Texte intégral
ORIANE MANCINI
Et notre invité politique ce matin, c'est Adrien TAQUET. Bonjour !
ADRIEN TAQUET
Bonjour !
ORIANE MANCINI
Vous êtes secrétaire d'Etat chargé de la protection de l'enfance, vous êtes avec nous pendant vingt minutes pour une interview en partenariat avec la presse quotidienne régionale, représentée par Pascal JALABERT.
PASCAL JALABERT
Bonjour !
ORIANE MANCINI
Bonjour Pascal. Rédacteur en chef de la rédaction nationale des groupes EBRA, ce sont les journaux régionaux de l'Est de la France.
On va commencer, Adrien TAQUET, par cette polémique, on en parlait à l'instant, avec Alain JOYANDET, polémique au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, un élu du Rassemblement national a demandé l'exclusion d'une mère qui accompagnait, une mère voilée, qui accompagnait son enfant lors d'une sortie scolaire. Qu'est-ce que vous pensez de ce qui s'est passé ?
ADRIEN TAQUET
Je pense que c'est une confusion et une instrumentalisation la plus totale de la part du Front national. Une fois encore, ils démontrent qu'ils essayent de diviser notre pays, de mettre les gens les uns contre les autres et en étant totalement en dehors des cadres de la loi et des règles qui existent aujourd'hui.
ORIANE MANCINI
Est-ce qu'elle est si claire que ça, cette loi ? Hier, on entendait, on avait Sibeth NDIAYE et Jean-Michel BLANQUER qui étaient en même temps dans deux émissions politiques différentes. On a, d'un côté, Sibeth NDIAYE qui dit « c'est positif qu'il y ait des mères voilées qui accompagnent leurs enfants » ; de l'autre côté, Jean-Michel BLANQUER dit que ce n'est pas souhaitable.
ADRIEN TAQUET
Mais ce n'est pas interdit …Ecoutez, jusqu'à présent …
ORIANE MANCINI
Est-ce que c'est clair au gouvernement ?
ADRIEN TAQUET
…c'est quelque chose qu'on ne souhaite pas encourager, le fait que des mères puissent être voilées dans l'accompagnement des sorties scolaires, on ne veut pas encourager cela. Le voile est plutôt en contradiction avec un certain nombre de valeurs, de principes auxquels nous croyons. Pour autant, ce n'est pas interdit. Donc il n'y a pas de raison d'essayer de créer de la confusion et de dresser les Français les uns contre les autres à l'occasion de polémiques totalement déplacées, instrumentalisées et qui montrent bien le vrai visage du Front national.
PASCAL JALABERT
Oui, on a quand même l'impression que les gouvernements sur le voile en général et sur tous ces signes extérieurs de religion louvoient un peu, laissent les directeurs d'établissement à leurs responsabilités. Est-ce qu'il ne va pas falloir légiférer ?
ADRIEN TAQUET
En 1995 de mémoire, BAYROU avait émis une circulaire pour justement accompagner les directeurs d'établissements dans les positions, les décisions qu'ils devaient prendre. Vous savez, le président de la République a été relativement clair, c'est la loi de 1905, rien que la loi de 1905. Donc il y a une liberté de conscience dans ce pays. Chacun a le droit dans son intimité d'exercer, d'avoir ses croyances, d'exercer sa profession ; dès que cela rentre dans la sphère de la puissance publique, il y a une obligation de neutralité mais quand on est accompagnant scolaire ou quand on vient assister à une séquence du conseil régional, ce que je trouve plutôt une bonne chose – enfin, moi, j'ai été ravi de voir qu'il y avait des enfants dans une tribune d'une session du conseil régional, je ne suis pas sûr que ça arrive très souvent. Moi, j'ai envie de souligner ça, de montrer, de souligner le fait que les enfants viennent assister à cela. C'est un exercice de démocratie auquel ils ont pris part et qui a été gâché une fois encore par la démagogie d'élus du Front national.
ORIANE MANCINI
Mais en un mot, est-ce que ce n'est pas donner trop de responsabilités aux directeurs d'école, aux responsables d'établissement que de dire « ce n'est pas souhaitable, c'est à eux de gérer, il faut qu'il y en ait le moins possible » ?
ADRIEN TAQUET
Je ne pense pas que l'on dise cela. Je pense que Jean-Michel BLANQUER et l'administration de l'Education nationale accompagnent les directeurs d'établissement, à la fois en émettant un certain nombre de règles pour les aider à prendre des décisions et je pense que quand il y a eu …enfin, je pense, je sais que quand ils sont face à une situation complexe, car ces situations sont complexes, toujours – ce serait trop simple, ce n'est pas blanc et noir – quand ils sont face à des situations complexes, il y a des ressources au sein de l'Education nationale pour accompagner les directeurs au quotidien pour faire face à ces situations.
ORIANE MANCINI
Un mot sur l'autre actualité, c'est cette attaque turque dans le Nord-est de la Syrie, il y a un risque de résurgence de Daesh. La France se dit inquiète de cette fuite de membres de proches de Daesh. Cette attaque, elle relance aussi la question des djihadistes français détenus en Syrie et la question particulièrement vous concernant de ces enfants djihadistes. Qu'est-ce qu'on fait avec les enfants djihadistes, Adrien TAQUET ?
ADRIEN TAQUET
Il y a la question effectivement sécuritaire puisque les Kurdes avaient la responsabilité effectivement d'un certain nombre de lieux de détention et puis par ailleurs, de camps pour des djihadistes et face à l'offensive turque qui avance, il y a un risque que les personnes soient libérées, faisant porter un risque sécuritaire sur notre pays, donc il y a une préoccupation qui est grande. Et puis, il y a une préoccupation grande également et le président de la République l'a exprimé hier pour le risque humanitaire, de grandes craintes face au sort des populations civiles, qu'elles soient kurdes ou étrangères qui sont retenues là-bas car elles restent des populations civiles, je pense notamment aux enfants. Eh bien, écoutez, il faut appeler la Turquie comme nous l'avons fait à revoir les positions qui sont les siennes, qui nous inquiètent. Il faut qu'on …une attention très particulière.
ORIANE MANCINI
Mais est-ce qu'il n'y a pas une certaine impuissance de …
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, vous savez ce qu'il en est des relations et des affaires diplomatiques dans ce genre de cas. La France est mobilisée, le gouvernement l'est. Il y a eu un conseil de sécurité de défense hier à 22 heures, convoqué par le président de la République, nous suivons la situation au plus près et la France …
ORIANE MANCINI
…mais qui révèle l'impuissance de la France, quand on voit les mesures qui sont sorties, les déclarations à l'issue de ce conseil de défense ?
ADRIEN TAQUET
Vous savez que ce n'est pas la France qui réglera toute seule ce genre de situation. La France s'évertue à être moteur, leader au plan international afin qu'une solution internationale – car c'est uniquement dans ce cadre-là que ça pourra être trouvé – qu'une action puisse être menée afin de ramener la Turquie à de meilleures intentions et de faire en sorte que les populations civiles sur place soient protégées le plus possible.
PASCAL JALABERT
Vous rapatriez des enfants de nationalité française régulièrement ces derniers temps ?
ADRIEN TAQUET
Aujourd'hui, ça se fait au cas par cas. C'est la doctrine que nous avions établie. Vous savez, là aussi, la situation n'est pas soit blanche ou noire. Vous avez des situations différentes, vous avez des enfants qui sont orphelins, vous avez des enfants à qui il reste seulement un des deux parents. Vous avez des enfants qui sont pris en charge par d'autres familles d'une autre nationalité sans qu'on le sache véritablement. Vous avez des mères qui souhaitent que leur enfant rentre, d'autres qui souhaitent rester auprès de leur enfant alors qu'elles-mêmes sont en détention ou en attente d'être jugées là-bas. Vous avez des relations diplomatiques par ailleurs qui sont extrêmement évidemment complexes, voire inexistantes avec un certain nombre de parties et de zones là-bas, tout ça pour vous dire que cela implique une gestion au cas par cas. C'est ce que nous avons fait jusqu'à présent et un certain nombre d'enfants effectivement quand les conditions le permettaient, quand c'était pour leur bien, sont rentrés en France, ont été pris en charge à la fois d'un point de vue somatique, psychologique parce qu'on peut imaginer ce que ces enfants ont vécu là-bas, puis pris en charge par l'aide sociale à l'enfance.
ORIANE MANCINI
Vous avez un chiffre à nous communiquer de nombre d'enfants qui ont été … ?
ADRIEN TAQUET
Non, il n'y a pas de chiffres sur lesquels on communique mais il y en a plusieurs dizaines qui sont rentrés ces deux dernières années, oui.
ORIANE MANCINI
Ces deux dernières années et récemment, ces dernières semaines ?
ADRIEN TAQUET
Il y en a qui sont rentrés ces dernières semaines, oui.
ORIANE MANCINI
Un mot sur la question – là, on parle des enfants djihadistes – mais la question de la radicalisation qui a été remise en lumière une fois de plus par cette attaque au couteau à la préfecture de police de Paris. Est-ce que vous, vous constatez une radicalisation qui s'accentue dans les lieux accueillant des enfants, les écoles, les centres de loisirs ?
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, ce n'est pas des choses qui nous sont remontées particulièrement. Nous, ce qui nous remonte, c'est des situations dans les familles, de carences éducatives, de violences parfois mais qui sont liées à des contextes généralement autres, des vulnérabilités de toutes natures que nous essayons d'accompagner, nous essayons de prévenir parce que moi, je crois beaucoup à la prévention, en matière de protection de l'enfance et en beaucoup de matières en réalité, la prévention et l'éducation peuvent faire beaucoup mais pas de remontées à ce stade de signes de radicalisation. D'autres phénomènes de société que l'on peut voir émerger …
ORIANE MANCINI
Lesquels ?
ADRIEN TAQUET
Je pense notamment dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance et des foyers d'enfance, développement de la prostitution infantile. Ça, c'est un autre sujet auquel nous allons nous atteler.
PASCAL JALABERT
Alors, justement, vous allez présenter votre plan de protection de l'enfance. Est-ce que vous pouvez nous en donner les grandes lignes ?
ADRIEN TAQUET
Oui, alors, effectivement, cet après-midi, on va présenter notre stratégie de prévention et de protection de l'enfance. Donc c'est vraiment la réforme de l'aide sociale à l'enfance, à notre système institutionnel de protection de l'enfance, qui est mise en oeuvre par les départements, c'est une compétence départementale, c'est important de le rappeler.
ORIANE MANCINI
Vous allez d'ailleurs le présenter dans le département du Nord.
ADRIEN TAQUET
Absolument, nous allons chez Jean-René LECERF. Ecoutez, c'est à la fois une stratégie sans précédent de par la concertation qui a eu lieu, ça fait six mois de concertation avec l'ensemble des prises de parole, des groupes de travail, des jeunes consultés, etc., de par les moyens mobilisés, on y reviendra, l'ampleur des mesures et puis aussi sans précédent parce que – et c'est dans le titre – il y a bien, et je l'évoquais à l'instant, c'est une stratégie de prévention et de protection de l'enfance. Je pense qu'il y a la nécessité de prendre un véritable virage préventif. Aujourd'hui, les 8 milliards d'euros que représente l'aide sociale à l'enfance, vous en avez 6 milliards qui sont, qui portent sur le placement, c'est-à-dire une fois que l'on place l'enfant. Je pense que l'on peut remettre un peu le curseur vers l'amont et dans la ligne de ce que promeut ce gouvernement et en particulier Agnès BUZYN au sein du ministère des Solidarité et de la Santé, il faut qu'en France, on insiste et on investisse davantage sur la prévention. Donc à la fois, une stratégie de grande ampleur mais aussi une stratégie du « dernier kilomètre ». Cette expression qui importe tant et à raison au président de la République, vous savez, vous avez une sénatrice ici, Laurence ROSSIGNOL, qui avait porté avec Michelle MEUNIER, deux sénatrices, une grande loi de la protection de l'enfance en 2016, c'était assez récent. C'est une loi importante qui a remis le curseur au bon endroit à un certain nombre d'égards. Aujourd'hui, on voit trois ans après que dans l'exécution, dans la réalité, dans le quotidien des enfants, il y a un certain nombre de choses qui ne vont pas, qui ne se sont pas améliorées.
ORIANE MANCINI
On a bien compris la philosophie de votre stratégie. Est-ce que vous pouvez nous donner les mesures que vous allez mettre en place qui seront annoncées ?
ADRIEN TAQUET
Alors, il y a énormément de mesures mais très brièvement donc …
ORIANE MANCINI
Allez-y, vous avez un peu de temps !
ADRIEN TAQUET
Oui, oui, le premier axe, non mais il y a quatre grands axes. Le premier axe, c'est donc agir le plus précocement possible. C'est le volet prévention. On veut notamment généraliser tout ce qui est entretien prénatal précoce, s'assurer de la systématisation des bilans de santé …
ORIANE MANCINI
Généraliser, ça veut dire rendre obligatoire pour être clair ?
ADRIEN TAQUET
Alors, absolument, le rendre obligatoire et faire en sorte qu'il le soit à horizon 2022 et alors, là, on va retrouver un autre acteur important au sein de ses murs, en particulier c'est la PMI, la Protection maternelle et infantile, qui est là aussi de la responsabilité des départements, institution à laquelle je crois beaucoup, qui est confrontée à de nombreux défis dans un certain nombre de territoires et l'Etat veut accompagner les départements pour refaire de la PMI cet outil formidable qu'il a été dans l'après-guerre. Bon. Agir le plus précocement possible.
Le deuxième volet de notre stratégie, c'est sécuriser les parcours. Vous avez des gamins qui sont ballotés, vous avez des gamins dont le début de la vie a été assez ballotée, voire assez traumatisante quand ils rentrent dans le parcours de l'aide sociale à l'enfance, il y a encore 6 ou 7 changements de lieu en moyenne, c'est des gens …des enfants qui connaissent des ruptures nombreuses dans leur parcours avec une population parmi eux qui en connaissent d'autant plus, ce sont les enfants en situation de handicap. 25% des enfants pris en charge par l'aide sociale à l'enfance ont une reconnaissance MDPH, c'est-à-dire sont en situation de handicap. Ce sont ces enfants qui sont au croisement du social et du médico-social et dans un pays comme la France qui aime bien fonctionner en silo, quand vous êtes au croisement de politiques publiques, eh bien, vous tombez dans le trou qui se trouve au milieu des deux. Il faut que nous inventions une nouvelle façon de prendre en charge ces enfants. Vous avez un certain nombre d'enfants qui sont déscolarisés : avec Jean-Michel BLANQUER que vous évoquiez tout à l'heure, nous avons travaillé à mettre en place pour ces enfants-là des dispositifs qui évitent la déscolarisation.
Troisième aspect : la parole des enfants. Globalement dans notre pays, et en particulier dans notre système de protection de l'enfance mais globalement dans notre pays, il faut que l'on entende davantage la parole des enfants, qu'on la prenne davantage en considération. Ça vaut pour tout ce qui est élaboration de nos politiques publiques. Il faut en local dans les observatoires départementaux de protection de l'enfance, il faut que dans les conseils de vie sociale qui sont dans les foyers, il faut que les enfants aient leur place, qu'on écoute leur parole. Et puis dans leur quotidien il faut qu'on écoute leur parole aussi ; un enfant aujourd'hui, l'aide sociale à l'enfance, quand il dit « je vais aller à une soirée pyjama avec mes copains » ou « je veux partir en classe verte dans mon école », eh bien, il ne peut pas parce que c'est un acte considéré comme des actes non usuels. Et il faut donc l'accord des parents. Alors, il ne peut pas, il peut mais c'est conditionné à l'accord des parents qui, souvent, n'arrive pas.
ORIANE MANCINI
Qu'est-ce que vous allez faire ?
ADRIEN TAQUET
Nous allons revoir la définition et la frontière entre acte usuel et acte non usuel pour que le quotidien de ces enfants redevienne le quotidien juste de gamin de leur âge. Ces enfants-là, ils ne demandent, j'en suis convaincu, rien d'autre que d'être des enfants comme les autres et ce que nous leur devons, c'est de faire en sorte qu'ils soient des enfants comme les autres.
PASCAL JALABERT
Beaucoup de parents s'inquiètent que leurs enfants aient accès via les réseaux sociaux, via Internet à des scènes à caractère violent ou pornographique ; que proposez-vous pour lutter contre cela ?
ADRIEN TAQUET
Alors, ça, ce n'est pas dans le cadre de ce qu'on va annoncer cet après-midi mais ça fera l'objet d'annonces en novembre prochain, le 20 novembre prochain, ça sera le trentième anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant, la convention aux Nations unies qui est le texte fondateur, central, fondamental en matière de droit des enfants. Ça sera l'occasion pour nous de présenter un grand plan de lutte contre les violences faites aux enfants, violences qu'elles soient psychiques, physiques, sexuelles. L'idée est véritablement de garantir un maximum de sécurité aux enfants en tout lieu, à tout moment, dans leur famille, dans les institutions, dans leurs loisirs. Vous avez des gamins qui vont faire du sport ou qui vont au conservatoire de musique tous les mercredis après-midi et tous les samedis, il y a des bénévoles si sont là, que sait-on de ces bénévoles ? Nous travaillons avec Roxana MARACINEANU sur le sujet et puis sur le numérique car à l'école, harcèlement, cyber-harcèlement, on travaille à des choses avec Jean-Michel BLANQUER, il a déjà annoncé un certain nombre de dispositions et puis, sur le numérique, vous l'évoquiez. Effectivement, 50% des gamins dans notre pays de 11 ans ont déjà vu du matériel pornographique. Quand on a 11 ans, quand on a 10 ans, voir du porno, c'est une violence, c'est une forme de violence qui n'est pas acceptable. Donc face à cela, le sujet est complexe. Tous les pays y réfléchissent depuis vingt ans et personne n'a trouvé la formule magique. Nous faisons deux choses. La première, nous avons mis autour de la table depuis quelques mois l'ensemble des acteurs, les fournisseurs d'accès, les grandes plates-formes, les réseaux sociaux, et puis, bien évidemment toutes les associations et nous avons rédigé ensemble, elle est en cours de finalisation, une charte d'engagement qui impose notamment à l'ensemble des acteurs où qu'ils se trouvent dans la chaîne – fournisseur d'accès, moteur de recherche, réseau social – de mettre en place un contrôle parental gratuit à disposition des parents. Par ailleurs, il y a un deuxième axe important, c'est tout ce qui est formation, sensibilisation des professionnels d'une part et des parents d'autre part. La réponse à ce sujet, elle est collective, il faut que chacun y prenne sa part. Moi, je ne veux pas qu'on mette toute la responsabilité sur les parents même s'il est vrai que si les parent que nous sommes – je ne sais pas si vous êtes parents, moi, je le suis – si déjà on mettait le contrôle parental sur l'ensemble de nos téléphones, tablettes et autres, 95% probablement du sujet serait résolu. Pour autant, je pense que tout le monde doit être responsabilisé et c'est la raison pour laquelle nous avons mandaté avec Cédric O l'inspection générale des finances pour nous faire un petit peu un état des lieux dans le monde de toutes les solutions techniques notamment qui pourraient exister pour restreindre l'accès des mineurs à la pornographie et il y a une piste – je ne sais pas si c'est celle-là qui sera finalement retenue – mais autour du contrôle parental et l'éventualité d'être en mesure de mettre par défaut des contrôles parentaux. Voilà, donc ça, on aura, cette mission va nous rendre ses conclusions début novembre et donc fin novembre dans le cadre de notre plan de lutte contre les violences faites aux enfants, il y aura ce volet pornographie.
ORIANE MANCINI
Pour revenir à votre stratégie nationale de protection de l'enfance, vous nous avez présenté les mesures. Ça demande des moyens. Quels seront les moyens qui seront mis sur la table par le gouvernement ?
ADRIEN TAQUET
Alors, écoutez, il y aura au PLF, inscrit au PLF et au PLFSS, 80 millions …
ORIANE MANCINI
C'est le budget !
ADRIEN TAQUET
Oui pardon … Le budget, non mais vous avez raison, le budget et le budget de la Sécurité sociale de l'autre, qui sont donc deux budgets présentés différents, différemment en tout cas 80 millions d'euros supplémentaires pour cela. Par ailleurs, moi …
ORIANE MANCINI
Qui seront répartis comment ? Je crois que c'est 50 millions pour le budget et 30 millions dans le budget de la Sécu.
ADRIEN TAQUET
Absolument, étant entendu par ailleurs que moi, mon boulot en réalité est très interministériel, vous l'avez bien compris. On a parlé de Roxana MARACINEANU aux Sports, on a parlé de BLANQUER, on a parlé …On parle de la Justice, bref et au final, ce que le gouvernement va mobiliser cette année pour l'enfance et pour la protection de l'enfance va au-delà de ces 80 millions. Vous avez dans la stratégie de santé mentale que nous défendons avec Agnès BUZYN 20 millions d'euros qui vont être attribués d'ici la fin de l'année pour la pédopsychiatrie, la pédopsychiatrie dans un état désastreux dans notre pays et en souffrent beaucoup d'enfants de la protection de l'enfance. Dans le cadre de la stratégie de l'Outre-mer d'Annick GIRARDIN, il y a un volet, - je ne peux pas vous en donner les montants pour l'instant – mais il y aura des mesures spécifiques dédiées à l'Outre-mer. Dans un autre cadre, qui est plus lié à la réforme de l'ordonnance de 1945 menée par Nicole BELLOUBET, donc plutôt sur le volet pénal cette fois-ci toujours est-il qu'elle a annoncé la création de 70 postes de juges des enfants et de 200 greffiers. Donc vous voyez, une mobilisation générale.
ORIANE MANCINI
Mais en tout cas dans l'immédiat, vous nous dites 50 millions dans le budget qui sera présenté…
ADRIEN TAQUET
Et 30 millions au PLFSS, voilà.
ORIANE MANCINI
…et 30 millions dans le PLFSS. Juste, vous allez le présenter dans le département du Nord, donc on imagine que vous allez présenter un pacte avec les départements. Comment ça va se passer ? C'est sous forme de contractualisation ?
ADRIEN TAQUET
Absolument. Vous le savez, la protection de l'enfance, l'aide sociale à l'enfance, c'est une des compétences sociales qui a été décentralisée au profit des départements. Donc la méthode que nous avons choisie, elle repose sur deux éléments : effectivement, la contractualisation dans la lignée de ce qui a été fait sur le plan Pauvreté, donc nous allons contractualiser avec les départements, se fixer des objectifs très précis avec des études d'impact et on va regarder ces objectifs. L'objectif de la contractualisation, c'est aussi, c'est respect de la libre administration des collectivités territoriales évidemment, il n''est plus question de retomber dans ces vieux débats de répartition de compétences mais moi, j'ai un enjeu aussi 1) d'améliorer la qualité de prise en charge des gamins et deuxièmement, de faire converger les pratiques ; il y a un peu trop de disparités territoriales.
PASCAL JALABERT
Justement, il y a aussi des disparités, des inégalités de traitement entre des départements qui ont les moyens et les autres ? Comment vous allez faire jouer ? Il y aura une péréquation de solidarité ?
ADRIEN TAQUET
Vous avez raison, ce que vous dites parce que effectivement et c'est le deuxième élément que je voulais évoquer, contrairement au Plan pauvreté, mais qui avait sa logique propre, il n'y a pas ... c'est mieux d'un côté ou de l'autre, ce n'est pas du tout l'objet amis en tout cas, le choix que nous avons fait, c'est de ne pas contractualiser avec l'ensemble des départements, éviter un peu un effet saupoudrage, intensifier les moyens là où il y en a le plus besoin. Donc en première année, nous allons contractualiser qu'avec un tiers des départements environ pour justement mettre le paquet, en quelque sorte, permettez-moi l'expression sur les endroits où il y a le plus de difficultés et ou aussi, on a des départements qui sont plus volontaristes. L'Etat ne va pas aider financièrement les départements qui ne veulent pas fondamentalement jouer le jeu sur la protection de l'enfance qui est une compétence obligatoire, je le rappelle. Donc on va investir, sur-investir massivement là où il y en a le plus besoin justement pour 1) faire face aux urgences parce que c'est des gamins quand même derrière, rappelons-le, et deuxièmement, pour essayer justement de faire converger les situations et les pratiques. Et puis, 2021, 30 départements supplémentaires, donc montée en charge financière, budgétaire et 2022, élargissement à l'ensemble du territoire.
ORIANE MANCINI
Dans cette émission, vous savez, on donne la parole aux téléspectateurs, aux gens qui nous regardent sur les réseaux sociaux pour vous poser une question. On va regarder ce qu'ils vous ont demandé.
C'est une question qui revient sur ce qu'on disait en début d'émission sur cette question de l'islam, des mères voilées. C'est une déclaration de Jean-Michel BLANQUER hier qui a fait beaucoup réagir quand il dit qu'un petit garçon qui ne veut pas prendre la main d'une petite fille dans une école, eh bien, on doit le signaler et ce téléspectateur nous demande : est-ce que c'est ça l'idée que se fait La République en Marche de la République ?
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, moi, pour les enfants, il faut toujours peut-être tempérer un peu les choses. Il s'agit d'enfants.
ORIANE MANCINI
Donc Jean-Michel BLANQUER est allé trop loin ?
ADRIEN TAQUET
Non et puis, je n'ai pas entendu Jean-Michel BLANQUER, je n'ai pas entendu sa déclaration. Je pense que ce que Jean-Michel BLANQUER a essayé de dire, c'est qu'il faut être attentif, c'est peut-être aussi un peu cette société de vigilance qu'en appelait le président de la République de ses voeux ; c'est peut-être un signe qu'il faut prendre en considération parmi d'autres, tel un faisceaux d'indices, pour autant, on ne va pas aller signaler, dénoncer un enfant qui ne voudrait pas donner la main à sa camarade, je pense que ça irait un peu trop loin mais moi, je fais une grande confiance à l'Education nationale et aux professionnels de l'Education nationale. Enfin, c'est tout le rôle de l'Education nationale justement d'accompagner les enfants face à ce genre de situation, et essayer peut-être de leur faire comprendre que le vivre ensemble dans notre République, mais j'ai envie de dire au-delà, ça ne peut pas passer par ce genre de comportement avec ses petits camarades…
ORIANE MANCINI
Allez, un mot rapidement pour parler de politique, vous évitez avec Stanislas GUERINI ce week-end, faire le tour de France des projets, ce matin, Cédric VILLANI, dans Le Parisien dit qu'il ira jusqu'au bout. Est-ce que vous êtes condamné à la division à Paris ?
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, moi, je veux croire que non, je connais bien et l'un et l'autre, vous le savez, je suis très proche, moi, de Benjamin GRIVEAUX qui pour moi est vraiment un candidat, le candidat qu'il nous faut, et parce qu'il a été désigné par la CNI, et moi, je suis assez légaliste, enfin, CNI qui m'avait aussi désigné en tant que député, donc voilà…
ORIANE MANCINI
La Commission Nationale d'Investiture…
ADRIEN TAQUET
Pardon, la Commission National d'Investiture, excusez-moi pour les acronymes ce matin. Et puis, par ailleurs, parce que je sais à quel point depuis dix-huit mois Benjamin travaille, et à chaque fois, je discute avec lui d'un sujet sur Paris, que ça soit sur l'enfance d'ailleurs où il y a beaucoup de problématiques…
ORIANE MANCINI
Donc vous dites à Cédric VILLANI qu'il n‘a pas été désigné, qu'il doit se retirer ?
ADRIEN TAQUET
Mais je dis à Cédric VILLANI qu'il est encore temps de nous rejoindre, qu'on a un très bon candidat, qui a bossé le sujet, qui connaît le terrain, qui arpente tous les jours, et qu'ils feraient tous les deux une très, très bonne équipe. Enfin, moi, je n'ai en tout cas aucun doute sur le fait que Benjamin est le candidat qu'il nous faut et qu'il a une vraie vision pour Paris.
PASCAL JALABERT
Au-delà de Paris, on a du mal à lire la stratégie de La République En Marche, un coup, on adoube un maire déjà en place d'un autre parti, un coup, on y va en autonome, un coup, le national dit quelque chose, le local dit autre chose ; quelle est votre stratégie globale, vous voulez gagner des villes ou vous voulez juste avoir des élus ?
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, rappelons-nous deux choses, d'une part, que nous sommes un jeune mouvement, nous avons trois ans. Et que nous avons très peu d'historique sur cette élection municipale, et pour cause, nous n'avons pas d'élus ou que très peu, de gens qui nous ont rejoints, mais je crois que c'est à peu près 2.000. Et la seconde chose, c'est qu'au-delà de la lecture que vous ferez, on vous connaît, le soir…
PASCAL JALABERT
On ouvre un peu le bal…
ADRIEN TAQUET
Mais si, vous allez regarder les grandes villes, et vous allez juger aux prises de paroles. Moi, franchement, pour moi, je vous le dis en toute sincérité, ce passage-là des élections municipales ne peut qu'être un progrès pour La République En Marche. Enfin, rendez-vous compte, non, mais il y a trois ans, nous n'existions pas. Au soir de l'élection municipale, nous aurons des élus, des milliers d'élus aux quatre coins du territoire, c'est une étape importante…
PASCAL JALABERT
Donc l'objectif, c'est d'avoir des élus municipaux…
ADRIEN TAQUET
C'est une étape importante, eh bien, l'objectif, c'est de nous enraciner dans les territoires. L'objectif, c'est d'être au plus près des préoccupations des Français pour pouvoir répondre dans leur quotidien. Oui, c'est ça l'objectif.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup, merci Adrien TAQUET d'être venu ce matin, et de nous avoir présenté les grandes mesures de cette stratégie nationale de protection de l'enfance. Vous irez donc dans le Nord cet après-midi pour en parler. Merci beaucoup.
ADRIEN TAQUET
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 octobre 2019