Interview de Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, à BFMTV le 5 février 2020, notamment sur l’épidémie du coronavirus 2019-nCoV, le deuil parental et les politiques hospitalières.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès BUZYN, bonjour.

AGNES BUZYN
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre des Solidarités et de la santé. C'est important, des Solidarités, je vais y revenir. Le coronavirus, le bilan en Chine, 490 morts ce matin, en France, toujours 6 cas, Agnès BUZYN ?

AGNES BUZYN
Oui, toujours 6 cas, et les rapatriés sont testés régulièrement et sont négatifs.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tous les rapatriés sont négatifs ?

AGNES BUZYN
Pour l'instant.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour l'instant, oui. Quel est l'état de santé des 6 cas détectés ?

AGNES BUZYN
Stable, il y en a un qui est toujours en réanimation, la personne la plus âgée qui est un touriste chinois de 80 ans, il est toujours en réanimation dans un état stable, et tous les autres sont dans des services de médecine réguliers, et ils sont gardés en isolement tant qu'il y a encore du virus détectable. Mais ils vont pour l'instant bien.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, le gouvernement chinois reconnaît avoir besoin de masques, de combinaisons, de lunettes, de protection. Est-ce que la France et l'Europe vont en fournir à la Chine ?

AGNES BUZYN
Oui, alors, nous en avons déjà fourni, nous avons fourni des masques notamment, que nous avons apportés lors du premier vol qui a été chercher les rapatriés à Wuhan, et puis, nous mettons actuellement une coordination en route, entre les pays européens, pour voir comment nous pouvons aider la Chine à la fois sur le plan des équipements, et sur le plan des compétences en épidémiologistes et en virologues, puisqu'ils ont demandé une plus grande coopération.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l'Instit Pasteur est proche de trouver un vaccin ? C'est ce qu'on dit, j'ai entendu des murmures, c'est vrai ou pas ?

AGNES BUZYN
Tous les chercheurs du monde rêvent de trouver un vaccin, c'est toujours très, très long de mettre en place un vaccin, c'est toujours plusieurs mois, autour d'un an, deux ans, en tous les cas, ça ne sera pas la semaine prochaine. Il n'y a aucune chance qu'on trouve un vaccin en une, deux ou trois semaines, donc tout le monde y travaille évidemment. Mais pour l'instant, il n'y a pas d'équipes qui peuvent se targuer d'en avoir trouvé un.

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'autres avions seront envoyés pour aller chercher des ressortissants français européens ?

AGNES BUZYN
A la demande, à la demande, pour l'instant, nous n'avons plus d'autre demande de ressortissants français, et donc nous avons rapatrié tous ceux qui avaient fait au consulat une demande spécifique, certains Français ont choisi de rester parce qu'ils ont des conjoints qui sont par exemple chinois et qui ne veulent pas et qui ne peuvent pas partir. Donc voilà, nous ferons en fonction des besoins.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Agnès BUZYN, parlons du congé pour décès d'un enfant, vous êtes ministre des Solidarités, là, des solidarités. Alors que je vais revenir sur ce qui s'est passé, mais je voudrais commencer par ce que vous allez annoncer, un nouveau texte sera présenté au Sénat, si j'ai bien compris, dans un mois à peu près, c'est bien cela, Agnès BUZYN, que contiendra ce texte ?

AGNES BUZYN
Alors, nous avons hier, au ministère, Adrien TAQUET, le secrétaire d'Etat en charge de la Protection de l'enfance, et Muriel PENICAUD ont reçu hier au ministère toutes les associations qui portent ce sujet, les 8 associations, ils les ont reçues en présence de cinq députés très investis dont le député monsieur BRICOUT, qui avait porté la PPL à l'Assemblée, pour entendre de la part des associations leurs besoins, car, en réalité, ce que traduit ce texte, c'est que les parents qui font face à un deuil sont en fait très mal accompagnés dans notre pays, et les besoins sont en réalité beaucoup plus larges que celui du simple congé, ils ont fait émerger par exemple que les allocations familiales s'arrêtent du jour au lendemain, et que c'est violent, ils ont fait émerger le fait que les Caisses d'allocations familiales qui parfois aident les parents pour les obsèques sur le plan financier donnent des sommes qui sont variables d'un département à l'autre, et donc, tous ces sujets méritent d'être posés sur la table, il faut évidemment harmoniser des aides financières. Et il faut réfléchir à un accompagnement global, et donc ce travail est en cours avec les associations.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc des aides financières seront prévues, on est bien d'accord ?

AGNES BUZYN
Pour les obsèques lorsqu'il y a évidemment un besoin, bien sûr…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour les obsèques. Aides financières pour les obsèques, des aides psychologiques peut-être ?

AGNES BUZYN
Alors, juste pour revenir, les aides financières, elles existent déjà…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles existent déjà, mais…

AGNES BUZYN
Mais elles sont en fait variables, et ça, c'est incompréhensible pour les…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc elles seront généralisées…

AGNES BUZYN
Elles seront harmonisées d'un département à l'autre, c'est le minimum que nous devons, mais elles sont en fonction des revenus de la famille, bien entendu, il y a cette demande sur les allocations familiales et la brutalité de l'arrêt, donc il faut qu'on y travaille avec les caisses…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc que les allocations familiales seront prolongées ?

AGNES BUZYN
Pour l'instant, il n'y a pas de décision, mais nous avons, hier, eu la première réunion, qui a montré que l'ensemble des besoins, y compris l'accompagnement psychologique, l'ensemble des besoins doit être traité au-delà du simple congé, entre guillemets, congé, je n'aime pas ce mot quand il s'agit…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou répit, répit…

AGNES BUZYN
Répit, voilà. Mais au-delà de ce moment nécessaire, il y a d'autres besoins qui émergent, et nous avons donc l'occasion peut-être d'offrir un bien meilleur accompagnement aux familles…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais allonger les allocations familiales pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, c'est une idée ?

AGNES BUZYN
En tous les cas, nous attendons de travailler avec eux. Ce qui compte, c'est qu'on réponde aux besoins et qu'on soit…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, sur le répit. Sur le répit, est-ce qu'on pourrait passer de cinq à douze jours ou plus ?

AGNES BUZYN
C'est en plus suspension ou plus, tout cela est en train d'être travaillé…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ?

AGNES BUZYN
Il se trouve que dans ma vie professionnelle, j'ai malheureusement beaucoup rencontré de famille en deuil pour des enfants, ça a été mon métier, vous le savez, et en réalité, les besoins sont très variables d'une famille à l'autre. Certaines familles ont besoin de beaucoup de temps pour se reconstruire, d'autres en fait demandent à revenir dans la vie active, il faut l'entendre, parce qu'en réalité, la douleur est telle que l'on peut comprendre que la façon dont on fait son deuil est éminemment…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais…

AGNES BUZYN
Donc ce qui compte pour moi, c'est qu'on soit aux côtés de ces familles en fonction de leurs besoins, et pour les accompagner au mieux par rapport à leur demande individuelle, et ça, il faut qu'on offre un panel de mesures de répit…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc, il y aura possibilité d'un répit allongé au-delà de cinq jours ?

AGNES BUZYN
Evidemment, c'est en discussion aujourd'hui avec les associations, et aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ou pas ?

AGNES BUZYN
Monsieur BOURDIN…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, Agnès BUZYN !

AGNES BUZYN
On ouvre une concertation…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais moi, oui, mais moi, oui, mais je pose des questions précises.

AGNES BUZYN
Moi, je pense, par exemple, qu'il faut pouvoir proposer à ces familles des répits probablement de taille variable en fonction des besoins par exemple, la proposition de loi : accorder un répit pour les deuils d'enfants mineurs, on voit bien que de perdre un enfant de 20 ans alors qu'il est majeur pose les mêmes problèmes évidemment à une famille, laissez-nous travailler, je dirais, avec les associations en fonction de leurs besoins et de leurs demandes, pour offrir à l'arrivée le texte le plus complet possible et le plus approprié à ce que demandent les gens.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, sur ce sujet, le gouvernement a commis une erreur, c'est ce qu'a dit le Premier ministre, les députés, peut-être, de l'amateurisme, de la légèreté, pourquoi ? Où sont les erreurs, que s'est-il passé, pour revenir sur ce qui s'est passé, Agnès BUZYN, vous n'avez rien vu venir, je ne sais pas, que s'est-il passé ? Moi, je veux savoir…

AGNES BUZYN
Ecoutez, moi, je n'ai pas envie de refaire l'histoire ou refaire le match, d'abord, je comprends l'émoi, l'émoi des Français par rapport à un texte qui paraît effectivement simple ou une question qui paraît simple et qui a fait l'objet de débats en commission et qui a été travaillé, mais qui a été traité sous un angle qui peut effectivement choquer ou surprendre, c'est clairement une erreur d'appréciation et de prise en compte, en fait, de ce que représente ce moment de deuil pour la société. Donc il faut qu'on travaille pour faire mieux, je l'ai dit, le travail, c'est probablement un accompagnement de meilleure qualité sur l'ensemble des pans psychologiques, financiers…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec moins d'amateurisme et de légèreté, quoi…

AGNES BUZYN
En tous les cas, non, mais ce qui nécessite concertation… en fait, ce que cela pointe aussi, c'est que la concertation est utile, c'est qu'aujourd'hui, au-delà du simple congé ou répit qui avait été demandé dans cette proposition de loi, les associations en réalité réclament d'autres choses, et c'est là-dessus que nous allons aussi travailler.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, la réforme des retraites, lundi, des médecins libéraux, mais aussi des kinés, des infirmiers et des infirmières ont manifesté avec les avocats et d'autres professions contre cette réforme. La retraite à points met-elle fin au régime autonome des médecins, des infirmières, oui ou non ?

AGNES BUZYN
Oui, c'est la fin des régimes autonomes…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est la fin des régimes autonomes. Alors, ce sont des régimes autonomes depuis 1945, on sait pourquoi… oui ?

AGNES BUZYN
Si vous me laissez juste expliquer…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, Agnès BUZYN…

AGNES BUZYN
L'objectif de ce système universel des retraites, c'est que la totalité des Français soient solidaires les uns avec les autres, c'est-à-dire que nous serons tous dans un système où nous serons tous traités à la même enseigne, et donc l'autonomie des régimes qui fait qu'on a un régime par profession disparaît et se fond au sein de ce système universel…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors ça, on a compris. Bon, mais Agnès BUZYN, je me mets à la place des médecins ou des avocats ou je ne sais pas, moi, des kinés, qui ont fait des réserves avec leur régime autonome, par exemple, pour les médecins, ces réserves atteignent 7,7 milliards d'euros, que va devenir cet argent ?

AGNES BUZYN
Les réserves restent aux professions qui les ont accumulées, donc ça, ça a été clairement dit, clairement signifié, il n'y a pas…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, ces réserves restent aux professions et elles serviront à quoi ?

AGNES BUZYN
Elles vont servir à l'accompagnement des périodes de transition par exemple, on peut imaginer que sur une transition de 10 ou 15 ans pour progressivement amener les taux de cotisations au taux de 28 % par exemple, eh bien, il va falloir que les réserves aident les professionnels progressivement à rentrer dans le régime universel. Donc aujourd'hui, nous laissons totalement la main aux professions, et dans le cadre des concertations sur la transition, les phases de transition, nous verrons si ces réserves peuvent être utiles aux professionnels eux-mêmes. Et donc ces réserves ne rentrent pas dans un fonds de réserve général, elles ne sont pas captées par le système, elles restent à la main des professionnels.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les cas…

AGNES BUZYN
Ça a été clairement dit pendant la concertation…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord…

AGNES BUZYN
Je l'ai encore dit à l'Assemblée nationale hier soir, je le redis aux professionnels : nous ne touchons pas aux réserves des professionnels.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, l'hôpital public, plus de 300 médecins hospitaliers ont démissionné de leurs fonctions administratives, mais les soins sont toujours assurés, protestation contre les restrictions budgétaires. Alors, vous avez promis des primes, des rallonges budgétaires, des reprises de dettes, c'est pour quand tout ça ?

AGNES BUZYN
Alors, ça démarre, il fallait que le financement de la Sécurité sociale soit voté en décembre, et donc c'est fait, et donc d'ores et déjà, nous avons alloué un crédit d'investissement pour les établissements, donc ils ont reçu 150 millions d'euros répartis sur les différents hôpitaux pour acheter du matériel, pour s'équiper, pour faire les travaux nécessaires, et pour que d'ores et déjà, les conditions de travail s'améliorent au sein des hôpitaux. Donc cette enveloppe de 150 millions, elle est déléguée, il faut maintenant que les équipes s'en emparent et fassent remonter leur demande aux directeurs d'hôpitaux pour avoir le matériel dont ils ont besoin…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, dites-moi…

AGNES BUZYN
Au-delà de ça, nous reprenons la dette hospitalière, ça c'est une énorme bouffée d'oxygène pour les hôpitaux, puisque nous allons reprendre 30 % de la dette. La dette représente 30 milliards, donc nous allons reprendre 10 milliards de dette des hôpitaux sur 3 ans, cela va donc permettre aux hôpitaux de récupérer autour d'un milliard de trésorerie par an. Et donc, avec cette trésorerie ils vont pouvoir réinvestir, ils vont pouvoir employer du personnel supplémentaire, là où il en manque, et donc cette enveloppe-là elle va être a priori disponible dans le deuxième semestre 2020, parce qu'il nous faut un texte de loi pour l'allouer, mais elle sera disponible dès cette année. Enfin, j'ai déjà annoncé à tous les médecins qui aujourd'hui font part de leur désarroi par cette démission administrative, que je les reverrai en mars, parce que je veux d'abord qu'on fasse un état des lieux de la façon dont les réformes s'appliquent, notamment les primes pour les personnels, puisque 200 000 personnels hospitaliers aujourd'hui vont recevoir une prime de 100 € net par mois à partir du mois de janvier, et donc je vais...

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils l'ont reçue alors.

AGNES BUZYN
En fait, ça va être rattrapé, puisqu'ils vont la recevoir en février, mais on va faire un rattrapage sur le mois de janvier, et cette prime elle va permettre d'ores et déjà à énormément de professionnels de voir que les mesures sont effectives, et j'ai proposé qu'on se revoit avec les médecins hospitaliers en mi-mars, c'est-à-dire 2 mois après mon premier rendez-vous, pour regarder comment ça s'applique, voir s'il y a d'autres mesures nécessaires, et ils font état de mesures autour de la gouvernance des hôpitaux, et je les entends, et je pense qu'ils ont raison, nous devons retravailler cette gouvernance, cette organisation interne aux hôpitaux, pour donner beaucoup plus la main aux professionnels médicaux, et c'est ce que réclame notamment ce collectif.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Agnès BUZYN, les urgences, est-ce que sera créé un nouveau numéro de téléphone unique, totalement dédié à la santé, le 113 ? Oui ou non ?

AGNES BUZYN
Alors, les décisions n'ont pas été encore arbitrées, entre…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a eu des rapports rendus, un rapport notamment !

AGNES BUZYN
Ce sur quoi, nous avons pris un engagement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à la mise en place de ce numéro unique ou pas ?

AGNES BUZYN
Je suis favorable à ce que les Français aient un numéro…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Unique.

AGNES BUZYN
... quand ils ont un problème de santé qui leur permette d'avoir un médecin au téléphone et d'être orientés soit vers leur médecin généraliste, parce que ça peut attendre, soit vers les urgences…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un numéro unique.

AGNES BUZYN
C'est un numéro simple, qui perd à tous les Français…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Unique.

AGNES BUZYN
... c'est ce qu'on appelle le service d'accès aux soins, mais quand on dit numéro unique, il y a deux débats si vous voulez. Il y a soit le fait qu'on fasse un numéro dédié uniquement à la santé, soit qu'on fasse un numéro unique dédié à l'urgence, avec la police et les pompiers. Ce n'est pas tout à fait la même philosophie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui. C'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui le 112, on est bien d'accord, il pourrait y avoir de 113.

AGNES BUZYN
Donc, aujourd'hui, il y a un débat entre : faut-il un numéro dédié uniquement à l'urgence ou faut-il un numéro uniquement dédié à la santé ? Ou est-ce qu'on mêle tout cela ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Que préférez-vous ?

AGNES BUZYN
Et donc je pense qu'il faut que probablement les Français puissent avoir devant eux un choix simple entre la santé et l'urgence vitale.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc deux numéros.

AGNES BUZYN
Nous verrons ce qui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un pour les secours et la sécurité, le 112, et un pour la santé, le 113.

AGNES BUZYN
Vous me posez toujours la question monsieur BOURDIN sur ce numéro unique, qui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment, parce que ça passionne, ça intéresse les Français, tous les Français.

AGNES BUZYN
Absolument, et donc mon engagement c'est qu'au mois de juin, ce service d'accès aux soins, donc ce numéro de téléphone, où dès qu'on aura un problème de santé, on pourra être orienté, soit vers la médecine de ville, la médecine générale, soit vers l'hôpital…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, donc un numéro santé.

AGNES BUZYN
... il sera opérationnel au mois de juin, c'est l'engagement que j'ai pris…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura un numéro santé au mois de juin, on est bien d'accord ?

AGNES BUZYN
Absolument monsieur BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Bon. Dites-moi, les conditions de vente en ligne des médicaments vont-elles être assouplies ? J'ai vu les pharmaciens qui n'étaient pas contents, qui craignent qu'AMAZON puisse un jour vendre des médicaments sur Internet.

AGNES BUZYN
Alors, il est clair qu'AMAZON, ce n'est pas aujourd'hui la vision du gouvernement. Nous ne souhaitons pas que des plateformes vendent des médicaments comme on vend des livres. Un médicament c'est quelque chose de sérieux, il faut un conseil pharmaceutique...

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un livre aussi, remarquez, mais c'est différent.

AGNES BUZYN
Oui, mais ça ne met pas en danger la vie des gens.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, on est bien d'accord.

AGNES BUZYN
Donc, aujourd'hui ce sont les pharmaciens qui ont la possibilité de vendre des médicaments sur Internet, à condition que le stock de médicaments soit adossé à la pharmacie et à condition qu'il y ait une plateforme par pharmacie. Ce que propose le gouvernement, c'est une capacité de mutualiser entre plusieurs pharmacies, cette vente en ligne, et que le stock ne soit pas forcément dans le local de la pharmacie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors AMAZON, c'est simple, se met d'accord avec des pharmaciens et il vend en ligne, puisque le stock sera dans ses entrepôts et vend en ligne…

AGNES BUZYN
Absolument pas, nous allons prendre tous les engagements nécessaires pour rassurer les pharmaciens. Cela doit rester à la main des pharmaciens d'officines. Moi je compte énormément sur la profession des pharmaciens aujourd'hui, dans leur rôle de santé, dans leur rôle de conseil, nous avons besoin du maillage territorial des pharmacies, nous avons besoin des pharmacies rurales, ils sont indispensables aujourd'hui à l'accès aux soins, et ils peuvent être totalement rassurés sur le fait que je serai à leurs côtés pour absolument éviter toute dérive de cette vente en ligne.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. La loi dépendance tant attendue, elle est pour quand ?

AGNES BUZYN
2020.

JEAN-JACQUES BOURDIN
2020, cette année.

AGNES BUZYN
C'est l'engagement qu'a pris le président de la République lors de ses voeux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Projet de loi pour quand ?

AGNES BUZYN
Donc, ce projet de loi, nous avions près prévu de le préparer au printemps, pour qu'il soit proposé avant l'été, nous y travaillons. Vous le savez, le calendrier parlementaire est extrêmement contraint, donc nous verrons à quelle période nous pouvons le passer, mais les mesures seront…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant l'été ?

AGNES BUZYN
Nous attendons de savoir comment va se libérer le calendrier parlementaire, c'est juste un problème d'embouteillage des textes de loi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Après la réforme des retraites ?

AGNES BUZYN
Il n'y a absolument aucun risque que ce projet de loi ne soit différé, car nous avons besoin de cette loi sur le grand âge et de l'autonomie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin 2020, la loi sera votée.

AGNES BUZYN
Il y aura avant la fin 2020, sur la table, toutes les propositions du gouvernement pour accompagner le vieillissement de la population.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est urgent. Urgent. Agnès BUZYN, deux questions encore. Pourquoi en France, pourquoi est-ce qu'en France les nitrates, ajoutés dans les aliments, les nitrites et nitrates ajoutés dans les aliments, notamment la charcuterie, ne sont pas interdits ?

AGNES BUZYN
C'est une excellente question. Aujourd'hui il y a un doute sur la toxicité des nitrates, notamment dans la charcuterie. Les agences sanitaires ont été saisies pour évaluer le risque en fonction des publications, en fonction de la science. Nous saisissons l'ANSES, l'ANSES doit nous rendre un rapport pour nous dire si c'est un risque réel ou si le risque est lié à autre chose, et donc nous attendons l'avis de l'ANSES…

JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il y a le moindre risque, interdiction.

AGNES BUZYN
Evidemment.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment.

AGNES BUZYN
Comme tous les produits toxiques évidemment.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Et j'ai une dernière question, qui est très politique : est-ce que vous serez candidate dans le XVème arrondissement de Paris, aux municipales ?

AGNES BUZYN
Je l'ai dit, j'aime Paris, c'est ma ville, j'y ai toujours vécu, j'y suis née, je pense que je peux apporter des choses sur le champ de la solidarité et de la santé, sur cette ville. J'étais en discussion avec Benjamin GRIVEAUX, et il se trouve que l'épisode actuel du coronavirus, notamment, a un peu ralenti des discussions, donc je n'ai pas eu l'occasion encore de prendre ma décision.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas décidé encore.

AGNES BUZYN
Je n'ai pas encore décidé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous aimeriez faire ?

AGNES BUZYN
J'ai toujours dit que je voulais être candidate à Paris et que je voulais m'engager pour ma ville.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous serez candidate.

AGNES BUZYN
Je dis simplement qu'aujourd'hui je n'ai pas eu le temps de poursuivre avec Benjamin GRIVEAUX les discussions.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais enfin, vous avez envie d'être candidate.

AGNES BUZYN
J'ai envie d'être candidate, mais aujourd'hui je suis, vous le savez, sur un front qui m'empêche d'avoir le temps de discuter plus à fond sur les listes et l'organisation avec Benjamin GRIVEAUX, ces discussions doivent se poursuivre, mais nous avons jusqu'au 27 février pour présenter des listes, et donc j'aurai pris ma décision d'ici là.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci. RMC et BFM TV, Agnès BUZYN notre invitée ce matin.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 février 2020