurs fonctions plus exactement, sous le contrôle de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. C'est cette autorité qui nous dit, lorsqu'on entre au gouvernement, comme lorsqu'on est parlementaire d'ailleurs ou maire de villes importantes, qui nous disent si notre déclaration d'intérêts, notre déclaration de patrimoine, répond aux critères et s'il y a une difficulté. C'est le seul cap que nous nous fixons. Jean-Paul DELEVOYE a rempli ses déclarations et aujourd'hui, un certain nombre d'affirmations l'amènent à rembourser un certain nombre de sommes pour éviter que perdure toute forme de soupçon. Je trouve que la démarche est d'abord raisonnable, constructive. Pour le reste…
CHRISTOPHE DELAY
Mais il l'a fait après. Il aurait dû le faire avant.
OLIVIER DUSSOPT
A ma connaissance, Jean-Paul DELEVOYE n'avait pas été alerté par la Haute autorité et donc ça explique aussi cette situation.
CHRISTOPHE DELAY
Donc il peut rester.
OLIVIER DUSSOPT
Et très franchement, personne ne doute de la probité de Jean-Paul DELEVOYE. Toute sa carrière le montre.
CHRISTOPHE DELAY
C'est quelque chose qui est quand même inscrit dans la Constitution. C'est peut-être un oubli, mais inscrit dans la Constitution.
OLIVIER DUSSOPT
J'ai lu les mêmes articles que vous. Je ne suis pas constitutionnaliste. Je le répète, nos fonctions nous amènent à exercer les missions qui sont les nôtres sous le contrôle de la Haute autorité. Si vous me permettez cette expression, c'est la seule juge de paix.
CHRISTOPHE DELAY
Merci d'être venu nous voir ce matin sur le plateau de Première édition.
OLIVIER DUSSOPT
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 décembre 2019