Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à Public Sénat le 20 février 2020, sur les élections municipales, la lutte contre le séparatisme et le service national universel.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse

Média : Public Sénat

Texte intégral

ORIANE MANCINI
Notre invité politique ce matin, c’est Gabriel ATTAL. Bonjour.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d’être avec nous, Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la jeunesse. On est ensemble pendant vingt minutes pour une interview en partenariat avec la presse quotidienne régionale représentée par Stéphane VERNAY. Bonjour Stéphane.

STEPHANE VERNAY
Bonjour.

ORIANE MANCINI
Stéphane qui dirige le bureau parisien du journal Ouest-France. On va commencer avec ces propos de Christophe CASTANER, Gabriel ATTAL. Christophe CASTANER qui hier matin a évoqué la vie privée d’Olivier FAURE, c’était dans une interview. Il a parlé de ses divorces, de ses séparations, Christophe CASTANER qui a dit « regretter ses propos, surtout s’ils avaient blessé Olivier FAURE. » Mais quand même, est-ce que de la part du Ministre de l’Intérieur, ce n’était pas une erreur voire une faute de dire ça ?

GABRIEL ATTAL
Il a dit lui-même qu’il regrettait ses propos, donc à partir de là je pense que le débat sur le sujet est clos. Il a clarifié les choses quelques heures après cette interview et ça me semble maintenant…

ORIANE MANCINI
Pour vous, le débat est clos.

GABRIEL ATTAL
Oui. A partir du moment où Christophe CASTANER s’est exprimé en expliquant qu’il regrettait ses propos, ça me semble…

STEPHANE VERNAY
Vous comprenez la colère d’Olivier FAURE quand même.

GABRIEL ATTAL
A l’évidence Christophe CASTANER l’a entendue aussi puisqu’il a dit qu’il regrettait ses propos.

STEPHANE VERNAY
Mais est-ce qu’Olivier FAURE surjoue dans cette histoire ? Parce qu’il fait une conférence de presse, il demande que le président de la République convoque le Ministre de l’Intérieur, il parle de faute grave. Est-ce que c’est mesuré ou est-ce que c’est exagéré ? Comment vous mesurez les choses ?

GABRIEL ATTAL
Encore une fois, je considère que cet épisode est clos et j’ai envie de vous dire, j’en suis même assez satisfait. Parce que, voilà, je suis…

ORIANE MANCINI
Satisfait que ce soit clos.

GABRIEL ATTAL
Oui. Enfin, voilà, je trouve qu’on a en ce moment un niveau débat public qui moi ne me satisfait pas en tant que responsable politique.

ORIANE MANCINI
Justement, est-ce que c’était besoin d’en rajouter de la part de Christophe CASTANER ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez, j’ai trente ans, je me suis engagé en politique pas pour avoir les débats qu’on a en ce moment. Je parle de ce qui se passe depuis une semaine, voilà. Donc moi je suis content quand on parle de fond et des dossiers d’abord qu’on m’a confiés mais des dossiers d’une manière générale qui préoccupent les Français.

ORIANE MANCINI
Un mot sur Benjamin GRIVEAUX. Vous faites partie des Macronistes historiques. Est-ce que vous avez parlé à Benjamin GRIVEAUX depuis l’affaire ? Comment va-t-il ?

GABRIEL ATTAL
Ça nous regarde lui et moi. Je n’ai pas de révélation à faire sur ce sujet.

ORIANE MANCINI
Il veut prendre du champ de la vie politique ? Il veut s’en éloigner ?

GABRIEL ATTAL
Ce n’est pas à moi de le dire pour lui.

ORIANE MANCINI
Il est encore député à l’heure actuelle.

GABRIEL ATTAL
Bien sûr.

ORIANE MANCINI
Est-ce qu’il va quitter ses fonctions de député ou pas avant la fin de la mandature ?

GABRIEL ATTAL
Je n’ai absolument aucune information ou révélation à faire sur ce sujet.

STEPHANE VERNAY
Je propose qu’on parle un peu des municipales, notamment les municipales à Paris. On voit qu’il y a deux sondages qui sont sortis en ce début de semaine concernant les intentions de vote aux premier et second tours, deux sondages qui mettent l’un Anne HIDALGO et Rachida DATI au coude à coude, l’autre qui met Rachida DATI devant Anne HIDALGO et Agnès BUZYN dans un cas comme dans l’autre à 17 %. Le commentaire qu’on voit circuler, c’est qu’il n’y a pas d’effet Buzyn depuis l’annonce de sa candidature. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ? Est-ce que c’est normal ? Comment est-ce que les choses peuvent évoluer de votre point de vue ?

GABRIEL ATTAL
Alors d'abord un point méthodologique si je peux me permettre. Les sondages sur Paris, ils sont intéressants parce qu'ils donnent une photographie globale et une dynamique quand on les compare. Mais il faut les prendre avec une certaine mesure puisque, vous le savez, les élections municipales à Paris c'est en fait dix-sept élections, c’est par arrondissement et c'est en fonction de chacune des élections par arrondissement qu'on a la photographie ensuite du Conseil de Paris et qu'on a l'élection du maire ou de la maire. Et donc par définition, ces sondages ne permettent pas de dire qui sera maire mais ils donnent une dynamique.

ORIANE MANCINI
D’accord. Mais la dynamique, elle n’est pas en votre faveur.

GABRIEL ATTAL
La deuxième chose, c’est que quand vous regardez ces sondages qui sont sortis hier, l'essentiel du panel - c'est-à-dire des Parisiens qui ont été interrogés - l'ont été dimanche soir je crois. Agnès BUZYN ne s'était même pas encore exprimée. Donc moi, je suis assez réservé et mesuré sur ces sondages. Je crois par ailleurs qu'il y en a d'autres qui sont en train d'être réalisés cette semaine et qui seront peut-être être diffusés dans jours ou dans les semaines qui viennent.

ORIANE MANCINI
Donc ça veut dire que vous espérez un effet Buzyn.

GABRIEL ATTAL
Moi je crois profondément que…

ORIANE MANCINI
Vous espérez qu’Agnès BUZYN soit une meilleure candidate que Benjamin GRIVEAUX et qu'elle imprime plus à Paris.

GABRIEL ATTAL
Je ne dis pas ça. Je dis que par définition, quand vous avez un candidat important qui est remplacé par une autre candidate, par définition ça rebat les cartes. Et donc par définition, c'est une nouvelle dynamique qui s'enclenche. Maintenant, il faut convaincre les Parisiens. Je crois que c'est ce à quoi Agnès BUZYN s'emploie depuis lundi matin. Elle a fait un certain nombre de déplacements déjà, elle a fait plusieurs interventions chez certains de vos confrères hier. Elle va continuer à le faire dans les jours qui viennent et évidemment elle cherche à convaincre.

STEPHANE VERNAY
Agnès BUZYN s'emploie à convaincre les Parisiens comme vous dites et elle cherche aussi à convaincre Cédric VILLANI. Où est-ce que les deux candidats en sont de leurs échanges et de leurs tractations ?

GABRIEL ATTAL
D’abord je…

STEPHANE VERNAY
Est-ce qu’il y a une chance que Cédric VILLANI revienne ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, je l’espère. Je l’espère.

STEPHANE VERNAY
C’est encore possible ?

GABRIEL ATTAL
Je le crois. Moi je pense que par définition, tant que les listes ne sont pas déposées totalement, qu'on n'est pas au moment du premier tour, il y a encore une chance d'y arriver.

ORIANE MANCINI
On a un peu l'impression que les deux se tendent la main mutuellement mais que personne ne saisit la main tendue de l'autre.

STEPHANE VERNAY
Chacun pose ses conditions.

ORIANE MANCINI
Est-ce que vous pensez qu’il y a un accord ?

GABRIEL ATTAL
Déjà, moi je vois les choses toujours positivement. Il y a de la discussion, il y a du dialogue ; ils l'ont dit d'ailleurs eux-mêmes : ils ont échangé. Moi, je souhaite évidemment qu'on puisse aller vers un rassemblement dès le premier tour. Ça serait l'idéal.

STEPHANE VERNAY
Mais sans ce rassemblement dès le premier tour, est-ce que La République en Marche peut encore prendre Paris ?

GABRIEL ATTAL
Oui, je pense que oui. Je pense que oui parce qu4il y a deux tours, il y a même trois tours quand on regarde les choses par rapport à ce que je vous disais tout à l'heure, et donc il y a tout à fait la possibilité de gagner Paris indépendamment de ce rassemblement dès le premier tour. Mais par définition, c'est toujours mieux d’être ensemble.

STEPHANE VERNAY
Est-ce que c’est possible de prendre Paris entre le premier et le deuxième tour sans alliance avec la droite ? Et si le seul moyen de le faire, c’est par une alliance avec la droite, c'est mal parti. Si Rachida DATI est avant la candidate de La République en Marche au soir du premier tour, l'alliance se fera dans l'autre sens. Vous serez obligés de vous ranger derrière Rachida DATI et non pas l'inverse.

GABRIEL ATTAL
D’abord il reste un peu moins d'un mois de campagne. Notre candidate a démarré sa campagne lundi matin, donc moi je ne me place pas dans ce scénario-là. C'est-à-dire que je pense qu'elle peut convaincre et qu'elle va convaincre et qu’elle sera devant. Mais je pense que c'est possible. Quand vous regardez les sondages, vous avez, je crois entre 65, 70 % des Parisiens qui, quand on leur demande s'ils souhaitent qu’Anne HIDALGO soit réélue, répondent non. Donc c'est bien qu'il y a un chemin pour une alternative, une alternance à Paris. Et moi je crois que celle qui peut l'incarner, c'est Agnès BUZYN. Je ne crois pas que Rachida DATI puisse l’incarner.

STEPHANE VERNAY
Oui, mais avec l’électorat de droite. Forcément avec une alliance avec la droite.

GABRIEL ATTAL
Mais vous savez, nous on s’adresse à différents électorats. Agnès BUZYN l’a dit : des électeurs de droite, des électeurs de gauche, des électeurs écologistes.

ORIANE MANCINI
Mais vous n’excluez pas cette alliance avec la droite.

GABRIEL ATTAL
Non mais attendez. Moi je ne me place pas du tout dans ces sujets d'alliance. Dans le premier tour déjà, essayer de rassembler notre famille politique au sens élargi du terme, et puis c'est de convaincre les Parisiens et c'est ce à quoi Agnès s’emploie.

STEPHANE VERNAY
Quelles sont les autres villes que La République en Marche pourrait ou devrait remporter dans cette élection ?

GABRIEL ATTAL
Alors nous, on s’est fixé dès le départ un objectif, c’était…

STEPHANE VERNAY
Dix mille élus locaux.

GABRIEL ATTAL
Oui, ce qui est un objectif ambitieux, je le dis. On part dans ces élections municipales, par définition, avec un compteur à zéro puisque La République en Marche…

STEPHANE VERNAY
Deux mille. L’estimation, c’est deux mille élus locaux.

GABRIEL ATTAL
Oui. Deux mille élus locaux mais qui n’ont pas été élus En Marche, qui ont rejoint La République en Marche. Par définition aux dernières élections municipales, En Marche n'existait pas. Ça a été créé en 2016 et les dernières datent de 2014.

STEPHANE VERNAY
Mais les dix mille, vous les aurez. Le problème, c’est que…

GABRIEL ATTAL
Je ne suis pas sûr. Attendez, ce n’est pas dit…

STEPHANE VERNAY
Non, vous n’êtes pas sûr ? Vous êtes sûr pour Paris mais pas pour les villes.

GABRIEL ATTAL
Je crois aujourd'hui que Les Républicains revendiquent douze mille élus locaux. Vous voyez que dix mille, c'est quand même très important pour, encore une fois, une formation politique qui est nouvelle, qui se frotte pour la première fois à des élections locales, donc c'est un objectif qui est très ambitieux. Si on arrive à cet objectif-là, ce sera déjà une conquête très importante pour La République en Marche.

STEPHANE VERNAY
Vous avez besoin aussi d'afficher des victoires dans certaines villes un peu symboliques comme Paris ou d'autres. Lesquelles ?

GABRIEL ATTAL
Bien sûr. Alors moi je vais vous dire pourquoi je suis très réservé sur le fait de lister des villes, parce que si là je vous donne des villes dont je considère qu’on peut, qu'on doit, qu'on va les gagner, ça veut dire que celles que je n'aurai pas citées, on ne peut pas et on ne va pas les gagner. Et vis-à-vis de nos candidats qui se battent, qui font campagne, qui cherchent à convaincre, je ne trouve pas ça très correct. Moi-même, vous savez, je suis candidat dans ma ville à Vanves et donc je n'aimerais pas que quelqu'un explique qu'on peut gagner certaines villes et puis d'autres qui ne sont pas citées, qu'on ne peut pas les gagner. Mais en tout état de cause dans cette élection, on va semer des graines pour l'avenir. On va avoir des élus à tous les niveaux. On aura des conseillers municipaux, on aura des adjoints au maire. On aura, je l'espère, des maires.

ORIANE MANCINI
Mais dans beaucoup de villes, vous avez dû vous ranger derrière des maires déjà en place. Est-ce que ce n’est pas l'illustration que votre parti a du mal à s'implanter localement finalement ?

GABRIEL ATTAL
Pas dans… Enfin, ce n’est pas dans l’essentiel des villes. Je crois qu’on a réalisé un peu plus de six cents investitures et je crois que les soutiens, c'est-à-dire les candidatures où nous ne sommes pas nous-mêmes tête de liste, c'est un peu moins de la moitié. C'est beaucoup, six cents investitures. Il y a quelque chose qu'on ne dit pas souvent, c'est que La République en Marche, on est un des seuls partis à publier au niveau national toutes nos investitures et tous nos soutiens, là où vous avez des partis qui cachent leurs candidats. Est-ce que vous avez la liste des candidats soutenus par le Parti socialiste au niveau national dans toute la France ? Non, ils ne la diffusent pas. Et d'ailleurs, vous avez énormément de candidats qui ne mettent pas le logo et qui ne se revendiquent pas de leur parti. Nous, on ne cache rien ; nous, on dit les choses. Chez Les Républicains, je pense qu’il y a un peu plus de transparence mais vous avez énormément de maires sortants Les Républicains qui se présentent sans logo, qui disent qu'ils sont sans étiquette. Le Rassemblement national qui, pour le coup je crois, publie l'ensemble de ses investitures au niveau national, ils sont je crois à quatre cents investitures, donc beaucoup moins que nous. Donc on ne peut pas nous accuser de faire l'impasse sur ces élections, au contraire : on y va de manière très ambitieuse et très conquérante.

STEPHANE VERNAY
Alors juste une dernière question sur les municipales. On voit que les investitures ont été compliquées, on a beaucoup parlé de Paris mais il y a d'autres villes où il y a plusieurs candidats qui se revendiquent de La République en Marche qui se présentent les uns contre les autres. Les consignes du mouvement, elles sont très claires. C’est que partout où il y aura menace ou possibilité pour le Rassemblement national de gagner la ville au second tour, les consignes du mouvement La République en Marche c'est de dire « on se retirera si le retrait permet d'éviter que le Rassemblement national gagne la ville. » Comment vous allez faire dans les villes où vous avez plusieurs candidatures, des dissidents où on voit que finalement les consignes nationales sont difficiles à appliquer ? Est-ce que vous ne craignez pas qu'il y ait un certain nombre de vos candidats qui ne fassent pas cet effort-là et qui ne se retirent pas entre le premier et le deuxième tour parce qu'ils sont persuadés que finalement ils peuvent quand même gagner ou accomplir quelque chose au niveau personnel ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, ce sera un bon test pour ceux qui aujourd'hui effectivement sont partis en dissidence et se revendiquent encore de La République en Marche ou du président de la République. S'il y a un risque que le Rassemblement national l'emporte et qu’ils ne se retirent pas, ça sera la démonstration par A plus B qu’ils sont totalement en dehors de nos valeurs et en dehors de nos objectifs, donc ça sera un bon test. L'autre chose que je veux vous dire sur ce point, c'est qu’on dit beaucoup « La République en Marche, vous avez des dissidents. C’est très compliqué etc. »

STEPHANE VERNAY
C’est vrai quand même.

GABRIEL ATTAL
La part des villes où il y a effectivement des dissidences et des situations compliquées, c’est 5 %. 5 % de nos investitures. Donc ce n’est pas la majorité, loin de là, ce n’est même pas une minorité importante.

ORIANE MANCINI
C’est beaucoup dans les grandes villes.

GABRIEL ATTAL
Mais c'est la réalité dans toutes les formations politiques. Qu’est-ce qui se passe à Marseille où vous avez madame VASSAL et Monsieur GILLES qui sont tous les deux des Républicains qui se présentent l'un contre l'autre ? Qu'est-ce qui se passe dans beaucoup de villes où vous avez, que ce soit à gauche, à droite, chez les écologistes, des dissidences ? Voilà, ça arrive dans la vie politique, ça nous arrive mais 5 % de nos investitures…

STEPHANE VERNAY
Pas plus qu’aux autres.

GABRIEL ATTAL
Pas plus qu'aux autres, voilà. On aimerait que ça soit moins qu'aux autres mais c’est notre première échéance. Peut-être que les choses iront mieux pour les prochaines. Mais voilà, n'accusons pas La République en Marche de maux qui ne sont pas les siens, voilà.

ORIANE MANCINI
Allez, on va parler d’un autre sujet : c'est la lutte contre le communautarisme, contre le séparatisme dans la bouche du gouvernement. Emmanuel MACRON a présenté la première partie de son plan cette semaine. Vous, vous faites des déplacements sur ce sujet, déplacements quasi hebdomadaires. Quel est l'objectif de vos déplacements ? Je crois que vous allez faire remonter des propositions au président de la République. Est-ce que vous pouvez déjà nous en donner quelques-uns ?

GABRIEL ATTAL
Absolument. Moi j'étais avec le président de la République à Mulhouse avant-hier sur ce sujet de la lutte contre le séparatisme. Déplacement à Mulhouse qui portait sur la question de l'influence internationale en France, donc à la fois la question de la formation des imams, du financement des cultes et puis des fameux ELCO, les enseignements en langue et culture d'origine qui est un système qui est totalement inacceptable…

ORIANE MANCINI
On va y revenir.

GABRIEL ATTAL
Sur lequel on va revenir. Moi je suis Secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse et de la vie associative. Et c'est au titre de la vie associative qu’effectivement j'ai engagé une série de déplacements pour faire des propositions que j'ai faites au président de la République et au Premier ministre sur ce sujet-là.

ORIANE MANCINI
Lesquelles alors ?

GABRIEL ATTAL
Parce que sur le constat, la vie associative c'est pour moi aujourd'hui parfois un problème sur ce sujet et dans ces quartiers, et pourtant ça peut être une vraie solution. C'est parfois un problème parce que vous avez aujourd'hui des situations où, derrière le statut d'association de loi 1901, vous avez un projet politique qui est celui de l'islam politique, qui cherche à embrigader des enfants et des familles en se protégeant derrière le statut d'association de loi 1901 et ça c'est absolument inacceptable. Et donc, il faut mieux encadrer, mieux contrôler et mieux sanctionner ces associations qui sont aujourd'hui noyautées par des personnes qui sont issues des Frères musulmans, ou en tout cas qui ont un projet politique. Et puis c'est une solution et une chance parce que moi, je crois profondément qu'on peut développer, qu'on doit développer davantage dans ces quartiers une éducation populaire du XXIème siècle, une offre alternative républicaine à ce qui est aujourd'hui proposé par ceux qui ont un projet d'islam politique. Ça veut dire travailler avec les grands réseaux d'éducation populaire pour réinsuffler cette dynamique dans les quartiers. Ils y sont déjà présents dans un certain nombre mais il faut travailler avec eux pour avancer davantage et c’est sur ces deux volets…

ORIANE MANCINI
Mais juste comment on fait pour mieux contrôler et mieux encadrer ces associations ? C'est quoi vos propositions concrètes ?

GABRIEL ATTAL
Alors par définition, j'ai fait des propositions au président de la République et au Premier ministre. Ils n’ont pas encore arbitré mais ce sera annoncé très rapidement. Dès la semaine prochaine, il y aura un nouveau déplacement.

ORIANE MANCINI
Sans nous parler des arbitrages qui n’ont pas eu lieu mais vous, vos propositions à vous ?

GABRIEL ATTAL
J’ai fait des propositions.

ORIANE MANCINI
On verra celles qui seront retenues, mais en tout cas les vôtres.

GABRIEL ATTAL
Oui enfin, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Vous savez les arbitrages ne se font pas sur des plateaux de télévision, mais il y a des propositions qui visent, je vous donne un exemple, c’est les associations qui accueillent des enfants, des mineurs, qui sont pas forcément des accueils collectifs de mineurs au sens déclaré du terme, mais vous avez par exemple des associations qui dans leurs objets expriment qu'elles font du soutien scolaire et qui se servent de cet objet social, de soutien scolaire, comme un produit d'appel pour attirer les enfants et d'arrière embrigader des familles vers, voilà des valeurs qui sont contre celles de la République. J'étais dans une commune dans ma série de déplacements où j'ai vu très concrètement ce que c'était. J'ai vu une école publique qui a été extrêmement soutenue par toutes les actions du gouvernement, toutes les classes ont été dédoublées puisqu'on a décidé de dédoubler les classes dans les territoires Rep et Rep+. Un petit-déjeuner qui est servi à tous les enfants en arrivant à l'école parce qu'on sait que c'était une vraie inégalité sociale. L'école, elle-même, avait été refaite par la municipalité, un chantier de, je crois, 7 millions d'euros il y a 2 ans. Donc en termes de politique publique, c'était l'incarnation de tout ce qu'on en train de faire pour ces quartiers, donc les enfants avaient toutes les raisons d'être bien accompagnés, d'être heureux, épanouis, émancipés dans cette école et pourtant vous avez une association, loi 19 qui fait prétendument du soutien scolaire qui accueille 300 enfants le mercredi et le week-end et les enseignants, la directrice de l'école vous disent que ces enfants quand ils retournent à l'école publique le lundi, on leur a totalement lavé le cerveau. C’est des enfants qui contestent la datation post Jésus-Christ au profit de l'hégire. Des enfants qui est en cours de musique parfois se bouchent les oreilles pour chanter des sourates, voilà c'est ça, c'est ces manifestations là qu'on voit. Et ça on ne peut pas l'accepter dans la République, on ne peut pas accepter qu'aujourd'hui, vous ayez des associations qui accueillent des enfants, qui accueillent des mineurs dont on ne sait absolument rien sur l'identité des personnes qui accueillent et qui encadrent ces mineurs et sur le contenu de ce qui leur est apporté.

ORIANE MANCINI
Est-ce que vraisemblablement il faut retravailler la loi de 1901 ?

GABRIEL ATTAL
Donc très concrètement les propositions que j'ai faites et sur lesquelles on va avancer, elles permettent de mieux encadrer l'ouverture de ces associations, encore une fois j'ai pris l'exemple de l'accueil de mineurs parce que quand on a une association qui s'adresse aux mineurs, c'est normal qu'on regarde de manière très fine la manière dont les choses sont faites, de mieux contrôler, de mieux faire des contrôles. Aujourd'hui quand vous voulez faire un contrôle de ces structures, vous annoncez un mois à l'avance la date et l'heure de votre contrôle, donc c'est sûr que c'est assez facile de s'organiser, voilà donc il faut aussi aller vers davantage de contrôles plus inopinés. Et puis de mieux prendre des sanctions si on constate qu'il y a des faits qui sont inacceptables. Voilà j'ai, je crois, été assez très concret…

ORIANE MANCINI
Juste sur la loi de 1901, est-ce qu’il faut la retravailler ou ce n’est pas la loi qui est cause ?

GABRIEL ATTAL
Enfin vous savez, moi, je ne me pose pas la question de l'objet législatif avant de me poser la question des solutions. Je regarde très concrètement ce qu'il faut faire pour que concrètement sur le terrain la différence se voit et ensuite on regarde ce que ça implique.

ORIANE MANCINI
Peut-être qu’elle n’est plus adaptée à ce que vous constatez-vous concrètement sur le terrain justement.

GABRIEL ATTAL
La loi de 1901, c'est une loi qui est très importante, qui est fondatrice, encore une fois moi ce que je regarde c'est très concrètement de quoi on a besoin sur le terrain pour permettre à la justice, à l'autorité du préfet d'agir face à ces pratiques et ensuite que ça implique en termes d'évolution législative. Je ne fais pas les choses dans le sens en me disant, on va vouloir bouger telle loi parce que c'est un totem et parce que ça va montrer qu'on y va fort, ce n'est pas ça le sujet. Je vois que dans nos oppositions politiques, c'est ce que certains font et leur dire voilà on a trouvé la solution, il faut toucher à la Constitution, la belle affaire, ce n'est pas ça qui va changer les choses. Il faut d'abord regarder sur le terrain de quoi on a besoin et ensuite se poser la question de ce que ça implique en termes législatifs.

STEPHANE VERNAY
Vous venez de parler d'encadrer l'ouverture de d'associations et de les contrôler, c'est-ce que, puisqu'on est au Sénat, c'est ce qu'a proposé le… c'est ce que permet de faire la loi Gatel sur les écoles hors contrat, est-ce que ça c'est le bon exemple, est-ce que ça marche ? Parce que maintenant, on a un an de recul, le premier bilan, il est bon, il n’est pas bon, est-ce que ça fonctionne ?

GABRIEL ATTAL
La loi Gatel, ça a été un progrès majeur, c'est d'ailleurs pour ça qu'on la soutenue.

STEPHANE VERNAY
Mais dans son application ?

GABRIEL ATTAL
Dans son application, ça fonctionne, l'an dernier on a fermé quatre écoles hors contrat et surtout à la rentrée dernière on a interdit l'ouverture, je crois, de 27 d'entre elles. Donc on voit bien que ça fonctionne. Et oui moi quand je vois…

STEPHANE VERNAY
Donc ça c’est un bon bilan.

GABRIEL ATTAL
Oui et quand je vois ce qu’on arrive à faire avec la loi Gatel sur les écoles hors contrat, ça m’inspire des choses pour les associations qui ne sont pas déclarées comme des écoles hors contrat, mais qui ont vocation à accueillir des enfants mineurs et qui parfois sont des écoles hors contrat qui ne disent pas leur nom, qui ne disent pas leur statut. Et donc il faut être très clair et il faut agir.

ORIANE MANCINI
Un mot, vous en avez parlé tout à l'heure, mais on va y revenir sur ces fameux ELCO, les enseignements en langue et culture d'origine qu'Emmanuel MACRON a donc annoncé vouloir supprimer dès septembre 2020. C'est des cours qui étaient dispensés par des enseignants désignés par les gouvernements d'autres pays. Juste avant de revenir sur ce qu'a dit Emmanuel MACRON, on ne comprend pas bien en quoi ces enseignements posaient problème, ils n'étaient pas contrôlés par le ministère de l'Education nationale ?

GABRIEL ATTAL
Non, ce qui posait problème, donc c'est des enseignements qui sont issus d'accords qui datent des années 70 et qui visaient à maintenir un lien entre des enfants de familles issues de ces pays et puis donc ces pays et ces langues d'origine.

ORIANE MANCINI
9 pays.

STEPHANE VERNAY
9 pays.

ORIANE MANCINI
Mais il y avait un contrôle du ministère de l’Education nationale ?

GABRIEL ATTAL
Vous avez aujourd'hui 80.000 enfants qui sont dans ces fameux Elco et le ministère de l'Education nationale ne contrôle ni l'identité des professeurs qui sont détachés par ces pays d'origine et donc on se rend compte que pour un certain nombre d'entre eux, ils ne parlent pas un mot de français, ce qui pose quand même un problème puisque je rappelle que ces cours ont lieu dans l'école de la République, ce n'est pas sur le temps scolaire, mais c'est dans l'école de la République, qui ne contrôle pas le contenu de ce qui est enseigné aux enfants dans le cadre de ses cours. Et donc très concrètement ce qu'on dit, c'est on va basculer ces fameux Elco en, désolé, EILE, Enseignement Internationaux en Langues Etrangères, qui est un dispositif qui pour le coup a été créé dans sa forme juridique par la précédente majorité et qui permet d'avoir un contrôle sur l'identité des enseignants de s'assurer qu'ils parlent le français et puis surtout de voir concrètement ce qu'ils disent et ce qu'ils enseignent aux enfants dans ce cadre. La précédente majorité avait créé ces EILE, elle n’avait pas du tout fait le travail avec les pays d'origine parce que c’est un travail diplomatique, vous savez c'est un acquis ancien pour ces pays, c'est eux qui détachent et qui financent les enseignants. Et donc il y a un vrai travail diplomatique à faire qui est très difficile, la précédente majorité s'était contentée de créer le statut, nous, on a fait le travail diplomatique avec Jean-Yves LE DRIAN, avec Jean-Michel BLANQUER. Donc très concrètement on est en train d'aboutir avec l'essentiel de ces pays, le Maroc…

ORIANE MANCINI
Ça coince avec la Turquie.

GABRIEL ATTAL
L'Algérie.

ORIANE MANCINI
Pour être clair ça coince avec la Turquie.

GABRIEL ATTAL
Ça coince avec la Turquie.

ORIANE MANCINI
Est-ce qu’il faut aller jusqu’au le bras de fer avec la Turquie sur ce sujet ?

GABRIEL ATTAL
Enfin là-dessus, nous, on est extrêmement clair, ce n’est pas une question de bras de fer ou pas bras de fer, c'est qu’à la rentrée prochaine il n'y aura plus d'enseignement en langue et culture d'origine, pour des pays qui voudront continuer à avoir ce lien, il faudra basculer en EILE et donc accepter que la France contrôle les personnes qui sont détachées pour faire les enseignements et le contenu. Et donc il faudra que la Turquie s’y plie, voilà moi je réaffirme ce point de manière très forte.

STEPHANE VERNAY
Autre grand sujet qui vous concerne directement le service national universel, où en êtes-vous de la campagne de recrutement des volontaires pour cette année ? Je rappelle qu'il y a 30.000, vous avez 30.000 volontaires à recruter et que le service national universel est étendu à l'ensemble des départements français cette année, combien est-ce que vous en avez pour l'instant ?

GABRIEL ATTAL
Alors je n'ai pas le compteur en direct et surtout vous savez, on a lancé la campagne.

STEPHANE VERNAY
Et ça marche ou ça ne marche pas ?

GABRIEL ATTAL
Oui bien sûr. Il y a un intérêt très fort, ce que je sais c'est qu'il y avait déjà des personnes inscrites avant même que…

STEPHANE VERNAY
Que la campagne soit ouverte.

GABRIEL ATTAL
… qu’on communique sur le site Internet, c'est-à-dire qu'il y avait des…

STEPHANE VERNAY
Donc vous aurez vos trente mille volontaires sans problème.

GABRIEL ATTAL
Donc il y avait des petits très motivés qui avaient tout le week-end recherché le site, qui l’ont trouvé et donc voilà. Et puis, on est en période de vacances scolaires dans un certain nombre d'académies, donc comme les réunions d'information ont lieu dans les lycées, c’est assez, c’est assez…

STEPHANE VERNAY
Vous êtes en train de nous dire que ça démarre doucement.

GABRIEL ATTAL
Non, ce n’est pas ce que je vous dis. C’est que c’est pour ça que moi, je n’ai pas demandé là de bilan puisque par définition, on est encore dans les vacances. Mais il y a un intérêt très fort. Moi je me déplace toutes les semaines, je serai en Gironde en fin de semaine, vendredi, sur ce sujet-là pour rencontrer des lycéens, échanger avec les partenaires.

STEPHANE VERNAY
Quelles questions ils vous posent ?

GABRIEL ATTAL
Des questions à la fois très importantes : pourquoi est-ce qu'on fait le service national universel ? C'est quand même la première question que tout le monde doit se poser. Emmanuel MACRON l'a rappelé dans ses voeux aux Français. C'est dans son projet pour la République, pour l'unicité du peuple français. Il considère qu'avoir ce moment de brassage social, de mixité géographique autour des valeurs de la République, autour d'un cadre patriotique et républicain, c'est important au service de la jeunesse.

STEPHANE VERNAY
C’est un outil majeur ou ça fait partie…. C’est un dispositif qui fait partie de la fameuse lutte contre les séparatismes ?

GABRIEL ATTAL
Oui. Mais au-delà de ça, contre les fractures et pour surtout, pour la République.

STEPHANE VERNAY
Brassage social.

GABRIEL ATTAL
Pour les valeurs de la République, pour la mixité, pour la mobilité des jeunes aussi. Vous savez, moi je suis en charge de la jeunesse. C'est un sujet sur lequel je travaille beaucoup. On a des jeunes qui sont aujourd'hui très peu mobiles parce que les colonies de vacances se sont beaucoup affaiblies ces dernières années. Je travaille d'ailleurs sur des mesures que j'annoncerai dans les prochaines semaines sur ce point-là. Et quand vous demandez à des jeunes ensuite à seize, dix-sept, dix-huit ans d'aller suivre une formation en apprentissage ou d'aller chercher un emploi dans une autre partie de leur département, voire dans un autre département, s’ils n’ont jamais eu l'expérience de quitter le domicile familial et leur environnement immédiat dans leur vie, c'est très compliqué. Et donc le SNU, c'est aussi une première expérience de mobilité pour ces jeunes. L'an dernier sur les deux mille jeunes qui étaient pourtant volontaires, 60 % prenaient le TGV pour la première fois de leur vie, et donc c'est très important aussi à ce niveau-là. Donc c'est pour. Ensuite les autres questions qu’ils me posent, c'est des choses très concrètes. Est-ce que j'ai droit à mon téléphone portable ? Avec qui je vais dormir ? Voilà, c'est des choses qui sont très concrètes, et c'est normal. Et moi je me déplace, je donne beaucoup de ma personne pour leur répondre personnellement, mais évidemment vous avez des réunions d'information qui ont lieu dans tous les territoires avec les préfets et les directeurs.

ORIANE MANCINI
Si on vous entend, le bilan est bon. Pour la généralisation, vous êtes sur quelle échéance du coup ?

GABRIEL ATTAL
Alors je l’ai annoncé d'ailleurs dans Ouest-France il y a quelques semaines. Avant que je sois nommé, il y a un rapport qui avait été remis par le général MENAOUINE, et je veux saluer le travail remarquable qu'il avait effectué, qui proposait une généralisation en 2026.

ORIANE MANCINI
Vous, vous avancez la date.

GABRIEL ATTAL
Le président a souhaité qu'on aille le plus vite possible et donc aujourd'hui, on pense être en mesure de généraliser en 2024. Déjà on va avancer très vite sur la montée en puissance, puisque l'an dernier il y avait deux mille jeunes, cette année on a un objectif de trente mille, l'an prochain un objectif de cent mille puis en 2022, un objectif de deux cent mille. Donc on a des objectifs très ambitieux.

STEPHANE VERNAY
Sachant qu'il y a huit cent mille jeunes dans une classe d’âge.

GABRIEL ATTAL
Dans une classe d'âge. Et donc par définition, ça nécessite une organisation très importante pour pouvoir accueillir huit cent mille jeunes. On a cette année, et c'est une nouveauté, mis en place un véritable état-major du service national universel au niveau national et au niveau départemental avec des équipes dédiées qui sont chargées de son organisation.

ORIANE MANCINI
Et ce sera le mot de la fin, merci beaucoup.

GABRIEL ATTAL
Merci.

ORIANE MANCINI
Merci Gabriel ATTAL d'avoir été avec nous ce matin. Merci Stéphane VERNAY. Demain on reparlera de la campagne à Paris puisque ce sera la directrice de campagne de Rachida DATI qui sera sur ce plateau. Merci Gabriel ATTAL d'avoir été avec nous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 21 février 2020