Extraits d'un entretien de Mme Amélie de Montchalin, secrétaire d’État aux affaires européennes, avec France Info le 1er février 2020, sur le Brexit.

Prononcé le 1er février 2020

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Texte intégral

Q - Bonjour Amélie de Montchalin. Après 47 ans d'histoire commune, donc, le Royaume-Uni ne fait plus partie depuis hier soir minuit de l'Union européenne. Les drapeaux britanniques ont été décrochés des halls, des parvis des institutions européennes. Et on est tout surpris de voir tout de même qu'on est ému. Vous, personnellement, qu'avez-vous ressenti ?

R - Moi, j'ai senti qu'on allait pouvoir passer à autre chose. Parce que ça fait trois ans et demi qu'on a créé, pour les citoyens européens, britanniques et du continent européen, beaucoup d'incertitudes, beaucoup de craintes, beaucoup de peurs aussi. Et je crois que la bonne nouvelle, c'est qu'on a réussi à organiser les choses, c'est que cette sortie se fait de manière ordonnée. Et donc, on a une période de transition pendant laquelle vous pouvez aller au Royaume-Uni, pendant laquelle vous pouvez vous installer au Royaume-Uni, pendant laquelle vous pouvez travailler au Royaume-Uni. Et donc, on a donné de la sécurité.

Q - Donc, on peut prendre l'Eurostar quand on est français, tranquillement, avec une carte d'identité ?

R - On peut, dans l'année qui vient, faire exactement ce qu'on avait prévu de faire. Ensuite, passer à autre chose, c'est deux choses, pour moi : c'est d'abord...

Q - Quand vous dites "passer à autre chose", ça ne veut pas dire les Britanniques sont partis, qu'ils se débrouillent ...

R - Non, je vais y revenir. C'est d'abord se dire que l'Europe doit accélérer, elle doit avoir des résultats, elle doit pouvoir se reconcentrer sur son projet. Et au fond, la meilleure réponse au Brexit, c'est bien que ceux qui ont des critiques à formuler à l'Europe, eh bien, on puisse leur répondre en faisant des choses, pas juste en ayant des discours, pas juste en leur disant : vous voyez l'Europe, c'est formidable et on va rester comme on est. Et donc c'est tout ce qu'on essaye de faire sur le climat, sur les sujets migratoires, sur les sujets industriels, c'est notre souveraineté européenne. Passer à autre chose, c'est aussi, avec les Britanniques, maintenant, regarder l'avenir, construire une relation future qui donne des garanties, donne de la protection. Le président de la République disait hier "il faut qu'on défende et qu'on protège les Français".

Q - Justement, l'état d'esprit de la France dans cette négociation, puisque c'est l'Europe qui va négocier, mais c'est quoi le message ? C'est de dire "on ne va pas faire le moindre cadeau à Boris Johnson", c'est ça l'idée ? On va défendre nos intérêts jusqu'au bout ?

R - D'abord, on a un état d'esprit qui est double. D'abord, c'est sérieux. Il faut qu'on arrête la communication politique, le folklore, les drapeaux, les grands discours. Il faut qu'on devienne sérieux, parce que ça concerne, vous voyez, deux espaces : un espace de 67 millions, 67 millions de Britanniques d'un côté, et 500 millions d'Européens de l'autre. Et donc, nous avons à trouver les moyens de nous mettre d'accord.

Nous mettre d'accord sur quoi ? Sur le fait qu'on veut rester des partenaires forts. Mais qu'on veut, du coup, respecter les mêmes règles. Je vais vous donner un exemple très concret : la pêche. On entend, au Royaume-Uni, des gens nous dire : voilà c'est formidable, les pêcheurs britanniques vont pouvoir être les seuls à pêcher dans les eaux britanniques. Aujourd'hui, il faut savoir que 40% du poisson français est pêché dans les eaux britanniques. J'étais hier au Danemark. Les pêcheurs danois, c'est aussi 40% du poisson que les pêcheurs danois pêchent, qui vient des eaux britanniques. Et donc les pêcheurs britanniques, ils nous disent : voilà, c'est formidable, ça va être tout pour nous. Mais il faut aussi qu'ils sachent que ce poisson britannique, il est à 70% exporté vers l'Union européenne, qu'il est transformé à Boulogne. Donc si on veut rentrer dans la guerre commerciale, si on veut entrer dans l'escalade, à la fin, tout le monde perd.

Q - Donc, on a les moyens de pression ?

R - Parce que le poisson britannique, il ne viendra plus chez nous. Et donc, il n'aura plus de valeur, et nous, on aura aussi détruit des emplois. Donc, ce que je veux vous dire, c'est que l'état d'esprit qui est le nôtre, on est là pour punir personne. On n'est pas là pour prendre une revanche. On est quand même là pour que le Brexit ait des conséquences. On ne peut pas être dedans et dehors, mais on est surtout là pour que, parce qu'on fera les choses avec des règles, des protections, des garanties, on puisse, vis-à-vis de nos pêcheurs, de nos agriculteurs, de nos entreprises, créer de la sécurité.

Q - Justement, Amélie de Montchalin, vous parlez de la pêche. Nos confrères du Monde ont publié hier un reportage vraiment intéressant. C'était dans un port de pêche du nord de l'Angleterre. On y apprenait que 90% du poisson y était importé, alors qu'on était dans un port de pêche. Ça veut dire aussi que sous l'égide de l'Union européenne, tout n'était pas forcément formidable ou idéal !

R - C'est-à-dire que sous l'égide de l'Union européenne, on avait un marché unique. Et donc, 70% du poisson pêché par les pêcheurs britanniques arrivait à Boulogne-sur-Mer, et était mangé par les Européens, et peut-être que les Britanniques effectivement importaient. Ce marché unique, vous savez, trop souvent, on a l'Europe honteuse. Mais ce marché unique, c'est une force incroyable : c'est 500 millions de citoyens qui ont les mêmes règles, les mêmes normes, c'est des entreprises qui peuvent du coup nous vendre, à tous, des biens. Vous savez, les entreprises britanniques aujourd'hui, il y en a beaucoup qui se posent une question : est-ce qu'elles restent dans l'incertitude, l'inconnu, au Royaume-Uni ou est-ce qu'elles viennent en Europe où elles vont retrouver un accès à un espace, à des garanties, à une protection contre la Chine, les Etats-Unis ? Vous savez, il y a déjà beaucoup d'entreprises qui sont venues en Europe, et il y en a beaucoup d'autres qui se posent la question de venir.

Q - On aimerait vous fait réagir aux propos d'Emmanuel Macron. C'est ce qu'il a dit hier soir, depuis l'Elysée. Il a fait une intervention, justement, qui concernait ce Brexit. Ecoutez-le.

Emmanuel Macron, président de la République : C'est un signal d'alarme historique qui doit retentir dans chacun de nos pays, être entendu par l'Europe toute entière et nous faire réfléchir. Ce Brexit est possible parce qu'aussi, nous n'avons pas assez changé notre Europe.

Il dit aussi le président, hier soir, Amélie de Montchalin, que l'Europe, d'une certaine façon, a une responsabilité dans ce Brexit.

R - Et c'est pour ça que je vous dis qu'il nous faut accélérer, qu'il nous faut regarder les choses vers l'avenir. C'est pour ça qu'avec le président, on cherche à créer des majorités, à chercher des accords sur des sujets qui étaient au coeur d'ailleurs d'une partie des mensonges, mais aussi d'une partie de la campagne du Brexit. Sur le sujet migratoire, si on ne s'organise pas, si on n'a pas des règles communes sur l'asile, sur comment on veut gérer nos frontières, eh bien, ceux qui vous disent "la solution au fond, c'est de partir", continueront de prospérer. Si sur l'Europe sociale, sur le dumping social, sur cette histoire, vous savez, de "plombier polonais" dont on a fait des chroniques et des chroniques partout en Europe - il y avait une partie de fantasmes, une partie de cauchemars là-dedans, mais il y a aussi une partie de réalité -, il faut qu'on puisse faire converger nos systèmes sociaux.

Et donc pareil sur les sujets climatiques. La jeunesse de toute l'Europe nous demande qu'on ait des actes. Et donc ce que je vous dis, c'est qu'aujourd'hui, 1er février, on passe à autre chose. On passe d'abord à s'occuper de notre Europe, la faire accélérer, la rendre plus forte...

Q - Et à défendre nos intérêts vis-à-vis de Londres.

R - Et on passe à autre chose, c'est-à-dire qu'on doit ...

Q - Tout le monde est sur la même longueur d'onde parmi les 27, dans cet état d'esprit-là ? Parce qu'on a souvent l'impression qu'Emmanuel Macron, il est plus intransigeant qu'une Angela Merkel pour dire à Boris Johnson "attention"...

R - Ecoutez, quand Angela Merkel dit : "on a maintenant un concurrent à nos portes". Vous savez hier, j'ai rencontré mes homologues, finlandais, suédois, danois, des gens dont on a toujours dit qu'ils étaient proches du Royaume-Uni. Je peux vous dire que sur cet enjeu d'avoir les mêmes règles, de protéger notre marché unique, de faire accélérer l'Europe, de protéger nos pêcheurs, ils sont concernés comme nous. On est exactement sur la même ligne, parce qu'on voit bien derrière que ce marché unique, c'est de la sécurité, c'est de la prévisibilité, ça nous protège. Et donc, on n'a pas autre chose à faire que de nous rendre conscients du fait qu'on ne doit pas abîmer, et on doit rendre ça plus fort encore.

Q - Alors comment va négocier Boris Johnson, quelle est sa stratégie, peut-on lui faire confiance ? On va l'écouter, le Premier ministre britannique qui s'exprimait hier soir, après le Brexit.

Boris Johnson, Premier ministre britannique : la chose la plus importante à dire, ce soir, c'est que ce n'est pas la fin mais le début, l'aube d'un nouveau jour. Et le rideau se lève sur un nouvel acte de notre grand drame national. Nous voulons que ce soit le début d'une nouvelle ère de coopération amicale entre l'Union européenne et une Grande-Bretagne, pleine d'énergie.

Q - Coopération amicale. On connaît l'habileté de Boris Johnson, l'habileté politique. On peut lui faire confiance dans cette négociation ?

R - Ce que j'entends, c'est qu'il est prêt, peut-être, à aller là où nous pensons qu'il faut que nous allions ensemble, c'est-à-dire une relation forte avec les mêmes règles. Vous savez, le président de la République l'a très bien dit hier. Si nous voulons pouvoir continuer à faire ce que nous avons fait pendant 47 ans, c'est-à-dire avoir cette relation. Vous savez, il y a cinq millions de camions qui vont chaque année de Calais à Douvres. Cinq millions de camions, ça veut dire que les Britanniques ont besoin de nos échanges. Et nous, on a besoin de pouvoir continuer à exporter et à pouvoir dialoguer.

Q - Mais vous nous dites ce matin qu'au fond, le Royaume-Uni a presque plus à perdre que nous -c'est le message que vous lancez ce matin-, que l'Europe... Mais qu'est-ce qui empêche Boris Johnson à terme de se tourner vers d'autres marchés l'Afrique, la Chine, les Etats-Unis ?

R - Mais ils sont juste beaucoup plus loin, ils sont juste beaucoup, beaucoup plus loin. Donc aujourd'hui, ils exportent deux fois plus vers l'Union européenne que vers les Etats-Unis. Si leur objectif, c'est d'exporter vers les Etats-Unis, c'est leur choix. Mais de manière réaliste, pragmatique, cinq millions de camions qui vont de Calais à Douvres ! Donc ce qu'on leur dit, c'est : on ne veut pas vous punir, on ne va pas prendre de revanche. En revanche, très clairement, nous voulons pouvoir avoir les mêmes règles parce que nous devons protéger notre marché intérieur et nous devons donner des garanties à nos pêcheurs, à nos agriculteurs, à nos entreprises. Vous imaginez bien que le Brexit, il aura des conséquences pour les Britanniques, parce qu'on ne va pas impunément dire "on sort de l'Union européenne, mais on veut que tout soit pareil". Et nous, on va bien sûr dire "on n'a pas dans cette négociation de volonté de vous mettre de côté, mais il faut qu'on ait des garanties". Et c'est pour ça qu'on tient ! Il parle de "coopération amicale" ; moi, je tiens à ce que surtout ça soit une coopération loyale.

Q - Vous avez parlé de dumping, tout à l'heure. On rappelle pour nos auditeurs qu'il s'agit de minimiser ou de violer les contraintes légales en matière de fiscalité, de protection sociale ou même de protection de l'environnement -la précision est importante. C'est ce qu'on craint que Boris Johnson fasse. En tout cas, c'est ce que disent les experts, un paradis fiscal aux portes de l'Europe, Myriam en a parlé. Est-ce que ce risque existe vraiment, ce risque d'enfourcher, comme ça, une totale dérégulation du marché et également des normes fiscales et sociales ? Et est-ce que finalement -on en parlait avant que vous arriviez avec Manon Aubry, députée européenne de La France insoumise dans ce même studio- est-ce que finalement, s'il fait ça, maintenant qu'il est affranchi des contraintes de l'Union européenne, est-ce que ça veut dire que l'Union européenne n'est pas un garde-fou finalement en la matière alors qu'elle est tant décriée ? C'est une longue question mais...

R - D'abord, la première chose, c'est que, dans l'accord de retrait qui a permis la sortie hier soir, on a pris un engagement, enfin plutôt les Britanniques ont pris l'engagement de ne pas faire reculer leurs normes par rapport à ce qu'elles sont aujourd'hui. C'est-à-dire, on est sur le même point de départ. Nous, ce que nous voulons, c'est que nous restions, en parallèle, avec des règles communes, pour qu'on puisse justement avoir ces échanges. Après, ce que je sais, c'est que je vous dis : les entreprises britanniques aujourd'hui viennent nous voir et nous dire "il faut qu'on ait les mêmes règles, parce que, vous savez, on ne sait pas fonctionner avec des règles différentes". Il y a des entreprises britanniques qui viennent s'installer en France. Pourquoi ? Parce que, je le répète, le marché intérieur unique, les règles européennes, certains peuvent les trouver peut-être précises, peut-être trop nombreuses, il en reste...

Q - Contraignantes parfois...

R - ...contraignantes, mais les entreprises, qu'est-ce qu'elles voient ? Elles voient d'abord que ça leur donne accès à 500 millions de consommateurs. Elles voient que ça leur donne accès à une protection contre la concurrence chinoise, américaine et du reste du monde. Elles voient que ça leur donne accès à un commerce extérieur organisé, ça leur donne de la sécurité. Elles peuvent faire le choix de rester dans le cadre britannique, d'avoir, au fond, aujourd'hui pas mal d'incertitude, pas mal d'insécurité. Ou elles peuvent faire le choix de venir rejoindre le sol européen. Beaucoup l'ont fait, beaucoup disent qu'elles sont très intéressées par, peut-être, faire ce mouvement. Donc, j'assume ce matin de vous dire : il ne faut pas qu'on ait l'Europe faible ou qu'on n'assume pas ce qu'on a comme force. On a des forces. C'est d'ailleurs pour ça qu'on pense qu'il y a beaucoup de gens qui nous regarderont peut-être dans le futur comme un espace, enfin, de protection et c'est pour ça qu'il faut qu'on s'en occupe davantage.

Q - Amélie de Montchalin, onze mois, c'est très peu pour négocier tout ce qu'il y a à négocier, les entreprises, les agriculteurs, les citoyens. Qu'est-ce qu'il se passe si le 1er janvier 2021, il n'y a pas d'accord, les deux parties ne trouvent pas d'accord ?

R - Nous, du côté européen, on n'a aucune précipitation. S'il faut que cette période de transition dure un peu plus longtemps, c'est un moment, vous voyez, où les Britanniques respectent nos normes, respectent nos règles. Ça crée de la confiance. On ne va sûrement pas dire qu'il faut qu'on arrête ça !

Q - Donc on est reparti, ça y est, dans un feuilleton interminable ?

R - Mais c'est les Britanniques qui nous disent qu'ils veulent signer à onze mois. Nous, on n'a aucun problème à ce que ça dure six mois de plus, douze mois de plus. Je vous dis, en ce moment, on a une sécurité. Les choses sont organisées. Donc nous, de notre côté d'Européens, on ne sacrifiera pas le fond sur le calendrier. Je peux vous dire qu'on ne signera pas le 31 décembre à 23h00 un mauvais accord sous prétexte qu'il faut en signer un. Donc on est très clair là-dessus. Ça veut aussi dire qu'il faut qu'on soit préparé et donc ...

Q - Mais vous ne cherchez pas le deal à tout prix !

R - Moi, je ne cherche pas le deal à tout prix si c'est un mauvais deal. Vous savez, un accord commercial, ça nous embarque pour vingt ou trente ans. Et donc, on ne va pas rester vingt ou trente ans dans un système qui est un mauvais système parce qu'on se sera senti obligé à un moment donné faire des compromis qu'on ne veut pas faire.

Q - Parlons un peu géopolitique, si vous permettez. Avec la France, le Royaume-Uni est l'un des deux pays membres à être une puissance nucléaire militaire et à avoir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Est-ce que le Brexit n'affaiblit pas l'influence de l'Europe dans le monde ?

R - Alors, ce qui est certain, c'est que sur les questions de défense, sur les questions qu'on appelle de sécurité, de politique étrangère, il se trouve que la France et le Royaume-Uni ont un accord bilatéral. On se parle tous les deux et on va fêter les dix ans de cet accord, d'ailleurs. Et le président de la République l'a redit hier soir, il l'a redit dans sa lettre d'ailleurs aux citoyens britanniques, c'est fondamental, parce qu'il y a des sujets sur lesquels on a besoin d'être ensemble.

Q - Cet accord, il ne sera pas remis en cause ?

R - Cet accord n'est pas remis en cause. D'ailleurs, on cherche à voir comment on peut le renforcer. Mais là vous voyez, on ne parle pas de l'Union européenne et du Royaume-Uni, on ne parle pas de commerce, on parle effectivement de défense, de tout ce qu'on peut faire ensemble dans le monde pour assurer la paix et se coordonner. Sur ce sujet-là évidemment, on va chercher à faire des choses ensemble. Vous le dites : on est ensemble au Conseil de sécurité des Nations unies, il faut qu'ensemble, on puisse continuer à avoir des batailles communes pour les droits de l'homme et pour la paix dans le monde.

Q - Une autre question qui agite les débats. On sent que c'est l'un des points les plus sensibles. C'est l'Irlande et la question de la frontière avec l'Irlande du Nord. Là encore, où on en est ? C'est le statu quo ?

R - On en est que dans l'accord qui a permis la sortie hier soir, on a pris un engagement. On a pris un engagement qu'une partie des contrôles se ferait entre la grande île britannique et l'île d'Irlande, en mer d'Irlande. Et donc, je peux vous dire aujourd'hui que les engagements qui ont été pris, qui ont permis cette sortie, c'est les garanties aussi pour les citoyens irlandais qui sont à part entière dans l'Union européenne. Eh bien, il faut qu'ils s'appliquent, et donc l'Union européenne sera intraitable. Si les Britanniques ont pris des engagements, eh bien, il faut qu'ils s'appliquent. Et donc, on va suivre ça de manière très rapprochée dans les prochains jours et les prochaines semaines.

Q - Alors, s'il y a peut-être un risque à très long terme, pas de fragmentation de l'Europe, mais peut-être, si les Britanniques réussissent leur pari économique, que ça donne des idées aux Européens. Il y a aussi un risque de fragmentation du Royaume-Uni lui-même. Quand vous voyez la Première ministre écossaise clairement aller vers une volonté d'indépendance, elle a raison ?

R - Ce que je vois, c'est que c'est un débat interne au Royaume-Uni, ça fait partie des conséquences. Il va falloir que Boris Johnson sur ce sujet-là, je crois, puisse mener une politique qui soit celle qu'ils choisissent, avec le Parlement de Westminster. Vous imaginez bien que ce n'est pas à une ministre française de dire comment les équilibres régionaux dans un autre pays doivent évoluer. Maintenant, ce que je sais, c'est qu'effectivement l'Europe, c'est une chance. Et c'est pour ça qu'il y a d'ailleurs des gens qui sont intéressés de peut-être pouvoir un jour la rejoindre. C'est une chance, c'est une protection. Le monde aujourd'hui, il est incertain : on voit des grandes puissances, on voit de la concurrence. L'Europe nous protège parce qu'elle nous donne un cadre commun et qu'on est 500 millions ! Donc évidemment qu'on est plus fort...

Q - Donc vous comprendriez que l'Ecosse déclare, via référendum, dans quelques mois son indépendance pour justement rester dans cette Union européenne ?

R - Ce que je sais... Ce n'est pas une question que je le comprenne ou pas... On sait que c'est ce qu'ils demandent mais moi, je reviens : pourquoi ça les intéresse ? Parce que l'Europe, c'est une chance, ça nous protège. On imagine bien que dans le concert du monde, on est plus fort quand on est 500 millions que quand on est 67 millions. Ce n'est pas compliqué, je pense que tout le monde le comprend très bien.

(...)

Q - Merci beaucoup d'être venue à France Info ce matin Amélie de Montchalin, secrétaire d'Etat aux affaires européennes. Bonne journée.

R - Bonne journée à vous ! Merci.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 février 2020