Déclaration de Mme Amélie de Montchalin, secrétaire d'État aux affaires européennes, en réponse à une question sur la négociation du futur budget européen, au Sénat le 26 février 2020.

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Circonstance : Question d'actualité au Sénat

Texte intégral

Merci Monsieur le Président,
Monsieur le Sénateur,


Effectivement, jeudi et vendredi, nous avions beaucoup à faire. Nous devions décider vite pour nous donner des moyens à la hauteur de nos ambitions, sur l'agriculture, je vais y revenir, mais également sur d'autres priorités que nous défendons. Cela n'a pas pu être fait, nous le regrettons et nous continuons à travailler.

Et il faut profondément tirer des leçons de ce conseil. Il faut changer de méthode. Il faut repenser notre méthode de travail. Nous ne pouvons pas, dans cette Union, décider de crise en crise, laisser des blocs s'affronter. Notre puissance, notre force, c'est notre Union et quand nous organisons la division, quand elle s'organise, c'est l'impuissance qui gagne.

Nous avons trois priorités dans ce budget européen. La politique agricole commune, j'en ai parlé, parce que nous ne pouvons pas demander à nos agriculteurs de faire plus avec moins de moyens. Ensuite, nous voulons de nouveaux instruments de souveraineté, comme le fonds européen de défense. Et enfin, nous voulons réformer le financement. Parce que la solution, ce n'est pas de sacrifier l'agriculteur français pour faire plaisir au contribuable néerlandais. Ce n'est pas de sacrifier l'élu local d'Outre-mer pour financer la défense européenne. Cela n'a pas de sens.

Nous devons, en revanche, augmenter nos ressources, trouver de nouveaux leviers de financement, pour que nous puissions investir en complément des contributions nationales. Si nous avons les mêmes moyens qu'il y a vingt ans, nous aurons les mêmes politiques qu'il y a vingt ans. Or, nous avons de nouvelles ambitions, et c'est cela qu'il faut financer.

Alors comment on fait ? On taxe ceux qui bénéficient du marché européen, des politiques européennes, mais qui aujourd'hui n'y contribuent pas. Il est hors de question d'augmenter les impôts. Personne ne souhaite augmenter les impôts. Mais nous avons aujourd'hui des possibilités. Nous pouvons taxer le carbone aux frontières. Nous pouvons taxer le carbone quand il est émis. Nous pouvons taxer le plastique non recyclé. Nous pouvons taxer les géants du numérique.

Ces taxes sont cohérentes, elles sont cohérentes avec nos objectifs politiques, avec l'écologie, avec la justice sociale, avec la protection des Européens. Ce sont les nouvelles ressources, ce sont des armes politiques pour l'Europe. Parce que ces acteurs, ils bénéficient de l'Europe, ils n'y contribuent pas, et nous pensons qu'il y a là une voie à poursuivre pour pouvoir financer nos agriculteurs, notre développement. Merci.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2020