Texte intégral
SAMUEL ETIENNE
Effectivement c'est une journée importante pour les lycéens aujourd'hui, pour les élèves de terminale, avec le début de Parcoursup, et justement c'est l'une des actualités qu'on va évoquer ce matin avec notre invitée, je vous le disais, Frédérique VIDAL, bonjour Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
SAMUEL ETIENNE
La ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Johanna évoquait à l'instant la défiance encore persistante de certains lycéens vis-à-vis de Parcoursup, je ne sais pas si avez lu le journal Le Parisien, mais en fait ça vient de là, le journal Le Parisien qui évoque un questionnaire en ligne auprès des lycéens, publié en décembre dernier, 12.000 élèves qui notent effectivement sévèrement toujours Parcoursup, qui ne le jugent pas fiable, mystérieux, aléatoire, ce sont les mots qui reviennent.
FREDERIQUE VIDAL
Je crois que c'est normal, l'année où on passe son baccalauréat, où on se prépare à l'entrée dans le supérieur, il y a toujours un petit peu d'anxiété, et c'est pour ça que les équipes sont là, c'est pour ça que nous avons voulu un système qui soit très accompagné humainement, c'est pour ça que les professeurs principaux dans les lycées ont un rôle essentiel, et d'ailleurs accompagnent les élèves, et je tiens une fois de plus à les en remercier.
SAMUEL ETIENNE
Mais Parcoursup, aujourd'hui, ça marche ?
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr, Parcoursup ça fonctionne très très bien, ça fonctionne d'autant mieux, et on en est d'autant plus la preuve que l'an dernier c'est de plus de 100.000 personnes qui ont choisi d'utiliser cette plateforme pour reprendre leurs études, alors que, initialement elle est faite pour les néo-bacheliers et les jeunes en réorientation, et c'est pourquoi cette année nous avons mis un module supplémentaire « ParcourPlus », pour aider…
SAMUEL ETIENNE
Qui est destiné à ce public spécifique.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, ce public spécifique.
SAMUEL ETIENNE
Alors, Parcoursup qui évolue d'ailleurs, avec une offre enrichie, qui propose désormais l'ensemble des formations reconnues par l'Etat, c'est ça ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, c'était l'objectif et c'était ce que les parlementaires avaient souhaité inscrire dans la loi, et c'est aujourd'hui le cas.
SAMUEL ETIENNE
On avait parlé ensemble la dernière fois qu'on avait échangé d'ailleurs à la suite de la réforme des études de médecine, les études de santé sont proposées, c'est la première fois, sous une nouvelle forme, soit le parcours spécifique « accès santé », on va dire classique, soit la licence avec une option « accès santé » pour ouvrir ces études de médecine à d'autres profils, c'est l'ambition ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, c'est l'ambition, puisqu'en fait l'idée c'est d'avoir une diversité de profils de jeunes qui accèdent aux études en santé, donc des licences qui ont des majeures qui sont dans des disciplines différentes…
SAMUEL ETIENNE
Ça peut être le droit…
FREDERIQUE VIDAL
Et des mineures santé ; le droit par exemple ; et puis dans le cadre des parcours spécifiques « accès santé », des majeures santé, mais aussi une mineure dans une autre discipline, pour que ceux qui n'intégreront pas les études en santé puissent néanmoins réussir leur année et continuer leurs études. C'est plus de 400 licences « accès santé » qui ont été ouvertes, c'est 16 millions d'euros initialement qui y ont été consacrés, et hier soir j'ai pu annoncer que 9 millions d'euros supplémentaires allaient permettre d'accompagner les jeunes, parce que c'est aujourd'hui plus de 108 sites universitaires qui permettent d'accéder aux études de santé contre à peine plus de 60 l'an dernier.
SAMUEL ETIENNE
Là vous venez d'évoquer vos vœux que vous avez présentés hier soir, avec une annonce importante hier soir lors de ces vœux, une annonce à destination des jeunes chercheurs, ces jeunes chercheurs français qui, on le sait, sont souvent, trop souvent, condamné à aller travailler à l'étranger, estimant qu'en France il n'y a pas de moyens suffisants et que les salaires, aussi, sont insuffisants. Quelle est l'annonce que vous avez faite ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, dans le cadre de la préparation de la loi de programmation pour la recherche il y avait un sujet effectivement qui était prégnant, qui était celui du niveau de recrutement des jeunes chercheurs, c'était entre 1,3 et 1,4 SMIC, et hier soir j'ai annoncé que plus aucun jeune chercheur ne serait payé moins de 2 SMIC à partir de 2021.
SAMUEL ETIENNE
A partir de 2021, mais ça c'est pour répondre au fait que, notamment, partant à l'étranger ils ont des moyens plus importants.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, très souvent à l'issue d'un post-doctorat à l'étranger, lorsque les jeunes prenaient un poste de chercheur ils perdaient de l'argent.
SAMUEL ETIENNE
Je voudrais parler aussi de la précarité étudiante avec vous ce matin puisque, le mois dernier, on en a parlé bien sûr sur France Info, dans tous les médias également, il y a le suicide d'un étudiant de Lyon qui a alerté sur ce phénomène, les syndicats réclament plus de bourses, des montants plus élevés pour ces bourses, davantage de logements aux CROUS aussi, pour répondre à la difficulté des étudiants pour se loger.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, c'est vrai, on sait qu'on a un problème de logement, donc c'est pour ça que nous avons prévu de construire 60.000 logements à destination des étudiants, c'est déjà plus de 20.000 qui ont été livrés, évidemment il faut accélérer encore ce processus. Et puis au-delà de ça j'ai pu échanger hier avec les organisations étudiantes, aussi lors de mes vœux, nous avons convenus de continuer à travailler sur cette question de la précarité, sur le Revenu Universel d'Activité, sur la façon dont on peut simplifier les choses, avoir un guichet unique, et puis surtout que les jeunes sachent tout ce à quoi ils ont droit, et c'est pour ça que nous avons mis en place un numéro vert qui leur permet d'être en contact avec une plateforme de renseignements qui leur permet de savoir tout ce à quoi ils ont droit, notamment les aides spécifiques qui, chaque année, ne sont pas consommées.
SAMUEL ETIENNE
Hier soir vous présentiez donc, on en a parlé, vos vœux, c'était au Musée de l'Homme à Paris. Vous avez été accueillie, on a vu les images, par des professeurs, par des étudiants, en colère. Alors, ces derniers jours on a plusieurs ministres, des élus La République en marche, qui ont dû annuler leurs voeux, ça n'a pas été votre cas, craignant des actions d'opposants à la réforme des retraites. On sait que de nouvelles formes d'actions se sont mises en place ces derniers jours contre cette réforme, visant par exemple la CFDT, syndicat réformiste. Quel regard portez-vous, Frédérique VIDAL, sur l'évolution de ce mouvement ?
FREDERIQUE VIDAL
Je pense que ce que l'on voit c'est quelques groupes de personnes qui essayent d'empêcher l'expression publique, et moi je trouve que c'est évidemment très regrettable. Je trouve que c'est très important d'écouter, très important de dialoguer, c'est ce que je fais en permanence, c'est ce que j'ai indiqué d'ailleurs aux gens qui étaient là hier, « on pourra parler quand vous le souhaitez », mais j'ai la chance d'être dans une communauté où globalement c'est plutôt le débat qui prime, et donc les vœux se sont très bien passés.
SAMUEL ETIENNE
Les actions radicales que j'évoquais, par exemple les coupures d'électricité sauvages ?
FREDERIQUE VIDAL
Ça c'est absolument inadmissible. Il faut se rendre compte, quand on coupe l'électricité on a peut-être l'impression qu'on va gêner légèrement les gens et que ça n'a pas d'impact, en réalité il peut se passer des choses très très graves lorsque l'on coupe l'électricité.
SAMUEL ETIENNE
Hier c'est par exemple l'aéroport d'Orly qui a été touché.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, on peut imaginer qu'on ne soit plus en capacité de faire atterrir correctement les avions, imaginer qu'un hôpital se trouve sur la boucle de réseau coupé, ça a été le cas…
SAMUEL ETIENNE
C'est arrivé pour les cliniques dans les semaines passées.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, ça a été le cas, imaginer que les gens se retrouvent bloqués dans des ascenseurs et paniquent, enfin honnêtement ce type d'actions ça n'a jamais juste aucun sens. Nous sommes dans un pays où le dialogue social est important, et je crois que dans dialogue social le mot dialogue est essentiel.
SAMUEL ETIENNE
Une dernière chose avant de nous quitter, ça ne vous concerne pas directement, pas directement votre ministère, mais je suis sûr que vous suivez la polémique sur les premières épreuves du contrôle continu de la réforme du bac pour les élèves de 1ère. Les syndicats et de nombreux enseignants dénoncent l'impréparation de cette réforme.
FREDERIQUE VIDAL
Alors là aussi je crois que, Jean-Michel BLANQUER l'a rappelé, dans l'immense majorité des cas les choses se sont bien passées. Moi je pense toujours, évidemment, aux élèves, et je crois que le baccalauréat c'est quelque chose qui est important, c'est une forme de rite de passage, et ce qui est important lorsqu'on est professeur c'est d'accompagner au mieux les élèves, et parfois c'est vrai qu'on a l'impression d'être soi-même un petit peu impréparé, je crois qu'il faut cacher, en fait, cette angoisse, pour accompagner les jeunes.
SAMUEL ETIENNE
Merci beaucoup Frédérique VIDAL d'avoir été notre invitée ce matin dans la matinale de France Info.
FREDERIQUE VIDAL
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 janvier 2020