Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Et merci beaucoup, Elisabeth BORNE, d'inaugurer cette année avec nous sur LCI. Vous êtes évidemment une actrice majeure de ce conflit qui dure, qui dure maintenant, on l'a beaucoup dit ce matin sur LCI, parce que c'est factuel, c'est le conflit social à la SNCF le plus long depuis mai 68. Vous assumez, vous assumez de faire subir ça en particulier aux Franciliens, Elisabeth BORNE ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, ce n'est évidemment pas le choix du gouvernement, et je pense qu'une grève qui dure, c'est une bonne solution pour personne, c'est évidemment très pénalisant pour tous les usagers qui ont besoin des trains pour se déplacer tous les jours ou des services de la RATP, et puis, c'est aussi très pénalisant pour les grévistes qui perdent de l'argent. Donc moi, j'espère qu'on trouvera rapidement une issue à ce conflit.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, il n'empêche, vous ne vous sentez pas responsable, vous ne vous sentez pas responsable de cette situation, qui dure par une forme d'inflexibilité qu'Emmanuel MACRON a semblé encore confirmer, en tout cas, c'est comme ça que l'ensemble des syndicats l'ont reçue dans ses voeux…
ELISABETH BORNE
Ce que le gouvernement a dit dès le départ, c'est que, évidemment, on est déterminé à faire cette réforme des retraites parce qu'on a besoin de faire évoluer le système qui aujourd'hui est très injuste, qui laisse beaucoup de Français partir à la retraite avec quelques centaines d'euros, qui oblige beaucoup de Français aussi, surtout des femmes, à attendre 67 ans pour liquider leur pension, notamment quand elles ont eu des interruptions de carrière, donc il y a besoin de bâtir un nouveau système qui donne aussi confiance aux jeunes dans le système de retraite, et la plupart des jeunes aujourd'hui ne font plus confiance, donc il y a besoin de mener cette réforme, ensuite, il y a eu beaucoup de concertations…
ELIZABETH MARTICHOUX
On va y revenir…
ELISABETH BORNE
On a pris en compte des spécificités, à la RATP, à la SNCF. Le 19 décembre, il y a même un syndicat, l'UNSA Ferroviaire, qui a acté qu'il y avait eu des avancées notables, et donc, moi, j'invite chacun à prendre connaissance de ces avancées…
ELIZABETH MARTICHOUX
On va y venir parce que c'est vrai que le président a voulu, en tout cas, souhaite un compromis rapide, mais d'abord, comment ça va se passer dans les transports, Madame la Ministre, ce week-end de retours, et pour la rentrée scolaire, est-ce que vous êtes en mesure ce matin de promettre des améliorations sensibles pour les retours, et lundi qui – c'est vrai – coïncide avec la rentrée pour beaucoup ?
ELISABETH BORNE
Ce qu'on peut dire, c'est que ce week-end, il y aura, à partir d'aujourd'hui et tout le week-end, 2 TGV sur 3 qui circuleront, et c'est évidemment mieux que le week-end précédent et mieux que le week-end de grands départs. Et du reste, il y a encore des places disponibles, c'était le cas le week-end dernier également, il y a des places qui n'ont pas été vendues, donc les Français qui ont besoin de rentrer de vacances peuvent utiliser ces places qui sont disponibles dans les trains avec un service qui est quasiment normal, par exemple entre Lyon et Paris ou Marseille et Paris, donc je pense qu'on a aujourd'hui, on peut dire aux Français qu'ils peuvent prendre le train pour rentrer de leurs congés. Et on a aussi une amélioration à la RATP vous savez qu'on a à peu près les trois quarts des bus qui circulent, un service normal sur le tramway, et aujourd'hui, il n'y a plus qu'une ligne de métro, une petite ligne, la ligne 7 bis qui est totalement arrêtée, les autres fonctionnent partiellement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et pour, encore une fois, la reprise du travail, pour beaucoup de salariés, lundi, ils dépendent souvent des TER, comment ça va se passer ?
ELISABETH BORNE
Eh bien écoutez, aujourd'hui, on est à, à peu près, 1 TER sur 2 en moyenne, moi, j'espère évidemment que le travail va reprendre, parce qu'il y a eu des avancées, vous savez, peut-être que tous les agents n'ont pas eu l'occasion de prendre connaissance des avancées, mais on avait dit dès le départ que moi, je suis très consciente de l'attachement des agents de la SNCF et de la RATP à leur système de retraite, c'est pour ça qu'il y a une transition longue qui est prévue, le nouveau système ne s'applique pas à ceux qui sont à moins de 17 ans du départ à la retraite, et des garanties très fortes ont été données sur le maintien des droits acquis, donc sur le calcul de la pension pour ceux qui basculeront dans le système universel.
ELIZABETH MARTICHOUX
Autrement dit, si je vous entends, ce que vous leur dites ce matin aux salariés de la RATP et de la SNCF, c'est qu'il n'y a plus de raison de faire grève ?
ELISABETH BORNE
Ce que je leur dis, c'est que les garanties fortes ont été données, et que j'invite chacun à prendre connaissance de ces garanties…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et que donc, il n'y a plus de raison de faire grève, et que cette grève, elle est finalement injustifiée ?
ELISABETH BORNE
Je peux vous donner un exemple, vous savez, sur les RER à la RATP, il doit y avoir 900 conducteurs, il n'y en a que 19 qui sont concernés par la réforme des retraites…
ELIZABETH MARTICHOUX
Attendez, répétez, il y a…
ELISABETH BORNE
Je dis que sur le RER de la RATP, il doit y avoir 900 conducteurs, il n'y en a que 19 qui sont concernés par la réforme des retraites, donc à tous ceux qui ne sont pas concernés par cette réforme, qui garderont leur système de retraite, parce qu'ils sont à moins de 17 ans de la retraite, je dis qu'il faut aussi prendre en compte le besoin des Franciliens qui ont besoin de se déplacer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous dites : c'est injustifié, reprenez le travail et regardez ce qu'on a fait…
ELISABETH BORNE
Eh bien, je dis que des avancées importantes ont été faites…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y en a que 19…
ELISABETH BORNE
Et chacun doit en prendre connaissance, et j'espère que ça permettra de reprendre le travail effectivement, de prendre en compte les besoins, les attentes de tous les Français, de tous les Franciliens qui ont besoin de se déplacer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc soyez, non pas solidaires avec les autres, mais soyez solidaires avec les Français qui subissent la grève, c'est ce que vous leur dites ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, je pense que c'est important, évidemment, il y a un droit de grève dans notre pays, il y a aussi un droit à se déplacer, il faut le prendre en compte.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça suffit, ça suffit cette grève ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, vous savez, pour tous les Franciliens qui galèrent, pour tous les Français qui galèrent, pour ceux dont les départs en congés ou les retours sont compliqués, je pense qu'ils peuvent attendre des agents qui ont eu des garanties fortes que le travail puisse reprendre et qu'on puisse revenir à une situation normale.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, donc d'une certaine façon, vous dites ce matin : ça suffit, regardez, on a fait beaucoup de pas vers vous.
ELISABETH BORNE
C'est bien ce que je dis, on a fait des avancées très importantes, des garanties fortes sont données.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, Emmanuel MACRON, malgré ces avancées, il a dit : il faut un compromis rapide, donc il en veut encore plus des avancées, il a demandé ça à ses voeux, c'est-à-dire ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, vous savez, on vient de parler de la SNCF et de la RATP, il y a tous les autres Français qui ne sont pas dans ces régimes de retraite, il y a des discussions qui sont menées depuis plusieurs mois avec les organisations syndicales. Et un certain nombre de sujets ont été définis par le Premier ministre avant Noël, sur lesquels il est encore possible d'améliorer la réforme, moi, je pense à la pénibilité, à la fin de carrière pour ceux qui effectivement peuvent avoir des métiers effectivement pénibles. Donc il y a tout un champ de discussions qui a été présenté par le Premier ministre et sur lequel il y a des compromis qui sont possibles.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, rapide, compromis rapide, un mot d'abord sur ce temps-là, c'est quoi l'objectif, la semaine prochaine ?
ELISABETH BORNE
Les discussions, elles démarrent le 7, comme le Premier ministre l'avait indiqué, et il y a un calendrier de travail très consistant qui a été présenté, vous savez que le projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres à la fin du mois, donc je pense important que ces discussions elles puissent déboucher rapidement effectivement…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais rapidement, c'est quoi, vous dites à partir du 7, d'abord, est-ce qu'il y en a en ce moment, parce qu'on sait bien que dans les coulisses, avant les grandes réunions, la réception le 7, Edouard PHILIPPE va recevoir les syndicats, bon, est-ce qu'en ce moment même, les discussions continuent en coulisses ?
ELISABETH BORNE
Les organisations syndicales qui défendent cette retraite, ce système universel par points, je pense par exemple à la CFDT, n'avaient pas souhaité que les discussions se poursuivent pendant les vacances, pour ne pas donner l'impression qu'on négociait pendant que les Français étaient partis en vacances. Evidemment, j'imagine qu'il y a des contacts qui se sont poursuivis, et donc ces discussions, elles vont reprendre officiellement à partir de la semaine prochaine.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc, vous dites que ça reprend à partir de mardi, un compromis rapide, l'objectif c'est finalement la présentation du texte en Conseil des ministres la semaine du 20, pas avant, c'est ça la borne qu'on peut imaginer ?
ELISABETH BORNE
Je pense que c'est évidemment un moment important, cette présentation en Conseil des ministres, même si, comme tout projet de loi, il y aura ensuite des discussions qui interviendront au Parlement, et donc des possibilités d'amélioration du texte mais en tout cas, je pense que les Français ne comprendraient pas qu'on prenne tout notre temps alors qu'on voit que ce sujet peut susciter des inquiétudes, et que plus on peut aller vers l'apaisement, et mieux ce sera pour tout le monde.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc le plus vite possible, avec cet horizon du Conseil des ministres la semaine 20, vous pensez, compromis rapide, c'est l'objectif qu'avait en tête le président ?
ELISABETH BORNE
Absolument. Eh bien, je pense que c'est bien ce qu'il a en tête, ce que le Premier ministre a également en tête…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il a marqué une forme d'impatience – pardon – le président, en disant cela ?
ELISABETH BORNE
Je pense qu'il répond à tous ceux qui accusent le gouvernement de vouloir jouer le pourrissement, au contraire…
ELIZABETH MARTICHOUX
L'usure…
ELISABETH BORNE
Au contraire, le gouvernement est à l'action pour discuter avec les organisations syndicales qui sont prêtes à le faire, vous savez que ce n'est pas toutes les organisations syndicales, mais en tout cas, pour mener ces discussions et trouver des compromis, je pense que c'est bien ça le sens du dialogue social, de trouver des compromis avec tous ceux qui sont prêts à discuter.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais quand le président dit : je demande au gouvernement de trouver un compromis rapide, enfin, presque textuellement, je crois, ça a pu être entendu aussi comme une forme d'injonction qui était faite au Premier ministre…
ELISABETH BORNE
Je pense qu'on est exactement dans le fonctionnement de la cinquième République, vous savez, le président de la République a voulu redonner le sens de la réforme, c'est une réforme de justice et de progrès social dans laquelle, je le redis, il s'agit d'apporter des réponses à tous ceux qui sont un peu abandonnés par le système actuel. Donc le président donne le sens de la réforme, et conformément aux institutions de la cinquième République, eh bien, c'est le gouvernement qui conduit ces réformes.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c'est le capitaine qui donne les ordres à l'équipage ?
ELISABETH BORNE
Mais c'est le rôle du président de la République de donner le cap, et c'est le rôle du gouvernement de mettre en oeuvre les réformes qui ont été présentées par le président de la République.
ELIZABETH MARTICHOUX
Plaider l'apaisement, comme voulait le faire le président dans ses voeux, ce n'est pas un peu court quand le gouvernement dit non à toute demande de retrait du texte, il n'y a pas une forme de contradiction, oui, oui, nous, on veut apaiser, mais non, on ne retirera pas le texte ?
ELISABETH BORNE
Je pense que le président de la République a clairement redit que cette réforme, elle doit aller jusqu'au bout, parce qu'elle répond à des inégalités, qu'elle redonne confiance dans le système de retraite…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ça apaiser ?
ELISABETH BORNE
L'apaisement, c'est peut-être de se respecter chacun, vous voyez on peut avoir des désaccords, on peut effectivement permettre d'exercer son droit de grève il faut aussi penser aux droits de se déplacer et il faut aussi penser aux droits des non-grévistes d'aller travailler, donc je pense que tout ça doit se faire dans le respect mutuel, et c'est bien ce à quoi a appelé le président de la République.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais le compromis, Elisabeth BORNE, comme son nom l'indique, par définition, on l'a déjà dit ici, ça sous-entend que chaque partie fasse un pas vers l'autre…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous savez, beaucoup…
ELIZABETH MARTICHOUX
Quel pas, quel pas supplémentaire êtes-vous prêt à faire au gouvernement, notamment sur l'âge pivot ?
ELISABETH BORNE
Le Premier ministre a indiqué qu'il présenterait la semaine prochaine une méthode de travail sur ce sujet…
ELIZABETH MARTICHOUX
Encore ?
ELISABETH BORNE
Une méthode de travail sur ce sujet, parce qu'il y a un point qui est clair, c'est que les Français ne comprendraient pas qu'on leur dise : on vous propose un nouveau système de retraite, mais on ne se préoccupe pas de savoir s'il est à l'équilibre, ne pas se préoccuper de savoir s'il est à l'équilibre, ça veut dire renvoyer la charge sur nos enfants ou bien avoir à faire des nouvelles réformes qui remettraient en cause ce qu'on vient d'annoncer. Donc le système doit être à l'équilibre, maintenant, on est tout à fait ouvert à des propositions des organisations syndicales, moi, je vous dis en particulier l'UNSA ou la CFDT qui défendent ce nouveau système de retraite…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il ne veut pas de l'âge pivot…
ELISABETH BORNE
Eh bien écoutez, on attend des propositions, et le Premier ministre présentera une méthode pour travailler sur ce sujet la semaine prochaine.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, il y a une piste dont parle LCI depuis hier, selon nos informations, le gouvernement serait prêt à étudier la possibilité d'individualiser, d'une certaine façon, de rendre moins uniforme, moins automatique, moins systématique le passage à l'âge pivot, l'âge pivot, on le rappelle, c'est 64 ans avec un malus devant et un bonus derrière ; bref, ne pas traiter tout le monde de la même manière, est-ce que ça, c'est une piste que le gouvernement est prêt à retenir.
ELISABETH BORNE
Eh bien, vous savez, quand vous avez des carrières longues, par exemple, quand vous avez commencé à travailler avant 20 ans, déjà, vous avez un âge de départ qui est différent…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est déjà prévu, ça, Madame la Ministre…
ELISABETH BORNE
Sur également la pénibilité, elle doit être prise en compte, ensuite, moi, je ne vais pas faire la négociation à la place des organisations syndicales…
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est une piste intéressante ?
ELISABETH BORNE
Je pense que la seule préoccupation du gouvernement, c'est qu'on puisse garantir aux Français qu'on a un système à l'équilibre, et s'il peut y avoir d'autres façons d'y parvenir, le Premier ministre a bien dit qu'on y était ouvert.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est une piste intéressante ?
ELISABETH BORNE
Si on peut trouver une réponse mieux adaptée à la situation de chacun, pourquoi pas, moi, je ne…
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que tout est sur la table de ce point de vue-là, on peut le dire ?
ELISABETH BORNE
Ah, mais tout est sur la table sur la façon…
ELIZABETH MARTICHOUX
A part la suppression pure et simple de l'âge pivot ?
ELISABETH BORNE
Enfin, on peut avoir d'autres façons d'arriver à l'équilibre du système de retraite, et là, on est ouvert à d'autres propositions des organisations syndicales. Je ne peux pas vous répondre, je ne suis pas la CFDT. Je ne vais pas vous faire les propositions à la place de la CFDT.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, pardon, parce que je n'ai pas tout compris, pardon, est-ce que la suppression de l'âge pivot, que demande la CFDT, est aussi sur la table ?
ELISABETH BORNE
Je le redis, le Premier ministre a clairement indiqué que notre préoccupation, c'est que le système soit à l'équilibre…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc une alternative est possible ?
ELISABETH BORNE
Et que par ailleurs, il ne s'agissait pas de baisser les pensions et qu'il ne s'agissait pas d'augmenter les cotisations, ensuite toute autre modalité, le Premier ministre a déjà dit qu'on est tout à fait ouvert à toutes modalités qui permet d'atteindre cet objectif.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il est important aujourd'hui d'assouplir la position pour trouver une sortie de crise, votre but, c'est la sortie de crise ?
ELISABETH BORNE
Le but, c'est de trouver un compromis dans lequel on travaille avec ceux qui sont favorables au système universel par points qui a été présenté et qui souhaite des améliorations, il faut que les discussions se poursuivent pour qu'on trouve un compromis avec ces organisations syndicales.
ELIZABETH MARTICHOUX
Avec quels syndicats, vous venez de le dire, avec ceux qui sont favorables au système à points, donc la CFDT…
ELISABETH BORNE
L'UNSA, la CFTC…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ou la CFTC. Vous avez des nouvelles de Laurent BERGER ?
ELISABETH BORNE
Pas personnellement, non, non, pas personnellement…
ELIZABETH MARTICHOUX
Non ? Non, parce qu'il a été pour l'instant extrêmement sobre, donc on attend de voir quelle est sa réaction et est-ce qu'il est prêt effectivement lui à discuter. Philippe MARTINEZ viendra à Matignon, il l'a dit, le 7, mais, bon, pas de politique de la chaise vide, mais le moins qu'on puisse dire, c'est que le message d'Emmanuel MACRON ne l'a pas impressionné. On l'écoute.
PHILIPPE MARTINEZ
Un président qui a fait de l'autosatisfaction, aucune autocritique, qui nous a répété que sa réforme était bonne, que le pays allait bien, il ne doit pas être au courant qu'il y a des manifestations, des grèves depuis plusieurs mois d'ailleurs, et donc, eh bien, j'allais dire, c'est du MACRON traditionnel, c'est : j'ai raison et ceux qui ne comprennent pas ce que je dis, c'est des imbéciles.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'arrogance d'Emmanuel MACRON, critiquée par le patron de la CGT.
ELISABETH BORNE
Oui, moi je pense que Philippe MARTINEZ peut balayer d'un revers de main toutes les discussions qui ont eu lieu, tous les champs qui sont encore ouverts
ELISABETH BORNE
Oui, moi je pense que Philippe MARTINEZ peut balayer d'un revers de main toutes les discussions qui ont eu lieu, tous les champs qui sont encore ouverts, que ce soit, je dis, sur les carrières des seniors, sur la pénibilité, sur les modalités d'équilibre du système, sur les transitions. Bon, moi c'est la posture qu'il peut avoir depuis le départ. De toute façon, il est contre le système qui est…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il veut le retrait du texte.
ELISABETH BORNE
Voilà, eh bien écoutez c'est simple, et donc c'est plus difficile de discuter avec quelqu'un…
ELIZABETH MARTICHOUX
On peut trouver un compromis avec la CGT qui demande le retrait du texte ?
ELISABETH BORNE
Mais je pense que ce n'est pas leur objectif. Je pense que ce n'est pas leur objectif, puisqu'ils contestent le principe même de la réforme qui est proposée, contrairement à d'autres…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, la discussion avec la CGT, on va être clair, la discussion avec la CGT, la recherche de compromis avec la CGT n'est pas possible à ce stade.
ELISABETH BORNE
On peut espérer qu'ils s'intéressent à des sujets comme la pénibilité, comme les carrières des seniors, donc peut-être que même s'ils sont contre le système, ils peuvent participer aux discussions sur des sujets qui sont importants pour les Français.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais le compromis qui permettra la sortie…
ELISABETH BORNE
Mais, un point d'accord avec la CGT, je pense que ça n'est pas ce qu'ils recherchent.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça n'est pas ce qu'ils recherchent, ça n'est pas ce que donc vous espérez trouver avec Philippe MARTINEZ, qui appelle par ailleurs au blocage de toutes les raffineries en France, entre le 7 et le 10 janvier, il y en a sept en métropole, une huitième Outre-mer. Il juge que bloquer les Français, enfin en tout cas les empêcher de trouver de l'essence, ce n'est pas plus grave que de faire grève à l'école, quand on fait grève, eh bien, oui, il y a des conséquences effectivement pour les Français. C'est le jeu.
ELISABETH BORNE
Alors, je voudrais rappeler qu'il y a un droit de grève qui est garanti par la Constitution, il n'y a pas de droit au blocage dans notre pays. Et je pense que ces annonces, elles sont faites pour faire paniquer les Français, c'est bien clair, pour qu'ils se précipitent dans les stations-services, ce qui, ensuite, peut effectivement causer des ruptures sur un certain nombre de produits de carburant. Moi, je le redis, je suis très confiante, nos raffineries fonctionnent aujourd'hui. Six sur sept expédient leurs produits et de toute façon l'approvisionnement des stations-services se fait à partir de 200 dépôts, donc il n'y a aucun problème d'approvisionnement des stations-services, il n'y en a pas aujourd'hui et il n'y en aura pas demain.
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que les dépôts ont suffisamment de stocks pour fournir les Français ? Pendant combien de temps ?
ELISABETH BORNE
Parce que nous avons des stocks pour fournir les Français pendant trois mois.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais si les raffineries sont bloquées à la sortie, ils ne peuvent pas livrer les dépôts.
ELISABETH BORNE
Les dépôts sont approvisionnés, il y a des stocks, à la fois de produits bruts, et d'essence, de diesel, donc il y a tout ce qu'il faut pour approvisionner normalement les stations-services.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, vous dites aux Français ce matin sur LCI : pas de panique, ne vous précipitez pas...
ELISABETH BORNE
Je dis : pas de panique…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ne vous précipitez pas dans les stations, c'est comme ça que vous pourriez créer le problème.
ELISABETH BORNE
La seule chose qui peut créer des difficultés, c'est s'il y a des pleins de précaution, mais donc voilà, pas de soucis, les stations-services seront approvisionnées normalement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc la CGT n'a pas de raison de crier…
ELISABETH BORNE
Eh bien écoutez, la CGT fait de la communication, moi je redis aux Français : les stations-services seront approvisionnées.
ELIZABETH MARTICHOUX
Deux petites questions pour finir, Elisabeth BORNE. Vous avez été épinglée pour votre visite, votre déplacement pendant Noël, en particulier à Marrakech. Vous vous est justifiée quand vous êtes rentrée. Qu'est-ce que ça dit cette... maintenant avec le recul, ça veut dire quoi sur la fonction de ministre ? Ça veut dire quoi dans le fond ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, enfin moi ce que je peux dire, c'est que je ne vais pas commenter les polémiques, je suis au travail, vous savez, chaque jour de l'année. J'étais sur le pont le week-end des grands départs, où il y avait en plus des tempêtes, j'étais sur le pont pour réunir tous ceux qui participent, qui garantissent l'approvisionnement de nos stations-services, et chaque jour de l'année et où que je sois, moi je suis à ma tâche, totalement mobilisée, en lien avec mes équipes.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça vous a choquée, qu'on vous épingle ?
ELISABETH BORNE
Je ne veux pas faire de commentaire, vous savez, je ne vais pas me plaindre de ma situation, je pense qu'il y a des Français qui ont beaucoup plus de difficultés. Voilà. Je pense que c'est des polémiques un peu gratuites, qui n'apportent rien. Je ne suis pas persuadée que les Français se passionnent sur la façon dont j'ai passé Noël avec mes proches.
ELIZABETH MARTICHOUX
Jean-François CIRELLI, patron de BlackRock France, premier gestionnaire d'actifs en France, il a été fait Officier de la légion d'honneur à l'occasion de la promotion du nouvel an, au moment où la CGT et Jean-Luc MELENCHON soupçonnent précisément BlackRock de pouvoir être le grand bénéficiaire de cette réforme des retraites. Franchement, est-ce que la coïncidence est heureuse ?
ELISABETH BORNE
Vous savez, Jean-François CIRELLI, il a été le patron de GDF, c'est un fonds d'investissement qui soutient le développement d'infrastructures en France. Alors ensuite on peut faire toutes sortes de raccourcis, là encore, des présentations caricaturales, mais voilà, je pense qu'il faut revenir au fait, que c'est quelqu'un qui a eu une carrière, je vous dis, chez GDF.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc il est récompensé pour sa carrière. Est-ce que c'est du complotisme, quand la CGT et Jean-Luc MELENCHON répètent depuis effectivement plusieurs jours, que c'est la fin de la retraite par répartition et qu'on est en train de graisser la patte des fonds d'actifs.
ELISABETH BORNE
C'est de la désinformation, c'est de la manipulation, c'est dire le contraire de ce qu'on veut faire qui est de garantir notre régime de retraite par répartition.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c'est du complotisme ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, moi je ne vais pas qualifier, je pense qu'en tout cas c'est de la désinformation, voilà ce que je peux dire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Elisabeth BORNE d'avoir été ce matin sur LCI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 janvier 2020