Texte intégral
LORRAIN SENECHAL
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
LORRAIN SENECHAL
Le trafic SNCF est quasiment normal ce matin, en tout cas sur les TGV et les OUIGO, 3 TER sur 4 et 2 INTERCITES sur 3. C'est un mouvement surprise, qui est parti d'un accident de TER dans les Ardennes avec un conducteur qui était seul à bord, qui s'est d'ailleurs blessé, qui a dû gérer toute cette situation, « dangereux » disent les syndicats, qui justifient leur droit de retraite, et au contraire Edouard PHILIPPE, le Premier ministre, parle d'un détournement de ce droit de retrait. Est-ce que vous êtes d'accord avec le chef de votre gouvernement ?
GABRIEL ATTAL
Oui, le Premier ministre a très bien résumé les choses. Il y a eu un accident, et il faut saluer d'ailleurs le courage et la réaction du chauffeur de ce TER qui a du comment réagir, qui a évité que l'accident soit beaucoup plus grave, mais on voit bien qu'un syndicat notamment, peut-être des syndicats, ont pris appui sur cet accident pour, 48 heures après, engager ce qu'ils ont appelé un droit de retrait, avec des conducteurs qui ne circulent pas du tout sur des trains qui sont les mêmes que celui qui a connu cet accident, c'est-à-dire des TER, des OUIGO, des TGV, et qui derrière un prétendu droit de retrait ont en fait engagé une grève sans préavis, qui est tombée sur des familles qui, pour le premier jour des vacances, partaient en vacances. Les trains qui ont été les plus impactés c'est en plus les OUIGO, donc on sait que c'est les trains pour lesquels des voyageurs ont pris leur billet à l'avance, c'est des trains dont les billets coûtent moins cher que les autres…
LORRAIN SENECHAL
Donc qui s'adressent à un public plus populaire.
GABRIEL ATTAL
Eh bien oui, c'est toujours les mêmes qui trinquent. Vous savez, quand il y a des grèves sur les RER ou en région parisienne, eh bien c'est toujours ceux qui se lèvent tôt le matin pour aller au travail qui trinquent, là c'est encore des personnes qui n'ont pas énormément de moyens, qui avaient réservé à l'avance leur billet, et qui se sont retrouvées dans la panade, et ça ce n'est pas acceptable.
LORRAIN SENECHAL
Alors, tout le monde sera remboursé a déjà dit sur France Info Guillaume PEPY le patron de la SNCF, y compris ceux qui avaient des billets OUIGO, qui normalement ne sont pas remboursables. Mais ça veut dire quoi, ça veut dire que les syndicats, selon vous, se saisissent d'un événement, cet accident mercredi dernier dans les Ardennes, pour refaire le match, finalement, d'il y a quelques mois, au moment où vous avez passé la loi sur la privatisation de la SNCF ?
GABRIEL ATTAL
Oui, le match d'il y a quelques mois, peut-être le match des prochains mois, je ne sais pas, en tout cas il faut bien distinguer deux choses. Evidemment que, quand il y a un accident, comme celui qui a eu lieu, il faut regarder ce qui s'est passé et adapter évidemment si besoin les conditions de sécurité…
LORRAIN SENECHAL
Justement, les syndicats disent c'est dangereux d'être tout seul à bord.
GABRIEL ATTAL
Mais, pour ça, il y a le dialogue social, il y a la discussion entre la direction et les syndicats, il peut y avoir une grève, mais dans ces cas-là il y a un préavis de grève, qui permet aux voyageurs de prendre leurs dispositions pour ne pas être impactés trop durement dans leur quotidien, et ça, ça n'a pas été respecté, et ça je le dénonce.
RENAUD DELY
Justement Gabriel ATTAL, vous dénoncez le comportement des syndicats, je vous propose d'écouter l'une de ces syndicalistes, quand on lui dit « est-ce que c'était une grève déguisée qui s'est produite ce week-end ? », voici ce que répond Fanny ARAV, qui est la porte-parole de l'UNSA-Ferroviaire.
FANNY ARAV, PORTE-PAROLE DE L'UNSA-FERROVIAIRE (CE MATIN SUR FRANCE INFO)
Absolument pas, je maintiens la définition de droit de retrait, qui est un droit de retrait individuel, pour une cause sérieuse qui est l'inquiétude des agents par rapport à cet accident où un agent, comme vous l'avez dit, donc le conducteur s'est retrouvé seul et a dû parcourir 1,5 kilomètre blessé pour faire toute la signalisation nécessaire.
RENAUD DELY
Les syndicats, dont la porte-parole de l'UNSA, qui était l'invitée de France Info ce matin, maintiennent que c'était un droit de retrait, vous dites, vous, c'était une grève déguisée, si c'était une grève déguisée, est-ce qu'il faut sanctionner ces grévistes ?
GABRIEL ATTAL
Oui, je pense qu'il faut qu'il y ait des retenues sur salaire dans le cas où, c'est évidemment considéré comme une grève déguisée. Encore une fois, moi je ne balaye pas ce qui s'est passé…
RENAUD DELY
Mais vous, vous souhaitez des sanctions, le gouvernement souhaite des sanctions à l'endroit des grévistes ?
GABRIEL ATTAL
Ça a été annoncé par le Premier ministre, par le secrétaire d'Etat, Guillaume PEPY aussi…
LORRAIN SENECHAL
Au-delà des retenues de salaire, parce que finalement une retenue de salaire c'est normal quand on fait grève que de ne pas être payé, il faut aller au-delà ?
GABRIEL ATTAL
Oui, mais encore faut-il que ce soit considéré comme une grève, et là ça sera, je crois, regardé dans les jours qui viennent. Mais, encore une fois, j'entends cette syndicaliste qui parle de décisions individuelles, on voit bien qu'il y avait un cadre collectif de péril imminent sur les personnes, c'est arrivé 48 heures après qu'il y ait eu l'accident, et encore une fois, la plupart des conducteurs qui ont exercé ce soi-disant droit de retrait n'étaient pas concernés par cet accident puisqu'ils roulent sur d'autres trains que celui qui a été concerné.
RENAUD DELY
Le conducteur de ce train qui a eu un accident en Champagne-Ardenne était donc seul à bord, les syndicats réclament le retour de davantage de personnels, et notamment de contrôleurs à bord des trains, pour que les conducteurs ne soient plus seuls. Est-ce qu'il faut remettre des contrôleurs dans les trains ?
GABRIEL ATTAL
Mais ça, ça fait partie des discussions entre syndicats et direction qui doivent se tenir, moi je ne suis pas un spécialiste des questions de transport, ce que je sais, pour avoir entendu Guillaume PEPY s'exprimer sur le sujet, comme secrétaire d'Etat, c'est que ça fait 10 ans qu'on a ce système dans un certain nombre de régions, de conducteurs seuls à bord, que c'est un système qui est utilisé dans beaucoup de pays européens, puisque maintenant vous savez que les billets sont contrôlés à l'entrée avec des portiques, et donc voilà, je ne pense pas, on ne découvre pas tout d'un coup…
RENAUD DELY
Et il n'y a pas de problème aujourd'hui…
GABRIEL ATTAL
Non, mais je dis qu'on ne découvre pas tout d'un coup ce système. Il peut y avoir des enjeux de sécurité…
RENAUD DELY
Mais on ne découvre pas non plus peut-être une dégradation du service ?
GABRIEL ATTAL
Mais il y a peut-être d'autres adaptations à faire, sur la sécurité, que celle-là, encore une fois ça doit être la discussion entre les syndicats et la direction, je crois qu'il y a des réunions importantes qui doivent se tenir à la fin de la semaine, je crois par ailleurs que le dialogue social ne s'est pas arrêté, qu'il y a des réunions qui se sont tenues, donc il faut regarder tous les sujets.
LORRAIN SENECHAL
Oui, dès vendredi des réunions se sont tenues entre syndicats et direction, mais est-ce que cet événement, le fait qu'il y ait eu cette grève surprise disons, et le fait que maintenant vous et le gouvernement vous réclamiez des sanctions, ça ne risque pas de rendre le dialogue encore plus compliqué, alors qu'il y a, vous le disiez tout à l'heure, cet appel à la grève le 5 décembre prochain à la RATP et dans tous les transports en France ?
GABRIEL ATTAL
S'il y a des personnes qui considèrent que le dialogue n'est pas nécessaire c'est peut-être ceux qui annoncent déjà une grève plusieurs mois à l'avance. Vous aurez entendu que moi, dans mon expression ce matin, et je crois que c'est pareil pour les autres membres du gouvernement qui se sont exprimés, il y a une volonté de poser tout sur la table, y compris sur les enjeux de sécurité, mais il faut faire la part des choses. Il y a des enjeux très concrets de sécurité pour les conducteurs et pour les passagers qui doivent être tenus, et ça fait l'objet des discussions classiques dans une entreprise comme la SNCF, et puis après il y a l'enjeu du droit de retrait qui ne doit pas être détourné pour engager une action spectaculaire le jour des vacances, et encore une fois que ce soit toujours les mêmes qui trinquent.
LORRAIN SENECHAL
Mais ça ne va pas compliquer le dialogue, encore une fois, alors que la réforme des retraites, qui inquiète énormément de Français, est en train d'être négociée en ce moment ?
GABRIEL ATTAL
Encore une fois, nous on a une volonté de dialogue permanente, et précisément sur la question de la réforme des retraites il y a des groupes de travail, il y a des discussions qui ont lieu, depuis maintenant plusieurs semaines, Jean-Paul DELEVOYE avait engagé son rapport, avait déjà échangé avec les syndicats, ces discussions elles vont se poursuivre, il y a tout un enjeu sur la transition…
RENAUD DELY
Elles vont se poursuivre plus spécifiquement notamment les personnels de la SNCF en vue de l'échéance de ces grèves annoncées pour le mois de décembre ?
GABRIEL ATTAL
Mais bien sûr.
RENAUD DELY
Dialoguer c'est bien, mais est-ce qu'il ne faut pas annoncer, commencer à annoncer, peut-être davantage de personnels ou un effort financier ?
GABRIEL ATTAL
Vous savez, sur la question des retraites, si on commençait à annoncer des choses, ça voudrait dire que le dialogue ne sert à rien. Il y a une concertation, il y a un échange avec les syndicats qui doit nous mener jusqu'à la fin de l'année, parce que spécifiquement quand on est sur des régimes spéciaux, c'est-à-dire des personnels qui ont un régime spécifique de retraite, des droits spécifiques, et que notre objectif c'est d'aller vers une convergence, on sait que c'est ces personnels-là qui sont les plus concernés par la bascule et le nouveau système, et donc il faut discussion spécifique avec eux. C'est ce qui a été engagé, c'est ce qui va se poursuivre dans les mois qui viennent.
RENAUD DELY
Donc ce n'est pas encore tranché, qui pourrait aller plutôt dans la direction d'un report de la mise en application de la réforme des retraites, pour la SNCF ?
GABRIEL ATTAL
Non, je ne crois pas. Encore une fois, toute la question c'est celle de la transition, et là-dessus le Premier ministre a été très clair, dès la remise du rapport Delevoye il a dit qu'il y avait un enjeu sur un certain nombre de publics, notamment celui des cheminots, celui de la SNCF, sur la transition, c'est quoi le calendrier de transition vers le nouveau système. Là-dessus il n'y a pas de nouveauté, et c'est ça qui doit être discuté.
LORRAIN SENECHAL
Il pourrait y avoir une entrée en vigueur, en fait, différente selon les métiers. Gabriel ATTAL est notre invité ce matin sur France Info, on va parler du Service National Universel dans un instant juste après l'info à 8h40.
(…)
LORRAIN SENECHAL
Gabriel ATTAL, secrétaire d'Etat à la Jeunesse, est notre invité ce matin. Vous êtes en train de mettre en oeuvre le Service National Universel, c'est ce qui est censé combler le vide en quelque sorte, laissé par le service militaire, il faut que la société fasse corps, c'est un peu l'idée. Il y a eu la première phase de cohésion cet été, en juin, 2000 jeunes reçus dans une quinzaine de centres partout en France, et aujourd'hui c'est la mission d'intérêt général qui commence pour la moitié d'entre eux, un millier de jeunes donc. Ça va consister en quoi cette mission d'intérêt général, ils seront sur le terrain, c'est ça, ces jeunes ?
GABRIEL ATTAL
Cette mission d'intérêt général, qui débute aujourd'hui pour la majorité des jeunes du Service National Universel, elle vise à aller découvrir l'engagement. S'engager, c'est quoi ? C'est donner ce qu'on a de plus précieux, c'est-à-dire un peu de son temps, au service de l'intérêt général, dans une association, chez les pompiers, dans la Garde nationale, à l'Armée. Et donc, ces jeunes vont découvrir, pendant 2 semaines, dans une association, ça peut être une association de solidarité, d'aide alimentaire, une association de protection de l'environnement, chez les pompiers, dans les Armées, ils vont découvrir ce que c'est que s'engager, et l'objectif c'est qu'il y ait une forme de déclic chez ces jeunes, qu'ils aient envie ensuite de s'engager plus durablement dans du bénévolat, en faisant un service civique, dans la Garde nationale. Il y a quelques jeunes qui ont déjà fait leur mission d'intérêt général cet été, et les retours qu'on a sont extrêmement positifs.
LORRAIN SENECHAL
Deux semaines, pourtant, c'est très court, ça ressemble un peu à ce que peuvent faire les stages de 3e, c'est donc quelque chose plus d'observation que de réellement s'engager.
GABRIEL ATTAL
Non, justement, le stage de 3e c'est une semaine, et c'est un stage d'observation, là, précisément, on n'est pas dans l'observation, on est dans une mission d'intérêt général, donc il y a des actions très concrètes qui sont réalisées, ça peut être la dépollution d'un site, l'entretien d'un littoral, ça peut être le fait de servir des repas à des personnes qui sont dans le besoin, ça peut être aller s'occuper de personnes âgées dans une maison de retraite, voilà, c'est des choses très concrètes. Et les retours qu'on a, encore une fois, de la part des jeunes, de la part des parents, sont très positifs. J'ai reçu un courrier d'une maman qui me dit « mon enfant a été transformé. Il n'avait pas l'idée, auparavant, d'aller s'engager dans du bénévolat ou autre, et pour lui ça a été un déclic. Il a fait sa mission d'intérêt général et déjà il a envie de poursuivre, il a envie de s'engager dans une association », et ça c'est très positif.
RENAUD DELY
Vous avez conduit une étude, vous avez une étude sur justement ceux qui ont déjà fait ces périodes, et c'est plutôt les secteurs régaliens qui les attirent, c'est plutôt les pompiers et l'Armée.
GABRIEL ATTAL
Oui. Enfin, dans les jeunes qui, au départ, ont demandé à faire le Service National Universel, puisqu'on était sur des phases…
LORRAIN SENECHAL
Ce sont des volontaires pour l'instant.
GABRIEL ATTAL
Volontaires, il y avait effectivement cette dimension régalienne qui attirait beaucoup, mais ce qui est intéressant c'est que, après avoir fait le séjour de cohésion en juin dernier, où, je le rappelle, ils étaient dans une autre région que la leur, avec des jeunes qui viennent d'autres régions que la leur, encadrés par des personnes de l'éducation populaire, des militaires…
LORRAIN SENECHAL
Ce sont ces images qu'on a vues, avec le levé du drapeau, etc.
GABRIEL ATTAL
Eh bien, une majorité d'entre eux a choisi des missions dans la solidarité, parce que ce séjour de cohésion il leur a permis aussi de découvrir d'autres secteurs d'engagement…
LORRAIN SENECHAL
Alors, ce qui ressort aussi, ce sont des emplois surchargés, des jeunes qui se disent fatigués et qui n'ont pas forcément compris ce qu'on attendait d'eux pendant ces deux semaines.
GABRIEL ATTAL
Ce qui ressort c'est que 94 % des jeunes ont dit qu'ils étaient satisfaits de l'expérience, ce qui est positif. Alors oui, c'était des volontaires, mais vous savez…
LORRAIN SENECHAL
Ils étaient contents de voir d'autres jeunes, mais ils n'ont pas bien compris le but.
GABRIEL ATTAL
Quand on est un jeune volontaire, souvent on a de très hautes attentes sur ce pourquoi on candidate et on est volontaire, donc il y avait un risque que des jeunes soient déçus, ça n'a pas été le cas.
RENAUD DELY
Mais la synthèse de votre mission justement elle évoque, je cite, cette synthèse, la fragilité du public adolescent. Est-ce que vous n'avez pas un petit peu sous-estimé justement cette fragilité parce que ce sont des jeunes gens qui sont effectivement très jeunes ?
GABRIEL ATTAL
Non. Vous savez, d'ailleurs ce mot de « fragilité » est employé notamment sur la question de la santé, parce que, pour tous les jeunes…
RENAUD DELY
Il y a eu des malaises, on se souvient qu'il y a eu des malaises.
GABRIEL ATTAL
Non, mais pour tous les jeunes il y a surtout un bilan de santé complet qui a été effectué, et on a détecté des pathologies qui n'avaient jamais été détectées auparavant chez ces jeunes…
LORRAIN SENECHAL
Par exemple ?
GABRIEL ATTAL
Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais il y a des pathologies assez graves, parfois, c'était heureusement limité, mais il y avait des troubles auditifs ou des troubles visuels qui n'avaient pas été détectés auparavant, qui expliquaient, pour certains jeunes, qu'il y ait des situations de décrochage scolaire, voilà, des choses qui ont pu être réglées. Il y a surtout une parole qui s'est libérée, notamment sur les questions de santé sexuelle, d'addiction, où des jeunes on dit « voilà, j'ose aborder des questions que je n'ose pas forcément aborder quand je suis chez moi parce que je ne suis pas forcément à l'aise. » Donc le dépaysement ça a aussi été un moyen pour les jeunes d'aborder des questions qui touchent à leur santé, c'est pour ça qu'il y a la question de la fragilité qui a été évoquée, comme vous venez de le dire. Mais sinon, sur les emplois du temps, oui, c'est vrai qu'il y a eu des emplois du temps denses…
RENAUD DELY
Trop lourds, trop chargés ?
GABRIEL ATTAL
En même temps, quand vous discutiez avec les jeunes, ils vous disaient « oui, c'est vrai qu'on est un peu fatigué, mais en même temps on n'est pas venu là pour se reposer », donc il y a un juste équilibre à trouver. C'était une phase pilote, elle visait à tester notre organisation, à tester un certain nombre de modules, qui ne seront peut-être pas retenus sur la suite, évidemment l'emploi du temps ça fait partie des choses qui vont être adaptées dans la montée en puissance du SNU.
LORRAIN SENECHAL
Alors justement la montée en puissance, dès l'an prochain 30.000 nouveaux volontaires à nouveau, est-ce que ce sera à nouveau sur la base du volontariat ? Vous partiez sur 40.000, l'objectif est un petit peu réduit.
GABRIEL ATTAL
En fait ça dépend de nos capacités d'hébergement des jeunes en juin prochain, puisque là on est encore sur une seule période dans l'année, en juin, ce qui ne sera pas le cas par la suite, donc on est en train d'évaluer ça, on sera sans doute autour de 30.000, oui, encore une fois, des volontaires. La différence c'est que, en juin dernier c'était dans 13 départements pilotes, là ça sera dans l'ensemble des départements français, et dans chacun de ces départements les jeunes qui sont en classe de seconde, ou équivalent s'ils ne sont plus scolarisés, pourront candidater pour faire leur service national en juin prochain.
LORRAIN SENECHAL
Et avec cet objectif à terme de 800.000 personnes. Il peut être atteint en combien d'années, parce que pour l'instant on n'a pas exactement l'année à laquelle le SNU sera obligatoire pour tous ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, il y a un rapport qui avait été remis avant ma nomination au gouvernement il y a 1 an, qui prévoyait un calendrier de montée en puissance jusqu'en 2026, une généralisation en 2026. Le président de la République a dit qu'il souhaitait qu'on aille plus vite, et donc on est en train de bâtir un scénario qui nous permettra d'aller plus vite, je pourrai sans doute l'annoncer dans les prochaines semaines, d'ici à la fin de l'année, je pourrai annoncer la date de la généralisation…
LORRAIN SENECHAL
D'ici la fin du quinquennat, ou juste après ?
GABRIEL ATTAL
On sera dans ces eaux-là, en tout cas ça sera avant 2026…
LORRAIN SENECHAL
Dans ces années-là, 2022-2023.
GABRIEL ATTAL
On est en train de regarder spécifiquement pour l'année.
RENAUD DELY
Gabriel ATTAL, le débat politique a été marqué ces derniers jours par une polémique concernant le port du voile islamique, notamment concernant le cas des accompagnatrices scolaires, des mères accompagnatrices de sorties scolaires. Est-ce que des jeunes filles qui font le SNU peuvent porter le voile ?
GABRIEL ATTAL
Alors écoutez, sur la question de la laïcité dans le Service National Universel on est aujourd'hui, on était en juin dernier, on sera l'an prochain, vous l'avez dit, sur la base du volontariat, ce qui veut dire que des jeunes qui candidatent pour faire le Service National Universel, qui s'engagent volontairement, s'engagent sur des règles qui ont été fixées, et notamment celle de la neutralité religieuse.
LORRAIN SENECHAL
Donc pas de voile.
RENAUD DELY
Ça veut dire que la loi de 2004 sur le port des signes ostentatoires religieux, qui interdit le port des signes ostentatoires religieux, s'applique…
GABRIEL ATTAL
S'applique, absolument.
RENAUD DELY
Aux jeunes qui font le SNU ?
GABRIEL ATTAL
Absolument. La question qui est posée, qui viendra ensuite, c'est, dès lors que le service national deviendra obligatoire, quelles seront les règles, et là ça sera précisé par une loi, il y aura un débat législatif, une loi qui l'appliquera, évidemment notre souhait c'est que la loi de 2004 s'applique dans les mêmes conditions au Service National Universel.
RENAUD DELY
Donc il faudra une nouvelle loi sur le respect de la laïcité lorsque le Service National Universel deviendra obligatoire ?
GABRIEL ATTAL
Il faudra une loi sur le Service National Universel d'une manière générale, puisqu'on va le rendre obligatoire et qu'il y a un certain nombre de sujets à régler dans la loi, et notamment celui de la laïcité, mais d'autres aussi, et ça sera abordé à ce moment-là.
LORRAIN SENECHAL
Et sur cette question du voile, pardon, mais vous êtes sur la même ligne que votre ministre, en l'occurrence Jean-Michel BLANQUER, le ministre de l'Education nationale, pour vous le voile n'est pas souhaitable dans la société française ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, là-dessus moi j'entends qu'il ait pu y avoir….
LORRAIN SENECHAL
C'est le mot qu'il a utilisé, je précise.
GABRIEL ATTAL
J'entends qu'il ait pu y avoir un débat dans la presse la semaine dernière, etc., mais moi j'ai le sentiment maintenant, que quand on fait une matinale, ou une émission, il y a toujours ce point voile où il faut maintenant aborder ce sujet-là, ça me semble être un peu en décalage avec ce dont nous parlent les Français quand on va en déplacement…
RENAUD DELY
Vous l'avez dit à Jean-Michel BLANQUER ?
GABRIEL ATTAL
Non, là je vous le dis à vous, enfin je veux dire aujourd'hui…
LORRAIN SENECHAL
C'est lui…
RENAUD DELY
C'est lui qui a abordé le sujet, à plusieurs reprises.
GABRIEL ATTAL
Non, enfin on lui posait une question, il a répondu, je ne vois pas aujourd'hui quelle est la nouvelle actualité qui nous invite à parler de ce sujet-là. Encore une fois, moi quand je me déplace et que je discute avec les gens, ce n'est pas les sujets qui reviennent tout de suite.
RENAUD DELY
Parmi les retours que vous avez eus sur la première phase des volontaires du SNU, on ne vous a pas signalé de difficultés dans le cadre du respect de la laïcité, il n'y a pas de problème de ce point de vue-là, aucun ?
GABRIEL ATTAL
Non, pas de difficulté de ce point de vue-là.
LORRAIN SENECHAL
Gabriel ATTAL, vous restez avec nous, invité de France Info, on va parler de la réforme du bac dans quelques instants.
(…)
LORRAIN SENECHAL
Gabriel ATTAL, secrétaire d'Etat en charge de l'Education nationale et de la Jeunesse, est l'invité de France Info ce matin. La réforme du bac est en train d'entrer en application avec les premières épreuves qui sont prévues pour le mois de janvier, et un syndicat, pas des moindres, le SNES-FSU, demande l'annulation pure et simple de cette épreuve et parle d'un niveau inédit d'impréparation. Est-ce que, d'après vous, le gouvernement, les services de l'Education nationale, sont prêts ?
GABRIEL ATTAL
Oui, bien sûr qu'on est prêt. On a adressé à l'ensemble des enseignants, aux familles, aux élèves, une note de 4 pages qui explique précisément les choses, la manière dont elles vont se dérouler. Il y a effectivement ces premiers examens blancs, partiels, en janvier prochain.
LORRAIN SENECHAL
Ce ne sont pas des examens blancs, dès janvier, ce sont des formes de partiels, c'est le contrôle continu.
GABRIEL ATTAL
Oui, c'est ça, mais qui vont compter dans le contrôle continu, pour 30 %.
LORRAIN SENECHAL
Voilà, donc ce n'est pas blanc.
GABRIEL ATTAL
C'est comme ça qu'on les a appelés de manière, enfin, comme ça, mais ce que je veux dire c'est qu'il y a une préparation, qu'il y a des garanties qui ont été données, et surtout, ça a été annoncé par Jean-Michel BLANQUER à la rentrée, qu'il y a un Comité de suivi de la réforme du bac qui a été mis en place, auquel participent les syndicats, qui sont représentés au Comité technique ministériel, et qui vise à regarder la manière dont les choses se passent, éventuellement à adapter, s'il y a des choses à adapter. Mais évidemment on est prêt, l'ensemble des enjeux ont été ont été préparés, et ces partiels pourront se tenir.
RENAUD DELY
Gabriel ATTAL, vous êtes en charge de la jeunesse, est-ce que faire passer à des élèves de 1ère, dès le mois de janvier ou février, les premiers partiels qui vont compter dans la note finale de leur bac l'année suivante, ce n'est pas une façon de faire stressé 18 mois avant, des candidats au bac ?
GABRIEL ATTAL
Non, moi je ne crois pas, pour changer aussi avec des jeunes qui passent le bac, pour l'avoir passé moi-même, comme vous, je crois qu'on stresse énormément juste avant de passer son bac. Et aujourd'hui, enfin, jusqu'à hier…
RENAUD DELY
Il vaut mieux commencer dès le début de la 1ère, à stresser.
GABRIEL ATTAL
Non, mais ce que je veux dire, c'est que…
LORRAIN SENECHAL
Il vaut mieux stresser en plusieurs fois.
GABRIEL ATTAL
Non, mais jusqu'à l'an dernier on était dans une situation où les jeunes faisaient tapis, en gros, sur l'épreuve de leur bac, où ils jouaient leur va-tout sur ce moment-là, ce qui peut être facteur d'un énorme stress pour certains jeunes qui s'étaient préparés et qui pourtant du coup avaient des difficultés, voire échouaient devant le stress. Là, l'objectif c'est de lutter contre le bachotage, de faire en sorte que les jeunes se préparent le plus en amont possible, c'est pour ça qu'il y a cette décision de contrôle continu qui compte dans 40 % de la note. Evidemment il reste des épreuves finales, mais ça permet d'assurer que les jeunes se préparent en amont, et objectivement il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre-mesure.
LORRAIN SENECHAL
Pour en revenir à l'inquiétude, en l'occurrence des enseignants, est-ce que vous ne craignez pas que certains lycées qui ont peut-être plus de moyens, puissent s'y préparer mieux, et que donc il y ait des formes de bac différents, d'un lycée à un autre ?
GABRIEL ATTAL
Non, objectivement, mais ça c'est une critique qu'on pourrait adresser au bac précédent, je veux dire, c'est une critique, mais précisément, nous, toute notre politique elle vise à lutter contre ça, elle vise à faire en sorte que les lycées, d'une manière générale les établissements scolaires qui sont dans les territoires les plus difficiles, aient davantage de moyens. On le fait dès le primaire avec le dédoublement des classes, on le fait avec l'aide aux devoirs de 4 heures par semaine, gratuite pour tous les collégiens dans les collèges, on le fait au niveau du lycée avec les spécialités les plus attractives qui sont fléchées prioritairement dans les lycées qui sont traditionnellement présentés comme les moins attractifs. Voilà, ça c'est l'ensemble de notre politique.
LORRAIN SENECHAL
En tout cas, il y aura donc des épreuves en janvier comme prévu.
GABRIEL ATTAL
Oui.
RENAUD DELY
Gabriel ATTAL, la révision de la loi bioéthique qui comprend notamment l'extension de la PMA à toutes les femmes a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale la semaine dernière. Le débat reviendra au mois de janvier au Sénat. Dans le cadre du débat à l'Assemblée nationale, un amendement qui avait été déposé par des élus de la majorité, pour reconnaître automatiquement en France les enfants nés de GPA à l'étranger, avait d'abord été adopté, avant d'être rejeté, parce que le gouvernement a demandé une deuxième délibération. Si jamais ce débat revient en seconde lecture, le gouvernement continuera de s'opposer à la reconnaissance automatique des enfants nés de GPA à l'étranger ?
GABRIEL ATTAL
Oui, je crois que le gouvernement restera constant sur cette position, que ce qui a été dit par la garde des Sceaux, ce qui a été dit par la ministre de la Santé, c'est qu'on passe par l'adoption, la procédure de l'adoption, au cas par cas, pour la transcription de l'Etat civil, et qu'il n'y a pas de…
LORRAIN SENECHAL
Pourquoi ?
GABRIEL ATTAL
C'est une décision qui a été prise par le gouvernement ? Pas de reconnaissance automatique...
RENAUD DELY
Mais qui sème le trouble au sein de la majorité, certains députés souhaiteraient que cette reconnaissance automatique des enfants nés de GPA à l'étranger, entre en vigueur.
GABRIEL ATTAL
Oui, je l'entends, et il y a eu un débat sur ce point-là, mais ce que je vous dis, c'est que l'arbitrage du gouvernement, la ligne du gouvernement n'est pas celle-là. Il y a d'ailleurs eu un nouveau vote, et majoritairement les députés ont choisi de s'en tenir à ce qui avait été annoncé par le gouvernement.
LORRAIN SENECHAL
Et même si cette question de la GPA gagne du terrain dans l'opinion ? Un sondage France Info Odoxa Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro disait il y a encore une semaine qu'une majorité de Français était pour la gestation pour autrui, y compris pour les couples homosexuels. Ça ne fait pas bouger la position du gouvernement, ça ?
GABRIEL ATTAL
Non, parce qu'il y a un engagement très clair du président de la République dans le cadre de la campagne présidentielle. Le président a dit pendant la campagne : j'autoriserai à la PMA pour tous les couples, pour les couples de femmes et pour les femmes seules, mais je n'autoriserai pas la GPA, c'est un engagement de campagne, et comme tous nos engagements de campagne, il est tenu.
RENAUD DELY
Il y a un autre débat qui émerge au sein du groupe La République En Marche et du mouvement général, c'est la constitution d'un pôle de gauche au sein de la République En Marche, c'est une revendication de plusieurs dizaines d'élus de la République En Marche qui ont publié une tribune à ce sujet hier dans le Journal du Dimanche, un pôle de gauche pour porter une voie sociale et républicaine au sein de la majorité. C'est bien la preuve qu'aujourd'hui la majorité elle penche trop à droite ?
GABRIEL ATTAL
Non, alors d'abord, ce n'est pas tous les élus de la République En Marche qui ont publié cette tribune que vous évoquez, il y a des élus, précisément la plupart d'entre eux ne font pas partie de la République En Marche, ils viennent de la gauche, notamment du Parti socialiste, mais ils ont envie qu'on réussisse.
RENAUD DELY
Vous aussi vous venez du Parti socialiste…
GABRIEL ATTAL
Oui, moi…
RENAUD DELY
Vous souhaiteriez qu'il se constitue un…
GABRIEL ATTAL
Moi je viens pour la République En Marche et je me retrouve parfaitement dans la ligne qui est portée par la République En Marche, mais pour d'autres, peut-être, ils ont besoin de se retrouver dans une forme de club de réflexion, parfois pour avancer quelques idées, et moi je n'ai pas d'objection…
LORRAIN SENECHAL
Donc vous ne faites pas partie de ce groupe, de ce pôle de gauche.
GABRIEL ATTAL
Non, moi encore une fois, je me retrouve parfaitement dans la ligne qui est portée par la République En Marche, mais j'entends parfaitement que pour des élus, comme ceux qui ont signé cette tribune, qui sont je crois près de 80, qui viennent du Parti socialiste ou d'autres partis de gauche, qui ont envie qu'on réussisse, qui ont envie que le quinquennat réussisse, parce qu'ils ont envie que la France réussisse, s'ils ont besoin de se retrouver dans une forme de pôle de gauche ou en tout cas un club qui les rassemble…
LORRAIN SENECHAL
C'est-à-dire que vous n'êtes plus de gauche, vous ?
GABRIEL ATTAL
Comment ?
LORRAIN SENECHAL
Vous n'êtes plus de gauche, vous ?
GABRIEL ATTAL
Non, ça ne veut pas dire ça, ça veut dire que certains élus qui viennent de la gauche, peuvent ne pas avoir envie d'adhérer à la République En Marche en tant que telle, il faut l'entendre. Vous savez…
LORRAIN SENECHAL
Ça veut aussi dire qu'ils ont l'impression que le parti penche trop à droite, et qu'ils demandent un rééquilibrage.
GABRIEL ATTAL
Mais non, ça veut dire... Vous savez, nous, enfin, je veux dire, on a constitué En Marche dans une logique de dépassement politique, avec une règle qui était assez nouvelle dans le paysage politique, qui était qu'on pouvait être membre de plusieurs partis en même temps, d'un autre parti et adhérer à la République En Marche, parce qu'on considère qu'il faut dépasser ces clivages-là. Et donc, si des personnes ont envie de soutenir la majorité sans pour autant adhérer à la République En Marche, eh bien écoutez, grand bien leur fasse, il existe un pôle un peu semblable avec Agir à droite, que des élus constituent ce pôle à gauche…
LORRAIN SENECHAL
Pour rééquilibrer la majorité, ça pourrait être nécessaire justement, vous rappeliez l'existence d'Agir à droite, il pourrait y avoir, pour équilibrer la majorité, un pôle de gauche, ça pourrait être utile.
GABRIEL ATTAL
Moi, je me trouve assez équilibré, je me trouve assez équilibré collectivement…
LORRAIN SENECHAL
Vous, oui, mais est-ce que la majorité est assez équilibrée ? Vous êtes sûr d'être équilibré, mais la majorité ?
GABRIEL ATTAL
Enfin moi, vous savez, la politique sociale de ce gouvernement je peux en tisser le fil depuis 2 ans maintenant, ce que j'abordais tout à l'heure sur l'éducation, avec le dédoublement des classes, tout ce qui est fait pour à la politique de la ville. Il y a plein de mesures qui ont été portées et qui montrent que cette préoccupation sociale elle est là. Maintenant, il y a des personnes qui ont une autre trajectoire, qui peuvent venir de la gauche, qui peuvent venir porter d'autres idées, pour cela ils peuvent avoir besoin d'un cercle qui les rassemble, moi je trouve ça très bien s'ils s'y retrouvent.
LORRAIN SENECHAL
Gabriel ATTAL, secrétaire d'Etat à l'Education nationale et à la Jeunesse était ce matin l'invité de France Info, et il nous annonce donc que le SNU obligatoire ça sera dans les années 2022/2023, a priori, mais on le saura dans quelques semaines précisément. Merci à vous.
GABRIEL ATTAL
Merci.
RENAUD DELY
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 octobre 2019