Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à CNews le 25 février 2020, sur les moyens de contrôler certaines associations pour lutter contre le séparatisme.

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Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse

Média : CNews

Texte intégral

GERARD LECLERC
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

GERARD LECLERC
Le coronavirus, l'OMS demande à tous les pays de se préparer à une éventuelle pandémie, en France des voix, notamment à droite, s'inquiètent et demandent davantage de mesures, par exemple Marine LE PEN ou Eric CIOTTI, un renforcement des contrôles aux frontières avec l'Italie. Est-ce que vous n'êtes pas en deçà de la main ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi je préfère écouter nos experts en veille sanitaire plutôt que Marine LE PEN et Eric CIOTTI en matière de protection sanitaire. On a un système de santé extrêmement solide, un système de veille sanitaire extrêmement solide, qui suit la situation heure par heure, et on adapte nos recommandations, on adapte nos mesures, en fonction de ce suivi heure par heure, ce qui fait d'ailleurs que, aujourd'hui, vous n'avez plus de patient hospitalisé pour le coronavirus en France, mais évidemment on s'adapte en fonction de tous les signaux qui sont avancés.

GERARD LECLERC
Alors, vous avez demandé aux enfants, aux élèves, aux étudiants, qui rentrent d'Italie, ou qui rentrent d'Asie, de ne pas aller à l'école, de ne pas aller à l'université, mais comment on vérifie et qu'est-ce que les parents font de leurs enfants ?

GABRIEL ATTAL
Alors, il faut être précis je crois, c'est les enfants qui rentrent des régions touchées par le coronavirus en Italie et en Asie, c'est-à-dire pour l'Italie, par exemple, Lombardie, Vénétie, et pour l'Asie c'est la Chine continentale, Macao, Singapour, Hong-Kong, la Corée du Sud, ce n'est pas de tous ces continents, ou pays, il faut le dire. Effectivement, ce qui leur est demandé c'est de rester 14 jours chez eux, en suivant les recommandations sanitaires qui ont été édictées, à savoir prendre sa température plusieurs fois par jour, éviter d'aller dans des rassemblements où il y a du monde, etc., c'est des mesures que nous avons prises, encore une fois parce qu'on adapte heure par heure en fonction de l'évolution.

GERARD LECLERC
Et comment on vérifie que les parents n'envoient pas leurs enfants à l'école ?

GABRIEL ATTAL
On appelle à la responsabilité des parents. Vous savez, on n'a pas connaissance de tous les voyages personnels et familiaux qui ont eu lieu, mais on a écrit, lundi, à l'ensemble des recteurs, qui ont saisi l'ensemble des chefs d'établissement et toutes les familles ont reçu ces consignes de la part des établissements, évidemment je n'ai aucun doute sur le fait que les familles sont tout à fait responsables et que lorsqu'elles reviennent d'une des zones touchées, qu'elles reçoivent ces recommandations, elles les suivent, évidemment.

GERARD LECLERC
Est-ce qu'il ne faut pas aller plus loin et, par exemple, envisager d'empêcher, d'éviter tous les rassemblements, les spectacles, les stades ? Demain il y a un match Lyon-Turin, avec des supporters qui vont venir d'Italie, est-ce que c'est raisonnable ?

GABRIEL ATTAL
Encore une fois, on suit la situation heure par heure, on se fonde sur l'expertise de veille sanitaire, de professionnels, dont c'est le métier, dont c'est l'expertise. Turin, à ma connaissance, ne fait pas partie des régions italiennes où le virus circule, et donc, dans ces conditions, il n'y a pas de décision qui a été prise sur ce match.

GERARD LECLERC
Et donc il n'y a pas de danger, il n'y a pas de problème, pour l'instant ?

GABRIEL ATTAL
D'après les experts sanitaires. Encore une fois, la situation est suivie de très près, notre ministre de la Santé, Olivier VERAN, sera en Italie aujourd'hui, précisément pour échanger avec les autorités italiennes, pour regarder ce qui s'y déroule, et donc on adapte heure par heure en fonction de ce qu'on a.

GERARD LECLERC
Et s'il y a de nouvelles alertes, si la situation s'aggrave, s'il y a de nouveaux cas, est-ce que ça ne pose pas des problèmes, est-ce qu'il ne faut pas envisager par exemple, je ne sais pas, les élections municipales, par exemple, tous les gens vont dans les bureaux de vote ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, encore une fois, on suit la situation heure par heure, et en fonction de l'évolution de la situation les décisions sont prises, avec un seul objectif, c'est protéger les Français, éviter que le virus circule en France. Je ne peux pas en dire beaucoup plus aujourd'hui, puisqu'aujourd'hui le virus ne circule pas en France. Encore une fois, le dernier patient qui était hospitalisé, parce qu'atteint du coronavirus, a quitté l'hôpital, il y a un suivi qui est fait en permanence, avec un très bon système de veille sanitaire, et évidemment les Français doivent être rassurés sur le fait que toutes les mesures nécessaires sont prises.

GERARD LECLERC
Alors, il faut éviter la panique, là il y a eu un petit dérapage d'Agnès BUZYN qui a dit qu'Anne HIDALGO n'avait pas préparé la capitale, or il y a eu un échange de lettres, quand elle était ministre, et la maire de Paris.

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi je n'ai pas totalement suivi ce sujet, il se trouve que j'étais en déplacement à l'étranger hier, donc je ne sais pas exactement ce qu'a dit Agnès BUZYN, ce qui est certain c'est qu'Agnès BUZYN a été ministre de la Santé au moment où l'épidémie de coronavirus s'est déclarée en Chine, qu'elle a suivi les choses de très près, qu'elle est une parfaite connaisseuse de ces situations.

GERARD LECLERC
Alors, l'autre sujet c'est la lutte contre le séparatisme islamiste, aujourd'hui Emmanuel MACRON reçoit des associations qui sont engagées dans les quartiers, vous serez à cette réunion, qu'est-ce que vous en attendez, qu'est-ce que vous allez dire aux associations ?

GABRIEL ATTAL
Moi je suis en charge de la vie associative au gouvernement, et quand on parle de cette question du séparatisme, de l'islam politique, dans un certain nombre de territoires, moi je crois profondément que les associations, qui peuvent aujourd'hui parfois être présentées comme un problème, sont en réalité une solution. Elles peuvent parfois être présentées comme un problème parce que, il est vrai que moi, en tant que secrétaire d'Etat à la vie associative, je constate que certains qui ont un projet politique, d'imposer une norme qui n'est pas celle des valeurs de la République, mais qui est celle d'une conception dévoyée de la religion, se servent du statut associatif pour porter ce projet, notamment en direction des enfants. Et donc il faut prendre des mesures supplémentaires, c'est ce sur quoi on travaille, c'est ce sur quoi j'ai fait des propositions au président de la République et au Premier ministre, pour entraver ce projet-là à travers des associations. Et…

GERARD LECLERC
Alors…

GABRIEL ATTAL
Je finis juste l'autre côté ; je crois profondément qu'une présence renouvelée des associations, comme on a une présence renouvelée des services publics dans ces territoires, est nécessaire, et c'est de ça qu'on va parler avec les associations, avec le président de la République, aujourd'hui.

GERARD LECLERC
Alors justement, à droite plusieurs voix, et notamment Valérie PECRESSE, disent que le diagnostic d'Emmanuel MACRON est incomplet, que le remède est insuffisant et qu'il manque notamment justement des actions contre ce qu'elle appelle « l'entrisme des islamistes », que ça passe à l'école, dans les clubs sportifs, à l'hôpital.

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, j'invite Valérie PECRESSE à regarder ce qui a été fait depuis 2 ans. On a fermé plus de 130 débits de boissons, où il y avait effectivement un entrisme islamiste, on a fermé 5 écoles hors contrat…

GERARD LECLERC
Justement, 5 écoles c'est très peu.

GABRIEL ATTAL
Attendez, on a fermé 5 hors contrat, on a empêché l'ouverture de 27 écoles hors contrat, où il y avait un tel projet, à la dernière rentrée. On parle des clubs sportifs, 5 clubs sportifs ont été fermés, on a prononcé une incapacité d'exercer pour 5 autres. On a formé 7500…

GERARD LECLERC
Mais ça suffit tout ça, parce qu'on dit qu'il y a beaucoup d'écoles coraniques qui sont en train de se créer, plus ou moins d'ailleurs discrètement, qu'il y a des enfants qui sont déscolarisés, est-ce qu'il ne faut pas renforcer le dispositif, prendre de nouvelles mesures ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez, il y a 2 ans c'était quasiment impossible de fermer ou d'empêcher l'ouverture d'une école hors contrat, coranique, si elle présentait des difficultés, on a pris une loi pour ça, la fameuse loi Gatel, qui a été adoptée d'abord par le Sénat, ce qui fait qu'aujourd'hui on empêche des écoles d'ouvrir précisément pour entraver ce projet d'islam politique en direction des enfants. Evidemment, l'objectif du travail qui est fait en ce moment, le président de la République était à Mulhouse, j'étais avec lui la semaine dernière, on rencontre les associations aujourd'hui, il y aura d'autres déplacements dans les prochaines semaines, c'est de continuer à adapter notre arsenal pour continuer…

GERARD LECLERC
Adapter, c'est-à-dire que vous allez annoncer des nouvelles mesures ?

GABRIEL ATTAL
Oui, bien sûr, c'est à ça qu'on travaille, notamment s'agissant des sujets sur lesquels je travaille, sur la question de la vie associative, parce que, encore une fois, c'est parfois un problème, mais c'est surtout une solution, et donc il faut faire en sorte que le statut d'association loi 1901 ne puisse pas servir de bouclier à des personnes qui ont ce projet d'islam politique et qui cherchent à l'imposer, et de l'autre côté il faut soutenir les associations républicaines, qui défendent les valeurs de la République dans les territoires, pour leur permettre d'être plus puissantes encore.

GERARD LECLERC
Alors, par exemple, on dit que sous prétexte de soutien scolaire, il y a des associations qui, clairement, dispensent des cours de Coran, c'est vrai ?

GABRIEL ATTAL
C'est vrai.

GERARD LECLERC
Vous l'avez vu ?

GABRIEL ATTAL
Je l'ai vu. Le soutien scolaire, ou parfois les cours d'arabe…

GERARD LECLERC
Et qu'est-ce qu'on fait ?

GABRIEL ATTAL
Le soutien scolaire ou parfois les cours d'arabe, sont un produit d'appel qui permet d'attirer des enfants, et donc des familles, et de chercher à les embrigader, je l'ai vu, et donc ça fait partie des travaux qu'on mène en ce moment, il y aura des annonces qui vont être faites, très rapidement, sur ce sujet-là, pour faire en sorte que le statut associatif ne puisse pas servir de bouclier pour ce projet. Exemple, il faut mieux encadrer sans doute l'ouverture de ces associations, quand elles sont destinées à des mineurs, sans doute mieux contrôler, aujourd'hui vous voulez contrôler une telle association, il faut prévenir un mois à l'avance en donnant la date et l'heure du contrôle, c'est certain que ça permet aux acteurs de s'organiser, et peut-être mieux sanctionner, aussi, pour faire en sorte que ces projets ne puissent pas être portés, ça fait partie des mesures qui vont être annoncées.

GERARD LECLERC
Alors, on dit qu'il y a des vestiaires sportifs qui sont souvent transformés en salles de prière.

GABRIEL ATTAL
Il y a un enjeu réel sur les clubs sportifs et sur la question du sport.

GERARD LECLERC
Des jeunes qui ne veulent pas aller sous les douches, etc. ?

GABRIEL ATTAL
Mais là aussi, vous savez, le sport, c'est un moyen d'émancipation, notamment pour les jeunes filles et pour les femmes…

GERARD LECLERC
Oui, mais on fait quoi vis-à-vis de ces… ?

GABRIEL ATTAL
Je vous l'ai dit, on a un contrôle accru qui a démarré dans 35 départements, qu'on va étendre, sur les clubs sportifs, ce qui fait que, il y a 10 clubs sportifs qui ont été fermés ou déclarés en incapacité d'exercer, première chose qu'on fait. Deuxième chose qu'on fait, on forme des éducateurs, on a formé à ce stade 7500 éducateurs à cette question du repli communautaire, de la radicalisation, pour identifier les signaux faibles et pour permettre de lutter contre ce projet via le sport, donc il y a cette action qui est très forte qui est menée, évidemment on va continuer à la mener.

GERARD LECLERC
Alors le problème c'est que, sur ce sujet, il y a des divisions au sein même de La République en marche, on a vu le ministre Jean-Michel BLANQUER évoquer le séparatisme islamiste visible, a-t-il dit, à Maubeuge ou à Roubaix, et un député, Christophe DI POMPEO, député La République en marche, lui reproche d'être irresponsable et de stigmatiser un territoire et des habitants.

GABRIEL ATTAL
Non, il n'y a pas de stigmatisation. Le président de la République l'a dit, il faut, ni stigmatisation, ni minimisation, il faut être très clair, il faut dire les choses, mais il ne faut pas se servir des choses pour faire de la stigmatisation.

GERARD LECLERC
Donc DI POMPEO a tort ?

GABRIEL ATTAL
Christophe DI POMPEO il est élu de Maubeuge, il s'est senti stigmatisé, ce n'était évidemment pas le cas. Vous savez, Jean-Michel BLANQUER, il connaît parfaitement ce sujet, il est en charge de l'Education nationale, il constate aussi un certain nombre de phénomènes qu'on peut constater à travers l'Education nationale, je pense notamment aux questions des déscolarisations des enfants qui sont déclarés en instruction à domicile, c'est normal que Jean-Michel BLANQUER s'empare de ce sujet et tire la sonnette d'alarme quand c'est nécessaire.

GERARD LECLERC
Allez, on termine avec les retraites, le débat toujours enlisé à l'Assemblée nationale. Plus d'une semaine pour voter un seul article, alors qu'il y en a 65. Alors, le 49.3, c'est pour quand ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi, ce débat sur le 49.3, je vous avoue que j'en ai un peu marre…

GERARD LECLERC
Ah oui mais sauf qu'il va falloir en sortir, vous savez très bien que vous ne pouvez pas continuer le débat…

GABRIEL ATTAL
Je comprends que c'est le rêve des oppositions, ils en rêvent, et c'est pour ça qu'ils font du blocage, de l'obstruction, vous vous retrouvez dans des situations lunaires à l'Assemblée nationale où vous avez notamment les Insoumis qui déposent une batterie, des dizaines, des centaines, des milliers d'amendements pour remplacer « tous les ans » par « chaque année », puis, ensuite, pour remplacer « chaque année » par « tous les ans », c'est ça qui se passe aujourd'hui à l'Assemblée ; ils rêvent d'un 49.3, et j'entends que, aussi, les médias parfois se disent que ça ferait peut-être de l'action, etc, je vais vous dire : on a des députés qui sont mobilisés, et moi, je veux vraiment tirer un coup de chapeau aux députés de La République En Marche qui ont une capacité de patience, de résistance face à cette obstruction et qui aujourd'hui sont dans l'hémicycle, essaient de débattre projet contre-projet, même si ce n'est pas possible quand vous avez des personnes qui font de l'obstruction. Et aujourd'hui, le 49.3 n'est pas sur la table.

GERARD LECLERC
Dernier mot, le vote, il y a eu un vote sur les garanties de l'augmentation des rémunérations des enseignants, notamment pour les pour les jeunes enseignants, on dit, l'opposition dit : c'est une supercherie, ça ne passera pas au niveau du Conseil constitutionnel, c'est inconstitutionnel ?

GABRIEL ATTAL
Mais vous voyez bien, l'opposition, elle cherche toutes les raisons de dire que ça va mal en France, l'opposition, on en entend un certain nombre…

GERARD LECLERC
C'est un peu son rôle…

GABRIEL ATTAL
Non, mais on en entend certains dire depuis des mois ou des années : les enseignants ne sont pas suffisamment payés, aujourd'hui, on dit : on va augmenter la rémunération des enseignants de manière historique, et là, ils disent : ah, non, il ne faut pas le faire, ça serait inconstitutionnel, etc, ils cherchent en permanence les raisons de dire que ce qui existe ne va pas, et que ce qu'on cherche à proposer ne va pas non plus. Nous, on agit, et précisément, ce qu'a annoncé Jean-Michel BLANQUER, c'est quand même très fort, à partir de l'an prochain, les jeunes enseignants qui sont recrutés seront rémunérés 100 euros de plus par mois en net, c'est un progrès majeur, ça fait des années qu'on se plaint en France que nos enseignants font partie des moins bien rémunérés dans les pays de l'OCDE. A la fin de la décennie, ils feront partie des mieux rémunérés…

GERARD LECLERC
Et donc ce sera fait, il n'y aura pas…

GABRIEL ATTAL
Et ça, c'est un progrès majeur en France.

GERARD LECLERC
Merci Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Merci.

GERARD LECLERC
Bonne journée et bonne réunion avec le président et les associations.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2020