Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Agnès BUZYN.
AGNES BUZYN
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Hier soir, l'organisme qui surveille la qualité de l'air en Normandie, a donc publié ses derniers résultats après l'incendie de l'usine LUBRIZOL de Rouen, il y a quasiment deux semaines, il note des taux de dioxine quatre fois supérieurs à la normale dans l'air de la commune de Préaux, c'est-à-dire, qui est située juste à la sortie de Rouen. Est-ce qu'il faut s'inquiéter de ce chiffre ?
AGNES BUZYN
Alors, nous verrons si ces chiffres sont retrouvés sur plusieurs prélèvements sur le long terme, puisqu'il s'agit d'un prélèvement au moment de l'incendie. Et donc nous allons évidemment attendre les nouveaux prélèvements, mais je tiens quand même à dire que c'est plus important que la normale, mais cela reste dans les seuils admis de toxicité, donc, enfin, en dessous des seuils admis de toxicité, en tous les cas, d'après les informations que j'ai. De toutes les façons…
MARC FAUVELLE
On parle, pour vous, pardon, de prélèvements, c'est important à préciser, qui ont été faits le jour de l'incendie, pas hier ou avant-hier ?
AGNES BUZYN
Oui, ça, c'est l'information que j'ai, et de toutes les façons, nous nous rendons à Rouen avec Didier GUILLAUME, Elisabeth BORNE, les deux ministres concernés, en fin de semaine de façon à installer le comité de suivi qui sera un comité de transparence où la totalité des résultats dont nous disposons seront rendus publiques et clairement expliqués. Donc au fur et à mesure que les résultats tombent, nous les rendons publics, mais il y aura une explication, et je dirais, une image complète de la situation lors de ce point avec le comité de suivi qui comprend des élus, des citoyens, des experts, des associations non-gouvernementales…
MARC FAUVELLE
Panorama que vous n'avez pas donc à l'heure où on se parle, Agnès BUZYN, vous n'avez pas par exemple la certitude qu'il n'y aura pas d'effet à long terme sur la santé des habitants ?
AGNES BUZYN
Alors, ça, c'est une demande que j'ai faite aux agences sanitaires, c'est-à-dire que je leur ai demandé, sur la base de tous les prélèvements que nous aurons, d'évaluer le risque sanitaire pour les populations, et en fonction de cette évaluation du risque, il y aura un suivi des populations ou pas, c'est aux agences sanitaires, sur la base de tous les résultats, de m'expliquer s'il y a des choses supplémentaires à faire pour la population rouennaise ou sous le panache…
MARC FAUVELLE
Donc ce n'est pas oui, mais ce n'est pas non, non plus, on ne sait pas, aujourd'hui, on est encore dans le flou deux semaines après !
AGNES BUZYN
Absolument. Non, on n'est pas dans le flou, on attend la fin des résultats, et ensuite, les agences travaillent sur la totalité des prélèvements pour évaluer prélèvement par prélèvement, toxiques par toxiques, savoir s'ils sont respirés, ingérés dans l'alimentation ou pas, et on leur demande de nous faire une cartographie des risques. Et s'ils estiment qu'il y a un risque potentiel lié à l'air ou lié à l'alimentation, c'est eux qui nous diront quel type de suivi nous devons mettre en place pour la population, donc c'est vraiment sur des bases scientifiques que nous prendrons les décisions qu'il convient pour la population rouennaise.
MARC FAUVELLE
Savez-vous, 13 jours après l'incendie, combien d'habitants de Rouen ou du département se sont rendus à l'hôpital suite à cet incendie ?
AGNES BUZYN
Alors aujourd'hui, c'est une vingtaine de personnes par jour qui se plaignent parfois d'irritations, au tout début, c'était une cinquantaine, ça diminue, en réalité avec le temps, c'est en train de diminuer, il y a eu, à ma connaissance, 8 personnes hospitalisées qui sont sorties, ce sont des personnes qui avaient des problèmes respiratoires qui ont été aggravés par le panache de fumée notamment et les irritations, les odeurs, voilà, il y aura vendredi, lorsque nous nous rendrons à Rouen, nous donnerons les chiffres exacts, consolidés, à la fois du nombre de personnes hospitalisées, du nombre de personnes qui se sont rendues aux urgences. Aujourd'hui, nous avons, par exemple, autour de 1.800 appels sur le numéro vert depuis que nous avons ouvert le numéro vert en début de semaine….
MARC FAUVELLE
Qui vous demandent quoi ?
AGNES BUZYN
Qui demandent essentiellement des informations sur les risques, sur ce qu'ils peuvent manger ou pas, sur : comment nettoyer les poussières les suies sur leur balcon, et donc tout cela sera évidemment dans le rapport que nous rendrons public vendredi.
MARC FAUVELLE
Agnès BUZYN, on savait déjà que 5.000 tonnes de produits avaient brûlé chez LUBRIZOL, on a découvert en écoutant le préfet en fin de semaine dernière que 5.000 autres tonnes de produits entreposés dans une entreprise voisine, donc qui avaient été mis là par LUBRIZOL, avaient brûlé également, à quel moment, vous, vous l'avez su ?
AGNES BUZYN
Moi, je l'ai su quand ça a été rendu public, c'est-à-dire cette semaine.
MARC FAUVELLE
Je vous pose la question parce qu'une note de la direction des risques – c'est-à-dire un organisme d'Etat – révélée hier soir par le journal Le Monde montre que l'Etat n'était pas au courant que LUBRIZOL, qui est donc une entreprise classée Seveso, avait entreposé 5.000 tonnes de fûts à côté dans un autre entrepôt ; on marche sur la tête, non ?
AGNES BUZYN
Oui, alors, je trouve effectivement que cette information nous a été donnée tardivement, je pense que…
MARC FAUVELLE
Voire pas du tout !
AGNES BUZYN
Enfin, en tous les cas, tardivement…
MARC FAUVELLE
Après l'incendie en tout cas…
AGNES BUZYN
Enfin, trop tardivement, ça, c'est clair que ça a été une surprise aussi pour l'Etat d'entendre qu'il y avait des entrepôts supplémentaires qui avaient été concernés par l'incendie, aujourd'hui, l'incendie a créé des dégâts considérables sur le site, c'est vrai que nous avons mis énormément de pression sur l'industriel pour nettoyer aujourd'hui ce qui reste d'hydrocarbures, pour éviter ces émanations…
MARC FAUVELLE
Et l'odeur qui reste aujourd'hui encore à Rouen…
AGNES BUZYN
Des odeurs, parce que ça gêne énormément la population rouennaise. Bon, l'enquête nous dira s'ils le savaient et ont mis du temps à nous donner l'information ou si elle est passée inaperçue dans la façon dont ils ont géré la crise, il y a une enquête administrative et une enquête judiciaire en cours, nous verrons comment on est arrivé à apprendre cela si tardivement.
MARC FAUVELLE
Agnès BUZYN, la France organise à partir d'aujourd'hui la conférence des donateurs sur le sida, la tuberculose, et le palu, qui font, à elles trois, trois millions de morts chaque année sur la planète, ça se passe à Lyon. Est-ce que la France va augmenter sa participation ?
AGNES BUZYN
Alors, les annonces auront lieu par le président de la République demain, donc je vais lui laisser évidemment la primeur des annonces de la participation française.
MARC FAUVELLE
La France a gelé sa participation, c'est-à-dire qu'elle n'augmente plus depuis quasiment dix ans, alors que tous nos voisins ont augmenté leurs dons, y compris les Etats-Unis, Donald TRUMP, c'est dire…
AGNES BUZYN
Oui, la France reste le deuxième donateur mondial depuis que le Fonds mondial existe, c'est le président Jacques CHIRAC qui a eu l'idée du Fonds mondial, même si ça ne s'appelait pas comme cela à l'époque, la France est excessivement proactive pour lutter contre les grandes pandémies, elle donne de l'argent évidemment au Fonds mondial, à Gavi, qui est une organisation qui fournit des vaccins et des médicaments, à United, qui aide la recherche. Donc la France a montré sa mobilisation extrême pour faire en sorte qu'il y ait une reconstitution du Fonds mondial, alors qu'en réalité, et c'est mon inquiétude, il y a une forme de…
MARC FAUVELLE
De relâchement ?
AGNES BUZYN
De désintéressement de la plupart des Etats, et même des citoyens sur ces questions des grandes épidémies, le risque du VIH ne mobilise pas autant qu'il le faisait il y a 20 ans, il y a 30 ans, alors qu'il est toujours présent. Et je voudrais en profiter pour dire que les politiques publiques qui ont été mises en oeuvre pour mieux donner l'accès aux médicaments, à la prévention, fonctionnent, nous avons un bon chiffre en termes de contamination par le VIH dans notre pays, les contaminations entre 2017 et 2018 ont baissé de 7 % et alors qu'elles étaient…
MARC FAUVELLE
Ah, c'est un chiffre que vous nous annoncez ce matin, les contaminations ne baissaient plus ces dernières années en France, on était autour de 6.400 par an…
AGNES BUZYN
C'est cela, et nous sommes à 6.200…
MARC FAUVELLE
Donc ça a enfin baissé…
AGNES BUZYN
C'est la première fois depuis plusieurs années qu'il y a une diminution du nombre de personnes qui se contaminent, c'est encore beaucoup trop, il faut encore favoriser les dépistages, mais, ce qu'on appelle la PrEP, c'est-à-dire des traitements intermittents pour les personnes qui prennent des risques, le fait que j'ai rendu aussi les préservatifs remboursés sur ordonnance notamment pour les jeunes, tout cela participe à une meilleure prévention du sida, je rappelle que la meilleure prévention aujourd'hui, c'est le préservatif.
MARC FAUVELLE
Voilà, et on verra si la France donne plus donc, ce sera demain dans le discours d'Emmanuel MACRON, comme lui demandent les ONG. Merci beaucoup Agnès BUZYN…
AGNES BUZYN
Merci…
MARC FAUVELLE
Et merci d'être venue nous donner ce chiffre donc de la baisse enfin du nombre de contaminations du VIH en France.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 octobre 2019