Déclaration de Mme Amélie de Montchalin, secrétaire d'État aux affaires européennes, en réponse à une question sur le Brexit, à l'Assemblée nationale le 4 février 2020.

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Circonstance : Question au gouvernement à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Merci, Monsieur le Président,
Monsieur le Député,


Vous nous interrogez, deux jours ouvrés après le Brexit, sur les priorités que nous nous fixons et sur le mandat que nous allons confier à Michel Barnier pour porter la voix des 27.

D'abord et avant tout, il faut rappeler que ce qui nous a permis de clarifier la situation, vis-à-vis des Britanniques, c'est notre unité. C'est parce que nous avons pu, derrière Michel Barnier, parler unis que nous avons réussi à avoir une sortie ordonnée.

Notre position sur la négociation à venir est simple. Nous ne serons d'accord sur rien si nous ne sommes pas d'accord sur tout. C'est-à-dire que nous lions intrinsèquement les sujets de l'accord commercial - le fameux "zéro tarif douanier-zéro quota" que cherchent les Britanniques -, le sujet de la convergence réglementaire - le fait que nous ne pouvons pas échanger si nous n'avons pas les mêmes règles -, et le fait de la pêche. Parce que nous voyons que sur ces trois sujets-là, il nous faudra une gouvernance claire, il nous faudra de la visibilité, il nous faudra de la prévisibilité. Parce que derrière ces sujets, ce sont des entreprises, des emplois.

Nous n'avons pas souhaité le Brexit. Et donc, nous devons absolument protéger et défendre nos intérêts, nos pêcheurs, nos agriculteurs. Nous ne pouvons pas non plus faire des échanges, sacrifier les uns pour protéger les autres. Parce qu'il y aura des questions industrielles, des questions de défense, des questions de sécurité, des questions pour la recherche, des questions dans tous les domaines... Et donc, notre position, c'est que nous lions les sujets. Nous ne signerons pas un accord sous la pression du temps, nous ne signerons pas un accord parce que Boris Johnson nous demande de signer à tout prix.

Nous nous engageons pour vingt ou trente ans. Nous nous engageons pour une nouvelle décennie. Avec le Royaume-Uni, certains sujets sont bilatéraux : les sujets de défense, nous fêterons les dix ans de Lancaster House prochainement. Nous nous engageons également donc pour protéger la compétitivité des entreprises. Il est clé, comme vous l'avez dit, que sur la pêche, l'accès aux eaux, que sur les normes sanitaires, que sur les normes environnementales, l'Europe ne peut pas d'un côté avoir de grandes ambitions et mettre en place un "green deal", des normes sociales et une vision progressiste d'une économie sociale de marché et avoir à ses portes un concurrent déloyal. C'est pour cela qu'unis derrière Michel Barnier, nous sommes confiants, clairs et nous prendrons le temps nécessaire.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2020